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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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26 juillet 2013 5 26 /07 /juillet /2013 16:43

Réunir les conditions pour préserver le climat

 

L’association « Sauvons le climat » (voir Qui sommes-nous ? et Ce que nous voulons) n’a pas été invitée au débat national sur la transition énergétique (voir Delphine Batho : ce qu'a été le grand débat sur la transition énergétique - 3 juillet 2013). Pour autant, elle a des propositions précises à faire, comme on peut le constater, ci-après (communiqué du 24 juillet 2013) :

« Sauvons le Climat » décline ses « 15 propositions du Débat national sur la transition énergétique »

 

N°1 : Une transition qui donne une orientation de Long Terme et qui respecte les engagements de la France.

N°2 : Une transition par tous et pour tous.

N°3 : Priorité à la lutte contre la précarité énergétique.

N°4 : Inscrire l’efficacité énergétique et la sobriété dans le modèle de croissance.

N°5 : un cap incontournable : porter l’ensemble du parc bâti d’ici 2030 à un haut niveau de performance thermique.

N°6 : Pour une mobilité durable.

N°7 : La transition énergétique peut être un levier pour la compétitivité de la France.

N°8 : La transition énergétique,  moteur de dynamisme pour revitaliser le monde rural.

N°9 : Valoriser les forces et les valeurs du système français.

N°10 : Un bouquet énergétique résilient, diversifié, équilibré et compétitif, marqué par le développement des énergies renouvelables.

N°11 : Attirer et orienter massivement les investissements vers la transition énergétique.

N°12 : Renforcer les compétences des territoires pour faciliter la décentralisation de la mise en œuvre de la transition énergétique.

N°13 : Pour développer l’emploi, anticiper, préparer et réussir les transitions professionnelles.

N°14 : une exigence : une politique européenne plus ambitieuse et mieux coordonnée.

N°15 : Conduire et adapter la transition énergétique

 

Rappel : Transition énergétique : après des mois de débats, tout reste à décider - 22 juillet 2013

Sauvons le climat s'est prononcé en AG pour le réalisme énergétique - 15 avril 2013 

 

Cet article est le 79ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 21:23

Des objectifs peu réalistes, de nombreuses difficultés

 

Ce rapport de la Cour des comptes vient à point nommé pour le gouvernement, qui doit préparer un projet de loi, après le grand débat sur la transition énergétique. Voir Le Débat national sur la transition énergétique s'achève sans consensus (Maire Info, 22 juillet 2013).

 

La politique de développement des énergies renouvelables 

 

La Cour des comptes rend public, jeudi 25 juillet 2013, un rapport sur la politique de développement des énergies renouvelables. Bénéficiant d’une énergie moins carbonée et d’une électricité moins chère que la plupart des autres grandes puissances industrielles, notamment en raison de ses parcs hydraulique et nucléaire, la France s’est fixé des objectifs plus ambitieux que de nombreux pays européens en matière d’énergies renouvelables, avec une cible de 23 % de la consommation finale brute toutes énergies à l’horizon de 2020, contre 10,3 % en 2005. Dans son rapport, la Cour analyse les conditions d’atteinte de ces objectifs dans les deux secteurs de la chaleur et de l’électricité, qui représentent respectivement 59,4 % et 40,6 % de l’utilisation des énergies renouvelables (hors biocarburants).

Un effort croissant à consentir

Une conjonction de difficultés

Le besoin de choix de long terme soutenables

Recommandations 

Un effort croissant à consentir 

Longtemps moins encouragée aux niveaux européen et français, la production de chaleur progresse depuis 2005 et constitue le premier usage des ressources renouvelables, devant l’électricité. La production électrique renouvelable augmente également depuis 2005. La place de l’hydroélectricité reste prépondérante, mais avec une progression régulière des productions éolienne et photovoltaïque.

En 2011, la trajectoire que la France s’est fixée était presque respectée. La proportion d’énergies renouvelables (13,1 %) était supérieure à la moyenne des pays de l’Union européenne.

L’objectif de 23 % en 2020 sera néanmoins difficile à atteindre, car l’effort à consentir entre 2012 et 2020 doit être beaucoup plus important que celui accompli entre 2005 et 2011. La production supplémentaire de chaleur et d’électricité renouvelables devra être six à sept fois supérieure à celle déjà réalisée.

Une conjonction de difficultés 

Les coûts de production de la plupart des énergies renouvelables, qui varient dans des proportions très importantes entre les filières et au sein même des filières, sont encore aujourd’hui trop élevés pour assurer leur déploiement sans un soutien public :

-    l’énergie solaire est, globalement, très largement plus coûteuse que les autres sources d’énergie avec, en outre, un large éventail de coûts de production ;

-    la filière éolienne terrestre se situe dans une position intermédiaire souvent très proche de la rentabilité, ce qui en fait une énergie sur le point d’être compétitive ;

-    les coûts de production d’énergie à partir de la biomasse, de la géothermie ou de la puissance hydraulique sont globalement les moins élevés.

L’État met en œuvre de multiples moyens de soutien, souvent complexes : aides à l’investissement, achat de la production à prix garantis, mesures fiscales ou encore financement de programmes de recherche. Il s’est insuffisamment organisé, dispersant ses efforts et n’évaluant pas suffisamment les effets socio-économiques de ses décisions, en particulier le contenu en emplois et l’impact sur la balance extérieure. Le cadre juridique ne facilite pas l’association des collectivités locales.

Par ailleurs, l’acceptabilité sociale des énergies renouvelables, leurs contraintes physiques, voire les conflits d’usage (notamment en ce qui concerne les cours d’eau et l’usage de la biomasse), posent des problèmes difficiles à surmonter. 

Le besoin de choix de long terme soutenables 

L’atteinte des objectifs fixés pour 2020 et au-delà aura un coût élevé pour la collectivité, et conduit à s’interroger sur leur soutenabilité.

L’ensemble des coûts publics de la politique de soutien aux énergies renouvelables peut être globalement estimé à 14,3 Md€ pour la période 2005-2011, dont 3,3 Md€ au titre de la contribution au service public de l’électricité (CSPE).

Sans bouleversement de la politique de soutien menée jusqu’à présent, et en ne prenant en compte que la seule CSPE, le coût pourrait atteindre 40,5 Md€ pour la période 2012-2020, directement supportés par les consommateurs d’électricité, particuliers ou professionnels. S’y ajouteront les dépenses fiscales, les autres aides budgétaires à l’investissement et le financement public de la recherche. Parallèlement, le coût de l’adaptation des réseaux est estimé par ERDF et RTE à 5,5 Md€ à l’horizon 2020.

L’interrogation sur la soutenabilité est d’autant plus importante que les contreparties attendues du soutien financier apporté aux filières renouvelables ne sont pas au rendez-vous, tant en termes de développement industriels que de créations d’emplois.

