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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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10 mai 2007 4 10 /05 /mai /2007 14:11

 

Le 6 mai 2007 ressemblant au 10 mai 1981 ? 
Nous devons comprendre les résultats de l’élection présidentielle. C’est pourquoi je crois utile de lire avec attention cette analyse réalisée à chaud le 6 mai par Eric Dupin, journaliste (voir http://ericdupin.blogs.com )  

Le 6 mai 2007 marque une rupture dans l’histoire électorale française. La large victoire de Nicolas Sarkozy clôt le cycle ouvert avec la conquête de l’Elysée par François Mitterrand le 10 mai 1981. Pour la première fois depuis une trentaine d’années, le camp sortant est renforcé à l’issue d’une élection dévolutrice du pouvoir national (scrutin présidentiel ou législatif, à l’exception de ceux qui se sont déroulés dans la foulée d’une compétition élyséenne). La France a changé de couleur politique en 1981, 1986, 1988, 1993, 1997 et 2002. Un coup à gauche, un coup à droite et ainsi de suite. La présidentielle de 1995 constitue la seule exception à cette loi des alternances systématiques. Mais elle n’en est pas vraiment une si l’on se rappelle que Jacques Chirac avait pris la posture de l’alternative sociale face au Premier ministre sortant Edouard Balladur.

 Si le candidat de l’UMP a réussi à incarner le changement, en rupture avec l’héritage chiraquien, la signification politique de son succès est très différente. Non seulement la droite se maintient au pouvoir, mais elle a gagné sur une orientation plus à droite que jamais. La théorie de l’essuie-glace est obsolète. En qualifiant Jean-Marie Le Pen au second tour et en élisant ensuite Jacques Chirac, le pays avait déjà manifesté son désaveu de la gauche en 2002. Cinq ans plus tard, il confirme spectaculairement son rejet d’un camp qui a gouverné quinze ans au cours de la dernière période et qui espérait que son tour allait revenir automatiquement.

 La défaite de Ségolène Royal était inscrite dans les chiffres du premier tour. Et sa stratégie de l’entre deux tours n’a pas été couronnée de succès. En dépit de toutes ses tentatives pour séduire l’électorat centriste, celui-ci s’est partagé de façon presque équitable. D’après l’enquête TNS-Sofres réalisée le jour du vote, 40% de ceux qui avaient voté pour François Bayrou au premier tour ont soutenu Sarkozy au second. Et une proportion égale a voté en faveur de Royal. Cette quête d’un appoint vers le centre n’a pas trop entamé le soutien des électeurs de la gauche non socialiste. Quelques 70% d’entre eux ont soutenu la candidate socialiste hier.

 Sarkozy a réussi à gagner une majorité en ajoutant à son bon score de premier tour des suffrages venant du centre comme de l’extrême droite. Aidé par le soutien de la grande majorité des élus UDF, le candidat de l’UMP a profité du vote de près de la moitié des électeurs de François Bayrou alors même que celui-ci avait déclaré qu’il ne voterait pas pour lui. Il a encore bénéficié du report de 66% des électeurs de Le Pen du 22 avril. Seulement 19% d’entre eux se sont abstenus, conformément aux consignes du président du FN, soit un pourcentage presque équivalent à celui des électeurs du FN qui ont voté Royal hier (16%).

 Avec environ 53% des suffrages exprimés, le candidat de l’UMP obtient le meilleur score d’un candidat opposé à la gauche sous la Vème République général après le général de Gaulle en 1965 (55,2%). La dynamique de fin de campagne a joué en sa faveur. Contrairement à ce qui s’était passé lors des précédentes batailles présidentielles, le duel télévisé de deux finalistes a fait bouger les lignes. Le candidat de droite avait alors brutalement gagné plusieurs points d’intentions de vote.

 Les Français ont confirmé leur excellente mobilisation du premier tour. Le taux d’abstention (environ 15% des inscrits) est équivalent à celui du 22 avril (14,7% en métropole). Il se situe parmi les plus bas de l’histoire de la Vème République pour un deuxième tour de présidentielle. Jean-Marie Le Pen a été dimanche désavoué une seconde fois. Son appel à l’abstention massive n’a visiblement pas été entendu par les électeurs qui avaient continué à lui faire confiance il y a quinze jours.

 Le maintien d’un taux équivalent de participation ne signifie pas que ce sont les mêmes électeurs qui ont voté hier et le 22 avril. Certains électeurs, de gauche, centristes ou lepénistes, se sont vraisemblablement abstenus. En sens inverse, des abstentionnistes du 22 avril ont pris le chemin des bureaux de vote. Sarkozy a sans doute profité de cette mobilisation. Mais de nombreux électeurs se sont aussi manifestés pour empêcher, au minimum, une trop nette victoire de la droite.

 La sociologie des votes montre que la gauche a conservé ses positions de forces. Sarkozy n’est majoritaire qu’à partir de 50 ans. Le vote Royal est écrasant (65%) parmi les salariés du secteur public alors qu’il est minoritaire chez ceux du privé (46%). En dépit des efforts du candidat de l’UMP auprès des catégories populaires, il a été minoritaire à la fois chez les employés (44%) et chez les ouvriers (41%). Un certain « peuple de droite » a soutenu Sarkozy : 60% des Français sans diplôme et 54% de ceux qui disposent des revenus les plus bas. Mais il s’en faut de beaucoup que le candidat de l’UMP ait convaincu la majorité des milieux populaires. Une certaine résistance de l’électorat de gauche, inquiet face à la perspective d’une trop large victoire de Sarkozy, a profité à la candidate socialiste.

 La gauche n’a pas disparu du paysage électoral malgré la défaite essuyée hier. Les élections législatives qui se déroulent dans la foulée des présidentielles n’ont pourtant jamais démenti le verdict de ces dernières. Au vu des résultats d’hier, les élections législatives des 10 et 17 juin s’annoncent sous les meilleurs auspices pour la droite.

 Article publié dans le Figaro du 7 mai 2007.

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9 mai 2007 3 09 /05 /mai /2007 22:04

 

Le glissement à droite de la société française

 Voici les résultats définitifs, tels qu’ils sont présentés dans Le Monde daté du 8 mai, sous ce titre « Nicolas Sarkozy a remporté la bataille des valeurs ».

 Philippe Ridet explique que le candidat de l’UMP a su profiter des erreurs politiques de ses adversaires (dont  celles de Jacques Chirac), de la force militante et financière de l’UMP et de la refondation idéologique de la droite. Celle-ci a précédé la victoire politique, comme le disait Gramsci, philosophe marxiste italien, que nous connaissions bien dans les années 1970 au CERES avec Jean-Pierre Chevènement.

 Le président de l’UMP a mené un combat pour les « valeurs », telles que « l’ordre, l’autorité, le mérite, la récompense »… et il a déclaré vouloir rompre avec la pratique politique des 25 ou 30 dernières années, laissant entendre que, pendant ce temps, la droite n’avait jamais été vraiment au pouvoir !

