Confronter les projets, les valeurs, les idées
Un résumé des propos de Ségolène Royal ce matin sur France Inter est à lire sur http://www.desirsdavenir.org/index.php . Mutation de la gauche, nouveau compromis social dans l’entreprise, approche globale des questions politiques, ont été les principaux points traités. Sarkozy parle sans arrêt de lui… Interrogée sur les propos de Nicolas Sarkozy qui trouve la campagne difficile, Ségolène Royal répond : « Ecoutez, si on pense que ces échéances sont dures, si on est là pour se plaindre, il ne faut pas s’y engager, c’est quand même assez curieux de la part du candidat de l’UMP de s’engager dans une échéance comme celle-ci où chacun connaît les épreuves, ensuite de s’en plaindre. Moi, je ne parle pas de moi. Je suis étonnée de voir à quel point Nicolas Sarkozy parle sans arrêt de lui. Ce qui concerne les Français c’est leur avenir, c’est comment on va régler les problèmes d’urgence qui sont graves en France, la question de la dette, du chômage, des bas salaires. J’ai rencontré hier les syndicalistes d’Airbus, ils n’ont toujours pas de réponse à leur demande, je leur ai dit que le plan de suppression d’emploi serait suspendu si je suis élue, nous remettrions l’ensemble des choses à plat, surtout après avoir découvert le scandale du pactole avec lequel monsieur Forgeard est parti. Ils sont très inquiets, c’est des familles, 10 000 familles déstabilisées après l’annonce de 10 000 suppressions d’emplois, des sous-traitants qui souffrent. C’est ça qui me touche et ce sont les cicatrices des autres et certainement pas les miennes. » Elle évoque la mutation nécessaire de la gauche française : « nous sommes en train de muter, je pense que j’ai aidé la gauche à accélérer cette mutation au cours de cette campagne, d’abord en faisant une campagne différente et en imposant la démocratie participative au Parti socialiste, qui ensuite s’en est trouvé très heureux parce que quand les animateurs de débats se sont retrouvés dans des salles qui à nouveau se remplissaient, ils ont compris qu’il fallait que la politique change et que cette phase d’écoute était très importante et que les citoyens attendaient d’être associés aux décisions qui les concernent. Et pour moi, c’était une façon, après avoir mûrement réfléchi, de lutter contre le 21 avril bis, c’est-à-dire de faire en sorte que les gens aient à nouveau envie de venir voter parce qu’on les aura pris en considération. Je pense que cette phase a été réussie. Ensuite, l’autre mutation c’est de concilier la liberté individuelle, les protections sociales garanties et l’efficacité économique. On a souvent opposé à gauche la protection sociale et l’efficacité économique, l’un jouant contre l’autre, je pense aujourd’hui que face aux difficultés que la France rencontre ce sont ces idées de gauche qui correspondent aujourd’hui à ce dont la France a besoin, des idées neuves, celles du 21e siècle, c’est-à-dire qui n’opposent les uns aux autres. » Voilà le nouvel équilibre, le nouveau compromis social que je propose, et j’ai rencontré l’ensemble des organisations syndicales et patronales du pays, et donc si je suis élue je serai immédiatement prête et le gouvernement aura sa feuille de route pour tout de suite mettre en place ce dispositif. » « Je pense que la politique a changé en profondeur, ce que vous venez de dire le prouve. Il y a un certain nombre de Français qui se situent ni à droite, ni à gauche, c’est ce filon qu’a exploité François Bayrou tout en restant lui aussi dans une espèce de flou et en restant le patron de l’UDF d’ailleurs, et sans dire très clairement ce qu’il ferait entre les deux tours, donc il est assis entre deux chaises. » La France « a besoin d’un chef d’Etat, d’un chef d’Etat mais qui regarde les choses différemment et surtout qui a compris que tout se tenait, que tout se tenait, et cette approche globale, peut-être je ne sais pas si elle est féminine, en tout cas j’assume, moi, ma part de féminité, comme dans chaque personne humaine, homme ou femme, il y a une part de masculinité, une part de féminité, donc forcément la part de féminité l’emporte. C’est peut-être ce qui m’aide à comprendre cette approche globale où tout se tient, il n’y a pas des, comment dirais-je, des lieux politiques disjoints les uns des autres mais si l’on sait par exemple bien faire fonctionner la famille au bon moment, on sait que les enfants réussissent mieux à l’école, donc, famille/école ; s’ils travaillent bien à l’école, ils trouvent du travail, donc école/famille/travail/emploi, tout se tient. Je pense aussi que notre avenir national dépend de la façon dont nous réussirons à réduire les écarts entre pays riches et pays pauvres, nous ne nous sauverons pas tout seul. Donc, cette approche globalisante des problèmes de société, des solutions à trouver, est aujourd’hui un regard et une méthode qui sont nécessaires pour résoudre rapidement les problèmes qui se posent au pays ».
Concilier la liberté individuelle, les protections sociales et l’efficacité économique
« Le nouveau système que je propose, qui a été expérimenté ailleurs et qui a réussi, c’est de sécuriser les salariés et donc parce qu’ils sont sécurisés ils vont accepter dans le cadre d’un dialogue social bien construit et bien anticipé, ils vont accepter une mutation de l’entreprise grâce à la Sécurité Sociale professionnelle, au maintien du salaire, même lorsque que l’entreprise est obligée de supprimer des emplois en attendant d’en retrouver ou de reconstruire d’autres, ou pour le salarié d’être accompagné individuellement pour trouver une nouvelle activité.
La politique a changé en profondeur …
« Il faut repenser la dynamique politique et reconquérir ce vote, d’abord en réinstallant les clivages mais pas au sens artificiel ou dogmatique du mot, mais les clivages au sens de confrontation des projets, des valeurs et des idées. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se faire. Et là, on voit très clairement se dessiner deux modèles de société, moi je pense qu’on peut réformer la société française sans la brutaliser, je pense qu’il ne faut pas en rabattre sur les solidarités fondamentales, certainement pas procéder au déremboursement que propose le candidat de l’UMP, puisqu’il propose maintenant des franchises médicales, c’est-à-dire qu’il opposera les Français qui auront les moyens de se faire soigner et puis ceux qui pourront se payer des assurances privées pour s’assurer l’accès aux soins ou l’accès à la retraite. »
Une approche globale des problèmes de société