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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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Articles RÉCents

6 mars 2010 6 06 /03 /mars /2010 23:30

 

Le président Sarkozy ressent-il le désarroi agricole ?

 

Voici ce que j’ai retenu du Salon de l’agriculture, par le biais de la presse et des informations diffusées par l’Association des producteurs de lait indépendants (Apli).

 

Agriculture: l'illusion de la course à la productivité (Roland Hureaux, Marianne2, 5 mars).

Roland Hureaux revient sur le Salon de l'agriculture. Une profession qui s'est enfermée dans le dogme suicidaire de la productivité. Mais un des principaux obstacles à une réforme agricole sera la Commission de Bruxelles.

 

Nicolas Sarkozy à la rencontre du monde agricole en crise (Le Monde, 6 mars)

Le président a annoncé une série de mesures financières en faveur de la filière.

 

Pour Sarkozy, l'environnement, « ça commence à bien faire » (David Servenay, Rue89, 6 mars)

En visite au Salon de l'agriculture, le Président a relativisé le poids des objectifs environnementaux dans la politique agricole.

 

Quand Nicolas Sarkozy évoque le "folklore" du salon de l'agriculture (Nouvel Obs, 6 mars).

Selon le chef de l'Etat, "ce n'est pas au nombre de mains serrées qu'on va résoudre les problèmes des agriculteurs".

 

Manifestation des producteurs de lait au Salon de l’agriculture, le 1er mars (France Agricole, 1er mars, Salon de l’agriculture) http://www.lafranceagricole.fr/actualite-agricole/salon-de-l-agriculture-marche-funebre-de-pres-de-2-000-de-producteurs-de-lait-video-24341.html#utm_source=FAA&utm_medium=mail&utm_campaign=mailing254   

Près de 2.000 producteurs de lait ont défilé lundi au Salon de l'agriculture à Paris à l'appel de l'Association des producteurs laitiers indépendants (Apli). Venant de toute la France et d'autres pays comme l'Allemagne, la Suisse ou encore la Belgique, ils ont défilé dans une « marche funèbre » contre le prix trop bas du lait.

« Seigneur Nicolas, comment faut-il te le dire ? On crève ! », pouvait-on lire sur des calicots brandis par les manifestants à l'adresse du président Nicolas Sarkozy.  « Sur le fond, rien n'est réglé à ce jour. On n'a pas eu d'augmentation. 98 % des producteurs de lait perdent de l'argent », a affirmé le président de l'Apli, Pascal Massol, qui s'est dit satisfait d'une mobilisation « impressionnante » sans débordement.

En tête de cette « marche funèbre », une agricultrice vêtue d'une chasuble de la Croix-Rouge précédait quatre éleveurs déguisés en croque-morts et portant un cercueil ceint d'une banderole verte sur laquelle était écrit en lettre d'or : « Mort des producteurs ». Suivaient 34 cloches suisses de plus de 10 kilogrammes chacune.

« Pour moi, c'est pas une manifestation, c'est un enterrement. Un enterrement de la production laitière et je suis très émue », a lancé en tête de cortège Sophie Poux, agricultrice qui s'était fait connaître à la fin de janvier lors d'un échange télévisé entre un panel de Français et le président Nicolas Sarkozy.

«Seigneur Nicolas, pas de contractualisation mais régulation des volumes européens», pouvait-on lire aussi sur d'autres calicots brandis par des manifestants dont certains portaient des brassards noirs. Les éleveurs dénoncent la dérégulation du marché européen qui a conduit, selon eux, à une chute vertigineuse des prix du lait et réclament la création d'un office du lait européen chargé de réguler les prix et les volumes de lait.

« Depuis qu'on a abandonné les quotas en 2009, les éleveurs produisent à tour de bras. Il faut une diminution des volumes » au niveau européen pour que le prix puisse remonter, affirme Werner Loch, un producteur suisse. Une délégation des manifestants a été reçue ensuite par Pascal Viné, le directeur de cabinet du ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire.

Sur la vocation exportatrice, Pascal Viné a expliqué lors d'un débat qu'il s'agit d'un vrai problème. Sur ce sujet, on ne peut pas avoir un discours définitif car un certain nombre de secteurs sont dépendants de l'exportation, a-t-il précisé. Le directeur de cabinet a aussi reconnu que dans certains secteurs, dont celui des produits frais, beaucoup de marge est réalisée à l'aval des producteurs. « Il y a besoin de mettre de la régulation. Il faut permettre aux producteurs de s'organiser et pour cela la France veut faire bouger les lignes en matière de droit de la concurrence au niveau européen », a-t-il expliqué.

Pascal Massol a affirmé que la filière laitière française est riche car « le lait sort de France à un euro ». Il a renvoyé les privés et les coopératives dos à dos. Lors de la discussion sur la LMA au Parlement, l'Apli espère faire passer un grand nombre d'amendements. Au niveau européen, l'EMB a constitué son propre groupe d'experts à haut niveau, avec notamment les économistes français Marcel Mazoyer et Lucien Bourgeois.

Mardi, se tiendra à Bruxelles une réunion entre l'EMB et les parlementaires européens. Mercredi, le bureau de l'EMB se réunira pour travailler sur l'office européen du lait. Pour l'organisation, la prochaine étape est la création de l'EAB (European Agricultural Board) réunissant tous les secteurs de production. 


Voir aussi
http://www.youtube.com/watch?v=apLq3JlESlU (montage Apli avec des photos de la manifestation).


Dans le Finistère, l’Apli s’efface devant l’EMB
(european milk board), qui organise des réunions les 11 et 12 mars à Ploujean, Carhaix et Plogonnec (l’Apli adhère à l’EMB au niveau européen).

 

« Après le témoignage de producteurs canadiens, venus en janvier  nous expliquer l'importance d'une gestion collective et solidaire des volumes, organisée directement par les producteurs, ce sera au tour de : Romuald Schaber, producteur allemand, et président de l'EMB (syndicat européen), Erwin Schoeppels, producteur belge et président du MIG (association des producteurs laitiers belges), et Pascal Massol, président de l'APLI  (association des producteurs laitiers indépendants)  de venir nous présenter la situation réelle dans leur pays respectif.

 

Partout en Europe, les prix payés aux producteurs ne couvrent pas les prix de revient des exploitations. Entre les dépôts de bilan, les emprunts "Sarkozy", les demandes de RSA, que faut il de plus aux producteurs pour que nous disions STOP, relevions la tête, et réclamions tous ensemble des outils de régulation des volumes, dans un cadre européen, afin de stabiliser au mieux des marchés laissés aujourd'hui entre les mains de financiers spéculatifs ?

 

Sans cette régulation européenne,  les outils franco-français que nos transformateurs et politiques veulent nous imposer ne règleront rien. Cette contractualisation et ces nouvelles organisations de producteurs  ne pourront  pas  garantir des prix rémunérateurs, couvrant nos coûts, nous permettant de vivre dignement de notre métier.

 

Dans le cadre de la nouvelle loi agricole (LMA), le transfert de propriété va attribuer le quota individuel de chaque producteur aux organisations de producteurs.

L’éleveur ne sera plus propriétaire de son quota ; son exploitation n'aura plus la même valeur... ! Cette nouvelle loi va soumettre définitivement encore plus les producteurs à l'industrie agroalimentaire et aux financiers ! » (…)

 

Pétition de soutien aux éleveurs laitiers d’Europe

Je soutiens les éleveurs laitiers dans leur combat pour obtenir des gouvernements des états membres et de la commission Européenne, des mesures urgentes de régulation des marchés et de maîtrise de la production afin de leur permettre de couvrir leurs coûts de revient et la rémunération de leur travail.

