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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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4 août 2007 6 04 /08 /août /2007 23:33

 

Vingt ans au maximum pour changer vraiment

 Grâce à Gérard Pierre (MRC 21 et collectif Sauvons le climat), je peux mettre en ligne sur ce blog le texte publié par Bernard Tissot et ses collègues de l’Académie des sciences, qui ont travaillé sur les questions énergétiques.

 Compte tenu des enjeux politiques de ces questions (en rapport avec le réchauffement climatique et ses conséquences d’une part, et la contestation de l’énergie nucléaire par des groupes défendant l’environnement d’autre part), il est de la plus haute importance de connaître l’avis des scientifiques.

 Le texte complet (40 pages) est accessible sur le site du MRC 21 sous le titre « Energies 2007-2050, les choix et les pièges », Académie des sciences (Institut de France) (http://www.mrc21.org/energies.html).

 Un résumé est présenté par les auteurs, soucieux de mettre leurs connaissances à la portée de tous. C’est ce résumé que j’ai scindé en deux parties. La première a été publiée hier sur ce blog. Elle traite principalement des sources de l’énergie électrique. La seconde, ci-après, aborde les transports et l’habitat, ainsi que l’économie et la sociologie.

 Voici l’introduction à la publication du rapport de l’Académie des sciences, puis la 2ème partie du résumé du rapport.

 « L’Académie des sciences a adopté le 15 février 2005 un rapport global sur l’énergie et le 1er mars 2005 une déclaration sur les problèmes de recherche qui s’y rattachent.

 Depuis, nous disposons de nouvelles données et des conclusions du IPCC/GIEC sur le changement climatique et son ampleur prévisible. D’autre part, de nombreux scénarios énergétiques ont été présentés par des organismes nationaux ou internationaux.

 Il nous a donc paru utile de faire la synthèse de ces nouveaux travaux et de mettre en évidence les avantages, les inconvénients et les contraintes introduits par les choix énergétiques des prochaines années ».

 RÉSUMÉ (suite)

 (…) L’accroissement de l’efficacité énergétique, aux divers stades de la conversion de l’énergie et de l’utilisation finale, est la voie qui, dans tous les domaines, offre les meilleures perspectives pour assurer un équilibre durable. Cet accroissement est cependant plus lié à des problèmes sociologiques (style de vie, longévité des habitations) ou économiques (prix excessif des matériels à faible consommation) qu’à des problèmes scientifiques ou techniques.

 C’est dans les transports terrestres que les économies seront les plus difficiles. Ce domaine est déjà le plus fort émetteur annuel de CO2 au niveau mondial et consomme actuellement environ 50 % des produits pétroliers dans les pays en développement, et près de 70 % dans les pays industrialisés. Il présente la plus forte croissance annuelle. La solution la plus efficace à long terme, notamment dans les agglomérations de plusieurs millions d’habitants, est le transport électrique en site propre (train, métro, tramway ou combinaison de ces divers modes). Sur les longues distances, le trajet Paris-Marseille génère pour un passager 5 kg de CO2 en TGV, 20 fois plus en avion et 30 à 50 fois plus en voiture. Le mode de transport par rail est privilégié au Japon.

 Le fret routier s’est largement développé, notamment en Europe, réduisant la part des transports ferroviaires et de la voie d’eau. L’élargissement de l’Union européenne a renforcé cette tendance. Ce mode de transport est gros consommateur d’énergie, et le captage du CO2 n’est pas possible. Le seul choix reste entre l’émission toujours croissante de GES et le transfert modal : les charges lourdes (matériaux de construction, véhicules neufs, conteneurs et équipements divers) seront transportables par des voies ferrées électrifiées, puis livrées au client par route sur quelques dizaines de kilomètres. La Suisse a ainsi trouvé un équilibre qui lui permet d’économiser sur l’entretien coûteux d’un réseau routier de montagne.

 À diverses reprises, on a préconisé les carburants liquides qui pourraient être préparés à partir du charbon, sans éliminer pour autant les émissions de GES, et seraient compétitifs à partir d’un prix du pétrole évalué successivement à30, puis 40 $/bl, etc., alors que ce prix n’est pas redescendu à ces valeurs depuis deux ans et est resté le plus fréquemment supérieur à 60 $/bl. De plus, les émissions de C02 sont réparties entre l’usine de fabrication et le véhicule utilisateur, mais ne diminuent pas pour autant. Les systèmes énergétiques reposant sur l’hydrogène et les piles à combustibles, dont on parle beaucoup, apparaîtront peut-être à titre expérimental vers 2020-2030, mais n’occuperont encore qu’une place mineure au milieu du siècle.

 Dans le domaine résidentiel et tertiaire, le chauffage solaire de l’eau sanitaire dans des panneaux posés sur des toitures ou des façades est déjà largement appliqué dans certains pays européens ou méditerranéens. Les pompes à chaleur permettent de réduire les dépenses de chauffage. Cependant les uns et les autres rencontrent en France des difficultés sociologiques.

