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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 16:04

Le socialisme doit adapter l’économie à la société

 

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, en présence d’une dizaine de ses conseillers, a reçu Marcel Gauchet , philosophe et historien français*, le 14 août 2013 à l'Hôtel de Matignon. Leur entretien, qui a duré trois heures, a porté sur le thème de la France dans le monde en 2025.

Le Nouvel Observateur a publié, le 22 août 2013, un article de Eric Aeschimann dans lequel le philosophe et historien raconte l’entretien de Matignon :

 

J'ai rencontré Jean-Marc Ayrault : ce que je lui ai dit sur la France de 2025

 

On ne change pas l’identité d’un pays par décret

Je l’ai d’abord mis en garde : pour se projeter à long terme, il faut aller au-delà de l’économie. Le profond malaise qui paralyse la France tient moins aux difficultés économiques qu’à une crise d’identité. Depuis la Révolution, notre pays se définit par une identité universaliste, mais la mondialisation réduit mécaniquement notre influence dans le monde, et la prétention universelle de notre modèle n’est plus tenable.

Que faire ? On ne change pas l’identité d’un pays par décret : sur ce point, il faut méditer l’échec de Nicolas Sarkozy, qui a tenté d’aligner l’identité française sur le modèle européano-libéral. Il a échoué à cause de la méthode, mais aussi à cause du but : les Français n’avaient pas envie de ça.

Il convient donc d’actualiser l’identité française tout en restant dans la continuité. Je crois que la France peut avoir l’ambition d’être un pays exemplaire dans sa capacité à ne laisser personne au bord du chemin. Le néolibéralisme divise la société entre les utiles et les assistés. Définir une société qui fasse de la place à tout le monde, voilà qui pourrait donner un nouveau contenu à l’universalisme français.

Mais, pour cela, il faut changer de méthode, renoncer aux recettes miracles imposées d’en haut et prendre le temps d’associer les gens concernés. À cet égard, la conférence de consensus sur la récidive de Christiane Taubira allait dans le bon sens, quoi qu’en dise Manuel Valls. Lorsque ce sujet a été évoqué avec le Premier ministre, celui-ci a surtout regretté que ce travail préparatoire n’ait pas été encore plus ouvert au public.

 

Adapter l’économie à la société

Autre exemple : l’école, qui est devenue une machine à dé-démocratiser. On devrait réunir les professionnels et les publics concernés, car c’est ensemble qu’ils inventeront des solutions que, par définition, on ne connaît pas aujourd’hui. Ainsi, à l’occasion de la remise en route des anciens IUFM, on devrait se demander ce que nous attendons des futurs enseignants. Agir maintenant aura des effets directs sur l’école en 2025 et après.

J’ai enfin abordé la question européenne. Pourquoi a-t-on laissé l’Europe modifier les normes comptables de nos entreprises en les calquant sur les normes américaines ? Pourquoi s’est-on engagé dans la négociation d’un accord de libre-échange transatlantique ? C’est une bombe à retardement qui transformera profondément la société européenne, toujours plus clivée, plus coupée en deux.

Dans la logique néolibérale, la société doit s’adapter à l’économie. Un véritable socialisme réformiste doit chercher au contraire à adapter l’économie à la société.

 

Autres déclarations de Marcel Gauchet

 

Voir cet article : Marcel Gauchet : "le fonds de sauce européiste dans lequel nous sommes enlisés  (Au fait, 2 sept. 2013). Extrait.

 

"La politique est-elle devenue impuissante, incapable de répondre aux aspirations des populations ?

Il s'agit d'une impuissance fabriquée et, d'une certaine manière, souhaitée par certains acteurs de la construction européenne dont la philosophie sous-jacente est de vider les appareils nationaux de toute substance. Ceux-ci voudraient construire un espace politique non seulement post-national mais aussi post-étatique. C'est-à-dire un espace où la "gouvernance", par un mélange de droit et de régulation économique, aurait remplacé l'action de gouvernements élus, toujours soupçonnés d'arbitraire et d'inefficacité. Les arguments juridiques et économiques constituent le fonds de sauce européiste dans lequel nous nous sommes enlisés. [...] Les institutions actuelles, en prétendant contourner les nations, n'aboutissent qu'à vider de tout contenu la possibilité d'opérer des choix collectifs."

Sur la présidentielle : "les candidats étaient incapables d'aborder le fond de leur programme car ils avaient peur que les citoyens, droite et gauche confondues, se rendent compte que c'était globalement le même que celui de la Commission européenne."

Plus loin, Marcel Gauchet rappelle que nombre d'européens sont fascinés par les Etats-Unis, mais que les Etats-Unis, eux, conservent un caractère d'Etat-nation fort.

 

Et cet autre, du même blog (Au fait, 20 sept. 2013) : Marcel Gauchet a encore frappé !

 

(…) l’Europe a complètement changé de nature du fait de la mondialisation. François Mitterrand a vendu l’Europe aux Français en leur disant "on va faire à l’échelle européenne ce qu’on ne peut plus faire en France", c’est-à-dire résister à la mondialisation. La promesse était de construire une Europe puissante capable de jouer d’égal à égal avec les États-Unis. Or c’est l’inverse qui s’est produit. L’Europe est devenue un accélérateur de la mondialisation et de la pénétration de ses normes en France. Elle n’a pas été le rempart annoncé, mais un cheval de Troie. Et l’on s’étonne ensuite de la désaffection de l’opinion !"

 

(…) "Je pense que la clé du déblocage se situe du côté du rapport à l’Europe. Il faut sortir de cette mécanique infernale qui est devenue paralysante et contre-productive par rapport à ses objectifs initiaux. Il ne s’agit pas de se replier dans son coin, mais de concevoir l’Europe autrement. Elle a démarré à six pays avec une intention fédérale, en vue d’une défense commune contre la menace soviétique. Or il n’y a plus d’Armée rouge, elle regroupe 28 pays, l’idée d’un État-nation européen n’a plus de sens et nous fonctionnons toujours avec les mêmes institutions! Comment cela pourrait-il marcher? Il faut reposer la question européenne à nouveaux frais."

 

* Voir Marcel Gauchet, philosophe au chevet de la démocratie, parle d’or - 2 août 2009 

Cet article est le 34ème paru sur ce blog dans la catégorie Personnalités et célébrations

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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 17:24

La gauche, majoritaire au Parlement mais battue

 

Après les élections nationales du 22 septembre, la gauche pourrait gouverner si ses trois composantes étaient capables de s’entendre. Mais ce ne sera pas le cas, les sociaux-démocrates (SPD, centre gauche) refusant de s’allier avec la gauche Die Linke, composée d’anciens communistes de l’Allemagne de l’est et de dissidents du SPD de l’ex-Allemagne de l’ouest.

 

La droite démocrate-chrétienne (CDU + CSU en Bavière) est le parti dominant mais son allié (droite libérale, FDP) n’a pas atteint le seuil de 5 % des suffrages, indispensable pour obtenir des sièges. Tout proche de la majorité absolue (311 sièges sur 630), elle devra composer avec un des trois partis de gauche représentés au Parlement (SPD ou Verts sont sur les rangs). Car, à droite, un parti émergent, Alternative pour l’Allemagne (AfD) - qui n’a que 6 mois d’existence (il est fondé sur l’opposition à l’euro, monnaie unique européenne) - n’a pas atteint, non plus, le seuil de 5 %.

 

Tout cela découle du système électoral allemand à la proportionnelle, qui offre aux électeurs la possibilité de voter pour un nom dans leur circonscription et pour un parti au niveau national. C’est un système complexe mais apprécié des allemands. Rien à voir avec le système français actuel, majoritaire à deux tours, qui fait dépendre les résultats des élections législatives (députés) de l’élection présidentielle qui se déroule quelques semaines avant. En Allemagne, le président de la République est élu par les parlementaires des deux assemblées et n’a pas de pouvoir exécutif. En France le pouvoir exécutif est dominé par le président de la République.

 

Avant de lire la presse, il est bon de consulter l’excellent résumé publié sur son blog le 24 septembre 2013 par Yohann Duval. Voir Allemagne : Angela Merkel triomphe, les anti-euro émergent.

 

Dans la presse

 

Les vraies leçons des élections allemandes (Marianne, Gilbert Casasus*, 23 sept. 2013)

La politique de François Hollande ne doit pas être une décalcomanie de celle d’Angela Merkel. Sinon, il perdra sur tous les tableaux : tant en France qu’en Europe.

Il aura fallu attendre la défaite historique des libéraux du FDP, évincés du Bundestag, pour s’en rendre compte. Décidément, il y a quelque chose qui ne fonctionne plus dans le système politique made in Germany. Bien que dépassant largement le seuil des 50% dans l’ensemble du pays et confortée par une victoire éblouissante de la CDU/CSU, la droite allemande est minoritaire au parlement.