Par ce geste et au travers de leurs revendications, je revendique en tant que citoyen Européen :

La sécurité et l’indépendance alimentaire.

Le maintien et la création d’emplois sur l’ensemble du territoire Européen

Le maintien d’une agriculture familiale, variée et populaire.

La limitation des risques environnementaux, en adaptant la production aux besoins réels du marché.

La mise en place efficace du commerce équitable, vis-à-vis des pays émergeants

Le rétablissement de la valeur du travail face à la spéculation.

 

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Cet article est le 175ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 23:02

La crise oblige à réformer dans l’intérêt général

 

Les visiteurs étaient très nombreux ce matin à l’inauguration du Salon de l’agriculture à Paris et, pourtant, le président de la République avait décliné l’invitation. Mais, à vrai dire, ce n’était pas pour lui qu’ils venaient. Les Français des campagnes et des villes ont envie de soutenir les agriculteurs, touchés par une crise qui n’a pas eu d’équivalent depuis trente ans et qui risque de durer longtemps.

 

Le ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire, a montré son savoir faire, accompagné de son ami, Dacian Ciolos, nouveau commissaire européen à l’agriculture (voir 16 janvier 2010 - Audition des Commissaires européens : Dacian Ciolos, libéral régulateur).

 

Sur le site du Figaro, ce 27 février, Eric de la Chesnais a fait un compte rendu de cette visite.
Voir Salon de l'Agriculture : Bruno Le Maire marque son style 


Voir aussi Agriculteurs, le temps des vaches maigres
(Libération, Guillaume Launay et Julia Pascual, 27 février) et l’édito de Laurent Joffrin Travail.

 

A signaler l’édito de Michel Guilloux dans l’Humanité le 25 février Quelle France agricole ?

Présenté après les régionales, le projet de loi agricole va envoyer le monde paysan dans le mur de la nouvelle mouture de la PAC de 2013 (…).

 

Le ministre de l’agriculture avait exprimé ses idées, le 22 février, devant ses collègues réunis à Bruxelles et en présence du commissaire européen (Ouest-France, Luc Vernet, 23 février) :

 

La nouvelle régulation agricole à la française  

Bruno Le Maire a attendu la première rencontre officielle entre Dacian Ciolos, le commissaire européen à l'Agriculture, et les vingt-sept ministres de l'agriculture de l'Union européenne, hier à Bruxelles, pour dévoiler les contours d'une véritable régulation agricole à la française. Volant quelque peu la vedette au nouveau venu, le ministre français de l'Agriculture a présenté un plan destiné à « lutter efficacement contre l'instabilité des prix et ouvrir de nouvelles perspectives aux agriculteurs ».

Selon Bruno Le Maire, « l'Europe doit comprendre que son agriculture est stratégique, qu'elle est en danger ». « On est à un tournant de l'histoire de l'agriculture européenne », a-t-il asséné.

Une clause de sauvegarde

Contrôler les importations. La principale arme brandie par le ministre français consiste en une « clause de sauvegarde en cas de crise économique grave ». Elle permettrait aux États européens de prendre « toutes les mesures pour faire remonter les cours », à l'image de ce qui avait été fait en 2001, au plus fort de la crise de la vache folle, a expliqué le ministre. Cette idée a été accueillie fraîchement, notamment par l'Allemagne.

À l'époque de la vache folle, les importations communautaires avaient été sérieusement limitées et les Européens avaient mis en place un « régime de retrait spécial » obligeant les pouvoirs publics à procéder à des achats massifs de viande pour pousser les cours à la hausse.

Préserver un « revenu équitable » pour les agriculteurs.

De son côté, le commissaire à l'Agriculture était là avant tout pour écouter. « Nous devons réfléchir aux instruments les plus appropriés dans la perspective de marchés plus incertains et d'une plus grande volatilité des prix », a simplement prévenu Dacian Ciolos, appelant à la création de « nouveaux outils pour aider les exploitants agricoles » sans en revenir aux « outils du passé ». Il faut « garder les instruments d'intervention, développer des mécanismes de soutien aux revenus en cas de crises et créer des mécanismes de négociation plus efficaces pour assurer une meilleure répartition de la valeur ajoutée au sein de la chaîne alimentaire », a-t-il lancé (…).

De son côté, Alexandre Counis a publié le 25 février sur le site du quotidien Les Echos l’entretien réalisé avec le commissaire à l’agriculture de l'Union européenne :  

Dacian Ciolos : "L'agriculture européenne n'est pas vouée au déclin(Extrait)        

Quels outils de gestion des marchés faut-il réactiver ?

Comme je l'ai déjà dit, l'orientation accrue du secteur agricole en fonction du marché et la mondialisation des marchés ont pour effet une plus grande volatilité des marchés - et des prix. Les événements de ces 2-3 dernières années ont révélé cette volatilité plus que jamais : de la flambée sans précédent des prix au second semestre de 2007 au niveau historiquement bas des prix sur le marché laitier par exemple au printemps dernier.

Cela signifie qu'il nous faudra absolument disposer à l'avenir d'un certain nombre d'instruments de gestion des marchés, mais je peux d'ores et déjà affirmer de manière assez claire que nous ne reviendrons pas sur les réformes antérieures.

L'intervention publique ne deviendra pas autre chose qu'un véritable filet de sécurité et nous ne ferons pas machine arrière au sujet de la suppression des instruments de contrôle de la production tels que les quotas laitiers et le gel des terres. A nous tous, ensemble, de définir les outils de gestion des marchés, modernes et efficients, dont nous aurons besoin demain.

Y a-t-il un moyen de limiter l'impact des fluctuations des matières premières agricoles ?

Nous avons créé un groupe de haut niveau spécial chargé d'étudier plus en détail la crise du secteur laitier afin d'en tirer les enseignements - les discussions sont du reste toujours en cours - mais un certain nombre de constatations peuvent déjà être faites. Tout d'abord, les instruments comme l'intervention publique et l'aide au stockage privé ont joué un rôle significatif pour parvenir à réduire l'approvisionnement du marché de l'UE et y établir au moins des niveaux plancher (bien que très bas).

Ensuite, il convient réellement de s'interroger sur la chaîne d'approvisionnement en produits laitiers dans son ensemble - qui fournit quoi et à qui ? Les discussions actuelles portent sur les questions de l'organisation du secteur, des relations contractuelles entre les agriculteurs et d'autres acteurs de la filière, et de la transparence. Il s'agit toutefois d'un travail progressif, qui doit être accompli dans le cadre du marché unique et des règles de l'UE en matière de concurrence. Enfin, il y a lieu de se demander plus généralement dans quelle mesure il est possible de recourir à des fonds publics pour traiter le problème de la volatilité - par exemple par l'intermédiaire d'un système d'assurance, et de s'interroger sur le rôle des marchés à terme, sur le renforcement de la coopération au sein de la chaîne d'approvisionnement, ou sur d'autres notions.

Moins d'un mois après mon entrée en fonctions, je travaille encore sur ces questions et sur les défis à relever. Quand nous les aurons définis, je me concentrerai sur les réponses des intéressés. Ce n'est qu'alors que j'aurai une vision plus précise de la voie qu'il convient de suivre - et de quelle manière.