 La biomasse intervient ordinairement dans le bilan énergétique par son utilisation traditionnelle comme combustible de chauffe. Il s’agit certainement là de l’utilisation la plus directe et les pays industrialisés pourraient reconsidérer cet usage. Dans les grandes villes, des réseaux de chauffage urbain en permettraient l’utilisation.

 L’usage des biocarburants issus de cultures dédiées peut faciliter une période de transition. Néanmoins, la totalité des terres arables du monde ne suffirait pas en 2030 à faire rouler le parc de véhicules. Il existe, à terme, un risque certain de compétition entre la production de carburants pour les véhicules et celle de nourriture pour 9 milliards d’habitants au milieu du siècle. Une autre forme de compétition s’installerait entre l’usage de l’eau (qui n’est pas inépuisable) pour les cultures alimentaires et son usage pour celles visant la production de biocarburants.

 De plus, il serait très important de disposer, dans chaque cas, de données précises et fiables sur l’énergie fossile consommée dans l’ensemble du cycle de vie du produit, pour faire un bilan énergétique « du sol à la roue ». Le bilan énergétique est nettement positif au Brésil, où l’on peut produire, à partir de la canne à sucre, jusqu’à 8 litres d’éthanol par fermentation pour un litre de produits pétroliers consommé.

 En revanche, l’utilisation de l’ensemble de la biomasse ligno-cellulosique, comme des futaies à courte rotation, pourrait privilégier des terres peu favorables à la production alimentaire. Cette voie plus complexe permettrait à long terme de produire par gazéification le mélange CO+H2, puis, par une synthèse chimique de type Fischer-Tropsch, des carburants de haute qualité, en particulier pour les moteurs diesel.

 Il faut cependant réaliser que l’ajout au carburant habituel d’une quantité mineure de biocarburant relève d’une adaptation, voire d’une auto-adaptation des moteurs, ce qui s’applique aussi bien au parc ancien. L’ajout d’une quantité majeure de biocarburant (notamment 85 % d’éthanol) est une réelle diversification du véhicule mis sur le marché, avec des moteurs adaptés.

 Gardons toujours à l’esprit que le plus grand apport de la biomasse dans la lutte contre le changement climatique existe et nous le détruisons : il s’agit de la forêt primaire qui joue un rôle capital dans les échanges de CO2 entre l’atmosphère, la végétation et les sols.

 En l’absence de mesures reconnues par tous les principaux pays consommateurs d’énergie, la situation sera gravement compromise bien avant le milieu du siècle. Même si l’on arrive à ramener, en 2050, les émissions de GES à leur niveau actuel, le poids des premières décennies du siècle subsistera. En effet, la durée de vie du CO2 dans l’atmosphère est d’ordre séculaire : les concentrations atmosphériques seront en 2050 bien plus élevées qu’à l’époque actuelle et les températures et les désordres climatiques aussi.

 Il est urgent de développer un effort de recherche scientifique et technique très ambitieux pour pallier tous les manques évoqués dans le texte, tant sur le climat qu’on ne connaît pas suffisamment pour les besoins prévisionnels, que sur les technologies de l’énergie.

 Science et technologie sont indispensables, mais l’économie et la sociologie devraient, elles aussi, être l’objet d’une recherche nouvelle, face à un bouleversement majeur de nos modes de vie.

 Pour être en mesure de faire face à des évènements imprévisibles, et être capables de réagir vite, il importe avant tout de considérer que, dans cette perspective difficile, les valeurs sociales sont plus importantes que les valeurs économiques. Les conséquences dramatiques pour les personnes âgées de la canicule de 2003 en France, la longue attente des secours et des mesures d’aide après le cyclone Katrina, et la crise sociologique qui l’a accompagné, illustrent ce problème. On peut aussi craindre d’importants déplacements de populations : la submersion des zones les plus basses du Bengladesh poserait un problème majeur d’accueil de plusieurs millions de réfugiés. L’installation et le soutien d’immenses camps de personnes déplacées à l’intérieur d’un pays déjà pauvre seraient un problème d’une difficulté extrême pour la collectivité internationale. Les modèles destinés à évaluer les conséquences de l’évolution climatique et les moyens d’adaptation ne prennent pas en compte les « effets non marchands » (santé humaine, environnement, personnes déplacées). Un partage équitable des rôles entre nations et générations sera une tâche difficile.

