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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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Articles RÉCents

4 mars 2007 7 04 /03 /mars /2007 23:00

 

Une vraie politique agricole et alimentaire 

 En mars 2005, au Salon de l’agriculture, s’adressant aux agriculteurs qui voulaient voter non au référendum européen, le président de la République avait voulu les dissuader en utilisant l’expression « Vous allez vous tirer une balle dans le pied » !

 Il faut croire que Jacques Chirac a bien peu d’autorité, puisque, le 29 mai 2005, 7 agriculteurs sur 10 ont voté NON à la ratification du traité constitutionnel approuvé par tous les gouvernements des pays membres de l’Union européenne.

 Ce vote est à mettre en relation avec les 7 à 8 milliards d’euros d’aides directes européennes perçues annuellement par les agriculteurs français, ce qui représente près de 80% de leur revenu net agricole moyen ! Un revenu qui avait diminué chaque année depuis 1999 (- 30% en sept ans), en dépit de la forte baisse de leur nombre (moins de 600 000 actifs non salariés en 2005, plus du double en 1985).

La France  a laissé faire la dérive libérale de la PAC

 C’est parce qu’ils connaissaient de très près l’évolution de la PAC qu’ils ont voté NON au référendum. Cette évolution libérale de la PAC n’a pu se faire sans l’assentiment du chef de l’Etat. Chirac est très populaire au Salon de l’Agriculture mais les agriculteurs savent bien qu’il ne s’est pas opposé à la mise en œuvre des politiques néo-libérales en agriculture à l’initiative de la Commission européenne, elle-même sous la pression des négociations internationales dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

 Ses propos d’hier (deux mois avant la fin de son mandat) contre le Commissaire au commerce, ne changent rien aux réalités.

 Un tournant dans les prix et les revenus agricoles en 2006

 Non seulement les agriculteurs ne se sont pas « tiré une balle dans le pied » le 29 mai 2005, mais la conjoncture internationale leur a été favorable en 2006. Leur revenu a repris, en une seule année, la moitié des pertes accumulées depuis 1999 (voir sur ce blog l’article d’hier).

 Les cours mondiaux du blé et du maïs ont été fortement revalorisés sous l’effet du développement des biocarburants aux USA et au Brésil, notamment.

 En outre, les importations chinoises vont dans le même sens d’une plus forte demande de produits agricoles de base (céréales). Ces éléments nouveaux doivent nous inciter à repenser en profondeur la politique agricole de notre pays, en sachant que celle-ci ne pourra être mise en œuvre qu’au niveau européen.

 Une politique agricole sur des bases radicalement nouvelles

 J’ai fait des propositions réalistes (voir sur ce blog l’article du 22 février dernier et sur le site national du MRC www.mrc-france.org en page d’accueil et les autres articles agricoles, onglet Positions, rubrique Agriculture).

 La gauche doit faire cesser la dérive néo-libérale de la politique européenne en général, de la politique agricole en particulier. Une vraie politique agricole ne peut être placée sous la tutelle des décisions de l’OMC, ou alors, cela signifie qu’elle n’existe pas.

 La souveraineté alimentaire

 La gauche doit remettre les pouvoirs publics en position d’assumer leurs responsabilités, la première étant d’assurer la sécurité alimentaire, en quantité et en qualité. Telle est la définition de la souveraineté alimentaire. C’est valable pour l’Afrique (voir sur ce blog l’exemple du Mali, article du 27 février) comme pour l’Union européenne.

 Nourrir l’Europe

 L’Europe n’a ni la vocation ni la possibilité de nourrir le monde. Elle doit donner l’exemple d’une organisation lui permettant de nourrir les Européens dans de bonnes conditions. Son industrie agroalimentaire peut très bien remplir cette mission et, en outre, exporter des produits élaborés, dans la mesure où elle en a la capacité par elle-même.

 Les subventions aux exportations ne se justifient pas, car il faut éviter de laisser prise aux accusations de distorsion de concurrence. Et cela nous place en position plus confortable pour protéger l’espace européen de ces distorsions, à l’aide des moyens les plus adaptés.

 Au sein de l’OMC, l’Union européenne doit peser en faveur de la régulation du commerce et des marchés mondiaux, en mettant la priorité sur l’organisation régionale, voire continentale.

 L’intervention publique nécessaire

 L’agriculture, qui fournit des denrées alimentaires, n’est pas une activité comme les autres. Les prix sont instables et ne reflètent pas les coûts de production. C’est ce qui justifie l’intervention publique et la mise en œuvre de l’organisation des marchés agricoles et alimentaires.

Les pouvoirs publics européens doivent veiller à ce que les prix des produits agricoles se tiennent à des niveaux permettant d’assurer la production de denrées alimentaires en quantité et en qualité. C’est leur rôle de vérifier que la valeur ajoutée se répartit équitablement entre tous les partenaires de chaque filière agroalimentaire.

 Les aides publiques

 Les aides publiques ont pris, au fil du temps et des réformes de la PAC, une part trop importante dans les revenus agricoles. La règle générale doit être que les agriculteurs soient rémunérés par la vente de leurs produits. Les aides directes, liées à la production, ne peuvent exister que dans des conditions exceptionnelles décidées par les pouvoirs publics dans le but de soutenir une filière de production. Les aides publiques, découplées de la production et régionalisées, perdront leur caractère systématique et généralisé pour devenir des compensations à des services rendus à la collectivité par les paysans.

 Les syndicats agricoles dans l’attente de propositions novatrices

 Je connais un peu les organisations syndicales, j’ai rencontré leurs responsables au niveau national (voir sur ce blog les articles des 22 et 23 décembre 2006, ainsi que celui du 20 janvier 2007). Il me semble qu’elles attendent des candidats, et des partis qui les soutiennent, des propositions novatrices après les épisodes, peu glorieux, de réformes successives de la PAC débouchant sur le vide politique, le but étant de faire place nette aux marchés.

 Un sondage, dont j’ai pris connaissance des résultats aujourd’hui, montre que les agriculteurs regardent de plus en plus en direction de la droite ou du centre. La gauche, dans sa diversité, n’intéresserait que 20% du monde agricole. Je me souviens de l’espoir qu’avait suscité la campagne de François Mitterrand, en 1981, parmi les agriculteurs qui avaient subi les conséquences de la politique de Giscard les années précédentes.

 Relever le défi alimentaire

 Dans les deux mois qui nous séparent du 6 mai, faisons en sorte de poser les vraies questions et d’apporter de bonnes réponses.

 Le défi énergétique est bien réel mais l’agriculture n’est pas la solution dans l’immédiat, tant que la transformation industrielle de la biomasse n’est pas au point.

 Le défi alimentaire existe bien et l’agriculture peut le relever, à condition de le faire intelligemment, à l’initiative et sous le contrôle des pouvoirs publics.

 La France a joué un rôle éminent, au début des années 1960, pour mettre en place la Politique Agricole Commune.

 Elle peut et doit se lancer dans la définition d’une nouvelle politique, agricole et alimentaire, à l’échelle de l’Europe.

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3 mars 2007 6 03 /03 /mars /2007 18:26

 

L’évolution des comptes de l’agriculture française

 Le Salon international de l’agriculture a ouvert ses portes ce matin à Paris. C’est le moment où la presse évoque les questions agricoles. Cette année, chacun s’interroge sur la succession du président Chirac. Mais aussi sur l’avenir de l’agriculture française, laquelle semble à la croisée des chemins. On a observé en 2006 un retournement de situation en faveur des agriculteurs (voir, sur ce blog, les articles du 26 décembre et du 22 janvier derniers, concernant le revenu agricole).

 Feu de paille ou évolution durable ? En fait, l’ampleur de ce rebond (+15%) est due, pour une bonne part, à l’accumulation des baisses de revenu (-30%) lors des sept années précédentes. Mais la décision d’affecter des surfaces et produits agricoles à la fabrication d’énergie n’y est pas pour rien ! On peut prévoir que cette tendance va se prolonger plusieurs années.

 Allons plus au fond du diagnostic de l’agriculture française, avec Lucien Bourgeois (APCA) qui a présenté, le 10 janvier 2007, devant ses collègues de l’Académie d’Agriculture de France, des documents chiffrés, introduits par ce titre optimiste « Le pire n’est pas toujours certain ».

