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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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30 avril 2015 4 30 /04 /avril /2015 20:06

 

La question grecque peut être résolue par une autre politique européenne

 

La Fondation Res Publica * proposait lundi 13 avril un colloque sur le thème L'euro est-il soutenable ? Le nouveau test de la Grèce. Avec la participation de :

Jean-Michel Quatrepoint, membre du Conseil scientifique de la Fondation, journaliste économique, auteur de "Le Choc des Empires" (le débat Gallimard ; mars 2014) 

- Olivier Delorme, écrivain et historien, ancien maître de conférences à Sciences Po, auteur de « La Grèce et les Balkans, du Vème siècle à nos jours » (Folio Gallimard, 2013, 3 tomes)

Thanos Contargyris, dirigeant de Dialogos Ltd, Attac Grèce 
Dominique Garabiol, professeur associé à Paris 8, membre du Conseil scientifique de la Fondation 
- et Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica.

Rappel (31 mars 2015) : La Grèce est un test de la validité de l'euro et des solutions possibles

* Voir Présentation de la Fondation Res Publica

Les interventions de Jean-Michel Quatrepoint, de Dominique Garabiol et de Jean-Pierre Chevènement, ont été rapportées précédemment. Voir (24 avril 2015) : Colloque Res Publica du 13 avril 2015 : le test de la Grèce pour l'euro.

Et aussi celle d'Olivier Delorme. Voir (25 avril) : Colloque Res Publica 13 avril 2015 : la Grèce piégée (Olivier Delorme)

Pour prendre connaissance de l'ensemble des interventions lors de ce colloque, consulter les Actes qui seront publiés par la Fondation dans quelques semaines.

 

Voici, maintenant, un résumé de ce qu'a dit Thanos Contargyris*.

 

Le problème de la Grèce, c'est la dette publique (passée de 129 % du PIB à 176%, suite au traitement qui lui a été appliqué pendant 5 ans), mais c’était en 2009 aussi le déficit de sa balance des paiements (-15%) et le déficit de ses comptes publics (-15%). Elle était et reste dans l'impossibilité de rembourser. Certes ses déficits ont été résorbés: celui de sa balance des paiements est de -2,4% et son déficit public est de -3,5% en 2014. En cas de sortie de l'euro, la dette disparaît et le déficit public aussi (les intérêts de la dette sont supérieurs à 3,5%) ; seul le déficit de la balance des paiements (-2,4%) reste.

En 2008, le gouvernement socialiste n'a pas vu venir la crise. George Papandréou a été débarqué en 2011, 24 heures après avoir proposé un référendum. Il a été remplacé par des gens « plus sérieux »au pouvoir.

La pression sur les électeurs grecs a été inimaginable (la presse, les allemands, les financiers). Dans un premier temps, ils ont cédé. Leur soumission a duré un an et demi.

Syriza a progressé très rapidement au niveau électoral (4 %, puis 15, puis 25, puis 35 %). Il est composé de gens de gauche, d'écologistes, d'anciens socialistes. Il a eu besoin d'un parti de centre droit pour atteindre la majorité parlementaire.

Le gouvernement grec est soutenu par 60 % de la population. Selon un sondage, 42 % font confiance au gouvernement et 17 % à l'opposition (Nouvelle Démocratie).

Le gouvernement grec est seul, ou presque, en Europe. L'Italie et, c'est plus inattendu, la Grande-Bretagne, lui accordent un soutien modéré. La France l'a lâché. La domination allemande se fait à visage découvert.

Mais il faut distinguer Mme Merkel, qui intègre d'autres éléments que son ministre des finances, lequel dirige la politique européenne.

Depuis 5 ans, la Grèce a radicalement changé. Elle dégage des excédents primaires. L’État grec peut faire face aux dépenses directes (charges de l’État et retraites). Même si les dysfonctionnements continuent. Par contre, ce n'est pas possible de rembourser la dette. Il lui faut emprunter pour rembourser Mais la Grèce n'est pas la seule dans ce cas…

Le problème de la dette est un cercle vicieux, dont la Grèce essaie de sortir. Il est possible de résoudre la question grecque. Le problème est politique. Il y a des alternatives. La solution devrait être européenne. Une d’elle serait de transformer la monnaie unique en monnaie commune.

La Grèce peut tenir encore quelques semaines (mi-mai). Ensuite, il y a deux possibilités :

- faire défaut,

- ou payer avec une nouvelle monnaie interne (une partie des salaires des fonctionnaires et des pensions pourront être payés avec cette nouvelle unité monétaire, ce que n'interdisent pas les traités). Le problème est de bien doser le rapport entre monnaie molle et monnaie dure par un mécanisme technique bien au point.

 

* Voir - le blog de Coralie Delaume (20 avril 2015) : « Un défaut partiel de la Grèce est possible »

- L'Humanité (26 janvier 2015) : Thanos Contargyris

- ATTAC France (21 février 2014) : Thanos Contargyris.

 

Cet article est le 200ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

Thanos Contargyris, le 13 avril 2015, lors du colloque Res Publica à Paris

Thanos Contargyris, le 13 avril 2015, lors du colloque Res Publica à Paris

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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 16:41

 

La Grèce, une histoire particulière, un pays à part en Europe

 

La Fondation Res Publica * proposait lundi 13 avril un colloque sur le thème L'euro est-il soutenable ? Le nouveau test de la Grèce. Avec la participation de :

Jean-Michel Quatrepoint, membre du Conseil scientifique de la Fondation, journaliste économique, auteur de "Le Choc des Empires" (le débat Gallimard ; mars 2014) 

- Olivier Delorme, écrivain et historien, ancien maître de conférences à Sciences Po, auteur de « La Grèce et les Balkans, du Vème siècle à nos jours » (Folio Gallimard, 2013, 3 tomes)

Thanos Contargyris, dirigeant de Dialogos Ltd, Attac Grèce 
Dominique Garabiol, professeur associé à Paris 8, membre du Conseil scientifique de la Fondation 
- et Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica.

Rappel (31 mars 2015) : La Grèce est un test de la validité de l'euro et des solutions possibles

* Voir Présentation de la Fondation Res Publica

Les interventions de Jean-Michel Quatrepoint, de Dominique Garabiol et de Jean-Pierre Chevènement, ont été rapportées précédemment. Voir (24 avril 2015) : Colloque Res Publica du 13 avril 2015 : le test de la Grèce pour l'euro.

Pour prendre connaissance de l'ensemble des interventions lors de ce colloque, consulter les Actes qui seront publiés par la Fondation dans quelques semaines.

Voici, maintenant, un résumé de ce qu'a dit Olivier Delorme, auteur du livre « La Grèce et les Balkans », dont le 3ème tome (écrit en juin 2013) se termine par ce paragraphe :

« Dans ce sombre tableau, la Grèce, entrée dans la CEE juste avant le virage néolibéral des années 1985-1995, faisait figure d'exception et de modèle à atteindre. La stratégie du choc qui lui est appliquée depuis 2010 change la donne : le programme de l'Europe n'est plus de tirer la Bulgarie ou la Roumanie vers le niveau où était parvenu la Grèce ; c'est de refouler la Grèce vers celui de la Roumanie et de la Bulgarie. Peut-être devrait-on cependant se souvenir à Paris, à Berlin et à Bruxelles, où l'on répète à l'envi que la construction européenne a garanti la paix du continent, que les guerres de Yougoslavie ont commencé par le refus des Slovènes et des Croates (soutenus par l'Allemagne)de continuer à payer pour ces fainéants de Monténégrins, de Kosovars et de Macédoniens. A moins qu'il ne soit déjà trop tard, parce que, sans qu'on s'en soit aperçu, l'Europe dont on parle est déjà morte de ne pouvoir remettre en cause ses certitudes néolibérales – comme le véritable décès de l'URSS ne date pas de 1991 mais du moment où elle récusa le réformisme krouchtchévien pour s'enfoncer dans la glaciation brejnévienne ».

La Grèce est sortie quasi détruite de la 2ème guerre mondiale, ayant subi une occupation parmi les plus féroces d'Europe (baisse de 8 % de la population grecque). Puis deux ans (1947-1949) de guerre civile ont fait 150 000 morts. Sa population est descendue en-dessous de 10 millions d'habitants. Elle est restée sur les mêmes structures jusqu'à la fin de la dictature militaire en 1974 : pas d’État social, très fortes inégalités, fiscalité directe réduite. C'est une économie de petits propriétaires terriens, suite à une réforme agraire réalisée avant 1920, dont les points forts sont le commerce et l'armement maritime, défiscalisé en 1945. La résistance fiscale est une pratique habituelle, face à un Etat souvent illégitime (il n'est pas défenseur du bien commun).

La période 1955-1963 a été marquée par une bonne gestion de Konstantinos Karamanlis : taux de croissance de 7 % par an, pas d'inflation ni endettement. Mais il n'y a pas de système de soins universel. Les syndicats sont hors la loi. La dépendance à l'égard des USA est très forte.

C'est pour desserrer l'étreinte de l'ami américain que Karamanlis se rapproche de la CEE, avec l'appui de la France (de Gaulle). En 1959, la Grèce est candidate à une association avec la CEE. Le processus, suspendu pendant la dictature militaire, entre 1967 et 1974, reprendra ensuite et, avec le soutien de la France (Giscard d'Estaing), aboutira en 1979 et sera effective en 1981.

Les grecs sont partagés sur l'adhésion à l'Europe. Ce n'est pas vraiment la leur. Un rideau de fer s'est abattu en 1947-1949. La Grèce sera un membre à part. Le PASOK (gauche radicale) militait contre l'adhésion à l'Europe. Les sondages indiquaient une légère majorité contre l'adhésion. Les transferts de l'Europe vers la Grèce (entre 5 et 7 % du PIB) sont importants. Le pays se transforme. Mais l'économie grecque reste faible et vulnérable (choix de l'industrie lourde des années 1960, petites entreprises dans l'habillement et l'agroalimentaire). Elle n'est pas adaptée aux nouveaux choix économiques européens (libre-échange généralisé, concurrence non contrôlée) qui font que l'Europe change de nature.