 Les investissements des 20 prochaines années auront une influence déterminante sur la situation de la planète au milieu du siècle et même bien au-delà. La capture et le stockage du CO2 coûteront cher et demanderont des réponses à de nombreux problèmes techniques qui ne seront pas tous prévus. Si les États laissent construire de grandes centrales thermiques au charbon, sans capture et stockage des émissions, et capables de fonctionner pendant 40 ou 60 ans, notre avenir est irrémédiablement compromis. S’il est difficile d’empêcher la construction de telles installations, il est encore bien plus difficile de les fermer prématurément. Il est également important de se prémunir contre la « délocalisation » du CO2, c'est-à-dire le transfert des installations vers un pays voisin moins soucieux des contraintes d’environnement, pour importer ensuite de l’énergie électrique, ou encore importer de pays lointains des produits industriels à fort contenu énergétique.

 Le rôle des droits d’émission (ETS, emission trading scheme) est encore ambigu et la cote est assez confuse. De plus, le prix du carbone émis n’est pas pris en compte dans les décisions d’investissement.

 Dans l’état actuel des connaissances, toutes les sources d’énergie seront mises à contribution. Cependant, un ordre de priorité et des conditions nécessaires à leur mise en œuvre devront être observés :

 En nucléaire : Gestion des déchets nucléaires.

 Charbon : Séparation et gestion à long terme du CO2.

 Hydraulique, Géothermie : Les sites se font rares et sont souvent éloignés de la demande la plus forte.

 Biomasse : Ne pas entrer en compétition avec la production de nourriture pour 9 milliards d’habitants au milieu du siècle.

 Autres énergies : Majoritairement intermittentes (éoliennes, photovoltaïque), donc limitées à une fraction du parc (15 à 20 % ?). Le stockage de l’énergie changerait la donne.

 Nous ne sauverons notre mode de vie et nos moyens d’existence ni avec l’ignorance, ni avec l’idéologie, ni avec des déclarations ou des incantations. L’idéologie ne saurait prévaloir sur la science, la technique et l’économie. Tout retard sera coûteux et désastreux, et l’inaction qui se cache derrière la formule « business as usual » serait une politique inacceptable.

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4 août 2007 6 04 /08 /août /2007 17:50

 

L’option nucléaire reste incontournable en France

 Grâce à Gérard Pierre* (MRC 21 et collectif Sauvons le climat), je peux mettre en ligne sur ce blog le texte publié par Bernard Tissot et ses collègues de l’Académie des sciences, qui ont travaillé sur les questions énergétiques.

Compte tenu des enjeux politiques de ces questions (en rapport avec le réchauffement climatique et ses conséquences d’une part, et la contestation de l’énergie nucléaire par des groupes défendant l’environnement d’autre part), il est de la plus haute importance de connaître l’avis des scientifiques.

 Le texte complet (40 pages) est accessible sur le site du MRC 21 sous le titre « Energies 2007-2050, les choix et les pièges », Académie des sciences (Institut de France) (http://www.mrc21.org/energies.html).

 Un résumé est présenté par les auteurs, soucieux de mettre leurs connaissances à la portée de tous. C’est ce résumé que j’ai scindé en deux parties. La première, ci-après, traite principalement des sources de l’énergie électrique. Demain, je  publierai la seconde qui aborde, notamment, les transports et l’habitat.

 Voici l’introduction à la publication du rapport de l’Académie des sciences, puis la 1ère partie du résumé du rapport.

« L’Académie des sciences a adopté le 15 février 2005 un rapport global sur l’énergie et le 1er mars 2005 une déclaration sur les problèmes de recherche qui s’y rattachent.

 Depuis, nous disposons de nouvelles données et des conclusions du IPCC/GIEC sur le changement climatique et son ampleur prévisible. D’autre part, de nombreux scénarios énergétiques ont été présentés par des organismes nationaux ou internationaux.

 Il nous a donc paru utile de faire la synthèse de ces nouveaux travaux et de mettre en évidence les avantages, les inconvénients et les contraintes introduits par les choix énergétiques des prochaines années ».

 RÉSUMÉ

 Le nouveau rapport du groupe d’experts internationaux IPCC/GIEC a été présenté à l’Académie des sciences début février 2007 à Paris. Ce document confirme la probabilité très élevée d’un changement climatique ainsi que le rôle majeur joué par les émissions de gaz à effet de serre (GES) au cours des 25-30 dernières années.

 Quoi qu’on fasse pour limiter les émissions de GES, il est déjà trop tard pour prévenir les premières évolutions climatiques dont les manifestations ont déjà été observées et les développements sont attendus d’ici 2020. Les solutions ne peuvent être exclusivement d’ordre scientifique ou technologique. Il est indispensable qu’elles soient associées à une modification profonde de notre mode de vie, ce qui soulève de lourds problèmes économiques et sociaux.

 Les combustibles fossiles - les hydrocarbures et le charbon - représentent toujours les 4/5e de nos sources d’énergie. Il convient avant tout de garder à l’esprit le point majeur mis en évidence dans le précédent rapport de l’Académie des sciences : une erreur considérable, telle que 100 milliards de tonnes d’équivalent pétrole, sur l’évaluation des réserves en pétrole et en gaz ne ferait que décaler de dix ans, dans un sens ou dans l’autre, l’épuisement de ces réserves.

