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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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Articles RÉCents

8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 17:48

 

Des organisations de producteurs de lait proches des consommateurs

 

La Confédération Paysanne - syndicat pour une agriculture paysanne et la défense de ses travailleurs - avait invité le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) à se rendre à son stand du Salon International de l'Agriculture, entre le 24 février et le 4 mars 2018, afin d’échanger sur le futur de l’agriculture, de l’alimentation et du monde rural.

J’ai rendu compte de mes visites au Salon les 26 février et 2 mars dans un premier article - voir Salon de l'agriculture 2018 (1) - notamment des travaux de la table ronde du 2 mars sur le thème « Accords de libre-échange : stop à la destruction de notre agriculture ! ».

Je vais compléter cette première partie en rendant compte de la table ronde organisée par la Confédération Paysanne le 26 février sur le thème « Lait : quelles initiatives pour rémunérer les producteurs ? »

Confédération paysanne « Lait : quelles initiatives pour rémunérer les producteurs ? »

La table ronde est animée par Nicolas Girod, responsable Elevage à la Confédération Paysanne. Les quatre intervenants commencent par présenter leur organisation, l’origine de l’initiative puis ils parlent de la relation avec les consommateurs et répondent aux questions.

- Jean-Luc Pruvot, président de FaireFrance, est éleveur en Thiérache (nord de l’Aisne). Il représente 500 agriculteurs répartis sur tout le territoire français, qui sont propriétaires de la marque commerciale FaireFrance (Fair = équitable).

La structure, créée en 2012, est une SAS (société par actions simplifiée), forme de société récente qui permet de s’organiser librement. Elle achète du lait collecté puis conditionné par la laiterie St-Denis-de-l’Hôtel dans le Loiret. Elle le commercialise dans 7500 magasins selon le principe suivant : le lait vendu par Faire France doit rémunérer les producteurs au niveau du coût de production moyen d’1 litre de lait, estimé actuellement à 45 centimes. Soit 10 centimes à 12 centimes de plus par rapport au prix payé en moyenne dans les laiteries. Dans les rayons, le prix de vente conseillé est de 99 centimes la brique de lait UHT demi-écrémé. 500 producteurs ont souscrit des parts dans la société, qui vont de 1000 € minimum à 5000 € maximum par producteur. Une partie des recettes leur est reversée.

Après le lait UHT en brique, FaireFrance commercialise désormais du lait en bouteille d’1 l et de 50 cl, de la crème fraîche et depuis fin 2017 du lait bio. Le volume de lait progresse régulièrement.

Il est demandé à chaque producteur FaireFrance de consacrer à la promotion des produits entre 2 et5 jours par an dans les magasins ou dans des foires, car il est important de parler directement aux consommateurs pour qu’ils comprennent la démarche. Celle-ci existe aussi dans six autres pays européens.

- Nicolas Chabanne, originaire de Bresse, a créé la Société des consommateurs - chapeautée par « C’est qui le patron ? » - à partir d’une idée simple, en 2014, partant du constat qu’il manquait environ 0,08 € par litre aux producteurs pour vivre normalement.

Sachant que chaque Français boit en moyenne 50 litres de lait par an, cela faisait 4 € par an à ajouter au prix du lait pour que les producteurs s’en sortent. Le prix de la brique a été laissé à l’appréciation des 7850 internautes qui ont soutenu le projet. Ils ont décidé de le mettre à 0,99 €/litre alors qu’il est à 0,69 dans les rayons, ce qui ne permet pas de rémunérer les producteurs. En 16 mois, il en a été vendu 40 millions de litres. Cela fait vivre 250 éleveurs avec une dépense supplémentaire de 4 € par an pour les consommateurs.

- Rémy Lalevée, éleveur bio dans les Hautes Vosges, représente la Coopérative Biolait.

C’est l’histoire de six producteurs, au départ, qui ne voulaient plus subir l’asservissement des grandes laiteries (transformateurs de lait, coopératives y compris) et qui voulaient produire du lait dans des conditions équitables. Vingt ans plus tard, la SAS (société par actions simplifiée) a grandi : 800 fermes y adhèrent, soit près de 2.000 producteurs ; elle collecte 160 millions de litres de lait bio, ce qui représente 28 % du marché bio français, compte 54 salariés, distribue 200 produits et a noué des partenariats avec Biocoop et Système U.

- Julie Stoll est déléguée de la Plate-Forme pour le Commerce Equitable.

Tout récemment, le 6 décembre 2017, le collectif a changé de nom, à l’occasion de ses 20 ans et s’appelle désormais Commerce Équitable France. Les produits commercialisés sont bio à plus de 70 %. Leur origine est de plus en plus française. Il est demandé un engagement dans la durée (minimum 3 ans). Le chiffre d’affaires était de 275 millions d’euros en 2016. C'est le résultat de longues années de mobilisation des militants, qui tentent de faire comprendre aux Français les conséquences du commerce inéquitable, et du pouvoir que peuvent avoir les consommateurs en choisissant de consommer différemment.

La suite dans un 3ème article...


 

Cet article est le 3062 ème sur le blog MRC 53 - le 443ème, catégorie AGRICULTURE et PAC

Salon de l'agriculture - 26 février 2018 - Table ronde au stand de la Confédération Paysanne sur le thème de la rémunération des éleveurs laitiers avec (de droite à gauche) Nicolas Girod, Jean-Luc Pruvot, Nicolas Chabanne, Rémy Lalevée et Julie Stoll

Salon de l'agriculture - 26 février 2018 - Table ronde au stand de la Confédération Paysanne sur le thème de la rémunération des éleveurs laitiers avec (de droite à gauche) Nicolas Girod, Jean-Luc Pruvot, Nicolas Chabanne, Rémy Lalevée et Julie Stoll

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7 mars 2018 3 07 /03 /mars /2018 20:10

 

La Confédération Paysanne vent debout contre les accords de libre-échange

 

La Confédération Paysanne - syndicat pour une agriculture paysanne et la défense de ses travailleurs - avait invité le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) à se rendre à son stand du Salon de l’agriculture, entre le 24 février et le 4 mars 2018, afin d’échanger sur le futur de l’agriculture, de l’alimentation et du monde rural.

Cette invitation faisait suite à la rencontre qui avait eu lieu le 29 février 2016 entre Bastien Faudot - alors candidat à l’élection présidentielle 2017 - et des responsables de la Confédération Paysanne, lors du Salon, il y a deux ans.

Extrait de la lettre d’invitation :

« Les Etats généraux de l’alimentation ne répondent pas encore à la détresse paysanne et la loi qui va en découler ne permet pas d’assurer de réelles avancées. La situation dans laquelle se trouvent les paysans, pris en tenaille entre les grandes surfaces et les industries agro-alimentaires, est insupportable et empêche toute transition à grande échelle de notre agriculture, pourtant voulue par les citoyens. Enfin, les accords de libre-échange et notamment le Mercosur, font planer une sombre menace sur notre agriculture ».