De plus, l'investissement social arrive à contre-temps (1978-1985), dans une période de dépression mondiale, ce qui oblige la Grèce à s'endetter. Les salaires étaient trop bas mais devenaient trop hauts, par comparaison avec ceux des pays des Balkans, de Roumanie, de Turquie. Des entreprises se délocalisent. La dette, qui avait été multipliée par 4 du temps des colonels, prend de l'ampleur avec l’État social (79,6 % du PIB en 1990).

L'entrée dans la zone euro aura un effet délétère sur l'économie grecque. Repoussée en 1999, à cause de fraudes dans ses déclarations (en réalité, des habillages que d'autres pays pratiquent aussi), elle est effective en 2000, les mesures d'austérité décidées ayant eu des résultats visibles. L'inflation baisse, la dette aussi (de 110 à 100 % du PIB). La Grèce est acceptée parce que l'Europe voit les inconvénients à la laisser dehors.

L'euro a contribué à augmenter la dette de la Grèce. Sa surévaluation (il vaut 1,6 dollar à son lancement et il reste longtemps à 1,3) pénalise la Grèce qui vit du tourisme et dont 65 % du commerce extérieur est réalisé hors zone euro. En outre, les exportations agroalimentaires vers la Russie sont bloquées par l'embargo.

La baisse des taux d'intérêt a un effet morphine sur l'économie grecque, qui a la possibilité d'emprunter aux mêmes taux que l'Allemagne. L'endettement privé augmente de 20 à 30 % par an dans la première décennie 2000, sous l'effet de l'importation de produits allemands (auparavant, le crédit était très limité, il n'y avait pas de chèques).

Ajoutons-y les Jeux Olympiques et l'explosion des marchés de l'armement (+ 35 % entre 2004 et 2009).

Pas possible de dévaluer. Pas possible de monétiser la dette. Pas possible de faire de l'inflation (qui réduit la valeur réelle de la dette). La Grèce a les mains liées face aux spéculateurs, n'ayant plus l'arme monétaire en 2009 pour lutter contre la spéculation. C'est pourquoi elle fait appel à Bruxelles afin d'obtenir des financements (FMI, BCE, CE).

 

Cet article est le 199ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

Olivier Delorme, lors de son intervention.

Olivier Delorme, lors de son intervention.

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24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 16:47

Jean-Pierre Chevènement : le problème n'est pas la Grèce, il est celui de l'euro

 

La Fondation Res Publica * proposait lundi 13 avril un colloque sur le thème L'euro est-il soutenable ? Le nouveau test de la Grèce. Avec la participation de :

Jean-Michel Quatrepoint, membre du Conseil scientifique de la Fondation, journaliste économique, auteur de "Le Choc des Empires" (le débat Gallimard ; mars 2014) 

- Olivier Delorme, écrivain et historien, ancien maître de conférences à Sciences Po, auteur de « La Grèce et les Balkans, du Vème siècle à nos jours » (Folio Gallimard, 2013, 3 tomes)

Thanos Contargyris, dirigeant de Dialogos Ltd, Attac Grèce 
Dominique Garabiol, professeur associé à Paris 8, membre du Conseil scientifique de la Fondation 
- et Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica.

Rappel (31 mars 2015) : La Grèce est un test de la validité de l'euro et des solutions possibles

 

* Voir Présentation de la Fondation Res Publica

 

Voici des extraits des interventions de Jean-Michel Quatrepoint, de Dominique Garabiol et de Jean-Pierre Chevènement. Pour prendre connaissance de l'ensemble des interventions lors de ce colloque, consulter les Actes qui seront publiés par la Fondation dans quelques semaines.

 

- Jean-Michel Quatrepoint constate que l'Union européenne a mis en place un système de nœud coulant appliqué à la Grèce (réformes souhaitées par Berlin et Bruxelles contre financements par la BCE et le FMI). Avec Syriza, la donne a changé. C'est devenu une question politique. La crainte de l'UE est la contagion à d'autres pays européens. Elle n'admet qu'une seule politique possible, la sienne.

La Grèce a surestimé l'influence des socialistes français dans l'UE (or, l'Europe est allemande). Et elle a refusé d'utiliser la sortie de la zone euro comme force de dissuasion. Ses marges de manœuvre sont réduites. Elle a besoin de consolider ses dettes, en les transformant en prêts remboursables dans deux ou trois ans. La Russie ne fera pas ces financements, même si elle peut aider autrement. La Chine pourrait le faire. Après la réussite de la Banque asiatique d'investissement qu'elle vient de créer, elle pourrait avoir l'idée de lancer une banque de développement pour faciliter les investissements en Europe. Ce serait un excellent ballon d'oxygène pour les grecs.

 

- Dominique Garabiol observe qu'avant le traité de Maastricht, l'Europe fonctionnait de manière confédérale (respect des intérêts de chaque pays membre). Maintenant, elle accepte qu'il y ait des perdants. Le problème, c'est comment les gérer ? Selon Mundel et les « zones monétaires optimales » (qui ne sont pas optimales pour tous), les perdants doivent être socialement gérés. Cela suppose la mobilité des travailleurs. Dans la réalité, en France, il a fallu 100 ans pour gérer les zones déstabilisées (exemple, les zones rurales). Au niveau de l'Europe, les conditions ne sont pas remplies actuellement.

L'Allemagne tient les cordons de la bourse, en étant le seul pays créditeur. Mais elle n'a pas conscience de partager un destin commun avec les autres membres de la zone euro. La force politique monétaire est considérable. Une même politique aura des effets expansionnistes pour les économies fortes et des effets récessionnistes pour les économies faibles. Les salaires augmentent là où ils sont les plus élevés, ils baissent là où ils sont les plus bas. C'est ainsi que l'Allemagne s'est enrichie quand la Grèce et l'Espagne se sont appauvries. La dévaluation interne a pour conséquence la baisse des revenus, pas des dettes. Les débiteurs s'appauvrissent alors que les créanciers s'enrichissent, ce qui est violent en terme d'impact social. La Grèce et l'Espagne ont des taux d'endettement plus élevés qu'en 2011.

En abaissant les taux d'intérêt jusqu'à 0 %, la Banque centrale européenne achète du temps mais laisse l'endettement s'accroître. On avance de crise en crise, sans trouver de solution, jusqu'à ce que la situation soit intenable. L'Allemagne voit arriver l'Espagne et Podemos derrière la Grèce et Syriza.

Il existe une alternative à une sortie de la zone euro. C'est la monnaie commune avec des monnaies internes au niveau national, seulement convertibles en euro, et un taux d'intérêt par pays. Il faut introduire de la flexibilité. Les monnaies internes pourraient être gérées au niveau européen. Le mécanisme existe, sans qu'il soit nécessaire d'établir le contrôle des changes (même si, dans le cas de la Grèce, elle aurait dû le faire pour limiter la fuite des capitaux).

L'euro n'est pas la monnaie européenne, c'est la monnaie de chaque pays. Si un pays sort de l'euro, ses créances sont converties en monnaie nationale, elle ne restent pas en euros.

Le cas de la Grèce est particulier, la dette grecque (les titres) ayant été remplacée par des prêts des institutions européennes. L'objectif de l'UE est de dissuader tout pays de sortir de l'euro. Elle veut pénaliser le pays qui sort. Mais le niveau de dette n'est pas tenable. C'est difficile d'admettre qu'il faut renoncer à une partie de la dette, ce qui a été fait pour l'Allemagne en 1953 (ce précédent a été mis en avant par la Grèce). L'Allemagne et la France ne peuvent rembourser leurs dettes. Pour la France, il est impossible de payer plus que les intérêts de la dette. Chaque remboursement de capital est suivi d'une nouvelle dette.

Il y a toujours une solution financière possible. S'il n'y a pas d'accord, il y a défaut. Après la Grèce, il y aura l'Espagne, l'Italie et la France (dont la dette va bientôt atteindre 100 % du PIB). L'adoption d'une monnaie commune serait une facilité pour la Grèce, qui n'aurait plus d'engagement européen. Il est compréhensible qu'elle ne veuille pas sortir de l'euro, mais on ne voit pas les solutions proposées par les grecs. La BCE tient le nœud gordien qu'elle a installé. A la demande de l'Allemagne, en cas de difficulté politique majeure pour elle, ou de sa propre initiative, elle peut dire stop.

 

- Jean-Pierre Chevènement observe que les Etats n'ont pas d'amis. Il y a deux moyens de venir à bout d'un pays : par les armes ou par la dette.

Le problème n'est pas la Grèce, c'est celui de l'euro et de son péché originel lié à l'hétérogénéité des pays de la zone euro.

L'euro, c'est le consensus des détenteurs d'actifs, même en Grèce. Mais c'est un problème pour les pays de sud de l'Europe, y compris la France.

L'Allemagne est le pays central, au coeur de l'Europe. C'est une trop grande puissance pour ne pas vouloir dominer l'Europe mais ce n'est pas une assez grande puissance pour y parvenir. Les allemands se considèrent meilleurs que les autres (ce qui les amène à se moquer des pays du club med puis des PIGS…). En fait, depuis très longtemps, leur industrie se situe sur des créneaux haut de gamme, ce qui lui donne des avantages compétitifs. Le SPD était le parti des créanciers, il est maintenant celui des contribuables.

La monnaie unique est entrée en contradiction avec la démocratie. On veut mettre le couvercle sur une Europe néolibérale. Cela ne peut pas durer. On approche de la zone des tempêtes car il va falloir trancher le nœud gordien. Dans son histoire, la France a fait 15 fois défaut. La dernière fois, c'était en 1797, avec l'affaire des assignats. La dette perpétuelle est une solution parce qu'il faut gagner du temps. L'Allemagne aurait une bonne idée en sortant de la zone euro mais elle ne le fera pas.

La solution, c'est d'introduire la monnaie commune, de la flexibilité pour desserrer le nœud coulant.

Cet article est le 198ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

Les intervenants autour du président Jean-Pierre Chevènement (de gauche à droite) : Jean-Michel Quatrepoint, Olivier Delorme, Thanos Contargyris, Dominique Garabiol

Les intervenants autour du président Jean-Pierre Chevènement (de gauche à droite) : Jean-Michel Quatrepoint, Olivier Delorme, Thanos Contargyris, Dominique Garabiol

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31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 21:03

La Fondation Res Publica organise un colloque sur ce thème le 13 avril 2015

 

 

La Fondation Res Publica * propose un colloque sur le thème de la Grèce et de l'euro lundi 13 avril à 18h, 28 rue Saint-Dominique, 75007 Paris.