 Seules les utilisations du charbon (électricité, chaleur, carburant de synthèse) et celles du nucléaire de fission tel qu’actuellement (électricité), peuvent satisfaire la demande globale en énergie au moins jusqu’à la fin du siècle. Les réserves sont là. Elles pourraient éventuellement être étendues à plusieurs siècles pour le charbon ainsi que pour le nucléaire actuel (neutrons thermiques), si l’on récupère la matière fissile du combustible usé (uranium et plutonium). Au delà, on pourrait atteindre plusieurs millénaires avec des réacteurs à neutrons rapides.

 Toutefois, l’exigence d’un développement durable impose d’un côté la séparation et le stockage à long terme du gaz carbonique issu des combustibles fossiles, et de l’autre le règlement satisfaisant du problème des déchets nucléaires.

 L’électricité est un vecteur d’énergie privilégié dans les pays industrialisés, au point que sa disposition est une condition nécessaire pour toutes les activités de la vie courante (eau potable, transports publics, communication, etc.), de l’industrie et du commerce. L’électricité prend rapidement une importance croissante dans les pays en transition. Les pays très industrialisés de l’OCDE, ainsi que les grands pays en transition, avec une population nombreuse, auront principalement le souci de produire de l’électricité « concentrée » pour alimenter les très grandes villes où se concentre la majeure partie des habitants et de l’industrie.

 Or, le charbon apparaît à beaucoup d’industriels comme le relais naturel des produits pétroliers. Les États-Unis et certains pays de l’Union européenne, même s’ils prévoient également une croissance de l’énergie nucléaire, envisagent, pour les décennies proches, des centrales thermiques classiques produisant des GES : au charbon (le plus fort émetteur de CO2 par kWh électrique produit) ou au gaz naturel, dont les prix tendent à suivre celui du pétrole. Les pays en forte croissance qui disposent de larges réserves de charbon, comme la Chine et l’Inde, utilisent dès maintenant et massivement ce combustible, tant pour générer l’électricité que pour l’usage direct par l’industrie, même s’ils prévoient aussi la construction de plusieurs centrales nucléaires.

 Cette orientation oublie l’exigence d’un développement durable : la combinaison capture/ stockage à long terme du CO2 est actuellement la seule voie qui permettrait un relais soutenable des produits pétroliers par le charbon. Ces procédés sont considérés par beaucoup comme acquis, au vu des expériences de taille limitée (1 et 2 millions de tonnes de CO2 par an) menées en mer du Nord et au Canada sur l’injection de ce gaz dans des aquifères profonds ou dans de vieux gisements pétroliers. En fait, on mesure mal la somme des difficultés qui doivent être contournées. Pour apporter une contribution significative, à l’échéance 2050, il faudrait en capturer 10 à 20 milliards de tonnes chaque année, et les stocker pour plusieurs siècles. Il est bien difficile de transposer un procédé industriel directement à une échelle 10000 à 20000 fois plus grande.

 Les principales sources d’électricité ne produisant pas de GES sont l’hydroélectricité, si on dispose encore de sites appropriés, et les centrales nucléaires.

 Les deux énergies renouvelables souvent citées (solaire et surtout éolienne) sont également présentées comme des sources envisageables pour répondre à une demande concentrée et constamment croissante d’électricité, sans générer de CO2. Certains pays, qui ont décidé de fermer leurs centrales nucléaires, veulent les remplacer par des éoliennes. Le problème principal de ces énergies renouvelables est leur caractère intermittent qui appelle un stockage de l’énergie, particulièrement de l’énergie électrique ; cette limitation s’exprime par un average capacity factor de 20 % au lieu de 80 à 90 % (gaz, nucléaire). Pour 1 000 MW installés, la quantité d’énergie produite en un an est de 8 000 MWh dans le cas du nucléaire et de 2 000 MWh dans l’autre cas. Il ne faut pas que l’enthousiasme pour ces formes d’énergies renouvelables masque la réalité : elles ne seront que des énergies d'appoint.

 La géothermie est souvent assimilée aux énergies renouvelables et mérite d’être encouragée dans toutes les régions favorables, liées à des zones de tectonique active, en particulier pour la génération d’électricité.

 Le stockage de l’énergie, et plus particulièrement  de l’électricité, constitue un facteur essentiel pour valoriser ces formes d’énergie. En l’absence de cette possibilité, les énergies intermittentes obligent à entretenir une capacité de réserve, reposant sur des centrales au gaz, et se déclenchant à la demande, ce qui accroît les investissements et les émissions de GES.

