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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 23:18

L’angoisse de l’après pic pétrolier pour les actionnaires

 

Selon la rédactrice de Money Week, Cécile Chevré, et la spécialiste des matières premières, Isabelle Mouilleseaux (publications Agora), il y aurait des réserves de pétrole pouvant se situer à 60 milliards de barils dans le sous-sol parisien. Encore faudrait-il pouvoir les ramener à la surface et, quand la surface, c’est Paris, il faut être conscient des défis technologiques à relever.

Une petite société texane aurait décidé de forer selon une technique nouvelle (le forage horizontal) qui permet d’atteindre des nappes qui sont en très grande profondeur et s’étendent sur de grandes longueurs mais de très faibles épaisseurs, parfois dispersées. Cette technologie sera-t-elle celle de l’avenir énergétique français ? Quels sont ses effets sur l’environnement ?

 

Dans l’immédiat, c’est la question du gaz de schiste qui est à l’ordre du jour (voir Gaz de schiste : des permis de prospection ont été délivrés en France - 24 février 2011). Des manifestations ont rassemblé des milliers de personnes (voir Mobilisation nationale contre le gaz de schiste en Ardèche (France-Info, 26 février 2011).

Ce 24 mars, à Montpellier, une réunion d’information est organisée par Jeudi de l'écologie 2012 sur « Gaz de Schiste : quels risques, quels recours pour les citoyens et quelles alternatives énergétiques ? »

 

Dans le n° 39 de La Lettre du Conseil scientifique d’Attac, en mars, on trouve une note d’information rédigée par Claude Pénit, ancien directeur de recherche au CNRS, qui pose le problème énergétique, globalement. En voici des extraits.

 

Le schiste comme source d'énergie : fausse solution

 

La ruée vers le gaz et le pétrole de schiste : fausse solution et modèle dépassé.

 

La mobilisation se développe dans le Sud de la France et dans le Bassin Parisien contre la prospection des hydrocarbures non conventionnels. Dans un contexte marqué par le pic pétrolier, cet engouement pour le gaz de schiste ressemble à la recherche désespérée d’une nouvelle source d’enrichissement des actionnaires des compagnies pétrolières.

 

Cette fuite en avant doit être refusée, non seulement à cause des risques qu’elle engendre pour les populations des régions concernées, mais aussi parce qu’elle retardera la transition nécessaire vers la sobriété énergétique et le développement des énergies renouvelables. Cette lutte se heurtera à des difficultés, liées la capacité des compagnies en cause à offrir des compensations substantielles aux communes et aux propriétaires des terrains concernés, dans un contexte de paupérisation et de désertification rurales.

La lutte contre l'exploitation des gaz et huiles de roche mère doit s'insérer dans une problématique globale, qui ne laisse de côté aucun des aspects de la crise écologique actuelle, changement climatique et protection de la ressource en eau d’abord, mais elle doit être aussi liée à la défense des services publics des régions rurales et au maintien de leurs ressources financières.

 

L'attribution de permis de recherche de gaz de schiste (ou gaz de roche mère) dans de larges zones du Sud de la France (Ardèche, Gard, Hérault, Aveyron et Lozère) en mars et avril 2010, passée inaperçue sur le moment, a déclanché depuis quelques mois la mobilisation des populations concernées. D'autres permis avaient été accordés en 2008 et 2009 pour la recherche d'huiles de schistes dans le Bassin Parisien, en particulier dans la Brie où de modestes gisements de pétrole conventionnel sont exploités depuis les années 1960. Là aussi, des collectifs d'opposants se sont constitués récemment, alors que des forages exploratoires ont commencé en Seine et Marne. De nombreux collectifs se sont constitués comme par exemple en Ardèche et leur coordination nationale est en cours d’organisation, en particulier à partir de la pétition « Gaz de Schiste Non Merci ».

 

La Ministre de l'écologie vient de décréter la suspension des projets de prospection et l'exploitation des gaz de schiste sur le territoire Français jusqu'aux résultats d'une étude des risques potentiels, attendus en juin 2011. Elle prétend répondre ainsi à l'opposition manifestée par les élus et les populations des régions concernées, en confiant une mission d'expertise au Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGIET) et au Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) qui, comme le rappelle Fabrice Nicolino sont respectivement les anciens Corps des Mines et des Ponts et Chaussées. Qu'attendre de ces « experts Mines-Ponts », responsables de la plupart des choix énergétiques et d'aménagement de la France comme le développement autoroutier et le tout nucléaire?

Dans le même temps se tenait à Paris, en toute discrétion, un « Sommet Européen sur les gaz non conventionnels », organisée par le lobby Energy Exchange avec pour sponsors toutes les compagnies gazières et pétrolières d'Europe regroupées dans Eurogaz (pour la France, Total, GDFSuez et EDF), ainsi que l'Institut Français du Pétrole.

 

Les hydrocarbures non conventionnels et leur extraction

Pour la définition des hydrocarbures non conventionnels, ainsi que pour la description détaillée des techniques d’extraction, de nombreux textes ont été publiés ces derniers mois. On se reportera au document du Centre Tyndall de recherche sur le changement climatique (Université de Manchester), critique, très détaillé et illustré mais en anglais, ou à la note de l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales) signée B. Weymuller et nettement favorable, mais en français.

 

Voici un résumé, forcément schématique, de la question.

Les hydrocarbures dont le charbon, le pétrole et le gaz résultent de la décomposition de dépôts sédimentaires végétaux (soit marins : algues et plancton, soit terrestres). Les premières étapes aboutissent à des gisements de surface de tourbe et de lignite. La tectonique des plaques a entraîné ces dépôts alluviaux à de grandes profondeurs sous la croûte terrestre et, sous l’effet des fortes pressions et des hautes températures qui y règnent, ils y ont poursuivi leur transformation en charbon, pétrole et gaz. Dans le cas des gisements conventionnels, pétrole et gaz, plus légers que les roches environnantes, remontent vers la surface jusqu’à être piégés dans des roches poreuses, sous des couches imperméables. Il suffit pour les extraire de forer un puits, et ils jaillissent en surface spontanément sous l’effet de la pression. Il n’en est pas de même pour les hydrocarbures non conventionnels. Ce terme regroupe divers types de gisements : gaz de schistes, huiles de roche mère, schistes et sables bitumeux, etc… Nombre d’entre eux sont déjà en exploitation comme les sables bitumeux dans le Nord-Ouest du Canada et le gaz de schistes (shale gaz) dans plusieurs états de l’Est et du centre des USA. Dans le cas des sables bitumeux, ce n’est pas l’accessibilité qui pose problème, puisque l’érosion les a fait affleurer en général à la surface, mais la transformation incomplète qui s’est arrêtée au stade de bitume très visqueux, voire solide à la température ambiante. Les sables bitumeux sont exploités à ciel ouvert, et sont rendus utilisables par chauffage.

 

Ce processus entraîne une dégradation catastrophique du paysage et de l’écosystème, et nécessite de grandes quantités d’énergie.

Dans le cas des gaz et pétrole de schiste, la roche mère, trop dense, a retenu les hydrocarbures à grande profondeur. Pour les exploiter, il ne suffit pas de forer, mais il faut aussi les « libérer » de la roche mère. La technique utilisée est la fracturation hydraulique, qui est déjà pratiquée pour pousser jusqu’au bout l’exploitation des gisements conventionnels. Un forage vertical à grande profondeur (3000 à 4000 m) est poursuivi par plusieurs forages horizontaux de plusieurs centaines de mètres de longueur. On injecte dans le puits de forage de grandes quantités d’eau sous forte pression, pour provoquer des fractures dans la roche. En plus de l’eau, le liquide injecté contient du sable, pour maintenir ouvertes les fractures, et divers produits plus toxiques les uns que les autres pour éviter le développement de bactéries et faciliter la circulation de l’eau. La plus grande partie de l’eau reste en profondeur, mais une partie variable remonte en surface et doit être stockée dans des réservoirs, avant retraitement ou réinjection dans un autre puits ou dans le même pour refracturation. Cette eau contient les produits initialement injectés, souvent très nocifs pour l’environnement, plus des polluants récupérés en profondeurs, comme des métaux lourds ou radioactifs, de l’arsenic, etc…

L’ensemble de l’opération doit être répétée dans la même région, un nombre variable de fois selon la taille du gisement. Bien entendu, et comme dans tous les cas de forage, les puits traversent les nappes aquifères, et doivent être rendus hermétiques par des gaines cimentées pour éviter les fuites.