 

L'euro est-il soutenable ? Le nouveau test de la Grèce.

 

Avec la participation de : 

 

Thanos Contargyris, Attac Grèce 


Dominique Garabiol, professeur associé à Paris 8, membre du Conseil scientifique de la Fondation 


Jean-Michel Quatrepoint, membre du Conseil scientifique de la Fondation, journaliste économique, auteur de "Le Choc des Empires" (le débat Gallimard ; mars 2014) 


- et Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica.

 

* Voir Présentation de la Fondation Res Publica

 

Rappel (mai 2014, Jean-Michel Naulot, membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica) :

 

(…) La position des dirigeants européens qui consiste à dire qu’il n’y a qu’une seule politique possible, qu’il faut à tout prix sauver l’euro, qu’il n’y a pas de place pour un débat sur la monnaie unique, devient de moins en moins acceptable. Il faut arrêter de faire de l’euro une religion, un sanctuaire dont on n’aurait pas le droit d’approcher. La monnaie unique est un système monétaire comme un autre. On doit pouvoir en discuter comme de n’importe quel problème économique.

 

L’euro est à la croisée des chemins. Un débat doit s’engager dans toute la zone euro pour savoir comment on réoriente l’Europe, comment on essaye de la réconcilier avec les citoyens. Tous les pays doivent se faire entendre. Le discours officiel n’est pas réservé à la Commission, à la BCE et à l’Allemagne. La relation franco-allemande doit notamment être beaucoup mieux équilibrée. De temps en temps, il faut savoir taper du poing sur la table. Si le Général de Gaulle n’avait pas pratiqué la politique de la chaise vide en juin 1965, pendant près d’un an, les agriculteurs français ne bénéficieraient pas aujourd’hui de la politique agricole commune. 

 

Pour se faire entendre, la France a des atouts. Elle doit arrêter de faire des complexes. Comment ne pas rappeler d’abord que la France contribue, avec le Royaume Uni, de manière substantielle à la sécurité de l’Europe. Elle consacre aux dépenses militaires un montant par habitant deux fois supérieur à celui de l’Allemagne. Elle peut être fière de cette contribution au moment où il apparaît que les conflits potentiels n’ont pas disparu du continent européen. La France a une démographie forte. Si les tendances actuelles se poursuivent, la population française aura rattrapé la population allemande d’ici une trentaine d’années. Les ménages français ont une épargne record au sein de la zone euro. Le taux de dette des ménages français est un des plus faibles. Ce sont des éléments de bonne santé économique. Celle-ci ne se mesure pas simplement avec le relevé des ratios de dette publique. 



Mais pour se faire entendre la France doit faire des réformes de structures, de vraies réformes, pas de nouveaux prélèvements sur les revenus. Sinon, elle sera inaudible. Son objectif en Europe doit être d’obtenir une relance de la croissance de la part de l’Allemagne. Si cela n’est pas possible, dans un délai rapproché, il faudra avoir le courage de prendre des décisions politiques beaucoup plus fortes, de réformer les traités. Il faudra assouplir le système monétaire actuel, lui donner de la flexibilité. C’est ce que l’on appelle la monnaie commune. 



Par rapport au système actuel, le changement majeur serait le retour à des monnaies nationales avec un ajustement des parités à intervalles réguliers en fonction des écarts de compétitivité, par exemple tous les ans ou tous les deux ans. Ce sont les gouvernements de la zone euro qui décideraient d’un commun accord de la politique de change. Il y aurait un élément de continuité avec la situation actuelle puisque ce sont les gouvernements qui sont aujourd’hui en charge de la politique de change de l’euro avec l’article 219 du traité de Lisbonne, en concertation avec la Commission et la BCE, un article qui n’a malheureusement jamais été appliqué. Autre élément de continuité, l’euro serait conservé pour les transactions externes à la zone euro, transactions commerciales et financières. 



Si ce système, qui avait été imaginé autrefois par des dirigeants politiques comme Edouard Balladur et John Major, ne pouvait être instauré en raison d’une insuffisante volonté politique des gouvernements de la zone euro, il serait possible d’envisager un changement plus important, sans drame, la fin concertée de l’euro. La fin de l’euro ne serait pas le chaos. La dette publique française est en effet entièrement libellée en euros, pas en dollars ou en yens. Son montant serait par conséquent inchangé pour les emprunteurs au premier rang desquels l’Etat français, contrairement à ce que l’on dit parfois.

 

Mais, naturellement il faudrait que cette période soit soigneusement préparée, avec autant d’attention que celle que l’on a mise pour créer la monnaie unique. Les banques notamment devraient gérer leurs risques en anticipant toutes les hypothèses. Si l’euro avait implosé en mai 2010, la crise aurait été véritablement systémique puisque les banques considéraient à cette époque qu’une créance sur la Grèce ou sur l’Italie, c’était comme une créance sur l’Allemagne. Aujourd’hui, elles gèrent beaucoup plus attentivement leurs risques, à l’image de ce que font les grandes entreprises industrielles. Certains économistes et dirigeants critiquent l’actuelle fragmentation des marchés, la renationalisation de la dette souveraine, mais cette renationalisation s’impose au nom de la prudence dans la gestion des risques. Piloter le passage d’un système de monnaie unique à un système de parités flexibles reviendrait en définitive à aligner le système monétaire de la zone euro sur le système international. 

 

La seule question que devraient se poser les dirigeants européens, c’est de savoir si la zone euro est bien une zone économique optimale. C’est en principe pour cela qu’ils ont décidé de faire l’euro... A cette question économique, ils doivent apporter une réponse économique. Autrement, nous risquons d’entrer dans un monde absurde. Nous y sommes peut-être déjà. Ce monde pourrait ressembler à celui des Shadoks. On dirait : « il faut pomper, il faut pomper ! Même si cela ne marche pas ! Au moins, on a le sentiment que l’Europe existe ! ». L’Europe mérite tout de même mieux que cela ! 

 

Regardons les réalités en face, acceptons de débattre de toutes les hypothèses, sans préjugé politique. L’engagement européen ne se mesure pas à l’aune d’un système monétaire qui n’est qu’un moment dans la vie des peuples. Le monde de 2014 n’est plus celui des pères fondateurs de l’euro.

 

Et prenons garde à ce fossé qui ne cesse de se creuser entre les dirigeants et les citoyens. En d’autres termes, au nom de l’Europe n’affaiblissons pas le projet européen et notre démocratie. 



Voir la note de lecture par Baptiste Petitjean, directeur de la Fondation Res Publica 

 

Cet article est le 197ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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21 mars 2015 6 21 /03 /mars /2015 23:39
Jean-Pierre Chevènement, le 23 septembre 2014, lors d'un colloque de la Fondation Res Publica

Jean-Pierre Chevènement, le 23 septembre 2014, lors d'un colloque de la Fondation Res Publica

La contribution Maupouet-Sorin s'inspire des idées de Jean-Pierre Chevènement

 

Gérard Beillard, Serge Maupouet et Michel Sorin ont préparé une contribution qui pourra être intégrée dans une motion d'orientation, dans le cadre du congrès du Mouvement Républicain et Citoyen, qui aura lieu les 13 et 14 juin 2015 à Paris-Bercy. Voici la partie de cette contribution qui reprend des extraits de quelques livres de Jean-Pierre Chevènement.

 

Une orientation politique puisée dans les livres de Jean-Pierre Chevènement :

 

- « La France est-elle finie?» (Fayard, 2011, dernière page): devenir un modèle républicain.

 

«  Il n'y a pas d'avenir pour la France en dehors d'une réappropriation de son destin par la jeunesse. Emportée aujourd'hui par des vents contraires, la France va se trouver bientôt placée devant une alternative historique :

- Soit elle accepte de sortir de l'Histoire pour se fondre dans un magma sans tête, à la remorque d'une Allemagne incertaine (…),

- Soit elle devient, après une longue éclipse, une nation libre et consciente d'elle-même, choix selon moi beaucoup plus raisonnable dans un monde qui reste fait de nations. Bref, elle continue son histoire, sans renoncer jamais à la maîtriser. Elle choisit d'être un modèle républicain pour les autres nations, et l'âme d'une Europe « résiliente ». Convainquons-nous d'une chose : il n'y aura pas « d'Europe européenne » sans la France. Prix de nos efforts, elle viendra par surcroît ! »

 

- « Le Temps des Citoyens » (Editions du Rocher, 1993, page 350) : Le sens de l'Histoire.

 

« Face au désordre du monde et à la désagrégation qui menace notre société, l'exigence de la citoyenneté est la meilleure réponse que chacun peut apporter à la barbarie.

 

Qu'est-ce que la citoyenneté ? C'est, bien sûr, l'exigence d'une participation active et responsable aux décisions qui vous touchent au plus près. C'est aussi le sens de l'universel (…).

Au coeur de la citoyenneté, je mets l'invention en commun de l'avenir : ce que j'ai appelé un nouveau modèle de développement, un pacte social renouvelé, une nouvelle ère républicaine, une Europe européenne. L'articulation des fins et des moyens. Et, pour cela, on doit se poser la question de la France, notre responsabilité commune. Pour lui ouvrir une autre voie, des choix difficiles seront nécessaires.

Nos gouvernements successifs, par faiblesse, se sont donné trop d'objectifs contradictoires, qu'ils appellent « contraintes ». Il n'est que temps de hiérarchiser nos priorités : l'emploi doit devenir l'objectif auquel tous les autres doivent être subordonnés. C'est cela que nos concitoyens attendent et peuvent comprendre. Et c'est ainsi que la France reprendra confiance en elle-même (…)

 

La France a besoin de se retrouver pour repartir de l'avant. Le nationalisme professe la supériorité d'une nation sur les autres. Le patriotisme veut que la nation tende à l'exemplarité. C'est une tout autre démarche. Si les citoyens le veulent, la France ne sera pas seulement, au passé, « notre patrie ». En relevant les défis de notre temps, elle restera notre avenir.