Il y avait le choix entre les nombreuses tables rondes programmées pendant ces journées. Mandaté par le secrétariat national du MRC, j’ai participé à deux tables rondes, les après-midi des 26 février et 2 mars, et échangé avec Laurent Pinatel, porte-parole et responsable de la CP, le 2 mars en matinée.

De plus, je me suis rendu au stand de FaireFrance pour participer le 2 mars à midi à la présentation à la presse par les responsables de l’organisation de producteurs de lait European Milk Board: EMB de l’étude réalisée par le cabinet allemand BAL sur le coût de production du lait en France.

J’y ai rencontré les présidents de EMB Romuald Schäber (Allemagne), de FaireFrance Jean-Luc Pruvot, de l’APLI (Association des producteurs de lait indépendants) Boris Gondouin, et le vice-président de OPL (Organisation des producteurs de lait, liée à la Coordination Rurale) Joseph Sabin.

Au stand de FaireFrance, j’ai eu une discussion approfondie avec le président Jean-Luc Pruvot le 2 mars au matin et rencontré des éleveurs qui proposaient la dégustation de lait. Au cours du déjeuner, les conversations avec des éleveurs, femmes et hommes de la Meuse et de l’Aisne, ont été fort intéressantes et chaleureuses.

Comment résumer ce que j’ai entendu pendant cette douzaine d’heures passées au Salon International de l'Agriculture ?

 

Je commencerai par la table ronde du 2 mars au stand de la Confédération Paysanne sur le thème « Accords de libre-échange : stop à la destruction de notre agriculture ! ».

Les intervenants étaient :

- Emilie, jeune agricultrice de Côte-d’Or, qui siège pour la Confédération Paysanne à l’inter-profession viande bovine et est très préoccupée par les accords de libre-échange qui se multiplient, ce qui signifie davantage d’importation de viande sans savoir comment elle a été produite.

- Jean-Bernard Gonthier, président de la Chambre d’agriculture de l’île de La Réunion, qui voit tout le travail sur le sucre de canne garanti sans OGM détruit par l’accord de libre-échange incluant le Brésil. La Réunion ne pourra plus vendre son sucre.

- Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch, qui défend la transparence et les droits de l'homme, notamment sur les questions de droit à l'alimentation et de sécurité alimentaire. Ces nouveaux accords de libre-échange, à la demande des multinationales, sont beaucoup plus que des accords commerciaux. Ils contestent les normes qui font obstacle au commerce et sont négociés en toute opacité - c’est le pouvoir donné aux technocrates. L’impact sur l’Europe et la démocratie sera important. Tout le contraire d’une Europe qui protège.

Lora Verheecke, chargée de recherche pour Corporate Europe Observatory (CEO). Elle est spécialiste des questions de lobbying sur les politiques européennes. Ces accords de libre-échange augmentent la capacité d’intervenir de multinationales sur les Etats. La France va devoir dépenser des frais d’avocat pour se protéger par rapport au droit commercial qui ne prend pas en considération les lois nationales. Lactalis Canada pourra attaquer la France. Les multinationales ont fait payer 185 millions de dollars au Mexique. La législation sur les perturbateurs endocriniens sera remise en cause par les tribunaux d’arbitrage. Mais la France, dans le cadre du Conseil européen, peut dire non à ce traité avec les pays du Mercosur.

La suite dans un second article...

Cet article est le 3061 ème sur le blog MRC 53 - le 442ème, catégorie AGRICULTURE et PAC

Salon de l'agriculture 2 mars 2018 - Table ronde sur les accords de libre-échange au stand de la Confédération Paysanne

Salon de l'agriculture 2 mars 2018 - Table ronde sur les accords de libre-échange au stand de la Confédération Paysanne

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6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 16:43

 

L’incertitude après la défaite des pro-européens Renzi et Berlusconi

En Italie, une réforme des modalités électorales - baptisée « Rosatellum », du nom du président Rosato du groupe du parti démocrate - a été faite en 2017 afin de favoriser les coalitions parlementaires facilitant la mise en place et la stabilité des gouvernements. Venant du parti démocrate au pouvoir, cette réforme visait clairement à pénaliser le Mouvement 5 étoiles, majoritaire mais refusant d’entrer dans quelque coalition que ce soit. Voir Wikipédia : Élections générales italiennes de 2018

Le scrutin du 4 mars 2018 a déjoué les pronostics, puisque le parti démocrate (centre gauche) est le grand perdant de cette élection - son leader Matteo Renzi a décidé de laisser la place non sans ambiguité - et aucune coalition parlementaire ne s’impose pour former un gouvernement, ce qui est possible à partir de 40 %, environ, des suffrages.

- Le Mouvement 5 étoiles (M5S) a obtenu 32 %, ce qui est une grande performance mais insuffisant sans l’appoint de partenaires dans le cadre d’une coalition, ce qui est le cas pour le moment. Voir (Francetvinfo, 5 mars 2018) : Législatives en Italie : quels sont les différents scénarios après les élections ?

- La droite est en coalition - mais aussi en compétition - entre Forza Italia (Berlusconi) et la Ligue du Nord (en fait Lega depuis qu’elle s’étend sur toute l’Italie) a obtenu 37 %, en y intégrant les conservateurs nationalistes de Frères d’Italie (FdI), ce qui ne suffit pas à atteindre 40 %. La Lega de Salvini a pris le dessus sur sa rivale, ce qui va contraindre Berlusconi à s’effacer définitivement.

- La gauche qui est au pouvoir (gouvernement dirigé par le parti démocrate) n’est plus en situation pour former une coalition majoritaire. Renzi va continuer à jouer un rôle politique au Sénat mais il ne peut plus prétendre au pouvoir national. La minorité de ce parti pourrait être tentée de s’allier au Mouvement 5 étoiles pour former un gouvernement. Voir (lesoir.be, 6 mars 2018) : Élections en Italie: le Parti démocrate se déchire

Le Président de la République italienne intervient dans la formation d’un gouvernement dans les situations de crise. Il peut faciliter le rapprochement des personnalités et partis politiques. Ainsi pourrait-il chercher à faire exister une majorité de centre gauche sur les bases de rénovation du système politique, de relance de l’économie italienne dans le cadre d’une adhésion modérée à l’Union européenne et à ses dogmes libéraux...

L’Italie n’est pas au bord de l’abîme. Toutefois, elle vit une période démocratique agitée et incertaine, principalement pour deux raisons :

- Les citoyens italiens souffrent des conséquences de politiques économiques et monétaires néolibérales imposées par les institutions européennes avec le consentement des dirigeants italiens de centre gauche et de centre droit (Renzi et Berlusconi) pro-européens. Ce n’est pas propre à l’Italie mais les effets de ces politiques se font sentir davantage dans les pays du sud de l’UE (pays qui dévaluaient leur monnaie avant l’installation de la monnaie unique) et encore plus au sud de l’Italie, là où les atouts économiques sont moins nombreux.