On voit que l’exploitation des gaz et pétroles de roche mère n’est pas une petite affaire : elle est coûteuse, agressive pour l’environnement et fortement consommatrice d’eau. Mais il faut savoir que les réserves de ces hydrocarbures, sont potentiellement très importantes (…).

 

Comment lutter contre cette nouvelle offensive des multinationales pétrolières et gazières?

 

Étant donné la composition de la commission d’évaluation créée par la ministre de l'écologie, il est fort probable que des permis de forages d'exploration seront accordés. La preuve : CAP 21 nous apprend que le Conseil des Ministres du 19 janvier a approuvé une ordonnance modifiant le code minier en vue de « moderniser et simplifier les dispositions applicables aux exploitations minières en veillant à leur intégration dans l’environnement ». Selon CAP21, l’analyse de ce texte montre en réalité que le gouvernement a décidé de brader le sous-sol et ses ressources en simplifiant les procédures et sans prendre les garanties qui s’imposent. Il faut donc développer la mobilisation, déjà bien engagée dans les départements de l’Ardèche, le Languedoc, les Causses et les Cévennes, ainsi que plus récemment en Ile de France et en Picardie.

 

Comme l'écrit Hervé Kempf dans le Monde du 9 février 2011, « le gaz sert à se chauffer, à s'éclairer et à se nourrir. Or, indique la dernière note de conjoncture énergétique du Commissariat au développement durable, la consommation de gaz en France a augmenté de 3 % en 2010 (en données corrigées du climat) ». Le refus de l'exploitation des gaz de schiste doit donc être accompagné par la revendication d'une politique concertée et efficace de baisse de la consommation d'énergie et de priorité absolue au développement des énergies renouvelables. La cohérence nécessite alors d'évaluer les priorités et les alliances possibles. Il faut aller au-delà du mot d'ordre « Pas de ça chez nous! », qui risque d’entraîner des conflits, par exemple entre les propriétaires de résidences secondaires inquiets de voir diminuer la valeur de leurs biens et les paysans à la recherche de l’équilibre financier. Il n’est pas non plus très satisfaisant de voir se multiplier les forages dans les pays pauvres, ou dans lesquels la société civile est moins bien organisée, pour fournir la ressource aux pays qui auraient évité les forages chez eux.

 

En conclusion, la lutte contre l'exploitation des gaz et huiles de roche mère est juste, et s’insère dans une problématique globale, qui ne laisse de côté aucun des aspects de la crise écologique actuelle, changement climatique en tête, mais aussi dégradation des paysages, atteintes à la ressource en eau et à la biodiversité. Cette lutte est liée à la défense des services publics, démantelés et/ou en cours de privatisation, pour éviter la paupérisation et la désertification des territoires ruraux, propices aux fuites en avant du type de celle à laquelle nous assistons dans le cas des gaz de schistes. Il n’en reste pas moins que nous avons besoin d’énergie pour vivre bien, et que la phase de transition vers une société plus sobre ne fera pas dans un premier temps diminuer la consommation. La cohérence nécessite donc, en même temps que la mobilisation contre les foreurs à tout va, le soutien au développement des parcs d’éoliennes et centrales photovoltaïques, même si eux aussi entraînent des modifications pas toujours heureuses des paysages.

De même, le refus de l’extension du réseau autoroutier et des aéroports implique le soutien au transport ferroviaire des marchandises et des personnes, par l’extension et l’amélioration du réseau classique en priorité, mais aussi des lignes TGV.

 

Cet article est le 59ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 23:17

Technique pas sûre, résultat aléatoire, Borloo pas sérieux

 

Au vu des conditions dans lesquelles le gaz de schiste a commencé d’être exploité aux USA, on aurait pu s’attendre à ce que le gouvernement français ne se lance pas dans l’octroi de permis de prospection. Et, pourtant, c’est ce qu’a fait Borloo en 2010, au grand dam de la ministre actuelle de l’écologie.

 

Rappel : Gaz de schiste : après le Québec, des explorations ont lieu en France - 10 janvier 2011

 

Pour leurs fournitures en hydrocarbures, de plus en plus de pays se tournent vers l’extraction des gaz dits de schiste, une catégorie particulière de gaz naturel*. Une manne économiquement séduisante mais potentiellement dévastatrice sur le plan environnemental.

 

* Gaz naturel

Le gaz naturel est un combustible fossile qui se compose principalement de méthane. Ce mélange d’hydrocarbures trouvé naturellement sous forme gazeuse est issu de la désagrégation d’anciens êtres vivants. Sa combustion, elle, produit essentiellement du gaz carbonique et de la vapeur d’eau. Dans la mesure où il dispose de la meilleure efficacité énergétique de toutes les énergies fossiles du marché, le gaz naturel est depuis peu la deuxième source d’énergie la plus utilisée au monde, après le pétrole mais désormais devant le charbon.

Il existe plusieurs formes de gaz naturel  gaz associé, gaz biogénique, gaz de charbon, gaz conventionnel non associé (NDLR : la forme la plus exploitée de gaz naturel), gaz de schiste, hydrates, biogaz qui diffèrent selon l’origine, la composition et le type de réservoirs naturels dans lequel ils sont stockés. Source de conflits ou tout du moins de différends géopolitiques, notamment en Europe et dans les anciennes républiques de l’Union Soviétique, le gaz naturel est la principale ressource de la Russie, qui représente près du quart de la production mondiale, laquelle dépasse aujourd’hui les 3 000 milliards de mètres cubes.

Il y a actuellement dans le sud de la France le commencement d’explorations dont peu de personnes parlent. Dans le Gard, l’Hérault, la Lozère, l’Aveyron et l’Ardèche, trois permis exclusifs de recherche de gaz de schiste pour une future exploitation ont été accordés par le précédent ministre chargé de l’énergie, Jean-Louis Borloo (Jean-Louis Bianco, le 5 janvier, sur son blog).

 

José Bové : "L'Etat a décidé de l'omerta sur le gaz de schiste" (Le Monde, 21 janvier)

 

Le gaz naturel est exploité en allant chercher des nappes, des poches de gaz dans le sous-sol. En France, par exemple à Lacq, il y a eu une exploitation pendant plusieurs décennies de gaz naturel qui était dans les poches. Avec le gaz de schiste, le gaz est prisonnier dans la roche. Et pour l'extraire, il faut faire exploser la roche. C'est la technique dite de fracturation, qui se fait en injectant de l'eau sous très haute pression, additionnée de produits chimiques qui permettent d'ouvrir la roche. C'est donc suite à ces fracturations que du gaz peut s'échapper de cette roche. Pour extraire du gaz de schiste, il faut faire des forages très rapprochés, tous les 200 à 500 mètres (…).

 

Pour l'instant, les éléments d'étude proviennent des Etats-Unis, mais aussi du Canada. Aux Etats-Unis, notamment dans la région de Pennsylvanie, où ces gaz ont été exploités, et dans d'autres régions, on a vu à la fois des pollutions de nappes phréatiques par la technique de la fracturation, puisque les tuyaux de fracturation se sont lézardés, et l'eau sous très haute pression, chargée de produits chimiques et de gaz, s'est répandue dans les nappes phréatiques. Il y a aujourd'hui, dans certaines communes des Etats-Unis, des milliers de personnes qui n'ont plus accès à l'eau potable. Un des problèmes majeurs liés à cette pollution des nappes, c'est que les firmes pétrolières ont refusé de donner la liste des produits chimiques utilisés pour la fracturation au ministère de l'environnement des Etats-Unis, sous prétexte de brevet industriel. Ce qui pose évidemment des problèmes pour pouvoir évaluer les pollutions et les conséquences sur la santé publique (…).

 

Le débat n'a eu lieu ni à l'Assemblée nationale, ni au Sénat, ni au Conseil économique et social. Et quand les permis ont été signés, l'Etat ne s'est même pas donné la peine de prévenir les collectivités locales concernées. Ni les mairies, ni les conseils généraux, ni les conseils régionaux, ni les parcs régionaux, ni le parc national des Cévennes. L'Etat a véritablement décidé de l'omerta en espérant que personne ne réagisse. C'est aujourd'hui la seule analyse qu'on puisse faire, ou alors il faut dire qu'ils sont irresponsables et n'ont pas étudié le dossier.

 

Gaz de schiste : «Nous demandons l'abrogation des permis» (Libération, 9 février).

 

A la télévision : Complément d'enquête lundi 28 février à partir de 22h10 sur France2 (avec diffusion de Gasland, documentaire sur le gaz de schiste).

