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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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11 mars 2007 7 11 /03 /mars /2007 15:17

 

Des retraites de base, égales pour tous

Gérard Beillard réside à Saint-Berthevin et est employé depuis près de 30 ans, en tant qu’ouvrier, par une entreprise du secteur textile à Laval. Actuellement en arrêt de travail pour raison de santé, il se prépare à occuper un autre poste dans l’entreprise ou, si ce n’est pas possible, à une reconversion professionnelle.

 Ancien militant du Parti socialiste, adhérent depuis trois ans au Mouvement Républicain et Citoyen (MRC 53), il tient à ce que les ouvriers et employés soient impliqués dans le projet politique de la gauche. Il a consulté la documentation disponible sur Internet et a tenu à me faire part de ses réflexions sur les retraites.

 Il avait prévu de me parler aussi de la sécurité sociale, à son avis menacée par l’égoïsme et l’individualisme, et aussi par l’Etat et le patronat qui ne paient pas leurs dettes, avec pour arrière-pensée de confier l’assurance sociale aux compagnies privées. Mais il préfère aujourd’hui se limiter au problème des retraites.

 Une dérive en douceur vers le système de capitalisation

 La droite remet en cause les régimes spéciaux, veut rallonger le temps de travail des salariés et les faire travailler plus, en leur faisant croire qu’ils gagneront plus. Depuis plus de vingt ans, on assiste à une dérive en douceur vers les retraites par capitalisation. La gauche s’est opposée mollement à cette évolution, considérée par beaucoup comme étant inéluctable.

 Sauver le système par répartition en assurant une retraite de base pour tous

 Afin de sauver le régime par répartition, qui doit absolument être sauvegardé par respect du principe d’égalité, Gérard Beillard propose de le maintenir pour assurer le même niveau de retraite de base pour tous les salariés, quel que soit le régime auquel ils appartiennent. L’essentiel est de permettre à tous de disposer d’une retraite au moins égale au SMIC. Au-delà, le complément de retraite serait obtenu par un système de capitalisation contrôlé par les représentants des salariés.

Les mêmes objectifs pour tous

Il convient de fixer les mêmes objectifs à tous, quels que soient le régime et le secteur, privé ou public : aucune retraite avant 60 ans, le même nombre de trimestres de cotisations (un accord pourrait se faire sur 38 années). En prenant sa retraite à 60 ans, chacun aurait la garantie d’une pension au moins égale au SMIC. Le complément proviendrait du système de capitalisation. Après 60 ans, chacun pourrait continuer à occuper un emploi rémunéré et bénéficier d’un complément de retraite par capitalisation.

 La gauche doit faire son devoir

 En réformant profondément le système de retraites, ce qui éviterait le risque de démantèlement par la droite de la sécurité sociale fondée en 1945, la gauche ferait son devoir vis-à-vis du peuple français.

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10 mars 2007 6 10 /03 /mars /2007 22:26

 

Favoriser l’information et l’expression des locataires

 Georges Minzière, conseiller municipal de Laval, habite dans le quartier St-Nicolas. Il a contribué, au début des années 1990, à créer un comité de locataires dans ce quartier. Après quinze ans de fonctionnement, il considère que les pouvoirs publics devraient apporter un complément législatif afin de renforcer la légitimité de ces comités et encourager la démocratie sociale participative.

 Peux-tu préciser ce que tu entends par besoin de légitimité ?

 Le problème posé est celui de l’expression et de la représentation institutionnelle des locataires de logements sociaux. La loi dite Besson du 31 mai 1990 stipule que les locataires de logements sociaux HLM peuvent créer des comités. Ceux-ci ne sont représentatifs que s’ils représentent au moins 10% des locataires dans un périmètre défini. Mais les textes n’indiquent pas par quels moyens les comités de locataires peuvent obtenir cette légitimité de représentation.

 Les architectes ont besoin de consulter les habitants des quartiers. Comment le faire s’il n’y a pas de structure représentative compétente reconnue pour faire le lien entre eux et les professionnels chargés de l’urbanisation et de l’intégration de l’habitat social dans les quartiers ?

 Tu t’appuies sur l’expérience de ton comité de locataires. Comment a-t-il été créé ?

 Dès 1991, nous avons créé une association de quartier (AGIR, Association de Gestion des Idées des Résidents) dans la partie Kellermann du quartier Saint-Nicolas. Il y avait plusieurs commissions, dont celle des locataires HLM. Nous avons demandé à la mairie en 1992 de faire effectuer une enquête par le Centre d’Etude et d’Action sociale (CEAS) de la Mayenne auprès des habitants des immeubles collectifs du Kellermann, ce qui a été accepté.

 Un comité de pilotage a été mis en place avec la participation de représentants de l’Office public départemental HLM et de la mairie. En 1993, avec l’aide du CEAS, nous cherchons  à nous informer sur la procédure « Habitat et Vie sociale » et sur les nouvelles dispositions réglementaires concernant la consultation des habitants lors des opérations de réhabilitation avec financement de l’Etat.

 La loi Besson a entr’ouvert des portes ?

 Oui, la circulaire ministérielle du 18 décembre 1992 apporte des précisions mais elle reste floue sur certains points. Voici ce qu’elle dit. C’est le bailleur - maître d’ouvrage qui a l’initiative du processus de consultation des habitants. L’association de locataires, à condition d’être « représentative » (représenter au moins 10% des locataires ou être affiliée à une organisation fédérative), donne son avis sur le projet et bénéficie d’une part (1%) de la subvention prévisionnelle de l’Etat, afin de financer l’information et la réflexion des locataires. Le préfet peut différer l’octroi d’une subvention s’il estime que les conditions de la concertation avec les habitants n’ont pas été satisfaisantes.

 Votre problème, c’était d’être représentatif ?

 Selon ces textes, la commission de locataires devait représenter au moins 10% des locataires. Comment y parvenir autrement que par des élections ? Celles-ci ont eu lieu pour la première fois en 1993 à l’initiative du comité de soutien des locataires, créé au sein de l’association AGIR. Elles sont renouvelées tous les trois ans et se font sur la base des règles en vigueur dans les élections aux comités d’entreprise (en l’absence de précisions dans la circulaire).

 Comment se déroulent les élections ?

 Le périmètre concerné (Kellermann) comprend 900 logements. La liste des électeurs est établie par l’organisme HLM (titulaires d’un contrat de location, à jour des loyers, dans le quartier). Les bureaux de vote sont temporaires et itinérants sur une semaine. Le vote par procuration est autorisé. Le dépouillement a lieu à la maison de quartier (siège du comité et de l’association).

L’association AGIR présente une liste de candidats et il y a une campagne électorale. Les frais de courriers sont à la charge de l’Office HLM.

 Il pourrait y avoir d’autres listes présentées par une organisation reconnue par l’Office public départemental HLM (CNL proche de la CGT, CLCV proche de la CFDT et AFOC proche de FO).

La participation est en général comprise entre 20 et 30%. Pour être élus au comité de soutien des locataires, les candidats doivent obtenir 50% des suffrages exprimés et 10% des électeurs inscrits (les électeurs peuvent rayer les noms).

 A quoi sert le comité de locataires élus ?

 Le rôle du comité élu est de défendre les intérêts des locataires auprès de l’Office Public HLM et les représenter dans diverses instances (ville de Laval, Etat, CAF, La Poste, Service Solidarité du Conseil général, Sauvegarde de l’Enfance…).

 Les interventions ont concerné :

 - la réhabilitation, l’entretien, les loyers, les charges, en particulier le chauffage, le gardiennage, les troubles de voisinage…

 - l’aménagement des espaces verts, des pieds d’immeubles, de l’ancien magasin Leclerc…

 - la mise en œuvre du Contrat Local de Sécurité (propositions aux services de la préfecture),

 - la médiation afin de rechercher des solutions dans les situations les plus difficiles.

