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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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20 décembre 2007 4 20 /12 /décembre /2007 20:02

Dialogue difficile à établir entre le MRC et le PS

 

Face à un président de la République qui a décidé de répudier, non seulement le gaullisme, mais aussi l’essentiel du système social républicain national, on pourrait penser que l’opposition de gauche ferait tout pour rassembler ses forces afin de combattre avec efficacité l’hôte de l’Elysée.

 

Ainsi, les élections municipales, les 9 et 16 mars 2008, qui seront un test du rapport des forces politiques en présence, devraient être préparées par des rencontres entre les militants locaux des partis de gauche qui ont adopté récemment une déclaration commune (voir, sur ce blog, l’article paru le 12 décembre sous le titre « Le groupe de liaison de la gauche et des écologistes amorce un travail en commun »).

 

Les discussions engagées sur le plan national entre le MRC et le PS n’ont abouti pour le moment qu’à des accords partiels et limités au strict minimum. De nombreuses situations sont bloquées.

 

Le Bureau national du MRC, réuni hier soir, lançait « un appel à l'esprit unitaire de ses partenaires pour débloquer ces situations et engager positivement une dynamique victorieuse face à la politique antisociale et contraire à l'intérêt national mise en œuvre par la droite ».

 

En Mayenne, nous sommes victimes des conditions de notre naissance. Avoir quitté le PS après l’avoir servi pendant plus de 28 ans est un outrage qui ne s’efface pas.

Dans un article paru sur ce blog le 10 décembre dernier, j’ai montré que le MRC existe bien (les résultats électoraux du 9 décembre en attestent) et j’ai posé la question « le PS le sait-il ? ».

 

Le Courrier de la Mayenne, dans son édition du 13 décembre, en a fait état  en ces termes.

 

« Le MRC 53 veut qu’on s’intéresse à lui »

 

Des élections partielles ont eu lieu dimanche dernier à Sarcelles et dans la Manche où le Mouvement Républicain et Citoyen de Jean-Pierre Chevènement a obtenu 3% et 8% des voix.

Le responsable du MRC 53, Michel Sorin, en conclut que le Parti socialiste mayennais aurait intérêt à s’intéresser à lui.

Dans un article intitulé « La gauche républicaine existe, le PS le sait-il ? », il écrit « Dans cette période de préparation des élections municipales et cantonales, c’est bon à savoir et à rappeler au PS, qui se comporte comme si nous n’existions pas.

Parler de « gauche unie », comme il le fait en Mayenne, en laissant de côté les organisations de gauche qui ne partagent pas son point de vue sur l’Europe et la question de la ratification du traité de Lisbonne, ce n’est pas se placer dans les meilleures conditions pour gagner en mars 2008 ».

 

 

La réaction de Guillaume Garot, premier secrétaire fédéral du PS et député de la Mayenne, ne s’est pas fait attendre. Un rendez-vous m’était proposé le 12 décembre à la permanence du député.

Ce jour-là, non seulement j’ai été bien reçu, mais j’ai eu la confirmation d’une situation de blocage à St-Berthevin, qui ne m’est pas imputable.

 

Guillaume Garot m’a assuré qu’il allait intervenir auprès du chef de file municipal de la gauche locale. J’espère que sa démarche permettra de débloquer la situation et d’engager des discussions. Car nous devons tout faire pour que, à St-Berthevin comme ailleurs, la gauche défende ses chances dans les meilleures conditions.

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19 décembre 2007 3 19 /12 /décembre /2007 23:27

Les inégalités se creusent, accentuant le ressentiment social

 

Le texte qui suit est paru sur le site de Libération www.liberation.fr le 18 décembre, à la rubrique Rebonds. Il est signé Louis Maurin, journaliste, directeur de l’Observatoire des inégalités, dont le site http://www.inegalites.fr fourmille d’articles intéressants sur l’évolution de la société. J’y ai trouvé cette définition.

L’Observatoire des inégalités est un organisme indépendant d’information et d’analyse sur les inégalités. Il est situé à Tours et dispose d’une antenne en région parisienne. Outre l’équipe permanente, il s’appuie sur un réseau de citoyens sensibilisés par la question des inégalités. L’Observatoire des inégalités dispose par ailleurs d’un conseil scientifique composé d’économistes, de philosophes, de sociologues et de juristes.

Louis Maurin exprime son inquiétude devant la façon dont le président de la République conduit la politique de la France. Il a raison de mettre en avant la perte de crédibilité de la politique et  de tous ceux qui assument des responsabilités publiques. Voici ce texte.

« Prendre aux pauvres pour donner aux riches »

 «La France dont je rêve est une France qui ne laisse tomber personne, une France qui est comme une famille où le plus faible, le plus vulnérable, le plus fragile a droit à autant d’amour, autant de respect, autant d’attention que le plus fort.»

Ainsi s’exprimait Nicolas Sarkozy au soir du 22 avril, premier tour de l’élection présidentielle. Il avait, mieux que Ségolène Royal, analysé l’état de la société française, d’où son élection quinze jours plus tard. Ses premiers mois d’exercice sont en contradiction à peu près complète avec ses déclarations de campagne. Les mesures prises depuis l’été consistent à prendre au plus faible pour donner au plus fort. Plus exactement, donner aux riches et ensuite récupérer l’argent des pauvres. Les annonces récentes sur le pouvoir d’achat n’y changent rien.

Donner aux riches d’abord

La loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (dite Tepa) comporte au minimum 7 milliards d’euros de baisses d’impôt pour les plus aisés, l’équivalent des deux tiers du budget annuel de l’enseignement supérieur. Cela sans considérer le volet concernant les heures supplémentaires, qui profite théoriquement à tous les salariés en proportion de leurs revenus.

Au titre de la loi votée cet été, 1 000 contribuables dont la fortune est supérieure à 15,5 millions d’euros profiteront chacun d’une baisse d’impôt de 270 000 euros (bouclier fiscal), selon le rapport du député (UMP) Gilles Carrez. Lui-même note que les frais de succession au décès d’un conjoint d’un couple avec deux enfants disposant d’une fortune de 1,5 million d’euros seront réduits de 72 000 euros. Un couple peut désormais céder à ses trois enfants 900 000 euros de patrimoine tous les six ans sans payer de droits. L’impôt sur les successions est, en pratique, supprimé en France.

D’autres mesures ont été prises depuis cet été, de moindre ampleur mais tout aussi inégalitaires. Comme l’instauration du prélèvement libératoire sur les dividendes (les revenus des actions). Les contribuables les plus aisés pourront opter pour un taux d’imposition de 29 % (18 % de prélèvement libératoire et 11 % de prélèvements sociaux) contre 40 % pour la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu. La mesure va profiter à 50 000 contribuables qui touchent plus de 25 000 euros de dividendes annuels. Même un député UMP, Jérôme Chartier, s’est opposé à cette «augmentation du pouvoir d’achat des Français les plus riches»

Prendre aux pauvres ensuite

Les comptes publics sont déficitaires et notre pays endetté : ces largesses fiscales doivent être financées. Le second temps de l’action présidentielle consiste à reprendre, miette par miette, ce qui a été dépensé.

Au premier janvier prochain, une franchise s’appliquera sur les dépenses maladie sans prise en compte des revenus. Les plus modestes y seront de leur poche de 50 euros l’an.

A la mi-novembre, la ministre de la Justice, Rachida Dati, a annoncé qu’elle envisageait la mise en place d’un forfait - dont le montant n’est pas encore déterminé - pour les personnes démunies bénéficiant de l’aide juridictionnelle, ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un avocat.

Enfin, 780 000 foyers, principalement des personnes âgées démunies, vont devoir acquitter 118 euros de redevance audiovisuelle l’an prochain alors que, jusqu’à présent, elles en étaient exonérées. Conséquence de la réforme décidée en 2004 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Economie, qui reliait cette taxe aux impôts locaux dont les conditions d’exonération ne sont pas semblables.

