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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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5 mai 2007 6 05 /05 /mai /2007 10:26

 

La parité était strictement respectée sur le plateau

 J’emprunte à Désirs d’avenir 86 http://desirsdavenir86000.over-blog.net le compte rendu résumé du débat du 2 mai entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, mis en ligne le 3 mai. Merci à Arnaud pour son excellent blog. Il a fait un énorme travail pendant cette campagne. Voici ce texte.

 « Les échanges se sont révélés tendus et sans concession, les deux candidats haussant le ton à plusieurs reprises, notamment sur les questions de l'insécurité, de la délinquance, des 35 heures ou encore de l'aide aux enfants scolarisés handicapés.

Le débat, entamé à 21h00, a largement débordé des deux heures prévues pour s'achever à 23h39.
D'une manière générale, Ségolène Royal s'est montrée plutôt offensive, interrompant souvent son adversaire et le renvoyant froidement au bilan de son gouvernement depuis 2002. De son côté, Nicolas Sarkozy s'est employé à afficher calme et pondération, comme pour contredire l'image de grand nerveux que lui affublent ses détracteurs. Le candidat UMP s'est même payé le luxe d'accuser sa rivale de "perdre ses nerfs" lors d'une de leurs joutes verbales, mais Ségolène Royal a su aussi faire preuve de répartie et d'ironie.

 Conformément au tirage au sort effectué au CSA, Nicolas Sarkozy a pris la parole en premier et Ségolène Royal a conclu. Dans un studio de Boulogne-Billancourt, Arlette Chabot (France 2) et Patrick Poivre d'Arvor (TF1), assez discrets, animaient le face-à-face, censé initialement s'articuler autour de "quatre grands chapitres" mais parfois désordonné vu l'âpreté de certains propos.

Les deux prétendants à l'Elysée se faisaient face devant une table carrée, à deux mètres l'un de l'autre, dans un studio de 200 m² vide de tout public, dont le décor avait été comparé à "un ring de boxe" par le réalisateur de l'émission Jérôme Revon.

Le déroulement du débat

 Le débat télévisé a débuté par la présentation, par chacun des candidats, de leur vision de la fonction présidentielle et de leur objectif prioritaire après leur accession à l'Elysée.

Prenant la parole en premier, Nicolas Sarkozy a émis le souhait de "tirer les conséquences des tsunamis politiques" des cinq dernières années, à savoir le 21 avril 2002 et le non au référendum européen. "Je veux des résultats, je veux promettre aux Français des droits réels, non virtuels (...) La passion de ma vie porte un nom, c'est l'action."

Ségolène Royal s'est engagée pour sa part à "sortir la France de la situation dans laquelle elle se trouve", à "réduire la dette, la pauvreté", lutter pour la défense du pouvoir d'achat, notamment celui des retraités "qui a baissé", combattre "toutes les formes d'insécurité au quotidien".

Elle a critiqué le gouvernement sortant sur son bilan économique et sécuritaire. "Je veux être la présidente de la République qui va faire une France où l'agressivité et les violences reculent, qui va faire une France qui va gagner la bataille contre le chômage et contre la vie chère, qui va permettre que reculent les inégalités."

Polémique sur l'insécurité
"Je crois que toutes ces formes d'insécurité au quotidien, sociale, appellent de nouvelles règles du jeu, un nouveau système politique, des responsables politiques plus efficaces qu'ils ne l'ont été au cours des 5 dernières années et même au-delà sans doute", a ajouté Mme Royal.

 Cette allusion au bilan du gouvernement sortant, dans lequel Nicolas Sarkozy a été partie prenante, n'a pas manqué de faire réagir l'ancien ministre de l'Intérieur. Les deux adversaires se sont renvoyé la responsabilité de la hausse des violences, à coups de pourcentages. Ségolène Royal a aussi reproché à l'ancien ministre de l'Intérieur de ne pas avoir tenu certains engagements : "Le commissariat de Clichy que vous avez promis n'est toujours pas ouvert", a-t-elle notamment lancé.

"Est-ce je suis responsable d'une partie du bilan du gouvernement ? Oui, Mme Royal. Vous avez parlé des violences, je suis responsable, j'ai été le ministre de l'Intérieur pendant quatre ans", a concédé Nicolas Sarkozy. "J'ai trouvé une situation qui était catastrophique et qui était pour beaucoup dans la défaite de vos amis (...). Si, en 2002, les Français n'ont même pas qualifié le Premier ministre que vous souteniez pour le deuxième tour, il y avait bien une raison: c'est parce que la délinquance et la violence avaient explosé", a-t-il contre-attaqué.

35h et heures supplémentaires

Les 35 heures ont été "une catastrophe généralisée pour l'économie française" et en particulier pour l'hôpital, selon le candidat UMP. Tout en reconnaissant que la deuxième loi sur les 35h avait été "trop rigide", Mme Royal lui a rétorqué que malgré tout le mal qu'elle pensait de cette réforme, la droite n'avait pourtant pas supprimé les 35 heures.

La candidate PS a affirmé que si elle est élue, ce sont "les partenaires sociaux qui devront se mettre d'accord" par branches sur les 35h. Faute d'accord entre eux", il n'y aura pas de généralisation des 35h", a-t-elle assuré.

En outre, elle a réfuté comme "un nouveau cadeau aux entreprises sans contrepartie, qui va coûter 5 milliards d'euros", la proposition de Nicolas Sarkozy d'exonérer de charges les heures supplémentaires au-dessus de 35h. Elle a estimé que cela ne va pas aider l'emploi car les entreprises vont demander aux salariés de faire des heures supplémentaires plutôt que de recruter.

La dette de l'Etat

 Auparavant, Mme Royal avait promis de financer le désendettement de la France par la croissance économique en aidant davantage les PME. Elle s'est également engagée à consacrer au remboursement de la dette publique du pays "tout ce qui sera au-dessus de 2,5% de croissance (par an)".

 Le dossier sensible des retraites 

Sur cette "question centrale", Nicolas Sarkozy s'est engagé à garantir la pérennité des lois Fillon. Il a réaffirmé en outre sa volonté de "réformer les régimes spéciaux" au nom du principe d'"égalité" qui figure dans la devise de l'Etat. "Pourquoi certains cotisent-ils 37 ans et demi et d'autres 40 ans ?", a-t-il argumenté. Il a promis d'augmenter les petites retraites de 25% et de revoir la situation des pensions de réversion, promettant de faire passer leur taux de 54% à 60%.

Mme Royal a répliqué : "Vous voulez financer l'augmentation des petites retraites par la réforme des régimes spéciaux. Or, vous savez bien que la réforme des régimes spéciaux va prendre un certain temps. Moi je ne veux pas perdre de temps, je veux les augmenter tout de suite." Elle a proposé pour ce faire de "remettre à plat les lois Fillon" et de mettre en place "une taxe sur les revenus boursiers" pour financer le fonds de retraites.

Sarkozy demande plus de détails à Royal 

Les deux adversaires se sont affrontés alors sur les détails du financement. Nicolas Sarkozy a reproché à sa concurrente "de ne pas donner le montant de la taxe" qu'elle veut créer et de se contenter d'annoncer la "remise à plat de la loi Fillon". Ségolène Royal a répliqué que "remettre à plat la loi Fillon", ce n'était pas la démanteler. Contrairement au candidat UMP, elle se refuse à "uniformiser les durées de cotisation". "Je veux seulement mettre fin aux injustices les plus criantes, en matière de pénibilité du travail et sur les injustices faites aux femmes." Sur la future taxe boursière qui financera les retraites, elle préfère d'abord "évaluer les recettes qu'apportera la croissance".

Sarkozy qualifié d'"approximatif" sur le nucléaire 

La question du nucléaire a provoqué une autre montée de tension entre les deux candidats. Nicolas Sarkozy, qui sondait Ségolène Royal concernant sa position sur le nucléaire et sur l'EPR, s'est fait tancer par la candidate qui l'a invité à "réviser un peu son sujet" après avoir proféré selon elle "une série d'erreurs".  

 

Invité à dire combien le nucléaire constituait de la consommation d'électricité en France, Nicolas Sarkozy a répondu 50%, ce que Mme Royal a contesté, le ramenant à 17%. Mais c'est surtout au sujet de l'EPR que le candidat de l'UMP s'est fait reprendre. Alors qu'il qualifiait l'EPR de "centrale", elle l'a accusé de tout confondre puisqu'il s'agit d'un prototype. Et de quelle génération est l'EPR, a-t-elle demandé ? "De 4e génération", a-t-il répondu. "Non, de 3e génération", l'a-t-elle rectifié.

Vif échange sur le bouclier fiscal

 "Tout est possible, même le pire", a lancé Ségolène Royal, ironique, a Nicolas Sarkozy, à propos du bouclier fiscal en vigueur depuis le 1er janvier, selon lequel un contribuable ne peut payer plus de 60% de ses revenus en impôts. La candidate a pris l'exemple d'une "riche héritière" ayant touché un chèque de 7 millions d'euros en vertu de ce bouclier fiscal.

"Je vais regarder ce cas bien volontiers", lui a répondu Nicolas Sarkozy. "Ce n'est pas un cas, c'est la conséquence de ce que vous avez fait voter!", lui a lancé Ségolène Royal sur un ton vif. "Non, parce que moi je propose, c'est pire, je...", a repris Nicolas Sarkozy. "C'est pire ? Vous avez raison, tout est possible, même le pire!", a donc rétorqué la candidate socialiste, ironisant sur le slogan de campagne de son rival "Ensemble, tout devient possible".

Le candidat de l'UMP s'est engagé, s'il est élu, à abaisser le niveau de bouclier fiscal à 50%. "Mais c'est très injuste", a rétorqué Mme Royal, qui propose de supprimer ce bouclier fiscal.

La question de l'éducation

 Nicolas Sarkozy a réitéré son ambition de ramener "le respect", "l'autorité" et "le mérite" au sein de l'école. Il a énoncé son projet de permettre à "tous les jeunes" de "pouvoir rester en étude après les cours". "Cela réglera la question du pouvoir d'achat des enseignants", a souri le candidat UMP. Il a évoqué la réforme de la carte scolaire car "ce n'est pas normal qu'on soit le seul pays où l'on ne puisse pas choisir l'école de son enfant". Il a prôné enfin "une nouvelle pratique de l'évaluation", afin que les parents puissent juger le niveau de l'école de leur enfant. Un peu plus tard, revenant sur les questions de discipline, le candidat UMP a affirmé son voeu de lutter contre "l'absentéisme", souhaité "que les familles signent le règlement intérieur de l'école", et proposé "que les allocations familiales des parents défaillants soient mises sous tutelle".

De son côté, Ségolène Royal a prôné un "pacte éducatif", déploré "la suppression de plus de 100.000 emplois en 5 ans" -ce que son adversaire a contesté, annoncé la mise en place d'un "service public de la petite enfance avant l'âge de 3 ans", promis le retour des emplois jeunes dans l'Education nationale ("supprimés par le gouvernement sortant") et l'instauration d'un "soutien scolaire gratuit et individualisé dès la rentrée prochaine".