 Surfant sur le glissement à droite de la société française, il a ajouté le thème de l’identité nationale en le liant à l’immigration, puis la critique caricaturale de mai 68 et l’exaltation d’une France sans ses zones d’ombre et refusant la repentance. Tout cela n’a pas laissé insensible la « majorité silencieuse ». Le peuple de droite a été galvanisé par les déclarations du candidat, qui a incité la France « exaspérée » (par la gauche) à « penser librement ».

 Sur ces valeurs que la droite républicaine avait laissé jusqu’à présent au Front national, le candidat de la droite a greffé un programme économique libéral fortement teinté de colbertisme, bref, tout ce que voulait entendre la droite dans sa diversité, ce qui lui a permis de ratisser large. On comprend mieux pourquoi Henri Guaino, l’inspirateur de cette campagne, a laissé entendre que la victoire de M. Sarkozy comporte quelques ambiguïtés…

 Les résultats complets du second tour

                         Métropole                    Outre-mer                   Français de l’étranger TOTAL

 Inscrits             42 092 412                  1 558 032                    821 919                       44 472 363   

 Votants            35 908 566                  1 088 593                    346 310                       37 343 469   

 Abstentions     14,69%                       30,13%                       57,87%                       16,03%   

 Blancs - nuls     4,24%                         3,65%                         1,80%                          4,20%   

 Exprimés         34 385 048                  1 048 878                    340 093                       35 774 019  

 SARKOZY       18 334 804 (53,32%)  464 991 (44,33%)       183 613 (53,99%)       18 983 408

                                                                                                                                (53,06%)   

 ROYAL        16 050 244 (46,68%)  583 887 (55,67%)       156 480 (46,01%)       16 790 611

                                                                                                                                  (46,94%)

 

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9 mai 2007 3 09 /05 /mai /2007 16:30

 

Changer en profondeur face à la mutation capitaliste

 L’élection présidentielle a mis en évidence le besoin de clarifier la stratégie du principal parti de la gauche, créé lors du congrès d’Epinay-sur-Seine en 1971 par François Mitterrand, Jean-Pierre Chevènement, Pierre Mauroy et Gaston Defferre, notamment.

 La dynamique d’Epinay n’existe plus depuis longtemps. Tout a changé en France et dans le monde. Les politiques néo-libérales se sont imposées progressivement dans le monde capitaliste à partir des années 1980 (Thatcher, Reagan) au moment où la gauche accédait enfin au pouvoir le 10 mai 1981. Trop tard ! Le projet économique de la gauche était incompatible avec le néo-libéralisme ambiant et Mitterrand optait en 1983 pour l’Europe et l’alignement sur les forces économiques dominantes.

 La mutation du capitalisme continue. La droite gaullienne a fini par céder et s’aligner sur la volonté du MEDEF. Sarkozy est arrivé dans les fourgons des maîtres de la puissance financière. Désormais, comme c’était le cas en Italie avec Berlusconi, l’Etat en France est entre les mains d’un homme politique parvenu au sommet en étant catapulté directement par les grands dirigeants de l’économie capitaliste.

 La démocratie est en question à partir du moment où il n’y a pas de contre-pouvoir. Il est significatif que des organes de presse comme Le Monde, prudemment, et Libération, plus nettement, aient pris position pour Ségolène Royal au second tour de l’élection présidentielle. Sans négliger leurs intérêts d’entreprise, j’y vois une volonté de rééquilibrer la démocratie en donnant la parole à la gauche et en l’incitant à se réorganiser efficacement.

 Hier, c’était Libération qui présentait un éventail des idées des personnalités du PS et au-delà (voir l’article de Chevènement paru hier sur ce blog) pour refonder le PS et la gauche. Aujourd’hui, c’est Le Monde, daté du 9 mai, qui publie une réflexion de Henri Weber, membre du Parlement européen et secrétaire national du PS, proche de Laurent Fabius.

 Parti socialiste : quelle refondation ? 

« Le résultat de l'élection présidentielle impose sans doute au Parti socialiste de repenser sa stratégie d'alliance. Mais, plus encore, il lui impose de se transformer lui-même. 

 

Les partis de la "gauche radicale" et les Verts pèsent davantage que les scores lilliputiens qu'ils ont obtenus le 22 avril ; ils n'en traversent pas moins une crise profonde et durable. Le "mouvement démocrate" de François Bayrou se heurtera à l'"UDF maintenue", alliée à l'UMP au sein de la majorité présidentielle et au gouvernement. Il pâtira du scrutin majoritaire à deux tours, propre à nos institutions, qui lamine le centre et pousse à la bipolarisation gauche-droite.

 Nous saurons le 17 juin ce que pèse réellement le nouveau parti de François Bayrou. Tout indique qu'il ne sera pas le parti central, pivot de toutes les recompositions, dont rêve son fondateur, mais bel et bien une force d'appoint. En tout état de cause, si la gauche s'ouvre aux électeurs du centre, ce ne saurait être sur la base du programme économique et social qu'a défendu François Bayrou au cours de l'élection présidentielle.

 Reprenant le mot d'Eduard Bernstein (1850-1932, figure de la social-démocratie allemande qui prônait une "révision" du marxisme dans un sens réformiste), beaucoup exhortent le Parti socialiste à "oser enfin paraître ce qu'il est", comme si le PS ne s'assumait pas depuis longtemps comme un parti réformiste, rallié à la démocratie et à l'économie sociale de marché. Oserai-je soutenir que le problème principal du PS n'est malheureusement pas là, et qu'il est autrement plus ardu ? Plus que d'oser "paraître ce qu'il est", le PS doit oser enfin devenir ce qu'il n'est pas : un grand parti socialiste moderne, capable de recueillir par ses propres forces au moins 35 % des suffrages aux élections décisives, comme y parviennent la plupart de ses homologues en Europe. Il n'y a aucune fatalité qui condamne le PS français à osciller autour de 25 % des suffrages. C'est le cas du PSOE espagnol (42,6 %, le 14 mars 2004), du SPD allemand (34,3 %, le 18 septembre 2005), du SPO autrichien (35,7 %, le 1er octobre 2006), du SAP suédois (35,2 %, le 17 septembre 2006), du Parti travailliste norvégien (32,7 % le 12 septembre 2005), du Labour Party britannique (35,2 %, le 5 mai 2005).

 Le Parti socialiste fut longtemps et reste encore un "parti d'élus entourés d'aspirants à l'élection", une machine électorale. Ses liens avec les syndicats et les grandes associations populaires sont traditionnellement lâches et se sont distendus encore. Sa capacité à agir sur l'opinion publique est faible, son aptitude à mobiliser et à organiser ses bases sociales est plus faible encore. Sa force principale réside dans son dense réseau d'élus locaux et nationaux.