L’ensemble de ces mesures qui frappent les pauvres semble, pour l’heure, symbolique. Quoique pour une personne âgée démunie, 168 euros de redevance et de franchise de soin, c’est loin d’être négligeable. On se ravise aujourd’hui que les catégories populaires se plaignent d’un trop faible pouvoir d’achat. Mais les caisses sont vides, et les mesures ne peuvent être à la hauteur.

Les conséquences de cette politique sont désastreuses. Le Président a été élu sur la base d’un nouveau contrat, dépassant les clivages, mais il continue la politique des gouvernements précédents. L’empressement à aider les riches a comme contrepoint la lenteur prise pour mettre en œuvre des mesures destinées à réduire la pauvreté.

La gauche a tort de se réjouir du crédit de plus en plus entamé d’un chef de l’Etat contraint à la gesticulation permanente. C’est une courte vue politique. L’hypocrisie qui consiste, dans tous les milieux, à faire semblant de ne pas voir que l’effort demandé à tous est la contrepartie de cadeaux destinés aux plus favorisés (rebaptisés «classes moyennes supérieures») a d’immenses conséquences.

L’action politique dans son ensemble en sort décrédibilisée auprès de larges fractions de la population. Tous ceux qui soutiennent cette politique et la mettent en œuvre sont responsables de cette situation. Ils contribuent de facto à alimenter le ressentiment social, le populisme et la course-poursuite aux extrêmes.

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18 décembre 2007 2 18 /12 /décembre /2007 15:55

« Ce sont les militants qui changent la société »

 

Louis Malassis, décédé le 10 décembre dernier à Montpellier où il habitait, était fils de paysans bretons (à St-Hilaire-des-Landes, près de Fougères, en Ille-et-Vilaine). Son parcours professionnel est exceptionnel, de la ferme familiale à l’Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Rennes où il est entré par la voie de la promotion sociale, puis en qualité de professeur d’économie et chercheur à l’ENSAR jusqu’en 1970, à Montpellier ensuite, puis directeur général de l’Enseignement et la Recherche au sein du ministère de l’agriculture, consultant pour de nombreux organismes internationaux et auteur de nombreux livres, dont la trilogie paysanne, qu’il a achevé en 2006.

 

Les Amis de Louis Malassis, qui ont organisé le colloque le 27 novembre à Rennes, sur le thème des défis de l’agriculture, l’ont connu dans sa période bretonne avant la fin des années 1960. Ils n’imaginent pas ce que fut son action à Montpellier. En me servant d’Internet, j’ai découvert des sites qui font état de ses travaux en ce qui concerne l’agriculture méditerranéenne.

 

Voici un extrait de l’entretien réalisé par Hassane Tlili, journaliste spécialiste des questions agricoles et environnementales à l’Observatoire du Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes (CIHEAM – www.ciheam.org), qui fait partie de l’Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier (www.iamm.fr).

Le texte entier est à lire sur http://www.medobs.org/themes/reunion/entretienmalassis.html.

« Louis Malassis fait partie des pionniers de l'économie rurale et agro-alimentaire, une discipline qui s'impose de plus en plus dans les sciences humaines, compte tenu des évolutions tous azimuts que connaissent les agricultures non seulement dans l'espace méditerranéen, mais aussi partout ailleurs. Pertinentes et fécondes, ses idées gardent souvent une certaine fraîcheur et originalité dues sans doute au parcours de leur auteur.

Malassis aura été, en effet, un témoin privilégié de la dynamique propre à l'agriculture française et à celles d'autres agricultures. Né le 4 septembre 1918 à Saint-Hilaire-des-Landes dans une famille de paysans, il a grandi avec une idée qui ne le quittera plus : entretenir une relation de proximité avec la culture du terroir et essayer de la nourrir constamment au travers des responsabilités qu'il occupera en tant qu'enseignant, chercheur et observateur actif. C'est ainsi, entre autres, qu'il a été professeur d'économie rurale à l'Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Rennes (1945-69), membre et rapporteur des commissions agricoles des IIème, IIIème et IVème Plans, directeur central des recherches économiques et sociales à l'Institut National de la Recherche Agronomique (1961-63), consultant à l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) et à l'Unesco, chargé de mission auprès du préfet de la région de Bretagne (1964-70), directeur général de l'enseignement et de la recherche au Ministère de l'Agriculture (1978-81)...

A l'occasion de la célébration, à l'IAM de Montpellier, le 28 octobre 2002, du 40ème anniversaire du CIHEAM, le Professeur Louis Malassis a accepté de répondre aux questions de l'Observatoire. Et pour cause : non seulement ce pionnier de l'économie agro-alimentaire compte aujourd'hui au sein de l'IAM de Montpellier beaucoup de collègues qu'il a formés et auxquels il a inculqué la passion de la recherche, mais il a été également directeur général de cet Institut de 1974 jusqu'en 1978. Il a été aussi pour quelque chose dans la naissance, il y a quarante ans, du CIHEAM ».

Q. - Louis MALLASSIS, dans votre livre " La longue marche des paysans français ", vous avez essayé de rendre compte de la dynamique de l'agriculture française au cours du XXème siècle, et vous dites que cette agriculture a été très arriérée au début du siècle et qu'elle aura connu, à la fin du siècle, un chambardement total. Qu'en est-il aujourd'hui des agricultures autour de la Méditerranée et des agricultures du monde ?

D'abord, je suis un fils de paysan et c'est comme ça que commence mon histoire et pourquoi j'ai écrit " La longue marche des paysans français ". C'est une histoire qui a été écrite à partir des paysans bretons, particulièrement les paysans que j'ai bien connus pendant ma jeunesse et qui m'ont fourni une expérience concrète à partir de laquelle on pouvait bâtir une histoire plus générale des paysans. Alors, j'ai écrit quelque part dans mon livre que longue avait été la marche des paysans pour se libérer de leur servitude historique, pour accéder à l'éducation et à la culture, pour parler eux-mêmes d'eux-mêmes, pour avoir une vie digne et se faire respecter des autres et pour atteindre des objectifs élémentaires de l'économie humaine, c'est-à-dire se nourrir, se loger, se soigner, etc.

Il y avait donc l'idée d'une longue marche parce que le livre raconte comment finalement les paysans sont parvenus à être ce qu'ils sont devenus aujourd'hui. C'est plus une dynamique paysanne qu'une dynamique agricole. Alors, la question que je me suis ensuite posée, c'est de savoir si les objectifs de cette longue marche étaient quelque chose de particulier aux paysans français, ou si tous les paysans du monde, au fond, n'aspiraient pas à une vie meilleure et si leurs objectifs n'étaient pas les mêmes avec des nuances et des contextes historiques différents, dont il faut toujours être respectueux - D'où le thème de la réflexion sur " La longue marche des paysans du monde ".

Dans cet ouvrage qui est terriblement ambitieux - on pourrait même dire prétentieux -, je suis parti dans des itinéraires historiques et géographiques à la recherche de la façon dont les paysans ont vécu et vivent sur les principaux continents.

Il y a là l'histoire de paysans que j'appelle eurasiens. Peut-être faut-il s'expliquer, parce qu'il y a tout un ensemble géographique qui procède du Croissant fertile, c'est-à-dire du Proche-Orient ; c'est la zone où, en effet, on a domestiqué les espèces végétales et animales qui vont servir de base à l'agriculture méditerranéenne et à l'agriculture européenne jusqu'au XVIème siècle, c'est-à-dire jusqu'à la découverte de l'Amérique et l'arrivée en Méditerranée du maïs et de la pomme de terre, etc.