Accrochage cinglant sur l'enfance handicapée

 Alors que Nicolas Sarkozy, dans le cadre du débat sur l'éducation, avait évoqué la question de l'enfance handicapée, Ségolène Royal a fustigé un "summum d'immoralité politique". Elle s'est déclarée "scandalisée" par les propos de son rival sur l'accueil d'enfants handicapés dans les écoles, car selon elle, Nicolas Sarkozy a décrit "la larme à l'oeil" la situation des handicapés alors que c'est pourtant le gouvernement UMP qui "a supprimé", selon elle, les aides pour les handicapés.

Durant ce vif échange, le candidat UMP a reproché à sa rivale du PS d'avoir "perdu ses nerfs", ce qu'elle a nié, affirmant : "Je ne perds pas mes nerfs, je suis en colère, il y a des colères très saines (...) Je me révolte car j'ai gardé ma capacité de révolte intacte." "Je ne mets pas en cause votre sincérité, alors ne mettez pas en cause ma moralité", a lancé Nicolas Sarkozy à sa concurrente.

Sarkozy attaque Mme Royal sur la Chine

 Vers la fin du débat, le candidat UMP a reproché à sa rivale d'envisager le boycott des jeux Olympiques de Pékin, tout en ayant effectué une visite remarquée en Chine. "Si vous êtes favorable au boycott pour les sportifs, pourquoi vous-même n'avez-vous pas boycotté votre visite?" Il l'a aussi critiquée pour avoir "félicité la justice commerciale chinoise" à son retour de Pékin, en janvier. Celle-ci s'en est défendue, et a rappelé au passage que lors de son voyage en Chine, elle avait âprement plaidé en faveur des droits de l'Homme.

L'entrée de la Turquie en Europe

 Nicolas Sarkozy a de nouveau promis de "s'opposer à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne" s'il est élu. "Ceux qui souhaitent l'entrée de la Turquie dans l'Europe sont ceux qui ne souhaitent pas l'Europe politique puisque l'élargissement sans limite de l'Europe, c'est la mort de l'Europe politique", a-t-il plaidé. "Pour moi, ce n'est pas une question de démocratie, de musulmans ou d'islam, c'est parce que la Turquie est en Asie mineure, ce n'est pas l'Europe." Ségolène Royal a appelé son adversaire à "ne pas utiliser ce sujet de façon aussi brutale par rapport à un grand  peuple qui a une aspiration à rejoindre l'Europe". Toutefois, selon elle, "le moment n'est pas venu pour l'entrée de la Turquie dans l'Europe", a-t-elle nuancé, prônant une "pause".

Les conclusions de chacun

 "Le mot fatalité ne fait pas partie de mon vocabulaire", a conclu Nicolas Sarkozy. "Je veux agir, passionnément, agir pour mon pays. Je veux faire en France les changements que d'autres ont fait dans d'autres pays. Il n'y a aucune raison qu'on n'ait pas le plein emploi, qu'on ne maîtrise pas l'immigration. Je veux que les travailleurs soient respectés, considérés. Je ne crois pas à l'assistanat (...). Je crois au mérite, à l'effort, à la récompense, à la promotion sociale. (...) Ce que j'ai dit je le ferai. (...) C'est un don de soi, c'est une véritable ascèse."

"Je veux être au service de la France", a conclu pour sa part Ségolène Royal. "Je tiens à des valeurs fondamentales. Le travail sera payé à sa juste valeur. (...) Je veux construire une France paisible où l'on pourra réformer sans brutaliser, où jamais je ne dresserai les Français les uns contre les autres. (...) Je ferai tout pour sauver la sécurité sociale aujourd'hui menacée. Je veux une France créative, une France imaginative et je veux construire avec vous une France présidente" ».

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4 mai 2007 5 04 /05 /mai /2007 22:42

 

L’énergie nucléaire divise et trompe énormément 

 Dès hier matin, Ségolène Royal, sur France Inter, reconnaissait avoir fait une erreur (« un lapsus ») lors du débat télévisé, à propos de la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité française. Elle avait confondu deux pourcentages, l’un concernant la part de l’énergie nucléaire dans l’ensemble de l’énergie consommée en France (17%), l’autre dans l’électricité produite (78%).

 Voici le communiqué de Bruno Rebelle, conseiller de la candidate pour les questions énergétiques. Ancien directeur de Greenpeace - France, il est proche des thèses du réseau « Sortir du nucléaire ». Ce communiqué vise à critiquer les déclarations du candidat de la droite sur l’énergie nucléaire.

 Voici ce texte paru ce jour sur http://www.desirsdavenir.org/index.php?c=sinformer_actualites

 « Bruno Rebelle, conseiller de Ségolène Royal, s'inquiète des erreurs et des approximations du candidat de l'UMP sur le dossier très sensible et particulièrement stratégique qu'est le nucléaire.

Nicolas Sarkozy, qui avait été en charge du dossier en tant que ministre d'Etat, ministre des finances, du budget et de l'industrie, a été incapable de répondre à la question de Ségolène Royal et ignorait que l'EPR est un réacteur nucléaire de troisième génération.

Ségolène Royal a raison de rappeler que la part du nucléaire représente 17% de l'énergie totale (électricité, gaz, charbon, pétrole, hydraulique, énergies renouvelables) consommée en France. La part du nucléaire dans la production d'électricité est de 78%.

En revanche le chiffre annoncé par Nicolas Sarkozy de 50% ne correspond à rien !

Enfin, concernant la disponibilité des ressources d'uranium, les chiffres cités par Ségolène Royal sont ceux donnés par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique et l'Association mondiale de l'énergie nucléaire. Selon ces agences, les réserves d'uranium sont estimées à 30 ans de fonctionnement des réacteurs actuels dans le monde, pour un coût de production inférieur à 40$ par kg d'uranium, et qui augmentent jusqu'à 80 ans de fonctionnement si on accepte un coût de 130 $/kg.

Nicolas Sarkozy évoque des ressources « prévisibles » bien supérieures en oubliant de préciser que le prix d'exploitation de ce minerai serait alors incompatible avec la compétitivité de la production électronucléaire ».

 On peut lire sur ce même sujet les commentaires fort documentés de Michel Naud dans le journal en ligne des amis de ReSPUBLICA (n° 534  Lien permanent vers cet article ). L’auteur de cet article est opposé au réseau « Sortir du nucléaire ».

 « Part du Nucléaire dans la production d’électricité » 

Ségolène Royal affirme que la part du nucléaire est de 17 % dans la production de l’énergie électrique, et, sous la pression, Nicolas Sarkozy a répondu que c’était au contraire 50 %. Ils ont tous les deux faux, mais Royal plus faux que Sarkozy. Tous les deux ont confondu énergie consommée totale et production d’électricité.

 Reprenant les chiffres mis en avant par le réseau « sortir du nucléaire » Ségolène Royal a lancé le chiffre de 17 % ; ce chiffre, exact, représente la part du nucléaire dans l’énergie consommée dans le pays (y compris le fioul de chauffage, le carburant des voitures, etc. ), et ce chiffre est exact sous la réserve de préciser quelle convention internationale est retenue ; je reprends un extrait d’article du Monde en septembre 2005 de Pierre Bacher (Auteur de "Quelle énergie pour demain ?" (2000) , Co-auteur de « L’énergie de demain » (2005), Membre du conseil scientifique du collectif « Sauvons le climat ») : « C'est exact lorsqu'on considère que les consommations de 1 kWh de chaleur et de 1 kWh d'électricité sont strictement équivalentes, ce qui correspond à une des conventions adoptées internationalement pour comparer des énergies de natures différentes. Mais il n’y a pas une mais trois conventions "internationales", dont le choix dépend de l’usage que l’on veut en faire ; une seconde permet de comparer les énergies primaires - celles effectivement utilisées pour produire l'électricité ou le carburant automobile par exemple - ; elle est pertinente lorsqu’on s’intéresse aux émissions de CO2 ou aux quantités de pétrole consommées ; et une troisième permet de comparer les énergies dites « utiles », par exemple les énergies mécaniques sur les arbres moteurs de machines thermiques et électriques ; elle est pertinente lorsqu’on s’intéresse avant tout aux efficacités énergétiques. »

Si on retient la première des conventions internationales la production d’électricité nucléaire française représente 17 % de l’énergie consommée ; si on retient les deux autres conventions internationales (dépendant de ce qu’on veut regarder sur le plan technique), on tombe sur les chiffres avancés par Nicolas Sarkozy (électricité nucléaire française représentant de 40 à 50 % de l’énergie en France – et 20 % à l’échelle mondiale -).

 Par contre la question posée par Ségolène Royal était « la part du nucléaire dans la production de l’électricité », et là la réponse est nette et sans appel : elle représentait plus de 85 % en 2005 (regardez vos factures d’EDF, c’est écrit dessus) ; reportez vous aussi sur le site d’EDF :

 « Près de 88 % de la production d'électricité d'EDF en France est d'origine nucléaire. Réparti sur l'ensemble du territoire national, le parc nucléaire d'EDF compte : 34 réacteurs de 900 mégawatts ; 20 réacteurs de 1300 mégawatts ; 4 réacteurs de 1450 mégawatts. »

 L’EPR

 Nicolas Sarkozy s’est mélangé les pédales entre les numéros des générations III et IV. C’est le seul point sur lequel Ségolène Royal a eu raison dans la discussion sur l’EPR : la génération IV (qui est un changement de technologie) ne peut pas être opérationnelle avant 2040-2050 ( la fusion avec ITER étant de ce point de vue une éventuelle phase V - cette terminologie n'a jamais été utilisée, c'est à fin pédagogique -) ; la question d’actualité avec EPR (qui n’est pas, contrairement à ce que dit Royal, un prototype : la phase prototype est déjà passée, l’EPR en construction est un « démonstrateur », à savoir le jalon intermédiaire entre le prototype et la série, une pré-série en quelque sorte). L’EPR n’est pas un réacteur de nouvelle génération, au sens d’un bond technologique, il s’agit d’un réacteur de la génération actuelle incluant des améliorations sur un certain nombre de points (voir le dossier EDF : http://www.edf.fr/html/epr/index.html).

 Ce que Sarkozy a compris – et cela il l’a restitué avec justesse – c’est que l’EPR vise à faire la liaison entre les centrales actuelles dont les premières atteindront 40 ans en 2020 et l’industrialisation des réacteurs de génération IV (à compter de 2040-2050). Il s’agit ni plus ni moins de renouveler le parc actuel dans une technologie fondamentalement identique mais bénéficiant des progrès technologiques réalisés.

 Comme illustré avec la question des pourcentages de l’énergie, Ségolène Royal est scotchée sur l’argumentaire du réseau « sortir du nucléaire » et de « Greenpeace ». La stratégie de communication de ces réseaux est de jouer sur le nom de « prototype », en suggérant à la population qu’il ne serait pas nécessaire de se chamailler sur la construction de cette phase intermédiaire puisqu’il suffit d’attendre la phase IV sur laquelle tout le monde travaille (une collaboration internationale à cinq pays) et en masquant que cela condamnerait à l’arrêt progressif des réacteurs actuels et donc … à sortir du nucléaire sans en avoir assumé le débat.