 La solution, souvent mentionnée, de choisir l’hydrogène comme nouveau vecteur d’énergie stockable et propre est une solution qui semble plus lointaine, de même que son utilisation pour les transports. En revanche, la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau ne produit pas de CO2, pourvu que l’électricité soit d’origine nucléaire ou renouvelable. Mais ceci ne serait pas usuel avant le milieu du siècle, vu le délai nécessaire pour développer ces réacteurs et les usines de production de l’hydrogène. Au bilan énergétique global, on risque des pertes à la fois dans le procédé de production de l’hydrogène et dans son utilisation.

 La ressource principale pour assurer un développement soutenable reste l’option nucléaire. Quels que soient les choix opérés précédemment par les gouvernements ou les citoyens de divers pays dans une situation climatique alors mal évaluée, c’est maintenant une nécessité impérieuse de construire des centrales de génération III, particulièrement sûres, comme l’ont décidé la Finlande, la France et probablement la Chine. Les recherches internationales du programme « Génération IV », visent à accroître les ressources en matière fissile dans quelques décennies et à assurer de l’énergie pour plusieurs millénaires. Les moyens très importants engagés sur la fusion pourraient déboucher dans la seconde moitié du siècle.

 Un éventuel échec du développement nucléaire, par idéologie ou faute d’acceptation sociale, nous précipiterait à terme (raréfaction du pétrole et du gaz) dans l’usage quasi exclusif du charbon dans des centrales thermiques, avec pour conséquence un fort accroissement du changement climatique (…).

* Gérard Pierre était l'un des invités de la Rencontre CIVIQ du 26 octobre 2006 à St-Berthevin sur le thème du climat et des énergies (compte rendu sur ce blog, catégorie Rencontres CIVIQ).

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14 juillet 2007 6 14 /07 /juillet /2007 20:35

 

Dépendance européenne énergétique envers Moscou

 Selon le quotidien Le Monde, daté du 13 juillet, le président Poutine a assoupli sa position vis-à-vis des investisseurs étrangers, ayant besoin de leur savoir-faire dans la réalisation du grand projet d’exploitation du gaz naturel liquéfié en mer de Barents, au nord de la Russie. C’est Total qui a été choisi comme partenaire.

Je suis destinataire des informations en provenance de La Chronique Agora http://www.la-chronique-agora.com et, hier, l’Edito Matières premières abordait cette question, à sa façon, sous la signature de Isabelle Mouilleseaux. Voici ce texte. 

 « Les Européens se sont livrés aux Russes... sur un plateau d'argent... »

 « Félicitations généralisées, tonnerre d'applaudissements, les bravos fusent de toutes parts et l'élue fait « la Une » de tous les journaux... Sharon Stone en train de monter les marches à Cannes ? Pas du tout. Total ! Qui vient d'apprendre qu'il a été choisi par Gazprom comme partenaire sur le site gazier de Chtokman... au nez et à la barbe de ConocoPhilips, Chevron, et Statoil / Norsk Hydro. 

Ne boudons pas notre plaisir
C'est forcément une bonne nouvelle. Chtokman, c'est la plus grande réserve de gaz connue. Plus de 3 700 milliards de mètres cubes de gaz. Pour rendre les choses plus concrètes, vous pourriez alimenter la planète entière en gaz pendant un an avec un tel gisement.

 Mais ne soyons pas aveugle... Gazprom reste seul maître à bord. C'est lui qui détient 100% des licences d'exploitation (merci Poutine !). C'est lui aussi qui détiendra avec ses amis 76% de la société de gestion des infrastructures. Que reste-t-il à Total ? Les 24% restant. Je me demande encore aujourd'hui pourquoi Gazprom ne s'est pas lancé seul dans l'affaire... Il va falloir se retrousser les manches pour aller chercher ce gaz sous les glaces de la mer de Barents. 20 milliards de dollars d'investissement ! Et un début d'extraction prévu pour 2013.

 Autre bonne nouvelle : tout ce gaz est pour nous ! Si, si...
Il sera acheminé par pipes vers l'Europe et par méthaniers vers les Etats-Unis -- une fois liquéfié. Un vrai bonheur ! Nous allons encore pouvoir nous chauffer tranquillement pour un bon bout de temps...

 Bon. J'arrête là les éloges. Passons aux choses sérieuses. Je vais vous dire ce que l'on ne vous dit pas ! Et ce n'est pas la première fois que je vous mets en garde dans ces colonnes.

 L'Europe a été incapable de prendre les bonnes décisions. Le nucléaire était la seule et unique bonne décision à prendre pour assurer l'indépendance énergétique européenne. Arrêtons le politiquement correct. Arrêtons de nous faire manipuler par les Verts. Voilà des décennies que partout en Europe, à l'exception notable de la France, ils imposent leur point de vue.