Autrement dit, l'agriculture de toute cette première période s'étalant sur quatre ou cinq mille ans - puisque la domestication s'est faite entre 6 000 et 5 000 ans avant notre ère - est fondée sur cette domestication réalisée par les paysans du Proche-Orient. Il y a là un ensemble de questions fondamentales qui se posent : pourquoi cela s'est-il passé là et non pas ailleurs et comment ça s'est produit ?

Il se trouve que des plantes comme les céréales ont été domestiquées au Croissant fertile et non pas ailleurs. Donc, il y a eu un milieu qui a été propice au développement de l'agriculture. Les premières grandes civilisations méditerranéennes étaient des civilisations à base hydro-agricole. La Mésopotamie et l'Egypte en sont les plus caractéristiques : l'une est une agriculture irriguée et l'autre étant à base de décrues.

Ensuite, il y a eu les civilisations de la Grèce et de Rome dont les agricultures sont dépourvues de base productive. Alors, on va voir se développer un phénomène constant à l'échelle de l'histoire jusqu'en 1950 : pour se procurer les denrées alimentaires pour développer une grande civilisation, la Grèce et surtout Rome allaient coloniser tout le Bassin méditerranéen pour se fournir les denrées alimentaires dont elles avaient besoin, pour nourrir leurs soldats, leurs administrateurs, etc. Ce phénomène de colonisation de la Méditerranée à l'échelle de l'histoire allait se poursuivre jusqu'en 1950.

Q. - Comment voyez-vous les défis qui pèsent de nos jours sur les agriculteurs du monde ?

Personnellement, je verrai cela par rapport à la longue marche. A titre d'exemple, où sont les paysans tunisiens ou algériens par rapport à la longue marche ? Qu'est-ce que le développement agricole ou humain ou humaniste ? Quel rôle joue l'Etat ? Il est clair que l'Etat joue un rôle aussi important qu'apparent.

Si les paysans veulent que le monde change, c'est eux qu'il faut changer. S'ils n'ont pas d'idées, de doctrines ou de stratégies, les politiques n'ont pas fini de leur raconter des histoires.

Je crois que le problème fondamental c'est que les agriculteurs, les paysans prennent en main leur destin. Pour cela, il y a toutes sortes de choses, mais si je me réfère à l'expérience française que j'ai pu étudier, ce qui a été essentiel dans les changements de l'agriculture, c'est me semble-t-il ce que j'ai appelé l'éducation participative, c'est-à-dire lorsque des paysans vont écouter une conférence, il n'osent pas parler. Il faut les faire parler. Il faut qu'eux-mêmes assimilent ce qu'on a dit, et pour cela, il faut qu'ils discutent, d'où l'importance de la discussion dans l'éducation participative au cours de laquelle va se développer une stratégie du monde paysan.

Autre idée fondamentale : ceux qui vont changer la société, ce n'est pas l'Etat, mais ce sont les militants qui assument le changement, c'est-à-dire des hommes qui veulent changer de vie mais qui ont une stratégie qui pourra être efficace et fondée sur la réflexion autour de l'éducation participative et les discussions en groupes avec les autres paysans. Cela ne veut pas dire que l'Etat n'a pas un très grand rôle à jouer, mais je me suis permis de dire cela pour éviter qu'on parte tout de suite sur une vision étatique du changement de la société.

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17 décembre 2007 1 17 /12 /décembre /2007 20:41

Les défis de l’agriculture au 21ème siècle

 

Les 300 participants au colloque organisé par les Amis de Louis Malassis*, le 27 novembre, à l’Agrocampus de Rennes, ont été mis d’entrée dans l’ambiance des défis à relever au 21ème siècle. L’exposé percutant, voire provocateur, de Bruno Parmentier** était fait pour que ses auditeurs prennent bien conscience de la nouvelle réalité du monde et des conséquences en découlant pour l’agriculture. Voici les points essentiels de son intervention.

 

Risque de pénurie mondiale de céréales

 

Après 30 ans de baisse tendancielle des prix, l’année 2007 a vu une très forte montée des cours des céréales. Sécheresse en Australie, mauvaises récoltes en Ukraine… Plus besoin de subventions au Nord, ouverture de nouvelles opportunités au Sud.

 

Nous allons vers un monde déséquilibré : problème du climat, croissance de la population (+ 80 millions d’habitants par an), augmentation des besoins alimentaires des pays nouveaux riches (Chine, accès à la consommation de poulets), 800 millions de consommateurs (voitures et camions) de produits agricoles en plus

 

Augmentation massive de la population mondiale

 

La sous-alimentation mondiale est le déshonneur mondial : 240 millions d’indiens qui ont faim, soit un quart de la population de l’Inde et plus que dans toute l’Afrique ; 100 millions de chinois, sur 1 300 millions (8%). Au 21ème siècle, le continent affamé sera l’Afrique, en raison de l’énorme accroissement prévisible de sa population.

 

Entre 1900 et 2050, la population mondiale aura été multipliée par 5 (de 1,8 à 9 milliards), alors que le nombre de personnes touchées par la faim sera resté stable (800 millions), ce qui représentait moins de 50% en 1900 et représentera 9% en 2050, les victimes de la faim étant surtout localisés en Afrique.

 

La production agricole mondiale doit être multipliée par 2 dans les 50 ans à venir. Ce devrait être par 5 ou par 3 en Afrique pour nourrir tous les habitants, selon qu’ils mangent de la viande ou pas.

Il n’y a plus de problème vraisemblablement en Europe, les femmes ayant moins d’enfants (sauf en France et en Irlande) ; la consommation diminuant entraînera la production agricole vers la baisse.

 

Réchauffement de la planète

 

Ce phénomène est davantage ressenti au Bengladesh ou en Martinique (disparition des bananiers) qu’en France, même si l’automne 2006 a été le plus chaud depuis 5 siècles dans notre pays, et l’année 2006, dans son ensemble, a été la plus chaude depuis 1901. Mais il a plu en 2007 et, depuis un siècle, la température moyenne n’a pas beaucoup évolué en France.

 

Pourtant, il faut s’attendre à un déplacement de 150 millions de personnes d’ici 2050. Où iront les 141 millions d’habitants du Bangladesh ? L’immigration sera forte en Sibérie (+ 20 à 30 millions d’habitants). La paix mondiale sera gravement perturbée par ces bouleversements.

 

La mer monte (entre 0,5m et 1m entre 2000 et 2050). Or, les grandes villes sont situées en bord de mer (16 des plus grandes villes du monde le sont). Les glaciers fondent (exemple : Himalaya). C’est de l’eau intéressante l’été pour l’irrigation de l’agriculture. Il n’y en aura plus quand les glaciers auront fondu. En 2050, Angers aura le climat de Nice aujourd’hui (peu de jours de pluie par an). Dans le nord de la France, des ouvrages de rétention de l’eau devront être réalisés. Les maladies tropicales feront leur apparition (ex : la fièvre catarrhale). Les criquets pourraient franchir le détroit de Gibraltar…

 

Pénurie de terres cultivables

 

Sur la planète, 12% seulement des terres sont cultivables. Où sont les réserves ? Dans les forêts tropicales (Amazonie, Congo, Indonésie), on abat chaque année l’équivalent de la superficie de la Grèce. On en replante seulement la moitié. Le réchauffement climatique peut changer la carte. La Russie et le Canada sont les seuls pays stratégiques au 21ème siècle.

 

La question du productivisme se présentera différemment. Actuellement, produire est une insulte ! Or, le même champ, qui nourrissait deux personnes en 1960, en nourrit quatre aujourd’hui et devra en nourrir six en 2050. Est-ce possible ? Oui, dès maintenant, huit Chinois sont nourris sur ce champ. Il suffit d’étendre à la planète la productivité chinoise.