 

Clément Lacombe (Le Monde, 26 février) s’est déplacé dans un village de la Manche pour mieux rendre compte de la situation des agriculteurs et des conséquences au niveau de la vie économique locale.
Voir A Moyon, le désarroi des agriculteurs face à la crise.

 

Cet article est le 174ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 23:54
Mayenne Apli 180110 007

Seul, le système laitier canadien peut offrir un revenu

 

Pascal Massol, président de l’ASSOCIATION NATIONALE DES PRODUCTEURS DE LAITS INDEPENDANTS, était invité en Sarthe le 10 février pour rassurer les producteurs de lait sur la faisabilité de l’Office du lait*.


 Pascal Massol, ici à Mayenne le 18 janvier - voir

Apli 18 janvier Mayenne : débat avec Pascal Massol et les Québécois



Voici l’article publié par L’avenir agricole (Christophe Zapata, 19 février), sous le titre : 

 

« Avec 1700 vaches laitières, il me faut 310 €/tonne pour me payer un salaire »

 

L’Office du lait souhaité par l’Apli reste encore trop abstrait pour beaucoup d’éleveurs. Ils étaient plus de 300, le 10 février à Roezé-sur-Sarthe, pour écouter Pascal Massol, président de l’Apli, et Damien Rigault, délégué régional.

 

Le discours général de l’Apli est connu mais les éleveurs voulaient se rassurer quant à la viabilité d’un Office du lait qui déciderait du prix du lait en Europe en fonction du coût de revient des producteurs. Après les discours d’ouverture, la parole était à la salle.

 

Quelle relation avez-vous avec les éleveurs des autres Etats membres ?

 

Pascal Massol : L’Apli fait partie de l’EMB (European milk board) dans laquelle les éleveurs de seize pays sont représentés. Et entre producteurs, il y a une parfaite convergence de vue. Il faut arrêter de se considérer comme des ennemis. J’ai rencontré un éleveur d’Allemagne de l’Est, de ceux qui, soit-disant, ne sont pas favorables à un Office du lait : 400 ha et 1700 vaches laitières. Trois traites par jour, assurées par 17 salariés qui travaillent en 3/8. Le lait est à 240 €/t.

Voici ce qu’il m’a dit : « Pour mes vaches, il me faudrait 260 €/t. Pour payer les salaires, il me faudrait 290 €/t et pour me payer mon salaire, il me faudrait 310 €/t. - Alors, comment faites-vous ? - Je compense avec le digesteur qui produit 3 MW de biogaz, lesquels sont fortement subventionnés. En fait, c’est la valorisation de la bouse qui me permet d’équilibrer les comptes ».

 

Pascal Massol cite aussi un producteur de lait bio, en Allemagne encore, qui possède 350 vaches et conduit son troupeau en intensif (8200 kg/VL), mais sans aucun médicament, et qui rachète tous ses voisins, parce que lui seul a le revenu pour tenir. Ou encore cet « entrepreneur » néerlandais qui possède trois unités de production laitière de 300 VL chacune, aux USA, au Canada et en Nouvelle-Zélande. « C’est avec celle du Canada que je renfloue les deux autres », avouait-il.

Il y a une règle qu’on retrouve dans tous les pays producteurs : l’optimum de production est obtenu pour 150 000 l par UTH. Au-delà, la production baisse. A partir de là, tous les systèmes restent possibles.

 

Demain, je rentre dans l’Office du lait, qu’est-ce qu’il se passe ?

 

Pour l’éleveur, rien ne change dans la collecte, ni même dans son appartenance syndicale. Par contre, il faut créer l’Office du lait et cela commence par le collège des producteurs prêts à suivre les décisions de l’Office : baisser la production quand c’est nécessaire, l’augmenter quand c’est possible. Et le prix sera décidé au niveau de cet Office et sera européen. Il faut dans un premier temps mobiliser en France, ce sera ensuite plus facile de mobiliser en Allemagne et tout le monde suivra.

 

Comment sera négocié le prix ?

 

Damien Rigault : Il sera fixé en fonction du coût de production. Dans le système canadien, on prend chaque année 200 exploitations laitières et on calcule le coût de revient sur les 50 meilleures. C’est ensuite le gouvernement qui joue le rôle d’arbitre et qui fait appliquer ce prix comme référence pour toute la filière. Le pouvoir est concerné dans cette affaire : 60% de la production laitière sont en zone défavorisée. Si la production n’est plus organisée que par les transformateurs, est-ce que ces zones seront encore collectées ? La décision ne lui appartiendra plus.


* Voir aussi (Ouest-France, 22 février, Maine-et-Loire)
Les producteurs de lait indépendants se mobilisent - La Pommeraye


Cet article est le 173ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

 

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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 13:02
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L’Europe veut exporter du lait, produit à 280-290 €/t

 

 

Mathieu Périer, producteur de lait dans l’Orne, a accompagné le président de l’Association des producteurs de lait indépendants (Apli), Pascal Massol, le 4 février, à Bruxelles. Par l’entremise du président du Conseil régional de Basse-Normandie, ils ont eu une entrevue avec le chef du secteur lait à la Commission européenne, le danois Rasmussen.

 

Voici le compte rendu de cette rencontre (par Mathieu Périer).


En résumé, sa façon de voir les choses :

- aucun inconvénient de mettre les pays et leurs producteurs européens en concurrence directe.

- il ne voit pas l’intérêt de rencontrer les canadiens car ce n’est pas pareil, étant donné qu’ils ont un système de « quotas ». Par ailleurs, il a rencontré les suisses, néo-zélandais, australien, USA. Mais pas de recette miracle…

- il faut une restructuration pour être compétitif…

- prix harmonisé en Europe impossible, d’après lui, car trop de différence entre les pays (c’est faux, différence de 20-30€/t d’après étude de l’EMB).

- il souhaite un prix du lait juste et régulier : 280-290€/ tonne vendue

- il n’a pas du tout contredit Pascal, quand il a dit qu’aucun pays européen ne dépassera son quota, d’ailleurs très peu arriveront à le réaliser. Une chance que nous avons retiré tout ce lait du marché avec la grève car on serait arrivé à 200-250€/Tonne. Et si la France avait fait 100% de son quota…

 

Bref, ces personnes-là sont à des années lumière de ce qui se passe. On ne peut pas compter sur eux pour avancer dans ce sens là. C’est à nous de leur prouver que nous sommes capables de se prendre en main et d’organiser le marché pour que tout le monde gagne sa vie. La laiterie France a fait autant de chiffre d’affaire en 2008 et 2009 avec un prix à la production complètement différent ...

Il faut bien retenir une chose, si rien n’est fait, les arrêts d’activité ou la précarité arrivent à grand pas. Car ils n’ont aucunement l’envie de faire remonter les cours, puisqu’ils veulent un prix à 280-290€/Tonne pour que nos industriels soient compétitifs sur le marché mondial, qui ne concerne que 4-6% de la production européenne. Ces 4-6% tuent le prix des 96-94% en intra-communautaire.

 

Notre salut viendra par la mise en place de l’office du lait national et européen d’autant plus que la LMA* pointe son nez et que celle-ci est ouverte à beaucoup de choses. On sait ce qu’il nous reste à faire.

 

* LMA - Loi de Modernisation Agricole (voir Projet de loi pour l'agriculture LMA : pas de gestion publique de l'offre - 15 janvier 2010).