Elle fait face à une gauche certes divisée, déconsidérée et humiliée mais pourtant majoritaire en sièges à Berlin. Morcelée et désunie, celle-ci est toutefois incapable de gouverner la République fédérale d’Allemagne. Politiquement, elle a perdu les élections, même si arithmétiquement elle les a gagnées. Sauf que la politique, ce n’est pas de l’arithmétique et que la défaite de la gauche allemande en ce 22 septembre 2013 est l’une des plus cruelles qu’elle a dû subir depuis 1949.

Le résultat illogique des dernières élections allemandes est le fruit de la proportionnelle qui expose ici, au grand jour, ses propres limites. A cinq sièges près, la CDU/CSU aurait pu obtenir avec ses 41,50% des voix une majorité absolue des sièges au Bundestag. Mais n’en récoltant que 311 sur 630, elle est obligée de s’allier avec un partenaire qu’elle n’aurait pas voulu avoir à ses côtés. C’est là la conséquence de la proportionnelle et du refus des Allemands de s’interroger sur la pertinence du scrutin majoritaire. Persuadés que les partis demeurent interchangeables, ils privilégient toujours  la flexibilité des alliances politiques. Mais celles-ci  peuvent être contre nature et conduire à ce que l’Allemagne vit depuis plusieurs années, à savoir une dépolitisation de ses débats de société.

Si la chancelière a largement remporté les élections allemandes, c’est qu’elle a parfaitement su dépolitiser son pays. A l’image d’Angela Merkel, la République fédérale est devenue sûre d‘elle-même, nationale et libérale. La « femme la plus puissante du monde » incarne ainsi à la perfection une Allemagne qui s’est politiquement et intellectuellement appauvrie. Aujourd’hui, la RFA est lisse, rassurante et merveilleusement ennuyeuse. Elle est performante, ce dont elle se satisfait pleinement. Et, elle est ce qu’elle a toujours voulu être, la première de la classe.

Mais de classe, pas la moindre trace lors de dernière campagne électorale. Là aussi, Angela Merkel a réussi son pari : tout miser sur sa personne et donner au superficiel la place de choix qu’il n’aurait jamais eu le droit d’avoir dans une démocratie digne de ce nom. Si l’Allemagne d’aujourd’hui est désormais celle de ses mérites, la politique allemande ne mérite pas les lettres de noblesse que certains, en RFA ou autre part, aimeraient lui attribuer. Forcés et contraints, les Verts ou plus vraisemblablement les sociaux-démocrates s’allieront avec la CDU/CSU. Mais leur marche vers une coalition ressemblera à un chemin de croix car ils iront à Canossa, ne sachant plus ou juste s’ils doivent, oui ou non, y perdre leur âme.

Mais d’âme, il ne peut plus en être question depuis que le SPD a choisi de « faire des réformes ». Sauf que ces réformes n’ont profité qu’à la droite. Ainsi les sociaux-démocrates allemands subissent aujourd’hui les conséquences inéluctables de la politique instaurée lors de son second mandat par le chancelier Gerhard Schröder. C’est pourquoi leur défaite est méritée. Responsables de leur propre échec, ils pourraient alors s’abstenir de renouer l’expérience d’une nouvelle « Grande Coalition », dirigée par Angela Merkel. En auront-ils le courage ? Rien n’est moins sûr dans un pays, où les compromis gouvernementaux peuvent même se faire au prix des compromissions politiques.             

Si l’on devait ne tirer que deux leçons du scrutin du 22 septembre 2013, deux conclusions pourraient s’imposer d’elles-mêmes. D’une part que toute coalition gouvernementale, pour être légitime, doit répondre à une logique partisane et politique. Sinon, elle traduit un déficit, une contrainte ou un malaise politique, qui ne plaident pas pour la pérennité du système en place. D’autre part que la victoire d’Angela Merkel n’est pas une bonne nouvelle pour François Hollande. Qu’il se garde alors de s’inspirer du « Schröderisme », qu’il cesse de croire que « ses camarades du SPD » doivent lui servir de modèle, qu’il comprenne enfin que sa politique ne doit pas être une décalcomanie de celle d’Angela Merkel. Sinon, il perdra sur tous les tableaux : tant en France qu’en Europe. Mais là aussi, rien n’est moins sûr qu’il le comprenne.

* Professeur en Études européennes à l’Université de Fribourg (Suisse)

 

Voir aussi (Le Monde, Mathieu Von Rohr, 20 septembre 2013) : Le modèle allemand : "un géant en trompe-l'œil" 

 

A noter que, le 22 septembre, en Allemagne, il y avait une autre élection, dans le Land de la Hesse (Francfort), qui a donné des résultats tout aussi difficiles à transformer en coalition majoritaire. Voir La Hesse : un laboratoire pour les possibles coalitions en Allemagne (Le Monde, 25 septembre 2013). Le 22 septembre, grande journée électorale en Allemagne, se déroulait une autre élection que celle qui a vu triompher Angela Merkel au niveau fédéral. Dans le Land de la Hesse, les Allemands ont aussi élu leur Parlement régional et, comme au niveau fédéral, les résultats sont caractérisés par l'absence d'un scénario clair pour la constitution d'une coalition. Avec une différence notable cependant, dans ce Land  – un des plus riches d'Allemagne – situé dans le centre du pays, près de Francfort, une alliance du Parti social-démocrate (SPD), des Verts et de Die Linke n'est pas impossible, alors qu'elle est exclue à Berlin. Tout comme une coalition entre la CDU et les Verts, modèle qui permettrait à Angela Merkel, au niveau fédéral, de se passer du soutien des sociaux-démocrates.

 

Rappel : L'Allemagne impose son consensus de Berlin à l'ensemble de l'Europe - 18 mai 2013 

Modèle allemand, ses mythes et la réalité : un livre de Guillaume Duval - 29 juin 2013 

 

Cet article est le 60ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne

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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 20:45

Un vrai gâchis pour 2500 salariés et des questions…

 

L’avenir gâché du Crédit Immobilier de France est préoccupant* à plus d’un titre, d’abord pour l’emploi, mais aussi pour le financement de l’habitat modeste. Le gouvernement a pris la décision, fortement contestée, de L'extinction programmée du Crédit immobilier de France (CIF).
Voir ce texte de Mediapart, le 5 mars 2013 :
La crise financière : une occasion ratée pour mettre en place et consolider un pôle financier public : l'exemple de l’extinction programmée du Crédit immobilier de France (CIF) :

C'est l'expression d'une préoccupation de l'Etat français, tous régimes politiques confondus, confrontés à une situation de crise financière et d'insuffisance des ressources budgétaires, que de provoquer la récupération et la vente de tous patrimoines publics ou parapublics et ce pour renflouer les comptes publics en déséquilibre croissant. Cela aura été le cas en sacrifiant une institution financière atypique qu'est le Crédit Immobilier de France et les 59 Sociétés anonymes de crédit immobilier (SACI), actionnaires du CIF, disposant de patrimoines et de fonds conséquents, construits avec l'appui des pouvoirs publics dans leur partenariat avec l'organisme public des Habitations à loyers modérés (HLM)

Ce faisant, l'Etat (le Trésor) récupérera au passage quelques ressources utiles au budget. En l'espèce, on a relevé bizarrement une concordance, sinon une complicité, entre d'une part les visions de démolition insidieuse des composantes d'un pôle financier public et associatif en délitement, au profit du pôle financier privé, et d'autre part les manipulations douteuses et dangereuses des agences de notation qui se sont octroyées le droit de saisir toutes occasions opportunes pour peser sur le statut et le devenir des Etats et des institutions économiques et financières, publiques et privées.

Le cas s'avère concluant lorsqu'on relève la concordance entre les manipulations et les menaces de dégradation de la note du CIF par l'Agence Moody's d'un côté et les injonctions des institutions françaises en charge de l'accompagnement voire de la régulation du système bancaire français, pour pousser le CIF à rechercher et à trouver un opérateur pour endosser, garantir et stimuler ses opérations de l'autre. Apparente contradiction qui ressemble bien à une complicité pour pousser le CIF à "l'extinction". Le Gouvernement, pour minimiser sa part de responsabilité a bien avancé l'excuse d'une recommandation de la Commission européenne pour sacrifier cet opérateur et récupérer ses biens, laquelle Union européenne s'en est défendue, fournissant des preuves à l'appui.

Voir aussi, pour mieux comprendre : Casse financier et casse sociale au Crédit immobilier de France (Philippe Riès, Mediapart, 2 septembre 2012)

 

L’extinction du Crédit immobilier de France, décidée par la direction du Trésor avec l’aval du ministre de l’économie et des finances, Pierre Moscovici, représente un « casse » financier sur le portefeuille de prêts et les fonds propres de cet établissement spécialisé dans le financement de l’accession à la propriété de ménages modestes, et l’annonce d’une casse sociale puisque quelque 1 500 salariés au bas mot pourraient perdre leur emploi dans une opération qui réjouira les concurrents du CIF.

Si la fin programmée du CIF n’est pas une surprise, Mediapart l’ayant anticipée dès le mois d’avril dernier, la gestion du dossier par le Trésor, sous l’ancien gouvernement de droite comme sous le nouveau, de gauche, apparaît pour le moins suspecte.