 

Le problème de l’eau

 

La plante transpire par la sève qui monte. Il faut beaucoup d’eau pour produire une plante (une tonne d’eau pour produire un kg de céréale) et il y a une différence entre l’eau d’été (le maïs) et l’eau d’hiver (le blé). La planète est gorgée d’eau, mais 99% est salée ou gelée, donc inutilisable. Le reste n’est pas bien réparti.

 

Au 20ème siècle, il y avait 200 millions d’hectares irrigués. Au 21ème siècle, il faudra entretenir les barrages construits, mais il sera plus difficile et plus cher d’en construire de nouveaux, et encore faut-il s’assurer qu’il y ait de l’eau dedans ! On prévoit au maximum 240 millions d’hectares irrigués. Cela ne résout pas le problème des pays qui ont soif.

 

En Chine, c’est le blé qui a soif au nord et c’est le riz qui a soif au sud (terres inondées). Des grands travaux gigantesques sont en cours de réalisation : au nord, trois canaux sur une longueur de 1600 km ; au sud, le barrage des Trois Gorges, qui est une catastrophe écologique (1,5 million d’agriculteurs déplacés). Aux USA, les nappes d’eau qui sont dans le sous-sol de l’ouest sont pompées à l’excès, provoquant une baisse des réserves.

 

La fin de l’énergie fossile

 

Enfin, le pétrole au prix de 100 dollars ? Puis, bientôt à 150 dollars ? Et, pourquoi pas à 200, 300 ?... Comment faire avec les tracteurs ? Il faut se diriger vers une agriculture beaucoup moins gourmande en énergie.

 

L’agriculture est indispensable, comme trois autres professions. Elles manifestent quand le prix du pétrole augmente : les taxis, les transporteurs (camions), les paysans et les pêcheurs. Les paysans sont les plus indispensables. Un monde sans paysans est impossible. Quant aux pêcheurs, on en est resté à la chasse. En Chine, la pisciculture produit la moitié des poissons consommés.

 

Les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) produisent des gaz à effet de serre, à l’origine du réchauffement climatique. L’électricité produite est à 80% d’origine nucléaire, mais il n’y a pas assez de réserves d’uranium et le problème des déchets n’est pas résolu, sans parler des risques terroristes.

La solution, c’est la fusion nucléaire, mais les recherches seront très longues (installation d’un centre de recherches mondiales à Cadarache, en Provence, en 2018) et n’ont guère de chances d’aboutir avant 2100. Avant, que fait-on ?

 

Les éoliennes, le solaire, l’hydraulique, il y a des avantages et des inconvénients pour chaque source d’énergie, mais il faut les développer quand même. L’essentiel est l’économie d’énergie. Dans les transports, l’énergie pose problème sauf dans le TGV et le tramway.

 

En agriculture, on ne sait pas conserver l’énergie. On peut en produire, ce sont les agrocarburants.

 

L’éthanol est produit en Amérique dans le but de limiter les importations de pétrole. La guerre en Irak devait assurer l’approvisionnement en provenance de ce pays. En fait, ce sont les Chinois qui achètent le pétrole irakien.

Aux USA, l’élection présidentielle se fait à partir de primaires au sein des partis, échelonnées sur plusieurs mois dans les différents Etats. Les primaires commenceront le 21 janvier dans trois Etats, dont l’Iowa, réputé pour sa production de maïs.

Les USA produisent 40% du maïs mondial. Ils en consomment beaucoup (la moitié de la consommation mondiale de maïs) et en exportent aussi (20% de la production).

Une partie est transformée en éthanol, ce qui est à l’origine de la flambée du prix du maïs (ils ont doublé). Tout cela pour économiser 3% d’essence ! Il aurait suffi de mieux gonfler les pneus pour aboutir au même résultat…

 

Le Mexique est très concerné par l’évolution du prix du maïs, car l’alimentation quotidienne des Mexicains est basée sur la galette de maïs. Le prix du maïs ayant augmenté de 50%, le niveau de vie de la population pauvre a baissé de 18%.

Tout se tient, du carburant dans les camions à l’alimentation des paysans et ouvriers mexicains. Une compétition s’est engagée entre les réservoirs des riches et l’assiette des pauvres… Qui va gagner ?

 

Le 21ème siècle a commencé l’été dernier. Il faut un litre de pétrole pour produire trois litres de biocarburants. C’est une catastrophe : conduire ou manger, il faut choisir ! Ce serait une folie que la Beauce produise pour les moteurs. Il faut réserver les champs pour se nourrir.

 

C’est seulement avec la canne à sucre que la rentabilité est à peu près correcte, parce que l’ensemble de la plante est utilisé, pas seulement le grain sans eau. Les plantes produisent de l’énergie sans énergie. Vivent les OGM pour produire des plantes énergétiques ! Sinon, avec des céréales à 300 € la tonne, on aura des famines.

 

Le contrôle sanitaire le plus strict et la traçabilité complète sont notre assurance-vie. Grâce aux vétérinaires, nous avons l’élevage le plus sûr du monde sur le plan sanitaire. Par contre, nous avons un problème avec la biodiversité : trois millions de vaches sans père, appauvrissement génétique, animal et végétal. Est-ce bien raisonnable ?

 

En conclusion

 

Le 21ème siècle sera biotech ! Allons vers « la révolution doublement verte » de Michel Griffon. L’agriculture mondiale est peu mécanisée. Comme le dit Edgard Pisani, on a besoin de toutes les agricultures du monde. Car les problèmes alimentaires seront cruciaux au 21ème siècle.

 

La chimie, ce n’est pas le 21ème siècle, c’est le 20ème, avec des fonctions principales : nourrir les plantes (engrais, surtout azotés), les soigner et les protéger (herbicides, insecticides, fongicides). L’Asie a développé son agriculture grâce à la chimie et à l’irrigation (la révolution verte).

 

La maîtrise du vivant reste à réaliser et on s’engueule pour ça ! Il y a les gentils (agriculteurs bio) et les autres (Carrefour) sans intérêt. On est heureux de faire un règlement bio dans les cantines des écoles maternelles…

C’est un problème de quantité de production au niveau mondial. On ne sait pas produire mieux et plus en agriculture biologique. Il y a un problème de quantité, car les besoins augmentent et la faim aussi. C’est une question de volonté et de modestie. La révolution consiste à s’insérer dans les processus naturels.

 

La firme Monsanto, c’est le clonage, la modification des gènes. Dans le monde, il y a 102 millions d’hectares de plantes OGM, ce qui représente cinq fois la surface agricole de la France. Nous en avons 4500 ha en France. Le but de ces sociétés est de vendre davantage d’herbicides.

 

Ce qui serait intéressant, ce serait de trouver des plantes qui n’ont besoin que de 700 litres d’eau, ou qui poussent dans des eaux salées. Le problème, c’est que les autres cherchent et pas nous. Monsanto cherche, dans le cadre de son système capitaliste américain. La Chine cherche, dans le cadre de son système communiste. Nous n’aurons bientôt plus le choix qu’entre l’un ou l’autre des deux systèmes de recherche existants.

 

L’agriculture a pris le tournant de la haute intensité environnementale. Depuis Sully, « pâturage et labourage »… C’est fini ! On est aux cultures sans labour, en associant différents types de cultures et de plantes. On est dans la complexité du vivant, et aussi dans la diversité. On passe des accords avec les vers de terre, les abeilles et les chauves-souris …

C’est la révolution vers une nouvelle agriculture, qui implique davantage de réflexion et d’organisation afin de changer de modèle (le modèle irrigation, chimie, énergie, ayant montré ses limites), ce qui implique un nouveau militantisme paysan.

 

Dans le monde, les goûts et habitudes alimentaires sont fort divers. Pour les Chinois, le lait est poison ; pour certains, le blé est exclu, à cause du gluten ; pour les pratiquants des religions musulmane, juive et hindoue, la viande de porc est interdite, et même toutes les viandes pour les hindous. A l’opposé, le porc est très apprécié des Chinois, qui en élèvent 489 millions (le porc est l’animal le plus proche de l’homme). Mais les riches ne mangent pas beaucoup de porcs, ils préfèrent le bœuf.