 Donc sur cette question : Sarkozy a restitué l’essentiel de l’enjeu et a simplement confondu les numéros de génération (ce qui a généré évidemment un communiqué immédiat de « sortir du nucléaire » faisant part de son inquiétude devant la connaissance approximative du dossier) ; Royal a restitué l’argumentaire de « sortir du nucléaire »-Greenpeace.

 Je renvoie aux articles parus sur ce blog, traitant des questions énergétiques et, en particulier, de l’énergie nucléaire. Voir la catégorie « Environnement climatique et énergies », ainsi que « Rencontres CIVIQ » (rencontre du 26 octobre 2006).

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4 mai 2007 5 04 /05 /mai /2007 21:30

 

Sarkozy porte l’idéologie néo-conservatrice de Bush

 Alors que toute la presse évoque les sondages et l’écart qui s’accroît entre les deux candidats du second tour, Ségolène Royal continue son chemin et appelle à la mobilisation de son électorat. Dans l’entretien accordé au Parisien, paru ce 4 mai, elle apporte des précisions sur le débat télévisé.

 Quel est, chez vous, le sentiment dominant après le débat télévisé de jeudi soir ?

Ségolène Royal. J'ai défendu mes idées.
 
Vous n'avez aucun regret ?

On a toujours des regrets après un débat, parce qu'on n'a pas dit tout ce qu'on aurait voulu dire.
 
Mais, globalement, ce débat a été éclairant sur le choix qui s'offre dimanche aux Français entre deux projets de société, deux visions de la France.
 
Comment vous est apparu Nicolas Sarkozy ?

Sur la défensive. Et, parfois, j'ai eu l'impression qu'il était en difficulté. Je pense notamment à nos échanges sur la sécurité, l'environnement, le nucléaire, la scolarisation des enfants handicapés. Ce dernier sujet est, pour moi, révélateur d'un certain comportement politique dont les Français ne veulent plus.
 
Nicolas Sarkozy dit qu'il vous a trouvée agressive...

C'est son habitude de se sentir agressé dès qu'on n'est pas d'accord avec lui. Or, c'est simplement le débat politique qui doit être mené avec conviction et passion. Car je crois profondément à la politique.
 
Vous, vous n'estimez pas avoir été agressive ?

Non, j'ai rempli mon rôle. Avec la volonté qu'on comprenne qu'avec moi, les intérêts des Français seront bien défendus et que je ne me laisserai pas faire.
 
Votre stratégie était, à vos yeux, la bonne ?

Je voulais que ce débat montre clairement quel est l'enjeu de dimanche et notamment en quoi Nicolas Sarkozy est responsable du bilan du gouvernement actuel. Je voulais aussi montrer la démagogie de certaines de ses propositions. Ainsi, après avoir visité un foyer de femmes battues sans papiers, il leur a promis la régularisation. Comme je n'imagine pas que le propos ne valait que pour ce foyer-là - ou alors l'impartialité de l'Etat serait remise en cause - ,vous imaginez jusqu'où sa promesse peut conduire ! D'autant qu'il a promis aussi un autre jour la nationalité française à toutes les femmes martyrisées du monde. Ce qui doit représenter au moins 200 millions de personnes ! Soit Nicolas Sarkozy promet n'importe quoi, soit il n'est pas responsable. Combien de promesses, en réalité, pourrait-il tenir ? Sûrement pas ses promesses d'allègements fiscaux, qui dépassent de loin ce que Margaret Thatcher a fait en dix ans de pouvoir et qui conduirait à la ruine des services publics. Et puis son programme est rempli d'injustices. Je ne citerai que le bouclier fiscal, qui consiste à rembourser une partie de l'impôt des plus riches contribuables, comme cette riche héritière qui vient de récupérer plus de 7 millions d'euros.
 
Un échange a beaucoup frappé. Nicolas Sarkozy vous a reproché de perdre vos nerfs et vous lui avez répondu qu'il y a des indignations, même pour un chef d'Etat, sincères et saines...

C'était un temps fort, oui. Je porte des convictions. Je ne suis pas dans le calcul. Le sort réservé aux élèves handicapés à l'école ne peut laisser personne indifférent. J'avais imposé l'accueil des enfants trisomiques à l'école maternelle et, aujourd'hui, le gouvernement est revenu en arrière et on ne veut plus d'eux : est-ce que cette situation scandaleuse, cette souffrance des familles ne méritent pas du coeur et de l'indignation ?
 
Mercredi soir, l'échange sur le nucléaire a été plutôt confus...

J'apporte une précision : le pourcentage de 17 % que j'ai évoqué représente la part du nucléaire dans la totalité de l'énergie consommée, et non la part de l'électricité produite par le nucléaire. Quant aux 50 % que Nicolas Sarkozy a cités, cela ne correspond à rien. Sur le fond, il ne sait ni que l'EPR, c'est la troisième génération du nucléaire, ni que les gisements d'uranium risquent d'être épuisés d'ici quelques dizaines d'années. Même sur le nucléaire iranien, il n'a pas maîtrisé le sujet, car, aujourd'hui, ce n'est pas le nucléaire militaire qui est en cause : la prolifération s'organise à partir du nucléaire civil.
 
Sur les 35 heures, vous avez dit qu'il n'y aurait pas généralisation automatique...

Une des révélations du débat a été l'acceptation par Nicolas Sarkozy de ce que les 35 heures constituent désormais en France la durée légale du travail, sur laquelle il ne reviendrait pas. Soit les 35 heures sont nocives à l'économie, comme le disent le Medef et le candidat sortant, et il faut qu'il ait le courage politique de les supprimer. Soit c'est un acquis social et une mesure qui a créé de l'emploi, comme je le crois, et il faut les défendre, même s'il faut tirer des leçons pour mieux faire.
 
Vous, vous avez admis que la deuxième loi sur les 35 heures avait été, pour le moins, brutale...

J'ai dit que la deuxième loi avait été précipitée et qu'il n'y aurait pas demain de généralisation des 35 heures aux PME sans accord des partenaires sociaux, branche par branche.
 
Cela veut dire quoi ?

Cela veut dire que le débat sera ouvert et que, s'il n'y pas d'accord, on n'imposera pas d'en haut, par la loi, une extension des 35 heures.
 
Y a-t-il encore aujourd'hui un vrai clivage droite-gauche sur les 35 heures ?

Non, puisque Nicolas Sarkozy s'est aligné sur ma position !
 
Vous avez aussi indiqué qu'il n'y aurait pas de régularisation systématique des sans-papiers...

Je le confirme. Les régularisations auront lieu sur des critères. Mais dans des conditions honnêtes : nous ne dirons pas, nous, avant l'examen des dossiers, combien il y aura, à l'arrivée, de personnes régularisées en créant autant de drames humains. Avec moi, les règles seront claires.
 
Vous avez évoqué le cas de cette policière violée en Seine-Saint-Denis alors qu'elle regagnait son domicile après son service. Vous auriez souhaité qu'elle soit raccompagnée...

J'ai trouvé Nicolas Sarkozy désinvolte. D'autant que ce viol atroce avait été précédé, en mars, au même endroit, d'un autre viol. Et aucune disposition concrète de protection n'avait été prise entre-temps. Dans les quartiers ultrasensibles, je considère qu'il faut raccompagner la nuit les femmes policières - et peut-être même tous les policiers -, comme cela se fait déjà au Québec. On peut imaginer qu'une patrouille puisse faire un détour pour les redéposer chez elles.
 
Certains vous reprochent, à propos des enfants handicapés, d'avoir surjoué la colère...

La capacité d'indignation d'un responsable politique sur une telle question est une qualité et non pas un défaut. Je ne veux pas qu'on exploite la misère des gens pour faire de la commisération. Or, Nicolas Sarkozy donne de plus en plus dans ce registre. Il imite George W. Bush dans cette technique du compassionnel conservateur. On pleure sur les gens. On utilise les faits divers et, lorsqu'on est aux responsabilités, on n'agit pas pour le présent et on promet pour demain. Voyez les campagnes électorales de Bush, mais, quand il y a eu la catastrophe de La Nouvelle-Orléans, on ne l'a pas vu sur le terrain !
 
Il y aurait un parallèle entre Bush et Sarkozy ?

Il porte la même idéologie néo-conservatrice. Il n'hésite pas à envisager de démanteler les services publics, alors qu'on a tant besoin d'infirmières, d'enseignants. Moi, je suis pour redéployer, pour bouger, mais pas pour supprimer.
 
Qu'auriez-vous envie de dire à ceux qui hésitent encore ?

Depuis des mois, il y a eu une campagne orchestrée par la droite mettant en doute ma compétence, voire m'accusant de fragilité. Je pense que le débat a permis de rétablir la vérité aux yeux de tous les Français. Tous ceux qui me connaissent le savent : je suis une femme solide, au clair sur mes convictions, capable de défendre les intérêts de la France. Aux indécis, je dis donc : « Ayez confiance. La France sera bien présidée et ses intérêts défendus. »
 
Vous insistez sur le fait que vous souhaitez être la présidente d'une France apaisée. Vous suggérez qu'avec Nicolas Sarkozy, le pays connaîtrait des turbulences, voire des troubles ?

Je souhaite rassembler une majorité de Françaises et de Français sur mon pacte présidentiel et sur les valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité. Je ne fais pas, comme Nicolas Sarkozy, de procès d'intention. Je pense, en effet, que ses propositions - qui consistent à privilégier toujours une catégorie au détriment des autres, à chercher en permanence un bouc émissaire, à ne pas être respectueux des Françaises et des Français, bref à jeter de l'huile sur le feu comme on l'a vu avec l'emploi de mots violents comme Kärcher - divisent et ne peuvent pas ramener la sérénité et la confiance dont nous avons besoin. La fermeté, ce n'est pas des mots, mais des actes !
 
Votre première décision dimanche si vous êtes élue ?

Ma première décision sera de constituer la meilleure équipe gouvernementale pour la France. Et, après, d'agir vite.
 
Le Premier ministre sera-t-il, comme l'assure François Hollande, socialiste ?

C'est l'hypothèse la plus probable, mais je ne m'interdis rien.
 
Quel sera votre premier chantier ?

Celui des emplois tremplins pour les jeunes. Je réunirai tout de suite les présidents de région et je leur dirai de mettre en place tout de suite, en concertation avec l'Etat et les chefs d'entreprise, le premier volet du plan prévu pour cinq ans et qui doit conduire à la création de 500 000 emplois. Sans oublier les contrats première chance pour les jeunes sans qualification. Et puis nous réunirons très vite la conférence nationale sur les salaires pour décider rapidement de la revalorisation du smic, des petites retraites et aussi des bas salaires afin que la hiérarchie des salaires ne soit pas écrasée. Il faut redonner confiance aux acteurs économiques de notre pays et faire repartir la croissance. Je m'y engage. Et puis je préparerai la rentrée scolaire pour que, dès septembre, la priorité éducative soit une réalité.
 
Tous les sondages disent que Nicolas Sarkozy va gagner...