 Il y a un règlement intérieur qui doit être respecté par tous les locataires. Par exemple, la propreté de la cage d’escalier. Si ce n’est pas le cas, il est fait appel à une entreprise de nettoyage aux frais de l’ensemble des locataires concernés.

 Quel a été le rôle d’un organisme comme le CEAS dans vos actions ?

Je tiens à  souligner le rôle joué par le CEAS dans l’appui à la mise en place puis à l’action du comité de locataires et de l’association de quartier. Il a été décisif pour donner aux locataires et aux habitants les moyens de s’exprimer et de prendre leurs responsabilités au niveau du quartier. La méthode CEAS pourrait être prise comme référence pour favoriser l’expression collective des locataires et la diffusion des informations sous leur responsabilité.

 Et l’influence de la loi Besson ?

 La loi Besson a eu le mérite d’amorcer la pompe en ce qui concerne la mise en place de comités de locataires. Mais il faudrait formaliser l’élection afin de renforcer la légitimité des comités et développer cette démocratie sociale participative que Ségolène Royal appelle de ses voeux.   

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9 mars 2007 5 09 /03 /mars /2007 18:55

 

Quelle politique énergétique européenne ?

 Les 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne ont l’ambition d’adopter une véritable politique énergétique qui sécurise les approvisionnements, à moindre coût, tout en préservant l’environnement.

 Presque tous considèrent le réchauffement climatique comme le défi majeur mais ils divergent sur la stratégie énergétique. Ils s’accordent pour développer les énergies renouvelables, mais se dispersent sur l’attitude à adopter vis-à-vis de l’énergie nucléaire. Ils cherchent aussi à ménager l’industrie (automobile, aviation, production d’électricité).

 La volonté de la Commission de dissocier les activités de transport et de production d’énergie, afin de renforcer la concurrence sur le marché européen, se heurte à la diversité des situations nationales, la France avec EDF et GDF étant la plus réticente à cette dissociation.

 Le problème de la sécurité des approvisionnements et des rapports avec la Russie, grand pays fournisseur, n’est pas abordé de la même façon dans tous les pays membres de l’Union. Toutefois, le sentiment de la nécessité d’adopter une politique énergétique commune a progressé énormément depuis deux ans.

 La position du collectif « Sauvons le climat »

  « Sauvons Le Climat veut, en cette occasion, rappeler que les politiques nationales et leur intégration dans une politique énergétique européenne doivent, sans tarder, mettre en oeuvre les meilleures solutions du double problème du changement climatique et de la sécurité d'approvisionnement. Cette exigence difficile suppose que tous les moyens soient mis en œuvre :

- La diminution de l'intensité en émission de gaz carbonique, c'est-à-dire la diminution de la quantité d'énergie fossile nécessaire à la production de chaque unité de richesse,

 - L'optimisation globale en termes de coûts, de sécurité et de protection environnementale des diverses sources d'énergies aujourd'hui maîtrisées : biomasse, nucléaire, solaire, éolienne, géothermique de façon à diminuer le plus tôt possible l'appel aux énergies fossiles carbonées,

 - La poursuite et l'intensification des efforts de recherche entrepris par le consortium international CSLF (Carbon Sequestration Leadership Forum) sur la capture et la séquestration du gaz carbonique émis par les utilisations énergétiques du charbon, des produits pétroliers et du gaz naturel. "Sauvons le Climat" rappelle, à ce propos, que la France participe, en compagnie de 22 autres pays aux travaux de CSLF. Il est souhaitable que tous les pays européens se joignent à CSLF,

 - La poursuite et l'intensification de la participation de l'Union européenne, et des pays européens qui en sont aujourd'hui membres, au Forum Génération IV chargé d'étudier et de développer les réacteurs nucléaires de 4ème génération ».

 Le compromis sur les énergies renouvelables 

 Denis Delbecq, dans Liberation.fr, ce 9 mars, commente les décisions prises par le conseil européen à Bruxelles « Les 27 pays membres de l'Union européenne ont adopté ce vendredi un objectif de 20% d'énergies renouvelables consommées dans l'UE d'ici 2020. A la demande de la France, dont l'électricité est principalement d'origine nucléaire, cet objectif sera modulé pays par pays ».

 Une modulation par pays afin de prendre en compte l’énergie nucléaire

 « La France a donc remporté son pari : s'opposer à la fixation d'un objectif contraignant, Etat par Etat, sur la production d'énergie renouvelable en 2020. Un compromis a été trouvé ce vendredi au Conseil européen qui se tient à Bruxelles. Paris, qui tient à son nucléaire, et Berlin, qui souhaite s'en débarrasser, s'opposaient depuis plusieurs semaines sur ce dossier.

 Un objectif contraignant de 20% sera bien donné, mais à l'échelle de l'Union européenne, chaque pays recevant un objectif propre, en fonction de ses spécificités. Une manière pour la France d'exiger le moment venu un objectif plus bas en reconnaissance de la faible teneur en carbone de son électricité, principalement d'origine nucléaire et donc non créatrice d'effet de serre.

 Les chamailleries entre Paris et Berlin portaient essentiellement sur des questions de vocabulaire. Angela Merkel, rejointe par la plupart des grands pays européens, comme la Grande-Bretagne, ne voulait pas entendre parler d'autre chose que d'énergies renouvelables comme l'éolien, le solaire ou la biomasse. C'était pour elle la seule manière de réduire les rejets de gaz à effet de serre tout en s'assurant de la pérennité de la production d'énergie sur le long terme ». 


 Ce matin, dans un autre article de Liberation.fr, signé Julie MAJERCZAK, c’était la question de la libéralisation de l’énergie qui était abordée.

 La libéralisation du marché de l’énergie

 La libéralisation du marché de l'énergie (…) « c’est la question de la séparation des activités de production et de transport de l'énergie. Ce sujet, d'apparence technique, a en réalité des implications politiques et sociales pour la France. L'enjeu porte en effet sur un probable démantèlement d'EDF et de Gaz de France ». Il sera reporté le 9 mars, les Vingt-sept se contentant de soutenir une «séparation effective», formule suffisamment floue pour laisser la porte ouverte à plusieurs options et tenir compte des spécificités nationales.

 Mais ce n'est que partie remise. Aux yeux de la Commission européenne, «il y a danger de discrimination et d'abus quand les compagnies contrôlent à la fois les réseaux d'énergie et la production ou la vente». Or, aujourd'hui, les réseaux de transport de gaz de GDF et d'électricité d'EDF sont bien logés dans une filiale à part avec sa propre comptabilité mais toujours détenus à 100 % par leur maison mère ».

 La Commission veut aller plus loin dans le démantèlement des géants énergétiques

 « Pour Bruxelles, il faut aller plus loin. En janvier dernier, la Commission a donc recommandé une séparation patrimoniale totale entre les activités d'approvisionnement et de production d'une part et les activités de gestion des réseaux de l'autre. Ce qui signifie, en pratique, le démantèlement des géants énergétique tels les allemands E. ON et RWE, et les français Gaz de France et EDF. Conséquence : le RTE, le réseau de transport électrique de EDF, serait mis à l'encan. Une perspective évidemment inacceptable pour Paris ».

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8 mars 2007 4 08 /03 /mars /2007 22:29

 

« Ce 8 mars qui peut devenir historique… »

 De nombreuses femmes se sont exprimées à Dijon avant l’intervention de Ségolène Royal.

 Dominique Méda, sociologue : « Les inégalités ont cessé de se réduire et on a toujours des femmes qui participent moins à l’emploi, une différence de 13 points toujours. On a toujours des femmes qui sont à temps partiel et à temps partiel dit « choisi » et aussi de plus en plus de femmes à temps partiel subi surtout qui alimentent la spirale des bas salaires : 80 % des bas salaires sont des femmes. Et puis on a les fameux écarts de salaire, 25 %, qui ne bougent plus, dont la réduction ne s’opère plus ».