Afin de préserver les atouts énergétiques français tout en soutenant le développement des énergies renouvelables, des arbitrages s’imposent, à commencer entre les filières à soutenir, notamment en fonction du coût relatif de leur soutien au regard de leur contribution au mix énergétique. L’efficience des dispositifs de soutien (tarifs d’achat, appels d’offres, aides à l’investissement) doit également être un critère de choix.

Par ailleurs, la soutenabilité à long terme de la politique requiert aussi une valorisation réaliste du coût des émissions de CO2, soit par les mécanismes du marché, soit par la fiscalité. 

Recommandations 

La Cour formule huit recommandations :

•    mettre en place un dispositif centralisé du suivi statistique permettant de donner toute la visibilité requise pour éclairer les décisions, notamment en matière de connaissance des coûts de production par filière, des emplois et des marchés ;

•    simplifier le régime juridique applicable à la production d’énergies renouvelables (géothermie, éolien terrestre ;

•    mettre en œuvre une planification et une cartographie des énergies renouvelables en tenant compte des contraintes de raccordement aux réseaux électriques ;

•    réserver les appels d’offre aux technologies les plus en retard dans la réalisation de leurs objectifs de capacité et aux installations qui ne bénéficient pas d’un tarif d’achat fixé par arrêté, afin d’éviter les effets d’aubaine ;

•    organiser un dispositif de contrôle efficace des installations bénéficiant d’un soutien public, notamment dans les filières solaires et biomasse ;

•    réserver les moyens de soutien aux installations les plus efficientes compte tenu de leur coût, de leur part dans la production énergétique et de leur contenu en emplois ;

•    redéployer les crédits au sein du fonds chaleur en faveur des filières les plus efficientes ;

•    revoir le principe du financement par le seul consommateur d’électricité des charges de soutien aux énergies renouvelables électriques, compensées par la CSPE (recommandation déjà formulée par la Cour en 2011). 

 

Consulter le rapport  

 

Voir aussi : Volée de bois vert de la Cour des comptes contre les énergies vertes (Marianne, Charles des Portes, 25 juillet 2013). L'institution de la rue Cambon estime qu’il faut rationaliser le soutien apporté aux énergies renouvelables. Elle considère l’objectif de la France en la matière, « difficile à atteindre ».

 

Cet article est le 78ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 22:57

Pas vraiment un échec, mais de vrais désaccords

 

Le « débat national sur la transition énergétique » devait déboucher sur des « recommandations » servant de base à la future loi de programmation énergétique. En l’absence d’accord sur une dizaine de points, la synthèse des travaux a été faite et s’achève par des propositions d’actions. Le président du comité d’experts, Alain Grandjean, ne veut pas que ce résultat soit qualifié d’échec.

Voir cet article publié le 21 juillet 2013 sur le site du Nouvel Observateur : Transition énergétique : le gouvernement doit tracer un cap ambitieux et clair

 

Voir aussi ce compte rendu du site Maire-Info (Association des maires de France) le 22 juillet 2013 : Le Débat national sur la transition énergétique s'achève sans consensus

 

Rappel : Delphine Batho : ce qu'a été le grand débat sur la transition énergétique - 3 juillet 2013

Débat sur la transition énergétique : les gaz de schiste perturbateurs - 7 juillet 2013

 

Le collectif « Sauvons le climat » a exprimé, le 12 juillet 2013, les Regards de Sauvons le Climat sur les rapports des sept Groupes de Travail du Débat National sur la Transition Energétique

 

Le Débat National sur la Transition Energétique entre dans une phase décisive, celle où les travaux des différents groupes de travail vont faire l’objet d’une synthèse débouchant sur des propositions.

Sauvons le Climat, association comprenant de nombreux experts travaillant sur la problématique climat-énergie et ayant une expérience de terrain, n’a pas été retenue pour participer au collège des associations. Elle est donc à même de porter un regard extérieur sur le résultat tel qu’il s’exprime au travers des sept rapports publiés par les groupes de travail.

SLC note d’abord que le débat a été faussé par la fixation d’un objectif de réduction à 50% du nucléaire dans le mix électrique en 2025, sans examen de la façon dont un tel objectif pouvait être atteint. De plus, les scénariosprésentés n’ont pas été traités avec l’équité voulue, deux des scénarios, celui de l’ADEME et NEGAWATT, ayant bénéficié d’une surreprésentation au sein du CNTE.

L’efficacité économique est restée pratiquement absente  du débat, sauf sous forme d’affirmations peu étayées. C’est pourtant la première préoccupation exprimée par les citoyens invités au débat !

SLC souscrit  pleinement à cet objectif de simplification administrative que l’on retrouve en plusieurs endroits des rapports, en vue d’un cadre réglementaire simple, lisible, stable, proportionné et cohérent avec les objectifs fixés, une simplification qui bien entendu doit bénéficier à toutes les filières de façon équitable.

La non publication des notes d’experts ayant justifié les prises de position des GT ne permet pas d’apprécier la référence faite par les GT à des sujets comme le foisonnement des EnRs à l’échelle européenne ou la place accordée à la RT 2012, alors que, dans un cas comme dans l’autre, des clarifications auraient été nécessaires.

Le travail entrepris manque cruellement d’analyses préalables de nature à éclairer le débat. C’est le cas notamment (i) des expériences de pays qui, comme la RFA, font pour certains figure de pionnier en matière de transition (le surcoût dû aux EnRs devrait y dépasser 53 €/MWh en 2013 – contre 7€/MWh en France) ou (ii) de la politique conduite  à Bruxelles.

C’est pourtant Peter Altmaier, ministre allemand de l’environnement, qui nous dit : la plus grave erreur que nous avons commise fut de financer les renouvelables à guichet ouvert, (en d’autres termes, l’obligation d’achat). On ne saurait être plus clair. Philip Lowe,  ancien directeur général de l’énergie à la Commission, ne dit pas autre chose.

Pour SLC, le coût du carbone évité doit être le déterminant essentiel des décisions d’investissements, notamment dans ces deux secteurs que sont le bâtiment et les transports

SLC appelle à la prudence face à un rééquilibrage du mix énergétique en faveur de sources d’énergie, certes séduisantes, mais qui n’en sont encore qu’au stade du laboratoire ou ont un coût exorbitant pour la communauté. Il rappelle la nécessité de rééquilibrer les subventions aux EnRs en faveur des énergies thermiques.

S’agissant enfin de l'évolution du parc nucléaire français, les décisions devraient être fondées sur des critères économiques chiffrés, sur les impacts industriels et sociaux  et sur le respect rigoureux des décisions de l’Autorité de sûreté.

SLC conclut ces brèves remarques en reprenant pleinement à son compte la conclusion des auteurs du GT3 :

Compte tenu des délais impartis au GT pour mener ses travaux, il (le GT3) considère qu’il n’a pas épuisé la problématique de l’intégration des EnRs aux réseaux et recommande que les réflexions sur cette question soient poursuivies, au-delà des présents travaux du GT.