 Longtemps, ce fut le Parti communiste qui assumait les grandes fonctions qui incombent au parti dominant de la gauche dans nos démocraties salariales. La marginalisation irréversible de ce dernier assigne au PS la responsabilité d'occuper tout le champ de la gauche et d'assumer lui-même pleinement les fonctions de lutte idéologique, d'élaboration programmatique, de direction stratégique et d'association des citoyens aux décisions qui les concernent, nécessaires au bon fonctionnement de notre démocratie.

 Pour la première fois depuis 1936, la mutation du PS, d'un parti d'élus de 120 000 adhérents à un authentique parti de masse, assumant toutes les grandes fonctions d'un parti réformiste moderne, est possible. Les socialistes sont-ils décidés à fournir l'effort nécessaire pour accomplir ce qui est bien plus qu'une simple rénovation ? Ou bien vont-ils chercher dans une illusoire "alliance au centre" le substitut à ce formidable effort sur eux-mêmes ? Telle est la question, au lendemain de cette défaite du 6 mai. Le PS doit intégrer les dizaines de milliers de nouveaux adhérents venus à lui à l'occasion de l'élection présidentielle et, pour cela, se doter de structures d'accueil efficaces : "sections locales à taille humaine", commissions thématiques, organismes associés. Il doit associer ses adhérents et ses sympathisants à l'élaboration de ses propositions, rajeunir, féminiser, différencier son corps militant. Etablir des liens étroits, à tous les niveaux, avec les syndicats de salariés et les associations progressistes.

 Il doit perfectionner et systématiser le recours à l'Internet, pour sa communication, sa formation interne, son action politique et idéologique. Il doit pérenniser la pratique de la démocratie participative, expérimentée sur grande échelle dans la première phase de la campagne présidentielle. Sur le plan idéologique, le Parti socialiste doit assumer pleinement et fièrement son réformisme et mener, mieux qu'il ne l'a fait, la bataille contre "la pensée unique", conservatrice et libérale.

 Les batailles politiques se gagnent d'abord dans les têtes, sur le terrain des valeurs et des idées, Nicolas Sarkozy vient d'en faire la démonstration. Le PS doit proposer aux salariés une représentation de la société et de son évolution qui leur permette de comprendre le monde nouveau dans lequel nous sommes entrés et d'y agir. Il doit élaborer des réponses plus convaincantes que celles qu'il a proposées au cours de la campagne présidentielle sur la reconquête du plein-emploi, la réforme des retraites, la préservation de notre système de santé, la maîtrise de la mondialisation...

 Sa refondation doit être à la fois idéologique, programmatique et organisationnelle. Principal parti de gauche, le Parti socialiste doit se sentir responsable de l'évolution de toutes ses familles et travailler à les rassembler. Il doit s'efforcer de gagner à sa lutte contre la politique de régression sociale de Nicolas Sarkozy les démocrates sociaux qui se reconnaissent dans le "centre". Mais sur une plate-forme politique compatible avec son projet de société solidaire et d'approfondissement de notre démocratie. Mieux il réussira sa propre mutation, mieux il parviendra à rassembler toutes les forces de progrès ».

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8 mai 2007 2 08 /05 /mai /2007 16:55

 

La victoire de Sarkozy est potentiellement explosive

Dans sa chronique, Evariste analyse le scrutin présidentiel, soulignant d’abord le rôle joué par Henri Guaino auprès du candidat de la droite, puis montrant comment celui-ci avait su capter les suffrages de l’électorat populaire en mettant en cause les dérives d’une culture issue du mouvement de mai 1968. Il décrit les responsabilités du PS et de la gauche antilibérale dans le succès de Sarkozy, observant que le mouvement social n’est pas défait et va exercer une grande vigilance. Sa conclusion est plutôt optimiste.

 Ce texte est à lire dans le n° 535, paru ce jour, du journal des amis de ReSPUBLICA Lien permanent vers cet article  

 « Henri Guaino fait gagner son second président en douze ans »

Les conditions de la victoire de Sarkozy sont certes différentes de celles de Chirac, en 1995. Quand, il y a douze ans, Guaino a commencé à écrire sur la fracture sociale, la situation du maire de Paris était désespérée, et il faisait l’objet des sarcasmes de l’ensemble du monde politico-médiatique. Mais cet animal politique a compris qu’il fallait la jouer « à gauche toutes », pour rétablir la situation, et a finalement réussi à gagner. Il ne mettra pas plus de six mois à renier tout ce qu’il a dit, et imposer, par Juppé, une taxation de plus de 100 milliards de francs sur les familles.

 Une telle escroquerie fera que, en décembre, quand les fonctionnaires, derrière les cheminots, entameront une épreuve de forces avec le gouvernement, toute la population sera derrière eux, ce qui ne sera pas le cas en 2003, lors de la grève sur les retraites.

 L’attelage Guaino-Sarkozy a une autre histoire. Il y a un an, Sarkozy avait trop de handicaps pour pouvoir gagner. Il était considéré comme atlantiste, communautariste, ultra-libéral, pour la discrimination positive sur des bases ethniques, et anti-laïque. Il avait commis l’erreur de dire qu’il aimait le modèle anglo-saxon, et qu’il se sentait souvent « comme un étranger dans son propre pays ».

 Ses conseillers lui ont dit qu’on ne pouvait pas remporter une présidentielle avec un tel programme. Notre collaboratrice Marie Perret explique fort bien (lire Respublica 532) comment Sarkozy, qui sait remarquablement sentir l’état de l’opinion, contacta alors Henri Guaino, qui lui écrivit des discours sur l’amour du travail, de la République, de la Nation, Jaurès et Blum, de la France qui se lève tôt, etc. Il saura rectifier le tir sur la laïcité, et tenir un discours sur le besoin d’ordre et d’autorité assez proche de celui du Front national.

 Résultat : beaucoup d’électeurs frontistes votèrent utile dès le premier tour, plaçant Sarkozy en position de grand favori au soir du 22 avril, et mettant le FN sur le recul. Sarkozy a su capter le vote des classes populaires, car il a également attaqué sans complexe le discours post-soixante-huit dont la majorité du peuple ne veut plus.

 Il convient d’être clair, mai 1968 fut une magnifique grève générale, avec des conquêtes sociales, un moment d’émancipation de la jeunesse face à l’ordre moral, un combat féministe contre le patriarcat, une révolte de toute la société pour davantage de liberté. Une chape de plomb étouffante s’est soulevée, et tous ceux qui parlent de ces moments le font avec beaucoup de fierté. C’est l’élan de 68 qui a permis aux femmes, en quarante ans, de gagner le droit à la contraception, à l’avortement et au travail. C’est ce même élan qui a amélioré le rapport de forces, sur les lieux de travail, jusqu’à l’apparition du chômage de masse.