 Ce qui ressort de ces tableaux de l’agriculture 

 - Le revenu agricole (plus précisément, le revenu net d’entreprise agricole par actif non salarié) s’est éloigné du revenu disponible par habitant depuis 1999. Auparavant, un rapprochement s’était opéré depuis 1994, après vingt ans d’un écart persistant entre les deux courbes.

 - La viticulture a tiré le revenu agricole moyen vers le bas depuis 1998 après l’avoir tiré vers le haut auparavant, depuis 1990.

 - Les disparités de revenu entre les exploitations (selon le type de production : céréales-oléagineux-protéagineux, maraîchage-fleurs, vins AOC, fruits, bovins lait, bovins viande, ovins, productions hors-sol – porcs, volailles) se sont réduites de 1998 à 2005, pendant que le revenu agricole moyen baissait de 30%.

 - L’emploi agricole (salarié et non salarié) a moins baissé depuis 1998, mais il est passé de 3,3 millions en 1960 à 2,3 millions en 1973, puis 1,3 million en 1992 et 870 000 en 2005. L’emploi salarié, entre 1960 et 2005, a beaucoup moins diminué (de 550 000 à 274 000) que l’emploi non salarié (de 2 700 000 à 596 000).

 - La productivité du travail a presque triplé de 1980 (indice 100) à 2006 (indice 262) pendant que celle du capital et des consommations intermédiaires est restée stagnante.

 - Les aides publiques (9,8 milliards € d’aides directes et de subventions en 2005) semblent avoir été intégralement réinvesties dans la consommation de capital fixe (équipements, matériels).

 - Le revenu net agricole annuel est passé de 31 à 12 milliards € entre 1970 et 2005 (monnaie 2005), pendant que les aides publiques augmentaient  de 9 milliards et les investissements se maintenaient (8 à 10 milliards).

 - Le prix des terres agricoles (en euros constants 2005) a augmenté de 1960 à 1980, puis baissé jusqu’en 1995, avant de remonter depuis dix ans.

 - Les excédents agroalimentaires proviennent principalement des secteurs viticole (6,7 milliards € en 2005) et céréalier (3,5 milliards) mais, en 1993, les deux secteurs étaient à égalité. Les vins et spiritueux formaient les deux tiers du solde des échanges agroalimentaires français en 1994. Ils en font 90% en 2005.

 Lors de la séance du 10 janvier de l’Académie d’agriculture, Lucien Bourgeois a conclu ainsi sa présentation.

 Les enseignements à tirer de l’actualité agricole 2006

 Le volume de la production agricole

 « L’opportunité énergétique montre que l’équilibre production - consommation est fragile et peut se retourner rapidement. Malgré la mauvaise coordination antérieure entre les politiques des céréales et celles de l’élevage en France, cela donne un sursaut conjoncturel pour les productions végétales affectées par la suppression des restitutions.

 Ce sursaut ne sera durable que si cela permet enfin une amélioration des liaisons entre ces deux secteurs en particulier sur la gestion des coproduits.

 L’importance du secteur viticole

 La viticulture est désormais l’atout majeur de la compétitivité de l’agriculture française sur les marchés extérieurs.

 Même en période de crise, l’excédent s’améliore. Il importe de faire un bilan objectif de cette performance atypique dans le développement récent de l’agriculture française. Ce secteur a apporté la preuve qu’on pouvait augmenter la valeur ajoutée et être compétitif à l’extérieur sans augmenter les volumes de production

 Il serait dommage de s’en remettre aux solutions faciles de la grande distribution (GMS) pour sortir de la crise par une stratégie de volumes à bas prix.

 La restructuration des exploitations

 L’agriculture française est désormais une des mieux structurées d’Europe.

 Néanmoins, la fuite en avant vers l’agrandissement, encouragée par le système d’aides, permet certes d’augmenter la productivité du travail mais pas celle des consommations intermédiaires et du capital. Il est étonnant de voir que, même pendant les phases de diminution du revenu, l’investissement reste orienté à la hausse.

 La restructuration pousse aussi à l’extensification des systèmes de production et donc à la spécialisation des agriculteurs sur la fourniture de matières premières.

 L’expérience montre que, dans un pays comme les USA, le nombre des exploitations ne baisse plus depuis 15 ans. Il y aurait donc une limite à la diminution. Mais la restructuration était un élément essentiel de la politique des revenus agricoles. Comment peut on maintenir les revenus sans cette diminution ?

 L’avenir de la production bovine 

La montée des cours des bovins est une conséquence favorable de la crise ESB (« vache folle ») à cause des abattages de vaches mais aussi une conséquence de la restructuration du troupeau laitier. Ces deux phénomènes sont conjoncturels.

 La persistance de cours favorables suppose un maintien efficace de la protection communautaire face aux importations.

 Elle suppose aussi une bonne coordination avec l’engraissement en Italie. Toutes ces raisons militeraient pour  un renforcement de la construction européenne. Or elle semble en panne, en particulier sur le plan économique. Une chose est sûre, la re-nationalisation serait une impasse. Il ne suffira pas de recourir à la seule stratégie « nationale » de type VBF (viande bovine française) quand l’essentiel de la production d’animaux maigres est exportée en Italie. 

 Les effets induits de la politique agricole 

Les aides de la politique agricole sont mieux utilisées qu’on ne le pense car elles favorisent en fait un effort étonnant d’investissement. Cela permet de maintenir et d’améliorer l’outil de production pour lui permettre de répondre au moindre coût à la demande des industries agroalimentaires (IAA). Non seulement cela procure une source de devises appréciable mais cela a un effet d’entraînement pour un circuit économique sophistiqué de nombreuses PME réparties sur tout le territoire. Mal connu par le système statistique actuel, la création d’emplois dans « l’alimentation » est actuellement parmi les plus performantes ».

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2 mars 2007 5 02 /03 /mars /2007 21:47

 

Le rôle nécessaire de l'Etat républicain

 

Jean-Pierre Chevènement est de plus en plus présent sur les médias et s’affirme avec brio comme l’un des meilleurs soutiens de Ségolène Royal. C’était évident mercredi soir sur La Chaîne Parlementaire (l’émission sera rediffusée demain à 12h15. Vidéo à voir sur www.chevenement.fr ).  

 Dans cet article, intéressons-nous au dossier Airbus, lourd de sens politique. Quel contraste entre les attitudes de Forgeard (ancien proche de Giscard d’Estaing) et de Gallois (ancien proche de Chevènement) ! Louis Gallois a été appelé au chevet d’EADS et, constatant l’état du malade, se voit contraint à procéder à une opération chirurgicale afin de redresser l’entreprise.

 Une anecdote concernant Louis Gallois

 Il y a vingt ans, cet homme qui  venait de quitter son poste de directeur de l’industrie après la défaite de la gauche en 1986, était venu à St-Berthevin animer une réunion-débat sur la politique industrielle. Il m’avait demandé de le présenter sous le nom de Louis Vincent, par souci de discrétion (il travaillait alors avec des chefs d’entreprise, avant d’être nommé président d’un groupe public). Il y avait beaucoup de salariés dans la salle du Centre de Rencontres, qui s’étaient exprimés en fin de réunion. Grâce à Georges Garel, nous avons un enregistrement sonore de cet événement.

 L’intervention  de Louis Gallois avait été d’une remarquable limpidité, notamment à propos des spécificités respectives des économies allemande et française. Jean-Pierre Chevènement ne s’était pas trompé en le nommant, en 1981, directeur de son cabinet au ministère de la Recherche et de la Technologie, puis de l’Industrie.

Mais revenons à Airbus. Voici ce qu’écrivait JP Chevènement, hier, à ce sujet (www.chevenement.fr ).

 « L'Airbus A 350 ne pourra être développé sans la contribution des Etats »

 « Le plan d'économies annoncé par Louis Gallois ne permet pas ce financement. Quand j'entends M. Sarkozy déclarer dans sa conférence de presse d'hier : « Les Etats ne sont pas les actionnaires les mieux avisés », je me demande si je rêve. Est-ce que M. Arnaud Lagardère et M. Forgeard qui ont vendu leurs actions avant que soient révélées les difficultés de l'A 380 sont « des actionnaires avisés » ? Pour ce qui est de la gestion de leur patrimoine personnel certes ! Mais pour l'avenir de l'entreprise EADS-Airbus certainement non !