D’une curieuse passivité pré-électorale, on est passé à un chantage brutal sur la direction et les actionnaires de l’établissement, sommés de se démettre et de se soumettre.

Dans le communiqué publié samedi soir, Pierre Moscovici indique que « pour permettre au groupe CIF de respecter l'ensemble de ses engagements, l'État a décidé de répondre favorablement à sa demande de lui octroyer une garantie ». Il y avait en effet urgence puisque le CIF devait faire face, lundi 3 septembre, à une échéance de renouvellement de financement de 4,3 milliards d’euros de la part d’investisseurs institutionnels, opération devenue irréalisable après la décision, le 28 août, de l’agence de notation Moody’s de dégrader de trois échelons la note de l’établissement, conformément au scénario exposé en avril dernier.

« L'État, ajoute le communiqué de Bercy, a pris acte de la nomination de Monsieur Bernard Sevez en qualité de nouveau Président-Directeur Général et de Monsieur Patrick Amat en qualité de Directeur Général Délégué ainsi que du départ de l'ancien dirigeant du CIF, en faisant valoir ses droits à la retraite. L'État s’attend à ce que l’ancien dirigeant du CIF renonce à toute indemnité. »

 

Une activité rentable

 

En réalité, selon nos informations, le patron du CIF, Claude Sadoun, a été fixé sur son sort personnel et celui de son établissement lors d’un entretien, jeudi 30 août en début d’après-midi, avec Pierre Moscovici. Sa démission, comme celle de la directrice générale, était une des conditions mises par le Trésor à l’extension de la garantie de l’État. Les nouveaux dirigeants, choisis au sein de l’établissement, ne seraient là que pour préparer un processus d’extinction progressive de l’activité (un « runoff » en jargon financier) qui verra le CIF cesser toute production de nouveaux crédits immobiliers, la gestion du portefeuille existant étant vraisemblablement, selon une source proche du dossier, transmise à terme à la Caisse des dépôts, avec les quelques centaines de salariés (sur un effectif de 2 500 personnes au siège et dans 300 agences) qui suffiront à cette tâche.

 

Pour s’assurer que les administrateurs du CIF, représentant les Sacicap (Sociétés anonymes coopératives d'intérêt collectif pour l'accession à la propriété) émanant des collectivités locales et du mouvement HLM, avalent la pilule sans protester, le gouvernement a délégué le directeur du Trésor, Ramon Fernandez, et le directeur de cabinet du ministre, Rémy Rioux, à la réunion de crise du conseil d’administration du CIF, vendredi soir. Outre le départ de l’équipe dirigeante, les actionnaires ont dû également accepter de renoncer, selon nos informations, au versement d’un dividende et à toute revendication sur les substantiels fonds propres du CIF.

 

Le paradoxe veut que si la crise financière a condamné le modèle de financement par le marché du CIF, la situation « industrielle » de l’établissement est plutôt saine. Au premier semestre de 2012, il a dégagé un bénéfice de 47 millions d’euros. Ses actifs, composés de prêts à des ménages peu fortunés mais respectueux de leurs obligations, sont considérés comme solides. Et il dispose de 2,4 milliards de fonds propres, avec un ratio prudentiel de 14 %, supérieur aux exigences du nouveau cadre réglementaire de Bâle III.

 

Une bonne affaire pour le Trésor

 

Rien à voir par conséquent avec le désastre de Dexia qui va coûter des dizaines de milliards d’euros aux contribuables belges et français. Mais si Claude Sadoun doit abandonner des indemnités auxquelles il aurait légalement droit, que penser des jours heureux que coulent des Pierre Richard (retraite « chapeau » dorée sur tranche) ou Bruno Deletré (recasé au Crédit foncier), responsables de la bérézina financière de l’ancien Crédit local de France ? Il est vrai que tous deux viennent de la très haute fonction publique.

 

Peut-on reprocher à l’ancien dirigeant de n’avoir pas réussi à adosser à temps son établissement à un grand groupe bancaire ? Des négociations très avancées avec La Banque Postale ont échoué en raison d’une décision de son patron Philippe Wahl, dont les conditions n’auraient pas été acceptées par le gouvernement, selon une source proche du dossier.

C’était le feu vert donné à Moody’s. La même source affirme que d’autres repreneurs potentiels, recrutés par la banque HSBC qui en avait reçu mandat, étaient en train d’étudier les données quand le verdict du gouvernement est tombé.

Si le Trésor peut se dire qu’il va faire une bonne affaire, en mettant la main, via une nationalisation déguisée et sans risque, sur des sommes qui ne sont pas négligeables par ces temps de disette budgétaire, reste à connaître la réaction des collectivités locales qui seront lésées financièrement et handicapées dans leur politique de logement social. Et aussi des syndicats de salariés du CIF. Quant à sa clientèle de ménages aux ressources limitées, on lui souhaite bonne chance auprès des grands réseaux bancaires qui l’ont souvent traitée par le mépris.

 

Certes, le directeur du Trésor, Ramon Fernandez, a expliqué à l'Assemblée nationale que les fonds propres de la banque qui va fermer ses portes seront conservés jusqu'au remboursement des crédits en cours. Voir Non, l'Etat ne piquera pas le magot du Crédit immobilier de France (Challenges.fr, Delphine Dechaux, 17 juillet 2013).

 

Dans La Lettre électronique de l’Union des Familles laïques (UFAL), le 24 septembre 2013, Christophe Hordé, responsable du secteur Logement social, affirme que L’extinction programmée du Crédit immobilier de France (CIF) est un scandale d’État

L’extinction programmée du Crédit immobilier de France (CIF) est un scandale d’État. Les 2500 salariés qui, depuis plus d’an an, se tournent les pouces dans leur bureau, attendent enfin une décision gouvernementale sur leur avenir. Les Hauts fonctionnaires de Bercy veulent récupérer les fonds propres (quelques milliards) du CIF pour alimenter le tonneau des Danaïdes des finances publiques. Avec cette politique, une institution financière atypique va disparaître : elle s’occupait de financer le logement essentiellement pour des ménages modestes. 

Nous mettons en ligne l’intervention de la secrétaire du Comité d’entreprise au dernier CCE du 17 septembre dernier. Comme elle le proclame : “Mais que fait le Président Hollande ?” Alors, puisque visiblement il y a différentes catégories de personnes responsables, je profite de la présence de Monsieur le Commissaire du Gouvernement pour poser la question au Président de la République. Monsieur Hollande, vous qui affirmiez publiquement le 10 janvier dernier à nos collègues bordelais : « La situation sera assurée pour chacun, j’en prends l’engagement. », quelle responsabilité entendez-vous réellement exercer à l’égard des salariés du Crédit Immobilier de France ?

* Rappel : Collectif pour un Pôle public financier et Crédit Immobilier de France - 3 mai 2013 

Crédit Immobilier de France : 6 mois pour se restructurer si l'Etat le veut - 24 février 2013 

Crédit Immobilier de France : nouveau PDG et bras de fer avec l'Etat -  27 janvier 2013 

 

Cet article est le 35ème sur ce blog dans la catégorie Le logement

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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 22:34

 La crise économique et financière sans solution

 

La faillite de la banque américaine Lehman Brothers  date du 15 septembre 2008. C’était le début de la Crise financière à l’origine de la récession économique la plus grave depuis celle des années 1930. Que s’est-il produit depuis cinq ans ? Aucune amélioration n’est à signaler. C’est   

5 ans après Lehman Brothers, aucune amélioration

 

Cinq ans après la faillite de Lehman Brothers, le risque de faillite bancaire, le système financier en crise, l'économie mondiale sens dessus dessous et les déséquilibres mondiaux sont autant de problèmes qui attendent toujours des solutions. Comment en est-on arrivé là ? Quelles leçons en a-t-on tirées ? Qu'a-t-on fait pour améliorer la situation ?

Cela a commencé par le programme d'assouplissement de Greenspan jusqu'à ce que le principal taux directeur de la Fed atteigne 1% en 2004, avec pour conséquences la bulle immobilière aux Etats-Unis et l'invention par les banques d'instruments de financement aventureux.
Puis est arrivé la faillite de Lehman le 15 septembre 2008 et la plus grande récession que le monde a connue depuis les années 1930. Une crise qui tire ses fondements d'un surendettement aussi excessif que grotesque, de tous les secteurs, et dans le monde entier.
Les banques centrales ont tenté de répondre à la crise par une création monétaire sans précédent et les importants programmes de relance jamais mis en place, et cela pour quel résultat ? Une mini-reprise célébrée dans quelques médias comme "merveilleuse".

La dette publique totale des pays du G7 est passée de 18 000 milliards en 2008 à 140 000 milliards de dollars aujourd'hui. Mais ce nouveau record de dettes n'a engendré que 1 000 milliards de dollars supplémentaires au PIB nominal du G7. 5 000 milliards de dettes ont été financés par une expansion des bilans des banques centrales (Fed, BoJ, BCE et BoE).