Ce à quoi on pourrait ajouter : « dans la transparence» c’est à dire en mettant à la disposition du public les notes d’experts.

Ces différents points sont développés dans l’étude "Regards de SLC sur les rapports des 7 Groupes de Travail du Débat National sur la Transition Energétique" que l’on trouvera sur le site www.sauvonsleclimat.org

Pour prendre connaissance d’un autre communiqué (16 juillet 2013) de Sauvons le climat, cliquez ici

 

Pour sa part, le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) a publié le 12 juillet 2013 ce communiqué de Christophe Mouton (secrétaire national au développement durable) : Hausse des tarifs de l'électricité : oui à l'investissement productif, non à la spéculation

Cet article est le 77ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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11 juillet 2013 4 11 /07 /juillet /2013 22:54

Une nouvelle ligne majoritaire, plus favorable à l’industrie ?

 

Le débat est ouvert au sein du gouvernement à propos des gaz de schiste, mais pas seulement. Car la question porte sur l’orientation qui va être donnée à la deuxième phase du quinquennat de François Hollande.

 

L’approbation du rapport de Louis Gallois a pour conséquence de rompre avec la ligne qui avait nourri l’accord PS-EELV de 2011. Delphine Batho mettait en œuvre cette politique soutenue par les écologistes. Voir Delphine Batho : ce qu'a été le grand débat sur la transition énergétique - 3 juillet 2013. 

 

Le rapport Gallois, c’est une politique volontariste de redressement de l’industrie et de l’emploi, qui se rapproche davantage de l’accord PS-MRC de mars 2012. Voir Reprendre en mains notre avenir»: l'accord politique et électoral PS-MRC et Législatives 2012 : l'accord PS-MRC entre en application sur le terrain car Le contexte énergétique mondial pousse à revoir les choix de la France -  4 juillet 2013.

 

Les gaz de schiste agissent comme un révélateur de la fracture politique de la majorité présidentielle.

Rappel : Gaz de schiste : défenseurs de l'environnement et industriels opposés - 24 avril 2011 

Débat sur la transition énergétique : les gaz de schiste perturbateurs - 7 juillet 2013

 

Dans un premier temps, le Premier ministre a annoncé 722:31Douze milliards d'euros supplémentaires consacrés aux "investissements d'avenir" (Le Monde, 9 juillet 2013)  obtenant l’approbation des écologistes.

 

Au même moment, le ministre du redressement productif s’exprimait devant une commission parlementaire.

Voir Montebourg veut un groupe public pour exploiter le gaz de schiste (Le Monde, 10 juillet 2013) et « Pour les gaz de schistes, sans illusion » (Marianne, 11 juillet 2013).

 

Puis, ce 11 juillet, le Premier ministre a réaffirmé la position du gouvernement, mais c’est une position d’attente de décisions à venir :

Gaz de schiste : Ayrault réaffirme l'interdiction de l'exploitation

 

Cet article est le 76ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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7 juillet 2013 7 07 /07 /juillet /2013 21:31

La réflexion sur l’énergie mériterait être approfondie

 

La question énergétique, plus précisément, le débat sur la transition énergétique, est principalement à l’origine du départ de la ministre Delphine Batho du gouvernement. Celui-ci a pris un nouveau cap en adoptant l’essentiel des mesures préconisées par le rapport Gallois (voir Rapport Gallois : les 22 propositions pour reconquérir la compétitivité - 6 novembre 2012).

 

Or, la ministre de l’énergie mettait en œuvre le programme de François Hollande, inspiré des accords passés entre les écologistes (EELV) et le PS. Voir Delphine Batho : ce qu'a été le grand débat sur la transition énergétique - 3 juillet 2013. La ministre a fait l’impasse sur de nombreux sujets importants et a voulu aboutir à un consensus, qu’elle n’a obtenu, en fait, que par l’épuisement des participants au débat.

 

Les bouleversements constatés dans le monde sur le marché de l’énergie (révolutions arabes qui ont eu un impact sur l’énergie, accident de Fukushima (Voir Japon : le tsunami était la cause de l'accident nucléaire de Fukushima - 11 mars 2012) qui redéfinit la place de l’énergie nucléaire, la Chine devenue le premier investisseur mondial en énergies renouvelables, gaz et pétrole de schiste - « shale gas » - aux USA) n’ont pas été introduits dans le débat sur la transition énergétique (voir Le contexte énergétique mondial pousse à revoir les choix de la France - 4 juillet 2013).

 

Olivier Appert, président du Conseil français de l’énergie (voir Le contexte énergétique mondial, étudié lors du colloque Res Publica - 27 mai 2013 - les actes de ce colloque seront publiés dans quelques semaines)  évoque un changement de paradigme depuis trois ans dans le secteur de l’énergie. Entre 2009 et 2010, les prévisions de production de « shale gas » ont doublé aux USA. Ce pays, qui était importateur de gaz naturel liquéfié devient exportateur de gaz. La transition énergétique est incontournable, afin de diminuer les gaz à effet de serre, mais comment y parvenir ?

L’efficacité énergétique est un élément majeur. L’énergie nucléaire aura une place limitée. Les énergies renouvelables plafonnent à 17 % (dont la moitié à partir de la biomasse). Un pic d’investissements - 302 milliards de dollars - a été constaté en 2011 (recul en 2012, suite au problème des aides publiques). La captation du CO² (avec stockage en profondeur) est un enjeu supérieur aux renouvelables.

Les ressources potentielles en énergies fossiles (pétrole et gaz) continueront d’exister mais il y a un vrai problème de répartition géographique des réserves. Le défi du CO² est d’autant plus important que la conférence sur ce thème (recherche d’un consensus pour sauver la planète) aura lieu à Paris en 2015. Les pays développés (OCDE) sont responsables des deux tiers des émissions de CO² depuis le début mais les pays émergents sont passés devant.

 

Un rapport parlementaire (Voir, sur le site de l’Expansion, 6 juin 2013 : Gaz de schiste: le rapport qui relance la polémique) présenté au Sénat le 6 juin 2013 par Jean-Claude Lenoir (sénateur UMP) et Christian Bataille (député PS), conclut à la possibilité d’exploiter les gaz et pétroles de schiste selon des méthodes dont l’impact serait acceptable pour l’environnement, une façon de contourner la loi du 13 juillet 2011 qui interdit en France la méthode de la fracturation hydraulique pour la recherche de ces hydrocarbures non conventionnels. C’est le rapport Gallois, en novembre 2012, qui a déclenché cette mission parlementaire sur les techniques alternatives à la fracturation hydraulique.