Lire aussi : Gaz de schiste: un permis passé inaperçu (France2, 23 février).

 

Campagne électorale : Les candidats écologistes ne se privent pas d’aborder ce sujet lors de leurs réunions publiques. Ainsi, dans le Gard, cette invitation à un débat à Saint-Christol-lez-Alès, samedi 26 février, à partir du film Gasland (Odile Veillerette Facebook : Soirée débat et forum sur les ENERGIES et le Gaz de Schiste).

 

Cet article est le 58ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 23:47

Une pétition a été signée par 120 000 citoyens québécois

 

Mon ami québécois (Facebook), directement concerné par les explorations de gaz de schiste, me signalait depuis quelque temps le danger écologique de l’exploitation de cette forme d’énergie.

Le gaz de schiste, nouveau poison ? | zegreenweb (13 décembre 2010).

 

Les couches de schiste, de par leur composition feuilletée, renferment d’importantes quantités d’hydrocarbures. Celles-ci ne manquent pas d’intéresser les géants du secteur…

Pour leurs fournitures en hydrocarbures, de plus en plus de pays se tournent vers l’extraction des gaz dits de schiste, une catégorie particulière de gaz naturel. Une manne économiquement séduisante mais potentiellement dévastatrice sur le plan environnemental.

A travers des slides interactifs, nos confrères d’Owni se sont attachés à montrer comment l’exploitation des gaz de schiste, sous son apparente simplicité, dissimule de graves dangers sanitaires pour la population.

Le principe de cette technique est assez basique. On commence d’abord par forer un puits pour atteindre une couche de roche appelée schiste, laquelle se situe entre 2 300 et 3 000 mètres de profondeur. Ledit schiste est ensuite consolidé avec des coffres en béton et on y place une charge explosive pour fracturer cette couche où se trouve justement le gaz. Reste ensuite à le faire remonter. C’est le rôle du liquide de fracturation, propulsé à 600 bars de pression dans le puits et qui doit pousser le gaz vers la surface.

 

Une recette aussi secrète que celle du Coca-Cola

Ce liquide suscite bien des interrogations, à plus forte raison parce qu’il est mis au point par la société Halliburton – dont les négligences dans la marée noire du golfe du Mexique ont été pointées par les experts. Le groupe livre sur son site la composition supposée de ce liquide – « du sable, de l’eau et de la pression » - et, à destination des curieux qui se demandent ce qui se cache derrière cette formulation un tantinet absconse, l’entreprise livre une liste d’ingrédients pas franchement moins évasive.

Car c’est sur le chemin de la remontée des gaz que les dégâts peuvent survenir. A chaque fracturation de la couche de schiste, pas moins de 7 à 15 000 m3 d’eau sont nécessaires – dans la composition du liquide – (!). Or la moitié tout au plus remonte à la surface. Des fissures peuvent par ailleurs apparaitre dans le coffre de béton, d’où des échappements de gaz et de liquide de fracturation qui se retrouvent ensuite dans les nappes phréatiques et dans les robinets des habitations…

Chaque fracturation s’accompagne aussi d’une séparation des gaz et de l’eau remontée à la surface. Les gaz recueillis sont alors séparés des autres composants dans un condensateur, ce qui occasionne la fuite de vapeurs d’hydrocarbures – dioxyde de carbone, monoxyde et dioxyde d’azote et autres gaz à effet de serre (GES). La gabegie écologique nécessite enfin la mise en place d’un ballet de centaines de camions, ce qui n’arrange en rien l’état de l’atmosphère…

Malgré tous les secrets et accusations qui tournent autour de cette technique, celle-ci semble promise à un bel avenir. Elle n’est, pour l’heure, que l’apanage de l’Amérique du Nord, mais un projet de prospection géant a été lancé depuis le début du printemps dernier en France, dans une zone s’étendant de Montélimar (Drôme) à Montpellier (Hérault)… Trois permis exclusifs ont été signés par Jean-Louis Borloo en personne pour explorer 10 000 kilomètres carrés de terres. Une « fleur » aux groupes français Total et à l’entreprise américaine Texan Schuepbach.

 

Montée des doutes

De l’autre côté de l’Atlantique, l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a esquissé un début de révolte en demandant à un producteur de gaz de schiste, Range Resources, de fournir de l’eau potable à de nombreuses personnes dans le Texas, en raison de la pollution de la nappe aquifère dans cette région, une responsabilité sans surprise rejetée par l’intéressé. Le Colorado, autre Etat où la technique se développe, voit de son côté son sol criblé de points blancs, symbolisant tous les puits de gaz de schiste qui se développent – à peu près un tous les 200 mètres !

Le Canada, lui, s’interroge sur la viabilité économique et écologique de cette invraisemblable entreprise. Les terres de l’Alberta, déjà mises à très rude épreuve avec les gisements pétroliers des sables bitumineux, n’échappent cependant pas à son extension. Alors que la population québécoise semble pencher en faveur d’un moratoire sur ce type d’exploration, le président de l’Association pétrolière et gazière du Québec, André Caillé, y est farouchement opposé. « Quand on parle de moratoire, c’est comme un moratoire dans le but de ne pas savoir ou de ne pas connaître », soutient celui qui, face à la contestation naissante, passe pour un très vilain petit canard.

Si cette technique s’étend dans nos contrées, elle ne manquera pas de transgresser quelques règles, le Grenelle de l’environnement ayant fixé pour objectif de « garantir l’approvisionnement durable en eau de bonne qualité propre à satisfaire les besoins essentiels des citoyens ». Un point capital qui entre en contradiction avec les pratiques des acteurs du gaz de schiste, ce à trois niveaux : l’utilisation de quantités astronomiques d’eau pour les différentes fracturations, la pollution des nappes phréatiques en raison des fissures et, plus localement, la sécheresse endémique qui frappe la Drôme et l’Ardèche. Le ministère de l’Ecologie en a lui-même convenu,  estimant que « l’approvisionnement en eau nécessaire à l’exploitation des gaz de schiste se posera à un moment ou à un autre ».

Difficile, compte tenu de tous ces éléments, de faire confiance aux acteurs de cette industrie néanmoins vouée à un développement rapide. Elle pourrait remettre en cause le leadership sur le marché du gaz de la Russie et du Moyen-Orient, voire « redessiner la carte du monde des hydrocarbures », ainsi que le prédit OWNI. Face à de tels enjeux, l’écologie sera-t-elle une nouvelle fois la grande oubliée ?

 

Pétition : Exploration et exploitation du gaz de schiste

 

La plupart des puits ont des fuites | Charles Côté | Gaz de schiste (Cyberpresse, 5 janvier 2011)

 

Les gaz de schistes en Europe: un laborieux démarrage qui se fait discret (Le blog des énergies nouvelles, Raymond Bonnaterre, 5 janvier 2011) 

 

Gaz de schiste : seuls les intérêts des firmes exploitantes privées semblent prévaloir  (Jean-Louis Bianco, 5 janvier 2011)

 

Il y a actuellement dans le sud de la France le commencement d’explorations dont peu de personnes parlent. Dans le Gard, l’Hérault, la Lozère, l’Aveyron et l’Ardèche, trois permis exclusifs de recherche de gaz de schiste pour une future exploitation ont été accordés par le précédent ministre chargé de l’énergie, Jean-Louis Borloo.

Ces autorisations ont été attribuées au groupe Total et à la firme américaine Schuepbach avec la plus grande discrétion sans que les populations et les élus des territoires concernés en soient informés.

Suite à d’importants accidents aux États-Unis et au Canada, des moratoires sur ce type d’exploitations très dangereuses ont été décrétés pour protéger les réserves d’eau potable et l’environnement.

Si l’exploitation du gaz de schiste peut être créateur d’emplois et permettre une plus grande indépendance énergétique, encore faudrait-il au minimum garantir la protection de l’environnement par une législation très stricte, un contrôle étatique de premier ordre et une limitation du zonage d’exploration. Or, à ce jour, seuls les intérêts des firmes exploitantes privées semblent prévaloir.

J’ai pour ma part saisi le gouvernement pour connaître l’avancement des recherches en France, leur coût précis, la manière dont le gouvernement compte y associer les élus et la population et surtout, l’ensemble des mesures de sécurité prévues pour garantir la protection de l’environnement.