Au cours des cinq dernières années, les sept plus grands pays industrialisés ont eu besoin de 18 dollars de nouvelles dettes (financées à hauteur de 28% par les banques centrales) pour générer 1 dollar de croissance.
Tous les sermons publics appelant à une consolidation de la dette n'ont été que des paroles en l'air, au regard d'un niveau de la dette à 440% du PIB des pays du G7. La dette totale augmente alors que la croissance nominale reste très faible.

Malgré des taux d'intérêts et des rendements bas, la conjoncture reste sensible et vulnérable au moindre des chocs provoqués par les erreurs en matière de politique économique. Une hausse des taux d'intérêt pourrait provoquer de tels chocs. Le surendettement extrême dans de nombreuses parties du monde est un facteur déstabilisant. Au final, les banques centrales ne pourront rien faire d'autre que de renouveler le quantitative easing (QE) pour freiner la hausse actuelle des rendements.

Conclusion : la crise économique et financière est loin d'être terminée. Le grotesque surendettement général peut déclencher, d'un jour à l'autre, de nouvelles turbulences.

 

De son côté, un autre chroniqueur d’Agora,  

(…) Le redressement de l’emploi américain s’avère inférieur aux estimations. Il faudra longtemps avant de repasser sous les 7% de chômeurs : avec un taux de sans-emploi estimé entre 17% et 20%, dont deux tiers au moins sont aptes à exercer immédiatement un métier… l’objectif ne sera pas atteint avant l’ouverture des jeux de Tokyo en 2020. Par ailleurs, la croissance reste lente. Les Etats-Unis assistent à une contraction du PMI manufacturier qui est ressorti à 52,8, à comparer avec 53,1 en août, déjouant un consensus de 54 en septembre. L’économie américaine a donc toujours besoin des bons soins de la Fed… Cependant, à raison de 5 $ injectés pour obtenir 1 $ de PIB additionnel, ce n’est plus un traitement d’appoint, cela devient des soins palliatifs.

 

Pour sa part,  

(...) La Fed est censée faire plier l’économie dans une direction qui soit agréable et profitable aux gens qui sont à sa tête. C’est la banque principale d’un vaste cartel… appartenant aux grandes banques… et chargé de s’assurer que ses membres, clients et maîtres gagnent de l’argent. Dans la mesure où une banque n’est pas une activité créant de la richesse réelle, elle ne peut enrichir ses propriétaires qu’en prenant l’argent des autres. Elle le fait 1) en imprimant de l’argent… pour acheter les "actifs" pourris des banques, 2) en fixant les taux d’intérêt à court terme à des niveaux artificiellement bas (prenant ainsi l’argent qui devrait normalement appartenir aux épargnants) et 3) en encourageant l’inflation à dépouiller tout le monde. Elle dit qu’elle stimule l’emploi ; ce qu’elle fait vraiment, c’est voler les travailleurs par le biais de l’inflation, rendant parallèlement la main-d’oeuvre moins chère.

 

Cet article est le 140ème paru sur ce blog dans la catégorie Capitalisme

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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 21:36

Quelles seraient les conséquences d’une dissolution de l’euro ?

 

Les conditions optimales ne sont pas réunies pour que la monnaie unique européenne puisse se maintenir durablement. C’est pourquoi la Fondation Res Publica, à l’initiative de son conseiller éditorial Julien Landfried, a publié les travaux de Jacques Sapir et de Philippe Murer (avec la contribution de Cédric Durand) sur les conséquences probables d’une éventuelle dissolution de l’euro.

Voir Fondation Res Publica - Wikipédia et Présentation de la Fondation Res Publica, par Jean-Pierre Chevènement

 

Philippe Murer intervenait le 14 septembre 2013 lors de l’université d’été du MRC. Voir :

Université d'été 2013 MRC : 1ère journée résumée par Julien Landfried - 18 septembre 2013

Université d'été 2013 MRC : le récapitulatif des interventions (vidéos) - 21 septembre 2013.

 

Voici la Note introductive de la Fondation Res Publica et des extraits du résumé de l’étude.

 

Une étude de Jacques Sapir et Philippe Murer, avec la contribution de Cédric Durand, septembre 2013.  L’étude qui suit détaille l’impact sur l’économie de la France - et celle des principaux pays de la zone Euro - de différents scénarios de dissolution de la zone Euro - procédant de différentes hypothèses de coopération monétaires - et de différentes options de politique économique pour la France.

 

Note introductive de la Fondation Res Publica

La Fondation Res Publica conduit, depuis 2008, un programme de recherche exigeant sur la crise économique et financière internationale, et plus particulièrement sur la crise de la zone Euro. Plusieurs colloques et séminaires ont été organisés par la Fondation, et de nombreuses notes publiées sur ce thème. C’est toujours dans la perspective d’irriguer le débat et d’éclairer les politiques publiques à partir d’une pensée républicaine moderne que s’inscrit la publication de cette nouvelle étude réalisée par les économistes Jacques Sapir et Philippe Murer. La situation économique et sociale et les défis qui se dressent face à la France et face à l’Europe nécessitent en effet une réflexion prospective pluraliste.

La monnaie unique rassemble dans un même cadre des économies de structures très différentes, de niveau de développement inégal, dont les langues, les cultures et les options politiques diffèrent. Dès le départ, la zone Euro était loin d’être une zone monétaire « optimale », selon l’expression de l’économiste canadien Robert Mundell. De plus, il est douteux qu’une monnaie unique sans gouvernement économique, interdisant par construction les ajustements monétaires, puisse se maintenir durablement en s’en remettant uniquement aux évolutions du marché pour éviter les distorsions de salaires, de prix, de compétitivité, d’endettement, etc.

Certes, à son début, le système de l’Euro a semblé fonctionner, mais l’excédent commercial allemand créait une illusion d’optique en absorbant les déficits des autres pays. Des déficits commerciaux qui, dans le cas de la France, de l’Espagne, de l’Italie et de bien d’autres pays, traduisaient un mouvement profond de désindustrialisation et une perte considérable de compétitivité par rapport à l’industrie allemande, et que la surévaluation de l’Euro a encore accélérée. Loin de converger comme les pères de l’Euro en avaient l’ambition, les économies de la zone ont massivement divergé. La construction même de l’Euro s’est révélée mortifère pour les pays du sud de la zone, et par extension la France, dont les systèmes productifs sont organisés sur un modèle différent du célèbre « modèle allemand », avec des exportations très sensibles aux taux de change. La part de la France dans le marché mondial a ainsi régressé de 5,1% en 2002 à 3,8% aujourd’hui, et la zone Euro dans son ensemble et sur la dernière décennie a subi une croissance bien plus lente que celle des Etats-Unis ou de pays européens n’ayant pas adopté la monnaie unique comme le Royaume-Uni ou la Suède. De sommet de la dernière chance en sommet de la dernière chance, la monnaie unique semble vouée à l’éclatement, et de nombreux économistes ou acteurs financiers l’envisagent ouvertement. Pour éviter une dissolution sauvage, il y aurait potentiellement une perspective : la transformation de l’Euro de monnaie unique en monnaie commune. Ce scénario serait à priori préférable à un éclatement sauvage de la zone Euro et à un retour chaotique aux monnaies nationales. Mais est-il possible ?

L’étude qui suit détaille l’impact sur l’économie de la France – et celle des principaux pays de la zone Euro – de différents scénarios de dissolution de la zone Euro – procédant de différentes hypothèses de coopération monétaires – et de différentes options de politique économique pour la France. Elle envisage également l’impact de cette dissolution de l’Euro sur le système monétaire international et examine la possibilité d’une construction d’une monnaie commune après une phase préalable de retour aux monnaies nationales. Enfin, les auteurs analysent les conséquences de cette dissolution sur l’industrie européenne, sur les institutions monétaires et de coordination macro-économiques européennes, sur le système bancaire et financier, et son impact général sur l’économie française.

Sans nécessairement reprendre à son compte l’ensemble des analyses des auteurs, la Fondation Res Publica remplit sa mission en versant au débat public un tel document. La Fondation est consciente des fragilités de ce type d'études mais elles contribuent à éclairer le débat nécessaire sur des questions déterminantes pour l'avenir de la France et de l'Europe.

 

Résumé de l’étude

 

La crise de l’Euro pèse sur l’économie de l’ensemble de la zone. Elle a induit des politiques d’austérité qui l’ont plongée dans une profonde récession, sans aucune garantie qu’elles ne résolvent la crise. Dans les faits, les problèmes structurels de la zone Euro ont continué à s’aggraver.

Dans cette situation, il est important de considérer ce que pourraient être les conséquences réelles d’une dissolution de la zone Euro et de se demander si elles seraient aussi catastrophiques qu’annoncées.

 

I. Le modèle et ses résultats (…)

 

II. Une forte croissance pour l’économie française (…)

 

III. Le problème de la « monnaie commune »

 

Une dissolution de l’Euro pose le problème des monnaies de réserve utilisées tant par les Banques Centrales que par des agents privés. Il faut donc dans un premier temps revenir sur les conséquences de l’introduction de l’Euro sur la situation internationale. Le système monétaire international est ainsi passé dans les années 2000 d’une situation d’oligopole dominée par le Dollar à une situation de quasi-duopole, ici encore dominée par le Dollar. C’est cette situation qui semble être aujourd’hui en train de s’effondrer et ce alors que l’Euro est toujours présent.