 

Et, aussi : rencontre, le 5 février, de producteurs de lait Apli 50 avec le Préfet de la Manche

 

Au cours d’un échange d’une heure, nous exposons tour à tour nos inquiétudes sur la situation actuelle, les raisons de notre opposition à la contractualisation ainsi que notre souhait de voir émerger au niveau européen une régulation de la production laitière de type canadien.

  Nos deux interlocuteurs réfutent tous nos arguments. Selon eux la France et d’autres pays européens ont une vocation exportatrice qui ne peut s’accommoder d’un tel type de régulation. De plus, ils la jugent incompatible avec les règles de l’OMC. L’idée de voir le prix du lait fixé à partir des coûts de production en intégrant la rémunération leur paraît aussi incompatible avec l’économie libérale (sic) dans laquelle nous sommes!

  Le Préfet nous affirme même que le système canadien est condamné à court terme, il s’étonne d’ailleurs qu’il existe encore.

  Malgré la cordialité de l’entretien, on sent bien qu’il n’y a pas d’ouverture dans le discours officiel et que la recette de la sauce avec laquelle on s’apprête à nous manger est déjà concoctée et qu’ils n’ont aucune intention d’en changer !

  En conclusion, ne sautons pas dans la marmite de la contractualisation sinon nous sommes cuits ! Comme nous l’ont dit les canadiens, si vous ne vous organisez pas vous-mêmes, vous vous ferez organiser !

(Compte rendu : Antoine Demortreux) 

 

Cet article est le 172ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 18:59

Les pouvoirs publics invités à prendre position

 

Ayant été alerté par un nouvel ami, producteur d’œufs de consommation au Québec (il a découvert ce blog par les articles concernant la visite en France des producteurs de lait canadiens invités par l’Apli - voir Apli 18 janvier Mayenne : débat avec Pascal Massol et les Québécois), grand défenseur du système canadien de gestion de l’offre, je propose de découvrir la démarche du Canton de Vaud, en Confédération helvétique, nos voisins francophones.

 

Voici des extraits du document PDF JANVIER 2010

 

1 RAPPEL DE L'INITIATIVE

 

La crise laitière qui fait rage ces jours ne laisse personne indifférent. L’opinion publique est sensible aux difficultés que traverse l’agriculture, en particulier dans le secteur laitier.

Suite à l’abandon du contingentement laitier au 1er mai dernier et malgré le travail des organisations laitières pour négocier au mieux cet important tournant, force est de constater que les efforts entrepris pour regrouper et organiser la production n’ont pas porté leurs fruits. L’évolution catastrophique du prix du lait ces derniers mois en est la conséquence.

Cette situation a pour origine le déséquilibre des forces au sein de la filière laitière (une multitude de producteurs de lait face à quatre transformateurs) couplé à une volonté manifeste de l’industrie laitière de diviser les producteurs de lait pour maintenir leur pouvoir de négociation à bas niveau.

PSL travaille actuellement à la définition d’un concept de gestion de l’offre. Le but est de rétablir puis de préserver l’équilibre du marché et créer ainsi les conditions permettant d’obtenir un prix du lait en rapport aux coûts de production qui sont les nôtres en Suisse.

Le Grand Conseil demande au Conseil d’Etat vaudois d’user de son droit d’initiative cantonale auprès des autorités fédérales pour que celles-ci soutiennent la mise en place, par l’organisation faîtière des producteurs de lait PSL, d’un système de gestion des volumes de production et lui confère la force obligatoire.

Si les dispositions prévues à cet effet par la loi fédérale sur l’agriculture, en particulier celles figurant aux articles 8 (mesures d’entraide), 9 (soutien aux mesures d’entraide), 36b (contrats d’achat de lait) et 43 (obligation d’annoncer), se révèlent insuffisantes, la loi elle-même devrait alors être adaptée dans le sens souhaité.

Vu l’urgence de la situation, je demande la transmission directe de cette initiative au Conseil d’Etat en vue de son traitement dans les plus brefs délais.

Lignerolle, le 29 septembre 2009. (Signé) Jacques Nicolet et 105 cosignataires

 

2.1.2 Aspects historiques et législatifs


L’initiative a été déposée le 29 septembre 2009 par le député Jacques Nicolet. Elle a été développée le 6 octobre 2009 et renvoyée au Conseil d'Etat à l'unanimité.

Le Conseil d'Etat constate que l'objet est clairement de la compétence de la Confédération. Il observe que la crise laitière actuelle résulte d'une part de la suppression du contingentement laitier en Suisse et d'autre part parce que l'adéquation entre production et consommation n'est pas vérifiée sur les plans helvétique, européen et mondial, avec un déphasage entre l'augmentation, respectivement la diminution de la demande et celles de l'offre.

Vu que la matière première lait est extrêmement périssable et que sa production ne peut être momentanément freinée ou suspendue, considérant aussi l'atomisation de la production, il apparaît au Conseil d'Etat qu'une régulation de l'offre est indispensable, dans l'intérêt des transformateurs comme de celui des producteurs, pour assurer sur la durée une production indigène de qualité répondant aux besoins de la consommation individuelle et d'une industrie laitière autochtone performante.

Face à cette situation la législation fédérale prévoit qu'une organisation de branche, interprofession, fondée par des producteurs, des transformateurs, voire des commerçants, peut décider de mesures d'entraide pour promouvoir la qualité et adapter l'offre et la demande aux exigences du marché (LAgr, art. 8). Il est également prévu que le Conseil fédéral édicte des dispositions qui rendent applicable à tout producteur et à tout transformateur les mesures d'entraide arrêtées. Cette force obligatoire est subordonnée à une décision de l'interprofession prise à la majorité de ses membres, à une situation où l'effet des mesures serait compromis si elles ne sont pas respectées par tous et enfin à condition qu'elles visent à résoudre des développements extraordinaires et non des problèmes d'ordre structurel (LAgr art. 9). En l'occurrence, il s'agit en effet de gérer la transition du contingentement laitier (mesure structurelle) vers un marché libre ou contractualisé, alors que cette mutation s'inscrit dans un contexte international qui a engendré une augmentation de l'offre puis une baisse drastique de la demande, donc une crise qui déploie ses effets négatifs à l'échelon européen, voire mondial.

 

3 EXPOSE DES MOTIFS

3.1 Besoin d'organiser la production et la mise en valeur de la production laitière


La suppression du contingentement laitier, dont les règles et quotas étaient décidés par l'autorité fédérale, s'inscrit dans l'évolution générale de la politique agricole suisse qui vise une forme de libéralisation et une influence plus importante de l'économie de marché. Le législateur a prévu que des structures de régulation soient nécessaires dans certains secteurs ; il attend toutefois que les acteurs s'organisent eux-mêmes en interprofessions. Sur le plan laitier la situation de forte demande de produit au moment où les acteurs du secteur auraient dû s'organiser a retardé le processus de concertation.

L'offre plus importante que la demande, dans une situation non structurée, a conduit à la crise helvétique bien connue. Heureusement les acteurs ont su finalement se constituer en Interprofession du lait ou IPLait et arrêter un train de mesures, à savoir l'obligation de contracter (pour la vente et l'achat) pour une durée d'un an au minimum, la réduction des quantités décidée par la profession, la négociation du prix contractuel sur la base d'un prix indicatif, la mise en bourse des laits non contractuels, le devoir d'exportation (sans aide publique) des laits négociés en-dessous d'un prix-seuil et enfin la transparence sur les contrats conclus et les transactions réalisées.