 Pourquoi ? Pourquoi la société ne bouge-t-elle pas plus ? Pourquoi est-ce qu’elle ne prend pas ce problème à bras-le-corps ? Parce qu’on est toujours plombé par le poids des représentations traditionnelles et de la répartition des rôles qui incombent aux hommes et aux femmes.

 Et, comme Francine Got l’a très bien montré, c’est tout au long du cycle de vie. Cela commence à l’école où on pousse moins les filles, où elles vont moins s’orienter vers les bonnes filières, vers les filières où elles pourront avoir des bonnes carrières et des bons salaires. Cela continue dans l’entreprise, l’entreprise considère toute femme comme une mère en puissance, et donc comme quelqu’un de moins productif, qui va moins rendre ».

 Yvette Roudy, la première ministre du Droit des femmes

Yvette Roudy a été présentée ainsi par Laure Adler « C’est elle qui a été la première ministre des Droits des femmes sous François Mitterrand, c’est elle qui a fait voter la loi : à travail égal, salaire égal, c’est elle qui a permis et permet encore aujourd’hui à toutes les femmes qui sont sur le bord du chemin et à toutes les jeunes femmes qui veulent avancer, croire en l’avenir, de pouvoir continuer ». Voici son intervention.

 « Eh bien, merci, Laure, de cet accueil si chaleureux. C’est vrai, j’ai fait tout ça, quand tu le rappelles, au fond je me dis : c’est vrai, après tout… Plus le remboursement de l’IVG, et plus la transmission du nom, et plus la possibilité de transmettre son nom à son enfant si on le souhaite. Et ça, ça a pris quinze ans parce que les droits des femmes ça prend beaucoup de temps, ça prend énormément de temps.

 La journée des femmes pour la première fois en 1910

 Et depuis que Klara Zetkind a proposé que le 8 mars soit la journée des femmes, c’était en 1910, nous avions commencé avec François Mitterrand à proposer que chaque année effectivement on marque cette journée du 8 mars par des événements pour rappeler le chemin parcouru, parce qu’il y a quand même des chemins parcourus, mais aussi tout ce qui reste à parcourir.

 Alors, c’est international, c’est une fête internationale qui rassemble toutes les femmes, et c’est pourquoi aujourd’hui nous avons beaucoup de femmes, que vous allez voir tout à l’heure, qui sont venues de tous les coins d’Europe.

 En France, cela ne s’est pas passé facilement. Il a fallu deux siècles, deux siècles pour que les femmes arrivent à conquérir d’abord le droit à l’instruction, ensuite le droit au travail puisque Proudhon disait : « Oh, les femmes, non, ce n’est pas bien de les avoir dans une usine, ça va troubler les ouvriers et puis ça va créer des difficultés. Elles sont très bien, ménagères ou courtisanes. » Nous, on avait ça en France. Les Allemands avaient Klara Zetkind, c’était mieux quand même. Mais enfin, on a emprunté à Klara Zetkind le droit au travail.

 Le droit à disposer de son corps, le droit de vote puis la parité

 Le droit à disposer de son corps, ça a été très long, très dur, certaines d’entre vous s’en souviennent. Il y a là des femmes du Planning familial que vous avez entendues, qui ont parlé. Cela a pris trente ans et plus.

 Et puis le droit de vote, et maintenant nous en sommes à essayer d’arracher la parité, ce n’est pas acquis parce qu’une place pour une femme c’est encore perçu comme une place en moins pour un homme. Et, croyez-moi, les malheureux hommes blancs souffrent en ce moment parce qu’ils ont le sentiment qu’on va leur prendre leur place. Je leur dis : « Ne vous inquiétez pas, vous, vous attendrez un peu, nous ça fait deux cents ans qu’on attend, on comprend votre souffrance et on ne veut pas votre place, on veut seulement la nôtre. »

Ségolène après deux siècles de luttes des femmes

Donc ce jour, ici, est historique parce que nous allons accueillir une femme que nous voulons présidente. Nous voulons Ségolène présidente, elle n’est pas arrivée comme ça, elle est arrivée parce que, derrière, il y a eu toutes ces luttes de femmes. Je vous ai dit deux siècles, et cela a été long et cela a été dur. Et elle, elle est arrivée là où elle est, et je peux vous dire qu’on ne lui a pas fait de cadeaux.

 Je ne veux rien rappeler en termes de mauvais souvenirs aujourd’hui, on est content, on est heureux, elle va gagner, donc on oublie tous les mauvais moments derrière nous, évidemment.

 Réconcilier les Français avec la politique

 Mais Ségolène, ce n’est pas n’importe qui, on ne lui a pas fait de cadeaux, elle a vraiment gagné tous ses galons à la sueur de son front, mais dans les pires difficultés. Elle sait ce que c’est que de travailler à la dure, elle sait ce que c’est que les difficultés, elle sait aussi ce que c’est que de se faire insulter. On compte beaucoup sur elle, on compte sur elle pour réconcilier les Français avec la politique. Parce que, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais ils n’allaient plus aux urnes, les Français.

 Vers l’Europe et au-delà…

 Elle a déjà réconcilié le oui et le non chez nous, c’est pas mal. On compte sur elle aussi pour qu’elle relance l’Europe et qu’elle fasse admettre que les droits des femmes doivent faire partie des conditions indispensables pour adhérer à l’Union, c’est-à-dire que des pays comme la Pologne, l’Irlande, Chypre, Malte, qui refusent d’entendre parler de contraception et d’IVG, moi je leur aurais imposé, avant d’entrer dans l’Union. Donc nous comptons sur elle pour cela.

 Et enfin nous comptons aussi sur elle pour élargir ce message qu’elle va lancer au-delà de l’hexagone, et je dirai même au-delà de l'Europe, jusque vers cette Afrique qu’elle connaît et qu’elle aime, qui souffre de maladies, de sida, etc., où les femmes sont encore très mal traitées, nous avons ici une amie qui anime une association qui lutte contre l’excision, elle nous a accompagnées, elle a bien des choses à raconter aussi. Nous avons beaucoup à faire avec cette Afrique, elle a beaucoup de travail.

Elle a beaucoup de travail, c’est pour cela qu’elle a besoin de nous. Mais elle est forte, elle n’a aucune illusion, mais elle est optimiste. C’est une femme qui n’a peur de rien, je peux vous le garantir, donc ce n’est pas la peine de se dire : elle va craquer, elle va lâcher, elle ne va pas réussir, elle va être fatiguée. Alors là, je veux les rassurer tout de suite, ils risquent d’être déçus ceux qui pensent cela.

 Une chance pour les femmes, pour la démocratie, pour la France, pour l’Europe

 Donc, Ségolène, c’est une chance, pas seulement pour les femmes, c’est une chance pour la démocratie, c’est une chance pour le pays, pour la France, pour l'Europe et au-delà, bien au-delà. Elle va porter très loin et très haut son message, son énergie, son talent, sa force de caractère. Nous la voulons présidente ! »

  Trois questions à Ségolène Royal

 Qu'est-ce que cela représente que d'être une femme en politique au 21ème siècle ?

« C'est l'aboutissement d'une longue marche des femmes, de beaucoup de combats pour la conquête de nos droits politiques. Il reste encore du chemin mais le temps n'est plus où, comme dans l'entre-deux-guerres les sénateurs pouvaient à quatre reprises refuser le droit de vote aux femmes sous l'étonnant prétexte que nous aurions " la bouche trop petite pour proférer les gros mots qui sont monnaie courante dans les campagnes électorales. " Vous rendez-vous compte que, dans les manuels scolaires, on continue de dire " universel ", le suffrage qui, pendant un siècle, a exclu les femmes ? J'ai envie de vous répondre ce qu'en janvier 2006 Michelle Bachelet me disait au Chili : " le temps des femmes est venu... Pour le plus grand bonheur des hommes. "

Qu'est-ce que cela représente que d'être une femme socialiste aujourd'hui ?