Nous sommes bien là en présence de cette tendance fondamentale au court-termisme qui caractérise la gestion du « capitalisme patrimonial » cher à Alain Minc. Les actionnaires se paient d'abord, peu importe l'avenir de l'entreprise, ses investissements, sa recherche, le renouvellement de sa gamme de produits, ses salariés, leur qualification et leur formation. Ainsi s'opère la déconnection des entreprises et des territoires. 
Les avions d'Airbus sont fabriqués déjà à 40 % dans la zone dollar. Le processus d'externalisation engagé par la vente de certaines usines ne peut conduire qu'à l'accélération du processus de délocalisation vers les pays à bas coût de main d'œuvre. On observe la même tendance avec Alcatel-Lucent qui supprime 10 000 emplois dans le monde dont 90 % en Europe et aux Etats-Unis où la main d'œuvre est la plus chère.

Comment contrarier cette tendance générale au « court-termisme » et à la délocalisation ?

Par une politique de l'euro d'abord qui remédie à sa surévaluation. Ensuite par une vigoureuse politique d'aide à la recherche-développement : celle-ci implique forcément l'intervention des Etats. C'est une bonne chose que l'actionnariat allemand inclue maintenant une forte participation publique.

 C'est à travers une vigoureuse politique industrielle essentiellement à base franco-allemande qu'Airbus pourra être relancé et que le développement de l'A 350 qui commande l'avenir de l'emploi pourra être financé. Ségolène Royal faisait observer l'autre jour que si la réglementation actuelle de la concurrence par la Commission avait prévalu au début des années soixante-dix, jamais les Etats français, allemand, britannique, n'auraient pu financer par avances remboursables le développement d'Airbus qu'on célèbre comme une réalisation de « l'Europe », en oubliant que dès l'origine, ce fut l'affaire des Etats.

Ceux-ci n'ont pas à abdiquer leur rôle. Plus que jamais face à la concurrence de Boeing, largement subventionné par le budget de la Défense américaine il convient que les grands Etats européens se concertent pour sauver la construction aéronautique sur notre continent et les emplois qu'elle représente.

Aller dans le sens de M. Sarkozy, celui de l'actionnariat privé, ce serait vouer EADS-Airbus à subir demain le sort de Péchiney et d'Arcelor, en passant sous le contrôle des fonds de pension, anglo-saxons ou autres. Etrange conception de la défense des intérêts nationaux et européens » !

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1 mars 2007 4 01 /03 /mars /2007 16:33

 

La gauche a besoin du courant républicain civique

 

Sur www.chevenement.fr , Jean-Pierre Chevènement a répondu hier à ceux qui lui reprochent son excès de gentillesse à l’égard de Lionel Jospin, lequel aurait posé comme condition à son entrée dans l’équipe du pacte présidentiel le fait que le président d’honneur du MRC n’y figure pas. Il affirme n’éprouver aucun ressentiment à l’égard de Lionel Jospin et ne pas avoir « avalé son chapeau » qu’il porte parfois sur sa tête… Voici un extrait de l’article du 28 février sur son blog.  

« Ma réponse sera simple : j'ai demandé à Ségolène Royal d'être chargé de la « coordination des interventions thématiques » et rien de plus, ce qu'elle m'a accordé. Je pense ainsi à me rendre utile. Dans la phase actuelle, il m'a semblé que le message de la candidate était la chose la plus importante et il me semble naturel de mettre mon expérience à son service. J'aimerais qu'il en aille de même pour tous les autres.

C'est pourquoi la création de « l'équipe du pacte présidentiel », composée de treize dirigeants socialistes, me paraît une bonne chose, en ce qu'elle clôt la phase de tensions internes au PS, liée à la désignation du candidat le 16 novembre dernier. Il aura fallu trois mois pour convaincre les concurrents malheureux de Ségolène Royal de se mobiliser. L'essentiel est qu'ils se mobilisent, y compris Lionel Jospin.

 Que celui-ci ait mis comme condition de sa participation le fait de ne pas s'y trouver avec moi, témoigne d'une fixation malheureuse de sa part et d'une incapacité persistante à analyser les causes de son échec. Le fait que seulement 11% des ouvriers aient voté pour lui le 21 avril 2002 devrait le faire réfléchir davantage.

Qu'on le veuille ou non, la gauche plurielle (1997-2002) appartient à l'Histoire et non à la comédie de boulevard ou au spectacle de grand guignol. Il peut être tentant de transformer les problèmes politiques en problèmes moraux : cette approche moralisante des problèmes politiques permet peut-être de préserver un certain capital narcissique. Elle ne permet pas de comprendre la société ni le sens des évènements.

 De longue date, Lionel Jospin et moi-même avons eu des désaccords : sur le tournant libéral de 1983, sur la guerre du Golfe, sur l'Europe, qu'il s'agisse du traité de Maastricht ou de la Constitution européenne, sur le voile, la Corse, c'est-à-dire sur la conception républicaine de la nation. Cela ne m'a pas empêché de chercher avec lui, de 1995 à 2000, le dépassement positif de ces divergences, ce qui n'a malheureusement pas été possible. Je laisse aux historiens le soin de définir les responsabilités. Quand on n'analyse pas les causes d'un échec on est condamné à le reproduire.

 Heureusement Ségolène Royal a clairement situé l'enjeu : la reconquête des couches populaires et de dépassement du clivage du « oui » et du « non », par le redressement économique de la construction européenne.

L'échec du 21 avril 2002 n'a pas été seulement l'échec de Lionel Jospin, il a été aussi le mien, celui de l'affirmation d'un courant républicain civique dont l'absence manque cruellement à la gauche depuis deux décennies. Non que mon score ait été déshonorant (5,34 % des voix, plus de 1,5 millions d'électeurs). Faut-il rappeler que Bayrou, avec l'UDF derrière lui, a réuni 6,8 % des voix en 2002 ? Mais je suis bien obligé de constater que le maintien de ce courant républicain civique, lancé avec le Ceres, puis « Socialisme et République », puis le Mouvement des Citoyens, le Pôle Républicain, et enfin le Mouvement Républicain et Citoyen, s'est révélé une entreprise difficile même si, sur la longue durée, nous avons pu marquer des points (Irak, Corse, laïcité, Constitution européenne, etc.).

Nous continuons le combat avec Ségolène Royal qui a évidemment besoin d'autres soutiens mais qui a aussi besoin du nôtre, non seulement pour réaliser le dépassement du « oui » et du « non » au projet de Constitution européenne le 29 mai 2005, mais aussi pour qu'en tous domaines la référence aux valeurs républicaines se traduise dans les actes.

C'est en pleine lucidité que j'ai choisi de privilégier, derrière Ségolène Royal, l'union et le rassemblement sur la ligne politique de
l'accord MRC-PS du 9 décembre 2006 plutôt que d'entretenir des polémiques inopportunes. La seule priorité est aujourd'hui de faire élire Ségolène Royal. Après, on verra. Pour le moment, mon chapeau, vous le constaterez à l'occasion, reste bien vissé sur ma tête ».

 « Question d’info » rediffusée…

 Par ailleurs, je ne suis sans doute pas seul à avoir constaté que Jean-Pierre Chevènement a été particulièrement tonique hier soir dans l’émission télévisée « Questions d’info » sur La Chaîne Parlementaire.

 A noter que cette émission sera rediffusée le 2 mars de 15h à 15h45, le 3 mars de 12h15 à 13h et le 4 mars de 0h15 à 1h.

 La question Bayrou lui a, bien sûr, été posée. Sur son blog, le 26 février, il s’était exprimé ainsi.   

  A propos de Bayrou…

 « Seule Ségolène Royal déclare vouloir dépasser le clivage du « oui » et du « non » par une réorientation économique de la construction européenne. Sarkozy entend clairement faire voter par le Parlement, dès l'été 2007, les dispositions institutionnelles qui figuraient dans la première partie du projet de Constitution européenne, alors que Ségolène Royal s'est engagée à consulter le peuple par référendum sur un éventuel traité purement institutionnel. Des trois, François Bayrou me paraît le « oui-ouiste » le moins repenti.

 Son succès actuel dans les sondages provient moins de l'originalité de son programme (le mien, en 2002, visait clairement le redressement de l'Europe, en particulier par une réforme des statuts de la Banque Centrale). Ce succès sondagier se fonde sur la double réticence de l'électorat à l'égard des deux partis dominants. Il traduit plus un rejet qu'un projet. Il est voué à s'effriter au fur et à mesure que son absence de différence ressortira davantage et que le « vote utile » pour une gauche de changement ou pour une droite s'affichant de plus en plus clairement comme telle, progressera dans les esprits ».