Et si c'était cela, le « sens de l'Histoire » : faire advenir, à partir de la France, le temps des citoyens »

 

- « Défis républicains » (Fayard, 2004, page 19) : Revenir à Jaurès.

 

« Au lendemain des grandes catastrophes qui avaient marqué le XXème siècle, on pouvait se demander si le moment n'était pas venu de reprendre la marche en avant, non pas en répétant le passé, mais en inventant une voie originale au coeur même du monde développé. N'était-il pas temps de refermer la parenthèse ouverte par Lénine contre Marx, avec la révolution d'Octobre, que Gramsci avait justement qualifiée de « révolution contre le Capital » ? Bref, de revenir à Jaurès ? Simplement, il fallait penser ce renversement de perspective qui ne pouvait être seulement un « retour aux sources ». Cette tâche grandiose ne convoquait-elle pas notre jeunesse ?

C'est en 1967 que, pour nous faire les dents, Alain Gomez, Didier Motchane et moi-même publiâmes un petit pamphlet, « L'Enarchie ou les Mandarins de la société bourgeoise », critique de l'élitisme benêt et exhortation à reprendre le vieux combat républicain pour l'égalité, contre la bien-pensance installée. Pierre Viansson-Ponté n'avait pas encore écrit dans Le Monde « La France s'ennuie » (avril 1968), mais il y avait déjà dans l'air comme une odeur de poudre ».

 

« Défis républicains » (page 166) : Le cri de Jaurès en 1912.

 

« Dans le chaos grandissant, de l'Irak à l'Afghanistan, le cri de Jaurès en 1912 - « Le capitalisme porte en son sein la guerre comme la nuée porte l'orage » - apparaît toujours aussi prémonitoire. L'actualité des idées de la Révolution française, celle de la souveraineté des peuples, resurgira donc inévitablement (…).

L'horizon historique est-il le triomphe durable du capitalisme financier globalisé, à l'enseigne d'un empire universel, toujours plus coercitif et perfectionné ou, au contraire, une crise profonde dont l'humanité ne sortira qu'après avoir entièrement redéfini les règles du jeu de l'économie mondiale, pour forger un nouveau modèle de développement répondant aux vrais besoins des peuples ? »

 

- « Défis républicains » (page 19) : La question sociale.

 

« Depuis le début des années soixante, on pouvait à nouveau se poser la « question sociale » dans les sociétés développées, et d'abord en Europe : non pas seulement la question d'un partage plus équitable, mais surtout celle du pouvoir, bref, de ce qu'on appelle la démocratie, et cela dans toute la société.

Dans la triade mondiale - Etats-Unis, Japon, Europe - celle-ci, désormais reconstruite et à nouveau prospère, pouvait aspirer à être autre chose que la succursale et la pâle réplique des Etats-Unis.

 

Telle était l'intuition fondatrice du CERES (Centre d'études, de recherches et d'éducation socialistes) que je créai avec quelques amis après avoir adhéré, à la fin de 1964, au vieux Parti socialiste. C'était à nouveau en Europe, et d'abord en France, qu'il pouvait peut-être se passer quelque chose. Nous ne rêvions de rien de moins que de changer le monde à travers ce qu'André Gorz appelait des « réformes révolutionnaires ». Cette prétention de la jeunesse nous guiderait dans l'âge adulte ».

 

- « Le Temps des Citoyens » (page 132) : D'abord l'emploi.

 

« Le Mouvement des Citoyens s'enracine dans l'idée qu'on peut changer le cours des choses, qu'il y a une pluralité de possibles, que la volonté humaine n'est pas désarmée, que les hommes ont collectivement la liberté d'influer sur leur destin, qu'ils ne sont pas le simple reflet d'évolutions qui les dépassent. Qu'est-ce qu'être citoyen aujourd'hui ? C'est d'abord refuser la fatalité du chômage (…).

Il n'y a pas aujourd'hui de réponse purement économique au problème de l'emploi. La réponse que nous devons trouver est une réponse éminemment politique, qui implique une prise de conscience de la société, un travail de la société sur elle-même et par conséquent l'intervention d'une citoyenneté active, l'intervention de la démocratie même ».

 

- « Le Temps des Citoyens » (page 192) : L'exigence de citoyenneté.

 

«  Le Mouvement des Citoyens ne prendra son envol que s'il apporte une réponse convaincante aux questions que les gens se posent et d'abord à celle de l'emploi. Pour cela, il faut repartir de l'exigence de citoyenneté. La question sociale et la question nationale ne peuvent plus se laisser dissocier. C'est en effet dans le creuset de la nation que se forme pour l'essentiel le lien social et que se forge la volonté politique. Il nous faut inventer une conception dynamique de la France comme refus de l'exclusion, projet de citoyenneté active, volonté d'intégration, rêve d'universel (…)

 

(page 195) : «  Il faut refaire des citoyens. Aucune refondation républicaine ne pourra faire l'économie d'un immense effort d'éducation laïque, d'éducation à la liberté. Le Mouvement des Citoyens est un levier dans le débat démocratique d'où nous voulons faire surgir un nouvel acteur politique (…) ».

 

Cet article est le 196ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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20 mars 2015 5 20 /03 /mars /2015 23:51
« L'après-janvier : plus que jamais la République laïque »

 

Le comité Laïcité et République organisait un colloque le 14 mars 2015 sur ce thème. L'occasion pour Jean-Pierre Chevènement* de développer ses idées sur la laïcité dans le cadre d'une République à reconstruire. Voir des extraits de cet article sur son blog :

Nous sommes confrontés à une immense crise de la démocratie

Les attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015 à Paris comportent une leçon essentielle : ils illustrent a contrario la pertinence de l’idéal laïc pour nous aider à relever le défi. 

I - La laïcité n’est pas tournée contre les religions. 

Définition de la laïcité : c’est la croyance en la raison naturelle et en la capacité des citoyens (formés par l’Ecole de la République) à s’entendre sur une idée du bien commun  (« Res Publica »), dans un espace public soustrait à l’empire des dogmes. 

La laïcité n’est pas tournée contre les religions ; il y a une déontologie de l’Ecole laïque qu’on trouve dans la lettre de Jules Ferry aux instituteurs. Ne pas confondre laïcité à l’Ecole et liberté d’expression dans l’espace public. La seule limite à cette liberté c’est le refus de l’appel à la haine. Mais un professeur de dessin, à l’Ecole publique, ne peut caricaturer Mahomet. 

 

Manifestation du 11 janvier 2015 :  Ce que signifie « Je suis Charlie » : je n’admets pas qu’on porte atteinte à la liberté d’expression » et non « Je suis sur la ligne éditoriale de Charlie ». Encore moins « Je suis contre l’Islam ».

 

Les premières victimes du terrorisme sont les musulmans. Il ne m’appartient pas de dire ce qu’est l’Islam. Il y a de multiples interprétations. L’Islam n’est pas plus incompatible avec la laïcité que ne l’était le catholicisme. Dans leur immense majorité, les musulmans de France y voient une religion de paix et de miséricorde. Le Coran comporte très souvent un appel à la rationalité. Il incite à aller « chercher le savoir jusqu’en Chine ». 

II - Le terrorisme djihadiste est un défi que la République peut relever avec sang froid, sérénité et sur la base de ses principes. 

Ce défi du terrorisme djihadiste se situe à l’intersection des tensions qui traversent notre société et des conflits qui frappent le monde arabo-musulman (...). 

Il faut assécher le terreau où cette idéologie terroriste mortifère plonge ses racines. 

a) la fracture sociale ; le gouffre du chômage ; l’idéal laïc ne peut que combattre l’intégrisme « ordo-libéral » qui enferme l’Europe dans une stagnation économique à perte de vue. 

b) Les conflits qui frappent le monde arabo-musulman 

  • Un peu de culture historique : les deux réponses du monde musulman au défi de l’Occident ont été : 
    - la réponse modernisatrice (libérale ou socialiste : Wafd, Néo-Destour, nassérisme, Baath, etc.) 
    - la réponse identitaire : Les Frères musulmans créés en 1928, quatre ans après l’abolition du califat.

  • la guerre des Six jours signe la défaite du nationalisme arabe (1967)

  • l’échec ultérieur du processus de paix entre Israël et la Palestine est une blessure jamais refermée.

  • le basculement du centre de gravité du monde arabe vers le Golfe résulte des chocs pétroliers (1973-79).

  • le wahhabisme, le salafisme deviennent « hégémoniques »

  • les ingérences occidentales : 
    - 1990 : la 1ère guerre du Golfe signe la fin de la politique arabe de la France.

  • - A l’attaque contre les Twin Towers, (11/09/2001), les Etats-Unis apportent une réponse inepte : en 2003 c’est l’invasion de l’Irak et la destruction subséquente de l’Etat irakien. 
    - Avec l’effondrement de l’Irak et la prise du pouvoir par les Chittes, l’Iran devient la puissance régionale dominante.

  • S’ensuit le conflit chiites, sunnites (2005 : assassinat d’Hariri. Daesch fait main basse sur la partie sunnite de l’Irak.

  • les révolutions arabes débouchent sur une vague islamiste en Tunisie, en Egypte par la voie des urnes. En Syrie aussi, à travers une féroce guerre civile. 

    Comment faire face ? Retrouver une utopie de progrès partagée ; le binôme France/Algérie peut être structurant pour l’avenir. Il faut saluer les efforts accomplis à partir du voyage de François Hollande à Alger en décembre 2012. 

    Le legs diplomatique des Anglo-Saxons dans la politique menée vis-à-vis de l’Orient musulman : 
    - la subordination à l’Arabie Séoudite (et à Israël) au Proche et Moyen-Orient. 
    - Plus à l’Est, la création du Pakistan, Etat bâti sur la religion. 

    N’y a-t-il pas une autre manière, républicaine, d’affronter le défi ?

     

  • III – L’enjeu : la crise de la démocratie. 

    Trois crises se télescopent : 

  • La crise du monde arabo-musulman

  • Celle du capitalisme financier mondialisé. Une économie casino dominée par les gestionnaires de fonds où les préoccupations du court terme ont relégué à l’arrière plan le souci du long terme. Parallèlement a triomphé l’hyperindividualisme libéral qui dissout la République.