« Vous savez, je suis venue au socialisme par le féminisme. Un féminisme instinctif et juvénile qui m'a fait, dès l'adolescence, refuser la place que, dans ma famille, la tradition assignait aux femmes. De l'émancipation des femmes à celle de l'humanité toute entière, le lien s'est fait tout naturellement : je suis aujourd'hui socialiste parce que féministe et féministe parce que socialiste. Etre une femme socialiste, c'est refuser l'assistanat qui humilie et c'est vouloir, pour chacune et pour chacun, le pouvoir de conduire sa vie et les solidarités qui le rendent possible. C'est ne pas se résigner au désordre des choses, faire le pari que l'avenir peut être civilisé et la France redressée ».

Qu'est ce que cela représenterait que d'être une femme présidente de la République ?

« Une belle victoire de l'égalité, de la parité et de la mixité en politique. Pas une revanche : une évolution normale. La preuve que le peuple français est, une fois encore, en avance sur certains de ses représentants. Je crois les femmes aussi qualifiées que les hommes pour exercer à la tête de l'Etat la juste autorité dont le pays a besoin, rendre à la puissance publique son efficacité et gouverner avec tous les Français.

 Peut-être ce 8 mars 2007 sera t-il historique... J'ai pris l'engagement, si je suis élue, de faire entrer Olympe de Gouges au Panthéon, où elle rejoindra Marie Curie. Olympe de Gouges a écrit une belle Déclaration des Droits de la Femme qui proclame crânement : " La femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit également avoir celui de monter à la tribune " Son idéal d'égalité civile et politique des hommes et des femmes la conduisit, on le sait moins, à réclamer l'abolition de l'esclavage. Le tribunal lui reprocha d'avoir oublié " les vertus qui conviennent à son sexe " : on la guillotina. Féministe avant la lettre, elle doit avoir toute sa place dans la mémoire commune de la République.

 D'ici là, le chemin est encore long jusqu'à l'élection présidentielle. Cette campagne, je l'ai voulue participative. Mon équipe, ce sont aussi les internautes qui nous lisent ! J'invite donc toutes les femmes, et tous les hommes, à nous rejoindre sur mon site de campagne (www.desirsdavenir.org ) et à s'inscrire sur l'espace e-militants pour y participer ».

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7 mars 2007 3 07 /03 /mars /2007 23:38

 

Donner un nouveau souffle à la vie démocratique

 Dans la Lettre du CEAS (Centre d’Etude et d’Action Sociale de la Mayenne) n° 221, février 2007, est présentée une étude de l’Institut Montaigne sur le thème du cumul des mandats et des indemnités parlementaires. Celle-ci n’est pas tendre pour les parlementaires (cumul des mandats, absentéisme, mission « dévoyée »…). Il est vrai que 81% des sénateurs et 85% des députés cumulent plusieurs mandats et que 523 députés sur 577 exercent un mandat local.

 Le « fléau » qui touche notre pays et pas les autres

 Les auteurs de l’étude présentent cette situation, et l’absentéisme qui décime les bancs de l’Assemblée et du Sénat, comme un « fléau » qui n’existe dans aucun autre des grands pays démocratiques. Très insuffisante représentation des femmes (12,5% des députés et 17,5% des sénateurs), très faible représentation du secteur économique privé (entrepreneurs, ouvriers et employés) alors que le secteur public est très bien représenté (51,3% des députés).

 Supprimer le cumul des mandats pour les parlementaires

 Les auteurs affirment que le Parlement a besoin de trois choses : que les parlementaires se consacrent pleinement à leur mandat, qu’ils remplissent effectivement leurs missions et qu’ils soient issus d’horizons divers.

 Le CEAS a souhaité connaître le point de vue des cinq parlementaires mayennais (trois députés UMP et deux sénateurs UDF) et de partis politiques non représentés par des élus au Parlement.

 Voici le texte que j’ai transmis, après en avoir discuté ce jour avec Georges Minzière, conseiller municipal de Laval.

 Rééquilibrer le dispositif institutionnel républicain

 « Nous savons bien que la République ne vaut que par le civisme des citoyens et le sens de l’Etat de ceux qui en ont la charge. Toutefois, il nous semble nécessaire d’introduire quelques innovations dans le système institutionnel républicain afin de le rééquilibrer et renforcer la qualité de notre démocratie.

 Il faut trouver le moyen de revaloriser le rôle du Parlement et de permettre aux pouvoirs exécutif (le président de la République et le gouvernement qui dirigent), législatif (les députés et les sénateurs qui contrôlent l’exécutif et font la loi) et judiciaire (justice indépendante, modernisée et responsable) de donner le meilleur d’eux-mêmes au service de la nation.

 Rééquilibrer le système, c’est prendre quelques moyens astucieusement combinés (suppression de l’article 49-3 et du vote bloqué, double élection présidentielle et législative en cas de dissolution ou de censure) afin d’éviter de tomber dans les travers de la Vème (trop de pouvoir à l’exécutif) comme de la IVème République (trop de pouvoir à l’Assemblée).

 Le Sénat doit devenir le lieu d’expression de tous les courants politiques, y compris minoritaires, et de tous les territoires. Il pourrait être élu, moitié à la proportionnelle sur listes des partis, moitié par représentation des territoires.

 Nous proposons de limiter le cumul des mandats, en distinguant les parlementaires (députés et sénateurs, parlementaires européens) et les élus territoriaux (communaux, départementaux et régionaux).

 Limiter plus nettement le cumul des mandats électifs

 Chaque parlementaire aurait le droit d’être conseiller municipal sans fonction exécutive, afin de maintenir un lien avec le territoire. Mais il ne pourrait conserver aucune autre fonction rémunérée.

 Les élus territoriaux non parlementaires auraient la possibilité d’avoir deux mandats, dont une fonction exécutive (président, vice-président, maire ou adjoint).

Les parlementaires auraient le droit à deux mandats successifs, de même que les élus départementaux et régionaux, alors que les maires pourraient assumer trois mandats successifs.

 Réglementer les rapports de l’élu local avec l’emploi professionnel

 La principale limite à l’exercice de mandats territoriaux est la difficulté de faire coexister ces mandats électifs avec l’activité professionnelle dans le secteur privé (garantie de l’emploi, évolution de carrière).

 Le monde économique (chefs d’entreprises et salariés) est sous-représenté dans les collectivités et ses représentants éprouvent des difficultés en fin de mandat pour reprendre une vie professionnelle normale.

 Nous proposons que les élus, au terme de leur mandat, puissent bénéficier du même dispositif, financé par l’Etat, que les salariés en cas de suppression d’emploi et de chômage.

 De plus, il nous apparaît nécessaire que les employeurs soient contraints par la loi de passer avec les salariés nouvellement élus locaux une convention de façon à formaliser les conditions et autorisations d’absences, les adaptations de l’emploi aux contraintes électives.

 Les candidats aux prochaines élections, présidentielle et législatives, devraient prendre position sur ces propositions, puisqu’elles impliquent des lois nouvelles ».

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6 mars 2007 2 06 /03 /mars /2007 17:56

 

L’Europe est le bon niveau de régulation économique

 

Dans le numéro 517 du journal en ligne des amis de ReSPUBLICA www.gaucherepublicaine.org diffusé ce jour à plus de 24 000 internautes, j’ai lu avec un vif intérêt l’article signé Frédéric Bosso, reprenant mot pour mot la déclaration du démographe Emmanuel Todd, en ouverture de la Conférence sur l’emploi et les revenus organisée par le Premier Ministre le 14 décembre 2006.