 

Il faut inventer l’avenir. Les ingénieurs sont là pour cela. C’est compliqué ? Oui, et c’est précisément pour cette raison qu’il y a besoin des ingénieurs. Mais c’est d’abord la responsabilité des paysans. Comme la Banque mondiale, nous affirmons : ce serait folie de ne pas compter sur les agriculteurs.

 

* Louis Malassis est décédé le 10 décembre dernier (voir l’article paru hier sur ce blog)

 

** Bruno Parmentier, directeur du groupe Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers, est l’auteur du livre « Nourrir l’humanité, les grands problèmes de l’agriculture mondiale au 21ème siècle » (La Découverte).

 

Le programme du colloque, ainsi que les idées de Louis Malassis, sont à lire dans l’article paru sur ce blog le 10 novembre 2007.

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16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 11:27

Un homme exceptionnel, au service des paysans

 

Son médecin et sa famille, le sachant malade et fatigué, n’avaient pas souhaité que Louis Malassis se déplace à Rennes à l’occasion du colloque organisé par ses amis le 27 novembre dernier. Moins de deux semaines plus tard, il est décédé à Montpellier le 10 décembre.

L’information, aussitôt transmise à Ouest-France, était publiée dans ce journal le lendemain. Voici l’essentiel du texte, signé Patrice Moyon, dans l’édition du 11 décembre.

 

Décès de Louis Malassis  

 

Avec un colloque consacré aux paysans du Nord et du Sud, ses amis lui avaient rendu hommage, le 27 novembre, à Rennes. Louis Malassis est décédé à l’âge de 89 ans, le 10 décembre, à Montpellier. Né à St-Hilaire-des-Landes dans le pays de Fougères, Louis Malassis s’est battu pour émanciper les paysans du monde. Malade, il rédigeait, il y a encore quelques jours, un « Que sais-je ? » qui leur était consacré (…).

Après avoir passé son baccalauréat à 28 ans, Louis Malassis soutient une thèse à la Sorbonne, enseigne à l’Agro de Rennes et crée en 1960 l’INPAR, l’Institut de promotion agricole de Rennes, pour former les paysans à administrer les coopératives et organismes mutualistes. Des USA où il enseigne un an, il rapporte l’idée d’Agropolis. Créé en 1986, à Montpellier, ce centre rassemble aujourd’hui 2000 chercheurs.

Il était aussi l’auteur d’une Trilogie paysanne. Défricheur inlassable, il a marqué plusieurs générations de chercheurs et de militants, en France mais aussi à l’étranger. « Un homme exceptionnel qui voulait la promotion des paysans », dit de lui Médard Lebot, membre de l’association des Amis de Louis Malassis (…).

 

Les Amis de Louis Malassis ont réfléchi à la suite à donner au colloque

 

L’association des Amis de Louis Malassis s’est réunie le 12 décembre au pavillon Louis Malassis de l’Agrocampus de Rennes, sous la présidence de Joseph Guenanten.

Après avoir évoqué le décès de Louis Malassis et la façon de s’associer aux manifestations de sympathie qui seront organisées prochainement en sa mémoire, ils ont fait le bilan du colloque du 27 novembre (300 participants) puis pris position en ce qui concerne la suite à donner à cette initiative réussie.

 

Pas question d’organiser eux-mêmes de nouveaux colloques. Les Amis de Louis Malassis considèrent que les « cheveux blancs » ne sont pas porteurs d’avenir, mais ils acceptent de servir de personnes-ressources, si une équipe d’actifs, donc de plus jeunes, acceptait de prendre le relais, en se situant dans le sens des idées de Louis Malassis* d’une part, et en choisissant des thèmes de réflexion ouverts sur la société, reliant le local au mondial (par exemple, l’eau) d’autre part.

Il faudra établir des partenariats afin de trouver le financement. Des structures agricoles seront sollicitées. La Fédération Régionale des CUMA, représentée à cette réunion, pourrait être parmi les organisations intéressées.

 

* Voici les cinq orientations fondamentales qu’il a mises en avant dans son dernier livre « Ils vous nourriront tous, les paysans du monde, si… » (CIRAD-INRA, 2006) : la formation de nouveaux paysans ; un développement humain généralisé, équitable et durable ; une croissance agricole nourricière, productive et durable ; une mondialisation humanisée ; un monde civilisé.

 

*Association des Amis de Louis Malassis : joguenanten@orange.fr ; medardlebot@wanadoo.fr ; regishove@numericable.fr

Voir l’article paru le 10 novembre 2007 sur ce blog, concernant le colloque du 27 novembre (un compte rendu sera réalisé) et les idées de Louis Malassis.

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15 décembre 2007 6 15 /12 /décembre /2007 20:55

Le monde néolibéral est-il en train de basculer ?

 

De différentes sources d’information, on perçoit de sérieux doutes, voire de l’inquiétude, pour ne pas dire un début de panique, s’emparer des économistes libéraux. La crise actuelle ne ressemble à rien de ce qui s’est produit dans le passé, les conditions étant réellement nouvelles. Celui qui exprime le mieux cette situation n’est autre que le célèbre chroniqueur du Monde, Eric Le Boucher, dans l’article paru ce 15 décembre sur www.lemonde.fr. En voici des extraits.

 

« Drôle de moment de bascule »

 

« Prenez trois économistes, et vous aurez au moins quatre avis. La plaisanterie sur cette profession capable de défendre avec autant de conviction une thèse ("d'un côté, on peut dire que...") et son antithèse ("de l'autre côté, on peut dire le contraire...") n'a, sans doute, jamais été aussi vraie qu'en ce drôle de moment.

 

L'économie américaine va-t-elle tomber en récession à cause des crises immobilière et financière ? "Il y a 50 % de chances", nous répondent nos déterminés économistes (…). Pardonnez-leur, en vérité. C'est l'époque qui veut ça.

 

La planète se reconfigure en profondeur sans que personne ne sache ce qui se dessine vraiment.

 

Il y a d'abord l'Asie, qui n'en finit pas d'affirmer sa force dans tous les domaines, économique, financier, technique, et dans toutes les régions. L'incertitude vient ici de ce qu'elle n'a pas pris toute sa place dans le concert des nations et qu'elle ne prend pas encore ses responsabilités monétaires, environnementales (Pékin gère le yuan et son CO2 en égoïste) et économiques.

Depuis dix ans, les Etats-Unis sont le consommateur en dernier ressort du monde, avalant les produits chinois et les machines allemandes. Mais ce Gargantua a aujourd'hui une indigestion de subprimes. L'Asie peut-elle prendre le relais ? Le gouvernement de Pékin peut-il faire en sorte que les ménages chinois cessent d'épargner pour consommer et donnent ainsi un débouché interne aux productions ? Si oui, l'économie-monde peut continuer à rouler vite sur un équilibre neuf, si non, elle va sérieusement ralentir.

Mais la grande bascule porte sur le libéralisme.

Celui-ci repose sur trois piliers : la mondialisation, l'Etat en recul devant le marché et le développement de la finance. Or chacun de ces piliers subit des chocs existentiels.

Commencez par la mondialisation : les négociations du cycle de Doha, qui doivent aboutir à une nouvelle ouverture des échanges, plus profitable aux pays pauvres, ne seront pas conclues à la fin de cette année. Aux Etats-Unis, la campagne présidentielle, qui s'est ouverte chez les démocrates et les républicains, débat d'"un retour au protectionnisme". En France, Michel Barnier, ministre de l'agriculture, dit que l'Union "doit reparler de la préférence européenne". Ancien commissaire européen, Michel Barnier est pourtant tout sauf un nationaliste. L'air du temps a changé.