 Puis, le 27 février, toujours sur www.chevenement.fr  :

 « M. Bayrou ne parle jamais des délocalisations industrielles. C'est un signe, non ? En revanche, il propose d'inscrire l'équilibre des finances publiques dans la Constitution. C'est ce que demande, comme par hasard, la Présidente du MEDEF, Mme Parisot.
Il y a un mauvais usage des Constitutions : celui qui consiste à y inscrire les politiques à suivre et non pas seulement les règles du jeu. On l'a vu avec le projet de « Constitution européenne ». On connaît la suite. M. Bayrou veut remettre ça » !
 

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28 février 2007 3 28 /02 /février /2007 15:34

 

La santé ne doit pas devenir un luxe

 Dans un article paru le 25 février sur ce blog, Elie Arié faisait 7 propositions pour remédier aux problèmes de l’assurance maladie. Sur ce même thème de la santé et de la sécurité sociale, j’ai lu avec intérêt dans le journal en ligne www.gaucherepublicaine.org des amis de ReSPUBLICA, numéro 515 , sous la signature de Raymond Mari, un article intitulé « La santé, un luxe désormais ? » qui pose bien le problème de la responsabilité de l’Etat (et donc du président  de la République qui sera placé par les citoyens à la tête de l’Etat le 6 mai prochain) dans la façon dont cette question de la santé va être prise en considération dans les cinq ans qui viennent.

 Dans ce texte, l’auteur semble s’adresser, sans la nommer, à Ségolène Royal. Aussi me semble-t-il nécessaire de rappeler les propositions que la candidate du PS, du MRC et du PRG, a présentées à Villepinte le 11 février (à lire après le texte de Raymond Mari).

 « La santé, capital individuel et collectif »  

 

« Que l'on soit riche ou pauvre, quel souhait formule-t-on prioritairement ? La santé, puisque c'est la condition primordiale de la capacité d'exister, d'espérer.

 Capital individuel, inégalement réparti, la santé est aussi une richesse collective. C'est elle qui garantira la faculté du collectif à consommer et à produire. C'est le niveau sanitaire d'une population qui lui évitera les catastrophes épidémiques.

 Une protection sociale efficace, pour instaurer le droit à la santé 

 Pendant le XXème siècle, plus particulièrement à l'issue de la seconde guerre mondiale, ce sont ces évidences qui ont conduit les politiques à développer simultanément les équipements sanitaires et le dispositif de protection sociale destiné à favoriser l'accès aux soins pour tous.

 Car la santé a un coût, de plus en plus important, dont la charge serait incompatible avec des ressources individuelles. A cet effet, nous nous sommes dotés d'un système de Sécurité Sociale utilisant des mécanismes de solidarité. La collectivité se substitue à la personne malade et chacun est soigné selon ses besoins et non selon ses moyens.

 Un droit à la santé bafoué, un débat occulté 

C'est le principe qui a présidé à l'institution de l'Assurance Maladie en 1945. Mais un principe battu en brèche depuis quelques décennies. Un principe carrément nié depuis quelques années sous les coups d'un libéralisme cynique qui sape avec opiniâtreté le service public de la protection sanitaire et sociale.

 Alors que nous sommes en période pré-électorale pour deux échéances décisives, la présidence de la République tout d'abord, puis, les législatives, le débat de fond sur les défauts de notre protection sanitaire et sociale sont occultés par l'ensemble des forces politiques. Quelques grands principes évoqués ici ou là, des mesures ponctuelles qui sont autant d'arbres qui cachent la forêt.

 Pas ou peu d'analyses élaborées sur le financement qui comporte pourtant tellement d'interrogations et d'imperfections. Rien ou presque sur la dégradation de la couverture des dépenses de santé et sur le glissement du domaine de la solidarité vers l'assurance individuelle privée.

 Une certitude : l'avènement du libéralisme dégraderait l'accès aux soins  

Dans les choix qu'ils devront faire pour désigner leurs représentants, nos concitoyens disposent d'une seule certitude : Si la droite libérale représentée par le candidat de l'UMP ou par le candidat centriste arrive au pouvoir, la politique menée depuis 2002 sera aggravée.

Une politique qui s'est traduite par une augmentation des prélèvements (la CSG), par la prolongation de la dette sociale dont les cotisations pèsent sur les salaires, par la forte progression du coût des assurances complémentaires.

 Le triste bilan de la politique mise en oeuvre ces dernières années  

Une politique particulièrement sournoise qui fait basculer la santé dans le domaine d'un marché libéral, où, évidemment, les malades sont confrontés à leurs limites financières. En réduisant le remboursement des soins (médicaments et autres), en taxant les malades de forfaits divers et variés (forfait hospitalier, 1Euro jusqu'à concurrence de 50 Euros par an, 18 Euros sur les actes lourds), en favorisant la dérive des honoraires médicaux par rapport aux tarifs de remboursement, la protection sociale solidaire (la sécu) se rétrécit.

 Pour la part des dépenses qui n'est pas remboursée, les ménages sont confrontés à la dure loi des assurances complémentaires. En comptant les titulaires de la CMUC, 8% de nos ressortissants n'ont pas de complémentaire. Pour ceux qui en disposent, 60% des assurés sont faiblement couverts et pas ou peu pour les dépassements tarifaires qui augmentent de 10% par an depuis 20 ans.

 Alourdissement des prélèvements, réduction des remboursements, recul de la solidarité.  

En fin de compte, après intervention de l'assurance maladie obligatoire et des assurances complémentaires, il reste environ 13 milliards d'Euros à la charge des ménages ... ! En conséquence, 15% de nos concitoyens renoncent fréquemment à se soigner (30% des chômeurs).

 Médecine pour les riches ? Charité pour les pauvres ?  

En ce qui concerne les équipements sanitaires, ces dernières années voient se profiler le spectre redoutable d'une médecine à plusieurs vitesses où ceux qui en ont les moyens pourront accéder à des équipements privés (cabinets libéraux, cliniques, etc...) suréquipés et onéreux et les autres (de plus en plus nombreux) seront confrontés à des dispositifs publics (hôpitaux, dispensaires) auxquels on attribuera avec parcimonie des budgets indigents.

 Pas de surprise donc sur les projets du candidat de l'UMP qui, malgré une prudence de circonstance, a réaffirmé par exemple ses choix pour le prélèvement d'une franchise individuelle (100 Euros par personne ?) et pour la liberté des honoraires médicaux.

 Obligeons les politiques alternatives à se prononcer et à agir  

Mais face à ces options extrêmement graves pour le droit à la santé, où sont les propositions précises, argumentées, pour consolider le financement des dépenses de santé qui, avant d'être une dépense, sont un formidable investissement social ?

 Quelles sont les mesures qui permettraient de favoriser l'exercice médical (médecine de groupe, abandon du paiement à l'acte pour un financement des praticiens à la capitation, etc...) ? Si l'on conserve ce paiement à l'acte, comment et dans quel délai réintégrer la rémunération des actes médicaux dans le cadre strict de tarifs opposables ?

 Quelles mesures concrètes, pour restaurer le fonctionnement de nos hôpitaux publics, fleuron de notre dispositif sanitaire, aujourd'hui fortement dégradé ? Comment modifier une focale actuellement essentiellement curative, vers une action sanitaire préventive et environnementale ?

 Restaurer le service public de la santé. Reconstituer la solidarité.  

Par quel moyens en fin de compte, remettre la santé au coeur des obligations de l'Etat et la solidarité au coeur des Hommes pour leur progrès et celui des générations à venir ? Si par crainte d'une action politique courageuse, les candidats aux responsabilités esquivent ces questions fondamentales, il appartient à chacun d'entre nous de les contraindre à y répondre ».

 Les propositions de Ségolène Royal (www.segoleneroyal2007.net)  

 

La santé pour tous  

36- Mettre en œuvre un grand plan de prévention et de recherche des maladies graves (cancer, SIDA, Alzheimer, maladies orphelines). 37- Assurer de façon pérenne le financement de l'hôpital public, de manière à lui permettre de faire face à toutes ses missions en veillant à l'égalité territoriale d'accès aux soins. 38- Créer des dispensaires, notamment dans les zones rurales.