 

On constate en effet plusieurs phénomènes. D’une part, l’effondrement des « autres monnaies », effondrement dû pour l’essentiel à la chute du Yen japonais et des autres monnaies européennes servant de monnaies de réserve. Ce sont ces monnaies qui ont le plus souffert de l’introduction de l’Euro. D’autre part, avant la mise en place de l’Euro, le Deutsche Mark jouait un rôle non négligeable, qu’il devrait retrouver après la dissolution. On constate aussi que dans la phase du passage de l’Euro scriptural à l’Euro fiduciaire, la part du Dollar américain a augmenté.

 

En fait, l’aspect le plus intéressant de l’évolution actuelle est que la chute de l’Euro depuis 2010 ne se fait pas tant en faveur du Dollar, comme on aurait pu s’y attendre et peut-être le craindre, mais en faveur des « autres monnaies ». Néanmoins, la composition de ce groupe – comprenant essentiellement des monnaies de la zone Asie-Pacifique – a radicalement changé et s’est largement renforcé depuis la crise de 2007-2008.

 

Le Deutsche Mark devrait donc retrouver et même améliorer sa position de 1995, et représenter entre 16% et 18% des réserves. Les « autres monnaies » devraient atteindre, quant à elles, environ 18% à 20%, avec une forte hausse des « nouvelles monnaies », qui pourraient représenter 11 à 13% du total. Le Franc Français devrait au moins retrouver sa position de 1995 avec 2% du total. Il n’est cependant pas impossible – et les mouvements sur les taux d’intérêts que l’on constate aujourd’hui rendent plausible cette hypothèse – qu’il puisse monter vers 4% à 5%.

 

IV. Les conséquences de la dissolution de la zone Euro

 

La dissolution de la zone Euro et les mouvements de parité relative des monnaies vont entraîner des modifications non négligeables dans la structure des chaînes de valeur concernant des produits fabriqués dans la zone Euro. Dans le cas d’Airbus, le prix de l’avion théorique baisse à la suite de l’éclatement de la zone Euro sous l’effet de la forte variation des parités relatives. Le renchérissement – par rapport au Dollar – du nouveau Deutsche Mark est en effet plus que compensé par la baisse de valeur du Franc, de la Lire et de la Peseta. La baisse du prix (en Dollar) sur le marché mondial va de 4,4% du prix initial à 3,6%. Les hypothèses coopératives H2 et non-coopératives H3 donnent en fait des résultats plus mauvais que l’hypothèse modérément coopérative H1. Cela n’est cependant vrai que pour la première année. Or les parités relatives se déforment dans le temps.

 

L’évolution dans le temps des parités relatives sous l’effet de l’inflation a des effets très positifs sur le prix total. Ce dernier va baisser d’un peu moins de 10 points de pourcentage au bout de 5 ans. Si l’on considère l’industrie automobile, on constate que les chaînes de valeur varient énormément suivant les modèles produits et suivant les firmes qui seront concernées. De ce point de vue, il y a des différences notables entre la situation du groupe Renault et de PSA. Certaines productions de sous-ensembles – moteurs et transmission – sont communes à plusieurs modèles et à plusieurs firmes. Même si l’on peut considérer aujourd’hui que les effets de la dissolution de l’Euro seront favorables à une firme comme PSA, l’évaluation de l’impact global de la dissolution de l’Euro sur cette situation sera importante.

 

La capacité des banques et des compagnies d’assurance à résister à une dissolution de la zone Euro constitue l’une des principales interrogations soulevées par cette éventualité. La situation des banques a soulevé une certaine inquiétude car ces dernières ont déjà fait l’objet d’un plan d’aide de grande ampleur à la suite de la crise de 2008. Celle des compagnies d’assurance est aussi un sujet de préoccupation. Pour la France, une dissolution de la zone Euro coûterait à l’ensemble du secteur bancaire de 3,5 milliards à 5,5 milliards suivant les scénarii. En ce qui concerne les compagnies d’assurance, elles se sont recentrées sur le marché français et ont cherché à fonder le développement de leurs activités dans les pays potentiellement « à risque » sur une collecte de l’épargne. Les pertes potentielles seront limitées mais pourront exiger une intervention de l’État en soutien aux compagnies d’assurance.

 

La dissolution de la zone Euro - et l’évolution des parités des taux de change qui en découlera - sera l’acte fondateur d’un redéploiement tant interne qu’externe de l’économie française. Cet acte devrait entraîner l’arrêt du processus de désindustrialisation de notre pays mais aussi une rupture importante avec de longues années de très faible croissance, de chômage de masse et de détérioration continue de notre système social.  

Cet article est le 128ème paru sur ce blog dans la catégorie France et Europe

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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 19:47

Les réformes des retraites et de la Sécurité sociale sont liées

 

Dans le journal n° 118 (septembre 2013) de REsistance SOciale, Jean-Claude Chailley, secrétaire général, a présenté ses arguments contre les réformes Ayrault des retraites et de la Sécurité sociale.

 

A/ DEUX RÉFORMES LIÉES SONT EN COURS : la réforme des retraites et la réforme du financement de la Sécurité sociale

 

Ainsi J.-M. Ayrault a justifié ne pas retenir l’augmentation de la CSG car « la CSG n’a pas vocation  à financer les retraites ». Mais il a annoncé : « une réforme de la protection sociale, de la branche famille en particulier… (pour) moins peser sur le coût du travail ». 

La Sécurité sociale de 1945 n’avait pas de branches (celles-ci ont été créées par de Gaulle en 1967). On finançait la Sécurité sociale dans son ensemble. Ici il s’agit :

-                      d’un financement différencié selon les branches et même les risques ;

-                      en réalité ce ne serait même plus des branches de la Sécurité sociale, mais des branches de la protection sociale : le Haut conseil du financement de la protection sociale prépare pour la fin de cette année son rapport final sur les  « …schémas de financement pérennes pour chacun des grands risques de la protection sociale prise dans son ensemble ». 

 

Une réforme SYSTÉMIQUE de la Sécurité sociale est en cours.

 

Un débat national est nécessaire, d’autant plus que le contexte international est lourd de graves menaces :

-                      la directive Marchés publics concerne la Sécurité sociale (une pétition internationale du Réseau européen santé est en cours) ;

-                      les négociations USA – UE sur le Pacte transatlantique concernent particulièrement les services (un collectif national se met en place) ;

-                      le TISA (Trade In Services Agreement, Accord sur le commerce des services) a aussi pour objectif la dérégulation, la  primauté des multinationales sur les Etats, dans le cadre du cycle de Doha de l’OMC (réunion décembre). L’UE est partie prenante. Il y a aussi une pétition internationale.

 

B/ LA « VRAIE » RÉFORME DES RETRAITES EST MASQUÉE (en France)

 

La réforme actuelle des retraites fait partie d’une longue chaîne de contre-réformes qui visent  à effacer la retraite à 60 ans, à exiger de travailler plus vieux tout en ayant une retraite moindre…

Elle s’insère notamment dans une réforme d’ensemble définie par la Banque mondiale. L’axe central : réduire la part de la répartition, réduire les cotisations dites « patronales » (salaire socialisé), ouvrir le marché de la CAPITALISATION

 

            QUELQUES REMARQUES…

 

F                  L’ordonnance de 1945 de la Sécurité sociale : « recevoir selon ses besoins », garantir un revenu de remplacement pour sa retraite, est de fait abandonnée.

F                   C’est la remise en cause des droits : on touche une retraite car on a cotisé. La propagande de stigmatisation des retraités « nantis » remet en cause la notion de droit.

F                  La Banque mondiale demande la même chose dans tous les pays. Donc l’argument « compétitivité » que la France et l’UE nous ressassent sans cesse tombe de lui-même. Il s’agit d’augmenter les profits, les dividendes, de développer les marchés financiers.

F                  La Banque mondiale ne demande pas le tout capitalisation car ce n’est pas possible mais un « pilier » : le moins possible de cotisation sociale « patronale » et la fiscalisation fourniront un minimum pour les plus « démunis », et la capitalisation (hautement aléatoire) pour ceux qui un peu de moyens et risquent de tout perdre. En capitalisation aussi ce sont les salariés qui produisent pour les inactifs (enfants, malades, retraités…) ; la baguette de pain est produite par le boulanger, pas stockée pendant 20 ou 30 ans !