 

Ainsi, les gaz et pétroles de schiste viennent s’ajouter au vieux débat sur l’énergie nucléaire. Voir les réactions d’un blog antinucléaire, le 10 juin 2013, à un Point de vue publié par Ouest-France le 5 juin 2013 sous le titre Transition énergétique : le vrai débat » par Bertrand Barré, enseignant à Sciences Po Paris, professeur émérite à l’Institut national des sciences et techniques nucléaires.

 

* Rappel : Gaz de schiste : défenseurs de l'environnement et industriels opposés - 24 avril 2011 

 

Rappel complémentaire : le débat-confrontation organisé par CIVIQ le 26 octobre 2006 à Saint-Berthevin. Voir Echos de la rencontre CIVIQ du 26 octobre à Saint-Berthevin - 27 octobre 2006

Exposé de Gérard Pierre sur les énergies - rencontre CIVIQ 26 10 06 St-Berthevin - 21 avril 2007 et Exposé de Michel Lemosquet sur les énergies - rencontre CIVIQ St-Berthevin

 

Cet article est le 75ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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4 juillet 2013 4 04 /07 /juillet /2013 22:52

Difficultés de l’éolien et du solaire, attrait du gaz de schiste

 

L’accord de gouvernement passé entre le PS et les écologistes en novembre 2011, qui s’est révélé être un succès électoral aux élections législatives de juin 2012, semble se heurter à la réalité en 2013, ce qui pourrait expliquer le départ de la ministre Delphine Batho du gouvernement, le 2 juillet, dans des conditions bien peu académiques.

 

Conseil national MRC 240313 016 TVoir, à ce sujet, le communiqué de Gérard Pierre (MRC), publié le 3 juillet dans Le Bien Public (Côte-d’Or) : Gérard Pierre (MRC) : « Mme Batho est victime de l’accord intenable entre le PS et EELV ». Rappel des faits et commentaires par Gérard Pierre (extraits).

 

Martine Aubry (PS) signe avec EELV un accord électoral qui comporte entre autres :


• La réduction de la part du nucléaire de 75 à 50 % à l’horizon de 2025, c’est au-delà de la mandature et ne peut donc pas être considéré comme un engagement.
• La fermeture progressive de 24 réacteurs sans aucun nouveau projet de construction.
• L’arrêt immédiat de Fessenheim (reporté en 2016 par le président Hollande).
• La reconversion de la filière MOX (article supprimé de l’accord ensuite par l’équipe de Hollande, cet article aurait été mortifère pour la filière nucléaire).
• Un plan de réduction de la consommation d’électricité (bizarrement pas de l’énergie, donc augmentation de la consommation des énergies fossiles) (…).

 

Cet accord n’est tenable ni écologiquement ni économiquement. Il suffit de regarder les résultats de l’Allemagne pour s’en convaincre :

• Augmentation des émissions de CO2 par le développement des centrales au charbon.
• Coût estimé de "Energiewende" allemande par Altmeier (ministre allemand de l’Environnement) 1 000 Milliards d’€. Si l’Allemagne a peut-être les moyens de dépenser cette somme, ce n’est pas le cas de la France.

Actuellement, chaque Allemand rejette 60 % de CO2 de plus que chaque Français.
Les Verts seraient beaucoup mieux inspirés d’être plus écologistes en étant moins antinucléaires…

Voir L'accord PS et EELV : volet énergétique (Gérard Pierre, MRC, 24 novembre 2011)

 

Depuis l’accord de 2011, il s’est produit, en matière d’énergie, deux éléments nouveaux : les difficultés de l’éolien et du solaire d’une part, et la poussée des gaz de schiste d’autre part.

 

Voir, d’une part, L'éolien et le solaire créent la pagaille (Challenges, Nicolas Stiel, 28 juin 2013)

Gérard Pierre explique les problèmes posés, suite aux décisions énergétiques prises par l’Allemagne, où le prix de l’électricité a été multiplié par 2. Le vent et le soleil produisent de l’électricité par intermittence. Il arrive que les deux s’arrêtent en même temps. Dans ce cas, il faut faire appel aux centrales à gaz, non rentables. L’Etat les subventionne pour les maintenir en vie et, globalement, l’Allemagne produit trop d’électricité. Les répercussions se font sentir en France, ce qui accroît les risques accrus de panne électrique européenne. L’inorganisation de l’Europe est dangereuse, mais une Europe de l’énergie qui serait sous domination allemande n’est pas, non plus, acceptable.

 

Voir, d’autre part, Le contexte énergétique mondial, étudié lors du colloque Res Publica - 27 mai 2013. Cette réunion, le 17 juin 2013, proposée par la Fondation Res Publica (voir Présentation de la Fondation), a mis en évidence les problèmes posés à la France et à l’Europe dans le nouveau contexte énergétique mondial.

 

Olivier Appert, président du Conseil français de l’énergie, a montré les bouleversements du marché de l’énergie, qui autorisent à parler de nouveau paradigme, et les défis liés à la croissance de la demande en énergie et au changement climatique. Dans le débat, il a évoqué les possibilités de recherche du pétrole en Guyane et en Méditerranée, mais les opérateurs ont été dissuadés de poursuivre leurs travaux. Il y aurait du gaz de houille (grisou) en Lorraine, couvrant 5 % environ de nos besoins en gaz (Lacq : 1 %) et, concernant le gaz de schistes (sud-est de la France) et le pétrole de schistes (bassin parisien), l’autorisation de pouvoir évaluer les réserves n’a pas été donnée.

En matière de politique énergétique, des convergences existent entre la France et la Grande-Bretagne.  L’Allemagne en est très éloignée. Elle joue sa carte solitaire, sans aucune concertation, de manière irrationnelle.

 

Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation, a noté que la France importe 69 milliards d’euros en gaz et pétrole. Il se demande comment évoluera le prix du gaz, compte tenu des gaz de schistes, produits essentiellement par les USA et la Chine. Il constate beaucoup d’inconnues et de préjugés. Les opinions publiques sont façonnées, l’esprit critique ne pouvant fonctionner que si des informations circulent. Il n’y a pas de concertation européenne. La décision allemande est souveraine. Le débat sur la transition énergétique en France est plutôt inquiétant. Il faudrait ralentir pour y voir plus clair en ce qui concerne la fermeture de Fessenheim, voir s’il est opportun de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires. Le coût des énergies renouvelables est élevé. Il faudrait un effort de recherche pour réduire le coût de revient du solaire (augmenter la durée de vie des panneaux photovoltaïques). Il n’est pas possible de laisser aller la facture d’électricité. Il a manqué une vue à long terme dans le pays de Descartes et de l’esprit critique. Il y a de quoi se poser beaucoup de questions.

A noter, concernant les gaz de schistes, que Louis Gallois, dans son rapport remis le 5 novembre 2012, préconisait de rouvrir le débat. Voir Rapport Gallois : Les gaz de schiste enterrés, de nouveau, par le gouvernement (L’Usine Nouvelle, Ludovic Dupin, 5 novembre 2012).