- Les conséquences des arrivées de migrants africains - et le manque de solidarité des autres pays de l’UE - ont été utilisés dans la campagne électorale par les partis en désaccord avec le « système » européen, principalement la Lega (ex Ligue du Nord) mais aussi le M5S sur des positions plus modérées.

Pour information, ces liens :

- (Le Vent Se Lève, 25 février 2018) : L'Italie est condamnée au déclin

- (Le Monde, 5 mars) : Elections en Italie : « Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’on repart de zéro »

- (Le Monde, 5 mars) : Au lendemain du scrutin en Italie, l’heure des démissions et des tractations a sonné

- (Le M, 6 mars, Marc Lazar) : Italie : « L’un des pays les plus europhiles est devenu euromorose et eurosceptique »

- (Les-crises.fr, 6 mars, Jacques Sapir) : Séisme politique en Italie

(Le Figaro, 6 mars) : Législatives en Italie : la défaite de Bruxelles

Cet article est le 3060 ème sur le blog MRC 53 - le 65ème dans la catégorie Etats Union européenne

La Côte Amalfitaine, au sud de Naples, joyau de l'Italie

La Côte Amalfitaine, au sud de Naples, joyau de l'Italie

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5 mars 2018 1 05 /03 /mars /2018 21:46

 

La SEH Laval était en perdition avant la nationalisation du groupe Thomson

Il y a quelques années, Georges Minzière (voir Georges Minzière, syndicaliste CFDT retraité de l'industrie, citoyen actif) m’avait parlé de l’entreprise Salmson, dans laquelle il avait été secrétaire du comité central d’entreprise, à partir de 1979. Voir l’historique (A propos de Salmson) de cette entreprise Salmson, conception et fabrication de systèmes de pompage.
J’en avais fait trois articles publiés les 30 et 31 décembre 2012 et 1er janvier 2013 (blog MRC 53) :

- Les 50 ans des Pompes Salmson à Laval : une belle histoire industrielle

- Salmson en Mayenne : comment l'entreprise s'est implantée à Laval

- Salmson à Laval (suite) : Georges Minzière fait part de ses souvenirs

 

Récemment, un appel téléphonique de l’ancien directeur Pierre-Yves Bailly à Georges Minzière m’amenait à revenir sur le sujet. Le directeur avait lu ces articles sur Internet et était mécontent du contenu de l’article de Ouest-France que j’avais cité, notamment le point de départ des contacts de Robert Buron avec les dirigeants de Salmson. Voir (10 décembre 2012) : Laval. Salmson, des pompes tournées vers l'étranger

Le journaliste avait eu une formule lapidaire prêtant à confusion. « C’est en raison des copinages avec Robert Buron, tranche le directeur ». Robert Buron était « mayennais et ministre des Travaux publics, des Transports et du Tourisme, à l’époque ».

Georges Minzière avait réagi en précisant : qualifier de « copinages » les relations entre Salmson et Robert Buron n’est pas acceptable. Cela peut sous-entendre magouilles ou pratiques de corruption. Or, il s’agit de relations qui sont nées pendant l’Occupation allemande, dans le cadre des actions de résistance (réseau « L’Arche de Noé »).

 

Revenons à l’entreprise Wilo Salmson France actuellement. Voir QUI SOMMES-NOUS ?

WILO SALMSON FRANCE SAS : « Née du rapprochement des structures françaises du Groupe Wilo SE, Pompes Salmson et Wilo France, Wilo Salmson France SAS est une société spécialisée dans la conception et la fabrication de pompes et de systèmes de pompages pour les trois marchés du Bâtiment, du Cycle de l’eau et de l’Industrie. Basée à Chatou, l’entreprise réunit deux marques phares du Groupe, Salmson et Wilo. Elle emploie 765 salariés sur trois sites en France et a réalisé un chiffre d’affaires de 230 millions d’euros en 2016 ». Voir aussi (Ouest-France, 15 juin 2014) : À Louverné, Wilo Salmson fournit 105 pays

A propos de l’histoire de Salmson à Laval, il y a un point très important dans le témoignage de Georges Minzière. C’est le sauvetage de l’entreprise par la mise en œuvre de la loi de nationalisation de 1982. Rappel.

Georges Minzière ne sait pas ce qui a conduit la famille Salmson à vendre l’entreprise au groupe américain Nash, en 1961, pendant la construction de la nouvelle usine à Laval. Cela ne manqua pas d’inquiéter les élus qui avaient accepté l’implantation de l’entreprise en consentant d’importants efforts financiers, au nom des contribuables lavallois.

 

Il se souvient de la décision, en 1976, de la holding américaine ITT (téléphonie), de vendre LMT et Salmson, achetées en 1962. ITT voulait vendre LMT (Le Matériel Téléphonique) et garder les Pompes Salmson. Le président Giscard d’Estaing s’y était opposé. Thomson (avec des fonds publics) a tout racheté à ITT.

 

Par la suite, Salmson a pris le nom de « Société Electro-Hydraulique » au sein du groupe Thomson (téléphonie et mécanique), lequel s’est désintéressé de ce secteur de production. Un PDG, nouvellement embauché, avait licencié 80 personnes (ingénieurs et cadres), ce qui montrait à l’évidence qu’il ne voyait pas d’avenir à Laval pour Salmson. Georges Minzière, secrétaire du comité central d’entreprise (à partir de 1979), était très inquiet de l’évolution de la situation.

 

Ce qui a sauvé Salmson est la nationalisation du groupe Thomson. Voir Wikipédia Loi de nationalisation du 13 février 1982. Thomson-Brandt et Thomson-CSF (dont fait partie LMT et, donc la SEH, ex-Salmson) sont nationalisés en 1982 et regroupés en un seul groupe, Thomson SA, en 1983, avec organisation autour de deux pôles : l’électronique grand public et l’électronique professionnelle, essentiellement militaire.

 

Alain Gomez, proche de Jean-Pierre Chevènement (ils avaient créé le CERES ensemble en 1966) est le nouveau président de Thomson en 1982. Il a reçu Georges Minzière, accompagné d’une délégation du comité d’entreprise, qui veut lui présenter la situation très particulière de la SEH. Un collaborateur du président Gomez, Paul Calandra, qui sera nommé directeur des ressources humaines de Thomson, s’est déplacé à Laval. Il fera en sorte de consolider la SEH avec des investissements. Le PDG de la SEH, qui avait licencié 80 cadres, a disparu de l’organigramme SEH, suite aux protestations des représentants des salariés. Ceux-ci reprennent confiance, car ils sont écoutés par la direction de Thomson. Celle-ci prépare la vente de la SEH, car la fabrication de pompes ne peut pas rester dans le groupe Thomson restructuré.