F                  La Banque mondiale sait que dans certains pays « changer de paradigme » vers la capitalisation peut générer d’importantes mobilisations. Dans ce cas il suffit de le faire sans le dire : « quelques réformes bien choisies du système par répartition, comme le recul de l'âge de la retraite, suffisent après une décennie de transition progressive à libérer l'espace nécessaire à l'instauration d'un pilier de bonne taille financé par capitalisation ». Toute ressemblance…

 

C/ LA RÉFORME DES RETRAITES DE J.-M. AYRAULT DÉCRYPTÉE 

 

                        Voir l’article complet : Réforme des retraites - Réforme de la Sécurité sociale

 

Un nouveau livre de Gérard Filoche et Jean-Jacques Chavigné

 

Voir Une vraie retraite à 60 ans, c'est possible (Démocratie et socialisme, 8 septembre 2013)

 

Jean-Jacques Chavigné et Gérard Filoche ont publié en 2010 « Une vraie retraite à 60 ans c’est possible » (éditions Jean Claude Gawsewitch). Ils publient courant septembre un nouveau livre intégrant la réforme des retraites de 2010, la crise économique et celle de l’Union européenne, l’arrivée au pouvoir d’un Président et d’un gouvernement de gauche.

 

En dix questions - dix réponses, le nouveau livre sur les retraites de nos camarades Jean-Jacques Chavigné et Gérard Filoche nous apprend, de façon simple et chiffrée, pourquoi et comment défendre son droit à une vraie retraite.

De 1993 à 2010, la droite a fortement attaqué les retraites, âge de départ, nombre d’annuités exigé, niveau des pensions. En 2012, la gauche a été élue pour défendre les retraites à 60 ans, pas pour les attaquer à son tour. Une nouvelle « dernière » réforme de nos retraites risquerait de faire perdre toute crédibilité à notre système de retraites par répartition. Quel jeune accepterait de financer les retraites de la génération précédente en sachant qu’il ne pourrait pas prendre sa propre retraite avant 67 ou 70 ans et que le montant de cette retraite n’aurait qu’un lointain rapport avec son salaire d’activité ? Un espace démesuré s’ouvrirait alors pour les fonds de pension : un rêve pour le Medef, un cauchemar pour les salariés.

Comment accepter que le nombre de trimestres augmente alors que tant de jeunes sont au chômage et que 60 % des salariés du secteur privé ne sont plus au travail mais au chômage, en maladie ou en invalidité lorsqu’ils prennent leur retraite ?

Un texte « coup de poing », richement documenté, écrit dans un style incisif, qui apporte une alternative à la réforme à venir et des solutions pour demain.

 Cet article est le 62ème paru sur ce blog dans la catégorie Santé et sécu sociale.

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21 septembre 2013 6 21 /09 /septembre /2013 21:35

Le 16 octobre 2013, sortie d’un livre qui fera l’évènement

 

Après ses deux livres publiés en 2011 ("La France est-elle finie?" et "Sortir la France de l'impasse"), Jean-Pierre Chevènement revient avec ce livre "1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire ?", qui sortira le 16 octobre. Cela fera l'évènement, a déclaré Julien Landfried (voir Université d'été 2013 MRC : 1ère journée résumée par Julien Landfried - 18 sept. 2013).

 

Chevènement Le Mans 280111 002 T 

L’auteur de ce livre publié chez Fayard a présenté le 20 septembre, « en avant-première, la couverture de son livre "1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire ?". Sortie le 16 octobre. Cliquez sur pic.twitter.com/nHhuxfoIKb

 

 

Le texte en couverture - voir 1914-2014 : d'une mondialisation l'autre (FNAC)

 

"Ce n’est pas s’avancer beaucoup que de prédire que la commémoration du déclenchement de la Grande Guerre, en 2014, sera asservie à des fins politiques. Au nom du « Plus jamais ça ! », il s’agira, pour les classes dirigeantes, de justifier la mise en congé de la démocratie au prétexte, cent fois ressassé, de « sauver l’Europe » de ses démons. Il m’a paru éclairant de rapprocher les deux mondialisations, la 1ère sous égide britannique, qui a conduit au premier conflit mondial, la 2e sous égide américaine, qui a entraîné la crise du capitalisme financier et l’actuel basculement du monde. La montée de la Chine peut-elle se comparer à celle de l’Allemagne impériale avant 1914 ? La brutale accélération du déclin européen, à travers la crise de la monnaie unique, n’illustre-t-elle pas l’erreur de conception qui a présidé à la construction européenne ? Si la place de l’Europe dans le monde s’est réduite, en Europe même l’Allemagne qui avait perdu les deux guerres mondiales a-t-elle vraiment « gagné la paix » ? A la nouvelle bipolarité du monde qui s’esquisse entre la Chine et l’Amérique, il est souhaitable d’opposer la vision d’un monde multipolaire où l’Europe tiendra toute sa place. Mais une autre que celle qui a échoué : une Europe réconciliée avec ses nations, compatible avec la République, où la France et l’Allemagne pourront de concert penser vraiment l’avenir d’un ensemble allant de la Méditerranée à la Russie. Dans une « réconciliation » enfin purgée de ses ambiguïtés et de ses non-dits : celle de deux grands peuples ayant surmonté leur histoire et capables de la continuer." J.P. Ch.

 

* Université d'été 2013 MRC : le récapitulatif des interventions (vidéos) - 21 septembre 2013 

 

Cet article est le 171ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

 

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21 septembre 2013 6 21 /09 /septembre /2013 19:50

Redresser la France en réorientant l’Europe

 

Le Mouvement Républicain et Citoyen, créé en 2003 à l’initiative de Jean-Pierre Chevènement dans le prolongement du Mouvement des citoyens, a réuni son université d’été les 14 et 15 septembre 2013 à Coudekerque-Branche, petite ville de l’agglomération dunkerquoise (Nord).

Voir le Programme de l'université d'été 2013 du MRC à Coudekerque-Branche - 15 sept. 2013.

 

Les temps forts ont été présentés précédemment.

Université d'été 2013 MRC : grand discours républicain de Manuel Valls - 19 sept. 2013

Université d'été 2013 MRC : République et citoyenneté, la voie à suivre - 20 sept. 2013

 

Le responsable de l’université d’été, Julien Landfried, chargé de la communication au MRC, a mis sur le site les vidéos que chacun peut consulter, en cliquant sur les titres suivants : 

 

 

 

 

UE MRC 2013: Table ronde n°3 "Sortir la France de la dépression"

UE MRC 2013: Intervention de Manuel Valls

UE MRC 2013: Synthèse de la première journée par Julien Landfried

UE MRC 2013: Table ronde n°4 "Relever la France par la voie républicaine"

UE MRC 2013: Discours de clôture de Jean-Luc Laurent

 

Cet article est le 137ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 22:48

Redresser la France suppose de réorienter l’Europe

 

Après avoir pris note de l’essentiel des interventions lors des trois tables rondes de la première journée (14 septembre) de l’université d’été 2013 du Mouvement Républicain et Citoyen (voir Université d'été 2013 MRC : 1ère journée résumée par Julien Landfried - 18 septembre 2013), l’intervention de Manuel Valls  (voir Université d'été 2013 MRC : grand discours républicain de Manuel Valls - 19 septembre 2013) a clos la première journée du Programme de l'université d'été 2013 du MRC à Coudekerque-Branche.

La seconde journée, le 15 septembre, a débuté avec la 4ème table ronde. Table ronde avec: Jean-Pierre Chevènement, sénateur, président d’honneur du MRC, Marc Dolez, député du Nord, membre du Front de gauche, Jérôme Guedj, député (PS) de l'Essonne, animateur de Maintenant La Gauche et Marie-Françoise Bechtel, députée, vice-présidente du MRC (modératrice). Voir la vidéo : UE MRC 2013: Table ronde n°4 "Relever la France par la voie républicaine" 

Université d'été MRC 2010 021 TFin de l’université d’été avec le Discours de clôture de Jean-Luc Laurent (extrait).

Photo : Jean-Luc Laurent, à l'université d'été 2010.

(…) Nous, nous avons tracé notre voie pour lutter efficacement et contribuer à faire sortir la France de l'impasse comme l'a si bien analysé Jean-Pierre Chevènement. C’est par la République que nous pourrons redresser la France et réorienter l’Europe.

Non, il n’est pas présomptueux pour le MRC de se vouloir la boussole républicaine pour la gauche et pour la France. Bien au contraire, nous entendons faire entendre au peuple et à la gauche nos analyses, qui sont confirmées par trente années de dérégulation capitaliste. Non, il n’est pas archaïque de dire que l’Union Européenne ne peut plus fonctionner comme elle le fait. La Commission Européenne ne peut continuer à condamner les peuples d’Europe à l’austérité perpétuelle. Redresser la France suppose de réorienter la construction européenne : c’est donc à nous, armés de nos convictions solides, d’être actif dans le débat public.

I. Redresser la France

Le
redressement de la France a été notre fil conducteur pendant un an dans la majorité car il en va de l’avenir de la France.

Derrière les mots de « plans sociaux », ce sont des emplois qu’on sacrifie, des familles touchées par le chômage et la peur du lendemain. Les pouvoirs publics ont le devoir d’agir. Là réside notre ambition : affirmer l’impératif de sauvegarde de nos emplois et de nos bassins industriels là où la finance égoïste ne voit pas plus loin que son chiffre d’affaires trimestriel.

Nous avons soutenu la démarche de Louis Gallois, son rapport, l’action qu’il mène comme Commissaire général à l’investissement. Son rapport a jeté les bases du Pacte National pour la Croissance, la Compétitivité et l’Emploi.