Prenez ensuite l'Etat, qui fait un "come back" partout. Voici "les fonds souverains", riches structures publiques des pays émergents, chargées de prendre des participations dans les firmes, au Sud comme au Nord. Les fonds souverains sont des nationalisations par des Etats étrangers (…).

Et la finance ? Le retour cette semaine de la crise financière, provoquant l'affolement des banques et des Bourses, a fait écrire à Martin Wolf, éditorialiste du Financial Times : "Ce qui se passe est une énorme claque pour la crédibilité du modèle anglo-saxon de capitalisme financier." Le modèle anglo-saxon dénoncé par la presse anglo-saxonne...

L'air du temps... Le confrère résume joliment : "La finance moderne se résume à ôter les risques des épaules de ceux qui sont capables de les porter (les banques) pour les mettre sur les épaules de ceux qui sont incapables de les comprendre.

"Les risques, perdus de vue, sont méchamment réapparus sous forme de saignées dans les bilans des banques : 65 milliards de dollars de pertes annoncées, sans doute 400 à venir au total (…) ».

Presque au même moment, l’un de ses collègues, Thomas Ferenczi, chroniqueur dans le même journal (www.lemonde.fr), rapportait dans un article paru le 13 décembre, le profond mécontentement du Britannique John Monks, secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), vis-à-vis de l’Europe sociale, qui marche à reculons.

« La dimension sociale oubliée »

 

« M. Monks est scandalisé par les échecs répétés de l'Europe sociale, qu'il s'efforce, avec d'autres, de promouvoir. Il y a moins d'un mois, il a remis au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, une pétition de 510 000 signatures en faveur d'une directive sur les services publics. M. Barroso a dit non. La CES s'est déclarée "déçue" par ce refus (…).

 

Mais le plus dur restait à venir. Deux directives sociales, auxquelles les syndicats européens accordent une importance particulière, ont été bloquées, une fois de plus, au conseil des ministres, en raison du refus obstiné de la Grande-Bretagne, soutenue par l'Allemagne. Ces deux textes visent à renforcer la protection des salariés, l'un en limitant à 48 heures la durée hebdomadaire du travail, sauf dérogations strictement encadrées, l'autre en reconnaissant aux intérimaires les mêmes droits qu'aux travailleurs permanents. Les Britanniques et leurs alliés, au nom de la défense de l'emploi, s'opposent à ces contraintes (…).

 

Ces deux directives, explique-t-il, expriment la volonté des syndicats de fixer une limite au pouvoir des marchés. Elles procèdent du souci de rendre la mondialisation plus équitable. Leur blocage donne raison à ceux qui jugent abusive toute tentative de réglementation.

                                         

Malgré les efforts de médiation de la présidence portugaise, un coup sérieux a été porté aux ambitions sociales de l'Union européenne. M. Monks n'est pas un adversaire de la mondialisation. Il estime qu'elle produit "plus de gagnants que de perdants".

Mais il reconnaît que sa "face sombre" suscite "un vaste sentiment de malaise" et "une impression de désillusion envers la politique". Si l'Europe ne se dote pas d'une législation sociale digne de ce nom, ces inquiétudes s'en trouveront renforcées.

"Le progrès social au sein de l'Union européenne n'a pas suivi le développement du marché intérieur", souligne M. Monks. Cette carence risque, selon lui, de détourner les peuples de la construction européenne. On ne saurait lui donner tort ».

 

Ces deux articles mettent clairement en évidence la logique néolibérale, qui a prévalu dans le monde anglo-saxon avant de se répandre sur l’Europe. Celle-ci sera-t-elle capable de prendre la mesure de ce qui se passe et de changer de politique ? On peut en douter, tant le système européen est rigide et prisonnier de son idéologie.

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14 décembre 2007 5 14 /12 /décembre /2007 22:53

A gauche, un homme d’Etat gaullien et républicain

 

Jean-Pierre Chevènement sera présent dans l’émission présentée par Christine Ockrent sur France 3, dimanche 16 décembre à 23h. Le thème : « Mondialisation : la déferlante chinoise ». Son contradicteur sera Gérard Longuet, sénateur UMP. Les deux hommes ont été ministres de l’industrie.

En consultant son blog www.chevenement.fr, on se rend bien compte de l’accélération de la fréquence de ses interventions médiatisées. Déjà, pendant la campagne présidentielle, sa qualité de conseiller de Ségolène Royal avait permis de mettre un terme à une longue période d’abstinence forcée.

 

Ce qui est nouveau, c’est qu’il travaille pour son propre compte. Il se distingue par ses critiques de fond, argumentées, à la politique du président de la République, notamment la politique européenne. Il est parmi les plus vifs opposants au traité de Lisbonne et à sa ratification par la voie parlementaire.

Ce matin, il s’est exprimé sur France Info à ce sujet et aussi sur la décision de justice concernant Yvan Colonna. Sur ce point, je ne partage pas la certitude de l’ancien ministre de l’intérieur en ce qui concerne la culpabilité du berger corse. En l’absence de preuve, je crains l’erreur judiciaire dans un dossier où tout n’a pas été dit.

 

Sur la question européenne, Jean-Pierre Chevènement a une réelle proximité d’idées avec Nicolas Dupont-Aignan. Ce n’est pas nouveau, mais la décision du député de l’Essonne de rompre avec l’UMP rend plus significatif leur rapprochement. La raison est très simple : ils sont tous les deux gaullistes et républicains, donc en guerre contre les thèses néolibérales. Voici la dépêche de l’AFP du 13 décembre, qui reprend leurs déclarations à propos de la signature du traité de Lisbonne (www.chevenement.fr).

 

Jean-Pierre Chevènement : "En signant le traité modificatif de Lisbonne, les gouvernements français et néerlandais ont passé outre la décision de leurs peuples, s'exprimant par le suffrage universel lors des référendums de 2005".
"Il est encore temps de donner la parole au peuple: 363 parlementaires français, soit les 2/5e des membres du Congrès, peuvent refuser d'entériner la réforme de la Constitution. En le faisant, ils contraindront le président de la République à revenir au référendum
".

Nicolas Dupont-Aignan : "Le traité de Lisbonne ressuscite la Constitution européenne massivement rejetée au printemps 2005 par deux pays fondateurs de la Communauté européenne, la France et les Pays-Bas".
"Conscients d'avoir triché avec la démocratie et les peuples, mais résolus comme jamais à passer en force, les dirigeants européens se gardent bien de soumettre ce traité à référendum. Ce refus assumé du suffrage universel démontre que leur construction européenne n'est plus seulement inefficace mais désormais illégitime".
"Il faut tout faire pour empêcher la ratification parlementaire usurpée de ce traité
".

 

La force de Jean-Pierre Chevènement, c’est sa vision politique indépendante et la connaissance des dossiers, acquise par son travail et son expérience accumulée au fil de ses responsabilités ministérielles et territoriales, en tant que maire et député.

Il peut se trouver demain au cœur de la recomposition de la gauche, en situation de porter l’alternative républicaine et sociale à la droite libérale et conservatrice.

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13 décembre 2007 4 13 /12 /décembre /2007 21:50

L’union de toute la gauche pour les banlieues

 

Gaël Brustier anime le site www.montreuil.net. Montreuil, une grande ville de la région parisienne que Dominique Voynet veut conquérir, ayant constaté qu’elle est de plus en plus, à l’image de Paris, une ville fort prisée par les « bobos » (bourgeois bohêmes). On emploie aussi un mot savant, la « gentrification », pour désigner ce type d’évolution urbaine.

En allant sur le site de Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Gentrification, nous trouvons cette définition :

 

« La gentrification (de gentry, petite noblesse en anglais) est le processus par lequel le profil sociologique et social d'un quartier se transforme au profit d'une couche sociale supérieure. On l'appelle aussi embourgeoisement.