  • La crise d’une Europe hors sol, pensée en dehors des nations et de la démocratie. Cette conception d’une Europe « substitut » aux nations culmine dans le choix d’une monnaie unique. La crise de la monnaie unique fait ressortir le caractère technocratique des institutions européennes actuelles. 

    Nous sommes confrontés à une immense crise de la démocratie. 

  • L’idéologie dite des « droits de l’homme » (de l’individu seul « sujet de droit ») aboutit à la dissolution du « commun », c’est-àç-dire de la politique et des conditions mêmes d’exercice de la démocratie.

  • La pseudo souveraineté de l’individu aboutit à la dissolution du Peuple (des citoyens « en corps »), de la forme politique de l’Etat-nation, soit au nom de la « gouvernance » (européenne ou mondiale), soit au nom du « droit », voire du « devoir d’ingérence », dans l’ordre international.

  • Nous assistons au naufrage de la démocratie comme idéal de maîtrise collective et réfléchie de l’Histoire au nom d’une croyance anhistorique dans l’efficience des marchés. 

    La crise de la démocratie est plus sensible encore dans une République laïque comme la nôtre. Le triomphe d’idéologies obscurantistes résulte de l’abandon ou de la méconnaissance de la laïcité comme condition de validité de la formation d’une volonté générale, d’un bien commun à tous les hommes. 
    C’est cette idée d’un bien commun qu’il faut relever. J’ai dit « un bien commun à tous les hommes » et non à une partie des hommes, par exemple à l’Occident. Il faut rejeter l’occidentalisme et penser un avenir de progrès pour tous, y compris le monde arabo-musulman qu’il faut réconcilier avec la modernité (Palestine, Iran). Mais cette modernité, avons-nous su la rendre aimable ? Poser la question c’est y répondre : la modernité du capital financier mondialisé suscite partout un immense rejet. C’est une autre modernité qu’il faut faire aimer. 

    IV – Il faut faire aimer la République 

    La République porte des valeurs universelles, même si elle s’appuie sur des nations. La nation est l’espace privilégié de la démocratie et la brique de base de l’internationalisme. 

    Faut-il rappeler l’article 3 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul ndividu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. » 

    Naturellement la Nation procède de la France. C’est au moment où celle-ci est devenue adulte qu’elle s’est proclamée souveraine. Ce renversement de principe aboutit, trois ans après, à la proclamation de la République. Il y a donc à la fois une césure et un continuum que les fondateurs de l’Ecole publique ont su mettre en scène. 

    Si j’explicite ainsi le lien qui unit la République à la France, c’est pour mieux mettre en valeur les conditions du rétablissement de la République. 
    1. On ne peut pas aimer la République quand on n ‘aime pas sa langue et son Histoire. Comme ancien ministre de l’Education Nationale, j’observe :

  • l’abandon de l’étude des grandes œuvres dans l’enseignement ;

  • la disparition de fait, dans les programmes, de l’Histoire de France. 

    Or, un pays qui ne s’aime plus ne peut agréger de nouveaux citoyens

  • il faut faire aimer la France à travers sa littérature et le patrimoine des grandes œuvres

  • à travers son Histoire : le peuple qui a fait la Révolution française doit renouer avec un récit national non pénitentiel s’agissant de notre histoire au XIXe et XXe siècles. Il faut mettre en valeur non pas ceux qui ont failli mais ceux qui n’ont pas failli. 

    2. Il faut aussi expliquer la République et la laïcité, redonner sens au combat républicain – inséparable du combat pour la justice -, en France et dans le monde. Ce qui unit doit être plus fort que ce qui divise. Relever l’Ecole de la République n’est pas possible si on ne relève pas la République elle-même. Hannah Arendt disait : « On n’enseigne que cela à quoi on croît ». Ce n’est pas seulement l’affaire du ministère de l’Education nationale. L’enjeu, c’est la parole publique en tous domaines.

 

Que croyons-nous ?  Non pas contre – certes il le faut – Contre le Front National bien sûr, mais en positif : comment voyons-nous l’avenir de notre société ? Et l’avenir du monde ? De quel projet sommes-nous porteurs ? La laïcité est un combat. C’est celui de la Raison qu’il faut remettre à l’œuvre dans l’Histoire, après trois décennies d’obscurantisme consenti, une histoire qui sera inséparablement la nôtre et celle des autres peuples. 

Enoncer ce défi est une manière d’en prendre la mesure. Comme dit l’adage « Il n’y a pas de cap pour qui ne connaît pas le port ». Ce cap c’est celui de la République et de la laïcité retrouvées !

 

* Voir (7 février 2015) : Chevènement, père des frondeurs socialistes, est co-fondateur du PS

 

Cet article est le 195ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

Jean-Pierre Chevènement, le 6 avril 2014, lors d'une séance du Conseil national du MRC

Jean-Pierre Chevènement, le 6 avril 2014, lors d'une séance du Conseil national du MRC

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 23:27

 

Son parcours politique a été présenté, avec son témoignage, par Public Sénat


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En 44 minutes, vous saurez l’essentiel de la vie politique de Jean-Pierre Chevènement.

Pour cela, il faut cliquer sur En savoir plus et voir la vidéo de l’émission « Déshabillons-les » sur Public Sénat, intitulée Chevènement, le père « frondateur », diffusée le 4 février 2015.

Ou bien aller sur le site de Chevènement en cliquant sur "La sécurité n'est pas un thème de droite, car l'insécurité frappe souvent les plus démunis"

 

 

Photo : Jean-Pierre Chevènement, le 23 septembre 2014, présidant un colloque de la Fondation Res Publica

 

 

Voici un résumé de ce qu’il a dit dans cet entretien avec Hélène Risser.

 

J'essaye de continuer à participer au débat d'idées - parce que c'est toute ma vie. Le « piapia », les petites phrases, ne me manquent pas du tout. Je détestais cette conception de la politique.

J'ai prononcé la formule « un ministre ça ferme sa gueule ; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne », dans une conférence de presse qui été programmée pour autre chose. Il y avait un moment de tension, c'était peu de temps avant mars 1983, sur le sujet de la politique industrielle. On a pas assez situé cette phrase dans son contexte, qui était celui des choix de politique économique, et par conséquent industrielle. Ce choix a été fait le 22 mars 1983, et j'ai démissionné aussitôt. C'était donc un mois avant que je ne démissionne moi-même ! 

De François Mitterrand à François Hollande

 

Mitterrand était un grand anticonformiste, et il avait de la sympathie, et même une certaine affection, pour les jeunes gens que nous étions à l'époque. Nous avions écrit à trois « l'Enarchie », et il voyait là des personnes capables de secouer les colonnes du temple.

 

Mitterrand était incontournable. Il avait été le candidat de l'Union de la gauche dès 1965. Apprenant à le connaître, on appréciait toute la palette de ses talents.

 

Le choix de la démission en 1983 était lié au fait qu'on ne pouvait pas avoir une politique industrielle qui permette de maintenir nos entreprises sur le site de production France si on a une monnaie trop chère. Or le choix qui a été fait à cette époque là, c'est de rester dans le Système Monétaire Européen. Cela aboutit à une monnaie surévaluée et à la désindustrialisation de la France sur 3 décennies.

François Mitterrand était conscient de ce risque. Mais dans le gouvernement, les opinions étaient flottantes. Elles se sont renversées à un certain moment. Certains qui étaient pour une sortie provisoire du SME ont fait machine arrière. Et par conséquent Mitterrand, qui ne se sentait pas sûr sur le terrain de l'économie, alors qu'il était décidé à sortir, finalement a décidé de rester, obéissant aux sollicitations de Pierre Mauroy et de Jacques Delors.

J'étais placé dans une situation où la morale la plus élémentaire consistait à dire, à la fois par fidélité à mes choix anciens depuis Epinay, et comme ministre de l'Industrie je jugeais que c'était l'intérêt du pays et du monde du travail : « je claque la porte ».

 

Chacun se fait de la politique l'idée qui lui appartient. Pour moi la politique va avec la fidélité au long cours avec mes idées. Je suis redevenu ministre en 1984, à l'Education nationale, après le désastre qu'avait été la querelle scolaire, et rebâtir l'école publique, ce qui me paraissait, comme fils d'instituteurs, une tâche indispensable.

 

On ne peut pas faire un parallèle strict entre 1983 et 2012. Bien sûr il y a le fameux discours du Bourget, mais ce n'est pas le Programme commun, auquel j'avais contribué. Le discours du Bourget a entraîné de ma part le retrait de ma candidature, car j'étais candidat à titre pédagogique, pour montrer ce qu'il fallait faire, en particulier sur l'euro. J'ai déclaré que j'apportais mon soutien à François Hollande « les yeux ouverts » - ça veut dire « pas les yeux fermés ». Cela veut dire que je suis lucide, et le cas échant critique sur certains points. Mais en même temps, je le soutiens parce que je pense que finalement, c'est la meilleure chose qu'on puisse faire dans la situation actuelle.

 

Le discours de François Hollande est très nuancé. Il espérait lutter plus efficacement contre le chômage. Il lui reste deux ans, et il est possible que dans ces deux années les choses se retournent assez pour qu'il apparaisse comme quelqu'un qui a eu beaucoup de sang froid, beaucoup de longanimité. Disons qu'on pourrait l'appeler le temporisateur, comme un homme de l'Antiquité : Fabius Cunctator. 

 

La gauche plurielle et la sensibilité républicaine

 

J'avais des désaccords avec Lionel Jospin. Prenons l'exemple de la Convention présidée par Valéry-Giscard d'Estaing, qui devait élaborer une constitution européenne : moi j'étais contre. Et ça s'est vu en 2005 : Lionel Jospin était pour la Constitution européenne, moi j'étais contre. Sur la politique économique telle qu'elle avait été définie par Dominique Strauss Khan lors d'un séminaire à Rambouillet, en septembre 1999, j'étais sorti en me demandant vraiment ce que je faisais dans ce gouvernement.

 

L'essentiel était pour moi dans le cadre de mes attributions. J'étais ministre de l'Intérieur. Je refusais la délégation à la Corse de la capacité à faire la loi. Cela c'était un point central : si nous acceptions que la Corse puisse faire des lois qui dérogent à la loi française, nous revenions quasiment à l'Ancien régime, quand Voltaire disait « On change plus souvent de loi que de cheval quand on traverse la France ».