 Mais on ne peut nier, dans les années qui suivirent, certaines dérives d’une culture issue de ce mouvement, sous l’influence de la pensée bobo et gauchiste : 

Haine de la République et de la Nation, jugées comme des valeurs réactionnaires, voire fascistes, au nom de l’internationalisme. Perte de l’autorité des enseignants et des parents, culte de l’enfant roi. Abandon de la transmission des savoirs à l’école, grâce aux délires des pédagogistes, au nom de l’enfant au centre de ses apprentissages. Mépris du peuple, des classes populaires, jugées racistes et lepénisées, parce qu’elles réclament de la sécurité dans des quartiers abandonnés aux petits caïds et aux délinquants. Défense de tous les particularismes, religieux, linguistiques, ethniques, régionalistes, au nom du droit à la différence. Aveuglement face à la montée de l’islamisme, au nom d’un combat antiraciste dévoyé. Haine de tout symbole d’autorité de l’Etat, dictature du politiquement correct, etc.

 Ségolène Royal, et ce n’est pas son moindre mérite, a essayé de rompre avec ce discours, depuis qu’elle a été investie par les militants du Parti socialiste. Mais chacun voyait bien que les Strauss-Kahn, Lang et Cohn-Bendit, omniprésents autour d’elle, n’étaient pas sur ces positions. Chacun entendait bien que les écologistes et l’extrême gauche trotskiste sont encore porteurs de cette idéologie.

 Il était donc inévitable que Sarkozy sache capter, par la clarté de son discours, et son refus de la dictature du politiquement correct, le rejet des classes populaires de cette culture souvent prétentieuse et méprisante à leur égard. La défense du squatt de Cachan par les gauchistes, c’était du pain béni pour Sarkozy. Les ambiguïtés de la gauche, autour des émeutes de décembre 2005 et des violences de la gare du Nord, c’était du pain béni pour Sarkozy. Les demandes de régularisation automatique de parents sans-papiers ayant un enfant scolarisé, c’était du pain béni pour Sarkozy.

 Ce dernier a su gagner le vote des classes populaires, en promettant du salaire, de l’ordre dans les quartiers, en affirmant son amour et sa fierté la France, en jurant qu’il n’y aurait pas de nouvelle constitution européenne, et refusant l’adhésion de la Turquie, en demandant du protectionnisme, etc.

 Mais il est également le chouchou du Medef, à qui il a promis de nombreux avantages fiscaux. C’est le candidat qui encourage Johnny Hallyday à s’exiler en Suisse pour ne pas payer l’impôt républicain. C’est celui qui veut exonérer les puissants de cotisations sociales, qu’il appelle des charges. Or, ce que les riches n’acquitteront pas en impôts, ce seront les plus modestes qui le paieront en taxes.

 Les attentes qu’il a suscitées, le volontarisme qu’il a démontré en promettant un taux de chômage à 5 % à la fin de son mandat, se heurteront obligatoirement à la réalité des faits. Sarkozy croisera probablement le fer rapidement avec les syndicats du secteur public. Un de nos lecteurs, Luc Douillard, expliquait dans un article (Respublica 532) qu’il ne faudra pas tomber, non plus, dans le piège des luttes minoritaires. La bataille des retraites, en 2003, a montré qu’aujourd’hui, le secteur public ne peut gagner sans l’appui de toute l’opinion, y compris les salariés du privé.

 Dans cet esprit, pour combattre efficacement Sarkozy, il faudra démontrer aux salariés, aux retraités, aux assurés sociaux, combien va leur coûter son discours libéral et démagogique. Ce sera prouver que toutes les exonérations qu’a promises le nouveau président de la République auront un coût, et préparer, avec les organisations syndicales, des mobilisations unitaires pour défendre le monde du travail, et les systèmes solidaires de retraite et de protection sociale.

 Mais surtout n’oublions pas que le peuple français est politisé, et disponible pour l’action. Il l’a montré lors du référendum sur le TCE, et lors des manifestations contre le CPE. Il l’a confirmé par sa participation massive aux présidentielles. Surtout ne soyons pas pessimiste, au soir de cette défaite, et n’écoutons pas les gauchistes qui y verront une lepénisation de la France.

 La République est de retour, plus aucun candidat ne peut l’occulter. Il n’est plus ringard de chanter « La Marseillaise ». La culture gauchiste est sur le recul, et il faut s’en réjouir pour toute la gauche. Sarkozy a certes gagné, et nettement, surtout grâce au discours de Guaino. Les interventions du nouveau président, hier soir, portaient la trace de sa plume talentueuse. Mais les classes populaires, si elles réclament que les lois de la République s’appliquent partout, n’ont pas voté pour lui pour qu’il favorise les riches, ferme les services publics, et se couche devant la logique libérale de Bruxelles.

 En ce sens, la victoire du leader de l’UMP est explosive par les contradictions qu’elle comporte, face à un mouvement social qui n’est pas défait, et qui saura lui demander des comptes.

 Le Parti socialiste, au vu de l’ampleur de la défaite de Ségolène Royal, va avoir des lendemains difficiles. Ségolène Royal était certes au deuxième tour, contrairement à Jospin en 2002, mais elle fait moins que le candidat socialiste en 1995.

 Son discours, prononcé quelques minutes après 20 heures, était surréaliste. « Que la défaite est belle », semblait-elle dire. Le but de la rapidité de cette intervention était évident : montrer que la candidate avait gagné sa légitimité pour mener les législatives. Strauss-Kahn a immédiatement réagi, et sans attaquer directement Royal, a critiqué très vivement la direction du PS, jugée trop en retard par rapport aux autres PS européens, et responsable de la troisième défaite consécutive aux présidentielles. Fabius s’est voulu plus pudique, mais a laissé entendre qu’il allait falloir tirer les bilans de cette élection. Il est évident que la main tendue à Bayrou, et l’axe UDF-PS-Verts va faire parler, avant les législatives, dans le Parti socialiste, et dans toute la gauche.

 Quant à la gauche antilibérale, elle n’a fait que payer, au lendemain du 29 mai 2005, son incapacité d’offrir des perspectives crédibles, et le repli sur la boutique de chacun. Elle a également contribué, par sa faillite, à l’ampleur de la victoire de Nicolas Sarkozy, qui marque une nouvelle étape dans les équilibres politiques français.

 Une gauche nouvelle doit naître, en brisant les carcans dogmatiques de la vieille gauche plurielle, dernière évanescence de la parenthèse soixante-huitarde, y compris en remettant en cause sans concession les fausses idoles qui ont dévalorisé les travailleurs, la culture ouvrière, l'héritage de Blum et de Jaurès.

 Une gauche qui ne doit être ni bobo, ni gaucho, mais tout simplement celle dans laquelle se reconnaissent les syndicalistes et les petites gens modestes à la vie simple, honnête et honorable.

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8 mai 2007 2 08 /05 /mai /2007 14:49

 

« Il faut que la gauche récupère la République »

 Depuis son virage libéral en 1983, accompagnant celui de Mitterrand et du gouvernement Mauroy, le PS n’a pas osé se remettre profondément en question. La droite va l’y obliger.

 Sur son blog www.chevenement.fr, hier, Jean-Pierre Chevènement apportait sa contribution à la réflexion politique après l’échec du 6 mai.