 39- Mettre en œuvre une carte santé jeune 16/25 ans ouvrant droit à la gratuité d'une consultation par semestre. Contraception gratuite pour les jeunes femmes de moins de 25 ans. 40- Renforcer les moyens de la médecine scolaire et universitaire, et de la médecine du travail. 41- Réaffirmer le droit à la CMU et sanctionner les refus de soins. 42- Adapter les conditions d'attribution de l'allocation adultes handicapés (AAH) aux maladies évolutives à diagnostic incertain.

 43- Mettre en œuvre une politique de lutte contre l'obésité, fondée sur une détection précoce et des actions sur la qualité de l'alimentation. 44- Rétablir les moyens supprimés par la droite pour les soins aux étrangers en situation irrégulière, pour des raisons de dignité et de santé publique. 45- Négocier avec les partenaires sociaux le renforcement de l'indépendance de la médecine du travail. 46- Défendre l'accès aux soins des malades dans les pays en développement, par la promotion de médicaments génériques moins coûteux.

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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 12:20

 

Le droit d’un Etat de décider de sa politique agricole et alimentaire

 Ces jours-ci, sur ce blog, j’ai évoqué à plusieurs reprises la politique agricole et alimentaire, en guise de travaux pratiques après la présentation du texte d’orientation d’une nouvelle politique agricole (voir en page d’accueil du site national du MRC www.mrc-france.org ou, sur ce blog, l’article mis en ligne le 22 février dernier).

 Aujourd’hui, nous allons nous arrêter sur le thème de la souveraineté alimentaire, à partir de l’initiative présentée, ci-après, par Ibrahim Coulibaly, qui préside le Comité national des organisations paysannes professionnelles (Cnop) du Mali. Ces informations proviennent du quotidien Libération, en date du 23 février, sous la plume de Eliane Patriarca.

 Le Forum pour la souveraineté alimentaire

 « Jusqu'au 27 février, à l'initiative d'un collectif de mouvements paysans, de la Marche mondiale des femmes, de divers mouvements de pêcheurs et de l'ONG Amis de la Terre international, quelque 600 délégués venus d'une centaine de pays vont plancher, en ateliers, sur le concept de souveraineté alimentaire. Lancé en 1996 à Rome, durant le sommet mondial de l'alimentation de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), par le mouvement paysan international Via Campesina (représenté au Forum par José Bové), il désigne le droit des peuples à définir leurs propres politiques en matière d'alimentation et d'agriculture, le droit aussi à protéger la production et le commerce agricole intérieur.

Ce forum se tient en Afrique parce que l'agriculture y occupe une place centrale, alors que de nombreuses familles souffrent de la faim. Et au Mali car c'est le premier pays à avoir fait de la souveraineté alimentaire la priorité de sa nouvelle loi d'orientation agricole. Ibrahim Coulibaly présente les objectifs de cette rencontre.

 Pour le Mali, que signifie la souveraineté alimentaire ? 

 Le droit de décider de notre politique agricole et alimentaire sans nous référer aux Etats-Unis ou à l'Europe ; le droit pour les 70 % de paysans de la population malienne de vivre du fruit de leur travail et de pouvoir vendre leurs produits sur le marché local ; le droit de se protéger du dumping.

 Cela implique une nouvelle agriculture ? 

 Oui, nous voulons que les paysans puissent accéder librement aux ressources naturelles du pays, comme l'eau. Nous préconisons une gestion durable de ces ressources qui sauvegarde le potentiel productif de notre terre et non un système productiviste fondé sur l'utilisation de pesticides. Le Cnop milite contre les OGM et pour le libre échange des semences entre les paysans, car nous refusons d'être dépendants des multinationales de l'agrochimie et de l'agroalimentaire.

 Le coton est un exemple des ravages subis par l'Afrique... 

 Le coton est une culture qui rapporte des devises au Mali mais c'est une douleur pour les paysans. Imposée brutalement par la colonisation puis aujourd'hui par le marché et les organismes internationaux, cette culture abîme le sol, demande beaucoup de pesticides et d'engrais, et est vendue à un prix si indécent que les paysans maliens ne peuvent en vivre et n'ont plus de quoi manger. Et les devises que rapporte le coton au Mali servent à acheter du riz à l'Asie pour nourrir les Maliens. C'est une aberration !

 Qu'attendez-vous du Forum ? 

 Le concept de souveraineté alimentaire doit être approfondi, secteur par secteur, afin d'être intégré dans les politiques agricoles en Asie, en Afrique, en Amérique latine. Nous allons définir un agenda des actions à entreprendre pour transformer ce principe en réalité et obtenir sa reconnaissance comme droit spécifique par les Nations unies ».

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26 février 2007 1 26 /02 /février /2007 12:23

 

Pour une véritable politique alimentaire liée à la santé

 Après avoir présenté sur ce blog, le 24 février, le point de vue de Lucien Bourgeois (APCA) sur la nécessité de relier Politique agricole et Politique alimentaire, en prenant en compte la problématique de santé publique, je propose aujourd’hui des travaux pratiques sur le problème de l’obésité.

 Désormais, nous allons devoir forger le concept de politique « agri - alimentaire » (agricole et alimentaire) commune pour caractériser la future PAC. En fait, la PAC est devenu environnementale et rurale depuis une quinzaine d’années. Mais elle n’a pas intégré l’objectif d’équilibre alimentaire en lien avec la santé publique.

 Le 31 janvier dernier, je lisais sur www.liberation.fr cet article signé par Vincent Réquillard, chercheur à l’Institut d’économie industrielle, directeur de recherches à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), qui met en évidence une « aberration : les pouvoirs publics incitent à la consommation de fruits et légumes, mais c’est le prix des graisses et des sucres qui baisse ». Les intertitres sont de ma composition.

 « La politique agricole, fabrique d’obèses »

 « L'obésité est considérée comme un des problèmes majeurs de santé publique pour les années à venir. On parle d'une épidémie. Une de ses causes est la surconsommation de graisses et de sucres et une sous-consommation de fruits et légumes.

 Mais dans l'Union européenne, les prix du sucre et des produits d'origine animale diminuent aujourd'hui très rapidement, tandis qu'on maintient toujours à des niveaux élevés ceux des fruits et légumes. Vous avez dit absurde ?

 Baisse des prix du sucre et du beurre

 35% : c'est la baisse du prix du sucre programmée d'ici à trois ans. 25% : celle du beurre, depuis 2004. Bien sûr, ni vous ni moi n'allez-vous mettre à augmenter brutalement votre consommation de beurre et de sucre en raison de cette baisse des prix. Vous en êtes certains. Vos dépenses alimentaires ne constituent qu'une part réduite de votre budget. Vous raisonnez santé et non pas petits prix. Mais est-ce bien vous qui contrôlez le contenu de votre assiette ? Si vous préparez vous-même l'ensemble de vos repas, vous êtes vraiment un oiseau rare.

 Consommation et prix varient dans le même sens

 En réalité, toutes les études le montrent : à moyen terme, la consommation des produits alimentaires varie en fonction de leurs prix relatifs. Les ménagères aux revenus modestes cherchent souvent les prix les plus bas. Et nos cuisiniers préférés à tous, les industriels de l'agroalimentaire, même s'ils affichent volontiers leur intérêt pour notre ligne, modifient leurs recettes en fonction des variations de prix des matières premières, dès lors qu'ils parviennent à préserver les qualités gustatives et l'apparence de leurs produits. Ils n'ont pas d'habitudes bien ancrées. Ils arbitrent au meilleur coût.

 La préoccupation du soutien aux revenus des agriculteurs

 Et la politique agricole européenne actuelle va les inciter à avoir désormais la main lourde sur le sucre et les produits d'origine animale. Si les prix de ces produits avaient été longtemps maintenus élevés, c'était en réalité pour soutenir le revenu des agriculteurs européens, et non pour assurer la bonne santé de nos artères. La récente réforme de la politique agricole qui remplace le soutien des prix agricoles par des aides directes aux producteurs, va laisser les tarifs du sucre, du lait, du beurre se rapprocher peu à peu de ceux en vigueur sur le marché mondial.

 Une réforme justifiée

 Cette réforme est justifiée car le maintien des prix de ces produits à des niveaux déconnectés des prix mondiaux était source de nombreux surcoûts (surproduction, production dans des zones peu propices, etc.). Mais au moment où les pouvoirs publics lancent des campagnes de communication coûteuses pour inciter les consommateurs à manger fruits et légumes afin d'éviter diabète et maladies cardio-vasculaires, déguster une pomme, une tomate ou un melon va bientôt devenir une sorte de luxe.