Ah, les sondages ! Pour moi, le seul qui vaille, c'est le vote des Français. A ceux qui n'ont pas encore choisi, je dis : « Avec moi, il n'y a aucun risque, vous avez tout à gagner. » La France, si je suis élue, sera une France rayonnante et confiante dans son avenir. Je m'appuierai sur la majorité la plus large possible, car il faut sortir de l'affrontement bloc contre bloc. Je travaillerai avec tous ceux qui m'ont soutenue ou dont les idées convergent largement avec mon projet. Je tiendrai compte du vote des Français. Et notamment de celui qui s'est exprimé au premier tour. On ne peut pas faire comme si François Bayrou n'avait pas réuni sur son nom plusieurs millions d'électeurs. Une démocratie moderne, c'est aussi cette capacité à sortir de l'affrontement systématique.
 
Si vous êtes élue, avec quel partenaire européen souhaitez-vous établir en premier le contact ?

Tout de suite, avec la chancelière allemande Angela Merkel. A cause de l'Europe qu'il faut relancer.

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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 17:52

 

La dévalorisation du travail liée à la mondialisation libérale

 

Il ne faut pas passer à côté de cet article paru hier sur le blog www.chevenement.fr de Jean-Pierre Chevènement, sous le titre « L'énorme subterfuge de M. Sarkozy »

 « Toute la bataille se joue sur la compétence supposée de M. Sarkozy.  

Celui-ci s'est accaparé abusivement la « valeur travail ». Mais cet accaparement n'aurait pas été possible s'il n'y avait dans le discours de M. Sarkozy une once de vérité : face au défi de la mondialisation, la France ne peut faire l'économie de l'effort. Ce que relevait déjà justement l'accord MRC-PS du 9 décembre 2006, en soulignant la nécessité d'élever les taux d'activités dans notre pays.

Mais il est facile de déconstruire le discours de Nicolas Sarkozy.

 Ségolène Royal n'est pas contre l'effort. Elle est pour un effort justement partagé : relèvement des salaires et taxation des profits. Au contraire, Sarkozy, en proposant d'exempter de charges sociales les heures supplémentaires, ne vise qu'à supprimer un salaire différé (retraite, assurance-maladie).

La dévalorisation du travail en France comme dans les pays avancés (l'Allemagne, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne) est la conséquence de la mondialisation libérale qui met en concurrence les territoires et les mains-d'œuvre. Mondialisation libérale dont Nicolas Sarkozy est le candidat, quoi qu'il dise et fasse pour le dissimuler. Voilà l'énorme subterfuge qui se niche au creux du discours de M. Sarkozy : il ne dit pas ce qu'il fait et trompe le peuple avec des amusettes ».

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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 17:03

 

Une gauche réaliste qui se bat pour une alternative

 Quelle influence aura ce débat sur le vote dimanche ? Bien malin qui pourrait le dire. Sarkozy a de l’avance, selon les sondages. Une remontée in extremis de Ségolène Royal est-elle possible ? En tout cas, la gauche est en train de reprendre vie et de susciter l’espoir en France et dans d’autres pays d’Europe, qui suivent attentivement nos débats.

 Certes, la candidate de la gauche n’est pas parvenue à définir clairement le projet alternatif à la politique néo-libérale portée par le candidat de la droite. Mais elle a montré sa volonté de ne rien lâcher sur les valeurs et les principes d’une politique républicaine. Cette attitude peut lui valoir l’adhésion de citoyens inquiets devant l’aggravation des inégalités sociales.

 Le choix de François Bayrou peut aussi avoir de l’importance. On sait qu’il ne votera pas Sarkozy. Ira-t-il plus loin, comme l’ont fait de jeunes centristes qui ont voté pour lui le 22 avril.

 Voici l’appel qu’ils lancent :

«  Sarkozy, un danger pour notre société »

 « Au 1er tour de l’élection présidentielle, nous avons voté François BAYROU, parce que nous sommes attachés à un ensemble de valeurs essentielles pour la France et notre société. Ces valeurs sont aujourd’hui menacées par un projet : celui du candidat de l’UMP. La France de Nicolas SARKOZY, c’est :

 - une France de la conflictualité entre le pouvoir et la jeunesse,

 - une France égoïste, du triomphe de l’argent contre les valeurs humaines, de partage et de fraternité,

 - une France de la concentration des pouvoirs médiatiques, financiers et politiques dans les mains d’un seul clan,

 - une France de l’inégalité par des politiques fiscales favorables aux seuls pouvoirs financiers,

 - une France qui oublie son système social de solidarité nationale hérité de la Libération,

 - une France qui encourage les communautés contre l’unité nécessaire de notre société,

 Nicolas SARKOZY porte un projet inquiétant pour la France, pour tous ceux qui sont attachés à une société apaisée. Nous voulons réaffirmer solennellement que l’Homme est libre de s’élever par son éducation. Il n’est pas déterminé, ni par ses gènes, ni par son pouvoir financier.

 Nous jeunes centristes, électeurs de François BAYROU, appelons tous les français à se mobiliser ! Ensemble refusons cette France là ! Dimanche 6 mai : Prenons nos responsabilités ! Faisons barrage au candidat de l’UMP ! »

 (Appel lancé par des jeunes centristes de : Paris 18ème, Paris 20ème, Université du Mirail Toulouse, Paul Valery Montpellier, Robert Schuman Strasbourg, Université Michel de Montaigne Bordeaux, Charles-de-Gaulle Lille, Mendès France Grenoble, …) 

 Autres signes de temps nouveaux : les éditorialistes de grands quotidiens (Le Monde, Libération) ont pris position ce jour, à l’issue du débat télévisé, en faveur de Ségolène Royal.

 Laurent Joffrin dans www.liberation.fr signe l’éditorial sous le titre « Légitime » : 

« Nicolas Sarkozy n'a pas perdu. Mais Ségolène Royal a gagné.

 Pourquoi un jugement aussi lapidaire ? Parce que dans ce débat fait de passion froide et de retenue agressive, la candidate socialiste l'a emporté sur un point essentiel : la légitimité.

 Nantie de 26 % des voix au premier tour ­presque autant que Mitterrand en 1981 ­et de sondages innombrables qui la placent juste derrière Nicolas Sarkozy ­ c'est-à-dire, tout de même, avec la moitié de la France pour soutien­, elle a démontré ce dont l'opinion a un moment douté : elle est parfaitement capable d'être présidente de la République. Au moins autant, en tout cas, que Sarkozy, qu'elle a malmené pendant plus de deux heures, lui dont on disait qu'il n'en ferait qu'une bouchée. Pugnace, précise, dure à la repartie en dépit de quelques maladresses et d'un sens abusif de l'exemple simple, elle a souvent bousculé le favori de la compétition.

 Sarkozy fut-il mauvais ? Certes non, au contraire. Mais avec toute sa volonté, sa préparation et l'avantage que donnent les 31 % réunis au premier tour, le leader impérial de la droite n'a pas dominé sa rivale. Que doit-elle encore prouver ? Du coup, le débat de fond a repris ses droits.

 Les deux protagonistes en ont donné une version limpide. Un libéralisme à la française pour l'un, un socialisme à l'européenne pour l'autre. Une adaptation de la France à la mondialisation d'un côté, enrobée dans un volontarisme trompeur, un refus de la normalisation de l'autre, enveloppé dans un réalisme de bon aloi.

 En principe, le choix devrait être simple pour un peuple qui n'aime pas courber la tête devant la force des marchés. Mais n'oublions pas qu'en politique les circonstances gouvernent.

 Nicolas Sarkozy n'a pas vraiment perdu. Il peut donc espérer conserver son avantage. C'était son seul souhait dans cette épreuve. A l'entrée de la dernière ligne droite, il garde la corde. Un seul problème pour lui : Ségolène Royal a commencé hier soir à refaire son retard ».

 Quant à Jean-Marie Colombani, il écrit dans www.lemonde.fr sous le titre « Deux France » l’éditorial daté du 4 mai, qu’il conclut ainsi :

 « Ségolène Royal a esquissé un "désir" de changement, tracé une perspective. Sa défaite, surtout si elle était lourde, plongerait inévitablement le PS dans les règlements de comptes, le retour en force de tous les archaïsmes et de toutes les utopies négatives. Sa victoire lui donnerait l'autorité pour engager ce travail de réinvention indispensable. C'est un pari. Pour le pays, il mérite d'être tenté ». 

Pour sa part, Jean-Pierre Chevènement a exprimé son point de vue ce soir (dépêche AFP à lire sur www.chevenement.fr )

 « Ségolène Royal a montré la pugnacité de sa personnalité »

Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a estimé jeudi que lors du débat avec Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal avait montré «la pugnacité et le volontarisme de sa personnalité».
«Face à un adversaire qui s'était préparé depuis des années à une telle confrontation, Ségolène Royal a montré la pugnacité et le volontarisme de sa personnalité», a assuré M. Chevènement dans une déclaration à l'AFP. Il a estimé que la candidate socialiste «a su trouver des accents vrais et faire partager son émotion sur des questions de société dans lesquelles elle est de toute évidence davantage impliquée».
«Le débat entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy a montré l'opposition entre deux visions du monde, l'une essentiellement humaniste, l'autre pratique, mais n'évitant pas une certaine confusion, par exemple sur les questions énergétiques ou sur le problème des retraites», a ajouté le fondateur du MRC.

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2 mai 2007 3 02 /05 /mai /2007 14:53

 

Une France qui donne du travail, une Europe qui protège

 Le choix de la date et du lieu ne devait rien au hasard. 40 000 personnes dans le stade, 20 000 dehors, avaient tenu à être là ce premier mai pour soutenir la candidate de la gauche et espérer ensemble, en famille et entre amis, que le beau visage de Ségolène Royal apparaîtra dimanche à 20 heures sur les écrans de télévision.

 J’ai choisi de présenter ici la partie de son intervention concernant le travail, c’est-à-dire la partie principale de son discours. J’y ai ajouté des titres de ma composition pour en faciliter la lecture.

 « Je ne veux pas d’une France qui se résignerait à disparaître »

 (…) « La France, ce sont des valeurs exigeantes et belles proclamées par la Révolution française et des valeurs universelles qui sont une parcelle de la lumière du monde. La France, c'est la liberté, c'est l'égalité et c'est la fraternité ! Et c'est cela qui nous rassemble et qui nous mobilise aujourd'hui ! Et c'est ce chemin que nous allons prendre ensemble.

 Le monde, nous savons ce qu'il en est : la mondialisation, les échanges, les influences croisées et fertilisantes mais aussi le tohu-bohu, l'inéquité, le malheur, les crimes de masse et les guerres. Je ne veux pas d'une France qui aurait la tentation de s'éloigner de la scène et qui aurait la tentation de laisser faire.

 Je ne veux pas d'une France qui laisserait le monde éclater en morceaux, en blocs de vie et de pensées hostiles les unes aux autres.

 Non je ne veux pas d'une France qui se résignerait à disparaître de l'histoire et je veux vous le dire, vous êtes ici les ambassadeurs d'une aspiration qui monte du pays tout entier.

 Vos lettres de créance sont celles d'un peuple qui veut se redresser, d'un peuple qui affirme que notre pays mérite d'autres formes de gouvernement et d'autres choix politiques !

 La France ne se laissera pas abuser par des choix qui même parés des plumes de la rupture ou des ravages de la nouveauté, sont marqués du sceau de l'échec et de l'amnésie des bilans. Certes, maquiller un bilan n'est pas tâche facile et pour cela, sans vergogne, certains réécrivent l'histoire, captent celle des autres, en font un gadget médiatique pour brouiller les pistes et créer de la confusion dans les esprits.