 « Le MRC aura donné le meilleur de lui-même pour assurer la présence de Ségolène Royal au second tour de l'élection présidentielle (…). La partie la moins à gauche du PS a, de toute évidence, fait une bonne part du score du candidat centriste le 22 avril. Faut-il évoquer Spartacus, les Gracques et autres Brutus qui s'en sont donné à cœur joie, dès avant le premier tour ?

Les mêmes se prévalent aujourd'hui du chiffre du premier tour pour préconiser la stratégie du « big bang » qui a toujours échoué : en effet,
avant de prodiguer quelque alliance que ce soit, il faut d'abord savoir où on habite, qui on est et ce qu'on veut faire.  

La gauche ne peut exister sans une lecture du monde. Le socialisme s'est toujours défini comme une critique du capitalisme. Cela ne suffit certes pas. Il faut aussi une perspective républicaine, c'est-à-dire une éthique, des principes, une exigence. Ensuite, on peut être « ouvert ». Avec ses 17 millions de voix, Ségolène Royal a ouvert un chemin pour la résistance d'abord et la reconquête ensuite ».
 

 Aujourd’hui, dans un entretien avec Renaud Dély, du journal Libération, il précise sa pensée.

 « La gauche doit savoir où elle habite »

 Libération : Cette défaite, c'est la faute de la candidate, de la stratégie, du projet ?
Jean-Pierre Chevènement : Très clairement, ce n'est pas de la faute de la candidate, qui a donné le meilleur d'elle-même. C'est le résultat de l'état relatif de la gauche et de la droite. Nicolas Sarkozy a su, depuis des années, détourner un certain nombre de valeurs républicaines : le travail ­ c'est un comble ! ­ l'effort, le mérite, la nation même, valeurs que la gauche n'aurait jamais dû laisser choir. Notre candidate a cherché à les récupérer. Elle a insisté sur l'indissociabilité des droits et des devoirs, le «gagnant-gagnant», le refus de l'assistanat. Mais elle ne pouvait, à elle seule, pallier en peu de mois l'insuffisance d'une réflexion et d'une action collectives.

Une panne qui remonte au désastre du 21 avril 2002 ?
Bien avant. Depuis la fin des années 80, le PS n'a pris aucune distance avec son tournant social-libéral. Il ne l'a ni critiqué, ni assumé. Il n'a pas fait sa conversion républicaine, il a fait, sans le dire, sa conversion libérale. Les socialistes auraient pu prendre le temps de trier le bon grain de l'ivraie. Mais, sous François Mitterrand, c'était le règne des «Commandements de Dieu». Puis vint l'époque d'un «droit d'inventaire» qui, de fait, n'a jamais été exercé. Enfin, depuis le 21 avril 2002, la gauche s'est tétanisée. Il n'y a pas eu de critique réfléchie des années 1997- 2002. Cette période est devenue taboue. Ségolène Royal a été amenée à faire des avancées qui étaient plutôt des échappés belles mais solitaires, sur des questions comme la République, la nation, dont on ne parlait plus beaucoup à gauche depuis longtemps, la sécurité ou l'Education. 

Avec «l'ordre juste», ou l'autorité, certains reprochent à Royal de s'être placée sur le terrain de l'adversaire...
C'est une erreur fondamentale. Historiquement, ce sont des valeurs républicaines. Mai 68 a été un moment de l'Histoire mais il serait absurde de lui opposer Jules Ferry. Moi-même, j'ai souhaité que l'école de la République relève les défis de la modernité dès que je suis devenu ministre de l'Education en 1984. L'habileté de Sarkozy a été d'enfermer la gauche dans cette caricature de laxisme et d'esprit soixante-huitard. La gauche n'avait pourtant aucune raison de se laisser ainsi «encager». Sarkozy a exploité abusivement les incidents de la gare du Nord en rejetant Ségolène Royal du côté des délinquants. Sarkozy a amalgamé dans une sorte d'enclos les immigrés, les «assistés» et les délinquants, en dressant contre eux la masse des «honnêtes gens», comme on disait au XIXe siècle. C'est la technique classique du bonapartisme : «Que les méchants tremblent et que les bons se rassurent !»

Alors, sur quelles bases refonder la gauche ?
Il faut que la gauche récupère la République, dont les valeurs sont aussi le travail, la liberté, la laïcité, le refus des communautarismes, le patriotisme, etc. Elle doit se réapproprier le regard républicain, qui s'oppose au regard ethnique et voit dans l'autre ses qualités avant de voir s'il a le cheveu crépu ou la tignasse blonde. Il est nécessaire de trouver ces «points justes» qui permettront à la gauche de reconquérir une hégémonie culturelle.

Redoutez-vous que les dirigeants du PS veuillent «rénover» la gauche en s'inspirant de Tony Blair ?
Sur beaucoup de choses, Tony Blair n'a pas eu tout faux, par exemple sur les services publics. Et je l'ai moi aussi souvent cité : «Dur avec le crime, dur avec les causes du crime.» Mais on ne peut pas importer en France le modèle britannique. Depuis deux siècles, le modèle français, c'est le modèle républicain. La gauche doit se doter d'un projet ouvert à ceux qui se disent sociaux-démocrates, communistes, radicaux, démocrates, chrétiens progressistes et, bien sûr, aux républicains de tradition socialiste, qui sont beaucoup plus nombreux que les adhérents du MRC.

Vous souhaitez un nouvel Epinay ?
A terme, oui. Le cycle inauguré en 1971 s'est achevé. Il n'y a plus de bipolarité du monde. L'influence du PCF est résiduelle. Cela ne veut pas dire qu'il faille plier devant la globalisation, la dictature de l'actionnariat, le capitalisme financier sans frontières. Il faut comprendre le monde pour le transformer. La gauche française manquerait à sa vocation si elle n'était que gestionnaire. Il faut trouver le centre de gravité d'un grand parti de gauche, rassembleur, qui renoue avec un débat d'idées qui nous a beaucoup manqué depuis une vingtaine d'années.

Ce parti pourrait-il se tourner vers le centre ?
Il ne doit exclure aucune stratégie d'alliances, mais les alliances ne viennent qu'après. Avant de pratiquer l'ouverture, il faut savoir où l'on habite, sinon l'on n'est qu'un camp volant. Je suis contre une gauche sans domicile fixe. Bâtir un nouveau parti réformiste ? Pourquoi pas. Mais avec une grille de lecture du monde et la volonté de le changer.

Quel rôle doit jouer Royal ?
Elle a un rôle évident. On ne rassemble pas impunément 17 millions d'électeurs. Mais je crois à la force de l'élaboration collective.

Vous souhaitez des états généraux de la gauche ?
Pourquoi pas ? Mais il faut que ce genre de rendez-vous soit bien préparé. Quelle perspective pour la France dans la mondialisation ? Telle est la question à laquelle la gauche doit répondre. Il y a dans la société française un bouillonnement qu'il faut savoir capter. Nous avons su le faire, sur un projet, lors du congrès d'Epinay. Il faut le refaire. Pour ma part, j'y consacrerai mes efforts.