 Et c'est une allemande qui vous parle. Une allemande fortement imprégnée de la culture écologique et pro-environnementale. Il n'y a pas une chose que je fais dans la journée sans réfléchir aux conséquences que cela peut avoir sur notre environnement ! Une écologiste pour le nucléaire ? Oui, c'est bien ça. Ca existe, et je suis de ceux-là. Le gros défaut des écologistes « Verts », c'est que ce sont des idéalistes. Moi, je suis profondément écologique, mais très réaliste. Les Allemands ont écarté le nucléaire au profit du charbon. Et comme le charbon pollue énormément, ils ont finalement été obligés de se rabattre sur le gaz... russe bien sûr.

 Tony Blair a été incapable d'imposer sa politique nucléaire ne serait-ce qu'à son propre parti ! Pas de nucléaire pour l'Angleterre en attendant... Et c'est comme cela partout. Toute l'Europe est aujourd'hui dépendante du gaz étranger, à la merci du géant Gazprom.

 Car pendant que les Européens tergiversaient sur la question énergétique et s'enlisaient sur la question du nucléaire, les Russes ont avancé à pas de géant et pris le pouvoir en quelques années.

 L'objectif n°1 de Gazprom : être le n°1 mondial d'ici 10 ans

 Et il a toutes les chances d'y arriver, tout simplement parce qu'il a le pouvoir politique derrière lui. Gazprom est une arme politique. Une carte géostratégique puissante. Pire, il a la capacité de «  mettre à genou » l'Europe entière. Vous voulez que je vous dise ? Gazprom et l'Etat russe ne font qu'un. J'irais même plus loin. Poutine et Gazprom ne font qu'un... et je ne serais pas étonné de voir notre ami « Vlad » à la tête du géant une fois le Kremlin quitté.

 Que pensez-vous que le Kremlin est en train de faire depuis des mois déjà ?
Il reprend en main les ressources du pays pour en avoir un contrôle direct, total et absolu. Exit  Kodorovsky, ex tristement célèbre patron de Ioukos ! Il n'a pas fini de croupir injustement au fin fond de la Sibérie... Sa société énergétique a été dépecée, et ses actifs redistribués aux sociétés étatiques russes. Une reprise en main à la Staline ! Prochain sur la liste ? Peut-être Rosneft...

 Exit les Occidentaux du projet d'exploitation du pétrole et du gaz “Sakhaline II”. Royal Dutch Shell a carrément été viré du projet par Poutine. Shell a été accusé de nuire à l'environnement... L'Etat russe a repris le contrôle des matières premières qui gisent dans les sous-sols de Sakhaline pour les confier à son géant russe Gazprom. Une expropriation en règle suivie d'une nationalisation. Exit BP/TNK du champ de gaz de Kovyta. Je suis prête à parier avec vous que Gazprom va racheter la part de 63% détenue par TNK/BP dans cet énorme champ gazier capable d'alimenter toute l'Asie pendant 5 ans !

 Partout, les sociétés occidentales sont obligées de renégocier leurs contrats avec les russes. Et c'est Poutine qui tient les ficelles. Prochaine victime ? Sans doute Exxon et son projet d'infrastructures pour alimenter la Chine. Gazprom n'a qu'une idée en tête : évincer Exxon du projet et prendre le contrôle de l'opération.

 Objectif n°2 de Gazprom : avoir la main mise sur l'Europe

 Gazprom est en train de devenir le principal fournisseur de gaz de l'Europe. Il n'a pas eu grand-chose à faire pour y arriver. En tournant le dos au nucléaire, les Européens lui ont livré les pleins pouvoirs sur un plateau d'argent. Et Poutine en use stratégiquement, et en abuse politiquement. Demandez donc à l'Ukraine, à la Géorgie, à la Pologne ou à la petite Biélorussie ce qu'ils en pensent. Poutine n'a pas hésité un quart de centième de seconde à leur couper le gaz... Or nous partageons les mêmes pipes!

 Nous nous sommes fait prendre au piège.
Nous nous sommes rendus dépendants des maîtres du Kremlin. Et ces gens là ne sont pas des rigolos, croyez moi. La déontologie, l'éthique, la morale, les bonnes pratiques... ils n'en ont rien à faire. Seul compte le pouvoir... et l'argent. Et la fin justifiera les moyens. Je suis dure, me direz-vous. Certes, peut-être un peu trop. Mais je suis surtout très réaliste... Est-ce un défaut ?

 Ah ! Dernier point. Personne ne vous l'a dit mais... c'est important. En Autriche, il y a le plus gros hub européen de gaz naturel. Une structure clé ! Gazprom vient de le racheter ! Ainsi, il contrôle non seulement la ressource, mais aussi l'infrastructure logistique qui assure l'acheminement !
 
J'ai réservé le meilleur pour la fin !  La bonne nouvelle, cher lecteur, c'est qu'en France 80% de notre électricité est d'origine nucléaire... et que nous sommes « copains » avec les Algériens qui ont la Sonatrach et beaucoup de gaz. Et EDF a les plus beaux méthaniers du monde ! Tout va bien dans le meilleur des mondes... Poutine ne nous aura pas ! ».