 

Cet article est le 57ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 14:10

Economie d’énergie, énergie renouvelable et nucléaire

 

La conférence-débat sur la question énergétique était annoncée (voir MRC 17 : conférence à Saintes avec Gérard PIERRE sur les énergies - 20 septembre 2010 et MRC 17). Elle a eu lieu le 14 octobre.

Serge Maupouet, qui l’avait organisée, m’a transmis le communiqué diffusé à la presse*.

 

La conférence-débat « Quelles énergies pour demain ? » 

Un grand sujet, un large public, un débat de fond

 

La conférence sur la transition énergétique organisée à Saintes le 14 octobre 2010 par le MRC 17 (Mouvement Républicain et Citoyen de Charente-Maritime), a été suivie par de nombreux représentants de l’ensemble des partis de gauche ainsi que d’un mouvement gaulliste et républicain, des militants associatifs et des citoyens intéressés par la question énergétique. Plus d’une quarantaine de personnes étaient présentes dans la salle. conference-debat-energies---Gerard-PIERRE-tribune.jpg

 

Le conférencier, Gérard Pierre, Secrétaire national du MRC - dont Jean-Pierre Chevènement est le président d’honneur – a, dans un premier temps, fait le bilan des réserves actuelles et des difficultés d’approvisionnement à venir en fonction de l’accroissement de la population et des risques de changement climatique. Dans un second temps, l’ensemble des ressources énergétiques primaires a été développé en regardant les avantages et les inconvénients de chacune d’elles. Gérard Pierre a ensuite terminé son exposé en proposant des pistes pour passer au mieux la transition énergétique du 21ème siècle.

 

Le débat s’est engagé avec la salle. Il s’est d’abord situé entre les opposants de principe au nucléaire et ceux qui ne rejettent aucune forme énergétique a priori, puis s’est élargi (évocation de la loi NOME, de la Charge de Service Public d’Electricité, etc.). Le conférencier a conclu en rappelant que l’on ne pourrait pas continuer à consommer le mixte énergétique actuel au regard de l’épuisement prévisible des réserves, que les économies d’énergie étaient indispensables, que les énergies renouvelables ne pouvaient en aucun cas fournir à elles seules ni les énormes quantités d’énergie actuellement consommées, ni celles encore plus importantes qui le seront demain et, par conséquent, que la seule solution était de ne rien négliger : ni les économies d’énergie, ni les énergies renouvelables, ni le nucléaire.

 

* La correspondante de l’hebdomadaire Le Littoral a prévu de l’insérer dans l’édition du 22 octobre.

 

conference-debat-energies---Serge-MAUPOUET-tribune.jpgContact : Serge Maupouet mrc17@laposte.net - MRC 17

 

 

 

 

 

Cet article est le 56ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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20 septembre 2010 1 20 /09 /septembre /2010 21:13

Que de choses à dire sur la question énergétique !

 

Saintes-1-12-09-002.jpgC’est vraiment une réunion importante que Serge Maupouet et le MRC 17 organisent à Saintes le 14 octobre, avec la participation du spécialiste MRC sur les énergies, Gérard Pierre.

 

Serge Maupouet (au centre sur la photo)

Voir Conférence-débat sur la réforme territoriale à Saintes le 1er décembre  

 

Je renvoie aux articles qui concernent les déplacements de Gérard Pierre en Mayenne et en Loire-Atlantique, sur le même thème :

- Exposé de Gérard Pierre sur les énergies - rencontre CIVIQ 26 10 06 St-Berthevin - 21 avril 2007

- MRC 44 Energies : Gérard Pierre a présenté ses orientations à Nantes - 2 février 2010

 

Conférence-débat animée par Gérard PIERRE

« Quelles énergies pour demain ? »

Jeudi 14 octobre 2010 à 20h30

Auditorium salle Saintonge, rue Fernand Chapsal, SAINTES (17)

 

Energies Nantes G Pierre 290110 004Gérard Pierre

Secrétaire national du MRC en charge de l’énergie et de l’écologie

Président de la section Bourgogne de l’association « Sauvons Le Climat »

Professeur de physique émérite à l’université de Bourgogne

 

Pour la mise en bouche : Énergie en France (Wikipédia) et Politique énergétique de la France (rapport du Sénat). Mais aussi, les actes du colloque de la Fondation Res Publica (20 octobre 2008) Quelle politique européenne de l'énergie ?

 

Lu dans la presse

La politique énergétique de la France à la loupe (Le Monde, Hervé Kempf, 26 juillet 2010)

Elève appliqué, mais peut mieux faire : ainsi peut-on résumer le jugement que porte l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sur la politique énergétique de la France. Comme elle le fait périodiquement pour chaque pays membre, l'AIE a étudié la politique française. Elle publie ses observations lundi 26 juillet.

Les experts de l'AIE saluent la "continuité stratégique" de la politique française, marquée par la recherche de la sécurité des approvisionnements et une égalité de services sur tout le territoire. Ils louent le niveau modéré des émissions de gaz à effet de serre – un des plus faibles parmi les pays riches –, et les objectifs fixés par la loi sur l'énergie de 2005 : diviser par quatre les émissions en 2050 par rapport à 1990. L'Agence relève cependant plusieurs incertitudes (…).

Gros regain d'intérêt pour l'énergie nucléaire (Ouest-France, Yann Bessoule, 22 mai 2010)

Cinquante-six réacteurs sont en construction dans le monde entier. Les projets se comptent par centaines, et par centaines de milliards de dollars... Ce qui aiguise la concurrence.

Décrié, redouté, voire condamné, même s'il éclaire et chauffe bien des pays (plus de 15 % de la production mondiale d'électricité), le nucléaire fait, depuis quelques années, un retour en force (…).

A 50 ans, l'OPEP affiche puissance et incertitudes (Le Monde, JMichel Bezat, 15 septembre 2010)

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) vient de fêter ses 50 ans à son siège de Vienne.

 

Cet article est le 55ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 22:23

L'avenir de l'énergie nucléaire conforté par les décisions prises ?

  

L'actualité de la semaine est riche en informations sur l'énergie nucléaire. 

  

Lu dans la presse

 

L'Europe s'alarme de l'explosion du coût du réacteur à fusion nucléaire ITER (Le Monde, 28 juillet)

Iter : le conseil met la fusion thermonucléaire sur orbite  (Les Echos, 27 juillet)

 

L'Europe donne le coup d'envoi à l'énergie du futur (Les Echos, 27 juillet)    

 

La politique énergétique de la France à la loupe (Le Monde, 26 juillet)

 

 L'Elysée chapeaute une alliance entre EDF et Areva (Nouvel Observateur, 28 juillet)

  

EDF contre Areva : la victoire de Proglio sur Lauvergeon (Rue89, 28 juillet)

   

François Roussely : "Il faut retrouver le sens de l'intérêt commun" (Les Echos, 29 juillet)   

 

Ancien PDG d'EDF, aujourd'hui vice-président Europe de Credit Suisse, François Roussely connaît évidemment bien la filière nucléaire civile française sur laquelle il a remis un rapport à l'Elysée, rendu public mardi. Ce qui lui a valu de reprendre du service quand l'échec cinglant d'Abu Dhabi face aux Coréens a mis en évidence la nécessité de remettre de l'ordre dans la maison. Il explique aux Echos ses recommandations. Propos recueillis par DAVID BARROUX et ALAIN  RUELLO,  Les Echos

Comment la filière française du nucléaire civil a-t-elle perdu son excellence ?

Pour répondre, il faut se pencher sur les facteurs qui, il y a trente ou quarante ans, ont présidé à la constitution de cette filière. A l'époque, les entreprises concernées (CEA, Creusot Loire, et EDF) jouissaient d'un monopole, répondant à une demande uniquement nationale. Il en résultait une maîtrise du temps et d'importantes synergies, qui ont permis de construire jusqu'à 4 à 5 centrales par an, en respectant les délais et les budgets. Aujourd'hui, nous sommes dans un univers où plus personne n'a de monopole. De plus, la technologie a évolué, et permet d'allonger la durée de vie des centrales en France, comme aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. La renaissance du nucléaire est portée par l'international dans des pays allant de la Chine à l'Inde, du Vietnam à la Jordanie,…

... la France s'est endormie sur ses lauriers en résumé ?

La France n'a pas mesuré toutes les conséquences de la transition d'un marché où la demande est nationale à un marché où la demande est internationale et concurrentielle. Elle doit donc adapter ses structures, et son offre technologique.

Comment ?