L'entretien sur le site de Libération et sur www.chevenement.fr

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7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 18:33

 

Le vote Royal est majoritaire dans les catégories populaires

 Un message de Loïc Bureau (MRC 44) m’informe de la parution du dernier article sur son blog

 http://mrc44.over-blog.com . Il reprend une information  de http://contreinfo.info portant sur les enseignements des sondages que l’on dit « sortis des urnes ». Voici le texte paru sur le blog du MRC 44.

 Une France à droite ?

 La ventilation du vote par statut professionnel montre que la gauche, si elle est loin d’avoir retrouvé l’entière confiance des classes populaires, y reste majoritaire, même si c’est d’une courte tête.

 Le vote Sarkozy / Royal par catégorie socioprofessionnelle

    Agriculteurs 67% / 33%
  Artisans Commerçants 82% /18%
  Professions libérales, Cadres Sup. 52% / 48%
  Professions intermédiaires 49% / 51%
  Employés 49% / 51%
  Ouvriers 46% / 54%

Si la droite est, sans surprise, majoritaire chez les artisans et commerçants, libéraux et cadres supérieurs, elle n’a pas réussi à convaincre les couches populaires.

 Par contre, en observant la ventilation par statut d’emploi, on constate un déficit significatif chez les salariés du privé.

Le vote Sarkozy / Royal par statut
  Salarié du privé 53% / 47%
  Salarié du public 43% /57%
  Travailleurs indépendants 77% / 23%
  Chômeurs 42% /58%
  Retraités 65% / 35%

 Si l’on observe, comme on pouvait s’y attendre, que les travailleurs indépendants ont été largement séduits par les promesses d’allègement d’impôts de Sarkozy, la sous représentation du vote Royal chez les retraités confirme la réalité pointée dans un précédent article [1] qui avait alerté sur les chiffres impressionnants que recueillait le vote Sarkozy chez les seniors.

 La démographie vieillissante de la France transforme la réalité sociologique du pays, et la gauche visiblement n’a pas pris la mesure de ce phénomène. A titre d’exemple, lors du face-à-face Royal Sarkozy, aucune mesure spécifique en faveur des retraités n’a été évoquée par la candidate de gauche en direction des 1O millions d’électeurs âgés de 65 ans et plus qui représentent potentiellement près du quart de l’électorat.

 La ventilation des votes par tranche d’âge confirme cette tendance :

 Le vote Sarkozy / Royal par tranche d’âge
  18 à 24 ans 42% / 58%
  25 à 34 ans 57% / 43%
  35 à 44 ans 50% / 50%
  45 à 59 ans 45% / 55%
  60 à 69 ans 61% / 39%
  70 et plus 68% / 32%

 Mais elle fait aussi apparaître un « trou » significatif chez les jeunes actifs, qui pose une vraie question. Les appels à mettre la France au travail ont visiblement rencontré un fort écho dans une tranche d’âge qui... ne travaille plus (les retraités) ainsi que dans la France que chez les 25-35 ans qui peine statistiquement  à trouver du travail.

 Cette note parue dans « Contre info » évoque les raisons de la défaite de Ségolène Royal. Elle tend à montrer la différence d’adhésion de l’électorat à la candidature entre la gauche et la droite. Voici sa conclusion.

 « Les bons résultats du vote Royal dans la jeunesse, chez les étudiants, chez les actifs de 35 à 59 ans, chez les ouvriers, les employés, les professions intermédiaires, montrent qu’un socle fort a résisté aux sirènes sarkoziennes. Mais ce constat de la bonne résistance de la gauche ne peut faire l’économie de cette autre réalité. C’est bien la candidature, ce tryptique programme, candidat, campagne, qui n’a pas fonctionné, n’a pas convaincu, n’a pas su emporter l’adhésion. Ce n’est pas la gauche qui a été sévèrement battue. C’est sa candidature ».

 Pour en savoir plus, voir le sondage Ipsos sur http://www.ipsos.fr ‘ dont voici le début du commentaire.

  Avec un rapport de force particulièrement défavorable à la gauche au soir du premier tour, un score "gauche plurielle + extrême gauche" historiquement bas à 35%, la tâche relevait de la quadrature du cercle pour Ségolène Royal. Pour prétendre à un résultat plus serré, Ségolène Royal devait réunir quatre conditions. Obtenir 90% des reports de voix de la gauche non socialiste, au moins dix points d’avance dans le report des voix des électeurs de Bayrou du premier tour, bénéficier d’une forte abstention chez les électeurs frontistes et d'une mobilisation des abstentionnistes du premier tour en sa faveur. Sur tous ces points, le compte n’y est pas : 72% des électeurs de la gauche de la gauche ont voté Royal mais 20% se sont abstenus ou ont voté blanc, elle partage avec Nicolas Sarkozy les voix bayrouistes (38% contre 40%, 22% de non exprimés), et les électeurs frontistes ont largement choisi le candidat de droite (63%), ne respectant pas les consignes d’abstention de Jean-Marie Le Pen (25% de non exprimés).

Au-delà d'une défaite de la gauche, on a surtout assisté hier à la victoire de Nicolas Sarkozy. Alors que la logique "on premier tour on choisit, au second tour on élimine" dominait les motivations du choix aux précédents scrutins, le vote d'adhésion l'a cette fois emporté : 77% des électeurs de Nicolas Sarkozy "avaient envie qu'il soit président", soit 22 points de plus que le taux enregistré chez les électeurs de Ségolène Royal, chez qui l'argument de "barrer la route à Nicolas Sarkozy" était très présent (42%). A titre de comparaison, seulement 51% des électeurs de Jacques Chirac en 1995 "souhaitaient qu'il soit président", contre 43% qui voulaient en priorité "barrer la route à Lionel Jospin" (*).

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7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 17:03

 

Continuer le renouvellement profond de la vie politique 

 Le quotidien Le Monde (www.lemonde.fr) relate ce jour le premier discours de la candidate de la gauche après l’information donnée par la télévision à 20 heures dimanche.

 « A 20 h 05, à peine le résultat du vote est-il annoncé sur les chaînes de télévision, qu'elle s'avance pour faire sa déclaration à la Maison de l'Amérique latine, à Paris. "J'ai donné toutes mes forces et je continue avec vous et près de vous", lance Mme Royal à ses partisans. "Je continue le combat", précise-t-elle avant de se diriger vers le siège du Parti socialiste, tout proche ».

 Voici le texte de cette intervention de Ségolène Royal.

 "Le suffrage universel a parlé. Je souhaite au prochain président de la République d'accomplir sa mission au service de tous les Français".

 "Je remercie du fond du coeur les près de 17 millions d'électeurs, de citoyens, de citoyennes, qui m'ont accordé leur confiance. Je mesure leur déception et leur peine. Mais je leur dis que quelque chose s'est levé qui ne s'arrêtera pas. J'ai donné toutes mes forces et je continue avec vous et près de vous".