 

L’évènement se produit en 1984. L’allemand Wilo (le groupe Opländer, société familiale, Dortmund) est acheteur. Il produit le même type de circulateurs, selon le même brevet de fabrication, qu’à Laval. Les syndicats de Salmson Laval se rendent sur place en Allemagne.

La direction Thomson propose la dénationalisation, démarche complexe qui rend possible la vente de Salmson. Le comité d’entreprise, les syndicats, pouvaient s’y opposer. Ils ne l’ont pas fait.
 

Cet article est le 3059 ème sur le blog MRC 53 - le 144ème catégorie Travail Economie

Georges Minzière, près de la Mayenne, à Laval (en arrière-plan, le Vieux-Château et le Pont-Vieux)

Georges Minzière, près de la Mayenne, à Laval (en arrière-plan, le Vieux-Château et le Pont-Vieux)

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4 mars 2018 7 04 /03 /mars /2018 21:23

 

Revenir avec la gauche aux combats pour la République, laïque et sociale

 

Marinette BACHE préside REsistance Sociale.

Voir Journal REsistance SOciale n° 167 - Février 2018 et l’édito sur son blog Marinette Bache.

Les mois se suivent et se ressemblent. Le gouvernement poursuit méthodiquement sa casse des services publics. Après le code du travail, après la diminution drastique des emplois aidés, après les réductions de personnels dans les hôpitaux, après les menaces contre l’ensemble de la fonction publique, c’est maintenant au tour de la SNCF de faire les frais de la politique ultra-libérale de Macron et de son gouvernement. 

Dans le droit fil des décisions de Margareth Thatcher en Grande-Bretagne il y a vingt ans, Edouard Philippe et son gouvernement veulent mettre en place la privatisation des chemins de fer en France, revenant ainsi 80 ans en arrière. Le prétexte : la mise en concurrence du transport « voyageurs » voulue par la Commission européenne avec l’aval des gouvernements. Et pourtant, comme le reconnaît le rapport Spinetta lui-même, la SNCF fonctionne bien malgré des retards pour certains trains et des défaillances du réseau qui a besoin d’être modernisé à grande échelle puisque son entretien a été -on peut le penser : intentionnellement- négligé depuis des années. Tout cela dans le contexte d’un endettement important.

Pourtant, comme on l’a vu outre-manche, ce n’est pas la privatisation qui va pouvoir remédier à cette situation, bien au contraire. Comme on l’a vu pour d’autres services publics, la mise en concurrence a pour première conséquence de renchérir les coûts des opérateurs historiques qui perdent des parts de marchés sur les lignes les plus rentables et ne peuvent plus pratiquer une péréquation suffisante, permettant d’éviter un coût exorbitant pour les usagers des lignes locales qui n’ont le plus souvent pas d’autre moyen de transport. Et pour toute réponse à ce problème, le gouvernement envisage la fermeture de ces lignes. Mais, on l’a vu en Grande-Bretagne, même les voyages sur les lignes les plus fréquentées sont de plus en plus chers et pour un service de moins en moins performant, la sécurité étant elle-même en jeu. Non, la mise en concurrence, la privatisation ne sont pas les meilleures solutions pour améliorer le service. Au contraire ! (...)

 

Marinette Bache était parmi les premiers signataires de l’Appel Combat Laïque Combat Social - Fédérer Le Peuple. Voici le texte de son intervention lors de la première Rencontre nationale.

La gauche est en mauvais état. La laïcité aussi. J’ai le sentiment que ce n’est pas sans rapport. Je ne parle pas de l’état électoral de la gauche, je parle de ses débats internes qui me paraissent si peu à la hauteur des enjeux. Aussi, moi qui ai toujours situé mon engagement militant dans la suite et de la Révolution française et du Mouvement ouvrier, c’est ce lien enfin fait entre le combat laïque et le combat social qui m’a attirée à signer cet appel. Nous voulons porter ensemble, malgré nos différences, une exigence de Liberté, d’Egalité, de Fraternité. Pour toutes et tous. Une telle exigence ne peut s’exprimer pleinement qu’au sein d’une République sociale et laïque et qui s’assume comme telle. Il fût un temps où cela était naturel, où chacun connaissait notre Histoire, où la gauche était indissociable du combat républicain, du combat pour l’égalité, du combat pour la liberté de penser. Ce combat pour la République, il a été mené frontalement face à l’Eglise catholique. Il était alors porté par toute la gauche clairement, sans ambiguïté, fièrement ; et conjointement avec celui de l’Ecole publique. Il s’agissait de permettre à la pensée de se libérer du dogme. Il s’agissait, « en même temps », ☺ de permettre l’épanouissement de tous –en particulier des classes populaires, abandonnées jusqu’alors aux mains des « ignorantins », tout un programme ! La gauche savait que la République laïque, non seulement protégeait les plus faibles, mais était leur seule garantie de pouvoir s’élever, de devenir pleinement citoyens. Citoyennes !

Alors que s’est-il passé ? Il s’est passé que pour des raisons économiques et sociales mais aussi parce que la culture du « différentialisme » anglo-saxon s’est installée aux dépens de l’Universel, notre société fait de moins en moins « Nation » au sens de Renan. Le « Vivre ensemble » est devenu, au mieux, vivre les uns à côté des autres et trop souvent les uns contre les autres. Le drame de la République absente ne se joue pas dans les beaux quartiers. Là-bas, le mot « laïcité » est travesti pour servir d’alibi au rejet du pauvre. Ces pourvoyeurs de « manif pour tous » nient l’universalité de l’être humain que seule reconnaît la laïcité : même droits –dont le droit à l’indifférence !- quels que soient l’origine, le sexe, la religion, réelle ou supposée, ou l’orientation sexuelle. Le drame de la République absente saccage la vie de nos banlieues et de nos quartiers populaires. Les premières victimes en sont les femmes. C’est étrange de constater qu’une forme de néocolonialisme conduit une partie de la gauche à ne pas savoir traiter chacun –surtout chacune- comme un (une) Egale-e. Et refuse de débattre avec une autre tradition et surtout de s’y affronter, allant jusqu’à magnifier les racialistes, à soutenir le P.I.R. (le pire ! vous l’entendez comme vous voulez). C’est inquiétant que cette gauche présuppose spontanément qu’une femme issue de l’immigration maghrébine ait envie de porter le voile. Comme les catholiques d’il y a un siècle pensaient que la place des femmes étaient à la maison, qu’elles y trouvaient leur bonheur en élevant les enfants… C’est désespérant que le rapport de pouvoir des hommes sur les femmes et la pression de la bien-pensance soient évacués. Car enfin les fondamentalistes d’aujourd’hui donnent au hijab la même fonction que St Paul il y a 2000 ans. Il disait : «L'homme, lui, ne doit pas se voiler la tête: il est l'image et la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l'homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance».