Le quartier de Harlem à New York, traditionnellement un "ghetto noir mal famé", aujourd'hui en reconquête par les classes aisées qui le rénovent et se le réapproprient.

L'embourgeoisement se traduit par la rénovation des bâtiments et l'accroissement des valeurs immobilières, elle exerce donc une pression sur les pauvres pour qu'ils se déplacent vers des secteurs moins en demande. Elle aboutit dès lors à une forme de ségrégation analysée notamment par Éric Maurin dans Le Ghetto français ».

Avec Michèle Dessenne, militante féministe, Gaël Brustier signe un article, ce 13 décembre, sur www.marianne2.fr. Ils appellent la gauche à bâtir un véritable projet pour les banlieues, fondé sur la solidarité entre les générations.

Gauche et banlieues : l'union est un combat

Quelques récents événements ont laissé transparaître le profond mépris que le Président de la République vouait aux banlieues. « C'est n'est pas un problème social » a-t-il asséné, c'est « un problème de voyoucratie ». Vu comme cela les choses sont simples. On connaît les opinions du Chef de l'Etat relatives à la propension génétique à transgresser les lois, se suicider ou commettre des crimes…

 

Mais, n'en déplaise à l'hôte élyséen, la violence, économique, physique ou symbolique, des « quartiers » est bien un « fait social » au sens où l'entendaient Durkheim et les pères fondateurs de la sociologie.

Sont un fait et un problème social, les violences de 2005 ou les événements de Villiers-le-Bel comme le processus de relégation sociale qui en est à l'origine.

Sont un fait et un problème social, la construction sociale d'une réalité, l'émergence d'un imaginaire collectif relatif aux banlieues qui leur nuit autant qu'il nuit au pays dans son ensemble.

 

L'image du « 9-3 » ne correspond en rien à sa réalité ! Ce malaise social des banlieues, reconnaissons-le, quinze années de pouvoir de gauche depuis 1981 ne sont pas parvenues à l'enrayer.

Pis, le virage « social-libéral » d'une certaine Gauche l'a faite rompre avec l'héritage encore présent du mouvement ouvrier dans les communes de ce qui fut, jadis, la « ceinture rouge ».

Cette mémoire défaillante est consubstantielle à l'étonnante rupture opérée à partir de 1983 avec les classes populaires.

N'en doutons pas, de la façon dont la Gauche gèrera 2008 dépendra 2012 car de sa capacité à s'unir localement dépendra sa capacité à élaborer un projet politique alternatif à celui de Nicolas Sarkozy.

Faire de l'enjeu municipal un lieu de résistance pour la gauche

 
Pour ce faire, l'impératif immédiat c'est en effet l'union ! Le moyen politique le plus efficace face à Sarkozy, c'est de se saisir de l'enjeu municipal non comme d'une base de repli pour quelques personnalités médiatiques en déroute mais comme un lieu de résistance, d'imagination collective et un outil au service d'une volonté. Malheureusement, il faut constater que l'on en est encore loin à Gauche…

 

Montreuil, troisième ville d'Ile-de-France, est victime de l'amnésie collective d'une partie de la Gauche et de la désunion qui lui est consubstantielle.

A Montreuil, c'est l'ancienne candidate verte Dominique Voynet qui mène l'assaut contre les autres forces de gauche, au nom d'un « renouvellement » dont on saisit mal le sens... L'anathème, teinté d'un très anachronique anticommunisme, lui sert de machine de guerre.

La « Ceinture Rouge », n'en déplaise à l'ancienne députée du Jura, ce n'était pas la « Roumanie de Ceaucescu », puisque c'est la comparaison que cette habitante récente du 9-3 (en fait depuis qu'elle a opté pour un poste de sénatrice de ce département) n'hésite pas à employer à l'encontre de Jean-Pierre Brard.

On comprend la tactique : elle vise à flétrir une action présente en la réduisant à un passé, volontairement dévalué et largement surfait.

En réalité, la « Ceinture Rouge », très tôt, ce furent des écoles communales ultramodernes comme à Villejuif sous l'impulsion de Paul Vaillant-Couturier, ce furent des politiques culturelles exemplaires…

 

L'incompréhension de Dominique Voynet est donc manifeste. Elle émane finalement d'une candidate de la gentrification, indifférente à l'histoire de la banlieue et presque aussi curieusement à celle de la Gauche. Dominique Voynet ne dénonçait-elle pas, il n'y a pas si longtemps, le fait qu'en banlieue on ne se préoccupait que « de faire plaisir aux vieux communistes » (sic), vision fantasmée et naturellement erronée, reprenant une vulgate droitière qui laisse penser, de la part de son auteur, qu'il ne s'agirait désormais que de lancer une OPA électorale, d'accaparer des postes et de se relancer médiatiquement après un fiasco présidentiel patent.

Eviter un projet néolibéral pour l'Ile-de-France

 
Le PS, lui-même, a une responsabilité importante. Longtemps tenté par l'alliance exclusive avec les Verts (qui se sont avérés d'une loyauté à géométrie variable à Paris…), le PS doit dorénavant comprendre qu'on ne gagne durablement que quand on devient, en tant que parti, « l'intellectuel collectif » comme le disait Gramsci, d'un bloc sociologique majoritaire.

 

Les banlieues ne doivent donc pas faire l'objet d'équations électorales hasardeuses.

 

Les banlieues ne sont pas des parts de marché à conquérir ! Mais pour aller de l'avant, il faut savoir d'où l'on vient. Alors que le Président Sarkozy relance, avec quelque arrière-pensée, son projet de « Grand Paris », il semblerait effarant que les forces progressistes se divisent et laissent le champ libre à un projet néolibéral pour l'Ile-de-France.

 

Transports, environnement, emploi, urbanisme, logement, éducation, politique culturelle : la Gauche doit s'unir et tracer collectivement un projet d'avenir fondé sur des principes de solidarité entre générations. Cela passe aujourd'hui par l'unité aux municipales…Faute de quoi les électeurs se détourneront de la gauche là aussi, notamment par l'abstention.

 

Parce qu'il y a urgence sociale, il appartient aux forces qui se réclament encore de gauche de faire primer l'intérêt des habitants sur les calculs électoraux et les enjeux de carrière. Et de montrer que le politique est encore capable de prendre la main sur la dictature financière qui engendre paupérisation, exclusion, isolement de la majorité des salariés et des privés d'emploi.


La balle est dans le camp des partis politiques de gauche existants aujourd'hui.

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12 décembre 2007 3 12 /12 /décembre /2007 21:07

Les petits partis contribuent à clarifier le texte

 

Selon www.liberation.fr, ce 12 décembre, la réunion du groupe de liaison de la gauche et des écologistes, qui a eu lieu hier au siège du PS, s’est déroulée dans un climat constructif et avec le souci de travailler ensemble en profondeur, ce qui prouverait que l’horizon dépasse les seules élections municipales et cantonales des 9 et 16 mars 2008.

 

François Hollande (PS) a dû lâcher du lest par rapport au texte initial. Des amendements ont été acceptés. Cécile Duflot (Les Verts), Marie-George Buffet (PCF), Jean-Michel Baylet (PRG) et Jean-Pierre Chevènement (MRC) ont demandé et obtenu des clarifications.

 

Plus facile de se mettre d’accord sur des mesures d’urgence en faveur du pouvoir d’achat des Français que sur une position commune concernant la ratification du traité de Lisbonne.

Même sur ce dernier point, le PS semble avoir fait un pas en demandant que le traité soit ratifié par référendum. Seul le PRG est favorable à la ratification par la voie parlementaire.

Mais cela ne signifie pas que les parlementaires socialistes voteront contre la révision constitutionnelle le 4 février à Versailles (voir, sur ce blog, l’article d’hier).