 Le libre échange intégral et néo-libéral a trouvé avec cet intellectuel un opposant de qualité. Certes, ce n’est pas la première fois que l’historien - anthropologue explique que « le libre-échange fout en l’air la vie de la moitié de la population française » (Le Monde, 15 décembre 2006). C’est pourquoi l’Europe doit adopter « un protectionnisme à ses frontières extérieures ». Mais, cette fois-ci, c’est Dominique de Villepin qui lui demandait de le dire dans une réunion officielle. Signe d’une évolution des pouvoirs publics sur cette question.

 « Une rupture radicale est nécessaire en ce qui concerne la situation économique en France ».

 « On vit dans une société au bord de l'explosion. Pour un historien, la réalité de la société française, c'est l'élection présidentielle de 2002 avec une extrême droite arrivant au deuxième tour, c'est la crise des banlieues en flammes, c'est la crise du CPE qui a montré une forte résistance des classes moyennes.

 Les discussions que vous allez avoir sont conditionnées, presque prisonnières d'un système économique mondial qui tend de plus en plus à asphyxier la société française et à lancer les partenaires sociaux les uns contre les autres presque à leur insu. La réalité du cadre économique dans lequel vous allez discuter, c'est le libre-échange. La vérité du libre-échange, c'est que, pas à pas, il a fait revenir le capitalisme à ses défauts du XIXè siècle.

 Le capitalisme n’est plus ce qu’il était…

 Le capitalisme civilisé d'après-guerre était un capitalisme dans lequel les gens avaient compris la complémentarité des salaires et de la demande. Les entreprises qui laissaient filer les salaires à la hausse avaient compris que les salaires concouraient à la formation d'une demande nationale. Dans une première phase le libre-échange a été une bonne chose. Mais si les entreprises se mettent à produire prioritairement pour les exportations, le lien entre les salaires et la formation de la demande dans l'économie est brisé et le salaire finit par être perçu comme un coût pour l'entreprise.

 A l'échelle mondiale, si toutes les entreprises se mettent à considérer le salaire comme un coût pur, vous entrez dans une logique mondiale de déflation et de compression de la demande. Au stade actuel, et surtout depuis l'émergence de la Chine comme acteur mondial, je crains qu'on ne puisse imaginer une fin à ce processus économique d'ajustement. L'histoire économique devient un puits sans fond dans lequel tous les acteurs sociaux (entrepreneurs comme salariés et ouvriers) se débattent dans une certaine forme d'asphyxie.

 Se protéger à l’échelle de l’Europe

 Je suis arrivé à la conclusion, il y a quelques années, que le protectionnisme était la seule conception possible et, dans un second temps, que la seule bonne échelle d'application du protectionnisme était l'Europe.

 La réalité de l'économie actuelle, c'est que le bon niveau d'intégration et de régulation, c'est l'Europe, et je ne vois pas comment on pourrait sortir de ce monde d'asphyxie sans penser un marché européen de 450 millions d'habitants. Pour se raconter qu'il n'est pas possible d'organiser un monde décent dans un ensemble de 450 millions d'habitants qui contient la plus grande masse d'ouvriers et d'ingénieurs qualifiés de la planète, il faut vraiment être à côté de ses pompes !

 Deux problèmes majeurs

 Les deux problèmes majeurs auxquels sont confrontés les politiques de ce pays et les syndicalistes sont les suivants :

  Le premier problème - je vais apparaître dans mon rôle de chercheur mal élevé - ce sont les économistes en France. Je crois qu'il faut admettre que statistiquement, qu'il s'agisse des économistes bancaires, universitaires ou de la haute fonction publique, ce sont des gens qui refusent de réfléchir à ces questions. J'ai en tête un papier du Monde signé par trois économistes - que je ne nommerai pas - mais qui dans ma tête sont maintenant les pieds nickelés de l'économie, qui, s'inquiétant d'un début de discussion de la thématique européenne protectionniste, renvoient tout cela dans les cordes en ne parlant que de protectionnisme national, c'est-à-dire en refusant même d'envisager la possibilité d'une réflexion sur ce que pourrait être une économie européenne protégée.

 Le second problème, c'est que je pense que la France va être amenée à jouer dans les années qui viennent un rôle très particulier dans la contestation de ce libre-échange et de cette ambiance d'asphyxie qui touche tous les pays européens les uns après les autres.

 La place centrale de l’Allemagne

 La réalité du monde économique en Europe, c'est que nous avons une puissance centrale économiquement dominante qui est l'Allemagne, et il est vrai que l'Allemagne est attachée au libre-échange. Dans la phase récente, elle a choisi l'exportation vers le monde plutôt que de se concentrer sur l'organisation de l'espace européen. C'est d'ailleurs ce qui l'a amenée à mettre ses partenaires dans la zone euro en situation difficile dans la période la plus récente, mais je crois que l'un des problèmes que l'on a en France, c'est une certaine névrose allemande des dirigeants français.

 Devant cette puissance industrielle allemande, on se dit qu'on ne peut pas négocier et qu'on ne peut rien faire, donc qu'est-ce qu'on fait face à l'Allemagne ? Je dirais : on plie et on ricane. On plie parce qu'on pense qu'on ne pourra pas changer les Allemands et on ricane en disant justement qu'on ne peut pas les changer et qu'ils sont très rigides... C'est une perspective qui me semble fausse. Il me semble tout à fait possible d'affronter cette question, de commencer à discuter avec l'Allemagne qui souffre aussi avec des taux de chômage élevés, ne trouve pas la solution dans la mondialisation et où la logique de compression salariale est encore plus forte qu'en France.

 L’Allemagne peut changer…

 Je pense qu'il est possible d'expliquer aux Allemands qu'un espace de 450 millions d'habitants, avec des protections commerciales qu'il faudrait définir et sur lesquelles il faudrait travailler, dans lequel on pourrait faire remonter les salaires et donc la demande intérieure, serait un projet tout à fait acceptable et intéressant.

Alors, je sais, on va dire : " l'Allemagne ne peut pas changer ! ". Mais je me souviens de l'époque où on disait " mais jamais l'Allemagne n'abandonnera le droit du sang " : l'Allemagne est passée au droit du sol. Je me souviens aussi de l'époque où on disait " mais jamais l'Allemagne ne sera autre chose que le toutou des Etats-Unis ". Et je me souviens de la guerre d'Irak.

 On peut discuter avec les Allemands et on peut les contraindre à prendre leurs responsabilités dans une organisation économique nouvelle de l'Europe et, de ce point de vue, on peut tout à fait imaginer un redémarrage d'un partenariat franco-allemand avec, pour la spécialisation internationale de la France, en faisant un mauvais pastiche de Ricardo, l'esprit de révolte et de contestation, et pour l'Allemagne plutôt l'esprit d'organisation.

 Réconcilier l’ouest et l’est de l’Europe

 Ce qui est sûr c'est qu'il est possible de concevoir une Europe dans laquelle, avec une protection des frontières, on pourrait réconcilier les Européens de l'Ouest et les Européens de l'Est ; comprendre la complémentarité des intérêts économiques français, allemands et polonais ; et en national, un monde de protection dans lequel les groupes sociaux et les catégories économiques ne seraient plus nécessairement lancés les uns contre les autres.

 Une Europe dans laquelle le progrès social redeviendrait possible

 Dans un monde protégé à l'extérieur, on arrêterait d'essayer de lancer les gens du secteur privé contre les gens du secteur public. On arrêterait de lancer les Français d'origine lointaine contre les immigrés, ou contre les Français d'origine récente.

 Ce projet serait un monde dans lequel, bien entendu, les représentants du monde des salariés et les représentants du patronat pourraient continuer à négocier durement et à s'affronter sur toutes sortes de problèmes, mais dans un contexte où le résultat des négociations serait une remontée des salaires pour le côté syndical et, du côté du patronat, le retour à un univers où l'on pourrait avoir plus de souplesse et moins de rigidités ».