 « La fête de la solidarité et de la demande de dignité du monde ouvrier »

 Alors chers amis, vous tous qui êtes là, je vais vous dire : nous ne sommes pas rassemblés ce soir un 1er mai par hasard. Cette date du 1er mai a un sens historique. Elle a un sens pour tous les travailleurs et pour toutes les travailleuses du monde entier. Elle est la fête de la solidarité et de la demande de dignité du monde ouvrier. Les plus jeunes ici présents ne le savent peut-être pas. Alors je vais le leur rappeler.

 Il y a plus d'un siècle, aux Etats-Unis, à Chicago, des ouvriers en grève furent sauvagement réprimés ; certains furent tués par balles et d'autres plus tard jugés et pendus ; c'était le 1er mai 1886. Cinq ans plus tard, six jeunes gens furent tués par balles dans une ville minière du Nord de la France lors d'une manifestation cruellement réprimée à Fourmies. Ils avaient entre 16 et 20, c'était le 1er mai 1891.

 Depuis ce jour, ces jours… ces deux jours et à l'initiative de la deuxième Internationale socialiste, les travailleurs, les salariés du monde entier, toutes appartenances politiques ou confessionnelles confondues, quand le droit le leur permet, ne travaillent pas ; ils manifestent ou ils se reposent ; ils font la fête en famille comme ce soir ici à Charléty. Et ils se souviennent et ils n'oublient jamais l'histoire du 1er mai. Voilà l'une des raisons pour lesquelles nous sommes là ce soir sans esprit de revanche mais tout simplement parce que nous savons ce que nous devons pour nos libertés à ceux qui nous ont précédé et qui ont donné leur vie pour qu'aujourd'hui les travailleurs soient libres, puissent manifester et puissent revendiquer le respect qui leur est dû.

« Une France qui donne du travail à tous, qui défend la valeur travail »

 Car c'est évident, l'histoire n'est pas une bande dessinée où tout se vaudrait, où tous les mots seraient permis et où on peut dire n'importe quoi. Je ne ferai pas, moi, de discrimination entre ceux qui se lèvent tôt et les autres parce que je sais combien il y en a qui se lèvent plus tard parce qu'ils travaillent tard et même la nuit comme ces infirmières que j'ai vues récemment. Et puis il y en a qui font semblant de se lever comme ce père de famille que j'ai rencontré dans les débats participatifs, qui est au RMI mais pour que son fils n'ait pas honte, il fait semblant le matin de se lever et de prendre les transports en commun pour faire croire qu'il a un travail.

 Et moi je veux une France qui donne du travail à tous et à chacun. C'est cela la défense de la valeur travail ! Car l'histoire a des permanences qu'il faut rappeler et ces jeunes gens du Nord dont j'évoquais la mémoire tout à l'heure, se battaient pour la journée de huit heures et pour la semaine de quarante heures. Il a fallu 1919 pour que ces droits élémentaires soient reconnus. Déjà à l'époque, il y avait des gens à la vie facile sans doute, qui disaient que ces travailleurs miniers étaient des paresseux qui voulaient se lever tard. Les mêmes à la vie facile sans doute qui en 1936, affirmaient que les congés payés allaient ruiner la France.

 Alors ce galimatias conservateur sans fondements économiques, a été démenti par l'histoire et c'est pour cela qu'aujourd'hui je veux une France active, une France réconciliée avec elle-même et qui n'en rabatte jamais sur la conquête des droits sociaux car je ne veux plus que l'on oppose l'effort humain et le travail des salariés au goût du risque des entrepreneurs.

 « Le but ultime du profit, ce doit être le progrès humain »

 Nous réconcilierons la réussite des entreprises et le progrès humain. Il y a de la place pour ces deux mots dans nos têtes. Notre cerveau est ainsi fait qu'il y a au moins deux lobes et je dis simplement que le but ultime du profit, ce doit être le progrès humain, sinon le gain des uns se paie toujours par une forme de servitude des autres et cela ne fait pas grandir la France.

 Oui, je ferai un pacte avec les entreprises et nous allons réconcilier la France avec les entreprises qui innovent, qui créent de la richesse et des emplois, qui se battent tous les jours pour que la croissance soit au rendez-vous. Oui ! Je salue ici les risques pris par ces milliers de petites et moyennes entreprises et les dangers qui les guettent. Ce sont elles qui créent le plus grand nombre d'emplois avec l'artisanat. Je sais quels risques personnels prennent ceux qui les créent, qui les font vivre parfois au prix de leur santé et que ces chefs d'entreprise sachent que je veux qu'ils soient de plus en plus nombreux à entreprendre, que je serai à leurs côtés dans leur bataille contre la concurrence internationale, que je soutiendrai l'embauche et la formation professionnelle de leurs salariés pour qu'elles améliorent leur compétitivité tout en versant des salaires décents et qui rémunèrent justement le travail.

  L’efficacité économique passe par des compromis sociaux

 Et c'est pourquoi je veux construire ces compromis sociaux. Et c'est pourquoi je veux que la France soit à l'avant-garde de la lutte contre le chômage des jeunes, que plus aucun jeune reste sans emploi plus de six mois. Oui, je les créerai ces 500.000 emplois pour projeter les jeunes dans la vie professionnelle et pour les sortir de l'inactivité et de l'abandon. Je sais que le succès économique dans le monde moderne, exige l'agilité des entreprises. Eh bien nous mettrons en place une sécurité sociale professionnelle qui sécurisera les entreprises comme les salariés.

 Voilà l'efficacité économique de demain ! Voilà la France que nous allons construire car c'est l'invention de toutes les nouvelles sécurités et de la lutte contre toutes les formes de précarité qui rendront notre pays performant. Et la première des sécurités doit être celle du parcours de toute la vie professionnelle. Je ne vois plus voir ces femmes en pleurs devant les grilles de leurs entreprises fermées. Je ne veux plus voir le regard désespéré d'ouvriers licenciés sans protection comme l'autre jour ; c'est un sort indigne d'un grand pays développé et ceux qui philosophent sur la valeur travail, ont-ils vu ces citoyens-là ?!

 Moi je cesserai d'opposer les chômeurs aux salariés. Il est inacceptable d'accabler les personnes privées d'emploi. Nous avons l'ardente obligation de leur donner du travail. Il est scandaleux de les stigmatiser et d'en faire les mendiants opportunistes de la ressource publique.

 Bien sûr quelques effets d'aubaine peuvent se produire ici ou là mais ces quelques effets d'aubaine auxquels nous mettrons fin bien sûr par une Agence Nationale Pour l'Emploi réorganisée et performante qui portera remède, car nous, nous n'avons jamais défendu l'assistanat. Mais je tiens quand même à dire que ces quelques effets d'aubaine n'ont rien à voir avec la masse financière des fraudes fiscales des plus riches dans notre pays ! Et cela, comme par hasard, on n'en parle jamais !

 « La valeur travail, c’est d’abord payer le travail à sa valeur »

 Il faut redonner du sens à l'effort et à la dignité au travail, mais du vrai. La valeur travail n'est pas un artifice de discours. La valeur travail, c'est d'abord payer le travail à sa valeur. C'est augmenter les bas salaires qui restent obstinément immobiles et nous sommes le seul pays dans ce cas où des millions de salariés hommes et femmes, surtout les femmes d'ailleurs, commencent leur carrière professionnelle au SMIC et terminent quarante ans après toujours au SMIC et cela, je ne le veux plus.

 Et notre chantier prioritaire sera celui de la formation professionnelle car la valeur travail, c'est de donner à tout être humain la possibilité de progresser, la possibilité d'avoir une perspective de carrière, la possibilité de se dire que ce travail va être plus intéressant. Bref, c'est la récompense de l'effort dans la formation professionnelle et dans la motivation au travail et c'est cette justice-là que nous construirons ensemble.

 « Notre économie a besoin de confiance et de nouvelles règles du jeu »

 C'est par le dialogue social que nous débloquerons le pouvoir d'achat. Notre économie n'a pas besoin de brutalité ni de choc. Elle n'a pas besoin, notre économie – au contraire, c'est dangereux – elle n'a pas besoin de déclarer la guerre à la fonction publique ; elle a besoin de confiance. De confiance de tous les métiers et de tous ceux qui travaillent et qui cherchent un travail sur tous les territoires et la confiance n'obéit pas au coup de menton sur des champs de bataille imaginaires !

 La confiance, c'est simple, c'est le soutien immédiat au pouvoir d'achat. Et je récuse toute fatalité, toute loi non écrite au nom de laquelle la réussite d'une entreprise devrait se traduire par la précarité des salariés.

 J'affirme ici le contraire et d'ailleurs les plus brillants de la nouvelle génération d'économistes affirment cela. Les chefs d'entreprise que j'ai rencontrés, le savent et me le disent et attendent désespérément de nouvelles règles du jeu. Ces nouvelles règles du jeu, je leur donnerai. Nous les re-motiverons.

 La valeur travail ne peut pas non plus se satisfaire de ce système de stock-options sans limite, de bonus ou de retraites chapeaux que la droite a organisés et feint de découvrir dans les derniers jours de la campagne électorale. Qui peut vraiment justifier que 38 dirigeants d'entreprise tous amis du pouvoir, aient touché au total 107 millions d'euros de primes de départ en 2006 ?! Le pire, voyez-vous, c'est qu'à peine en place, ils savent déjà combien ils vont toucher quand ils vont partir même s'ils ont échoué. Et cela, c'est le contraire de la valeur travail !

 Oui, la croissance va repartir et notre économie sera débloquée car nous allons en finir avec le travail privé de finalité et d'espoir. Oui, la France présidente sera la France du plein emploi. C'est notre combat et nous le gagnerons ! Car nos ressources humaines sont immenses et l'éducation sera mon grand chantier ; l'éducation et la formation au cœur de tout et en avant de tout. C'est cela la garantie que je vous donne.

 Nous redonnerons à l'université et à la recherche le rôle de bataillon d'élite de la France dans la mondialisation et je remercie le soutien du mouvement SAUVONS LA RECHERCHE parce qu'ils ont compris que c'était la France de demain. J'ai confiance car j'ai une grande ambition pour la France.

 « Nous pouvons réorienter l’avenir du monde et relever le défi de la mondialisation »

 La mondialisation qui est là nous lance un défi. Ce défi peut être relevé et nous avons les moyens de l'emporter. Actifs au sein de l'Europe, nous pouvons réorienter l'avenir du monde et sur le plan du commerce notamment. Mais il n'est pas acceptable que notre économie soit mise en péril par le jeu de la surexploitation des ouvriers dans les autres parties du monde.

 C'est pourquoi en ce jour de 1er mai, je soutiens aussi les immenses manifestations qui ont lieu par exemple dans des pays où les droits syndicaux et les salaires décents ne sont pas octroyés. C'est pourquoi je salue l'Union naissante ou renaissante du syndicalisme mondial parce que c'est en élevant l'ensemble des niveaux de vie et des salaires vers le haut que nous lutterons contre les délocalisations vers les pays à bas salaires.