 

Cet article est le 74ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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3 juillet 2013 3 03 /07 /juillet /2013 21:38
Pendant le débat, de nombreuses mesures ont été prises

Le départ du gouvernement de Delphine Batho a été justifié par le non respect de la solidarité gouvernementale (doctrine Chevènement, qui veut qu’un ministre ne peut s’exprimer librement que s’il quitte le gouvernement).

Il est vrai que les responsables du gouvernement ne pouvaient admettre que, suite à l’arbitrage budgétaire en sa défaveur, elle mette en doute publiquement l’engagement du Premier ministre en faveur de l’écologie. En fait, la prestation de la ministre n’était peut-être pas tout à fait conforme aux attentes du président de la République, si l’on en croit ce qu’on lit dans la presse.

Voir Delphine Batho et la fausse crise de régime (Marianne, 3 juillet 2013)

Le limogeage de Delphine Batho était dans les tuyaux (Challenges, Nicolas Stiel, 3 juillet 2013)

 

Pourtant, elle a beaucoup travaillé sur la réalisation du Débat national sur la transition énergétique

Rappel : 1Débat sur la transition énergétique pour une loi de programmation 2013 - 29 novembre 2012 

 

Ce débat national a déjà porté ses fruits, dans de nombreuses décisions qui ont été prises récemment. Voir, à ce sujet, l’article signé Ludovic Dupin, qui a été publié ce 3 juillet 2013 sur le site de L’Usine Nouvelle. Voici ce texte.

 

Batho embarquée dans la galère du débat national sur la transition énergétique

 

L’ex-ministre de l’écologie avait été mise en charge d’un gigantesque chantier, celui du débat national sur la transition énergétique. Mais entre le sentiment d’une représentativité biaisée et l’impossibilité de trouver des recommandations communes, ce gigantesque débat risque fort d’accoucher d’une souris.

 

En juin 2012, la jeune quadragénaire prend ses fonctions de ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, à la place de Nicole Bricq, avec une lourde mission. Delphine Batho doit tenir une des promesses du nouveau président de la République : la tenue d’un grand débat national sur la transition énergétique (DNTE). Censé être plus fondateur que le Grenelle de l’environnement de 2008, le DNTE présente de grandes ambitions et pour cela, il ne lésine pas sur sa feuille de route. Le DNTE compte de multiples corps (parlement du débat, des groupes d’experts, comité de pilotage…), réalise des dizaines d’auditions, doit réunir les citoyens à travers des débats régionaux et des journées spéciales, doit prendre le temps de la réflexion avec huit mois de débat… Malgré cet immense déploiement de moyens, le président de la République n’a pourtant pas hésité à limoger sa grande ordinatrice à quelques jours de la fin des débats, prévue le 18 juillet prochain… Symbole que ce DNTE ne présente pas vraiment d’enjeu pour la politique gouvernementale et les choix énergétiques de la France.

 

Tous les industriels écartés

La première faute de Delphine Batho a sans doute été celle du casting. À l’image de la conférence environnementale qui s’était tenue en septembre 2012, la ministre Batho a écarté tous les industriels de l’organe cœur du DNTE, le parlement du débat. Ils y étaient représentés uniquement par le Medef et quelques syndicats professionnels. Les industriels se verront relégués à un "Groupe de contact des entreprises de l’Énergie" qui, lors de son audition par le parlement du débat, se fera véritablement laminer par les organisations vertes. Après huit mois de débat, le président de l’Union française de l’électricité (UFE), Robert Durdilly, constate qu’"il y a un problème dans la façon dont le débat a été lancé. La représentation économique est très minimisée et laisse peu de place aux entreprises". Conséquence, selon lui : les participants se bercent "d’illusions sur un avenir radieux" qui ne prend guère en compte les réalités du marché, les équilibres physiques et les coûts d’investissement.

Pour autant, les ONG écologistes ne se sont pas non plus toutes satisfaites du dispositif. Le comité de pilotage du débat comptait à l’origine deux ex-acteurs du monde de l’atome, Anne Lauvergeon, ex-présidente d’Areva, et Pascal Colombani, ancien administrateur général du CEA. Effet immédiat : Greenpeace et les Amis de la Terre refuseront, en novembre dernier, de prendre part au DNTE, même quand Pascal Colombani sera finalement écarté du comité de pilotage. Pour la petite histoire, Anne Lauvergeon, très présente au départ, a  aujourd’hui complètement disparu du débat.

 

L’absence dommageable de Greenpeace

L’absence de Greenpeace, et son immense capacité de communication et d’entraînement, a sans doute fait beaucoup de tort à la médiatisation du DNTE. Fin mai, l’ONG ironisait d’ailleurs en émettant une fausse "Alerte enlèvement" sur le débat national sur la transition énergétique. Et c’est la deuxième faute de Delphine Batho : l’incapacité à médiatiser le DNTE. Le débat n’a intéressé que des gens déjà intéressés, pourrait-on caricaturer. De plus, les débats en régions ont été organisés de manière autonome et sans méthode commune, ce qui a empêché de créer un effet boule de neige dans la mobilisation citoyenne.

Une des raisons du très faible écho du DNTE dans la population est le refus originel d’aborder les deux questions de la place du nucléaire dans le mix énergétique et de l’exploitation du gaz de schiste. Troisième faute, Delphine Batho a très clairement indiqué que le DNTE devait avoir comme postulat le passage du nucléaire de 75 à 50 % en 2025 et l’interdiction de l’exploitation du gaz de schiste, comme voulu par le président Hollande. Le héraut de Batho, Laurence Tubiana, facilitatrice du débat, s’est tenue à cette ligne, au point de s’énerver sur des journalistes quand le sujet des hydrocarbures non conventionnel est évoqué : "Si on croit que c’est ça la discussion, personnellement je n’ai pas de temps à perdre jusqu’en juin pour discuter de ça."

Ces deux sujets ont donc été sobrement oubliés jusqu’à fin mai. À cette date, le groupe sur le mix énergétique rendait ses conclusions devant le Parlement, en assumant le fait de ne pas parvenir à un consensus sur la place du nucléaire. Paradoxalement, c’est à ce moment que le débat fera le plus parler de lui dans la presse. "Oui, c’est conflictuel, parce qu’on est au cœur du débat", commente même Laurence Tubiana. Mais rapidement la ministre Batho siffle la fin de la récréation en affirmant : "Je vous invite à trouver des compromis. Où il n’y a pas de compromis, il faudra que le gouvernement prenne des décisions avec le Parlement".