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12 juillet 2007 4 12 /07 /juillet /2007 20:52

 

L’idéologie libérale européenne appliquée à l’électricité

 Le blog de Christine Tasin est fort bien alimenté en articles intéressants (voir christinetasin.over-blog.fr). J’y reviendrai prochainement.

 Le 2 juillet, elle a rédigé un résumé (voir ci-après) du rapport de Marcel Boiteux (ancien directeur et actuel président d’honneur d’EDF) sur l’ouverture du marché de l’électricité à la concurrence.

 Elle renvoie à l’ensemble du rapport, qui peut être lu sur http://partisocialisterepublicain.unblog.fr/.

 « EDF et l'ouverture du marché »

« Marcel Boiteux, président d'honneur d'EDF, a écrit  pour le numéro du 25 mai 2007 de Futurible un rapport fort intéressant, je vous en résume ci-dessous les principaux arguments. 

A la création d'EDF, le but était de vendre au prix de revient, ce qui nous a permis, longtemps, d'avoir l'électricité la moins chère d'Europe. Or, l'ouverture à la concurrence a généré des augmentations considérables, et on les explique à présent en disant que le but n'était pas de faire baisser les prix mais de développer la qualité des conseils et des services....

Ainsi va-t-on absurdement soumettre à la concurrence ce qui fonctionne bien, grâce à une bonne gestion et des prix régulés ! 
L'ouverture à la concurrence ne concerne pas la gestion des réseaux, mais uniquement la production et la vente, moyennant un péage pour l'emploi des réseaux car  il est impossible de prévoir suffisamment de moyens de production pour faire face aux pics de la demande. Aucun industriel n'accepterait d'investir dans une installation qui ne serait utile que de temps en temps, donc c'est le régulateur national, EDF, qui va gérer cela. 

Il y a peu d'échanges à l'intérieur de l'Europe, les populations s'étant mobilisées contre le passage des lignes électriques ; donc ne reste globalement qu'un secteur couvrant France, Allemagne et Bénélux. Dans le système concurrentiel, le prix est fixé, automatiquement, par le fournisseur auquel il est fait appel pour répondre à la demande, donc le plus cher, donc allemand, d'où la hausse des prix.

Le rôle actif de Bruxelles : aucune entreprise ne peut soutenir la concurrence de tarifs régulés, très bas ; c'est pourquoi Bruxelles veut les faire disparaître et, pour cela, il faut qu'EDF augmente ses prix. D'ailleurs, EDF a paradoxalement incité une partie de ses clients à la quitter pour éviter l'accusation de Bruxelles "d'abus de positions dominante" avec la nécessité de se démanteler davantage (le découplage EDF-GDF coûte un milliard d'euros par an pour que le client ait la liberté de changer de fournisseur, c'est cher payé !).

Enfin, grâce à son parc nucléaire, les prix de revient d'EDF sont inférieurs à ceux des entreprises allemandes, ce qui, dorénavant, ne bénéficiera plus au consommateur, mais à ses actionnaires (l'Etat pour 90 % ), ce qui explique aussi la lutte actuelle des concurrents pour récupérer le parc nucléaire.

Bref, peu d'espoirs en perspective, puisqu'à Bruxelles, le pouvoir appartient aux lobbies, ceux des plus riches, soutenus par avocats et personnalités, sauf sur le long terme : M. Boiteux n'exclut pas qu'un jour, des entreprises publiques chargées de missions que le système du marché permet mal de remplir réapparaissent .. ».

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6 juillet 2007 5 06 /07 /juillet /2007 21:57

 

L’enjeu climatique justifie de réorienter la politique

 A son niveau de responsabilité, le président de la République prend conscience de la nécessité de réorienter de fond en comble la politique nationale et internationale. C’est la raison pour laquelle il pratique l’ouverture tous azimuts vers celles et ceux qui peuvent l’aider à définir concrètement cette nouvelle politique.

 Ce n’est pas un hasard s’il fait appel à des gens de gauche. C’est parce qu’il en a le plus grand besoin. Hubert Védrine a été chargé de mener une réflexion sur la mondialisation. Dominique Strauss-Kahn est le candidat de la France pour la direction du Fonds Monétaire International. Nous l’apprenons ce soir par une dépêche, en même temps que celle-ci qui porte sur la question du climat et pour laquelle Joseph Stiglitz a été sollicité (Reuters dans www.lemonde.fr).

 « Sarkozy consulte des experts internationaux sur le climat »

« Nicolas Sarkozy a reçu vendredi une dizaine d'experts internationaux, dont le prix Nobel d'économie américain Joseph Stiglitz, pour les consulter sur la lutte contre le réchauffement climatique.

 "Le président leur a demandé leurs conseils les plus pratiques et les plus concrets pour mettre en oeuvre une politique de développement durable, au niveau national comme au niveau international", a déclaré le porte-parole de l'Elysée.