 Et en attendant, il faudra que l'Europe se protège et se protège beaucoup plus efficacement qu'elle ne le fait contre toutes ces formes de délocalisations et de destructions d'emplois, j'en fais ici le serment ! (…) »

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2 mai 2007 3 02 /05 /mai /2007 11:00

 

Les différences entre les projets Royal et Sarkozy

Deux articles de Jean-Pierre Chevènement, hier, sur son blog http://www.chevenement.fr :

 - le premier dans lequel il souligne le caractère violent de la fin de la campagne du candidat de la droite. Jean-Pierre Chevènement exprime sa préoccupation « Dans cette fin de campagne, la violence de la posture de Nicolas Sarkozy est ce qui me frappe le plus » et conclut par ces mots «Outrance, manipulation, imposture, nous sommes là en présence de la démagogie traditionnelle d'une certaine droite. La pire. Celle qui fait peur à juste titre. Où est donc la « démocratie irréprochable » dont Nicolas Sarkozy ose encore se targuer ? ».  

- le second est une reprise du tableau comparatif des projets Royal et Sarkozy, déjà publié sur ce blog le 20 février 2007. Avant le débat télévisé ce soir, ce rappel ne me semble pas inutile.  

Nicolas Sarkozy développe une conception amphigourique de la France. « M. Attrape-tout ». C'est toujours la même prétention de la droite à confisquer la nation. Il détrousse les cadavres des héros morts de la gauche. Il détrousse même les vivants (ex. préparations rémunérées aux concours de la Fonction Publique proposition Chevènement, Ecoles de la 2ème chance initiative Edith Cresson).  

 

Ségolène Royal expose une conception vertébrée et exigeante de la France à partir des valeurs de la Révolution. Elle récuse la prétendue synthèse entre l'Ancien Régime et la Révolution. Ségolène Royal expose un patriotisme de bon aloi, une politique étrangère « sans humilité et sans arrogance », essentiellement fondée sur le Droit.

 

Nicolas Sarkozy c'est la conflictualité. Il veut réglementer le droit de grève et supprimer un poste sur deux dans la Fonction Publique.

 

Ségolène Royal c'est la démocratie sociale, la confiance faite au dialogue, le souci des entreprises innovantes  

 

Nicolas Sarkozy, c'est l'appel à l'effort égoïste

 

 

Ségolène Royal, c'est l'appel à l'effort partagé. Droits et devoirs s'équilibrent. C'est une République généreuse mais aussi exigeante. Il y a des contreparties à l'allocation d'autonomie pour les jeunes sur critères de ressources. Les jeunes devront passer un contrat. Cela n'a rien à voir avec l'assistanat.

 

Avec Nicolas Sarkozy, les cadeaux fiscaux pour les riches. Inégalités et stagnation économique seront au rendez-vous. Sous couvert de « valeur travail », il redécouvre la plus-value : la détaxation des heures supplémen-taires profitera aux patrons et pas aux chômeurs. Il est en fait l'homme du capitalisme financier.

 

Ségolène Royal sait ce qu'est la valeur du travail : cela s'appelle les salaires qu'elle propose de revaloriser par une conférence des revenus dès juin 2007. Elle prévoit de lutter contre les délocalisations. La relance du pouvoir d'achat des salariés, à commencer par les travailleurs pauvres, nourrira la croissance.

 

Nicolas Sarkozy est en phase avec les libéraux européens. Avec lui, c'est la certitude d'une Europe au fil de l'eau

 

Ségolène Royal se prononce pour une Europe qui protège, pour une Europe redressée sur le plan économique et social (soutien à la croissance et à l'emploi dans les statuts de la BCE, gouvernement économique de la zone euro, politiques communes vigoureuses).

 

Nicolas Sarkozy, c'est l'appel aux communautarismes : Ch. Estrosi: « la communauté juive a un candidat naturel, N. Sarkozy », N.Sarkozy : « Aucun ministre de l'Intérieur n'a autant fait pour les musulmans »

 

Ségolène Royal c'est la République et la laïcité.

 

Pour l'Ecole Nicolas Sarkozy propose de supprimer la moitié des postes des enseignants partant à la retraite.

 

Ségolène Royal a le souci de l'éducation des plus jeunes, des quartiers, des parents, d'un service de la petite enfance, du soutien scolaire. Elle donne la priorité à l'Education.

 

Comme le gouvernement sortant, Nicolas Sarkozy a un rapport dégradé avec le monde de la recherche

 

Ségolène Royal propose un pacte de confiance avec les chercheurs : recherche publique, développement universitaire, recherche privée dans les entreprises innovantes.

 

En matière de santé, Nicolas Sarkozy propose une franchise supplémentaire de remboursement pour les assurés sociaux et l'augmentation du tarif des généralistes.

 

Ségolène Royal demande un effort partagé entre les praticiens, les assurés sociaux et l'industrie du médicament. Elle donne la priorité à l'Hôpital public auquel elle accordera des moyens perennes.

 

En matière de sécurité, Nicolas Sarkozy c'est le « tout répressif ». Il a supprimé la police de proximité et privilégié la police d'intervention et d'interpellation à l'aveuglette. Il a accru les tensions urbaines.

 

Ségolène Royal lie Education, citoyenneté, prévention et répression. Elle veut rétablir une police de quartier, proche de la population.

 

Nicolas Sarkozy s'est fait le chantre de l'immigration « choisie », avec de forts relents xénophobes.

 

Ségolène Royal propose une intégration sur critères et le co-développement avec les pays d'origine, la priorité à l'Afrique en matière de politique étrangère

 

En matière de politique étrangère, Nicolas Sarkozy symbolise l'inféodation extérieure

 

Ségolène Royal fait entendre la voix juste de la France, une voix de principe fondée sur le droit international.

 

Conclusion : Nicolas Sarkozy joue les rassembleurs mais diviserait gravement le pays. Face au défi de la mondialisation, Nicolas Sarkozy offrirait un pays fracturé et amer, dominé par l'Argent roi, une France dépourvue de charme et d'attrait.

 

Conclusion : Ségolène Royal est une candidate à l'écoute, ouverte au dialogue, qui rassemble vraiment sur un projet de solidarité et d'ordre juste. Face au défi de la mondialisation, Ségolène Royal c'est la confiance retrouvée, une France au beau visage, accordée aux valeurs humanistes de notre Histoire, aussi bien qu'aux aspirations de notre temps, une France sympathique aux autres peuples, attractive et tournée vers l'avenir.

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1 mai 2007 2 01 /05 /mai /2007 16:24

 

La victoire de la France républicaine le 6 mai

 Je consulte régulièrement le « blog citoyen, socialiste et républicain » de Xavier Dumoulin sur  http://sr07.unblog.fr . Le 29 avril, l’un de ses nombreux articles relatait son intervention lors du meeting de Morcenx pour la victoire  de Ségolène ROYAL avec Henri EMMANUELLI (PS) et en présence d'un millier de citoyennes et de citoyens.

 Voici l'intervention de Xavier DUMOULIN, porte-parole du MRC dans les Landes. 

 « Nous sommes venus très nombreux ce soir manifester notre entier soutien à Ségolène Royal dont les résultats du 1° tour autorisent tous les espoirs. Ce sont aujourd’hui toutes les forces de la gauche qui se mobilisent pour barrer la route à Nicolas Sarkozy. Ce sont toutes celles et tous ceux qui comprennent par-delà leur vote du premier tour les enjeux profonds de cette élection.

 Quelle France voulons-nous ? Pour nous, pour nos proches, pour les nouvelles générations ? Le rassemblement  autour de Ségolène Royal exprime une marque d’adhésion autour de valeurs phare : la solidarité, la justice sociale, l’égalité, la laïcité, le refus des discriminations, l’attachement indéfectible aux libertés publiques, individuelles et collectives. 

 Le Mouvement Républicain et Citoyen se retrouve totalement dans les 100 propositions du pacte présidentiel. Je veux redire ce soir notre attachement fort aux axes essentiels de ce pacte :

 - La relance de la croissance par le pouvoir d’achat – SMIC et minima sociaux et autres bas salaires notamment. 

- La relance de la croissance par et pour la création d’emploi et d’abord en direction des jeunes. 

 - La relance de la croissance par une réorientation de l’Europe en changeant les règles du jeu : la BCE, le gouvernement économique de la zone euro, la révision  du pacte de stabilité. 

 Le devenir de l’Europe est une question essentielle. Retenons l’engagement ferme de Ségolène Royal pour un référendum sur un nouveau traité. Le référendum garantit le parallélisme des formes. Il est la pleine expression de la souveraineté populaire. Soumis au suffrage de chaque français, le nouveau texte devra pleinement intégrer les ambitions sociales et démocratiques, à la différence du précédent TCE dont le maître mot était celui de la concurrence libre et non faussée. Cette perspective du référendum constitue une différence majeure avec la proposition de Nicolas Sarkozy d’une adoption par le Parlement dans l’espoir d’imposer aux français le contenu ultra-libéral qu’ils avaient refusé en 2005. 

 - Avec cette politique de croissance qui conditionne la capacité à agir pour l’emploi et les salaires, il faudra mettre en place cette sécurité sociale professionnelle, chère aux syndicats et à la gauche. Et il faut dénoncer la démagogie de Nicolas Sarkozy qui prétend dans le même temps liquider les garanties et les protections sociales, sous prétexte de flexibilité et de souplesse, chères au MEDEF, et affirme tout de go vouloir fonder une sécurité professionnelle. Son projet et son bilan sont complètement antinomiques avec cet objectif, lui qui veut, par ailleurs, supprimer un poste sur deux de fonctionnaires partant à la retraite. 

 - Le dernier axe majeur, à mon sens, c’est la rénovation démocratique : démocratie sociale, qui place le syndicalisme de masse au cœur de la négociation ; démocratie politique avec les réformes majeures (suppression du 49-3, place de l’opposition, référendum d’initiative populaire, décentralisation cohérente et efficace). 

 Le MRC se retrouve dans cette volonté républicaine qui place les citoyens au centre des décisions dans une démocratie rénovée. Cette aspiration est partagée par des hommes et des femmes de bonne volonté au-delà même de la gauche et il faut s’en réjouir. Tous ceux là ont à cœur de vivifier notre république quand d’autres menacent dangereusement nos libertés. 

 Ségolène  Royal a déjà un large soutien des forces progressistes. La victoire est à portée de main pour peu que nous nous mobilisions pleinement. Il nous appartient d’assurer la victoire du 6 mai prochain qui ne sera pas simplement la victoire de la gauche mais bien celle de toute la France républicaine ».

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1 mai 2007 2 01 /05 /mai /2007 15:16

 

La candidate de la gauche et de la rénovation politique

 Ségolène Royal innove, d’abord en tant que femme (c’est la première fois qu’une femme est présente au second tour de l’élection présidentielle) et aussi en tant que candidate (elle avance en rénovant et rassemble tranquillement).

 Elle réussit à obtenir l’adhésion de l’ensemble de la gauche (et d’une partie importante de l’extrême gauche) alors que celle-ci était en morceaux, écartelée entre le oui et le non du 29 mai 2005.

 Elle débat publiquement, et dans des conditions très républicaines, avec François Bayrou afin de mettre en évidence suffisamment de convergences et d’affinités entre eux pour que les reports de voix soient facilités au second tour, toujours sur la base du pacte présidentiel.