 

Consensus sinon rien

Ce qui mène à la quatrième faute du débat, la recherche du consensus coûte que coûte, imposée par la ministre. Lors de la huitième réunion du parlement du DNTE, en juin, la facilitatrice du débat propose un brouillon des recommandations. Comme l’impose la ministre Batho, ce document présente des propositions comme étant communes à tous, alors qu’elles ne sont en réalité exprimées que par une partie de l’assemblée. Ni les ONG, ni les représentants des entreprises ne valident la démarche. Le Medef monte au créneau pour faire retirer le document qui proposait par exemple "la mise en place d’une fiscalité environnementale, en particulier d’une contribution climat-énergie"... Après une après-midi de vives discussions, voire de disputes, les participants du débat aboutissent finalement à un consensus... celui de la lassitude après 150 heures de débat.

Enfin la cinquième faute est celle d’avoir fait l’impasse sur de multiples sujets de financements : celui de la transition énergétique, de la diminution du nucléaire, des nouvelles mesures de soutien aux renouvelables, des mécanismes de capacités… D’autres enjeux sont également évincés comme celui de la sécurité d’approvisionnement du pays, l’évolution du transport, le moyen d’atteindre 50 % de nucléaire en 2025...

 

Si la ministre Batho n’a pas réussi à mener ce débat à bien, elle a au moins réussi à tenir la promesse du président de la République (qui ne lui en aura pas été reconnaissant…) et à mettre en avant l’importance des économies d’énergies dans la transition.

Mais cet échec est-il si important ? Une fois les recommandations remises au nouveau ministre de l’Écologie Philippe Martin, elles seront passées à la moulinette de la réalité politique... Une réalité déjà bien dessinée puisque durant les huit mois de débat, la ministre Batho et ses collègues ont pris de nombreuses mesures dans l’énergie : les mécanismes d’aides d’urgence pour les renouvelables, lancement du deuxième appel d’offres éolien offshore, fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, loi Duflot sur la rénovation thermique, achèvement de la construction de l’EPR de Flamanville, relance de la géothermie profonde, incitation pour le biogaz… La fin de l’histoire était déjà écrite.

 

Cet article est le 73ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 22:00

Quelle politique énergétique pour la France et l’Europe ? 

 

La Fondation Res Publica (Voir Présentation de la Fondation) annonce un prochain colloque de grand intérêt sur le thème de l’énergie.  

La France et l'Europe dans le nouveau contexte énergétique mondial  

Lundi 17 Juin 2013 à 18h - 28 rue Saint-Dominique 75007 Paris.  

Avec la participation de :
- Olivier Appert, président du Conseil français de l'énergie (section française du World Energy Council)
- Jean-Paul Bouttes, directeur de la Stratégie et de la Prospective et Chef économiste du Groupe EDF
- Thierry de Montbrial, directeur de l’IFRI

- Etienne Beeker*, économiste de l'énergie, auteur de "La transition énergétique allemande est-elle soutenable ?" (Note d'analyse du Centre d'Analyse stratégique, n° 281, septembre 2012)
- Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica

 

* Etienne Beeker a cosigné (avec Jean Syrota) cet article publié le 6 mai 2013 par Les Echos :

 

  Transition énergétique : le contre-modèle allemand  

 

L’Allemagne a fondé son développement industriel sur le charbon (houille et lignite), dont elle continue à subventionner la production Aujourd’hui encore, rien que pour assurer 45% de sa production d’électricité, elle en consomme plus de 200 millions de tonnes par an qui sont la première source des fortes émissions de CO2 du pays. Ainsi, en moyenne, un citoyen allemand émet moitié plus de ce gaz à effet de serre qu’un citoyen français (10,3 tonnes par an contre 6,3), pour une consommation d’énergie et un niveau de vie comparables.

L’action du gouvernement allemand, ces dernières années, dans le domaine de l’énergie, a été axée principalement autour de :

- la construction de 23 centrales électriques au charbon,

- l’inauguration d’un nouveau gazoduc, Nordstream, permettant des importations massives et directes de Russie,

- un fort développement des énergies renouvelables intermittentes (éolien et photovoltaïque) et de la biomasse avec des cultures dédiées

- une attitude cahoteuse et imprévisible concernant l’avenir du nucléaire, qui faisait l’objet d’un consensus favorable jusqu’en 1998 ; une coalition SPD-Verts planifie alorsla sortie progressive du nucléaire, avec 2020 comme échéance. En 2010, le gouvernement dominé par la CDU prolonge la durée de vie des réacteurs jusqu’en 2036 puis, après l’accident de Fukushima, en 2011, ramène cette date à 2022 et fait arrêter huit réacteurs, dans le cadre d’une transition énergétique, ou « Energiewende ». L’Energiewende : une gigantesque ambition nationale et déjà des interrogations.

 

Ce programme acte l’abandon du nucléaire en Allemagne, mais projette également, d’ici 2050, celui des énergies fossiles (lignite, charbon, pétrole et gaz, qui ont produit plus de 60% de l’électricité en 2012), pour les remplacer par des énergies renouvelables (ENR). Il doit surmonter d’ores et déjà des difficultés considérables, même pour un pays qui ne manque ni de capacités financières, ni de compétences technologiques et qui a pu compter jusqu’à présent sur la mobilisation de ses citoyens :

- la population supporte de plus en plus difficilement un prix de l’électricité qui ne cesse de grimper,

- la production des ENR (éolien et du solaire), par nature intermittente, engendre déjà une très forte volatilité, difficile à gérer, de la puissance produite et des prix ; elle a aussi pour effet de réduire le temps de fonctionnement des centrales à gaz au point de les rendre non rentables, ce qui favorise l’usage du charbon (dont le prix est en baisse, en raison de l’arrivée sur le marché de la production de gaz de schistes aux Etats-Unis),

- les quatre grands électriciens nationaux sont fragilisés, alors qu’ils fournissent la plus grande partie des besoins du pays avec leurs centrales conventionnelles, fermant des unités de production et licenciant massivement du personnel,

- l’Allemagne est en passe de perdre le pari industriel qui visait à mettre sur pied une filière solaire. La concurrence chinoise, conjuguée à la baisse des subventions à cette énergie, ont eu raison des principales start-up du pays, présentées naguère comme des fleurons technologiques,

- il faut construire les milliers de km de nouvelles lignes indispensables pour acheminer la production des ENR, spécialement celle des éoliennes implantées massivement en mer dans le nord-ouest de l’Allemagne, alors que la consommation est élevée dans le sud-est ; le raccordement des éoliennes de la mer du Nord prend dès à présent de longs retards.

Peter Altmaier, ministre fédéral chargé de l’environnement, dans une déclaration faite à la Frankfurter Allgemeine Zeitung le 19 février dernier, a annoncé que mille milliards d’Euros seront nécessaires à l’Allemagne d’ici 2030-2040, pour la seule sortie du nucléaire.