 Les fruits et légumes pour un bon équilibre alimentaire

 Une prise de conscience est urgente. Il est aberrant de découpler ainsi politique agricole et politique de santé publique. La première met en place un système de prix relatifs défavorables à la consommation de fruits et légumes alors que la seconde recommande leur consommation. La politique agricole a intégré des préoccupations environnementales, puisque les aides aux revenus sont conditionnées au respect d'un certain nombre de pratiques soucieuses de l'environnement. Il faut désormais intégrer un objectif d'équilibre alimentaire, et donc parvenir à faire baisser les prix des fruits et légumes, lorsque chutent ceux du sucre et du beurre.

 Le rôle des pouvoirs publics

 L'intervention publique est justifiée par le fait que les acteurs privés, les industries agroalimentaires en l'occurrence, n'intègrent pas dans leur décision les conséquences qu'ils font subir aux autres. L'exemple du tabac ou de l'alcool est là pour le rappeler. De multiples solutions sont envisageables, il est nécessaire d'en établir explicitement les implications puisqu'aucune ne recueillera un soutien de tous. Il y aura des perdants et des gagnants.

 Des solutions possibles

 Quelques pistes : diminuer ou supprimer les taxes sur les fruits et légumes, taxer davantage le beurre et le sucre pour financer les actions en faveur des fruits et légumes, faciliter leurs importations en provenance de pays à bas coûts si ceux-ci s'engagent à respecter des normes sociales et sanitaires, inciter spécifiquement les populations défavorisées à consommer davantage de fruits et légumes, allouer différemment les aides directes aux revenus des agriculteurs (7,7 milliards d'euros en 2005 en France!) pour que les producteurs de fruits et légumes puissent en bénéficier...

 Le souci de prendre en compte l’intérêt général

 Chacune de ces solutions a un coût financier ou politique immédiat. Ne rien faire aura un coût social à moyen terme. Les Français dépensent déjà plus de 5 milliards d'euros par an pour le traitement des conséquences de l'obésité. Il est urgent d'intégrer ce coût social dans la définition d'une véritable politique alimentaire ».

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25 février 2007 7 25 /02 /février /2007 11:43

 

Les prescriptions du docteur Arié pour la Sécu

 Ce « point de vue » dans la rubrique « Rebonds », paru sur www.liberation.fr le 22 février, m’avait échappé. Heureusement, son auteur m’a transmis son texte, intitulé « Ce que les candidats à la présidentielle devraient prendre en compte ». Il traite d’un thème particulièrement important : la politique de la santé et son bras armé, l’assurance maladie. Ces propositions visent à remédier aux insuffisances et incohérences de notre système de santé, en repoussant le traitement libéral du candidat de l’UMP, dont le porte-parole n’est autre que le ministre de la santé.

 Elie Arié est cardiologue, enseignant associé à la chaire d’économie et gestion des services de santé au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), ancien secrétaire national du Mouvement républicain et citoyen (MRC).

 Il avait publié, dans L’Humanité du 25 janvier 2007, une « tribune libre » intitulée « On ne choisit pas d’être malade » (voir l’article mis en ligne le 28 janvier sur ce blog). Ses réflexions sont d’un grand intérêt, deux mois avant l’élection présidentielle.

  « Sept propositions pour l’Assurance Maladie »

 « Après l'invocation des mânes de Jaurès et de Blum, en attendant, si cela ne suffisait pas, celles de Trotski et de Kim-Il-Sung, la dernière mode, à l'UMP, consiste à minimiser les différences entre son programme et celui de Ségolène Royal, sans aller toutefois jusqu'à en tirer la conséquence logique, qui consisterait à appeler à voter pour elle.

 Voyons ce qu'il en est dans un domaine qui intéresse au premier chef les Français, celui de la santé (insuffisamment évoqué dans cette campagne pour 80 % d'entre eux, selon « Le Monde » du 26.01.07). Elle fait l'objet de 11 des 100 propositions de Ségolène Royal, et d'un mutisme total de Xavier Bertrand, porte-parole (si l'on peut dire) de Nicolas Sarkozy, sans doute parce qu'il est ministre de la Santé.

 Une seule déclaration de Nicolas Sarkozy: « Responsabiliser financièrement les assurés», en créant une franchise de plus, non remboursable par les assurances complémentaires, sur une consommation qui, pour l'essentiel, est subie : on ne choisit pas d'être malade.

 Or ce projet est à la fois anticonstitutionnel et incompatible, par l'interdiction du remboursement de cette franchise par les organismes complémentaire, avec le traité de l'Union européenne sur la liberté d'assurance que l'ancien assureur Xavier Bertrand semble ignorer; mais que cela ne mette surtout pas un frein à la campagne médiatique sur l'« incompétence » présumée de Ségolène Royal. Mais surtout, cette unique proposition relève bien d'un choix de société dans le droit fil de l'action menée depuis cinq ans, radicalement opposé au nôtre. Les gouvernements de droite, depuis cinq ans, n'ont cessé de déréguler la prise en charge des soins courants.

 Voici les problèmes essentiels de l'assurance-maladie française auxquels la gauche devrait s'atteler:

 Le financement

 1- Son financement, assuré à l'origine par les seuls revenus du travail, est devenu déséquilibré à partir du moment où les revenus du capital les ont rejoints ou dépassés; la CSG avait pour objectif de pallier cette injustice, mais elle ne finance aujourd'hui l'assurance-maladie qu'à 40%; il convient de basculer la totalité des cotisations sociales sur la CSG, et de remplacer les cotisations patronales par une taxe sur la valeur ajoutée, de façon à ne pas pénaliser les entreprises à forte main-d'œuvre.

 Le déficit

 2- Le déficit chronique de l'assurance-maladie de 10 milliards d'euros par an, plus élevé que la totalité du budget de l'enseignement supérieur, est inacceptable en termes de solidarité intergénérationnelle; l'Etat devra compenser intégralement les exonérations de charges consenties aux entreprises, sa dette annuelle envers la Sécurité sociale dépassant 6 milliards d'euros par an, car le système de soins n'est pas une vache à lait ayant vocation à financer des emplois dans d'autres secteurs; il appartiendra au Parlement de faire les choix du contenu d'une politique de santé lorsqu'il votera l'ONDAM , qui ne peut se limiter au vote symbolique et aveugle d'un chiffre prévisionnel de dépenses toujours dépassées sans sanctions autres que celle des assurés.

Les spécialistes

 3- Les spécialistes médicaux, aux honoraires aujourd'hui pratiquement libres, devront choisir entre réintégrer le système conventionnel avec ses avantages et ses contraintes, ou en sortir : tout assuré social devra, comme c'était le cas autrefois et c'est toujours le cas dans tous les pays développés, être normalement remboursé des sommes réellement payées lorsqu'il consultera un spécialiste conventionné.

 Les généralistes

 4- Les médecins généralistes joueront réellement leur rôle tant de fois promis de « pivot du système de soins », par le rétablissement du système de médecin référent supprimé par la réforme Douste-Blazy, qui alliait évaluation de la qualité des soins, obligation d'une formation médicale continue, et forfaitisation de la part de leurs revenus correspondant à leur activité de prévention, aujourd'hui inexistante car incompatible avec le paiement à l'acte.

 La démographie médicale

5- La démographie médicale, souffre non pas de pénurie, mais d'une répartition inégalitaire sur le territoire (ainsi que d'une ventilation par spécialités établie en fonction des souhaits des étudiants, et non des besoins de la population); les incitations financières à l'installation étant fatalement vouées à l'échec, l'assurance-maladie pratiquera, comme dans d'autres pays européens, le conventionnement sélectif en fonction des besoins géographiques, et facilitera la mise en place de regroupements rendant les conditions d'exercice plus attractives dans les zones rurales.

 Le réseau hospitalier

 6- La restructuration du réseau hospitalier le plus dense du monde sera poursuivie, avec le même objectif de pallier les inégalités géographiques et d'assurer à chaque établissement la qualité et la sécurité des soins; si le principe de budgétisation de chaque hôpital en fonction de son activité réelle ne sera pas remis en cause, la montée en charge de la tarification à l'activité ne se poursuivra que lorsqu'un système efficace pour empêcher l'exclusion des malades non rentables aura été mis en place.