 Quant à l’électorat Le Pen, elle peut espérer que les consignes formulées par le candidat ce jour  (appel à l’abstention massive) seront mises en œuvre par les électeurs qui s’apprêtent à voter Sarkozy au second tour.

 Ainsi, la candidate de la gauche fait bien son travail d’entre deux tours. Il lui reste à convaincre les indécis en réussissant le seul vrai débat qui compte avant le 6 mai : le débat télévisé demain soir. Elle en est capable. L’entretien (ci-après, www.lemonde.fr 30 avril) accordé aux journalistes du Monde lui permet de préparer le terrain.

 Ségolène Royal promet "une France apaisée"

 Propos recueillis par Eric Fottorino, Patrick Jarreau, Arnaud Leparmentier et Isabelle Mandraud                                          

 Pensez-vous que le débat avec François Bayrou a été bénéfique pour vous ?

 C'est la démocratie qui en a tiré un bénéfice. C'est un événement inédit dans l'histoire politique française qu'un candidat placé au second tour de l'élection présidentielle propose un débat avec un candidat qui n'a pas été retenu au premier tour. J'ai pris cette initiative parce que cela correspond à l'idée que je me fais de la politique. C'est cohérent avec ce que je suis, ma façon différente de faire de la politique, le constat que j'avais fait de la crise démocratique, le score de François Bayrou, les messages qu'ont envoyés ses électeurs. J'ai retenu du premier tour une confirmation de ce que j'ai entendu dans les débats participatifs : les Français ont envie que la vie politique se rénove en profondeur et que l'on puisse dépasser les antagonismes bloc contre bloc. Le débat l'a montré. Une douzaine de fois, François Bayrou a manifesté son accord avec ce que je disais. Sans renoncer à la confrontation principale entre la droite et la gauche, il y a quelque chose à inventer, j'ai senti que le moment était venu. La politique a un besoin profond de rénovation. J'ai donné un contenu et une preuve à cette rénovation.

 Avant le premier tour, vous aviez une autre attitude. Comment expliquez-vous ce changement vis-à-vis du parti centriste ?

 C'est vrai, je l'ai dit : l'UDF a toujours gouverné avec la droite. Et, dans les collectivités territoriales, l'UDF ne vote jamais les budgets des régions, des départements ou des mairies de gauche, même s'ils sont bons. Le scrutin majoritaire à deux tours favorise la confrontation bloc contre bloc. C'est pourquoi il y aura une part de proportionnelle dans la réforme des institutions. François Bayrou, qui l'a vu de près, a fait un constat sur l'Etat UMP, sur le bilan et sur les dérives idéologiques et langagières de Nicolas Sarkozy. La création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, la théorie génétique pour les pédophiles, la façon dont sa campagne s'est brutalisée ont heurté une partie de l'électorat centriste.

 La communauté de valeurs va du PS à l'UDF ?

 Je ne parle pas de recomposition politique ou d'appareils politiques. Je ne me pose pas, pour l'instant, la question des coalitions. Si nous sommes dans des affrontements permanents 50-50, la France ne peut pas s'en sortir, se remettre en mouvement. Sur certains thèmes fondamentaux, je réussirai à sortir de cet affrontement bloc contre bloc, quel que soit le choix définitif de l'UDF en tant que parti. Sur la réforme des institutions, l'Etat impartial, nous avons une vision commune. Je ne veux plus que l'Etat soit maîtrisé par un seul parti, par un seul clan, ce n'est pas la République. Je suis la seule à avoir une vision de la réforme institutionnelle complète. Ce n'est pas le cas du côté de la droite. Elu avec 82% des voix, Jacques Chirac avait l'occasion exceptionnelle de déverrouiller la vie politique française. Il ne l'a pas fait, tous les pouvoirs sont restés concentrés. Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy est toujours président de l'UMP. Ce qui est contraire à l'esprit des institutions.

Quels signaux allez-vous envoyer à la gauche inquiète de votre évolution vers le centre ?

La gauche n'est pas inquiète car je rassemble sur la base du pacte présidentiel. Les valeurs et les idées de ceux qui m'ont soutenue ne sont pas oubliées. Je les ai tous reçus ou contactés car je veux que leur idéal et leurs bonnes idées rejoignent le pacte. Compte tenu de la situation dans laquelle la France se trouve, il faut absolument lui éviter cinq années de droite dure. Quant au vote autour de François Bayrou, il est assez varié et toutes les motivations sont d'ailleurs respectables. J'ai pris acte de cette réalité-là sans la mépriser et j'ai pris l'initiative de sortir des schémas traditionnels. Par ailleurs, j'en ai assez de ce procès permanent où lorsque l'on se parle ou l'on dialogue, on est déjà suspect. Il est temps de passer à l'âge adulte de notre démocratie.

 Arlette Laguiller se détermine pour la première fois pour le candidat socialiste depuis 1981. Que lui dites-vous ?

La question de la protection de la dignité des travailleurs est centrale. C'est un beau combat qui a le mérite d'être désintéressé. Elle est populaire et estimée. J'ai cité son nom en meeting et elle a été acclamée. Les personnalités qui sont cohérentes, qui ont un idéal principal et ne lâchent pas, sont très attachantes. Je ne la voyais pas pour lui demander quoi que ce soit. Juste pour le plaisir de la rencontrer, de la remercier.  Je veux une France rassemblée et pas les Français dressés les uns contre les autres. Je veux être présidente d'une France apaisée et énergique.

 Vous aviez été en concurrence avec Dominique Strauss-Kahn. Il a été très absent dans votre campagne du premier tour, et puis là il est très présent. La photo de votre déjeuner en tête à tête, c'est celle de Mitterrand-Rocard en 1988 ?

 Dominique est présent à mes côtés à sa demande et je m'en félicite. C'est un homme talentueux et imaginatif. Il pourrait être un très bon premier ministre, si tel est mon choix.

 Il n'y a pas de rapprochement de ligne entre M. Strauss-Kahn et vous aujourd'hui ?

La seule ligne aujourd'hui, c'est le pacte présidentiel. Ma volonté, c'est de rassembler tous les talents autour de ce pacte. Je suis dans une démarche de sincérité et de fidélité à mes engagements, dans le respect des personnalités différentes, de leurs bonnes idées. Par exemple, j'ai confié une mission à José Bové sur la mondialisation et la souveraineté alimentaire.

 Quand vous parlez du "bout de chemin" que vous allez faire ensemble avec François Bayrou, ce chemin va jusqu'où ? Jusqu'au second tour, au-delà des législatives?

Il faut respecter les étapes. Maintenant, c'est à François Bayrou de se définir. Il a dit qu'il attendait le débat mercredi pour se déterminer. Et s'il vient sur la majorité présidentielle, il fera partie de la majorité présidentielle. Comme toutes les autres forces politiques qui ont appelé à voter pour moi.

 Pourriez-vous prendre François Bayrou comme premier ministre ?

 Je l'ai déjà dit : par définition, je ne m'interdis rien.

 Sur les retraites, les 35 heures, comment pouvez-vous concilier votre vision et celle des électeurs de François Bayrou ?

 Le travail d'explication doit continuer. Je pars avec des préjugés très lourds, sous prétexte que les socialistes sont incompétents en économie et préfèrent le social. De plus, comme je suis une femme, par définition, il y a un préjugé d'incompétence, même si j'ai le soutien de toute la nouvelle école des économistes qui comptent en France et sur la scène internationale. Mon pacte réconcilie l'efficacité économique et le progrès social. C'est une vision neuve, qui suscite aussi l'intérêt des organisations syndicales de salariés que j'ai reçues. J'appelle donc les électeurs à regarder ce qu'il y a dans le pacte présidentiel que j'ai construit après une importante phase d'écoute. Lors du débat, nous avons d'ailleurs levé des ambiguïtés, puisque François Bayrou voyait dans mon programme une étatisation de l'économie. C'est tout sauf ça. L'économie de marché est une réalité incontournable. Mais je crois qu'elle a besoin d'une régulation pour éviter ses désordres. Et les entreprises y ont tout intérêt. Elles sont d'ailleurs les premières à se tourner vers l'Etat quand elles sont en difficulté. C'est l'Etat qui définit la politique fiscale. Mais les partenaires sociaux définissent la politique sociale. L'Etat a reculé pendant cinq ans sur l'investissement dans la recherche et l'innovation, c'est très grave, il va falloir au contraire en faire une priorité. Les pouvoirs publics, en redistribuant l'argent public, ont un rôle très important dans le développement économique. En même temps, je supprimerai les aides aux entreprises qui n'en ont pas besoin, pour les concentrer sur les PME qui innovent. Je souhaite débureaucratiser l'intervention de l'Etat et la cibler sur les vrais besoins.

 Pensez-vous qu'il faut réduire la dépense publique ou pas ?

 Oui, il faut lutter contre les gaspillages et les doubles emplois et rendre la dépense publique plus efficace. Il faut relancer la croissance et diminuer le chômage. D'abord par la confiance. J'ai un discours très moderne vis-à-vis des entreprises. Je leur dis même : faites du profit, gagnez de l'argent, à condition qu'il soit honnêtement gagné et équitablement distribué. Avancez, prenez des risques. Mais il faudra que les banques aident davantage les PME. Les entreprises manquent d'épargne. Aujourd'hui, la rente est avantagée par rapport à la rémunération du travail, y compris dans les différentes propositions faites par Nicolas Sarkozy. Je propose, au contraire, de moduler l'impôt sur les sociétés en fonction de l'utilisation des bénéfices. Tout ce qui sera réinvesti dans l'entreprise bénéficiera d'allégements fiscaux. Je veux un pacte de croissance avec les PME, le Small Business Act. Les organisations syndicales de salariés seront encouragées au compromis que je propose sur la base d'un dialogue social rénové. Du côté du Medef, c'est plus compliqué, parce que le Medef est un agglomérat de grandes banques, d'entreprises du CAC 40 et de PME qui n'ont pas toutes le même intérêt. Mais, là aussi, les choses bougent et je sais que beaucoup de patrons veulent sortir du manichéisme social. Je le vois par exemple avec les prises de position du Centre des jeunes dirigeants.

 Sur les 35 heures, vous aviez porté une critique et maintenant vous dites qu'il faut les généraliser. Ce n'est pas une contradiction ?

 Non. La deuxième loi sur les 35 heures était trop uniforme. Mais la diminution du temps de travail reste un objectif. En revanche, la façon dont on y parvient devra à nouveau être mise sur la table entre partenaires sociaux. Ce qui a manqué, dans l'application de la loi, c'est l'accompagnement humain. C'est aussi le faible poids des syndicats qui a permis dans certaines entreprises une application des 35 heures qui a dégradé les conditions de travail.

 Allez-vous renationaliser GDF, comme le revendique la gauche ?

 Ce ne sont pas des mesures de droite ou de gauche. Les enjeux ont changé. Quand on voit les problèmes énergétiques que la France et l'Europe vont devoir gérer dans les années qui viennent, les enjeux financiers considérables, cela mérite quand même un débat public. Nous avons besoin d'un grand pôle public de l'énergie.

 Sur les retraites, remettez-vous en cause le principe de 42 ans de cotisation pour le salarié moyen à terme ?