 

3.2 Initiative


L
'initiative déposée propose alternativement soit

- que la Confédération légifère en l'absence de mesures prises par l'Interprofession ou si celles-ci se révèlent insuffisantes

- que la Confédération confère la force obligatoire aux mesures arrêtées par l'Interprofession.

En l'occurrence, l'Interprofession propose des mesures qui paraissent suffisantes et adéquates aux yeux du Conseil d'Etat. Il constate toutefois que l'atomisation de la production, d'une part, les structures et la situation économique des exploitations productrices, d'autre part, peuvent conduire à un manque de discipline ou de solidarité. Des acheteurs de lait peuvent aussi être enclins à pratiquer individuellement au mépris des dispositions arrêtées. En conséquence, considérant que la situation actuelle est dite de transition entre la réglementation par la force publique (contingentement) et une situation de contractualisation bien implantée d'une part, que cette transition se joue dans une période où le marché laitier européen est lui-même en crise d'autre part, le Conseil d'Etat estime qu'il serait pertinent et nécessaire d'accorder la force obligatoire aux mesures arrêtées par l'Interprofession.

Il propose donc au Grand Conseil que le Canton de Vaud exerce le droit d'initiative du Canton au niveau fédéral en invitant l'Assemblée fédérale à légiférer sur la gestion des volumes de la production laitière ou à faire soutenir les mesures prises par l'Interprofession du lait en enjoignant par voie de motion le Conseil fédéral de leur donner la force obligatoire.

 

Cet article est le 171ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 22:01

L’Europe est en déficit alimentaire croissant

 

Le quotidien Le Monde, les 29 et 30 janvier, a publié les opinions de cinq spécialistes sur le devenir de la politique agricole commune (PAC) : Michiel A. Keyser, Jean-Christophe Bureau, Jack Thurston, Nicolas-Jean Bréhon et José Bové (voir, plus loin, un extrait de son texte).

 

Un 6ème, Jacques Berthelot* (voir Jacques Berthelot et l'agriculture : la protection est la condition de la vie - 23 novembre 2009) a sollicité du journal le droit de s’exprimer afin de rétablir la réalité des faits (Le Monde, 4 février), car les 4 premiers auteurs, selon lui, affirment faussement que l’Union européenne serait excédentaire de produits alimentaires et maintiendrait une trop forte protection de son marché intérieur.

 

Déficit alimentaire croissant de l'UE et nécessaire souveraineté alimentaire

 

(…) Tous ces auteurs, comme les médias, ignorent le déficit structurel des échanges alimentaires de l'UE-27, qui est colossal et croissant puisqu'il est passé de 10,9 milliards d'euros (Md€) en 2000 à 24,4 Md€ en 2008 – et serait de 23 Md€ en 2009 sur la base des dix premiers mois –, notamment du fait du déficit en poissons passé de 9,6 à 13,3 Md€.

Le déficit des échanges agricoles est lui-même structurel et croissant, étant passé de 7,2 Md€ en 2000 à 13,3 Md€ en 2008. Et, comme l'UE a un excédent alimentaire sur les Etats-Unis de 6 Md de dollars en moyenne de 2003 à 2008, elle reçoit donc une aide alimentaire structurelle massive du Sud.

Dire que l'UE ne subventionne pratiquement plus ses exportations agricoles c'est accepter la définition scandaleuse du dumping de l'OMC
qui ne tient compte que des subventions à l'exportation et pas des subventions internes aux agriculteurs qui bénéficient aussi aux produits exportés (…).
Face au déficit alimentaire croissant de l'UE, il est heureux qu'elle ait maintenu une protection élevée de ses produits alimentaires de base sinon ce déficit aurait été dramatique : le droit moyen sur les céréales reste de 50 % (95 € par tonne de blé tendre ordinaire au-delà d'un quota tarifaire de 3 millions de tonnes, et 172 € par tonne de farine), celui sur les produits laitiers est de 87 %, celui sur les produits sucrés de 59 % et celui sur les viandes congelées (bovine, porcine et de volaille) de 66 %. Cela n'empêche pas que les déficits de l'UE soient croissants en viande bovine depuis 2003 et en viande de volaille depuis 2005 (…).

Moins protéger l'agriculture de l'UE ne serait pas non plus bénéfique aux paysans pauvres
du Sud puisque cela les détournerait de produire des cultures vivrières alors qu'ils connaissent un déficit alimentaire croissant. En effet, si l'on exclut les cinq premiers pays du Sud exportateurs alimentaires nets (Brésil, Argentine, Thaïlande, Malaisie, Chili), le déficit alimentaire des autres pays du Sud a atteint 79 milliards de dollars en 2007. Celui de l'Afrique subsaharienne – région du monde la plus pauvre et souffrant le plus de la faim – était de 8 Md de dollars et même de 14 Md de dollars si l'on exclut ses échanges de café, cacao, thé et épices qui ne sont pas des produits alimentaires de base. D'ailleurs l'UE importe sans droits de douane leurs produits tropicaux et ils n'exportent pas ses produits alimentaires de base, sucre excepté.

On ne peut pas dire que les consommateurs de l'UE soient pénalisés par des prix alimentaires élevés puisqu'ils n'affectaient en 2006 que 15 % de leur budget à se nourrir
(avec boissons non alcoolisées). Puisque le poids des prix agricoles dans les prix alimentaires est en moyenne de 20 % en France, cela correspond à 3 % du budget des ménages.

Assurer aux agriculteurs de l'UE des prix rémunérateurs en supprimant les aides directes à ceux ayant des coûts de production inférieurs à la moyenne de l'UE
impliquerait de relever les prix agricoles de 30 % en moyenne par rapport à leurs niveaux de 2006, ce qui relèverait à 15,9 % la part de l'alimentation dans le budget des ménages après six ans. Mais, avec une hausse du PIB/tête de 1,5 % par an à moyen terme d'ici deux ans, une fois sortis de la récession actuelle – il a augmenté de 2 % par an de 2000 à 2005 –, cela entraînerait une hausse de 9,3 % du revenu des ménages en six ans. Le poids de l'alimentation dans le budget des ménages plafonnerait à 15,6 % en année 6 et décroîtrait au-delà.

En contrepartie de cette modeste hausse de la part de l'alimentation dans le budget des ménages
, ils paieront moins d'impôts pour financer la PAC, il y aura moins de chômeurs –donc plus de cotisations sociales et moins d'impôts pour les soutenir –, un environnement moins pollué – moins d'impôts encore –, une meilleure qualité des produits et un milieu rural plus vivant. Ces moindres dépenses publiques pour la PAC et ses dégâts dégageraient des ressources pour aider les citoyens défavorisés à supporter momentanément des prix alimentaires supérieurs.

 

* J Berthelot (voir Solidarité) était professeur à L'Ecole nationale supérieure agronomique de Toulouse.


José Bové
fait un rappel historique de l’évolution de la PAC (extrait).


Le tournant pris en 1992 a été funeste
. Anticipant, pour obtenir des concessions, les conclusions de l'accord de Marrakech, la Commission européenne a transformé l'agriculture en monnaie d'échange pour l'industrie européenne, mais surtout pour les services comme les banques, les transports, les télécommunications, les assurances, la distribution ou le tourisme de masse.