C’est un moment-clef, inaugural, du quinquennat : le moment où la gauche au pouvoir dit que le redressement productif ne sera pas qu’un slogan. Jeudi dernier, vous avez tous vu le président de la République avec le robot Nao dans ses bras. Je vais exceptionnellement vous parler de moi. Et bien, il y a trois ans lors de l’Exposition Universelle de Shanghai, j’ai dansé avec le robot fabriqué par la société Aldebaran. Je suis content que le président de la République m’ait rejoint. Dans ces moments-là, malgré les avanies, malgré les difficultés, on se dit qu’Hollande était le bon choix.

Nous croyons en ce redressement productif qui prend forme à travers des propositions concrètes, comme les 34 plans d'action, auxquelles les républicains que nous sommes, sont fortement attachés. C’est avec ambition, et lucidité sur ses défauts, que nous avons voté, par exemple, le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. Il permettra, à court terme, une relance non négligeable pour les entreprises.

Le Gouvernement a fait le choix du redressement industriel de la France, il sait qu’il peut compter sur le MRC dans cette voie : banque publique d’investissement, création de filières d’avenir, relocalisations d’activités, les avancées sont nombreuses et doivent être saluées.

Ces choix tranchent avec la doctrine passée du PS qui fondait son projet sur le développement des aides à la personne et le tourisme. C'était court, c'était oublier l'industrie.

Voilà pourquoi nous soutiendrons une politique industrielle concrète : notre ambition est de mettre en actes le terme de redressement. La France doit être gouvernée par l’exigence républicaine et le service de l’intérêt national. Là-dessus, nous sommes intransigeants.

L’emploi est la question prioritaire. Le redressement de la France ne pourra se faire sans la pleine participation des salariés. Nous avons participé aux discussions parlementaires sur le projet de loi de sécurisation de l’emploi qui marque une avancée non négligeable : c’est le dialogue qui prime. Les salariés des entreprises de plus de 5000 personnes seront enfin représentés dans les conseils d’administration. L’homologation par l’État des plans de sauvegarde de l’emploi participe de l’indispensable triptyque État/industrie/emploi. Celui-ci constitue un fondement solide sur lequel on peut s’appuyer pour construire une politique industrielle volontariste où l’État doit jouer un rôle essentiel.

D’autres sujets sont encore à aborder : la formation professionnelle, notamment celle des chômeurs ; l’amélioration des conditions de travail ; la réforme des retraites qui doit être améliorée sur la pénibilité, la situation des femmes et les petites retraites. Nous nous exprimerons en ce sens au parlement pour assurer la justice et la confiance dans notre système de retraite.

II. Réorienter la construction européenne pour mettre fin à l’austérité généralisée

On ne peut penser le redressement de la France sans l’inscrire à une échelle plus large qui est celle de l’Union européenne. L’Europe, un sujet que nous connaissons bien au MRC et sur lequel nous comptons faire entendre nos propositions, plus que jamais en 2014.

Au parlement, nous nous sommes battus contre le TSCG avec vigueur ; notre non est une opposition positive car alimentée par la réflexion que nous avons menée ces vingt dernières années. Nous ne sommes pas des Prométhée en puissance qui prétendent détenir la lumière et l’apporter à des partis politiques aveugles. Nous sommes un parti politique qui réfléchit et construit sa doctrine en l’appuyant sur des faits tangibles. Et les faits donnent aujourd’hui raison à notre diagnostic et à nos analyses que nous voulons faire partager par
la gauche.

L’Europe du Sud est en crise profonde, la récession frappe de plus en plus de pays ; l’Allemagne ne peut rester sourde aux dégâts des politiques d'austérité que Bruxelles impose aux nations et qui rejaillissent sur tous. L'Allemagne ne s'en sortira pas seule.

L’Europe s’effrite et la crise de l'euro n'est pas réglée. Certains se demandant s’ils ne faudrait pas construire deux zones distinctes et ainsi larguer les pays du Sud sans bouée de sauvetage ; les plans de relance se multiplient ; la Grèce est au bord du gouffre, si elle n’y a pas déjà plongé tête
la première.

Et la France ? La France doit résister aux politiques libérales. La France peine à sauver son « exception culturelle » d’un projet de globalisation atlantique. Et la France est taxée de « réactionnaire » par le président de la Commission européenne parce qu’elle entend défendre ses intérêts nationaux. Comme si l’Allemagne ne défendait pas ses intérêts nationaux…mais avant d’incriminer Bruxelles ou Berlin, regardons Paris et la difficulté que nous avons à définir nos intérêts nationaux, à penser et à agir comme nation dans un ensemble coopératif. Regardons les ravages de l’esprit de « Bercy ». La construction européenne est un projet français mais la créature nous est hors de contrôle depuis trop longtemps.

La mondialisation qu'on nous vantait comme eldorado s’est muée en oppression, silencieuse mais réelle. François Hollande voulait lutter contre la finance qui n’a pas de visage. Elle en a aujourd’hui plusieurs, et ils font peur : austérité ; fédéralisme ; libéralisme sans limites sont autant de facettes d’une Union européenne hors de contrôle. Le Président Sarkozy était omnubilé par la défense du Triple A. Maintenant qu'il est perdu, il ne faut pas le remplacer par un triple B, Bercy, Bruxelles, Berlin. Au triple B, il convient d’opposer un ferme triple non. La gauche ne peut se satisfaire d’un politique libre-échangiste qui oublie le peuple au profit, c’est le cas de le dire, d’un accroissement des inégalités. L’entêtement de nos dirigeants est farouche : quand l’Europe ne fonctionne pas, il nous faut plus d’Europe. Nous sommes dans un cercle vicieux que seule une réorientation profonde pourra inverser.

2014 est l’année des élections européennes, ce sera l’occasion pour nous de mettre en avant notre projet pour l’Europe et d'abord :

- le passage de la monnaie unique à une monnaie commune qui préserve la souveraineté des États.
- renforcer les coopérations entre nations dans des domaines  comme l’indépendance énergétique, l’e-économie, les transports ;
- refuser le libre-échange qui ne conduit qu’à la précarité et à la mise en cause de notre pacte social et républicain ;

Je suis convaincu que les Français qui constatent chaque jours les dégâts de l’Union européenne et de la monnaie unique y sont d’ores et déjà prêts et favorables malgré le terrorisme intellectuel et moral. La table ronde d’hier matin a esquissé des pistes intéressantes, à nous de savoir les porter politiquement.

Au MRC, nous savons bien que la République est une exigence. C'est aussi une protection. C’est l’injustice qui a conduit à la Révolution française ; c’est l'exigence républicaine qui a guidé notre construction politique ; c’est notre souveraineté nationale qui nous a dicté des choix historiques. Ne l’oublions pas et soyons à la hauteur des débats de demain.

Ne cédons cependant pas au repli farouche. Les nations d’Europe ont intérêt à bâtir une Europe des peuples qui coopèrent et non des marchés. Je ne me lancerai pas dans un Éloge des frontières, que Régis Debray a très bien fait, mais je dirai que se protéger, c’est pouvoir également, et surtout, s’ouvrir. Pour cela, la France doit faire entendre sa voix de puissance mondiale et veiller à faire respecter le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est notre responsabilité de membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU. On ne peut donc accepter que notre politique diplomatique se règle sur le bon vouloir des Etats-Unis.
Le MRC a été clair quant à la question de l’intervention en Syrie : il est hors de question de sortir du cadre légal international. Sur la Syrie, je suis triste de voir l'isolement de
la France.
Ce n'est pas l'ingérence qui doit guider la politique de la France, c'est le droit international
(…). 

 

Cet article est le 136ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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19 septembre 2013 4 19 /09 /septembre /2013 18:19

Nous, femmes et hommes de gauche, attachés à la République

 

Après avoir pris note de l’essentiel des interventions lors des trois tables rondes de la première journée (14 septembre) de l’université d’été 2013 du Mouvement Républicain et Citoyen (voir Université d'été 2013 MRC : 1ère journée résumée par Julien Landfried - 18 septembre 2013), l’ordre chronologique conduit à présenter maintenant l’intervention de Manuel Valls - voir le Programme de l'université d'été 2013 du MRC à Coudekerque-Branche - 15 septembre 2013.

 

La participation d’un ministre à l’université d’été du MRC est un évènement. De plus, le ministre de l’intérieur avait préparé un discours d’homme d’Etat républicain. Ce qui suit en est un extrait mais, selon la formule habituelle, seul le prononcé du discours fait foi. Bien souvent, Manuel Valls s’est éloigné de son texte, notamment quand il a rendu hommage au ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement, entre 1997 et 2000. On soulignera l’importance du fait qu’il a reconnu, lui l’ancien très proche collaborateur du Premier ministre Lionel Jospin, que, dans le différend opposant Chevènement et Jospin sur la Corse, c’est l’ancien ministre de l’intérieur qui avait raison.