 

Cet article est le 3058 ème sur le blog MRC 53 - le 165ème catégorie Gauche France

La Creuse dans le département de l'Indre, un paysage (près de Lurais) où Marinette aime se ressourcer

La Creuse dans le département de l'Indre, un paysage (près de Lurais) où Marinette aime se ressourcer

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1 mars 2018 4 01 /03 /mars /2018 21:49

 

Reconstruction de la gauche et problèmes des éleveurs laitiers

 

Ce blog existe depuis 2006. Plus de 3 000 articles ont été publiés. Il a continué d’exister après une suspension en 2014, le temps du lancement du blog de Réseau CiViQ (Citoyenneté et Vie Quotidienne). Plus de 400 articles publiés sur ce blog CiViQ.

 

Le rythme de parution des articles est variable. Après les Titres des articles publiés en janvier 2018 sur le blog du MRC 53, voici les titres des articles publiés en février 2018.

 

Le sens politique de ce blog est de contribuer à reconstruire la gauche en s’opposant aux politiques néolibérales que le peuple français subit depuis plus de trente ans. Les deux EN MEME TEMPS, selon l’expression à la mode…

Cette refondation républicaine de la gauche ne doit pas seulement se faire en haut, par les organisations politiques au niveau national, mais elle doit aussi se faire en bas, c’est-à-dire par les militants et les citoyens dans les communes et les départements. EN MEME TEMPS...

 

Titres des articles publiés en février 2018 sur le blog du MRC 53

La Confédération paysanne reproche à Lactalis de spolier les éleveurs (23 février)

Lactalis et contamination des laits infantiles : les contrôles en question (20 février)

Etats généraux de l'alimentation : un projet de loi présenté en mars (15 février)

Le président J-Luc Laurent a échangé avec les militants MRC à Nantes (10 février)

Les leçons à tirer de l'affaire des laits infantiles contaminés Lactalis (08 février)

L'Appel à la reconstruction de la gauche relayé par le MRC Charentes (06 février)

MRC 53 : de la gauche républicaine, faire émerger une force politique (04 février)

Les stocks de poudre de lait dans l'UE : rappel historique par A Pflimlin (03 février)

André Pflimlin : une décision de l'UE annonce la crise laitière en 2018 (02 février)

 

3058 ème article sur le blog MRC 53 - le 78ème, catégorie Titres des articles du mois précédent

"Comment mieux rémunérer les éleveurs laitiers", c'était le 26 février 2018 un débat au Salon de l'agriculture au stand de la Confédération Paysanne. Avec (photo, de gauche à droite) : Nicolas Chabanne "C'est qui le patron ?" et Jean-Luc Pruvot "FaireFrance".

"Comment mieux rémunérer les éleveurs laitiers", c'était le 26 février 2018 un débat au Salon de l'agriculture au stand de la Confédération Paysanne. Avec (photo, de gauche à droite) : Nicolas Chabanne "C'est qui le patron ?" et Jean-Luc Pruvot "FaireFrance".

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23 février 2018 5 23 /02 /février /2018 23:55

 

Devant le palais de justice de Laval, le 22 février 2018, ils ont manifesté leur colère

 

Les conditions météorologiques ne favorisaient pas la participation. Une cinquantaine de militants ou sympathisants de la Confédération paysanne étaient présents devant le palais de justice de Laval afin d’exprimer leur sentiment d’injustice en voyant le traitement de faveur réservé au leader mondial de la transformation laitière, Lactalis. Voir Histoire - Lactalis et Cinq choses à savoir sur Emmanuel Besnier

Le syndicat paysan avait choisi de manifester à Laval parce que cette entreprise est lavalloise depuis sa création. Voir les explications données par Dominique Morin, secrétaire général de la Confédération paysanne en Mayenne (Ouest-France, 22 février 2018) :

« Les paysans ont un sentiment d’injustice »

La Confédération paysanne appelle à manifester ce jeudi devant le tribunal de Laval contre « l’impunité » dont jouirait Lactalis. Trois questions à Dominique Morin.

Pourquoi appelez-vous à manifester ?

Laval est le siège social de Lactalis, mais on ne veut pas manifester devant ses grilles pour éviter aux éleveurs des représailles. Les paysans ont un fort sentiment d’injustice face à l’impunité que les pouvoirs publics accordent à certains industriels dont Lactalis est le symbole. Ils ont l’impression d’avoir affaire à une justice à deux vitesses : très dure sur le respect des réglementations administratives et environnementales qui touchent les paysans et très laxiste par rapport aux industriels.

Comment se traduisent ces injustices concrètement ?

Quand un agriculteur se trompe de quelques hectares sur sa déclaration Pac (Politique agricole commune), il peut immédiatement voir ses aides amputées de 5 %. A côté de ça, le numéro 1 mondial du lait ne publie pas ses chiffres. Et en toute impunité. Aujourd’hui, plus de 50 % des agriculteurs travaillent pour moins de 1000 €/mois. Après 44 ans de cotisation, la retraite est de 800 €. C’est totalement injuste.

Qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?

Une prise de conscience. S’ils se préoccupent des 500 postes de l’usine de Craon, on ne les entend pas sur les 250 emplois agricoles au moins qui disparaissent chaque année en Mayenne depuis trente ans. Aujourd’hui, les producteurs ont de plus en plus de travail, donc de volume de lait, et de moins en moins de revenus disponibles. Actuellement, négocier le prix du lait s’apparente à accepter les tarifs de Lactalis. On demande aux pouvoirs publics de créer une loi afin de garantir un revenu pour les paysans.

La Confédération paysanne s’exprimait ainsi au niveau national. Voir (22 février) sur son site :

Lactalis : la justice doit se saisir du revenu paysan !

Le revenu des producteurs de lait est dramatiquement bas et les perspectives se montrent peu rassurantes pour les semaines à venir. Les Etats généraux de l'alimentation devaient permettre « plus de transparence pour une meilleure rémunération des producteurs ». Pourtant, une entreprise reste la championne de l'opacité : Lactalis ! Les enquêtes et les scandales se multiplient : comptes non publiés depuis des années malgré une obligation légale, lait infantile impropre à la consommation après une contamination aux salmonelles, deux milliards d'euros de montages fiscaux au Luxembourg… 

Face à l'impunité de Lactalis, la Confédération paysanne a organisé ce midi une manifestation devant le tribunal de grande instance de Laval, sur les terres du géant de l'agro-industrie. Si ce dernier vient de publier une partie minime de ses comptes, il reste beaucoup de chemin à parcourir jusqu'à la transparence qui nous permettra de comprendre où passe la valeur. Il faut donc continuer à exiger l'application de la loi. Cette même loi qui s'applique sans détours lorsqu'il s'agit de prononcer les liquidations judiciaires pour des paysannes et paysans. 