L'Etat doit renforcer son rôle dans l'organisation de la filière nucléaire française, dans la nouvelle donne internationale. Pour l'Etat, l'énergie est toujours une priorité stratégique. Il lui faut donc une structure dédiée, regroupant l'ensemble des compétences nécessaires, pouvant être un ministère. Par ailleurs, le conseil de politique nucléaire instauré par le Président de la République pourrait se substituer à bien des conseils existants. Il faut ensuite disposer d'une structure qui recense et qualifie les besoins nucléaires dans le monde, sans préjuger de la suite, c'est à dire de savoir qui répondra et comment aux appels d'offres. Cette structure regrouperait tous les acteurs de la filière, privés ou publics.

Et du point de vue industriel ?

L'industrie nucléaire doit être regroupée autour de ses champions nationaux. Il faut confirmer EDF comme architecte-ensemblier de l'Equipe de France. La France jouit d'une position exceptionnelle : quand Areva vend un réacteur, elle vend sa technologie mais aussi l'expérience d'un électricien qui exploite 58 réacteurs, de même nature depuis des années. Cette expérience d'exploitant d'EDF est un élément dont on ne peut pas se priver. L'intégrateur de l'offre française ne peut donc être que celui qui apporte ce retour d'expérience.

Et pour Areva, dont certains voulait remettre en cause le modèle intégré : de l'extraction du combustible à son retraitement en passant, évidemment, par la construction des îlots nucléaires ?

Le modèle «intégré» constitue une référence que les concurrents entendent imiter. D'ailleurs, l'immense majorité des auditions ont confirmé les valeurs de ce modèle. L'ouverture du capital des actifs miniers d'Areva mérite néanmoins d'être étudiée avec attention (lire ci-contre). Cela ne dispense pas Areva de continuer à élargir sa gamme de réacteurs, comme elle le fait avec Mitsubishi pour l'Atmea (réacteur de moyenne puissance, NDLR).

Votre recommandation de créer un « partenariat stratégique » entre EDF et Areva suscite beaucoup de déception, par manque de concret. Comment l'imaginez vous ?

EDF est le premier client d'Areva qui est le premier fournisseur d'EDF. L'univers du nucléaire civil français doit être celui de la complémentarité forte entre ceux qui construisent l'îlot nucléaire, ceux qui fournissent les éléments conventionnels, ceux qui assurent le génie civil, ou encore ceux qui développent les systèmes électroniques de contrôle et de supervision. Les équipes des deux entreprises savent bien, que le succès réside dans leurs réalisations concrètes à travers le monde.

Ils ont eu tendance à l'oublier ?

Les liens entre les deux groupes se sont distendus au cours des dernières années. EDF a cherché à diversifier ses fournisseurs, Areva à développer ses ventes à l'étranger. Dans la situation passée de monopole, peut-être la vision partagée de l'intérêt général constituait-elle un ciment entre les industriels. Aujourd'hui, l'univers éclaté dans lequel nous évoluons a pu laisser croire à chacun qu'il avait une carte à jouer indépendamment des autres. L'appel d'offres d'Abou Dhabi a servi de révélateur tardif de cet état. Les acteurs qui ont besoin de se retrouver entre eux, en Chine par exemple.

Doit-on geler la construction du second EPR de Penly le temps de tirer toutes les conséquences des chantiers de Flamanville, Olkiluoto, et Taishan ?

Non, mais il faut porter une attention soutenue au retour d'expérience, même si tout ne peut pas être transposé d'un projet à l'autre. On a sans doute un peu tardé à tirer les enseignements des projets en cours. Le calendrier prévu des réacteurs de Penly et en Grande-Bretagne sont parfaitement compatibles avec un retour d'expérience mené conjointement par Areva et EDF.

Concrètement, comment faire en sorte que les deux entreprises réapprennent à travailler ensemble ? Faut-il aller jusqu'à faire d'EDF l'actionnaire industriel de référence d'Areva ?

Je propose d'approfondir la coopération sur tous les projets communs, comme à Flamanville, dans un souci de standardisation de l'EPR. Il faut retrouver le sens de l'intérêt commun et porter à l'optimum l'offre industrielle. C'est ce qui ressort des décisions du Président de la République, qui ouvrent notamment la question d'un renforcement d'EDF au capital d'Areva. Pour simplifier le fonctionnement de l'équipe de France du nucléaire, il faut en aligner les intérêts.  

Voir aussi Le rapport Roussely et Le rapport Roussely contrarie les ambitions de GDF Suez   

 

Cet article est le 54ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

 

 

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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 11:40

 

Une énergie renouvelable, sans déchet ni pollution

 

Dans un premier article paru, hier, sur l’énergie éolienne, j’indiquais que cette énergie, appelée à se développer, fait face à des vents contraires ou, pour le moins, à des demandes de clarification des conditions dans lesquelles son développement pourra se réaliser.

 

Gérard Pierre, qui fait partie des sceptiques, y voit un intérêt seulement dans le cas où elle permet de produire de l’électricité à la place des centrales à charbon ou à gaz, diminuant ainsi les gaz à effet de serre. Voir Gérard Pierre et l'énergie éolienne : oui, mais pas d'intérêt en France -19 avril 2010. 

 

Michel Lemosquet, qui est favorable à l’énergie éolienne car elle permet de réduire la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité en France, m’a transmis le texte qu’il avait adressé en réponse aux questions du quotidien Ouest-France, le 4 février 2010.

 

Rappel : son nom et celui de Gérard Pierre évoquent la rencontre CIVIQ à Saint-Berthevin sur les énergies (voir Echos de la rencontre CIVIQ du 26 octobre à Saint-Berthevin - 27 octobre 2006 et Exposé de Michel Lemosquet sur les énergies - rencontre CIVIQ St-Berthevin - 21 avril 2007).

 

Voici le point de vue de Michel Lemosquet.

 

L’ÉOLIEN : UNE ÉNERGIE PROPRE ET DURABLE

 

POURQUOI ÊTES-VOUS FAVORABLE AUX EOLIENNES ?

 

Parce que c’est une énergie propre, renouvelable et décentralisée. Contrairement aux modes de production d’électricité utilisant du combustible, l’énergie éolienne n’émet ni déchet, ni pollution, ni gaz à effet de serre. Elle n’utilise que la force du vent inépuisable, propre et gratuite. C’est une production locale qui évite le transport du combustible, réduit le transport de l’électricité et la déperdition d’énergie liée à celui-ci. Elle contribue à l’amélioration de l’autonomie et de la sécurité d’alimentation ainsi qu’à l’indépendance énergétique.

 

POURQUOI N’EST-CE PAS DANGEREUX POUR LA SANTE ?

 

Les éoliennes modernes présentent des niveaux sonores difficilement perceptibles et sont de toute façon installées à au moins 400 m des habitations. La loi française sur le bruit (la plus contraignante du monde) n’autorise pas l’émergence de plus de trois décibels la nuit par rapport au niveau sonore ambiant.

En outre, la tension en sortie d’éolienne est de 700 volts. Les champs électromagnétiques, proportionnels à la tension et à l’intensité du courant, sont infimes par rapport à une ligne THT de 400 000 volts, par exemple.

 

CELA NE FAIT PAS BAISSER LE PRIX DE L’IMMOBILIER ?

 

Toutes les enquêtes faites sur la valeur de l’immobilier (récemment une étude de l’association des notaires) démontrent qu’en règle générale et en moyenne, il n’y a pas dans le temps une influence sur la valeur de l’immobilier. Il existe même un public très favorable pour qui l’éolien est un plus. 

 

POURQUOI NE PAS LES CONSTRUIRE DANS LES FRICHES INDUSTRIELLES ?

Parce qu’on ne construit pas d’éoliennes n’importe où et que la législation est très stricte, il y a des distances à respecter pour veiller à une certaine insertion paysagère, aux possibilités de raccordement, aux activités de proximité etc.

 

PUISSANCE ET RENDEMENT

 

Les éoliennes tournent 2 300 heures par an, à pleine puissance mais tournent 85 % du temps à puissance variable. Leur capacité de production est élevée. Les plus grosses, celle de 3 mégawatts, fournissent plus de 7 millions de kilowatt/heures par an, ce qui correspond, pour reprendre l’exemple pervers des fers à repasser, à 800 fers à repasser de 1 000 Watts de puissance, tournant 24 heures sur 24, 365 jours par an et plongés dans un congélateur ! c’est à dire une situation de délire :« 800 fers à repasser ou aspirateurs x 1 KW de puissance x 8 760 heures par an = 7 millions de kilowatt/heures par an ».