Jospin n'a pas voulu accepter l'avis quasi-unanime de ses ministres, il a imposé sa décision, et dans ces conditions j'ai préféré partir, parce que je voyais bien que c'était toute une conception de l'Etat, de l'organisation territoriale, qui était en cause. Aujourd'hui, il est question de donner une capacité réglementaire aux 13 nouvelles régions, alors vous voyez, il y a un fil conducteur.

Jospin était gêné par ma démission, et moi aussi parce que je l'aimais bien. Il m'a proposé d'aller aux Affaires sociales, mais j'ai refusé, parce que quand on est au gouvernement, c'est qu'on approuve sa politique générale.

 

A ce moment là, je n'avais pas pris la décision d'être candidat à l'élection présidentielle de 2002. J'y avais pensé simplement, mais cela dépendait des conditions, du moment. Je me donnais deux ans pour y réfléchir.

De toute façon, si j'étais candidat, je ne me faisais pas d'illusion, c'était pour rééquilibrer la gauche plurielle, concept qui n'est pas du tout le mien, mais je voulais qu'il y ait une composante républicaine qui pèse son poids par rapport aux écologistes, aux communistes...

J'ai pris ma décision pendant l'été 2001. Ce qui m'a décidé, c'était l'affaiblissement conceptuel, l'absence de projet de Lionel Jospin et les contradictions qui apparaissaient dans sa majorité. Il fallait quelque chose de plus clair, plus net, redonner à la gauche une boussole. Je souhaitais infléchir le cours de la gauche, ce que j'ai toujours essayé de faire.

Lionel Jospin m'a reproché 2002. Je pense qu'il est facile de trouver un bouc-émissaire. Je pense que s'il avait fait une meilleure campagne, et peut-être une meilleure politique, il aurait obtenu un peu plus de 16,1% des voix. C'était quand même très bas !

C'est m'imputer beaucoup que de croire que c'est moi qui l'ai conduit à ce résultat. D'une part il ne me donnait pas grande chance, il ne pensait pas que je dépasserai les 5%, il n'a pas cherché à décourager Taubira, il a encouragé Besancenot en lui donnant des parrainages socialistes... Jospin n'a absolument pas vu venir un score aussi faible. Il se croyait sans doute à 22 ou 23%.

Il n'y a pas lieu de faire porter sur moi une sorte de fatwa. Mais Jospin je crois n'a pas changé d'avis. Vous savez, c'est commode. Mais enfin, je l'accepte. Il est au Conseil Constitutionnel, je m'en réjouis pour lui.

Il y a la fidélité aux hommes, et la fidélité aux principes. On peut essayer de concilier les deux, mais ce n'est pas facile. Et de toute façon, la fidélité aux principes passe à mon avis avant la fidélité aux hommes. D'ailleurs sur quoi est fondée la fidélité ? Sur un accord politique. Or, force est de constater que Lionel Jospin s'est écarté peu à peu au projet qu'il avait formulé lors de son discours d'investiture, qui ressemblait beaucoup à un texte qui aurait été issu du Mouvement des Citoyens.

 

C'est vrai que le MRC n'a pas vraiment prospéré. Mais la sensibilité républicaine n'est pas retombée. Regardez aujourd'hui Manuel Valls, qui reprend le thème de la République. Il n'y a qu'un domaine dans lequel les paris restent ouvert, c'est le contenu qu'on donne à la politique européenne, la capacité qu'on a à faire reculer le chômage, de réindustrialiser le pays. 


Héritage politique

 

Je ne partage pas tellement l'idée que j'aurais développé certains thèmes de droite en même temps que certains thèmes de gauche. Pour moi, ce qui compte, c'est l'intérêt du pays. D'ailleurs, la sécurité n'est pas un thème de droite, car l'insécurité frappe souvent les plus démunis, les plus pauvres.

 

Je ne connais qu'un seul militant du CERES qui a rejoint le FN, et par ailleurs il est inoffensif. Je ne pense pas qu'elle en tirera grand-chose. Pour le reste, Florian Philippot, qui se réclame de moi, peut-être a t-il participé à un comité de soutien, mais je ne le connais pas, je ne l'ai jamais vu.

 

Marine le Pen substitue un nouveau discours à celui de son père, un reaganien, ultralibéral ! Il faut que les Français aient un peu la mémoire. C'est une mutation qui paraît un peu trop surprenante, rapide, pour être honnête. Je pense qu'ils n'ont pas la capacité de gérer des idées aussi subtiles, parce que pour faire bouger l'Allemagne en profondeur, car je n'envisage pas une rupture avec l'Allemagne, en prenant appui sur ses propres contradictions, pour arriver à une formule européenne qui soit tournée vers l'avenir, la croissance, l'emploi, il faut autre chose que Marine le Pen et l'équipe qui l'entoure.

 

Manuel Valls a été un très bon ministre de l'Intérieur, et sa thématique me paraissait tout à fait juste. Et maintenant comme Premier ministre, il essaye de vertébrer son discours autour de l'idée de la République.

 

Arnaud Montebourg, lorsqu'il prend le décret qui prévoyait la capacité pour l'Etat de s'opposer à certaines sessions à un groupe étranger, je l'ai tout à fait approuvé. Je pense que ne pas critiquer le gouvernement auquel on appartient et une règle de bon fonctionnement de l'Etat. Cela dit, pour ce qui concerne Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, cela était surtout fonction de la mise en scène. La phrase : « on va lui envoyer une bonne bouteille de la cuvée du redressement au Président », si c'est dit sur un certain ton, avec un petit clin d'oeil, cela n'a rien de tellement offensant. Mais la mise en scène fait que cela peut paraître impertinent, de nature à ébranler l'autorité que le Président doit garder dans l'intérêt de la République, de la France. Je pense qu'il faut avoir au moins ce légitimisme là. Alors je ne dis pas qu'Arnaud Montebourg ne l'a pas eu, parce qu'il faut le connaître : c'est un personnage flamboyant, il aime les mots d'esprits, il est très drôle. Il résiste difficilement à l'envie de faire un jeu de mots. C'est son tempérament. On ne peut pas lui en vouloir.

 

J'ai démissionné trois fois. Mais je dis souvent que j'aurais pu démissionner beaucoup plus souvent ! J'avais beaucoup de sujets de désaccords. Et quand on est ministre, on avale forcément des couleuvres. Quand j'ai appris par exemple la libéralisation des mouvements de capitaux, sans harmonisation fiscale préalable, c'était en Conseil des ministres en 1989, j'ai protesté, cela me paraissait une décision majeure, qui allait ouvrir la voix au développement du capitalisme financier.

Je regrette qu'Arnaud Montebourg ne soit plus dans le gouvernement. Mais cela aurait supposé sans doute qu'il fasse un peu plus attention, qu'il arrive à réfréner cette joie naturelle qu'il éprouve à brocarder ses amis.

Je pense qu'un homme politique, ce n'est pas seulement un ministre qui signe des décrets, qui agit, qui fait des déclarations, c'est aussi une référence intellectuelle et morale.

Cet article est le 194ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 12:23

 

La gauche est-elle prête à s’engager dans la refondation républicaine ?

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« La France, nation suprêmement politique, peut encore, si nous le voulons, montrer le chemin à une Europe et à un monde qui ont besoin d'être éclairés par les valeurs que la République représente ». C’est par cette phrase que Jean-Pierre Chevènement conclut la Tribune publiée par l’hebdomadaire Marianne dans la rubrique de l’AGORA. Voir l’Article paru dans Marianne daté du 23 janvier.

Photo : Jean-Pierre Chevènement, le 6 avril 2014    

Voici des extraits de ce texte paru sur le site de Marianne le 2 février 2015, sous le titre :
La gauche doit faire sa conversion républicaine

 

Pour Jean-Pierre Chevènement, "le moment est venu" pour la gauche de "faire cette “conversion républicaine” à laquelle elle a trop souvent tourné le dos". Et pour lui de rappeler que "ce n'est pas la République qui est la cause des ratés de l'intégration des jeunes issus de l'immigration dans la communauté des citoyens. C'est le défaut ou l'insuffisance de République". Tout comme il rappelle aussi que "le droit à la différence débouche toujours sur la différence des droits".

Le peuple français s'est mis debout, le 11 janvier 2015, pour dire son attachement à la République. D'abord à un mode de vie fondé sur la liberté et particulièrement celle de s'exprimer, bref à une civilisation. Il a refusé le chantage à la peur que prétend exercer sur lui un terrorisme d'un autre âge. Mais ce sursaut républicain devra s'inscrire dans la longue durée. En effet, nous n'éradiquerons pas facilement ce terrorisme-là, qui se développe à l'intersection des plaies de notre société et des conflits qui frappent le monde musulman (1,2 milliard d'hommes et de femmes). Il faudra des années, voire des décennies, pour y parvenir. La raison en est simple : pour venir à bout du terrorisme, il faut le couper de sa base potentielle. Aucune action policière, si efficace qu'ait été celle qui a été conduite et si nécessaire soit-elle dans les temps à venir, ne peut se substituer à cet axe stratégique fondamental (…).

Prévisible depuis longtemps, le conflit qui frappe la France à son tour s'alimente à deux sources : la perte de repères d'une jeunesse précarisée et le sentiment d'injustice et de persécution que le monde musulman éprouve à tort ou à raison à l'endroit du monde occidental (…).

Ce terrorisme djihadiste frappe d'abord les musulmans. Dois-je rappeler que plus de 100 journalistes algériens ont payé de leur vie, dans les années 90, la conquête de leur liberté d'expression face à l'obscurantisme ? Refusons les amalgames trop rapides qui confondraient l'ensemble des musulmans avec une poignée de fanatiques. Ce serait faire le jeu du terrorisme. Les agressions contre les lieux de culte musulmans ne sont pas seulement odieuses et criminelles. Elles sont imbéciles. Combattre le terrorisme, c'est aussi combattre l'esprit de croisade. C'est aux musulmans d'abord qu'il revient pourtant de séparer le bon grain de l'ivraie. Les pays occidentaux peuvent les y aider, et d'abord en ne multipliant pas les ingérences expéditionnaires et déstabilisatrices.