Voir aussi (26 janvier 2018) :

C'est avec une immense colère que la Confédération paysanne a découvert aujourd'hui le montage financier décrit dans le magazine "l'ebdo" qui a permis à Lactalis de cacher 2 milliards d'euros au Luxembourg.

Alors que les paysans qui livrent cet ogre ne s'en sortent pas, la société écran luxembourgeoise "Nethuns" aurait permis d'engranger près de 2 milliards d'euros de bénéfices, par un mécanisme complexe de factures internes. De ces 2 milliards, la moitié aurait été redistribuée à des bénéficiaires cachés, l'autre moitié en plus-value nette d'impôts à BSA, la holding belge de la famille Besnier.

Alors que le combat pour le revenu des paysans fait rage en France, de telles révélations sont édifiantes et éclairantes ! Lactalis, champion de l'opacité, doit des explications aux paysans. Nous demandons à Emmanuel Macron de mettre ses discours en actes et de demander des comptes au géant lavallois ! Il faut que parquet financier ouvre une enquête.

La Confédération appelle dès à présent les producteurs et productrices de lait à faire monter la pression pour que toute la lumière soit faite sur ce détournement du fruit du travail des paysans !


 

Voici des extraits du quotidien Ouest-France, le 23 février, rendant compte de la manifestation.

« Qu’ils prennent leurs responsabilités »

Hier après-midi, les agriculteurs manifestaient devant le palais de justice de Laval pour dénoncer l’impunité de Lactalis.

« Il faut que la transparence soit présente sur tous les maillons de la chaîne ». Perché sur son escabeau, Nicolas Girod, secrétaire national de la Confédération paysanne, porte la voix des producteurs de lait (…).

« Les paysans disparaissent »

Derrière lui, le tribunal de grande instance de Laval, symbole de leurs revendications. « C’est là que les faillites sont prononcées pour nous paysans. Pas loin, il y a le tribunal de commerce, où Lactalis devrait publier tous ses comptes. Pour nous, ce n’est pas acceptable que, d’un côté, les paysans disparaissent, et que, de l’autre, Lactalis ne publie pas ses comptes en toute impunité, et garde les profits de ce que nous produisons » (...).

Producteur de lait dans le Jura, Nicolas Girod entend bien réveiller les pouvoirs publics sur ces questions. « Maintenant, il faut qu’ils prennent leurs responsabilités ».

Rappel articles concernant Lactalis :

- (7 février 2018, CiViQ) : La persistance de salmonelles dans l'usine de Craon fait chuter Lactalis

- (8 février 2018, MRC 53) : Les leçons à tirer de l'affaire des laits infantiles contaminés Lactalis

- (20 février 2018, MRC 53) : Lactalis et contamination des laits infantiles : les contrôles en question

Cet article est le 3057 ème sur le blog MRC 53 - le 441ème, catégorie AGRICULTURE et PAC

Devant le palais de justice de Laval, le 22 février 2018

Devant le palais de justice de Laval, le 22 février 2018

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20 février 2018 2 20 /02 /février /2018 14:34

 

Le ministre Le Maire avait fait couper les contrôles de l’Etat

 

Lactalis, leader mondial de la transformation du lait, est mayennais. Voir Histoire - Lactalis et Cinq choses à savoir sur Emmanuel Besnier

La discrétion et, même, le secret, que le dirigeant met en avant dans la gestion de son groupe industriel*, ont été mis à mal à partir du moment où l’affaire de la contamination des laits infantiles par des salmonelles a éclaté. Voir :

- (7 février 2018, CiViQ) : La persistance de salmonelles dans l'usine de Craon fait chuter Lactalis

- (8 février 2018, MRC 53) : Les leçons à tirer de l'affaire des laits infantiles contaminés Lactalis

Ces deux dernières semaines, des faits rapportés par la presse ont amené les citoyens à s’interroger à propos des responsabilités de l’industriel - il en a la plus grande part, car il a dissimulé des informations sur la persistance des salmonelles depuis 2005 dans l’usine de Craon - mais aussi des pouvoirs publics, qui ont coupé (divisé par six, semble-t-il) les moyens financiers accordés aux organismes de contrôle, considérant que le contrôle sanitaire devait être effectué par l’industriel lui-même, avant de mettre sur le marché le produit. Et cela à l’initiative du ministre, très libéral, de l’agriculture, Bruno Le Maire (sous la présidence Sarkozy).

N’est-il pas cocasse d’observer les déclarations de ce même Bruno Le Maire, affirmant, en tant que ministre de l’économie et des finances, cette fois-ci sous la présidence Macron « L’Etat s’est, le 9 décembre, substitué à une entreprise défaillante dont je rappelle qu’elle est la seule responsable de la qualité et de la sécurité des produits mis sur le marché » ? (Voir, 12 janvier 2018 : Lait contaminé: Lactalis convoqué à Bercy).

Ce qui avait amené l’avocate de Quentin Guillemain, à l’origine de la première plainte dans cette affaire, à rétorquer : « Le constat est que tout le monde se renvoie les responsabilités et personne n’accepte d’assumer les défaillances globales de la chaîne, de la production dans l’usine de Lactalis à la mise en vente par les groupes de distributeurs ».


Christian Hutin, député MRC du Nord, à nouveau Président du Groupe d'études Amiante de l’Assemblée nationale, a proposé, le 26 janvier 2018, avec son groupe Nouvelle Gauche et apparentés, la création d’une commission d’enquête chargée de tirer les enseignements de l’affaire Lactalis et d’étudier à cet effet les dysfonctionnements des systèmes de contrôle et d’information.

Toutefois, des débats ont lieu au sein de l’Assemblée nationale (voir LCP Assemblée nationale, Maxence Kagni, 14 février 2018) avant d’officialiser ce 20 février la création de cette commission d'enquête parlementaire pour tirer les leçons de l’affaire Lactalis.

Extrait : Le député socialiste Dominique Potier, qui a qualifié les faits d'"expérience dramatique et grave", a prôné devant ses collègues un "rééquilibrage entre la puissance publique, le droit et la puissance privée". Certains, parmi ses collègues députés, sont beaucoup plus réservés sur ce point, sachant que « Lactalis demeure, en France, un des fleurons de la filière agroalimentaire », selon l’expression de Thierry Benoit (UDI, Agir et indépendants).

La Commission d'enquête risque par ailleurs de voir son champ d'action largement réduit en raison de contraintes inscrites dans le règlement de l'Assemblée nationale et dans l'ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires.