 "Je remercie tous les militants qui ont porté ce grand moment démocratique. Bien sûr les militants socialistes mais aussi tous les autres militants de la gauche et de l'écologie, ceux de Désirs d'avenir, et au-delà toutes celles et ceux qui se sont unis dans le mouvement".
"Gardons intactes l'énergie et la joie de l'immense rassemblement populaire vibrant de ferveur qui m'ont accompagnée tout au long de cette campagne, ici et dans les outre-mer".

 "J'ai engagé un renouvellement profond de la vie politique, de ses méthodes et de la gauche. La forte participation traduit un renouveau de notre démocratie, et notamment pour les jeunes, partout dans le pays et en particulier dans les quartiers, qui se sont massivement inscrits pour voter. Bravo à tous ces jeunes pour cet engagement civique qui rappelle à la République le devoir de respect et d'égalité qu'elle a envers eux".

 "Ce que nous avons commencé ensemble nous allons le continuer ensemble. Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières actuelles. C'est la condition de nos victoires futures".

"Je serai au rendez vous de ce travail indispensable et j'assumerai la responsabilité qui m'incombe désormais. Mon engagement et ma vigilance seront sans faille au service de l'idéal qui nous a rassemblé et nous rassemble et qui va, j'en suis sûre, nous rassembler demain pour d'autres victoires".

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7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 16:22

 

La gauche a besoin d’une refondation républicaine

 Le résultat du second tour de l’élection présidentielle n’est pas à la hauteur de nos espérances, malgré la belle campagne réalisée par Ségolène Royal et sa capacité à rassembler et mobiliser l’électorat populaire, notamment les jeunes.

 La droite avait pris de l’avance dans sa rénovation, du moins au niveau du discours et de l’organisation de sa propagande, parfaitement au point.

 La gauche a besoin d’être refondée afin de retrouver la confiance du monde du travail qui souffre des effets de la mondialisation libérale. Elle y est d’autant plus obligée que le nouveau président de la république va mettre en œuvre au cours des prochains mois des mesures à caractère néo-libéral qui vont aggraver les conditions de vie d’un très grand nombre de Français.

 Le PS a commencé, dès hier soir, à montrer des divergences stratégiques et tactiques sur l’orientation à donner à la refondation de la gauche.

 Nous pensons qu’un gros travail de fond est à réaliser au niveau de l’ensemble de la gauche, afin de créer les conditions d’une véritable alternative aux politiques néo-libérales menées dans toute l’Europe.  

 

Dans l’immédiat, nous appelons les électrices et électeurs mayennais qui ont voté Royal dimanche à rester mobilisés et rassemblés pour permettre à la gauche d’obtenir le meilleur résultat possible aux élections législatives les 10 et 17 juin.

Le 7 mai 2007 - Michel Sorin, secrétaire du MRC 53

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5 mai 2007 6 05 /05 /mai /2007 15:28

 

Le candidat de la droite a mené un combat idéologique

 Les sondages réalisés après le débat du 2 mai tendent à conforter l’avance de Nicolas Sarkozy. Celui-ci voit les intentions de vote en sa faveur dépasser les 53%. Il le doit essentiellement à l’électorat Bayrou du premier tour, qui n’a pas été séduit par l’attitude combative de Ségolène Royal et les arguments qu’elle a déployés lors de cette émission.

 Hier, j’ai lu dans Le Figaro (www.lefigaro.fr ) une réflexion pertinente signée Eric Dupin sous le titre « Sarkozy contre Royal, c'est aussi le duel entre la propagande et la communication ». Voici cette analyse d’Eric Dupin, journaliste et enseignant à Sciences politiques.

 « Une autre campagne n'a pas débuté au soir du 22 avril. Contrairement aux espoirs des uns et aux craintes des autres, la bataille de l'entre deux-tours ne s'est pas transformée en référendum pour ou contre Nicolas Sarkozy. Le débat du 2 mai lui a même permis d'apparaître plus rassurant que sa concurrente. La campagne s'est encore moins focalisée autour de la perspective d'une présidence de Ségolène Royal, qui n'a toujours pas su incarner une alternative claire. Les deux semaines qui séparent le premier du second tour ont plutôt vu la confirmation, de plusieurs tendances révélées tout au long de la campagne.

 Le premier enseignement est que le candidat de l'UMP est resté calé à droite. Le favori de la compétition élyséenne a certes annoncé une « ouverture » et un futur gouvernement de « rassemblement » incluant les centristes. Mais il a surtout continué à privilégier les électeurs situés sur son flanc droit. Sa priorité stratégique concerne toujours les soutiens de Jean-Marie Le Pen. D'où un discours réactionnaire, au sens étymologique du terme, s'attaquant vigoureusement à l'héritage de « Mai 1968 ». Son appel à la « majorité silencieuse » renvoie aussi la thématique conservatrice anti-élites employée avec profit par la droite américaine dès les années 1970.

 À nouveau, Sarkozy est parvenu à emmener Royal sur son terrain. Dans un lieu aussi chargé de symbolique que Charléty, la candidate socialiste a rétorqué en prenant la défense des acquis de Mai 1968. Sur le fond, son argumentation historique est au moins aussi solide que celle de son adversaire. Mais la gauche n'a aujourd'hui guère intérêt à ce genre d'affrontements. Si les préoccupations des Français, d'abord sociales, penchent à gauche, leurs valeurs, centrée sur l'ordre, inclinent à droite.

 La candidate socialiste est apparue toujours aussi hésitante dans sa démarche politique. Royal a souligné ses convergences avec le président de l'UDF tout en parlant le langage de la gauche traditionnelle devant ses supporters le 1er mai. Elle a publiquement envisagé de nommer Dominique Strauss-Kahn mais aussi François Bayrou à l'hôtel Matignon, démentie sur ce point par François Hollande. Ces signaux contradictoires auront un prix. D'après le baromètre Ipsos-SFR-Le Point, les reports des électeurs de la gauche non socialiste sur Royal ne sont guère de meilleure qualité que ceux du FN sur Sarkozy.

 Les deux principaux candidats éliminés au premier tour ont fini par caricaturer leurs positions initiales. Bayrou se pose plus que jamais en recours mais son succès relatif le place dans une position très inconfortable. Écartelé entre son tropisme antisarkozien et le soutien au candidat de l'UMP de l'immense majorité des élus de son parti, le président de l'UDF s'engage dans une aventure politique personnelle périlleuse. Contraint de dire pour qui il ne votera pas et de taire pour qui il votera, Bayrou pèsera moins sur le scrutin de dimanche que son score du 22 avril ne pouvait le lui laisser espérer.

 Jean-Marie Le Pen est encore plus nettement hors jeu. En se réfugiant dans l'abstention, sur fond de dépit, le leader du Front national tente de sauver une formation menacée de rudes secousses internes. Mais en ne contribuant ni au succès ni à la défaite de Sarkozy, le vieux chef du FN achève de prouver l'inutilité d'une formation qui a épuisé sa force protestataire.