 Le médicament

 7- La politique du médicament s'attachera prioritairement à rendre la formation médicale post-universitaire indépendante de sa prise en main complète, grâce à Xavier Bertrand, par l'industrie pharmaceutique, et de limiter le marketing de plus en plus pesant de cette dernière, tant auprès des médecins que des patients; lorsqu'un médicament identique est commercialisé par plusieurs laboratoires, le remboursement se fera sur la base du prix de celui qui est vendu le moins cher ; de même, les hôpitaux retrouveront leur droit de faire jouer la concurrence par les prix pour leurs achats de médicaments identiques, droit qui leur a été retiré par le très « libéral » Jean-François Mattéi.

 C'est très volontiers que nous laissons à Nicolas Sarkozy et à Xavier Bertrand la possibilité de prendre connaissance de ces propositions, en leur précisant qu'elles ne sont protégées par aucun brevet, et qu'ils sont parfaitement libres de les « génériquer » (Version raccourcie) ».

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24 février 2007 6 24 /02 /février /2007 16:40

 

La PAC et l’alimentation, un lien à créer   

 

Lucien Bourgeois est responsable des études économiques et de la prospective à l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA) www.apca.chambagri.fr . A plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion de me référer à ses écrits et exposés très nombreux (voir sur ce blog les articles mis en ligne les 23 novembre et 26 décembre 2006, ainsi que le 22 janvier 2007). 

Il vient de m’adresser des documents qu’il a présentés aux séances du 10 janvier et du 14 février 2007 de l’Académie d’Agriculture de France, dont il est membre. Les premiers concernent  le revenu agricole 2006. J’y reviendrai. Dans l’immédiat, je propose de reprendre son intervention en conclusion de la séance du 14 février sur le thème de « l’économie de l’alimentation dans les pays industrialisés ».

 Le sigle PAC devrait signifier « Politique alimentaire commune » 

« Merci à nos trois intervenants de leur apport très intéressant sur un sujet rarement abordé, l’économie de l’alimentation.

 L’idée de cette séance m’était venue en assistant avec notre collègue Raymond FEVRIER à un colloque sur ce thème de l’Institut Français de la Nutrition fin 2005 organisé principalement par Pierre COMBRIS.

 Le colloque de l’IFN permettait de montrer que l’alimentation restait au cœur des préoccupations de la société. C’est elle qui donne encore aujourd’hui sa légitimité aux politiques agricoles.

 Pierre COMBRIS nous a expliqué que notre régime alimentaire avait beaucoup évolué au cours du temps. Il a montré aussi que cette évolution avait été conditionnée par le prix des produits et en particulier le prix relatif.

 France CAILLAVET nous a montré les profondes inégalités au sein même de nos pays industrialisés. Ce sont en effet les catégories les plus défavorisées qui paient le plus lourd tribut à l’obésité croissante dans nos sociétés. Le journal Libération titrait à propos d’un colloque qui vient de se tenir à Créteil sur ce thème « Mince comme un riche ». 

Louis - Georges SOLER nous a montré aussi que les politiques de santé vont prendre dans nos sociétés une place de plus en plus importante et qu’elles vont peser nécessairement sur les politiques d’alimentation et donc sur les politiques agricoles.

 Ces observations sont intéressantes car elles remettent l’alimentation au centre de nos préoccupations. Dans son souci de justifier les réformes de la PAC entreprises depuis 1992, la Commission européenne a accrédité l’idée que les conditionnalités environnementales sont devenues le principal objectif des aides versées aux agriculteurs. La beauté des paysages, la qualité des réserves d’eau potable, le bien-être animal, seraient devenus la principale préoccupation des politiques agricoles. 

Pour disposer d’une nourriture adaptée, il faut une politique agricole qui tienne compte des aspects sanitaires, nutritionnels et sociétaux, bref « durable ». 

Les problèmes alimentaires concernent le Nord et le Sud  

Après la séance organisée par Jean-Louis RASTOIN la semaine dernière, il y avait un risque évident, bien perçu par notre collègue Jean-Marc BOUSSARD, d’une certaine « schizophrénie » entre les préoccupations des pays du Nord qui mettent l’accent sur l’esthétique et aujourd’hui sur l’énergie pour éviter la surproduction et celles des pays du Sud qui en seraient toujours à une préoccupation « productiviste » pour éviter les famines.

 Les intervenants de ces deux séances ont, me semble t-il, réhabilité la conception alimentaire des politiques agricoles en montrant que c’était un enjeu pour l’humanité aussi bien dans les pays du Sud que du Nord.

 Michel Griffon nous a montré les nombreux enjeux pour l’avenir. Il faudra être capable de nourrir trois milliards d’habitants de plus d’ici 2050. Mais il faudrait aussi supprimer cette honte des 850 millions qui souffrent encore aujourd’hui de la faim et donner peut-être à une grande partie de la population la possibilité de disposer d’un peu de viande chaque semaine.

 Cet après midi, nous avons vu que le problème alimentaire n’était toujours pas bien résolu même dans les pays riches. Certes sur le plan des quantités fournies, les insuffisances sont rares mais en revanche les inégalités ont plutôt tendance à augmenter. Il y aurait 300 millions d’obèses et un milliard de personnes en surcharge pondérale dans le monde. L’obésité pose un problème de santé publique qui n’est pas simple à résoudre.

 Si l’on fait le bilan actuel, on a d’un coté près de trois milliards de personnes en état de manque et de l’autre un milliard de personnes en surpoids. Il n’y a donc qu’un tiers de l’humanité qui soit dans une situation satisfaisante. Pas de quoi pavoiser. Pas de quoi penser que le problème est résolu.

 Que pouvons nous conclure de ces observations ?

 1 – Les produits agricoles ne sont pas des « matières premières »

 Dans la séance précédente, Jacques NEFUSSI a bien montré qu’il serait temps que l’on bannisse de notre vocabulaire le concept de « commodités » qui n’a de réel avantage que pour les acheteurs car cela leur permet d’acheter au prix le plus bas. Pour les agriculteurs, ce mot a pris le sens de calamité. Cela signifie qu’ils fabriquent des produits substituables les uns aux autres, autrement dit des produits pour lesquels ils n’ont aucun pouvoir sur le marché. Jacques NEFUSSI nous a montré qu’il y avait des stratégies pour éviter ces inconvénients et que cela passait par des techniques de différenciation bien connues dans les autres secteurs. 

 2 – Parler de politique alimentaire et non de politique agricole

 Ces deux séances devraient nous permettre de hiérarchiser les problèmes. Nos sociétés n’ont jamais eu besoin de faire des politiques « agricoles ». Il n’y a en effet aucune raison de prendre soin du revenu des agriculteurs plus que de celui des autres catégories sociales.

 Si l’on s’intéresse à la production agricole c’est pour son aspect alimentaire. Tous les gouvernements du monde s’intéressent à l’alimentation. Encore aujourd’hui, les hommes souhaitent manger trois fois par jour. S’ils se contentaient de corned beef et de Corn Flakes, ce serait aisément réalisable. Mais s’ils veulent de la fraîcheur et de la variété, c’est un peu plus compliqué. 

 3 – Le secteur alimentaire garde un poids important dans notre économie 

Depuis quelques années, on finissait par croire que les aides n’avaient d’autre utilité que d’accompagner la mort naturelle d’un secteur archaïque qui gardait certes un poids électoral mais pour peu de temps. Il était indispensable que la France devienne enfin un pays moderne capable de sacrifier ses secteurs en perte de vitesse pour se recentrer sur les hautes technologies.

 Pour faciliter les transitions vers une agriculture « gardienne de la nature » il fallait  accorder ces aides en fonction de critères environnementaux. On pouvait avoir l’impression ainsi que cette politique n’avait qu’un aspect ludique et qu’on retrouvait ainsi une conception assez proche de celle qu’on prêtait à notre Reine de France, Marie-Antoinette dont le sort a été malheureux.

 Jean-Louis RASTOIN nous a montré toute l’importance de la chaîne alimentaire. Les IAA restent le premier secteur industriel de France et d’Europe. La Fédération des industries mécaniques a constaté avec surprise que les IAA étaient devenues leur premier client avant l’automobile.