Par ailleurs, un sénateur communiste, Fabien Gay (Seine-Saint-Denis), membre de la commission des affaires économiques du Sénat, s'est rendu à Craon pour "comprendre" la crise de la salmonelle et la gestion de crise de Lactalis. Le sénateur a rencontré quatre producteurs de lait mais n'a pas pu échanger avec les salariés. C’est un spécialiste des questions industrielles et agroalimentaires du territoire. Voir (France Bleu Mayenne, Martin Cotta, 9 février 2018) : En visite à Craon, un sénateur communiste dénonce une faillite collective dans l’affaire Lactalis

Le parlementaire a participé à plusieurs auditions au Sénat : celle de Michel Nalet, le porte-parole du géant laitier mayennais mais aussi de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) chargée des contrôles dans les usines de France. D'après lui, le scandale de la salmonelle n'est pas que la responsabilité de Lactalis. C'est aussi celle de l'État car même les contrôles de la DGCCRF n'ont pas permis l'année dernière de détecter la bactérie dans l'usine de Craon.

D'après Fabien Gay, des salariés de Lactalis ont refusé de le rencontrer "par peur". Le sénateur communiste dénonce "une chape de plomb" sur les employés Lactalis. "Je comprends leur silence, tout le monde connaît quelqu'un qui travaille chez Lactalis. Il y a cette volonté de ne pas parler pour ne pas être sous les foudres …"

Voir aussi (leglob-journal.fr, 9 février 2018) : Lactalis, une « emprise, et une chape de plomb surréaliste sur la Mayenne »

Le syndicalisme a été longtemps réprimé dans cette entreprise. Les délégués CFDT étaient pourchassés dans les années 1970-1980. Actuellement, il existe une organisation syndicale représentée, la CFTC. Thierry Peschard en est le représentant au sein du groupe. Voir (Le Monde, 17 janvier 2018) : Lactalis : « L'usine de Craon va redémarrer », mais « pas de date à l’heure actuelle

* Le secret fait partie de l’ADN de cette entreprise, au point qu’elle refusait de publier ses comptes, ce qui est pourtant exigé par la loi. Elle aurait infléchi sa position à la suite des évènements récents. Voir (France3-regions, 19 février 2018) : Lactalis publie une partie des comptes de ses sociétés.

Voir aussi ce qu’en dit Laetitia Cherel, de la cellule investigation de Radio France, 19 février 2018 : "Je ne connais aucune autre grosse entreprise qui se comporte de la même façon" : plongée au cœur de la stratégie du silence de Lactalis

Pourquoi le problème n’a-t-il pas été réglé en 2005 ? Quelles mesures le groupe Celia a-t-il prises après la contamination, puis le groupe Lactalis quand il a racheté le site de Craon, un an plus tard en 2006 ? Ni la préfecture de la Mayenne, ni les ministères de l’Agriculture ou de l’Économie n’ont accepté de répondre aux sollicitations de franceinfo sur ce point.

Voir aussi

- (France Inter, 17 février 2018) : Lactalis : les dessous d'une crise

- (France.tv, 16 janvier 2018) : Replay Cash Investigation - Produits laitiers : où va l'argent du beurre ...

 

Cet article est le 3056 ème sur le blog MRC 53 - le 440ème, catégorie AGRICULTURE et PAC

Fabien Gay, sénateur PCF, lors d'une conférence de presse à Laval dans les locaux du PCF 53 (photo leglob-journal)

Fabien Gay, sénateur PCF, lors d'une conférence de presse à Laval dans les locaux du PCF 53 (photo leglob-journal)

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15 février 2018 4 15 /02 /février /2018 21:29

 

Rééquilibrer les relations commerciales dans l’agroalimentaire

 

Les États Généraux de l'Alimentation, en fin d’année 2017, ont confirmé l’intérêt porté par le président de la République aux questions liées à l’agriculture et à l’alimentation.

Voir (Ouest-France, André Thomas, 10 mai 2017) : Pour Emmanuel Macron, « l'agriculture est un secteur clé ».et (OF, André Thomas, 5 janvier 2018) : Pourquoi Emmanuel Macron doit sauver l'agriculture française

Voir aussi (Ouest-France, AFP, 11 octobre 2017) : Macron veut améliorer les revenus des agriculteurs grâce à des ordonnances

Rappel articles précédents sur ce thème (4, 5 et 7 décembre 2017, blogs CiViQ et MRC 53) :

- Etats Généraux de l'Alimentation : le discours de Macron (L. Bourgeois)

- Emmanuel Macron à Rungis sur les Etats Généraux de l'Alimentation

            - L'association MARS pour des prix agricoles durablement plus élevés

. Voici ce que le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, disait en réponse aux questions de André Thomas, Ouest-France, 20 décembre 2017 : Le gouvernement veut en finir avec la crise rampante des filières agricoles. Rémunération des producteurs et prix de vente seront encadrés, assure le ministre de l’Agriculture. Entretien.

Après six mois de travaux entre producteurs, industrie agroalimentaire et distributeurs, les États généraux de l’Alimentation seront clos demain. Quels résultats ?

Les États généraux ont permis aux acteurs de mieux se comprendre et de se mettre en mouvement ensemble vers des objectifs communs : ramener plus de rémunération « dans les cours de ferme », renforcer notre industrie agroalimentaire, assurer la pérennité de notre capacité de production agricole et faire qu’elle réponde toujours mieux aux attentes de nos concitoyens.

Quelles sont ces attentes ? Une alimentation qui contribue à leur bonne santé, avec des produits savoureux, issus d’une agriculture qui respecte notre bien commun qu’est l’environnement. À la demande du président de la République, les acteurs économiques ont établi des plans de filière, prenant en compte ces attentes et les enjeux économiques. Nous avons reçu trente-cinq plans le 15 décembre. Les filières vont maintenant avoir un temps d’échange avec le monde associatif sur ces plans, c’est important. Au-delà, ce qui sort des États généraux, ce sont aussi des mesures concrètes sur la gestion des risques alimentaires, le développement du bio, le gaspillage alimentaire, la prévention et l’éducation notamment des plus jeunes. Des solutions qui engagent toutes les parties.

. L’intervention du Premier ministre, Edouard Philippe, à la clôture des EGA.

Hausse du seuil de revente à perte, fin des promos à tout crin, prix payés aux paysans sur la base de leurs coûts de production, lutte contre le gaspillage alimentaire, plan pour le développement du bio : voici l'essentiel de ce qui va être annoncé aujourd'hui par Edouard Philippe lors de la clôture des Etats généraux de l'alimentation (Ouest-France, André Thomas, 21 décembre 2017). Voir Alimentation : ce qui va changer après les Etats généraux

. Les avis sur les EGA ne sont pas tous positifs.

Ainsi, le WWF France exprime une très forte déception. Voir États Généraux de l'Alimentation 2017.

Un spécialiste des filières agroalimentaires, enseignant-chercheur à l’université de Bretagne-Loire, doutait déjà, le 19 septembre (entretien réalisé par Terre-net), du résultat des EGA. Voir l’Interview d'Olivier Mevel sur les Etats généraux de l'alimentation.
 