 La question des retraites sera totalement remise à plat. Sur la question de la durée de cotisation, il faudra prendre en compte la pénibilité et regarder de très près la question des retraites des femmes. Il y aura une discussion avec les partenaires sociaux. On ne pourra pas déconnecter la question des retraites de celle de la réussite de la lutte contre le chômage, car des emplois en plus ce sont des cotisations en plus. Il faut éviter de brutaliser la question des retraites en l'abordant comme le fait la droite et s'orienter vers des systèmes de retraite à la carte, plus souples. Il n'y aura pas de retraite couperet. En même temps, il faut garantir à ceux qui ont travaillé le plus durement d'accéder à une qualité de vie suffisante.

 Faut-il modifier les règles de présentation des candidats aux élections professionnelles ?

 Cette question sera traitée dans le débat sur les règles de représentativité qui seront revues. Sans brutaliser du jour au lendemain le paysage syndical. Les organisations syndicales y sont prêtes, si l'on réussit le syndicalisme de masse, soit avec un crédit d'impôt, soit avec un chèque syndical, c'est-à-dire une incitation à adhérer à une organisation syndicale. Lorsque l'on a interrogé les salariés sur la raison pour laquelle ils n'adhéraient pas à une organisation syndicale, ils ont répondu : la peur. Est-il normal que dans la France de 2007 un droit constitutionnel fasse encore peur? Non, car un pays moderne a besoin d'un bon dialogue social.

 Vous parlez de la dette, mais vous n'avez pas chiffré la manière de desserrer cet étau.

La marge de manœuvre passe par la réforme de l'Etat et la clarification des compétences des collectivités territoriales. Quand j'ai interrogé José Luis Zapatero ou Romano Prodi sur la manière dont ils avaient réduit la dette de leur pays, ils m'ont répondu que c'est par une meilleure répartition des responsabilités, des compétences pour éviter des doublons, des chevauchements de financement, qu'ils y sont parvenus. Ensuite, on peut rendre plus efficace le service public. Plutôt que de dire comme Nicolas Sarkozy que l'on va supprimer un fonctionnaire sur deux – ce qui, à mon avis, n'est pas très responsable et d'ailleurs il ne l'a pas fait quand il était ministre des finances –, on peut améliorer l'efficacité du service public. Enfin, la baisse de la dette passe évidemment par la relance de la croissance. Je crois beaucoup au levier écologique. La France a pris du retard. Or les experts estiment que de un à deux millions d'emplois peuvent être créés dans ce domaine. En Espagne et en Allemagne, j'ai été surprise de voir le nombre d'emplois créés grâce à ce secteur.

 Si vous êtes élue, c'est vous qui mènerez la campagne des législatives ?

 Mon rôle, c'est de réunir une majorité présidentielle.

 Ou bien est-ce le chef du gouvernement ou le chef du parti qui mènera cette campagne ?

 Nous n'en sommes pas là. Ce qui intéresse aujourd'hui les Français, c'est le second tour de l'élection présidentielle.

Si François Bayrou prend l'option d'entrer dans la majorité présidentielle, y aura-t-il des accords, des désistements entre le PS et son parti, comme il y en avait autrefois et aujourd'hui encore entre le PS et le Parti communiste ?

 Si une majorité présidentielle se constitue, ainsi qu'un gouvernement, il faudra un accord entre organisations pour constituer une majorité parlementaire, capable de mettre en œuvre le pacte présidentiel.

 Avez-vous le sentiment que le PS y est prêt ?

 C'est la dynamique politique qui va le définir. Là, je construis une majorité présidentielle dans la cohérence, la clarté, le respect des partenariats et les valeurs du progrès économique, social et écologique.

 Vous n'êtes pas comme Nicolas Sarkozy, qui dit que tous les députés UDF qui l'auront rejoint avant le 6 mai auront l'investiture de sa majorité présidentielle.

 Je laisse à d'autres ces débauchages et ces pressions. La bataille principale, elle est pour la France neuve et donc contre la droite dure, avec le bilan désastreux que le candidat sortant refuse d'assumer. C'est l'homme du passé et du passif. Il s'en prend à Mai 68 dans son discours de Bercy en oubliant que les ouvriers, qu'il découvre, ont obtenu les accords de Grenelle. Moi, je veux prendre le meilleur de chaque époque pour inventer la France de demain.

 Et, demain, vous prendrez le PS ? Ce n'est pas compatible avec la fonction de chef de l'Etat.

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30 avril 2007 1 30 /04 /avril /2007 16:07

 

Le déclin avec Sarkozy, une nouvelle ambition avec Royal

Avec Ségolène Royal, « l’investissement, la recherche et l’innovation doivent redevenir une priorité publique ». Le pacte présidentiel « propose d’augmenter au cours du quinquennat le budget de la recherche et les crédits publics pour l’innovation de 50% (10% par an). Cela redonnera à la France les moyens d’engager des chercheurs et de les inciter à rester sur le territoire national ».  

Le Conseil d’administration de Sauvons la Recherche (SLR) a comparé les propositions des candidats et  conclut en faveur de notre candidate. Cela n’étonnera pas les auditeurs d’une émission de France Culture avant le premier tour, dans laquelle intervenaient Jean-Pierre Chevènement  (Royal) et François d’Aubert (Sarkozy), l’un et l’autre anciens ministres de la Recherche. Les applaudissements des chercheurs allaient à Jean-Pierre Chevènement. Quant au ministre du gouvernement Raffarin, par ailleurs maire de Laval et président de Laval Agglo, sa politique n’a pas laissé de bons souvenirs parmi les professionnels de la Recherche.

 Voici le texte rendu public par Sauvons la Recherche.   

« Pour sauver la recherche et l’université, utilisez aussi votre bulletin de vote » 

« Sauvons la Recherche (SLR) s’est constitué en 2004 pour réagir à la mise en péril de la recherche publique française causée par la baisse drastique des crédits et des recrutements imposée par le gouvernement. Notre action a fait découvrir au grand public les difficultés des laboratoires et des chercheurs français, la misère des universités et la crise qui nous attend si les jeunes se détournent de la recherche. Elle a permis l’élaboration, longue et démocratique, en association avec un grand nombre de scientifiques du pays, de propositions innovantes présentées lors des Etats Généraux de la Recherche en octobre 2004.

Après avoir laissé pourrir la situation, le gouvernement a imposé en 2006 un "Pacte pour la recherche" prenant le contre-pied de ces propositions : programmation en stagnation des moyens de la recherche publique, création de structures bureaucratiques pilotées par le gouvernement, part grandissante des financements de court terme, absence de perspective stable donnée aux jeunes chercheurs, subventions publiques massives à la recherche privée sans évaluation de ses retombées. Lors de la discussion de cette loi, de nombreuses propositions faites par "Sauvons la Recherche" concernant le financement des organismes de recherche, la mise en place d’un plan pluriannuel pour l’emploi, la pression faite sur les entreprises (via des mesures fiscales) pour embaucher des docteurs... ont reçu le soutien de nombreux parlementaires du PCF, des Verts, du PS et même de l’UDF. L’UMP présidé par N. Sarkozy et le gouvernement, dont il était le numéro deux, se sont opposés à ces mesures.

Avant ces élections présidentielles, SLR a de nouveau fait connaître ses propositions, organisé des débats, interrogé les candidats et rendu publiques leurs réponses (7 réponses à nos questions et Recherche et enseignement supérieur : comparaisons Bayrou-Royal-Sarkozy).

Nicolas Sarkozy persiste et signe. Il propose, dans la continuité de l’action qu’il a mené pendant cinq ans, d’amplifier la logique du « Pacte pour la recherche » avec une généralisation du financement par projet, ce qui signifie donner la priorité à une recherche à court terme sur des thématiques que le gouvernement croit les plus rentables, au risque de passer à côté des grandes avancées scientifiques à venir et de sacrifier des disciplines sans applications industrielles, mais pourtant essentielles pour l’intelligence du monde dans lequel nous vivons. En cohérence, il propose de créer des contrats de cinq ans pour les docteurs, sans engagement sur des emplois permanents, ce qui dissuadera les meilleurs étudiants de s’engager dans une carrière scientifique trop peu reconnue. Sa conception de l’autonomie des universités, en associant directement l’entreprise à la gouvernance et au financement des universités, ne peut qu’accroître les inégalités territoriales et la sélection sociale au détriment de l’autonomie réelle des universités et de la recherche. S’il annonce un accroissement des moyens des universités, rien de tel pour la recherche. Dans sa vision, les EPST, tels le CNRS ou l’INSERM, qui ont joué un rôle essentiel dans le développement de la recherche française, se verront dorénavant cantonnés à un rôle d’agence de moyens, sans politique scientifique propre.
Enfin, peut-être plus gravement encore, ses déclarations péremptoires sur la détermination génétique de la pédophilie ou du suicide des jeunes, mais aussi ses propos sur les limites des sciences humaines et sociales (« Mieux vaut admettre qu’il y a là une part de mystère irréductible plutôt que de rechercher des causes ») ne peuvent qu’inquiéter les hommes et les femmes de science, et les citoyens.

En face de ce projet, celui de Ségolène Royal, même s’il ne reprend pas toutes nos propositions, avance un certain nombre de mesures qui montrent clairement qu’une partie importante de nos arguments a été entendue : remplacement du Pacte par une nouvelle loi négociée, programmation d’un accroissement annuel de 10% du budget, statut du doctorant, création d’emplois et lutte contre la précarité, rôle central des organismes et des universités dans le financement de la recherche, importance du progrès des connaissances, engagement fort pour la démocratisation de l’accès et du succès à l’université, volonté de développer la recherche industrielle en redéployant et conditionnant les aides de l’Etat au privé. Ses propositions sur l’éducation, la formation, la démocratie vont dans le bon sens.

Certes, le bilan en matière de recherche et enseignement supérieur des années où la gauche était au gouvernement a des aspects critiquables. Mais en comparaison avec les cinq dernières années ou avec la période 1993-1997 (le bilan est clair. Or nous ne souhaitons pas juger sur les intentions, mais sur les faits attestés.

En lançant à l’automne 2006 le débat sur la recherche et l’enseignement supérieur avec les présidentiables, SLR souhaitait que les propositions des Etats-Généraux figurent en bonne place dans les programmes des candidats. Or nous sommes aujourd’hui en face de deux projets très différents qui auraient des conséquences totalement opposées sur le futur de la recherche et de l’enseignement supérieur. Même si son projet est perfectible, nous pensons que Ségolène Royal dessine une ambition renouvelée pour la recherche et l’enseignement supérieur, alors que Nicolas Sarkozy programme leur déclin par des mesures que nous jugeons profondément déstabilisatrices.

La recherche et l’enseignement supérieur sont des enjeux essentiels pour l’avenir de notre société, tout le monde en convient. Nous appelons donc toute la communauté académique et l’ensemble des citoyens à ne pas les oublier quand ils voteront dimanche. Quelle que soit l’issue de ces élections, SLR continuera bien sûr à agir pour l’enseignement supérieur et la recherche, et à se battre pour faire appliquer les propositions des Etats Généraux.

C’est aujourd’hui qu’il faut sauver la recherche, dans 5 ans ce sera trop tard ! »

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