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5 mars 2007 1 05 /03 /mars /2007 21:23

 

Chevènement y voit une forme de renoncement

 

Dans son blog (voir www.chevenement.fr ) aujourd’hui, Jean-Pierre Chevènement analyse l’allocution du candidat de l’UMP relative à la politique extérieure et de sécurité. Il perçoit chez Sarkozy une vision très proche de celle des néo-conservateurs américains, même si « Nicolas l’américain » se démène pour effacer sa proximité avec Bush qui lui colle à la peau depuis qu’il est allé s’excuser de « l’arrogance » française dans le bureau du président des USA.

 Une pensée proche des néo-conservateurs américains

 « L’habileté de Sarkozy ne nous fera pas prendre des vessies pour des lanternes. Lisons-le d'ailleurs plus attentivement : il exprime, dans sa doctrine de politique extérieure, une pensée étonnamment proche de celle des néo-conservateurs américains : comme eux, il déclare « refuser le relativisme culturel ». On croirait entendre Richard Perle, Paul Kagan, Paul Wolfowitz et leur maître à penser, Allan Bloom :

« Les valeurs doivent être imposées. Elles doivent vaincre d'autres valeurs opposées. Les cultures se livrent la guerre les unes aux autres et il est bien qu'il en soit ainsi : car c'est seulement en triomphant des autres et non en raisonnant avec eux qu'on peut affirmer des valeurs ».

Dès lors les expressions employées par Nicolas Sarkozy : « promouvoir les droits de l'Homme », « tous les peuples ont droit à la démocratie », « l'information planétaire interdit le silence », prennent tout leur sens : dans un monde dominé par une information unilatérale, le « devoir d'ingérence » nous conduira là où les Américains voudront nous faire aller.

La presse n'a pas relevé la pique adressée à Dominique de Villepin. Tandis que celui-ci avait souhaité l'évacuation des troupes américaines d'Irak « avant la fin de 2008 », Nicolas Sarkozy opine doctement : « La France n'est pas la mieux placée pour fixer un terme … Au gouvernement irakien (sic) de décider ».

Vers une politique extérieure alignée sur celle des Etats-Unis d’Amérique

 Pour qui a écouté Nicolas Sarkozy avec attention, l'importance accordée en matière de politique de défense aux projections de forces à l'extérieur, les fameuses « OPEX », l'insistance mise sur les interventions « préventives » et la « capacité de frappe dans la profondeur » ne trompent pas : c'est vers une politique extérieure étroitement alignée sur celle des Etats-Unis que nous acheminerait le candidat « néo » conservateur s'il était élu.

Quel contraste avec l’intervention de Ségolène Royal sur la défense !

 Combien contrastent, en regard, les expressions fortes employées par Ségolène Royal lors de son intervention sur la défense, le 3 mars dernier :

« La France et l'Europe sont attachées au multilatéralisme. Puissances militaires, mais sans ambition impériale, elles entendent contribuer à la sécurité collective fondée sur le respect du droit international … La défense nationale ne signifie pas la multiplication sans discernement d'opérations extérieures qui peuvent être fort éloignées de nos intérêts directs … Sécurité d'approvisionnement européenne signifie autonomie de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis dans le domaine de l'armement… Devant le désordre du monde, nous devons faire émerger en Europe un acteur stratégique indépendant … Je n'engagerai qu'avec discernement nos armées dans des opérations extérieures, même si certaines sont indispensables pour préserver la paix ou contribuer à l'exécution des résolutions des Nations Unies. »

Europe européenne ou Europe alignée sur l’OTAN et les USA

En lisant attentivement l'un et l'autre des deux candidats, on voit bien que la défense européenne distincte de l'OTAN est pour Ségolène Royal une perspective essentielle, tandis que pour Nicolas Sarkozy, OTAN et défense européenne se superposent étroitement. Entre ces deux visions, il y a l'écart qui sépare l'espérance du renoncement, la volonté que la France ne sorte pas de l'Histoire et la résignation à l'ordre établi du monde.

De ces deux visions, quelle est la plus raisonnable, celle, à court terme, de Nicolas Sarkozy ou celle, à long terme, de Ségolène Royal ?

L'avenir de la France ne se trouve évidemment pas dans une vision néo-conservatrice de l'Histoire mais dans la promesse d'une « Europe européenne », avec et par la France. On dit souvent que la France suit l'Amérique avec quelques années de retard. N'importons pas à la tête de l'Etat un néo-conservateur, quand les Américains vont donner congé à celui qu'ils avaient élu ! Jouons la France contre les « néo-cons » !

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4 mars 2007 7 04 /03 /mars /2007 23:00

 

Une vraie politique agricole et alimentaire 

 En mars 2005, au Salon de l’agriculture, s’adressant aux agriculteurs qui voulaient voter non au référendum européen, le président de la République avait voulu les dissuader en utilisant l’expression « Vous allez vous tirer une balle dans le pied » !

 Il faut croire que Jacques Chirac a bien peu d’autorité, puisque, le 29 mai 2005, 7 agriculteurs sur 10 ont voté NON à la ratification du traité constitutionnel approuvé par tous les gouvernements des pays membres de l’Union européenne.

 Ce vote est à mettre en relation avec les 7 à 8 milliards d’euros d’aides directes européennes perçues annuellement par les agriculteurs français, ce qui représente près de 80% de leur revenu net agricole moyen ! Un revenu qui avait diminué chaque année depuis 1999 (- 30% en sept ans), en dépit de la forte baisse de leur nombre (moins de 600 000 actifs non salariés en 2005, plus du double en 1985).

La France  a laissé faire la dérive libérale de la PAC

 C’est parce qu’ils connaissaient de très près l’évolution de la PAC qu’ils ont voté NON au référendum. Cette évolution libérale de la PAC n’a pu se faire sans l’assentiment du chef de l’Etat. Chirac est très populaire au Salon de l’Agriculture mais les agriculteurs savent bien qu’il ne s’est pas opposé à la mise en œuvre des politiques néo-libérales en agriculture à l’initiative de la Commission européenne, elle-même sous la pression des négociations internationales dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

 Ses propos d’hier (deux mois avant la fin de son mandat) contre le Commissaire au commerce, ne changent rien aux réalités.

 Un tournant dans les prix et les revenus agricoles en 2006

 Non seulement les agriculteurs ne se sont pas « tiré une balle dans le pied » le 29 mai 2005, mais la conjoncture internationale leur a été favorable en 2006. Leur revenu a repris, en une seule année, la moitié des pertes accumulées depuis 1999 (voir sur ce blog l’article d’hier).

 Les cours mondiaux du blé et du maïs ont été fortement revalorisés sous l’effet du développement des biocarburants aux USA et au Brésil, notamment.

 En outre, les importations chinoises vont dans le même sens d’une plus forte demande de produits agricoles de base (céréales). Ces éléments nouveaux doivent nous inciter à repenser en profondeur la politique agricole de notre pays, en sachant que celle-ci ne pourra être mise en œuvre qu’au niveau européen.

 Une politique agricole sur des bases radicalement nouvelles

 J’ai fait des propositions réalistes (voir sur ce blog l’article du 22 février dernier et sur le site national du MRC www.mrc-france.org en page d’accueil et les autres articles agricoles, onglet Positions, rubrique Agriculture).

 La gauche doit faire cesser la dérive néo-libérale de la politique européenne en général, de la politique agricole en particulier. Une vraie politique agricole ne peut être placée sous la tutelle des décisions de l’OMC, ou alors, cela signifie qu’elle n’existe pas.

 La souveraineté alimentaire

 La gauche doit remettre les pouvoirs publics en position d’assumer leurs responsabilités, la première étant d’assurer la sécurité alimentaire, en quantité et en qualité. Telle est la définition de la souveraineté alimentaire. C’est valable pour l’Afrique (voir sur ce blog l’exemple du Mali, article du 27 février) comme pour l’Union européenne.