La France, parce qu'elle a une politique claire, est fondée à demander à ses citoyens, qu'ils soient musulmans, juifs ou chrétiens, de ne pas importer sur son sol le conflit israélo-palestinien, a fortiori sous la forme d'horribles attentats antisémites qui frappent des Français en raison de leur religion. La France, parce qu'elle a une politique claire, est devant un défi de longue durée. Il lui faut aussi balayer devant sa porte. Ce n'est pas la République qui est la cause des ratés de l'intégration des jeunes issus de l'immigration dans la communauté des citoyens. C'est le défaut ou l'insuffisance de République.

De bons apôtres présentent le multiculturalisme comme remède alors qu'il n'est bien souvent que l'alibi des communautarismes. Il faut, au contraire, défendre la République comme un régime où, en dehors de ce qui est prohibé par la loi, la liberté est la règle. Une certaine bien-pensance s'en prend à la laïcité présentée comme « agressive ». La laïcité se borne à séparer le domaine du religieux propre à chacun de l'espace commun où tous les citoyens sont conviés, à travers l'exercice de leur raison naturelle, à participer à la définition de l'intérêt général. La laïcité n'est nullement dirigée contre les religions. La lettre de Jules Ferry aux instituteurs (1883) rappelle que le maître, dans ses cours d'éducation morale, ne peut rien avancer devant ses élèves qui blesserait la conscience d'un de leurs parents. Un professeur de dessin dans l'école de la République ne saurait caricaturer Mahomet. La République, pour être refondée, doit l'être sur la base de concepts clairs.

La République a besoin d'un nouveau programme du Conseil national de la Résistance (CNR) pour résorber les fractures de notre société. Il y a, bien évidemment, celle que crée le chômage, et d'abord celui des jeunes. Chacun le ressent : l'Europe doit rompre avec une politique de stagnation économique qui détruit des emplois au lieu d'en créer. Outre l'emploi, il y a aussi l'éducation et la culture. Il faut mettre l'accent sur ce qui unit et non sur ce qui divise, sur ce qui rassemble et non sur ce qui sépare. Arrêtons avec le « droit à la différence » qui débouche toujours sur la différence des droits.

Pour la gauche, qui a deux ans devant elle, le moment est venu de faire cette « conversion républicaine » à laquelle elle a trop souvent tourné le dos (affaire du voile en 1989). LE MONDE DANS LEQUEL NOUS ENTRONS NE NOUS FERA PAS DE CADEAUXOn a entendu encore récemment que l'addition des minorités permettrait de remplacer la majorité populaire dans laquelle la gauche trouvait traditionnellement sa base et sa raison d'être. L'heure de la refondation républicaine ne sonnera pas deux fois. Un pays qui ne s'aime plus ne saurait intégrer de nouveaux citoyens. Le récit national français a été détruit par tous ceux qui, dans leur tête, avaient déjà abandonné la France à Le Pen il y a trente ans : il faut reconstruire ce récit national, rompre avec les discours masochistes, aider la France à retrouver l'estime de soi, sans laquelle elle ne pourra surmonter sa crise d'identité actuelle. Là est le rôle, magnifique, de l'école de la République. Pourtransmettre les connaissances et les valeurs républicaines, pour expliquer la laïcité, pour faire aimer la France, notamment à travers sa littérature et son histoire, les programmes de l'école devront être revus et publiés sous une forme accessible à tous. Il faut à nouveau étudier les grandes œuvres. La formation des maîtres est la clé. « On ne transmet, disait Hannah Arendt, que cela à quoi on croit. » L'accès à la citoyenneté permettra seul d'« assécher le terreau » où peut germer le terrorisme djihadiste. Cela prendra du temps mais cela donnera du sens à la politique.

Je n'ai rien dit au chapitre de la sécurité parce que le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur, assurant une efficace coordination des forces de police et de gendarmerie, se sont montrés tout à fait à la hauteur des événements et que je leur fais confiance pour perfectionner notre dispositif centralisé de lutte contre le terrorisme, tout en préservant l'Etat de droit.

Pour autant, la refondation républicaine est une tâche autrement plus vaste. Elle sera de longue haleine. C'est une immense révolution intellectuelle et morale qu'il faut conduire. L'unité nationale qui s'est manifestée le 11 janvier sera fondatrice si le gouvernement parle clair et juste en tous domaines et s'il appelle la France à l'exigence et à l'effort. Le monde dans lequel nous sommes entrés est difficile. Il ne nous fait et ne nous fera pas de cadeaux. La gauche est-elle capable d'effectuer, au bord du gouffre, cette « conversion républicaine » à laquelle j'ai souvent appelé ?

Le peuple français n'attend que cela. Il a déjà rendu à la France ce qui lui faisait le plus défaut : la fierté. La France, nation suprêmement politique, peut encore, si nous le voulons, montrer le chemin à une Europe et à un monde qui ont besoin d'être éclairés par les valeurs que la République représente.

 

Cet article est le 193ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 23:46

Chevènement a souligné l’importance des relations entre la France et la Russie


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C’était un colloque de très haut niveau qui était organisé le 23 septembre 2014 par la Fondation Res Publica, présidée par Jean-Pierre Chevènement (voir la Présentation de la Fondation Res Publica) sur le thème

La Russie en Europe.

Accueil de Jean-Pierre Chevènement et Introduction de Alain Dejammet. Interventions de M. Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica, et M. Alain Dejammet, Président du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica.
La Russie et la grande Europe, quarante ans de recherche. Intervention de Marc Perrin de Brichambaut, Conseiller d’État, Secrétaire général de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) de 2005 à 2011.
Les conséquences de la crise ukrainienne sur la position de la Russie en Europe. Intervention de M. Jacques Sapir, Directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS).
La crise ukrainienne. Intervention de Mme Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie française.

 (…) On a parlé de la russophobie des pays de la « nouvelle Europe » (comme la nommait M. Rumsfeld il y a déjà onze ans), mais elle est très présente aussi dans les pays de l’ancienne Europe. Et, même dans notre beau pays, la liste des organes de presse qui ne peuvent pas être suspects de russophobie serait assez courte. L’information que nous avons ne nous permet pas de comprendre l’ampleur et les conséquences immenses que peut avoir la crise que nous vivons. 

Je ne crois pas que la Russie veuille envahir ni annexer l’Ukraine et je ne vois pas l’intérêt qu’elle aurait à la déstabiliser durablement. Si, comme je le crois, le projet de Poutine est un projet national de modernisation, est-il compatible avec une quasi-rupture des liens avec l’Europe ?  

(…) J’ai écouté ce qu’a dit Jacques Sapir avec l’intérêt que je porte à tout ce qu’il dit et tout ce qu’il écrit car j’ai beaucoup de respect pour son travail, son intelligence, sa compréhension des phénomènes. Je lui dirai qu’il faut se méfier d’un langage qu’on entend souvent chez les Russes qui feignent l’indifférence à l’égard de ces sanctions qui ne les affecteraient pas (« Même pas mal ! »). C’est une posture de défense et, en réalité, ils ne le pensent pas. Si nous devions annuler le contrat sur le navire Mistral, le langage changerait et nous apparaîtrions comme ayant abandonné la politique d’indépendance, et même de souveraineté, qui était traditionnellement la nôtre. Ce contrat, qui ne porte pas sur des armes mais sur une coque non armée, est devenu un symbole. Et l’on sait qu’il est très bien vu dans certains milieux, y compris en France, de faire de l’anti-France. 

Ce que dit Jacques Sapir est juste, Vladimir Poutine a certainement observé la stagnation de l’économie européenne et cela se répercute dans les ventes de gaz russe aussi bien que dans le commerce, dans les deux sens. L’Europe est à l’évidence aujourd’hui une zone de non-croissance par rapport à l’Asie, les États-Unis, les émergents etc. Et tout sera programmé pour réorienter dans une certaine mesure l’économie russe. Mais, comme l’a dit Mme Carrère d’Encausse, les Russes se sentent fondamentalement européens. J’ai quitté Moscou vendredi soir. Les avions vers l’Europe étaient assaillis par des milliers de jeunes Moscovites qui allaient passer leur week-end à Paris, à Londres ou partaient vers le soleil de la Turquie. 

Il existe une classe moyenne dont le sentiment avait complètement changé vis-à-vis de Poutine dont elle était plutôt contestataire. Elle a cessé de l’être à la suite de l’affaire de l’Ukraine. Mais cela peut encore changer. Le développement de ces couches nombreuses, lié à la modernisation de la Russie, était quand même la meilleure promesse de la démocratie. Ces classes nouvelles portent l’évolution vers un style de vie adapté à la vie moderne (je raisonne comme Samuel Pisar autrefois). Sur ce point les Russes ont fait d’immenses progrès, il faut ne pas avoir d’yeux pour ne pas le remarquer. 

Je ne dis pas que tout est parfait et je pourrais critiquer un certain nombre d’orientations mais gardons un jugement équilibré, ne cédons pas à cette idéologie mortifère qu’est une russophobie qui aurait peut-être pu se justifier au temps de Custine [3] mais pas aujourd’hui. Des raisons géopolitiques ont pu intervenir concernant l’Angleterre ou l’Allemagne mais pas la France. Les plaques tectoniques que représentent le monde russe et le monde francophone ne se sont jamais vraiment heurtées. L’expédition de Napoléon en Russie – une erreur – était en réalité dirigée contre l’Angleterre, ce que je rappelle régulièrement aux Russes que je rencontre. Et nous concluons toujours en rappelant que Borodino [4] est célébrée comme une victoire tant par les Français que par les Russes. 

Ce qui se passe est extrêmement grave par les effets économiques, psychologiques, politiques que cela aura dans la longue durée. Le danger est grand si nous voulons faire l’Europe contre la Russie. Pour moi l’Europe est « européenne » (je reprends l’expression du Général de Gaulle) mais elle ne peut pas être une Europe contre la Russie, contre le peuple russe. Nous n’avons pas accepté qu’adhèrent à l’Union Européenne les pays de la « nouvelle Europe » pour qu’ils nous dressent contre la Russie et mettent notre politique étrangère à la remorque d’impulsions que nous pouvons certes comprendre, en raison de leur histoire propre, mais que nous ne pouvons pas faire nôtres. 