 

Un coût global qui serait insupportable par la France

Ce chiffre est astronomique - il correspond à la moitié du PIB français, mais il ne concerne que 22 tranches nucléaires, alors que la France aurait 58 tranches à arrêter. La France pourrait-elle supporter de perdre un an de PIB réparti sur 40 ans, soit 2,5 points par an ? Si la riche Allemagne disposant d’un excédent commercial important a peut-être les moyens financiers de son aventure énergétique, la France, endettée de presque un an de PIB et cherchant à réduire cet endettement, souffrant, de plus, d’un déficit commercial inquiétant, a toutes chances de ne pas les avoir.

Les tarifs de l’électricité favorables aux ménages en France, favorables à l’industrie en Allemagne ; l’avenir de l’industrie française en jeu

 

Il faut également tenir compte des cultures tarifaires spécifiques à chacun des deux pays. Si la France bénéficie, grâce à l’hydraulique et au nucléaire, de prix relativement bas de l’électricité, c’est le secteur résidentiel qui en a le plus profité ; le chauffage électrique a été la cible commerciale d’EDF depuis le début des années 1970 et, pour l’atteindre, le tarif domestique n’a pas intégré le surcoût de la production de l’électricité en hiver ; ainsi, la France est l’un des très rares pays européens où le chauffage électrique s’est massivement développé. Mais, en contrepartie, l’industrie n’a pas bénéficié des prix aussi bas qu’elle aurait dû ou pu avoir. La stratégie allemande est inverse : pour elle, la compétitivité est un enjeu primordial ; les coûts de l’électricité sont globalement plus élevés qu’en France, mais l’industrie est relativement protégée aux dépens des ménages. Ainsi, les particuliers paient leur kWh deux fois plus cher en Allemagne qu’en France, alors qu’en moyenne l’industrie allemande paie son électricité seulement 20% plus cher que l’industrie française. Bien plus, certains industriels électro-intensifs allemands bénéficient d’un prix de l’électricité moins élevé que leurs homologues français grâce à d’importantes exonérations, une rémunération importante de leur interruptibilité et un tarif d’accès au réseau fort avantageux.

L’arrêt du nucléaire se traduira par une augmentation massive du prix de l’électricité. Qui va payer ? Il suffit d’évoquer les débats qui agitent notre pays chaque année lorsque le prix de l’énergie doit augmenter tant soit peu, que ce soit pour le gaz, l’électricité ou les carburants et les dispositions sans cesse renforcées afin de réduire la précarité énergétique, pour pouvoir affirmer que les particuliers continueront d’être largement protégés, ce qui se traduira par une perte importante de compétitivité pour notre industrie qui en manque déjà.

L’avenir de nombreux secteurs industriels français est en jeu : ainsi, les industries du papier, de la chimie minérale, des fibres artificielles, des métaux non-ferreux et de la fonderie sont à la fois très énergivores et soumis à la concurrence internationale. Elles représentent 3,5% des emplois industriels actuels. L’examen des comptes sociaux industriels représentatifs de ces filières révèle que le prix de l’électricité constitue un des éléments majeurs de leur compétitivité.

 

Des destructions d’emplois en perspective

L’emploi et, ajoutée récemment, la compétitivité des filières industrielles françaises font partie des thèmes centraux du débat national sur la transition énergétique amorcé en novembre dernier. Ce qui précède montre qu’un avenir énergétique en rupture trop importante aurait un coût insupportable qui mettrait à mal la compétitivité de notre économie. Cependant, pour certains, souvent sans qu’ils étayent leur point de vue de la moindre analyse coût-bénéfice, la transition énergétique constitue a contrario une opportunité créatrice d’emplois et de filières d’avenir, ce qui suffirait à la justifier.

Le Centre d’Analyse Stratégique a certes montré que la création d’emplois directs liée au développement et à l’installation de parcs éoliens et photovoltaïques dans un scénario de sortie du nucléaire ferait plus que compenser les destructions d’emplois dans la filière électronucléaire. Mais en ce qui concerne l’impact sur l’économie dans son ensemble, les études montrent que la transition énergétique conduirait in fine à des destructions d’emplois en raison d’un double effet-prix, négatif sur l’économie : d’une part, la perte de pouvoir d’achat des ménages (augmentation de la facture d’électricité), d’autre part, la perte de compétitivité des entreprises. Si lors d’une première phase keynésienne (2010-2020), les investissements immédiats dans l’éolien, le photovoltaïque et les centrales thermiques généreraient des emplois directs en France, la perte d’emplois induits dominerait largement à horizon 2030. Ainsi, en amorçant une réduction de la part du nucléaire dans l’énergie produite, les effets de relance de l’investissement seraient contrebalancés dès 2020 par l’impact négatif sur l’emploi de l’augmentation des prix de l’électricité.

 

Un contre-modèle

Pour l’instant, l’Allemagne a réussi ce tour de force de faire rêver des activistes de l’environnement, tout en étant le plus gros émetteur de CO2 d’Europe, avec des émissions actuellement en hausse. Mais des points de vue critiques apparaissent, y compris en Allemagne. .Ainsi, le journal « die Welt » écrivait récemment: « nous avons, sans analyse ni planification préalable, englouti des milliards dans les niches technologiques les moins rentables. Ce n’est pas ainsi que se présente un modèle de politique énergétique digne de ce nom ».

Jean Syrota est l’ancien président de la commission énergie au Centre d’analyse stratégique. Etienne Beeker est économiste de l’énergie.

 

Voir aussi La transition énergétique à l'allemande critiquée, la France cherche son modèle (Le Monde, Anne Eveno et Gilles Paris, 25 mai 2013).

Deux jours après un rendez-vous des chefs d'Etat et de gouvernement européens consacré en partie à l'énergie et pauvre en résultats, le rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sur la stratégie allemande, publié vendredi 24 mai, met en évidence la primauté des choix nationaux, mais aussi leurs limites. Comment avoir la garantie d'une énergie propre et bon marché ? Cette ambition vertueuse de Berlin alimente les doutes de l'agence internationale qui n'en discute pas l'objectif, mais les modalités.

 

Rappel : Accumulation de CO2 : le collectif Sauvons le climat réagit et s'inquiète - 14 mai 2013

Sauvons le climat s'est prononcé en AG pour le réalisme énergétique - 15 avril 2013

Débat sur la transition énergétique pour une loi de programmation 2013 - 29 novembre 2012 

 

Cet article est le 72ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 11:18

La France se tromperait-elle dans ses choix énergétiques ?

Le 15 avril 2013, j’avais relayé le communiqué de Sauvons le climat (Wikipédia) - voir Sauvons le climat s'est prononcé en AG pour le réalisme énergétique.

La réalité du réchauffement climatique s’imposant de plus en plus, le collectif* a publié ce nouveau communiqué le 12 mai 2013.

Jusqu’à quand les gouvernements et leurs conseillers refuseront-ils de faire vraiment face à la réalité du réchauffement  climatique ?