 Nourrir l’Europe

 L’Europe n’a ni la vocation ni la possibilité de nourrir le monde. Elle doit donner l’exemple d’une organisation lui permettant de nourrir les Européens dans de bonnes conditions. Son industrie agroalimentaire peut très bien remplir cette mission et, en outre, exporter des produits élaborés, dans la mesure où elle en a la capacité par elle-même.

 Les subventions aux exportations ne se justifient pas, car il faut éviter de laisser prise aux accusations de distorsion de concurrence. Et cela nous place en position plus confortable pour protéger l’espace européen de ces distorsions, à l’aide des moyens les plus adaptés.

 Au sein de l’OMC, l’Union européenne doit peser en faveur de la régulation du commerce et des marchés mondiaux, en mettant la priorité sur l’organisation régionale, voire continentale.

 L’intervention publique nécessaire

 L’agriculture, qui fournit des denrées alimentaires, n’est pas une activité comme les autres. Les prix sont instables et ne reflètent pas les coûts de production. C’est ce qui justifie l’intervention publique et la mise en œuvre de l’organisation des marchés agricoles et alimentaires.

Les pouvoirs publics européens doivent veiller à ce que les prix des produits agricoles se tiennent à des niveaux permettant d’assurer la production de denrées alimentaires en quantité et en qualité. C’est leur rôle de vérifier que la valeur ajoutée se répartit équitablement entre tous les partenaires de chaque filière agroalimentaire.

 Les aides publiques

 Les aides publiques ont pris, au fil du temps et des réformes de la PAC, une part trop importante dans les revenus agricoles. La règle générale doit être que les agriculteurs soient rémunérés par la vente de leurs produits. Les aides directes, liées à la production, ne peuvent exister que dans des conditions exceptionnelles décidées par les pouvoirs publics dans le but de soutenir une filière de production. Les aides publiques, découplées de la production et régionalisées, perdront leur caractère systématique et généralisé pour devenir des compensations à des services rendus à la collectivité par les paysans.

 Les syndicats agricoles dans l’attente de propositions novatrices

 Je connais un peu les organisations syndicales, j’ai rencontré leurs responsables au niveau national (voir sur ce blog les articles des 22 et 23 décembre 2006, ainsi que celui du 20 janvier 2007). Il me semble qu’elles attendent des candidats, et des partis qui les soutiennent, des propositions novatrices après les épisodes, peu glorieux, de réformes successives de la PAC débouchant sur le vide politique, le but étant de faire place nette aux marchés.

 Un sondage, dont j’ai pris connaissance des résultats aujourd’hui, montre que les agriculteurs regardent de plus en plus en direction de la droite ou du centre. La gauche, dans sa diversité, n’intéresserait que 20% du monde agricole. Je me souviens de l’espoir qu’avait suscité la campagne de François Mitterrand, en 1981, parmi les agriculteurs qui avaient subi les conséquences de la politique de Giscard les années précédentes.

 Relever le défi alimentaire

 Dans les deux mois qui nous séparent du 6 mai, faisons en sorte de poser les vraies questions et d’apporter de bonnes réponses.

 Le défi énergétique est bien réel mais l’agriculture n’est pas la solution dans l’immédiat, tant que la transformation industrielle de la biomasse n’est pas au point.

 Le défi alimentaire existe bien et l’agriculture peut le relever, à condition de le faire intelligemment, à l’initiative et sous le contrôle des pouvoirs publics.

 La France a joué un rôle éminent, au début des années 1960, pour mettre en place la Politique Agricole Commune.

 Elle peut et doit se lancer dans la définition d’une nouvelle politique, agricole et alimentaire, à l’échelle de l’Europe.

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3 mars 2007 6 03 /03 /mars /2007 18:26

 

L’évolution des comptes de l’agriculture française

 Le Salon international de l’agriculture a ouvert ses portes ce matin à Paris. C’est le moment où la presse évoque les questions agricoles. Cette année, chacun s’interroge sur la succession du président Chirac. Mais aussi sur l’avenir de l’agriculture française, laquelle semble à la croisée des chemins. On a observé en 2006 un retournement de situation en faveur des agriculteurs (voir, sur ce blog, les articles du 26 décembre et du 22 janvier derniers, concernant le revenu agricole).

 Feu de paille ou évolution durable ? En fait, l’ampleur de ce rebond (+15%) est due, pour une bonne part, à l’accumulation des baisses de revenu (-30%) lors des sept années précédentes. Mais la décision d’affecter des surfaces et produits agricoles à la fabrication d’énergie n’y est pas pour rien ! On peut prévoir que cette tendance va se prolonger plusieurs années.

 Allons plus au fond du diagnostic de l’agriculture française, avec Lucien Bourgeois (APCA) qui a présenté, le 10 janvier 2007, devant ses collègues de l’Académie d’Agriculture de France, des documents chiffrés, introduits par ce titre optimiste « Le pire n’est pas toujours certain ».

 Ce qui ressort de ces tableaux de l’agriculture 

 - Le revenu agricole (plus précisément, le revenu net d’entreprise agricole par actif non salarié) s’est éloigné du revenu disponible par habitant depuis 1999. Auparavant, un rapprochement s’était opéré depuis 1994, après vingt ans d’un écart persistant entre les deux courbes.

 - La viticulture a tiré le revenu agricole moyen vers le bas depuis 1998 après l’avoir tiré vers le haut auparavant, depuis 1990.

 - Les disparités de revenu entre les exploitations (selon le type de production : céréales-oléagineux-protéagineux, maraîchage-fleurs, vins AOC, fruits, bovins lait, bovins viande, ovins, productions hors-sol – porcs, volailles) se sont réduites de 1998 à 2005, pendant que le revenu agricole moyen baissait de 30%.

 - L’emploi agricole (salarié et non salarié) a moins baissé depuis 1998, mais il est passé de 3,3 millions en 1960 à 2,3 millions en 1973, puis 1,3 million en 1992 et 870 000 en 2005. L’emploi salarié, entre 1960 et 2005, a beaucoup moins diminué (de 550 000 à 274 000) que l’emploi non salarié (de 2 700 000 à 596 000).

 - La productivité du travail a presque triplé de 1980 (indice 100) à 2006 (indice 262) pendant que celle du capital et des consommations intermédiaires est restée stagnante.

 - Les aides publiques (9,8 milliards € d’aides directes et de subventions en 2005) semblent avoir été intégralement réinvesties dans la consommation de capital fixe (équipements, matériels).

 - Le revenu net agricole annuel est passé de 31 à 12 milliards € entre 1970 et 2005 (monnaie 2005), pendant que les aides publiques augmentaient  de 9 milliards et les investissements se maintenaient (8 à 10 milliards).

 - Le prix des terres agricoles (en euros constants 2005) a augmenté de 1960 à 1980, puis baissé jusqu’en 1995, avant de remonter depuis dix ans.

 - Les excédents agroalimentaires proviennent principalement des secteurs viticole (6,7 milliards € en 2005) et céréalier (3,5 milliards) mais, en 1993, les deux secteurs étaient à égalité. Les vins et spiritueux formaient les deux tiers du solde des échanges agroalimentaires français en 1994. Ils en font 90% en 2005.

 Lors de la séance du 10 janvier de l’Académie d’agriculture, Lucien Bourgeois a conclu ainsi sa présentation.

 Les enseignements à tirer de l’actualité agricole 2006

 Le volume de la production agricole

 « L’opportunité énergétique montre que l’équilibre production - consommation est fragile et peut se retourner rapidement. Malgré la mauvaise coordination antérieure entre les politiques des céréales et celles de l’élevage en France, cela donne un sursaut conjoncturel pour les productions végétales affectées par la suppression des restitutions.