Plus sérieusement, la communauté de communes de Bais consomme en tout 35 millions de kilowatt/heures d’électricité par an. 7 éoliennes de 2 MW suffiraient à couvrir cette consommation. Avec 80 éoliennes réparties au mieux sur le département, on pourrait couvrir 20% de la consommation électrique mayennaise.

 

NUCLÉAIRE ET ÉOLIEN

 

Selon RTE, la consommation électrique totale française a été de 486 TWH en 2009 (moins 1,6 % par rapport à 2008). L’éolien produit aujourd’hui 15 TWH, ce qui fait 3 % de la consommation totale. Si l’objectif du grenelle de l’environnement est atteint en 2020, soit 25 000 MW(19 000 MW éolien on shore + 6 000 éolien off shore), l’éolien représentera 15 % et ne coûtera rien aux citoyens puisque le prix de marché dépassera le prix de rachat par EDF.

A puissance égale, l’éolien crée moitié plus d’emplois que le secteur nucléaire.

La majorité des pays de la planète ne construisent plus de réacteurs nucléaires car ils sont trop chers, trop longs à construire et les réserves de leur combustible, l’uranium, seront épuisées avant un siècle.

Mais l’inconvénient majeur du nucléaire reste ses déchets, dont on ne sait que faire et dont le stockage reste très onéreux et dangereux. Le nucléaire n’est pas reconnu dans le développement durable car il fait peser des risques trop importants pour les générations futures.

 

La Chine développe massivement l’éolien et le nucléaire y reste marginal. (9 000 MW éoliens installés en 2009). L’Allemagne ne revient pas sur la sortie du nucléaire et nous vend beaucoup plus d’électricité que nous lui en vendons. Le solde négatif est de plus de 10 TWH. Elle a déjà atteint le niveau français, objectif du grenelle 2020, soit 25 000 MW installés.

Les Etats-Unis ont développé plus de 10 000 MW éoliens en 2009.

La Grande-Bretagne prévoit de couvrir la consommation de tous ses foyers par l’énergie éolienne en 2020. L’Espagne a enregistré un record de production d’électricité par éoliennes, en raison de forts vents, fournissant la moitié de l’électricité totale produite. (AFP nov. 2009).

 

Le nucléaire fait beaucoup d’annonces mais peu de réalisations (hormis l’EPR de Finlande et de Flamanville). En 2008 et 2009, c’est la filière éolienne qui a installé le plus de puissance électrique au monde (60 000 MW installés).

La France est le seul pays de la planète où le nucléaire fournit les 3/4 de notre électricité. Tout le monde reconnaît aujourd’hui, qu’il faut faire évoluer notre mixe énergétique, vers moins de nucléaire et plus d’énergies propres et renouvelables. Toutes les énergies renouvelables sont complémentaires et doivent trouver leur place aujourd’hui : l’hydraulique, la biomasse, l’éolien, le solaire, la cogénération. Mais aussi toutes les économies d’énergie sont des leviers indispensables pour répondre à la fois à la raréfaction des ressources fossiles et aux émissions de gaz à effet de serre.

En outre, la prolifération du nucléaire est reconnue menaçante pour la Paix. Cela constitue un problème majeur aujourd’hui.

 

En conclusion, la majorité de la population est favorable aux éoliennes. La campagne n’est pas uniquement un lieu de villégiature, c’est aussi un espace de développement économique et social.

 

Cet article est le 53ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

 

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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 20:09

 

L’éolien a de l’avenir mais à certaines conditions

 

L’énergie éolienne fait partie des énergies renouvelables. De ce fait, elle est appelée à prendre une part plus importante dans la production d’énergies.

 

Un titre de Ouest-France, en page Pays de la Loire, le 26 mars 2010, était très clair en ce sens « L’énergie éolienne régionale appelée à forcir. L’Etat veut booster l’éolien en Pays de la Loire. Le terrestre, mais aussi l’offshore, au large des îles d’Yeu et Noirmoutier ».

Mais, le 31 mars, dans le même quotidien, un autre titre, en page nationale cette fois, sous la signature de Paul Burel, était beaucoup moins favorable :

Des vents contraires soufflent sur les éoliennes

« La mission menée par le député UMP Patrick Ollier appelle à un lourd encadrement des installations. Cela risque de faire grincer quelques dents, pas seulement chez les Verts ».

 

Cette question est traitée avec un autre regard sur le site Rue89 par Lucie Crisa, le 1er avril.

Rapport Ollier : les éoliennes en mer sont-elles la solution ?

 

Quel est le regard de Gérard Pierre, spécialiste des énergies à « Sauvons le climat » et au MRC ? Je lui ai demandé, après avoir reçu le texte d’un entretien que Michel Lemosquet avait accordé à Ouest-France en février. Ces deux noms évoquent la rencontre CIVIQ à Saint-Berthevin sur les énergies (voir Echos de la rencontre CIVIQ du 26 octobre à Saint-Berthevin - 27 octobre 2006 et l’Exposé de Gérard Pierre sur les énergies - rencontre CIVIQ 26 10 06 St-Berthevin - 21 avril 2007).

Voir aussi MRC 44 Energies : Gérard Pierre a présenté ses orientations à Nantes - 2 février 2010  

 

Gérard Pierre et Michel Lemosquet s’opposaient sur l’énergie nucléaire en 2006. Ils s’opposent sur l’énergie éolienne en 2010. Voici d’abord le texte de Gérard Pierre (celui de Michel Lemosquet suivra dans un second article).  

Energies Nantes G Pierre 290110 004L’énergie éolienne

 

L’énergie éolienne a été largement utilisée en Europe entre le dixième siècle et l’ère industrielle, principalement pour moudre le grain et pour pomper de l’eau. Le développement de la machine à vapeur et plus tard de l’électricité a amené le déclin de ce type d’énergie car elle était dépendante du vent. La marine à voile a été remplacée par la marine à vapeur pour les mêmes raisons.

            Le développement de l’éolien pour produire de l’électricité est venu du Danemark et surtout d’Allemagne avec l’arrivée des « Grünen » (Verts) dans la coalition gouvernementale et surtout le choix politique de sortie du nucléaire. C’est surtout grâce à des tarifs fortement subventionnés, fondés sur son image vertueuse et l’espoir que son développement industriel abaisse suffisamment les coûts, qu’elle s’est développée. Elle se développe maintenant en France malgré la faible consommation d’énergies fossiles du pays pour produire son électricité.

Le kWh éolien coûte plus cher à produire que celui des énergies hydraulique, nucléaire ou fossile. La partie principale du coût est dans la machinerie elle même (75 % selon l’ADEME). Pour des installations terrestres, elle se situe entre 5 et 8 c€/kWh contre 3 c€ pour le nucléaire français et 4 à 6 c€ pour les centrales à gaz ou à charbon. Pour des installations en mer, le coût du kWh est plutôt de l’ordre de 13 c€. A l’exception du photovoltaïque, c’est le mode de production d’électricité le plus coûteux.

Au niveau mondial, l’électricité est produite à 66,2 % par les fossiles, 15 % par le nucléaire et 18,8 % par le renouvelable. Cette production d’électricité par l’énergie renouvelable est assurée à 89 % par l’hydraulique, 5,7 par la biomasse, 3,5 % par l’éolien, 1,7 % par la géothermie et 0,2 % par le solaire.

L’énergie éolienne est très dispersée, diluée et de plus intermittente. Sa densité est extrêmement faible, moins de 0,02 TWh/an/km2, alors qu’une centrale thermique solaire présente une densité de 10 TWh/an/km2, soit 500 fois plus.

La puissance moyenne délivrée ne représente que 20 à 30 % de la puissance installée des éoliennes situées dans les terres et 40 à 50 % pour celles qui sont installées en mer. Elles ne produisent qu’avec des vents dont la vitesse est comprise entre 25 et 90 km/h.

Les principaux défauts de l’énergie éolienne proviennent de ce que :

·         son coût élevé, exige actuellement d’importantes aides publiques.

·         les fluctuations de ce type d’énergie peuvent être acceptées par le réseau à condition qu’elles restent dans des limites raisonnables (quelque % de la production totale).

·         l’intérêt écologique de la réduction des émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) est limité dans un pays disposant d’une production peu émettrice.

