La parité était strictement respectée sur le plateau J’emprunte à Désirs d’avenir 86 http://desirsdavenir86000.over-blog.net le compte rendu résumé du débat du 2 mai entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, mis en ligne le 3 mai. Merci à Arnaud pour son excellent blog. Il a fait un énorme travail pendant cette campagne. Voici ce texte. « Les échanges se sont révélés tendus et sans concession, les deux candidats haussant le ton à plusieurs reprises, notamment sur les questions de l'insécurité, de la délinquance, des 35 heures ou encore de l'aide aux enfants scolarisés handicapés. Conformément au tirage au sort effectué au CSA, Nicolas Sarkozy a pris la parole en premier et Ségolène Royal a conclu. Dans un studio de Boulogne-Billancourt, Arlette Chabot (France 2) et Patrick Poivre d'Arvor (TF1), assez discrets, animaient le face-à-face, censé initialement s'articuler autour de "quatre grands chapitres" mais parfois désordonné vu l'âpreté de certains propos. Le déroulement du débat Le débat télévisé a débuté par la présentation, par chacun des candidats, de leur vision de la fonction présidentielle et de leur objectif prioritaire après leur accession à l'Elysée. Cette allusion au bilan du gouvernement sortant, dans lequel Nicolas Sarkozy a été partie prenante, n'a pas manqué de faire réagir l'ancien ministre de l'Intérieur. Les deux adversaires se sont renvoyé la responsabilité de la hausse des violences, à coups de pourcentages. Ségolène Royal a aussi reproché à l'ancien ministre de l'Intérieur de ne pas avoir tenu certains engagements : "Le commissariat de Clichy que vous avez promis n'est toujours pas ouvert", a-t-elle notamment lancé.
Le débat, entamé à 21h00, a largement débordé des deux heures prévues pour s'achever à 23h39. D'une manière générale, Ségolène Royal s'est montrée plutôt offensive, interrompant souvent son adversaire et le renvoyant froidement au bilan de son gouvernement depuis 2002. De son côté, Nicolas Sarkozy s'est employé à afficher calme et pondération, comme pour contredire l'image de grand nerveux que lui affublent ses détracteurs. Le candidat UMP s'est même payé le luxe d'accuser sa rivale de "perdre ses nerfs" lors d'une de leurs joutes verbales, mais Ségolène Royal a su aussi faire preuve de répartie et d'ironie.
Les deux prétendants à l'Elysée se faisaient face devant une table carrée, à deux mètres l'un de l'autre, dans un studio de 200 m² vide de tout public, dont le décor avait été comparé à "un ring de boxe" par le réalisateur de l'émission Jérôme Revon.
Prenant la parole en premier, Nicolas Sarkozy a émis le souhait de "tirer les conséquences des tsunamis politiques" des cinq dernières années, à savoir le 21 avril 2002 et le non au référendum européen. "Je veux des résultats, je veux promettre aux Français des droits réels, non virtuels (...) La passion de ma vie porte un nom, c'est l'action."
Ségolène Royal s'est engagée pour sa part à "sortir la France de la situation dans laquelle elle se trouve", à "réduire la dette, la pauvreté", lutter pour la défense du pouvoir d'achat, notamment celui des retraités "qui a baissé", combattre "toutes les formes d'insécurité au quotidien".
Elle a critiqué le gouvernement sortant sur son bilan économique et sécuritaire. "Je veux être la présidente de la République qui va faire une France où l'agressivité et les violences reculent, qui va faire une France qui va gagner la bataille contre le chômage et contre la vie chère, qui va permettre que reculent les inégalités."
Polémique sur l'insécurité
"Je crois que toutes ces formes d'insécurité au quotidien, sociale, appellent de nouvelles règles du jeu, un nouveau système politique, des responsables politiques plus efficaces qu'ils ne l'ont été au cours des 5 dernières années et même au-delà sans doute", a ajouté Mme Royal.
"Est-ce je suis responsable d'une partie du bilan du gouvernement ? Oui, Mme Royal. Vous avez parlé des violences, je suis responsable, j'ai été le ministre de l'Intérieur pendant quatre ans", a concédé Nicolas Sarkozy. "J'ai trouvé une situation qui était catastrophique et qui était pour beaucoup dans la défaite de vos amis (...). Si, en 2002, les Français n'ont même pas qualifié le Premier ministre que vous souteniez pour le deuxième tour, il y avait bien une raison: c'est parce que la délinquance et la violence avaient explosé", a-t-il contre-attaqué.