 

Voici le texte adopté par les représentants des cinq partis.

 

DÉCLARATION COMMUNE

Le « groupe de liaison de la gauche et des écologistes » créé lors de la réunion du 13 novembre dernier et comprenant le Mouvement Républicain et Citoyen, le Parti Communiste Français, le Parti Radical de Gauche, le Parti Socialiste et Les Verts s’est réuni comme prévu le 11 décembre pour aborder les sujets d’actualité.

Les partis présents ont fait le constat commun d’un échec du président de la république et de sa majorité, dont la politique se caractérise sur la forme par une grande brutalité et une absence de concertation, par exemple sur la carte judiciaire, et sur le fond par la mise en cause de notre modèle social, par exemple sur la fiscalité ou les retraites, et la remise en cause du temps et du droit du travail.

Nicolas Sarkozy s’était autoproclamé « président du pouvoir d’achat. » Il en avait fait un axe de sa campagne électorale. Aujourd’hui, plus de six mois après son élection, cette promesse n’a été tenue que pour une poignée de Français : les plus favorisés, au travers du « bouclier fiscal » et de la suppression de la quasi-totalité des droits de succession qui bénéficie surtout au 5% des plus riches.

Pour tous les autres, tout a augmenté, sauf les revenus. La grande majorité des salariés a été privée de toute progression de pouvoir d’achat, le SMIC n’a pas été relevé pour la première fois depuis de nombreuses années. Les retraites n’augmenteront que de 1,1% en 2008, soit deux fois moins que l’inflation. Les précaires, les chômeurs, les allocataires des minima sociaux et les handicapés ont vu leur situation se dégrader depuis sept mois.

Le MEDEF continue à faire pression sur les rémunérations et à précariser toujours plus les contrats de travail. La détaxation des heures supplémentaires ne règle en rien la question du niveau des salaires et ne concernera qu’une petite minorité. La politique de Nicolas Sarkozy, c’est gagner moins pour payer plus.

Dans le même temps, la qualité de la vie est dégradée par la hausse du poids des dépenses fixes (logement, assurance, remboursements de crédit), qui grève le pouvoir d’achat et détériore la qualité de la vie.

Pour la majorité des Français, le pire reste à venir : le gouvernement ne prévoit rien pour les salaires, rien pour les pensions de retraite, rien contre la flambée des prix. Par contre, il prépare une nouvelle aggravation de la précarité, la suppression des 35 heures et la remise en cause de la réduction du temps de travail et une série de hausse de taxes : franchises médicales et redevance télévisuelle pour les personnes pour l’heure exonérées. Le Chef de l’État a fait des annonces pourtant sur des mesures dont les effets seront lointains et aléatoires, donc incertains.

Face à cette situation, les partis de gauche et écologistes demandent la mise en œuvre de mesures d’urgences et structurelles destinées à améliorer rapidement le pouvoir d’achat.

Pour augmenter les revenus, ils proposent l’augmentation immédiate de la prime pour l’emploi de 50 %, une augmentation immédiate du SMIC, l’ouverture d’une conférence nationale sur les salaires visant une augmentation générale des rémunérations, à une lutte contre le temps partiel subi et un progrès significatif de l’égalité salariale hommes/femmes, la sécurisation des parcours professionnels la mise en œuvre d’un plan de rattrapage des traitements dans la fonction publique, la revalorisation immédiate des petites retraites et l’amélioration des conditions de travail et contractuelles des salariés précaires.

Pour faire baisser les prix des produits alimentaires, ils proposent de répercuter les marges obtenues par la grande distribution sur les producteurs en faveur des consommateurs te l’adoption d’une incitation fiscale pour faire baisser les prix des produits alimentaires de première nécessité et rapprocher les lieux de production des consommateurs.

Pour diminuer le coût du logement, ils proposent un encadrement des loyers pour l’année 2008 en indexant sur le seul coût de la vie, une politique d’isolation énergétique des logements, la création d’un service public de la caution, le respect de la loi obligeant les communes à avoir 20% de logement sociaux.

Pour maîtriser le coût de l’énergie, ils proposent de maintenir l’évolution des tarifs du gaz et de l’électricité dans le cadre de l’inflation, de généraliser le « chèque transport » pour aider les salariés dans leurs déplacements, financé par une taxe sur les superprofits des compagnies pétrolières.

Les partis de gauche et écologistes demandent que des incitations fermes soient prises en faveur d’un gouvernement économique de la zone euro et d’une initiative européenne pour le financement d’investissement de long terme (rechercher, formation, ferroutage, économie d’énergie et énergie renouvelable) et d’une baisse des taux d’intérêts de la BCE comme c’est le cas aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

Avec les leviers dont la gauche dispose aujourd’hui, elle s’engage sans se substituer à l’Etat à prendre des initiatives pour le pouvoir d’achat et améliorer la qualité de vie.

S’agissant de la réforme constitutionnelle préalable à la ratification du traité de Lisbonne, ceux des partis de gauche et écologistes qui ont exigé un référendum rappellent leur position.

Les élections municipales et cantonales de mars 2008 vont être un rendez-vous essentiel pour donner plus de force à l’opposition à la politique menée par le président de la République et sa majorité et pour faire barrage à sa mise en œuvre dans les communes et départements.

Les partis présents travaillent dans le respect des positions de chacun au rassemblement le plus large des forces de gauche et écologistes, autour de projets politiques clairs pour battre la droite, faire gagner la gauche et permettre des gestions favorables aux intérêts des citoyens.

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11 décembre 2007 2 11 /12 /décembre /2007 22:52

Une ou deux gauches, selon les choix du 4 février

 

On s’achemine vers une réunion du Congrès à Versailles le 4 février. Ce jour-là, les députés et sénateurs français seront invités par le président de la République à adopter la réforme constitutionnelle préalable à la ratification du traité de Lisbonne par la voie parlementaire.

 

On saura, le 4 février, si la gauche dite de gouvernement sera capable de se refonder et se rassembler, ou bien si elle se divisera en deux composantes, à l’image de ce qui se passe en Allemagne et de ce qui se prépare en Italie.

 

Tout dépendra du choix des parlementaires socialistes. Si leur vote est favorable à la réforme de la Constitution, ils fermeront la voie du référendum. Dans le cas contraire, ils ouvriront la voie de la consultation du peuple français par référendum pour ratifier le traité adopté par les Chefs d’Etat et de gouvernement à Lisbonne le 19 octobre dernier.

 

Sans réorientation de la politique européenne, impossible de se donner les moyens d’une vraie politique alternative favorable à l’emploi productif et durable.

 

C’est le sens de ce que j’écrivais le 4 décembre sur ce blog dans l’article intitulé

« Gauche démocrate et gauche républicaine, Chevènement et Royal proposent deux visions de la gauche ».

 

- Ségolène Royal s’inspire de l’Italie et de l’alliance entre la gauche démocrate et les partis du centre-gauche, qui ne mettent pas du tout en cause l’orientation néolibérale de la construction européenne. Elle ne s’attaque pas aux causes des difficultés ressenties par les citoyens.

 

- Jean-Pierre Chevènement, avec d’autres,  propose que les pouvoirs publics s’interposent afin de limiter les effets négatifs de la mondialisation libérale et de la logique exclusivement financière qui a pris le dessus dans les décisions des grands groupes économiques au niveau planétaire. C’est un choix de gauche, car de progrès sur le plan social, et un choix républicain, car il vise à redonner au peuple son pouvoir souverain.

 

Gauche démocrate, qui porte le nom de socialiste mais ne s’oppose pas au libéralisme, et gauche républicaine, de progrès social, qui propose une politique alternative au libéralisme économique, nous allons vers ces deux gauches qui seront en compétition. Ce n’est pas mon souhait, mais c’est ce qui se produira si le PS maintient sa ligne actuelle.

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