Le Danemark est le pays où la part de l’éolien est la plus grande. Depuis 2003, elle atteint 15 %, date à laquelle cette production s’est stabilisée suite à la suppression des subventions.  Il faut noter que cette production est adossée à l’hydraulique norvégienne qui assure par sa souplesse la continuité de la production. La part de la production éolienne de l’ensemble des pays de la plaque scandinave est plutôt de l’ordre de 4 à 5%. Les plus optimistes considèrent que la part de l’éolien peut passer la barre des 10 %. Il est couramment admis que la France ne pourra pas dépasser les 5%.

En Allemagne, au Danemark, l’énergie éolienne contribue à diminuer les rejets de gaz à effet de serre, car ces pays utilisent principalement les fossiles pour produire leur électricité et dans ce cas chaque kWh produit par les éoliennes contribue à diminuer les émissions de GES. Il n’en est pas de même en Suède ou en France où l’électricité est produite avec très peu d’émission de GES grâce à l’hydraulique et au nucléaire.

Il est important de réaliser les implantations d’éoliennes dans des zones ventées comme la façade atlantique, la façade méditerranéenne ou la vallée du Rhône, où de plus il existe des régimes de vents fortement décorrélés.

A ses débuts, le développement marginal de l’éolien, pour lequel aucune contribution aux réglages de la fréquence et de la tension n’était exigée, ne posait pas de problèmes en cas de perturbation sur le réseau. L’éolien s’effaçait et se recouplait au réseau après les défauts constatés. Il ne pouvait pas perturber un réseau surpuissant. La situation a changé en Allemagne et au Danemark où l’on perçoit maintenant une limite à la capacité d’accueil de l’énergie éolienne par le réseau.

Dans les rapports des transporteurs et des régulateurs d’électricité (UCTE et CRE), la panne du 4 novembre 2006 est due au non respect par les opérateurs « E.O.N. transport » d’une règle d’anticipation de la situation dite N-1 qui les a amenés à couper une ligne HT sans avoir mesuré toutes les conséquences sur la surcharge d’autres lignes, entraînant des déclanchements en domino par leur protection de surintensité ; une légère baisse de fréquence amena ensuite l’effacement des éoliennes de l’Ouest par leur propre protection jusqu’aux éoliennes espagnoles, privant le réseau de leur apport d’énergie et accentuant ainsi cette baisse de fréquence, jusqu’à le rupture du synchronisme entre Ouest et Est. Les rapports montrent bien que, si la cause ne vient pas de la production éolienne, celle-ci est inutile pour assurer la stabilité du réseau en cas de problèmes mais, au contraire, amplifie les problèmes.

 

En conclusion, une production limitée d’énergie électrique d’origine éolienne est utile dans les pays où l’électricité est produite avec du charbon ou du gaz, car la production éolienne, en se substituant aux centrales utilisant les fossiles, conduit à moins rejeter de gaz à effet de serre.

En France en revanche, l’énergie éolienne n’est que très peu verte car elle ne diminue guère nos émission de gaz à effet de serre. L’essor actuel et prévu de l’éolien ne constitue pas ni une voie efficace ni économique dans la lutte contre l’effet de serre et de plus elle coûte cher. Le surcoût actuel de la production éolienne que l’on trouve sur la facture d’électricité EDF sous la dénomination CSPE (Contribution au Service Public d’Electricité) qui est actuellement de l’ordre de 5 à 6 % du coût du kWh acheminé, conduirait en fin de programme éolien à une majoration du tarif domestique de l’ordre de 20 %. Ce qui justifie la déclaration de M. Marcel BOITEUX, ancien président d’EDF : « Il ne s ‘agit plus d’ouvrir la concurrence pour faire baisser les prix, mais d’élever les prix pour permettre la concurrence ! » Il y a sans aucun doute mieux à faire.

 

Une information plus complète peut-être trouvée sur le site de l’académie des technologies. Voir 10 QUESTIONS A GILBERT RUELLE SUR L’ÉOLIEN, UNE ÉNERGIE DU XXIE SIECLE ?

 

Cet article est le 52ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

 

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 22:49

L’Europe exige toujours plus de concurrence

Dans son intervention en séance du Conseil national du MRC, ce 28 mars, Jean-Pierre Lettron (MRC 92) s’est référé au communiqué publié sur le site du MRC, concernant le projet de loi sur la Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité (NOME). Voici ce texte de Gérard Pierre, mon collègue chargé de l’environnement et de l’énergie. Energies Nantes G Pierre 290110 004

Non à la spéculation sur l’électricité

Le gouvernement présentera après les régionales un projet de loi sur la Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité (NOME). Ce projet de loi vise à répondre favorablement aux injonctions de la Commission Européenne pour établir en France un marché de l’électricité plus concurrentiel qu’il ne l’est actuellement.

Pour satisfaire l’Union Européenne, le gouvernement veut contraindre légalement l’opérateur historique à rétrocéder à des entreprises concurrentes une partie très importante de sa production à prix coûtant. Ainsi « Electricité De France est tenu de conclure des contrats de vente d’électricité, à des conditions représentatives des conditions économiques de production de l’électricité par ses centrales nucléaires situées sur le territoire national avec les fournisseurs d’électricité qui en font la demande. » Le volume global maximum pourra être de 120 térawattheures soit environ le quart de la production totale d’EDF.

Les prévisions faites par les services de l’Etat dans les études sur les coûts de référence montrent que la production de base dont le MWh est le moins cher est celle du nucléaire, dont la valeur varie de 30 à 55 € le MWh, suivant que l’on prend comme référence les centrales existantes ou le nouvel EPR. Cette proposition si elle était votée, donnerait aux bénéficiaires des contrats une manne financière considérable. Le MWh étant vendu au consommateur d’électricité en France de l’ordre de 78 €, c’est un cadeau de plus de 2 milliard d’€ par an que l’Etat s’apprête à faire aux compagnies privées concurrentes alors qu’elles n’auront fait aucun investissement. C’est également un marché concurrentiel purement artificiel qui attirera des traders français mais également étrangers qui seront séduits par des bénéfices qu’ils n’auront nullement l’intention d’investir dans des unités de production, et qui feront leur profit en revendant l’électricité achetée à bas coût en France pour la revendre principalement à l’étranger avec un bénéfice maximum. C’est surtout, pour EDF, une diminution de sa capacité financière à un moment où il doit faire de nombreux investissements pour assurer la transition énergétique imposée par la raréfaction des ressources pétrolières et gazières, l’augmentation de la consommation d’électrique, ainsi qu’à terme le renouvellement de ses centrales.

Ce projet, s’il était adopté dans sa forme actuelle ("Avant projet de loi de réforme du marché de l’électricité"), est très dangereux, car il remet en cause la capacité à satisfaire dans l’avenir les besoins énergétiques de notre pays et les conséquences sur les prix ne se feront pas attendre.

Voir aussi, ce 28 mars, sur le site du Figaro : Concurrence : EDF impose ses conditions


Depuis plusieurs semaines, toute la filière énergétique en France vit au rythme de l’avancée du projet de loi dédié à la nouvelle organisation du marché de l’électricité, dite loi Nome. Son objectif ? Encourager la concurrence, à travers la cession par EDF d’une quantité importante, et surtout à des prix attractifs, de son énergie d’origine nucléaire. La trajectoire vient brutalement de s’accélérer, puisque le texte vient d’être transmis au Conseil d’État.

Le dossier est crucial et cristallise bien des tensions. À peine arrivé à la tête d’EDF, son nouveau président, Henri Proglio, a d’ailleurs fait part de sa très vive opposition au projet de loi. Pas question pour lui que l’entreprise publique «subventionne» les autres opérateurs. Mais François Fillon, qui s’était engagé par écrit auprès de Bruxelles en faveur d’une concurrence accrue sur le marché français, a tenu bon.

Après l’examen par le Conseil d’État, le texte devrait être présenté en Conseil des ministres en avril, puis arriver devant le Parlement pour un vote avant l’été. Toutefois, la loi ne sera pas appliquée avant le 1erjanvier 2011: dans l’intervalle, des arrêtés viendront étayer le dispositif. EDF devra mettre à disposition de ses concurrents environ un quart de sa production d’origine nucléaire soit 20% de l’électricité produite en France. À quel prix? Toute la question est là.

Pour les fournisseurs alternatifs, ce prix doit absolument être compétitif, sous peine de rendre caduque la réforme. Autrement dit, cet «accès régulé à la base» que va permettre EDF doit, selon eux, correspondre à la part de la production nucléaire dans les prix réglementés de l’électricité. Celle-ci s’élève aujourd’hui à environ à 34euros le mégawattheure.

En revanche, d’après EDF, le prix retenu doit aussi intégrer les investissements nécessaires à l’entretien et au développement de son parc de centrales. Et par conséquent être fixé à un niveau plus élevé.