 4 – Plus d’obèses dans les pays qui veulent libéraliser le commerce mondial des produits agricoles 

Détail curieux, ce sont les pays les plus actifs dans les négociations de l’OMC qui détiennent les records mondiaux pour le pourcentage d’obésité. Ce sont les pays dits les plus protectionnistes, autrement dit pour reprendre le vocabulaire en cours, les plus « rétrogrades » comme le Japon et la Corée du Sud qui ont le moins de personnes obèses dans leur population. Peut-être ne s’agit-il pas des effets du seul hasard ! Peut-être que l’alimentation des hommes ne dépend pas que du prix et qu’elle est un élément de la culture, de la diversité et aussi un indice des formes de cohésion sociale.

 5 – La PAC n’encourage pas les efforts nutritionnels 

 On entend souvent dire à tort que la PAC comme toutes les politiques agricoles a eu pour résultat de maintenir des prix élevés des produits agricoles au détriment des consommateurs et en particulier des moins riches d’entre eux. Quand on observe les évolutions relatives des prix des produits agricoles sur les vingt dernières années, il est frappant de constater que ce sont plutôt les prix des produits fortement encadrés par la PAC comme les céréales, les oléagineux ou le sucre qui ont vu leurs prix baisser relativement plus que ceux des fruits et légumes ou des pommes de terre qui ont été peu soutenus.

 Ceci explique peut-être cela quand on dit que l’obésité frappe davantage les classes pauvres de la population. Cela devrait peut-être nous inciter à mettre en place une vraie politique d’encouragement à la consommation de fruits et légumes qui ont vu leurs prix relatifs augmenter.

 Si l’on regarde avec attention les mesures prises par nos concurrents américains, on constate que les 2/3 de leurs dépenses agricoles sont des aides à la consommation pour les plus pauvres (50 à 55 milliards de dollars chaque année).

 Dans le projet de Farm Bill en discussion actuellement, il est question de profiter des hauts prix des céréales pour accorder 5 milliards de dollars par an de plus aux producteurs de fruits et légumes pour favoriser la consommation.

 Il serait temps que la PAC prenne en compte les besoins nutritionnels de la population. La priorité n’était peut être pas de faire baisser le prix du sucre !

 Ces deux séances devraient nous pousser à réhabiliter le concept de politique agricole.

 - Cela ne va pas être si simple de faire en sorte que le monde puisse nourrir le monde pour reprendre une expression chère à Edgard PISANI.

 - Cela ne va pas être évident d’assurer la meilleure santé à tous nos concitoyens en leur donnant la sécurité sanitaire dont ils ont besoin et la diversité des produits qui leur serait profitable.

 - Cela ne se fera pas par la baguette magique du marché car les réservoirs des automobiles des pays riches seront toujours plus solvables que les ventres affamés des pays pauvres ».

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23 février 2007 5 23 /02 /février /2007 17:06

 

Un citoyen ouvrier mayennais écrit à la candidate… 

 

C’est seulement la seconde fois, depuis que cette élection se fait au suffrage universel, qu’un(e) candidat(e) socialiste s’arrête en Mayenne pour rencontrer les électeurs.

 Après François Mitterrand le 9 avril 1981 à Méral et Cossé-le-Vivien, Ségolène Royal a fait une halte de deux heures le 21 février 2007 à Changé, dans cette charmante cité verdoyante et dynamique au voisinage nord de Laval et de Saint-Berthevin, en présence d’un millier de personnes, dont Gérard Beillard qui avait bien l’intention de remettre à la candidate la lettre qu’il avait préparée la veille. 

Pas si facile d’écrire à Ségolène Royal. Un texte trop long ne serait pas lu. Cinq ou six fois, il l’a repris pour en faire cette note (qui est présentée ci-après) qu’il m’a demandé de remettre à Ségolène. En fait, je l’ai remise à François Rebsamen, l’un des deux directeurs de campagne, secrétaire national du PS, qui m’a promis de la remettre à la candidate.

 Gérard Beillard écrit à Ségolène Royal

 La dette publique est de 1 800  euros pour chaque citoyen 

 Allez –vous prendre cela en considération afin que nos futures générations ne soient pas pénalisées à rembourser une dette qui sera lourde de conséquences ?

 Il serait intéressant d’établir une rente universelle pour les retraites sur la base du SMIC 

 Apparemment, il serait proposé de faire un complément de retraite par capitalisation. De nombreux citoyens n’auront pas les moyens mais au moins, ils auront le SMIC. Cela pourrait leur permettre de vivre décemment.

 Le « trou » de la Sécurité Sociale ne se désemplit pas 

Ce dossier est complexe mais va t’on avoir le courage de le résoudre ? Vous savez bien qu’il y a eu des réflexions positives et applicables dans ce domaine. Il faut conserver notre Sécurité Sociale comme elle est.

 Il serait souhaitable de clarifier le rôle des  Syndicats en faisant une loi 

 Ils seraient plus autonomes. Ils pourraient ainsi avoir un regard plus approfondi sur les Entreprises, notamment dans les grands Groupes.

 Pour les maisons de retraites 

 Que pensez-vous faire pour que le coût à supporter par les retraités soit moins élevé ?

 Pour aider ces personnes qui n’ont pas les moyens afin de ne pas pénaliser leurs enfants qui doivent payer les loyers, surtout que certains n’ont déjà pas de quoi boucler les fins de mois.

 Il n’est pas normal de laisser nos retraités peu fortunés, parqués dans une pièce, réduits au silence, comme hélas cela existe. Cela n’est pas digne d’une République comme la notre.

 Pour le nucléaire, allons-nous brader une énergie aussi importante pour notre indépendance ?

 D’ailleurs, je ferai remarquer que c’est l’énergie qui pollue le moins.

 Pour les déchets radioactifs que cela génère il faut faire confiance à nos scientifiques et à nos ingénieurs. Ils arriveront bien à résoudre une bonne partie du problème. Ils avancent dans ce domaine.

 Je vous assure aussi que je suis pour que l’on développe toutes les solutions pour les nouvelles énergies renouvelables.

 On ne peut pas faire autrement. Notre planète est assez malade. Il faut lutter contre les gaz à « effet de serre ». Je suis bien conscient que c’est l’avenir de la planète et de nous tous qui est en jeu.

 Vous avez annoncé que vous n’étiez pas favorable pour un deuxième porte-avion 

 Paradoxalement, je suis pour. Il faut garder notre indépendance étant donné que l’orientation de l’Europe n’est pas encore tout à fait arrêtée. Vers quelle Europe allons-nous ?

 En ce qui concerne les Régimes Spéciaux, les 40 années de cotisations pour le Privé, le départ en retraite à 60 ans 

 Allez-vous donner une vraie retraite à ceux qui auront cotisé durant 40 années car il est préconisé de prolonger les personnes désireuses d’aller plus loin que 60 ans ?

 S’est-on posé la question pour les personnes qui partiront à 40 ans de cotisations ? Se retrouveront elles avec une retraite assez élevée ? Ne se verront elles pas dans l’obligation de reprendre un travail même si elles ne le souhaitent pas ?

 Je ne suis pas contre que les personnes continuent à travailler mais au moins, de garantir une retraite dès 40 années de cotisations faites sur la base du SMIC.

 Surtout que le travail manuel par rapport au travail dit « intellectuel », est plus pénible.

 L’espérance de vie pour un ouvrier est de 7 à 8 ans de moins par rapport aux cadres et les professions libérales.

 Cela ferait une différence avec la « droite » qui n’est pas très claire à ce sujet ?

 Ne doit-on pas, pour les jeunes, leur donner la possibilité de les « lancer » dans le monde du Travail même s’il n’ont pas acquis l’expérience nécessaire ?

 Je pense que c’est le rôle de l’Etat et aussi de l’Entreprise de former ces jeunes sortis d’école à tous les niveaux.

 En conclusion

 Si on veut remonter dans les sondages, il faut expliquer les priorités que l’on veut appliquer, sans démagogie, réalistes et chiffrées et d’arrêter un calendrier pour les réalisations afin de tenir le cap.

 Il faut donner du temps au temps pour faire avancer notre conception de Société que l’on veut et sans tabou.

 Si on veut se démarquer de la « droite », il faut vraiment faire un programme social, juste, réaliste mais sans manquer de courage pour le réaliser. Je dis bien du social et non de l’assistanat. Il faut responsabiliser tous les français du plus petit au plus grand par la voie hiérarchique.

 J’aime bien votre slogan « gagnant, gagnant ».

 Je crois que nous avons la force et la volonté. A nous d’y travailler…

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