35h et heures supplémentaires
Les 35 heures ont été "une catastrophe généralisée pour l'économie française" et en particulier pour l'hôpital, selon le candidat UMP. Tout en reconnaissant que la deuxième loi sur les 35h avait été "trop rigide", Mme Royal lui a rétorqué que malgré tout le mal qu'elle pensait de cette réforme, la droite n'avait pourtant pas supprimé les 35 heures. Auparavant, Mme Royal avait promis de financer le désendettement de la France par la croissance économique en aidant davantage les PME. Elle s'est également engagée à consacrer au remboursement de la dette publique du pays "tout ce qui sera au-dessus de 2,5% de croissance (par an)". Le dossier sensible des retraites
La candidate PS a affirmé que si elle est élue, ce sont "les partenaires sociaux qui devront se mettre d'accord" par branches sur les 35h. Faute d'accord entre eux", il n'y aura pas de généralisation des 35h", a-t-elle assuré.
En outre, elle a réfuté comme "un nouveau cadeau aux entreprises sans contrepartie, qui va coûter 5 milliards d'euros", la proposition de Nicolas Sarkozy d'exonérer de charges les heures supplémentaires au-dessus de 35h. Elle a estimé que cela ne va pas aider l'emploi car les entreprises vont demander aux salariés de faire des heures supplémentaires plutôt que de recruter.
La dette de l'Etat
Sur cette "question centrale", Nicolas Sarkozy s'est engagé à garantir la pérennité des lois Fillon. Il a réaffirmé en outre sa volonté de "réformer les régimes spéciaux" au nom du principe d'"égalité" qui figure dans la devise de l'Etat. "Pourquoi certains cotisent-ils 37 ans et demi et d'autres 40 ans ?", a-t-il argumenté. Il a promis d'augmenter les petites retraites de 25% et de revoir la situation des pensions de réversion, promettant de faire passer leur taux de 54% à 60%.
Mme Royal a répliqué : "Vous voulez financer l'augmentation des petites retraites par la réforme des régimes spéciaux. Or, vous savez bien que la réforme des régimes spéciaux va prendre un certain temps. Moi je ne veux pas perdre de temps, je veux les augmenter tout de suite." Elle a proposé pour ce faire de "remettre à plat les lois Fillon" et de mettre en place "une taxe sur les revenus boursiers" pour financer le fonds de retraites.
Sarkozy demande plus de détails à Royal
Les deux adversaires se sont affrontés alors sur les détails du financement. Nicolas Sarkozy a reproché à sa concurrente "de ne pas donner le montant de la taxe" qu'elle veut créer et de se contenter d'annoncer la "remise à plat de la loi Fillon". Ségolène Royal a répliqué que "remettre à plat la loi Fillon", ce n'était pas la démanteler. Contrairement au candidat UMP, elle se refuse à "uniformiser les durées de cotisation". "Je veux seulement mettre fin aux injustices les plus criantes, en matière de pénibilité du travail et sur les injustices faites aux femmes." Sur la future taxe boursière qui financera les retraites, elle préfère d'abord "évaluer les recettes qu'apportera la croissance".
Sarkozy qualifié d'"approximatif" sur le nucléaire
La question du nucléaire a provoqué une autre montée de tension entre les deux candidats. Nicolas Sarkozy, qui sondait Ségolène Royal concernant sa position sur le nucléaire et sur l'EPR, s'est fait tancer par la candidate qui l'a invité à "réviser un peu son sujet" après avoir proféré selon elle "une série d'erreurs".
Invité à dire combien le nucléaire constituait de la consommation d'électricité en France, Nicolas Sarkozy a répondu 50%, ce que Mme Royal a contesté, le ramenant à 17%. Mais c'est surtout au sujet de l'EPR que le candidat de l'UMP s'est fait reprendre. Alors qu'il qualifiait l'EPR de "centrale", elle l'a accusé de tout confondre puisqu'il s'agit d'un prototype. Et de quelle génération est l'EPR, a-t-elle demandé ? "De 4e génération", a-t-il répondu. "Non, de 3e génération", l'a-t-elle rectifié. "Tout est possible, même le pire", a lancé Ségolène Royal, ironique, a Nicolas Sarkozy, à propos du bouclier fiscal en vigueur depuis le 1er janvier, selon lequel un contribuable ne peut payer plus de 60% de ses revenus en impôts. La candidate a pris l'exemple d'une "riche héritière" ayant touché un chèque de 7 millions d'euros en vertu de ce bouclier fiscal. Nicolas Sarkozy a réitéré son ambition de ramener "le respect", "l'autorité" et "le mérite" au sein de l'école. Il a énoncé son projet de permettre à "tous les jeunes" de "pouvoir rester en étude après les cours". "Cela réglera la question du pouvoir d'achat des enseignants", a souri le candidat UMP. Il a évoqué la réforme de la carte scolaire car "ce n'est pas normal qu'on soit le seul pays où l'on ne puisse pas choisir l'école de son enfant". Il a prôné enfin "une nouvelle pratique de l'évaluation", afin que les parents puissent juger le niveau de l'école de leur enfant. Un peu plus tard, revenant