Et, maintenant, le projet de loi issu des Etats généraux de l’alimentation

- Voir Le Projet de loi (Reporterre) et sur le site de l’Assemblée nationale : Projet de loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaie et une alimentation saine et durable

- Voir aussi (Public Sénat) : Alimentation : que contient le texte de loi ?
- Et (Ouest-France, André Thomas, 31 janvier 2018) : Agriculture et alimentation : trois questions sur le projet de loi

Le projet de loi promis par Emmanuel Macron pour améliorer le sort des agriculteurs et de l’agroalimentaire vient d’être adopté mercredi 31 janvier en conseil des ministres. Bien des choses promises y figurent bel et bien pour desserrer l’étau des distributeurs sur les agriculteurs et l’agroalimentaire. Des détails chiffrés doivent cependant encore être précisés. D’autant plus que ce texte, qui ne pourra tout résoudre, arrive sous les yeux d’agriculteurs exaspérés.

- (Ouest-France, 14 février 2018) : États généraux de l'Alimentation. Sandrine Le Feur au pilotage

La députée REM de la 4e circonscription du Finistère a été nommée co-responsable du texte de loi sur les États généraux de l’Alimentation qui doit être présentée en mars. Un enjeu de taille pour cette agricultrice de métier. Elle sera attendue au tournant par les agriculteurs, qui espèrent que cette loi permettra une meilleure rémunération de leurs produits.

Cet article est le 3055 ème sur le blog MRC 53 - le 439ème, catégorie AGRICULTURE et PAC

Olivier Allain, coordinateur des EGA, le 14 février 2018, intervenant à Gosné 35140, lors du débat organisé après l'AG de France MilkBoard Grand Ouest

Olivier Allain, coordinateur des EGA, le 14 février 2018, intervenant à Gosné 35140, lors du débat organisé après l'AG de France MilkBoard Grand Ouest

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10 février 2018 6 10 /02 /février /2018 22:44

 

L’Appel du MRC pour une alternative au libéralisme par une gauche reconstruite

 

Jean-Luc Laurent, président du Mouvement Républicain et Citoyen, était à Nantes le 19 janvier. Il répondait à l’invitation des responsables de la fédération régionale MRC, Michel Sorin et Bruno Chevalier. Avec deux thèmes de discussion mis en avant :

1- l’Appel du MRC pour la reconstruction de la gauche et l’émergence d’une force politique nouvelle

2- la décision concernant le projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique


 

Les échanges ont d’abord porté sur le second point, en plein dans l’actualité (une conférence de presse des « zadistes » avait lieu à l’heure prévue pour une rencontre avec la presse locale).

La position du MRC est à l’opposé de la décision communiquée par le gouvernement le 17 janvier. Jean-Luc Laurent regrette la non réalisation du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, compte tenu des engagements antérieurs de l’État et des collectivités territoriales mais aussi de la situation de l’aéroport actuel de Nantes, inadapté aux besoins à long terme de Nantes et du Grand Ouest.

Les militants ont partagé cette position, mettant en doute la faisabilité de travaux d’agrandissement de l’aéroport actuel. De plus, la décision qui légitime le comportement des occupants de la ZAD est une marque de faiblesse des autorités républicaines.


 

Puis la discussion est venue sur le texte adopté par le Conseil national le 17 décembre 2017.

Comment se fait-il que la gauche de gouvernement se soit effondrée aux élections 2017 ? Deux éléments sont mis en avant : la poussée du libéralisme à partir des années 1970 et 1980 d’une part, l’écroulement du communisme à partir de 1989 en Europe de l’est et en URSS d’autre part. Ce fut la fin des utopies - et, de fait avec la chute de la croissance économique (disparition du « grain à moudre »), l’affaiblissement de la social-démocratie - et le triomphe de la pensée unique libérale.

Les pays de l’est-européen, libéraux sur le plan économique et régressifs au niveau social, s’éloignent de l’Europe de Bruxelles. Celle-ci oriente vers des politiques publiques régressives alors que les peuples européens aspirent à la souveraineté.

Le parti socialiste s’est laissé entraîner dans la gestion libérale, abandonnant le combat politique et idéologique. La question européenne est devenue taboue à partir du choix de Mitterrand d’opter pour le libéralisme européen en 1983. Encore aujourd’hui, les partis n’ont pas intégré la dimension européenne dans leur réflexion.

Il s’agit maintenant d’amener la gauche à prendre en considération le principe de souveraineté des peuples dans l’organisation européenne, à laisser de côté le fédéralisme et à écarter le libéralisme qui a donné le pouvoir dans les entreprises aux actionnaires.


 

Le texte de l’Appel du MRC pour la reconstruction de la gauche et l’émergence d’une force politique nouvelle lie l’alternative au libéralisme et la reconstruction de la gauche, dans le cadre d’une force politique nouvelle. Dans cette perspective, des discussions sont engagées avec les différents courants de gauche existants qui militent à la fois pour une alternative au libéralisme et la reconstruction de la gauche sur des bases républicaines.

Une autre position consiste à mettre en avant l’alternative à la pensée libérale, sans la lier à une alliance politique à gauche, la souveraineté étant un objectif au-dessus de la droite et de la gauche et le progrès pouvant intégrer d’autres considérations que le progrès social, notamment écologistes. La gauche étant idéologiquement très dispersée (des indigènes de la République à Hamon), il vaut mieux s’investir dans la construction d’un projet alternatif au libéralisme sans ancrage à gauche.

- Du côté de l’Appel du MRC, c’est la logique d’alliance à gauche.

- De l’autre, c’est la logique du Pôle républicain qui est comparable à la logique Macron de l’ouverture, mais sur une ligne républicaine. Pas question d’alliance avec la France insoumise ni avec Hamon (pour le PS, il faut attendre et voir).

Macron a fait « turbuler » le système sur une ligne libérale d’extrême centre. Il a fait l’alliance du centre avec tous les libéraux, issus des centres, de la droite et de la gauche.


 

Le Mouvement Républicain et Citoyen va évoluer. Il prendra ses décisions au fur et à mesure, selon les discussions avec les autres formations politiques de gauche. Personne n’est exclu, que ce soit LFI, Hamon, le PS, le PCF, les radicaux de gauche (qui refusent la fusion avec les radicaux valoisiens). Il faut regarder les choix, les contenus, les points de convergence, les points de divergence.

Aux élections européennes, le MRC ira dans une alliance à gauche pour une autre Europe. Ce sera une gauche en phase de reconstruction.


 

Cet article est le 3054 ème sur le blog MRC 53 - le 94ème catégorie MRC 53 et Pays de la Loire

Nantes, 19 janvier 2018 (de gauche à droite) : Christine Meyer, Jean-Luc Laurent, Yvonne Abdesslam, Bruno Chevalier, Daniel Salé, Annick Bolo, Gérard Beillard

Nantes, 19 janvier 2018 (de gauche à droite) : Christine Meyer, Jean-Luc Laurent, Yvonne Abdesslam, Bruno Chevalier, Daniel Salé, Annick Bolo, Gérard Beillard

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