 Ce sursaut ne sera durable que si cela permet enfin une amélioration des liaisons entre ces deux secteurs en particulier sur la gestion des coproduits.

 L’importance du secteur viticole

 La viticulture est désormais l’atout majeur de la compétitivité de l’agriculture française sur les marchés extérieurs.

 Même en période de crise, l’excédent s’améliore. Il importe de faire un bilan objectif de cette performance atypique dans le développement récent de l’agriculture française. Ce secteur a apporté la preuve qu’on pouvait augmenter la valeur ajoutée et être compétitif à l’extérieur sans augmenter les volumes de production

 Il serait dommage de s’en remettre aux solutions faciles de la grande distribution (GMS) pour sortir de la crise par une stratégie de volumes à bas prix.

 La restructuration des exploitations

 L’agriculture française est désormais une des mieux structurées d’Europe.

 Néanmoins, la fuite en avant vers l’agrandissement, encouragée par le système d’aides, permet certes d’augmenter la productivité du travail mais pas celle des consommations intermédiaires et du capital. Il est étonnant de voir que, même pendant les phases de diminution du revenu, l’investissement reste orienté à la hausse.

 La restructuration pousse aussi à l’extensification des systèmes de production et donc à la spécialisation des agriculteurs sur la fourniture de matières premières.

 L’expérience montre que, dans un pays comme les USA, le nombre des exploitations ne baisse plus depuis 15 ans. Il y aurait donc une limite à la diminution. Mais la restructuration était un élément essentiel de la politique des revenus agricoles. Comment peut on maintenir les revenus sans cette diminution ?

 L’avenir de la production bovine 

La montée des cours des bovins est une conséquence favorable de la crise ESB (« vache folle ») à cause des abattages de vaches mais aussi une conséquence de la restructuration du troupeau laitier. Ces deux phénomènes sont conjoncturels.

 La persistance de cours favorables suppose un maintien efficace de la protection communautaire face aux importations.

 Elle suppose aussi une bonne coordination avec l’engraissement en Italie. Toutes ces raisons militeraient pour  un renforcement de la construction européenne. Or elle semble en panne, en particulier sur le plan économique. Une chose est sûre, la re-nationalisation serait une impasse. Il ne suffira pas de recourir à la seule stratégie « nationale » de type VBF (viande bovine française) quand l’essentiel de la production d’animaux maigres est exportée en Italie. 

 Les effets induits de la politique agricole 

Les aides de la politique agricole sont mieux utilisées qu’on ne le pense car elles favorisent en fait un effort étonnant d’investissement. Cela permet de maintenir et d’améliorer l’outil de production pour lui permettre de répondre au moindre coût à la demande des industries agroalimentaires (IAA). Non seulement cela procure une source de devises appréciable mais cela a un effet d’entraînement pour un circuit économique sophistiqué de nombreuses PME réparties sur tout le territoire. Mal connu par le système statistique actuel, la création d’emplois dans « l’alimentation » est actuellement parmi les plus performantes ».

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2 mars 2007 5 02 /03 /mars /2007 21:47

 

Le rôle nécessaire de l'Etat républicain

 

Jean-Pierre Chevènement est de plus en plus présent sur les médias et s’affirme avec brio comme l’un des meilleurs soutiens de Ségolène Royal. C’était évident mercredi soir sur La Chaîne Parlementaire (l’émission sera rediffusée demain à 12h15. Vidéo à voir sur www.chevenement.fr ).  

 Dans cet article, intéressons-nous au dossier Airbus, lourd de sens politique. Quel contraste entre les attitudes de Forgeard (ancien proche de Giscard d’Estaing) et de Gallois (ancien proche de Chevènement) ! Louis Gallois a été appelé au chevet d’EADS et, constatant l’état du malade, se voit contraint à procéder à une opération chirurgicale afin de redresser l’entreprise.

 Une anecdote concernant Louis Gallois

 Il y a vingt ans, cet homme qui  venait de quitter son poste de directeur de l’industrie après la défaite de la gauche en 1986, était venu à St-Berthevin animer une réunion-débat sur la politique industrielle. Il m’avait demandé de le présenter sous le nom de Louis Vincent, par souci de discrétion (il travaillait alors avec des chefs d’entreprise, avant d’être nommé président d’un groupe public). Il y avait beaucoup de salariés dans la salle du Centre de Rencontres, qui s’étaient exprimés en fin de réunion. Grâce à Georges Garel, nous avons un enregistrement sonore de cet événement.

 L’intervention  de Louis Gallois avait été d’une remarquable limpidité, notamment à propos des spécificités respectives des économies allemande et française. Jean-Pierre Chevènement ne s’était pas trompé en le nommant, en 1981, directeur de son cabinet au ministère de la Recherche et de la Technologie, puis de l’Industrie.

Mais revenons à Airbus. Voici ce qu’écrivait JP Chevènement, hier, à ce sujet (www.chevenement.fr ).

 « L'Airbus A 350 ne pourra être développé sans la contribution des Etats »

 « Le plan d'économies annoncé par Louis Gallois ne permet pas ce financement. Quand j'entends M. Sarkozy déclarer dans sa conférence de presse d'hier : « Les Etats ne sont pas les actionnaires les mieux avisés », je me demande si je rêve. Est-ce que M. Arnaud Lagardère et M. Forgeard qui ont vendu leurs actions avant que soient révélées les difficultés de l'A 380 sont « des actionnaires avisés » ? Pour ce qui est de la gestion de leur patrimoine personnel certes ! Mais pour l'avenir de l'entreprise EADS-Airbus certainement non !

Nous sommes bien là en présence de cette tendance fondamentale au court-termisme qui caractérise la gestion du « capitalisme patrimonial » cher à Alain Minc. Les actionnaires se paient d'abord, peu importe l'avenir de l'entreprise, ses investissements, sa recherche, le renouvellement de sa gamme de produits, ses salariés, leur qualification et leur formation. Ainsi s'opère la déconnection des entreprises et des territoires. 
Les avions d'Airbus sont fabriqués déjà à 40 % dans la zone dollar. Le processus d'externalisation engagé par la vente de certaines usines ne peut conduire qu'à l'accélération du processus de délocalisation vers les pays à bas coût de main d'œuvre. On observe la même tendance avec Alcatel-Lucent qui supprime 10 000 emplois dans le monde dont 90 % en Europe et aux Etats-Unis où la main d'œuvre est la plus chère.

Comment contrarier cette tendance générale au « court-termisme » et à la délocalisation ?

Par une politique de l'euro d'abord qui remédie à sa surévaluation. Ensuite par une vigoureuse politique d'aide à la recherche-développement : celle-ci implique forcément l'intervention des Etats. C'est une bonne chose que l'actionnariat allemand inclue maintenant une forte participation publique.

 C'est à travers une vigoureuse politique industrielle essentiellement à base franco-allemande qu'Airbus pourra être relancé et que le développement de l'A 350 qui commande l'avenir de l'emploi pourra être financé. Ségolène Royal faisait observer l'autre jour que si la réglementation actuelle de la concurrence par la Commission avait prévalu au début des années soixante-dix, jamais les Etats français, allemand, britannique, n'auraient pu financer par avances remboursables le développement d'Airbus qu'on célèbre comme une réalisation de « l'Europe », en oubliant que dès l'origine, ce fut l'affaire des Etats.

Ceux-ci n'ont pas à abdiquer leur rôle. Plus que jamais face à la concurrence de Boeing, largement subventionné par le budget de la Défense américaine il convient que les grands Etats européens se concertent pour sauver la construction aéronautique sur notre continent et les emplois qu'elle représente.

Aller dans le sens de M. Sarkozy, celui de l'actionnariat privé, ce serait vouer EADS-Airbus à subir demain le sort de Péchiney et d'Arcelor, en passant sous le contrôle des fonds de pension, anglo-saxons ou autres. Etrange conception de la défense des intérêts nationaux et européens » !

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