Cette décision a engendré la perte de centaines de milliers d'emplois agricoles et a provoqué une suite de crises sociales graves culminant en 2009. Par ailleurs, elle n'a servi à rien puisque, depuis 2001, la machine de l'OMC est grippée. L'échec de la conférence ministérielle de Genève, début décembre 2009, confirme le non-sens de cette orientation libérale, vivement remise en cause par nombre de pays du G77.

Le libéralisme et l'ouverture des frontières imposés par les Etats-Unis, l'Europe et les pays émergents à travers l'Organisation mondiale du commerce se soldent par un constat d'échec. La crise globale, issue de la sphère financière, fin 2008, s'étend maintenant à l'ensemble des secteurs de l'économie. L'agriculture n'échappe pas à cette tourmente. L'effondrement du prix du lait sur le marché européen a engendré des milliers de faillites de paysans, particulièrement dans les grands Etats membres de l'est de l'Union comme la Roumanie, la Bulgarie et la Pologne.

La PAC est devenue folle. Pour autant, faut-il se débarrasser de la seule véritable politique européenne ? Certes non, et, plus que jamais, l'Europe doit conserver et renforcer cette volonté de construire un avenir agricole commun à tous ses états membres et à toutes ses régions. L'objectif central de cette réforme doit rester de nourrir nos concitoyens avec des produits de qualité sur le long terme. Peut-on ignorer que, pour plus de 20 millions d'Européens, la question de savoir si l'on va manger à sa faim reste une réalité. Dans un contexte de chômage massif, la paysannerie doit cesser d'être considérée comme le réservoir de main-d'oeuvre, principalement à l'Est, pour les autres secteurs qui, en réalité, n'ont plus grand-chose à offrir.


Voir Entre pays, régions et paysans, répartir la production équitablement, par José BovéP1030290.jpg 




José Bové, à Bruxelles, le 5 octobre 2009, en discussion avec Pascal Massol, Aveyronnais comme lui
(voir
Bruxelles : Pascal Massol et l'APLI estiment avoir marqué des points
)






La position du MRC a été publiée le 10 octobre 2009. Voir Des orientations nouvelles pour l’agriculture


Cet article est le 170ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 21:37

La grève du lait, du sud-ouest de la France à l’Europe

 

Dans la revue mensuelle « L’éleveur laitier », en janvier, Dominique Grémy avait décrit et analysé la grève du lait (voir Le succès de l'APLI en 2009, décortiqué par la revue L'Eleveur laitier - 9 janvier 2010).
En février (n° 177), le rédacteur en chef adjoint « va plus loin avec Pascal Massol, éleveur en colère ».

 

Parcours de Pascal Massol Mayenne Apli 180110 007

1965 : naissance à Salmiech (Aveyron)

1986 : BTS puis inséminateur

1992 : import-export d’embryons

1997 : installation

2006 : 3ème en vache adulte à la confrontation holstein européenne

2007 : bâtiment neuf, 600 000 litres de quota, 3 associés

Novembre 2008 : grève du lait dans le Sud-ouest

Janvier 2009 : création de l’Apli

Septembre 2009 : grève du lait, nationale

 

En moins d’un an, cet éleveur aveyronnais passionné de génétique holstein a créé un mouvement qui bouscule les lignes syndicales.


Au micro de France Bleu Mayenne, à Mayenne, le 18 01 10
  voir 
Apli 18 janvier Mayenne :
débat avec Pascal Massol et les Québécois
 
 

« Que les producteurs se donnent les moyens d’être forts »

 

Lunettes rondes, queue-de-cheval : vous l’avez tous vu à la télévision, dans les journaux. Pascal Massol, président de l’Apli, le mouvement qui a conduit à la grève du lait. Il y a un an, cet éleveur aveyronnais était un inconnu. Il est quasiment incontournable aujourd’hui dans la politique laitière française, au moins pour les médias. Un José Bové du lait ? Non ! Le parcours et l’ambition des deux personnages n’ont rien à voir.

 

L’insoumis

D’abord, dans la génétique, sa passion. Après le BTS « que je n’ai pas eu à cause d’un 0 en chimie. J’avais fait la fête la veille », il travaille comme inséminateur, le temps d’une solide formation sur la transplantation embryonnaire et quelques frictions avec la hiérarchie pour ses initiatives. Son coeur bat pour la génétique holstein canadienne qu’il a découverte sur place en 1988.

Il crée alors une société d’import-export (embryons, animaux) et se heurte évidemment aux filières officielles. « On court-circuitait les intermédiaires, ça fonctionnait bien. Mais pour ce commerce, il faut savoir être méchant, ce n’est pas mon tempérament ».

Evidemment, Pascal Massol n’est pas dans la ligne des concours de l’Upra et participe activement à tous les Open Show. Il y gagne souvent. Car, entre-temps, il a créé l’un des meilleurs troupeaux holstein français sur l’exploitation familiale, où il rejoint son frère et un autre associé en 1997.

Système fourrager économe fondé sur l’herbe, bâtiment neuf en 2007, projet de conversion en bio, c’est cadré. Les rumeurs malveillantes qui insinuent une mauvaise gestion le font sourire. « Tant qu’ils n’ont que cela à dire, on est tranquille ».

Mais les charges financières sont là et la baisse du prix du lait en 2008 est un choc. « J’attendais de la FNSEA qu’elle nous défende, qu’elle impose une régulation. Cela n’a pas été le cas. Alors, je me suis dit : c’est à nous de la faire ».

Il active son réseau de passionnés de génétique, souvent des rebelles, eux aussi. Ils formeront le noyau de départ.

 

Médiatiser

« En 2008, je participais au blocage des camions de laiterie par la FDSEA en me demandant à quoi cela servait. J’ai donné mon téléphone à une amie qui connaissait des journalistes. Le soir, je passais sur FR3 ». Pascal Massol n’a pourtant rien d’un tribun, mais l’usage des médias signe la réussite de son mouvement.

L’acte fondateur de l’Apli est une première grève du lait dans le Sud-Ouest en novembre 2008. Les télévisions sont là et Pascal raconte tout sur son blog. Cela deviendra un site Internet qui reçoit aujourd’hui plus de 5 000 visites par jour. La mèche était allumée. Fin juin, des réunions dans l’Ouest réunissent 1 500 éleveurs. « J’ai senti qu’il se passait quelque chose. J’ai pris conscience de ma responsabilité, car une foule manipulée peut être dangereuse ». Cela ne l’empêche pas d’user de mots parfois violents dans ses discours. Statutairement, Pascal est encore pour un an à la tête de l’Apli. Son souhait : « Qu’elle ne devienne jamais un syndicat ».         

 

Cet article est le 169ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 17:53

 

L’Apli au congrès des producteurs en Allemagne

 

La série de réunions publiques, organisées par l’association des producteurs de lait indépendants (voir Apli partout : Pascal Massol avec les Québécois, Sophie Poux sur TF1 - 26 janvier 2010) a porté ses fruits : le système laitier canadien est en discussion en France et, aussi, en Allemagne.  

Car André Lefranc, responsable Apli dans la Manche, et le québécois Jean Rousseau sont allés en Allemagne, au congrès du BDM à Berlin (2 000 responsables) et dans l’est et le nord-ouest du pays, afin de présenter le système canadien aux producteurs allemands.


Si l’on veut comparer, retenons que la France en Europe, ce serait comme le Québec au Canada. Le Québec exporte 30% de sa production dans les autres provinces du Canada.
  