sur les questions de discipline, le candidat UMP a affirmé son voeu de lutter contre "l'absentéisme", souhaité "que les familles signent le règlement intérieur de l'école", et proposé "que les allocations familiales des parents défaillants soient mises sous tutelle". Alors que Nicolas Sarkozy, dans le cadre du débat sur l'éducation, avait évoqué la question de l'enfance handicapée, Ségolène Royal a fustigé un "summum d'immoralité politique". Elle s'est déclarée "scandalisée" par les propos de son rival sur l'accueil d'enfants handicapés dans les écoles, car selon elle, Nicolas Sarkozy a décrit "la larme à l'oeil" la situation des handicapés alors que c'est pourtant le gouvernement UMP qui "a supprimé", selon elle, les aides pour les handicapés. Vers la fin du débat, le candidat UMP a reproché à sa rivale d'envisager le boycott des jeux Olympiques de Pékin, tout en ayant effectué une visite remarquée en Chine. "Si vous êtes favorable au boycott pour les sportifs, pourquoi vous-même n'avez-vous pas boycotté votre visite?" Il l'a aussi critiquée pour avoir "félicité la justice commerciale chinoise" à son retour de Pékin, en janvier. Celle-ci s'en est défendue, et a rappelé au passage que lors de son voyage en Chine, elle avait âprement plaidé en faveur des droits de l'Homme. Nicolas Sarkozy a de nouveau promis de "s'opposer à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne" s'il est élu. "Ceux qui souhaitent l'entrée de la Turquie dans l'Europe sont ceux qui ne souhaitent pas l'Europe politique puisque l'élargissement sans limite de l'Europe, c'est la mort de l'Europe politique", a-t-il plaidé. "Pour moi, ce n'est pas une question de démocratie, de musulmans ou d'islam, c'est parce que la Turquie est en Asie mineure, ce n'est pas l'Europe." Ségolène Royal a appelé son adversaire à "ne pas utiliser ce sujet de façon aussi brutale par rapport à un grand peuple qui a une aspiration à rejoindre l'Europe". Toutefois, selon elle, "le moment n'est pas venu pour l'entrée de la Turquie dans l'Europe", a-t-elle nuancé, prônant une "pause". "Le mot fatalité ne fait pas partie de mon vocabulaire", a conclu Nicolas Sarkozy. "Je veux agir, passionnément, agir pour mon pays. Je veux faire en France les changements que d'autres ont fait dans d'autres pays. Il n'y a aucune raison qu'on n'ait pas le plein emploi, qu'on ne maîtrise pas l'immigration. Je veux que les travailleurs soient respectés, considérés. Je ne crois pas à l'assistanat (...). Je crois au mérite, à l'effort, à la récompense, à la promotion sociale. (...) Ce que j'ai dit je le ferai. (...) C'est un don de soi, c'est une véritable ascèse."
Vif échange sur le bouclier fiscal
"Je vais regarder ce cas bien volontiers", lui a répondu Nicolas Sarkozy. "Ce n'est pas un cas, c'est la conséquence de ce que vous avez fait voter!", lui a lancé Ségolène Royal sur un ton vif. "Non, parce que moi je propose, c'est pire, je...", a repris Nicolas Sarkozy. "C'est pire ? Vous avez raison, tout est possible, même le pire!", a donc rétorqué la candidate socialiste, ironisant sur le slogan de campagne de son rival "Ensemble, tout devient possible".
Le candidat de l'UMP s'est engagé, s'il est élu, à abaisser le niveau de bouclier fiscal à 50%. "Mais c'est très injuste", a rétorqué Mme Royal, qui propose de supprimer ce bouclier fiscal.
La question de l'éducation
De son côté, Ségolène Royal a prôné un "pacte éducatif", déploré "la suppression de plus de 100.000 emplois en 5 ans" -ce que son adversaire a contesté, annoncé la mise en place d'un "service public de la petite enfance avant l'âge de 3 ans", promis le retour des emplois jeunes dans l'Education nationale ("supprimés par le gouvernement sortant") et l'instauration d'un "soutien scolaire gratuit et individualisé dès la rentrée prochaine".
Accrochage cinglant sur l'enfance handicapée
Durant ce vif échange, le candidat UMP a reproché à sa rivale du PS d'avoir "perdu ses nerfs", ce qu'elle a nié, affirmant : "Je ne perds pas mes nerfs, je suis en colère, il y a des colères très saines (...) Je me révolte car j'ai gardé ma capacité de révolte intacte." "Je ne mets pas en cause votre sincérité, alors ne mettez pas en cause ma moralité", a lancé Nicolas Sarkozy à sa concurrente.
Sarkozy attaque Mme Royal sur la Chine
L'entrée de la Turquie en Europe
Les conclusions de chacun
"Je veux être au service de la France", a conclu pour sa part Ségolène Royal. "Je tiens à des valeurs fondamentales. Le travail sera payé à sa juste valeur. (...) Je veux construire une France paisible où l'on pourra réformer sans brutaliser, où jamais je ne dresserai les Français les uns contre les autres. (...) Je ferai tout pour sauver la sécurité sociale aujourd'hui menacée. Je veux une France créative, une France imaginative et je veux construire avec vous une France présidente" ».