Après ses tout derniers échanges avec les pouvoirs publics, l’opérateur historique semble avoir été entendu. Le prix de cession pourrait être supérieur à 40euros le mégawattheure. Même si les discussions vont se poursuivre et si la loi n’établit que les grands principes de la réforme sans fixer précisément les prix, EDF s’en tire plutôt bien. Des experts ont déjà fait les calculs: à partir de 38euros le mégawattheure, la nouvelle organisation du marché de l’électricité s’avère profitable pour l’entreprise publique.

Cet article est le 51ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 23:29

Entre l’homme et la nature, à qui le dernier mot ?

 

Dans la nuit du 27 au 28 février, il s’est produit un phénomène météorologique extraordinaire, combinaison d’une forte tempête dénommée Xynthia, d’une marée et d’une dépression à l’ampleur exceptionnelle. Au-delà des prévisions de la météo nationale.

Marie Piquemal, le 2 mars dans Libération - voir «On ne va pas fuir à chaque tempête !» - rappelait les indications de Météo France :

«Tempête d'une ampleur et d'une intensité peu communes qui nécessite une vigilance particulière, même si cette tempête devrait être moins forte que celles de décembre 1999». Samedi, 16 heures, Météo France émettait un bulletin d'alerte, plaçant quatre départements en vigilance rouge: la Charente-Maritime, la Vendée, les Deux-Sèvres et la Vienne (…).

«Rester chez vous dans la mesure du possible»

En diffusant son alerte rouge samedi, l'institut météorologique rappelait les conseils de prudence et conséquences possibles, préétablis par le ministère de l'Intérieur. En l'occurrence : «Rangez les objets exposés au vent», «Restez chez vous dans la mesure du possible» «évitez toute activité extérieure», «des dégâts importants sont à attendre»...

Sauf que, souligne Béatrice Lagarde, sous-préfète des Sables-d'Olonne, interrogée par le Figaro, «le bulletin égrainait la liste habituelle des dangers sans mettre un accent particulier sur les risques d'inondations». Si l'alerte rouge portait sur les «vents violents», Météo France précisait bien un risque d'«élévation temporaire du niveau de la mer, pouvant submerger certaines parties littorales.»

«Personne ne pouvait prévoir une tempête de cette ampleur. Météo France a certes lancé l'alerte pour des vents violents et une mer agitée, mais on ne pouvait pas penser que les vagues allaient déplacer 800kg de rochers, et inonder des quartiers même pas classés en zone inondable», explique Serge Kubryk, maire de La Tranche-sur-Mer qui compte 2600 habitants l'hiver et 100 000 l'été.

«Il faut arrêter avec cette volonté de tout maîtriser»

Fallait-il évacuer les populations ? «On ne va pas fuir à chaque tempête ! Sinon, on ne vivrait pas au bord de la mer..., répond Louis Guérin, maire des Sables-d'Olonne. C'est le même raisonnement que de dire je ne prends pas la voiture parce qu'il y a 5000 morts sur les routes par an. Il faut arrêter avec cette volonté de tout maîtriser. On peut pas tout prévoir... Il n'y a que les Parisiens pour croire ça. Des vents à 120 km/h et une mer agitée comme samedi, cela arrive six fois par an !» Un brin agacé par cette controverse «qui n'a pas lieu d'être», il ajoute: «Cette tempête rappelle qu'il faut rester humble et modeste face aux éléments, face à la mer. L'heure n'est pas à la polémique, mais à la solidarité avec les familles des victimes.» (…)


La Faute-sur-Mer, assommée par la tragédie
(Ouest-France, Benoît Guérin, 2 mars)

Avec vingt-quatre morts, la petite commune vendéenne est celle qui a le plus souffert du passage de la tempête Xynthia. Piégés par les eaux, ses habitants prennent la mesure du cauchemar. « C'est comme une autre planète. » Rien à voir, en tout cas, avec les paysages habituels de La Faute-sur-Mer. Vingt-quatre heures après le passage de Xynthia, cette commune vendéenne est la principale victime de la tempête.

Coincée entre l'Atlantique, juste derrière la dune, et la capricieuse rivière du Lay, La Faute a été prise dans un étau. Piégée par la tempête d'un côté et une crue incontrôlée de l'autre. Vingt-quatre personnes y ont trouvé la mort. Vue du ciel, elle est devenue une gigantesque cuvette. À hauteur d'homme, c'est une cité meurtrie. Certains de ses quartiers ne sont accessibles qu'en bateau (…).

La Faute-sur-Mer et L’Aiguillon, victimes d'une urbanisation galopante (Le Monde, 2 mars)

Le développement des deux communes vendéennes a commencé dans les années 60 et s'est poursuivi à un rythme effréné depuis. L'urbanisation galopante de La Faute-sur-Mer et de L'Aiguillon-sur-Mer, les deux communes de Vendée les plus touchées par la tempête Xynthia, a commencé dans les années 1960 et s'est poursuivie à un rythme effréné jusque dans les années 1990 (…).

La mer, le risque (Le Monde, édito, 2 mars)  

Après la tempête qui a ravagé les côtes de Charente-Maritime et de Vendée, causé la mort d'au moins 51 personnes et provoqué des dégâts considérables, le temps est évidemment au deuil et à la solidarité. Pas aux "polémiques inutiles", comme l'a recommandé le chef de l'Etat. Restons-en donc aux questions utiles : ce drame est-il "incompréhensible", selon le mot de M. Sarkozy ? Etait-il prévisible ? Pouvait-on le prévenir ?

 

Chaque désastre naturel - de Vaison-la-Romaine, en 1992, à Sommières, en 2002, en passant par la baie de Somme en 2001 - est déclenché par une conjonction exceptionnelle de phénomènes climatiques : en l'occurrence, des pluies très abondantes, des vents violents et l'élévation extraordinaire du niveau de la mer due à de très fortes marées. Comme à chaque fois, il y a là une part d'imprévisible.

 

Mais la fatalité n'explique pas tout. Les risques pris par l'homme sont évidents. En dépit de la loi Barnier de 1995, qui instaure les "plans de prévention des risques", théoriquement obligatoires et contraignants pour les plans locaux d'urbanisme, 7 600 communes seulement les ont mis en oeuvre sur les 12 000 qui devraient y être assujetties.

 

Pour une raison simple, sinon acceptable : cédant à la pression de l'urbanisation, en particulier sur le littoral, de nombreux maires continuent de laisser construire dans des zones dangereuses. Entre 1999 et 2006, ce sont ainsi près de 10 0000 logements qui ont été bâtis en zones inondables sur l'ensemble du territoire. C'est le cas, notamment, à La Faute-sur-Mer où le conseil municipal bataille depuis des années avec le préfet de Vendée pour retarder la mise en place d'un plan de prévention du risque inondation. Avant de "durcir les règles", comme l'a évoqué la secrétaire d'Etat à l'écologie, Chantal Jouanno, il serait déjà bon de les faire appliquer.

 

De même pour les digues qui protègent des zones inondables, et dont M. Sarkozy a annoncé un plan de renforcement. Or, les 1 000 km de digues "à risques" sont parfaitement répertoriés ; en Vendée, la direction départementale de l'équipement avait alerté, à l'automne 2007, sur la fragilité de celles qui étaient censées protéger les deux communes les plus touchées par la tempête. Là encore, le risque était connu. Là encore, il a été occulté, comme si l'on voulait écarter la perspective du pire, et se persuader que les catastrophes n'arrivent qu'aux autres. Pas de polémiques inutiles, donc. Mais il faudra bien qu'après le temps de la solidarité, vienne celui des responsabilités.

Voir aussi :

- L'interview de Jean-François Fountaine, vice-président de la région Poitou-Charentes sur  lesechos.fr/interview (1er mars) ACR PCPL 231009 039


- En France, la gestion des digues est un véritable casse-tête
(Le Monde, 3 mars)


- Quand Sarkozy voulait assouplir la loi Littoral NouvelObs.com(2 mars)
 


- France Nature Environnement
 : Xynthia, le naufrage de la loi ordinaire (2 mars)

- Journal de TF1
 : Défilé funèbre APL-EMB au salon de l'agriculture le 1° Mars 2010 (spécial tempête)


Vue de l'atelier de production nautique Fountaine-Pajot
à La Rochelle, octobre 2009


Cet article est le 50ème paru sur ce blog dans la catégorie Climat énergies environnement

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