Selon Jean Rousseau, la situation actuelle de la France en Europe ressemble à la situation du Québec dans le Canada qu’a connu son père (il a participé à la création d’un office du lait il y a plus de 30 ans). Il souligne que la solidarité est indispensable pour la réussite. C’est le moteur principal.

La venue des Canadiens en France a été très appréciée et André Lefranc remercie Jean Rousseau, homme d’une grande humanité, d’avoir accompagné l’Apli pendant cinq jours en Allemagne.

 

APLI-La-Chapelle-d-Andaine-201009-003.jpgAndré Lefranc a communiqué un article de Info Isère, présentant les propos de Jean Robin-Brosse, producteur laitier à Gillonnay (Nord-Isère), responsable FDSEA Isère depuis 2008.

 


Canada, heureux pays laitier

 

Des producteurs de lait gagnants, des transformateurs qui en profitent, des consommateurs qui ne sont pas perdants, oui, ça existe…

L’Institut de l’Elevage publie régulièrement des études sur les filières à travers le monde.  Le dossier de novembre 2009 était sur la filière laitière au Canada.

Dans ce pays où la production laitière a été contingentée progressivement puis totalement en 1974, les 8,2 millions de tonnes de lait ont généré à la production un chiffre d’affaires d’environ 3,3 milliards d’euros. La production laitière, pour se protéger des importations, a dû se limiter aux besoins des 33 millions de Canadiens. En comparaison, en France, nous sommes à peine 65 millions et nous produisons 24,7 millions de tonnes (pratiquement le double en population et le triple en production laitière).  

Au Canada, la production laitière est obligatoirement étalée sur toute l’année par un quota journalier. Il n’y a donc pas de pics saisonniers de production.

Les coûts de collecte sont mutualisés. Les pouvoirs publics sont acteurs du système. Il y a des représentants des transformateurs, des consommateurs et un seul syndicat de producteurs par province regroupant tous les producteurs.

Les transformateurs ont les moyens d’innover, de lancer de nouveaux produits. La croissance des ventes permet de ré-augmenter les volumes produits après la perte d’un panel à l’OMC ayant entraîné suppression des exportations et réduction de 5% de la production. Des entreprises comme Parmalat et Danone peuvent s’implanter. Les entreprises canadiennes peuvent aussi investir leurs bénéfices dans d’autres pays. De petits transformateurs ont pu également voir le jour au Québec. 

Le système ne coûte rien aux contribuables. La distribution n’est pas en faillite. Elle a surtout des marges correctes. La marge entre le prix payé aux producteurs et le prix à la consommation reste très stable. Les prix ont augmenté légèrement plus que l’inflation. 

La longueur de l’hiver, la hauteur de neige, entraînent des résistances de bâtiments imposant le recours fréquent aux systèmes entravés. Cela me fait penser à nos surcoûts de bâtiments, chez nous, par rapport aux zones océaniques.  

La FNPL a souvent invité les présidents des fédérations de producteurs à ses congrès, notamment ceux de la fédération des producteurs de lait du Québec.  

A regarder leur système, j’espère que beaucoup de producteurs de lait Français comprendront l’intérêt et la nécessité des combats que nous menons. Le pouvoir politique et le pouvoir médiatique au Canada ne sont certainement pas détenus par la grande distribution. La grande différence se trouve là.

 

Pour compléter, signalons les réticences exprimées par l’Institut de l'Elevage dans un article paru le 17 décembre 2009 sous le titre « La filière laitière au Canada : un modèle de régulation exportable ? »  

 

Concernant le séjour des Québécois en France, à l’invitation de l’Apli, voir l’article, le 26 janvier, du journal La Terre du Québec.

 

Quatre Québécois exposent la gestion de l’offre en France

 

Quatre producteurs de lait du Québec ont quadrillé la France du 18 au 23 janvier 2010 et expliqué à plus de 10 000 de leurs vis-à-vis le fonctionnement de l’industrie laitière qui évolue sous gestion de l’offre au Québec et au Canada.

Ces producteurs (Gilles Michaud, de la Côte-du-Sud, ainsi que Jean Rousseau, Michel Lemire et Denis Morin du Centre-du-Québec) ont répondu à l’invitation de l’Association des producteurs de lait indépendants (APLI), l’organisation qui a orchestré la grève du lait, l’automne dernier, en France, afin de protester contre des prix à la ferme inadéquats. L’APLI évoquait alors l’exemple du Québec pour réclamer un prix équitable à la ferme.

Propriétaire de Ferme OSAM, à Sainte-Élisabeth-de-Warwick, Denis Morin a signalé à la Terre : « Nous ne sommes pas allés leur dire quoi faire, mais présenter notre système de mise en marché collective et de gestion de l’offre ainsi que ses résultats. Je crois que nous avons créé un peu d’espoir en montrant qu’il est possible de fonctionner autrement. »

Office du lait
La gestion de l’offre a-t-elle des chances de s’implanter en France, à l’heure où la fin des quotas laitiers est prévue pour 2015 ? « Chose certaine, si les conditions ne changent pas pour eux d’ici la fin de mars 2010, près du tiers des producteurs vont abandonner, a noté Gilles A. Michaud, copropriétaire de Ferme Régika, à Kamouraska. Il est impossible pour eux de survivre avec un prix à la ferme de 260 euros la tonne alors que le coût de production se situe à 330 euros. » Au Canada, la moyenne est de 457 euros (70 $/hl). 

L’APLI milite en faveur d’un office national du lait pour regrouper l’offre des producteurs et créer un rapport de force avec les acheteurs pour obtenir un prix approprié.


Cet article est le 168ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

 

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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 23:50

 

Souveraineté alimentaire et gestion de l’offre de lait au Canada

 

La semaine dernière, les 20 réunions de l’Apli ont permis de populariser le système canadien de gestion de la filière laitière, sous le contrôle des pouvoirs publics. Les producteurs de lait ont participé nombreux et ont montré beaucoup d’intérêt pour ce système qui refuse la suprématie des échanges et marchés mondiaux (voir Apli 18 janvier Mayenne : débat avec Pascal Massol et les Québécois - 19 janvier 2010).Mayenne-Apli-180110-023.jpg

  Jean Rousseau, ici, après la réunion à Mayenne

Voir la revue de presse de l’ASSOCIATION NATIONALE DES PRODUCTEURS DE LAIT INDEPENDANTS. On y trouve des échos sur les réunions publiques, la semaine dernière, avec la participation des producteurs de lait québécois (les articles parus sur ce blog ne sont pas oubliés).

Mayenne-Apli-180110-005.jpg  

Gilles Michaud - ici à Mayenne, répondant aux questions de Roland Freza, journaliste à France-Bleu Mayenne - est membre du comité exécutif de la Fédération des producteurs de lait du Québec

 

À Ledinghem, l'APLI vante le modèle canadien de production de lait (La Voix du Nord, 23 janvier)

 

Le système canadien, un modèle à suivre (La Dépêche du Midi, 23 janvier)

 

Les producteurs de lait rêvent du Canada (Ouest-France, Normandie, 23 janvier)

 

L'espoir des producteurs laitiers arrive du Québec (Sud-Ouest, 23 janvier)

 

Lait / Un cadre réglementaire et un contrôle des importations - Deux Canadiens expliquent leur système (Paysan breton, 25 janvier)

L’organisation des agriculteurs du Québec est originale. Ils sont rassemblés dans l’Union des Producteurs Agricoles (voir Bienvenue sur le site de l'UPA).