 Ces éléments de continuité se retrouvent dans les intentions de vote. Celles du second tour n'ont pratiquement pas bougé par rapport à ce qu'elles étaient avant le premier tour. Sarkozy est toujours crédité d'une assez nette avance. Il se situe entre 52 et 53,5 % dans les dernières enquêtes des différents instituts. Ces indications sont très fiables : les sondages réalisés entre deux tours d'une élection présidentielle sont les plus performants. Le redressement des échantillons s'effectue sur la base d'un souvenir de vote très frais. La simplicité du choix binaire facilite encore les mesures. Seule la dynamique de toute fin de campagne peut réserver, à la marge, des surprises. On songe ici au débat Royal-Sarkozy qui pourrait permettre au favori de creuser son avantage.

 Au-delà de l'affrontement droite-gauche et du choc des personnalités, le duel entre Royal et Sarkozy aura opposé deux manières contrastées de faire de la politique. La candidate du PS a privilégié la communication tandis que celui de l'UMP a misé sur la propagande. Celle-ci est d'abord une bataille d'idées. « Je mène un combat idéologique », assume Sarkozy qui s'est employé à réarmer son camp. Le champion de la droite articule programme et valeurs sans craindre de recourir à de nombreux simplismes démagogiques. Il opte clairement pour la mobilisation des plus convaincus. Avec lui, c'est une droite offensive et préparée qui est montée au front.

La pratique de Royal se situe presque à l'opposé. Confiante en son intuition, convaincue d'être en phase avec les humeurs de la société, la candidate du PS a cherché à s'imposer par la communication. Elle préfère l'image à l'argumentation, le slogan au raisonnement, l'impression à la démonstration. Elle dialogue avec l'opinion telle qu'elle est, épouse ses contradictions et ses évolutions. Jouant la carte de l'incarnation, animée à l'occasion d'une « saine colère », Royal s'emploie à capitaliser les préoccupations populaires. Ce jeu de miroir avec l'idéologie dominante l'entraîne vers des orientations troublantes pour une gauche au reste peu assurée de ses convictions. L'élection de Sarkozy serait aussi une victoire de la vieille propagande sur cette moderne communication ».

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5 mai 2007 6 05 /05 /mai /2007 14:27

 

Un éditorialiste qui n’hésite pas à prendre parti

 Le quotidien Libération a été très présent dans la campagne électorale et n’a pas hésité à se positionner à gauche. C’est un choix stratégique de la nouvelle direction depuis l’arrivée de Laurent Joffrin. Celui-ci s’est exprimé à la veille du second tour de l’élection présidentielle. Voici le texte de son édito, aujourd’hui, qu’on peut lire sur www.liberation.fr

 « Une gauche renouvelée »

 « Précieuse nouvelle : la politique fait encore rêver. Cette campagne haletante en offre la preuve, tissée d'affrontements inattendus, de heurts pacifiques et de bonheurs passionnés. Fondée sur les valeurs, elle a porté au pinacle celui qui rend toutes ses chances à notre démocratie malade : le civisme.

 Participation exceptionnelle au premier tour, meetings enthousiastes dans tous les camps, discussions sans fin, débat télévisé au couteau devant vingt millions d'arbitres, échanges innombrables sur le Net comme autour de toutes les tables de France, des plus luxueuses aux plus modestes. Avant de désigner celui ou celle qui l'exercerait, la parole a pris le pouvoir.

 Deux rêves se sont ainsi combattus, qui font du choix de dimanche un grand rendez-vous de l'histoire nationale. 

Les uns imaginent un pays de compétition, plus prospère quitte à ce qu'il soit plus dur ; un pays qui sorte du marasme par l'entreprise, l'espoir du gain, l'ordre restauré et une certaine tradition rétablie.

 Soyons francs : ce rêve-là n'est pas le nôtre. Non qu'il soit illégitime ou peu respectable. Nous aussi sommes favorables au relèvement économique, à l'entreprise, à l'esprit de conquête et à la sécurité quand elle préserve la liberté. Et nous accueillons avec respect tous ceux qui sont en désaccord avec nous mais qui veulent connaître d'autres manières de penser. Nicolas Sarkozy s'obstine à dire qu'il s'agit d'une opposition vindicative à sa personne ou d'un repli sur une idéologie de marbre. Drôles d'idées.

 Il nous semble seulement que l'adaptation plate à la pensée dominante dans le monde global qui est le nôtre est un idéal insuffisant pour la France.

 Nous pensons que dans sa marche forcée vers la normalisation libérale, l'homme de l'UMP laissera trop de citoyens au bord de la route.

 Nous avons donc un autre rêve, que ce journal illustre et défend :

 - Celui d'une société ouverte et créative, modernisée mais tout autant ferme sur ses principes de solidarité et d'attention aux réprouvés.

 - Celui d'une France avec aussi peu de frontières que possible et toute l'ouverture qu'elle peut offrir, conformément à la promesse faite en 1789 et, nous le savons, à moitié tenue.

 - Celui d'une France qui comprenne que le progrès suppose le respect de la planète et qui agisse en ce sens, qui sache que son destin se construit dans les cités plus que dans les beaux quartiers, qu'il y a là des trésors d'invention et de tolérance et non un simple gibier à Kärcher.

 - Celui d'une France qui corrige ce qu'il y a d'excessif dans le monde des médias mais qui ne cherche pas à brider son expression, serait-elle confuse ou choquante.

 - Celui, surtout, d'une France juste qui garde la mémoire de ses grands combats sociaux et démocratiques, sur les barricades quand la liberté était en jeu comme dans les urnes d'une démocratie apaisée. Ils lui ont forgé une identité qui n'a pas besoin de ministère.

 - Celui, enfin, d'une gauche émancipée, renouvelée, qui prenne en compte les réalités du monde autant que le message des révoltés. Une gauche qui rassemble ceux qui croient qu'un autre monde est possible pour plus tard et ceux qui souhaitent, pour aujourd'hui, un monde meilleur, qu'ils soient d'une gauche radicale ou réformiste, cabrée dans ses refus ou bien ouverte au centre.

 Pourquoi Ségolène Royal ?

 Pas parce qu'elle est socialiste, mais parce qu'elle a su, avant tout, s'affranchir des pesanteurs de la vieille gauche pour ouvrir la brèche du renouveau.

 Pas parce qu'elle est une femme, mais parce qu'elle est une femme libre.

 On dit que ses chances sont minces. Peut-être. Mais l'élection n'est pas jouée avant que le peuple en ait décidé. Nous y croyons. Et, en cas d'échec, nous préférons être minoritaires en respectant notre idéal, plutôt que de l'affadir dans une neutralité sans âme.

 A gauche donc, plus que jamais, sans exclure quiconque. Au nom de notre passé, au nom de notre avenir ».

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