 

Il faut voir la vidéo - voir ce qu’il a dit de la laïcité et de la Marseillaise. On comprend mieux pourquoi Manuel Valls a la confiance des milieux populaires. Oui, sauf sur l’Europe, du moins sur la monnaie unique, il y a des convergences républicaines évidentes entre le ministre et le MRC. 

 

(…) Ma présence, ce n’est pas un paradoxe. Ma présence, c’est l’expression d’une cohérence. De femmes et d’hommes de gauche, attachés à la République.

La République, ce joli mot, somme de tant de promesses et de tant d’exigences. Ce mot, comme celui de Nation, ne sont pas, contrairement à une petite musique que l’on peut entendre, des mots désuets, des mots dépassés. C’est tout le contraire ! Je crois profondément, comme vous tous, que dans cette période de crise économique, sociale, de crise d’identité, dans cette période de doutes – de craintes, de peurs aussi – pour nombre de nos concitoyens, la République, la Nation, sont plus que jamais d’actualité, plus que jamais des réponses. Pas des réponses de repli, mais des réponses tournées vers l’avenir.
La République, ce n’est pas qu’un cadre institutionnel. C’est bien plus que cela. La République, cela a toujours été le programme, le grand projet de la gauche, le réceptacle capable d’accueillir ses espoirs et de donner corps à son idéal. Nous connaissons tous cette jolie formule de GAMBETTA : « la République, c’est la forme qui entraîne le fond ». La République est un moyen au service de grands principes qui ne sont pas négociables. La République ne transige pas sur ses principes.

 

La République que nous voulons, la République que nous aimons, c’est une République intransigeante.

 

Cette République intransigeante, c’est l’ordre tout autant que le progrès. C’est la synthèse entre JAURÈS et CLEMENCEAU. Pendant trop longtemps – et encore aujourd’hui, même si dans une moindre mesure – la gauche a alimenté cette vision qui voudrait que les deux termes soient opposés. Cette opposition n’a pas lieu d’être car sans ordre, sans ordre républicain, aucun progrès social n’est envisageable. Dans une société sans ordre, sans règles, ce sont toujours les plus faibles, les moins fortunés, les moins informés qui sont les premiers à pâtir de la situation. Et quand on est de gauche, quand on est républicain, on ne peut l’accepter.
Elu de la banlieue parisienne depuis plus de 25 ans, comme toi Jean-Luc, je sais combien l’insécurité, la délinquance, la présence de trafics, l’emprise de la drogue, sont des injustices supplémentaires quand elles viennent frapper des quartiers populaires qui ont déjà à faire face à tant d’autres difficultés économiques et sociales. C’est là, dans ces quartiers, où il faut agir prioritairement. C’est là, dans ces quartiers, qu’une réponse forte de l’Etat est attendue.
Mais, depuis un an, je n’oublie pas aussi le sentiment d’abandon dans les territoires périurbains et ruraux. La lutte contre les cambriolages nécessite une mobilisation sans précédent.
Le redressement de la France, il passe également par le rétablissement de l’autorité, de l’autorité de l’Etat, du policier, du gendarme, du juge, de l’enseignant, de l’autorité trop souvent contestée.
L’ordre, l’autorité, sont des valeurs de gauche, car elles sont par essence émancipatrices des individus. Une société traversée par la violence, les troubles, ne peut offrir des conditions propices à un développement harmonieux, à un développement qui profite à tous.

La République, c’est la sécurité !

 

La sécurité pour tous, partout, sans jamais abandonner un territoire. Et je sais tout ce que la gauche doit à Jean-Pierre CHEVENEMENT en matière de sécurité !
En mettant mes pas dans les siens, je mesure pleinement ce qui a été accompli. Dans l’antichambre du ministère, je peux voir, tous les jours, les figures qui ont marqué la Place Beauvau. Beaucoup de visiteurs s’y pressent actuellement dans le cadre des journées du patrimoine. Je mesure combien les grands ministres de l’Intérieur – ils ne sont pas si nombreux – de grands républicains, ont fait avancer notre famille politique. Dans son propos du 22 octobre 1922, ALAIN a glissé quelques paroles très justes que j’aime à me rappeler : « il n’existe point d’architecte qui puisse se dire : je vais oublier ce que les hommes ont construit ». Et je n’oublie pas que Jean-Pierre CHEVENEMENT, c’est la police de proximité. Les ZSP que nous mettons en place pour combattre une délinquance enracinée, la restauration du lien police-population, la priorité donnée au terrain au plus proche des attentes des habitants, une chaîne pénale efficace, la lutte contre la récidive, tout cela doit beaucoup à l’action menée précédemment. Elle a été source d’inspiration.
Jean-Pierre CHEVENEMENT, c’est l’expression d’une exigence quant à l’idéal républicain. Et je me souviens – j’étais alors assistant parlementaire – de son action de ministre de l’Education nationale qui a rétabli l’enseignement de l’éducation civique.

La République intransigeante, c’est la priorité donnée à l’Ecole de la République.

Une
même école pour tous les enfants de France, dans les villes, dans les quartiers, dans les villages et les campagnes. L’école est un lieu de formation, mais aussi d’élévation et d’émancipation du citoyen. Il n’y a pas de projet politique de gauche qui ne soit un projet éducatif et un projet qui ouvre également des voies d’accès vers la Culture. Il nous faut donc réinvestir l’école. Il nous faut investir dans l’école.
C’est la volonté du président de la République que porte avec tant de convictions Vincent PEILLON. Le retour de l’enseignement de la morale républicaine, la création de 60 000 postes, la priorité donnée à l’école primaire et à la lutte contre le décrochage scolaire, voilà les moyens de refaire de l’école ce lieu par excellence de l’égalité des chances. Une égalité des chances qui est régulièrement proclamée, mais qui se heurte bien trop souvent au réel. C’est donc un chemin qu’il nous faut reprendre inlassablement. C’est notre devoir de républicains, de femmes et d’hommes de gauche, car la République c’est avant tout cette promesse, au-delà des déterminismes, de bénéficier équitablement des moyens de bâtir et de choisir sa vie.
Et n’oublions jamais le rôle des enseignants qui, dans les écoles, dans les collèges, dans les lycées, préparent notre jeunesse. Il faut les respecter et donc, en premier lieu, bien les former à l’exercice de cette mission exigeante : donner à notre jeunesse les moyens de réussir. Il faut aimer les enseignants car ils sont – j’emploie l’expression, même si elle est passée de mode – les hussards de la République.
L’école de la République est laïque, car notre République est laïque.
Et la charte de la laïcité qui sera affichée dans tous les établissements scolaires de France est une très bonne chose. Elle doit être respectée. Il faut la faire respecter. Donner toute sa force à la laïcité, c’est nécessairement en faire la pédagogie auprès du plus grand nombre pour que les principes, compris par tous, soient appliqués par tous. La laïcité émancipe et rassemble, personne ne doit en avoir peur. Personne ne doit avoir peur de l’égalité, notamment entre les femmes et les hommes.

Oui, La République intransigeante, c’est la défense acharnée de l’égalité.

L’égalité notamment devant les services publics. Ce qui réclame de toujours veiller à leur bonne organisation, à leur continuité dans les territoires péri-urbains et ruraux, à leur efficacité. Réformer notre Etat est une nécessité. Une nécessité que j’assume, car ce sont les personnes avec les ressources les plus modestes qui ont le plus besoin d’un état efficace. Les plus aisées auront toujours la possibilité d’avoir accès aux soins, à l’éducation, aux transports. Et parce que nous sommes de gauche, nous refusons cette société où l’argent dicterait sa loi – il le fait déjà beaucoup trop – entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas. La République c’est donc l’expression d’une solidarité qui passe, bien évidemment, par l’impôt, qui doit être juste. La République, c’est la solidarité qui fait que les difficultés des uns deviennent la préoccupation de tous.

La République intransigeante c’est l’autorité de la loi et le refus de l’arbitraire.

C’est tout le sens de l’action que nous avons menée en matière de droit au séjour et de régularisations. Nous avons établi des règles justes, transparentes, uniformes sur l’ensemble du territoire. Ces règles doivent s’appliquer en respectant la dignité de chacun et avec fermeté, car appliquer la loi, c’est la meilleure des voies vers l’apaisement.
La République intransigeante, c’est enfin la possibilité pleine et entière pour ceux qui le souhaitent vraiment, à l’issue d’un parcours d’intégration réussi, de devenir français.
Il n’y a pas à tendre beaucoup l’oreille pour entendre les avocats d’une vision étriquée de la Nation. Ce n’est pas la mienne ; ce n’est pas celle de la gauche ! Car l’idée même de Nation nous renvoie à notre Révolution et à sa dimension progressiste. « Vive la Nation ! », c’est le cri que lancèrent, à Valmy, les soldats défendant le République. La Nation est née avec l’expression de la volonté générale issue du peuple. Et tout comme vous, je n’abandonnerai jamais notre drapeau, notre hymne, à ceux qui veulent en faire des boucliers face à je ne sais quelle menace. Je n’abandonnerai jamais l’étendard et la Marseillaise !
(…)
 

Cet article est le 135ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.

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