 

Le président des producteurs de lait, Marcel Groleau, dans un mémoire présenté à la commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois, expose la vision de la Fédération des producteurs de lait du Québec pour les dix prochaines années. Au moment où le prix du lait en poudre explose sur le marché mondial.

La Fédération croit que l’avenir de l’agriculture doit se baser sur un principe de souveraineté alimentaire et sur une gestion de l’offre efficace. «Nous souhaitons, a dit Marcel Groleau, que le secteur laitier appuie son développement sur un contrat social renouvelé avec la population et les gouvernements, basé sur les principes de la souveraineté alimentaire et sur une gestion de l’offre efficace. Pour que cela se concrétise, nous demandons au gouvernement du Québec d’adhérer aux principes de la souveraineté alimentaire et d’en faire la pierre d’assise de la politique agricole du Québec.»

Marcel Groleau a opposé souveraineté alimentaire et indépendance alimentaire, qu’il ne faut pas confondre. Par souveraineté alimentaire, il faut entendre le droit des peuples à définir leur propre politique alimentaire et agricole, à protéger et réglementer la production et les échanges agricoles nationaux pour atteindre des objectifs de développement durable, déterminer leur degré d’autonomie alimentaire et empêcher le dumping de produits agricoles et alimentaires sur leurs marchés.
La Fédération a initié une consultation auprès de plus de 3 000 producteurs l’hiver dernier dans le but de dégager les enjeux auxquels ils devront faire face au cours des dix prochaines années. Il en ressort que les producteurs veulent conserver le système de mise en marché actuel. Ils ont aussi reconnu la nécessité de recréer un lien entre les producteurs et les citoyens. Le modèle développé dans le secteur de la production laitière basé sur la mise en marché collective et la gestion de l’offre est une belle réussite qu’il faut préserver, a évoqué Marcel Groleau.
« La souveraineté alimentaire n’est pas une politique qui empêche les exportations ni qui empêche les importations, mais c’est une politique qui permet et qui donne pleine autonomie aux gouvernements d’élaborer leur politique agricole et alimentaire.
Ce n’est pas ce qui se passe actuellement dans les négociations à l’OMC, c’est plutôt le contraire. Aujourd’hui, à l’OMC, on limite l’application de politiques d’États ou régionales en agriculture parce qu’on ne veut pas limiter le commerce» a soutenu Marcel Groleau.
Selon le président de la Fédération, cette politique d’autonomie est beaucoup plus près de la réalité d’aujourd’hui que la réalité du commerce et d’ouverture des marchés qu’on veut bien le présenter, puisque 90% des produits agricoles et alimentaires sont consommés près de leur lieu de production et de transformation.
Rappelons que la Fédération des producteurs de lait du Québec regroupe 7 000 fermes avec 15 000 producteurs. En moyenne, on compte 55 vaches par ferme et une production de 400 000 litres de lait par troupeau et par année. Au total, le Québec produit 2,8 milliards de litres de lait pour des revenus d’environ 2 $ milliards. Formée dans le but de faire état de la situation, des enjeux et des défis de l’agriculture et de l’agroalimentaire, le mandat de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire veut examiner l’efficacité des interventions publiques en matière d’environnement, de santé, d’occupation du territoire, de développement régional, établir un diagnostic et formuler des recommandations compte tenu des défis de la compétitivité et des revenus agricoles et de la mise en valeur du potentiel régional.

Voir aussi Quota de lait à quel prix.

 

Par ailleurs, l’Apli était représentée le 25 janvier, lors de l’émission de TF1 avec le président Sarkozy, par Sophie Poux, porte-parole Apli dans le Tarn-et-Garonne. Voir L'agricultrice Sophie Poux.

 

 Cet article est le 167ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 23:48

 

Tous les producteurs de lait  européens ensemble ?

 

Dans un premier article, hier, ont été présentées les interventions des deux producteurs canadiens francophones (province du Québec), Jean Rousseau et Gilles Michaud (voir Réunion Apli à Mayenne (53) : le Canada, un système laitier qui paie - 18 janvier 2010).

 

Le débat qui a suivi a fait ressortir trois points principaux

 

- D’abord, le Canada parvient à défendre son système laitier protectionniste (taxes élevées sur les importations) au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) parce qu’il ne cherche pas à exporter de produits laitiers et affirme clairement ses choix politiques, qui sont de sécuriser l’alimentation de la population et le revenu des producteurs de lait canadiens. Le slogan est « pas de nourriture sans agriculture ».

 

D’ailleurs, à l’OMC, les Etats sont de plus en plus nombreux à vouloir préserver ces principes fondamentaux contre la volonté des dirigeants de favoriser la liberté du commerce, avant tout. Pascal Massol souligne que, si l’agriculture est encore à l’OMC, c’est parce que ses représentants n’ont pas demandé à l’en sortir. Le COPA ne se soucie pas de sortir de l’OMC, l’Union européenne n’a mis aucune énergie à sortir l’agriculture de l’OMC. Si rien n’est fait contre la dérégulation, sans volonté, le combat est perdu d’avance.

Mayenne-Apli-180110-018.jpg
 

- Ensuite, il faut éviter de porter plusieurs casquettes, d’avoir plusieurs responsabilités, à la fois. Les producteurs doivent être unis pour présenter leur offre à travers le même canal aux entreprises de transformation. Il faut la solidarité des producteurs. Elle ne peut exister s’il y a confusion des mandats, syndicaux et coopératifs, et si les producteurs gèrent les outils industriels. Chacun à sa place. Producteurs organisés et solidaires d’un côté, industriels et coopératives de transformation de l’autre. Un but commun, défini par un accord écrit. 
 

Pascal Massol propose la limitation à deux mandats (certains en ont 10-15) et une seule présidence à la fois. La loi y oblige pour les élus politiques, pourquoi pas pour les représentants professionnels ?

On a trop laissé faire, cela ne peut plus durer. Il faut regarder de près les gens qui sont chargés de défendre les producteurs et « mordre les jarrets » (selon l’expression de Gilles Michaud) de nos représentants politiques à tous les niveaux, au niveau national (les sénateurs étaient étonnés que le prix du lait ne tienne aucun compte des coûts de production) et au niveau européen.

 

- Enfin, les producteurs de lait doivent cesser de dépendre des aides publiques. A eux, comme au Canada, de s’organiser au sein de la filière pour que le prix soit constamment rémunérateur, sans aides de l’Etat. Mais cela suppose de faire des choix de contingentement de la production.  


Pascal Massol
rappelle que, en 2007-2008, pendant 18 mois, personne ne se plaignait du prix du lait, qui ne tenait pas compte des coûts de production, ni du système qui n’était pas assez encadré. Or, on a pu constater que le monde dérégulé vit à très court terme et n’est pas fiable dans la durée.

 

En conclusion, il faut refuser d’en finir avec les quotas tant qu’un autre système de régulation n’est pas décidé. L’office du lait doit réunir 40 à 50% du lait européen. Actuellement, les promesses d’engagement se situent à 15-20% en France, 35% en Allemagne. Ces deux pays font l’essentiel du lait de la zone euro, périmètre économique raisonnable (les pays de l’est de l’Europe sont dans une situation différente). Ces réunions avec les amis canadiens doivent permettre de progresser vers l’objectif.


Cet article est le 166ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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