 

Le seuil symbolique est atteint, la concentration du CO2 dans l’atmosphère de l’hémisphère nord atteint 400 parties par million à Mauna Loa (Hawaï), loin de toute source de pollution. Certes, ce n’est pas encore la moyenne annuelle, ce n’est pas encore la moyenne globale, c’est le pic saisonnier avant que la pousse de la végétation dans l’hémisphère nord ne fasse quelque peu décroître cette valeur pour 6 mois.  Mais c’est une valeur que l’homme n’a jamais connue, une valeur que la terre n’a pas connue depuis plusieurs millions d’années.

La conséquence de cette accumulation de CO2 est évidente, un réchauffement global déjà bien perçu avec tous les dérèglements climatiques et leurs conséquences : fonte massive de la banquise arctique, météorologie plus contrastée avec des évènements météorologiques violents plus fréquents1, montée du niveau de la mer, dérèglements de la végétation, migration de la faune …

Les émissions de CO2 ne cessent de croître à un rythme inquiétant. La vitesse d'accroissement de la concentration correspond aux scénarios les plus pessimistes étudiés et pris en compte par les rapports du GIEC2. Si on n'infléchit pas cette tendance, la température en 2100 pourrait augmenter de plus de 10°C en moyenne sur les continents, et davantage dans les régions septentrionales. On est, de toute évidence, bien au-delà du réchauffement global de 2°C évoqué dans les grandes messes politiques mondiales dont les engagements ne sont suivis d'aucun effet. Au niveau global,  le charbon est de plus en plus utilisé,  et l‘exploitation de pétroles et de gaz non conventionnels est en pleine expansion.

Et  en France, les gouvernements successifs agissent peu, sauf en parole (dans un débat verrouillé sur la transition énergétique par exemple).  Il y a plus désolant encore pour un pays qui pouvait s’enorgueillir d’avoir un taux d’émission de CO2 par habitant parmi les plus bas des pays développés : pour complaire à l’écologie politique, nos gouvernements n’hésitent pas à favoriser le développement d’énergies émettrices de CO2, soit directement par le chauffage au gaz qu’impose dans la pratique  la RT20123 pour les logements neufs, soit par la perspective d'une réduction brutale de la production bien maîtrisée d’une électricité non carbonée, apportée par le nucléaire, à remplacer par des sources coûteuses  d’électricité intermittentes (solaire et éolien) qui nécessitent l’appoint de centrales au gaz pour pallier les conséquences de leur irrégularité intrinsèque4.

« Sauvons Le Climat » associe sa voix à celle de tous les climatologues qui réclament à cor et à cris des actions pour laisser à nos enfants une planète sur laquelle il fera encore bon vivre.

 

1 Selon le réassureur Munich Re, le nombre de catastrophes d’origine climatique a été multiplié par 3 en 30 ans

2 Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat

3Réglementation thermique pour la construction neuve en vigueur depuis le 1er janvier 2013

 4 En Allemagne on constate que la consommation de charbon et de lignite augmente parallèlement à l’accroissement de la part des énergies renouvelables intermittentes.

* Le collectif « Sauvons le Climat », association agréée fondée en 2005, regroupe plus de 30.000 membres, directement et à travers les associations partenaires.  Indépendant de tout groupe de pression ou parti politique, « Sauvons le Climat » a pour ambition d’informer nos concitoyens sur les problèmes relatifs au réchauffement climatique et sur les solutions proposées pour le limiter au moindre coût. Ses travaux prennent en compte les trois piliers - environnemental, économique et social - du développement durable. Ils sont réalisés sous le contrôle d’un Comité Scientifique composé de personnalités de haut rang, présidé par Michel Petit, ancien responsable du groupe français d’experts au GIEC.

 

Cet article est le 71ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 22:28

Une transition énergétique compatible avec les possibilités

 

Le collectif d’associations adhérentes à « Sauvons le climat » a tenu son Assemblée Générale annuelle le 13 avril. « A cette occasion il a tenu à réaffirmer ses priorités, au moment où le débat national sur la transition énergétique se déroule sans mobiliser les foules ».

 

Voir le communiqué publié ce 15 avril 2013 par Sauvons le climat.

 

(…) « Sauvons le Climat » rappelle que la priorité absolue est de réduire les émissions de gaz à effet de serre en menant une « transition énergétique » où le réalisme économique et social doit l’emporter sur les approches idéologiques.

 

A cet effet il préconise que les options de « transition énergétique » retenues soient compatibles avec les capacités d’investissement des ménages, des entreprises ou des collectivités et ne conduisent pas à devoir remettre en question de façon excessive les libertés et les modes de vie de nos concitoyens. Il en résulte notamment que :

les programmes d’amélioration de l’habitat doivent être sélectionnés selon leur capacité à réduire les émissions de carbone et leur coût en prenant en compte le critère du coût de la tonne de carbone évité.

les énergies renouvelables thermiques (solaire, géothermie individuelle et collective, biomasse…) et les biocarburants de deuxième génération doivent être développés. Ces techniques, contrairement aux énergies renouvelables électriques intermittentes, n'affectent pas la sécurité du réseau électrique et n'ont pas le coût exorbitant des énergies bénéficiant de l'obligation d'achat.

les  usages de l’électricité doivent être fortement développés dans les domaines où ils permettent de  remplacer les combustibles fossiles : véhicules et transports électriques, pompes à chaleur, chauffage à induction et torches à plasma dans l’industrie, etc… Il est rappelé à cet effet que la production d'électricité non carbonée, grâce au nucléaire et à l’hydraulique, est un des secteurs d’excellence du pays et un grand pourvoyeur d’emplois qui a donné de l’avance à la France dans sa lutte contre les changements climatiques.

 

Tout un ensemble de propositions cohérentes et efficaces permettant de réussir la division par quatre de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 sont détaillées dans un scénario énergétique global, NEGATEP. Ce scénario est présenté aux acteurs du débat national sur la transition énergétique. « Sauvons le Climat » ne s’en tiendra cependant pas à cette participation au débat et compte bien se faire entendre lors de la préparation du futur projet de loi d’orientation (…).

 

Conseil-national-MRC-240313-016-T.jpg« Sauvons le climat » (SLC) est un collectif d’associations et d’adhérents individuels de plus de 30000 membres au total à fin 2012. SLC cherche à apporter une contribution indépendante, scientifique, cartésienne au débat, en associant des personnes et experts de haut niveau. L’apport de ces experts est totalement bénévole. Chaque domaine est couvert par des spécialistes expérimentés sous la supervision d’un Conseil Scientifique. SLC se situe hors de tout parti politique.

Photo : Gérard Pierre, membre de "Sauvons le climat" Bourgogne

 

Rappel : Débat sur la transition énergétique pour une loi de programmation 2013 -  29 nov. 2012 

 

Cet article est le 70ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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