Quand on examine les sanctions, quand on observe la peur des banques (l’amende sur la BNP Paribas, qui fait jurisprudence, n’a pas été critiquée politiquement puisque la banque a plaidé coupable), on constate que les États-Unis sont en train de s’octroyer un pouvoir normatif, s’ils ne l’ont pas déjà. Je songe aux normes Itar (International traffic in armes regulations) sur les composants américains. Quel produit exportons-nous qui ne comporte pas un composant américain ? Avec le traité transatlantique, nous allons assister à un transfert du règlement des litiges entre les entreprises et les États vers les juridictions américaines ou soumises à l’influence des États-Unis. Il y a donc un monde de normes qui correspond à la vision « The West against the Rest », l’Occident contre le reste, c’est-à-dire contre les émergents. C’est un non-sens complet du point de vue des intérêts de la France. 

L’intérêt de la France est d’être un pont entre l’Occident, dont nous sommes une partie originale, et le reste du monde, les autres nations. Nous sommes naturellement des « universalistes », nous ne sommes pas des « occidentalistes ». Ou alors nous avons fait la Révolution française pour rien ! 

Le moment est grave et la prise de conscience est vraiment très difficile étant donné ce qu’est l’information dans le pays. Un concours d’émulation est engagé avec la Russie de Poutine pour savoir qui est le mieux informé – ou le mieux désinformé – mais il est certain qu’aujourd’hui nous n’avons pas les éléments qui nous permettent de juger de manière approfondie. Plus que le problème de l’Ukraine, plus que le problème des relations entre la Russie et l’Europe, cela pose le problème de la Russie et de la France et du sens du projet d’Europe européenne auquel la France, que je sache, n’a pas renoncé. 

Cet article est le 192ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 21:44

Il sera l’homme d’une politique de redressement national

 

C’est bien parce que nous sommes dans un système politique verrouillé par les promoteurs des traités européens (dont le traité de Maastricht, le plus important, car il a ouvert la voie à la loi du tout marché et à la monnaie unique - le même euro pour tous, sans distinction de compétitivité - faisant ainsi place nette en France au néolibéralisme et au monétarisme) qu’un homme d’Etat comme Jean-Pierre Chevènement a été laissé en marge du système.  

Voir JP Chevènement est porté par un vent léger que son livre a fait lever -  11 décembre 2013

Sur les blogs, Jean-Pierre Chevènement rencontre un intérêt croissant - 3 décembre 2013 

 

Le président de la République devra, dans les six mois, prendre ses responsabilités concernant les orientations politiques de la seconde partie de son quinquennat. Il ne pourra compter sur les écologistes, qui vont prendre du champ du fait de la réalisation de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ce sera le moment de recomposer son gouvernement et sa majorité parlementaire. Il ferait bien, pour le moins, de s’inspirer des idées de Chevènement, s’il ne le met pas à Matignon.

Face au défi des grands pays émergents, l’euro est la monnaie la plus surévaluée du monde. On se bat, les mains attachées dans le dos. La croissance nécessite un ajustement monétaire, plutôt que la déflation salariale. Mieux vaut utiliser le bistouri, l’accord de l’Allemagne étant nécessaire. Laisser varier autant l’euro est absurde (1,16 dollar au lancement puis 1,60 au plus haut et 0,80 au plus bas ; 1,35 aujourd’hui) (…). Ce qui manque, ce sont des concepts solides, comme la nation, l’intérêt général  (qui ressort du débat républicain), la monnaie (qui est celle d’un Etat). Ce sont des notions de base, enfantines. Le principal reproche à faire à l’Europe actuelle, c’est que les traités européens résultent de la programmation des marchés. Ils ont pour dogme de base le néolibéralisme. Il faut mettre Airbus à l’initiative des traités. C’est à voir dans Colloque Res Publica sur l'Europe : JM Quatrepoint et JP Chevènement - 19 déc. 2013 

 

Revue de presse

Russie, Ukraine : "Il faut se méfier des idées toutes faites" - Jean-Pierre Chevènement était l'invité de "Parcours européen" sur Fréquence protestante, samedi 21 décembre. Il répondait aux questions de Thomas Ferenczi. Extraits.

 

Critique des résultats de 70 années de construction européenne

·         On a parlé à propos des deux guerres mondiales d'une guerre de trente ans (1914-1945). Cela fait donc 70 ans que ces guerres mondiales, qui ont largement détruit l'Europe, se sont terminées. 70 années de construction européenne, mais sur la base de principes qu'il faudrait peut-être mettre en doute.

·         On a prétendu construire l'Europe sur le marché. Et c'est devenu la concurrence pure et parfaite, administrée par la Commission européenne. On a prétendu construire l'Europe à l'ombre de la tutelle américaine, c'est l'OTAN. Enfin, on a construit l'Europe à partir d'une certaine marginalisation des nations, c'est la méthode Monnet.

·         Les Parlements nationaux ont le sentiment qu'il ne leur revient plus que d'appliquer les directives de la Commission. Cette Europe est en définitive extrêmement technocratique, et peu démocratique.

·         Les promesses initiales de l'Europe, répétées par exemple à l'occasion du référendum sur le traité de Maastricht, ne se sont pas réalisées. La prospérité ? Nous avons un taux de chômage supérieur à 12%. L'Europe puissance ? En réalité, l'euro qui devait quasiment détrôner le dollar perd du terrain dans les réserves des banques centrales à l'échelle mondiale. Et on voit bien que la puissance de l'Europe est factice, qu'elle n'a pas vraiment son mot à dire, par exemple au Proche-Orient.

L'Europe du XXIe siècle

·         On ne peut pas construire l'Europe sans une étroite union entre la France et l'Allemagne. Les peuples Français et Allemands procèdent à certains égards d'une même histoire. C'est le partage de l'Empire de Charlemagne en 843. Nous avons beaucoup de choses en commun. Nous l'ignorons souvent parce que nos langues, nos cultures, sont très différentes.

·         Le traité de l’Élysée, même s'il n'a pas produit tous ses effets opérationnels, introduit une césure dans l'histoire des relations franco-allemandes. Désormais nous devons nous parler, malgré parfois nos différends.

·         La nation est la brique de base de l'Europe à construire. L'Europe ne peut pas se passer des nations, en particulier d'une étroite entente entre la France et l'Allemagne, mais aussi de l'acceptation que la Russie est un grand peuple européen. Il faut que les nations européennes se mettent d'accord sur cette idée là : faire une Europe européenne, une Europe qui existe par elle-même.

·         Dans le XXIe siècle, l'Europe est vouée à se rapetisser. La puissance montante, c'est la Chine, pendant que les États-Unis déclineront mais lentement. L'Europe ne pourra exister par elle-même que dans cette configuration d'une Europe des nations, sinon il n'y aura pas d'Europe européenne : il y aura des protectorats américains.

·         Je souhaite une confédération de peuples européens, avec un Conseil, même une Commission réduite à un rôle de préparation des sommets européens et exécutant les décisions, un Parlement européen qui gagnerait à être une représentation des Parlements nationaux, parce que cela ferait mieux communiquer les démocraties nationales et les grands enjeux européens (l'industrie, l'énergie, la défense, la politique extérieure, la libre circulation des européens en Europe). Il faut aussi reconstruire une monnaie qui permette une croissance économique, le recul du chômage, aujourd'hui la tare de l'Europe que nous avons construite.

·         Je pense qu'il ne faut pas abandonner le modèle social européen. C'est un phare pour le reste de l'humanité. Même si nous avons à rénover notre système social, travailler plus, mieux, parier davantage sur l'intelligence, la recherche, nous devons préserver, par exemple, un système de santé accessible à chacune et chacun.

Découvrez le nouveau livre de Jean-Pierre Chevènement 1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire? (éditions Fayard, octobre 2013)

 

"Tous les peuples ont le droit de maîtriser leur destin" - Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission "Pluriel" sur Radio Orient, vendredi 20 décembre 2013. Il répondait aux questions de Loïc Barrière.

"Nous n'avons absolument aucun intérêt à rallumer une nouvelle guerre froide avec la Russie" - Jean-Pierre Chevènement était auditionné par la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, mercredi 18 décembre 2013, en tant que représentant spécial pour la diplomatie économique avec la Russie. Voir la vidéo de son intervention, et ses réponses aux questions posées par les députés.

"Ce ne sont pas les nations qui ont voulu la guerre de 1914" - Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'Institut Diderot mardi 3 décembre 2013, lors d'une conférence intitulée "L'avenir de la mondialisation". Il est revenu sur son livre "1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire ?" puis a répondu aux questions de la salle. Voir les vidéos (en deux parties).

"Europe ? Hors des nations, point de salut !" - Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé au "Figaro Magazine", le 20 décembre 2013. Propos recueillis par Patrice De Méritens.

"Comment le FN, parti des anciens collabos et des anciens de l'OAS, pourrait-il devenir un parti gaulliste ?" - Jean-Pierre Chevènement était l'invité de France 3 Franche Comté, samedi 14 décembre 2013. Il débattait avec Alain Joyandet dans l'émission "La voix est libre", animée par Catherine Eme-Ziri et Jérémy Chevreuil.

Centrafrique : "L'impotence stratégique de l'Europe est démontrée" - Jean-Pierre Chevènement était l'invité de PolitiqueS sur LCP samedi 14 décembre 2013. Il répondait aux questions de Serge Moati.

"La monnaie unique est une fausse bonne idée" - Entretien de Jean-Pierre Chevènement au quotidien Le Progrès, propos recueillis par Dominique Goubatian, jeudi 12 décembre 2013.

"Dans la guerre des monnaies, l'Europe joue avec les bras attachés dans le dos" - Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Activ' Radio mercredi 11 décembre 2013. Il répondait aux questions de Timothée Maymon.

In extremis… "La gauche semble avoir oublié les leçons des années Jospin" - Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Mediapart, paru le 29 décembre 2013. Propos recueillis par Lénaig Bredoux et Stéphane Alliès le 17 octobre 2013.

 

Cet article est le 191ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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