 Selon David Martinon, il leur a fait part de sa volonté de promouvoir une "véritable fiscalité écologique" en Europe et une politique européenne de l'énergie, d'appliquer une TVA réduite aux produits propres et de mettre en oeuvre une politique d'achats publics encourageant les technologies propres.

Laurence Tubiana, directrice de l'Institut du développement durable et des relations internationales, a fait état d'une "convergence générale sur le fait qu'il fallait à la fois développer une réflexion sur les technologies et les partager largement, d'abord en Europe et aussi avec le reste du monde".

 "Il faut certainement agir de façon importante sur la question de la fiscalité écologique mais aussi sur les marchés du carbone, et il faut vraiment engager le mouvement, c'est-à-dire être d'abord exemplaire en France et en Europe, pour pouvoir entraîner les pays émergents", a-t-elle ajouté.

 "DISPONIBILITÉ GÉNÉRALE"

Outre Laurence Tubiana et Joseph Stiglitz, Nicolas Sarkozy avait notamment invité Jemal Dervis, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement, Nicholas Stern, conseiller du Premier ministre britannique pour les questions climatiques, et l'ancien président chilien Ricardo Lagos, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU sur le climat.

 Figuraient également parmi ces experts Jeffrey Sachs, économiste américain et conseiller du secrétaire général de l'ONU, David Held, professeur de sciences politiques à la London School of Economics, et Rajendra Pachauri, président du Groupe intergouvernemental d'experts du climat (Giec).

 Nicolas Sarkozy s'est éclipsé peu avant 20h00, un peu moins de trois quarts d'heure après le début de la rencontre et a laissé ses interlocuteurs en compagnie du ministre de l'Ecologie et du Développement durable, Jean-Louis Borloo.

 "Le fait que ça vienne après les élections et qu'il met maintenant sur pied un programme me laisse penser que c'est vraiment sérieux", a cependant estimé Joseph Stiglitz. "Je pense qu'il a compris que c'était une idée qui pouvait réellement transformer nos économies."

 Ricardo Lagos a fait valoir que cela faisait deux fois en moins d'un mois qu'il rencontrait le président français. "Cela montre que le gouvernement français est vraiment engagé" dans lutte contre le réchauffement climatique, a-t-il dit.

 "Je crois qu'il y a une disponibilité générale pour accompagner la France dans cette discussion et faire que, si la France veut vraiment développer cette action, tous les experts sont là pour proposer des idées", a pour sa part déclaré Laurence Tubiana ».

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6 juillet 2007 5 06 /07 /juillet /2007 20:55

 

De grandes tensions à venir sur les énergies

 Sur www.lefigaro.fr le 5 juillet, une analyse de Georges Quioc, spécialiste des questions économiques, m’a intéressé car le journaliste aborde le problème des biocarburants en se plaçant manifestement du point de vue des intérêts pétroliers. C’est une vision radicalement différente de celle de Libération (voir l’article, hier, à ce sujet). Elle a le mérite de la clarté et pointe des problèmes bien réels, d’ailleurs soulignés également par les journalistes de Libération. Voici ce texte.

 « Les carburants végétaux, une alternative écologique incertaine qui masque de vrais risques »

 Les vacanciers risquent de devoir s'habituer à une pointe saisonnière des prix du pétrole au moment des grands départs. La flambée actuelle est le symptôme d'une offre mondiale tendue. La décision du Venezuela, cinquième exportateur mondial, qui vient de décider de nationaliser son industrie pétrolière ne peut que contribuer à un ralentissement de sa production, de l'avis des experts.

 Face à cette tension du marché, rien ne garantit que les autres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pourront ouvrir leur robinet pour compenser la baisse des exportations vénézuélienne.

 La cause est connue : les pays de l'Opep n'ont pas anticipé la fringale énergétique de la Chine et de l'Inde et n'ont pas assez investi pour développer de nouveaux gisements. Au moindre aléa politique, climatique ou saisonnier, le baril flambe. Il a dépassé les 70 dollars la semaine dernière.

Le pire est peut-être à venir. Loin de mettre les bouchées doubles pour rattraper leur retard, les pays de l'Opep menacent au contraire de freiner leurs investissements. Ils craignent, disent-ils, de dépenser inutilement des capitaux pour produire du pétrole qu'ils ne parviendront pas à vendre.

 De fait, aux Etats-Unis, George Bush veut réduire la consommation de pétrole de 20 % au cours des dix prochaines années au profit de l'éthanol. Et l'Union européenne a décrété l'utilisation de 5,75 % de carburant végétal dans la composition de l'essence et du diesel à partir de 2010. Du coup, la prévision de la demande de pétrole dans les années à venir devient incertaine.

 L'Opep estime qu'en temps normal, c'est-à-dire « en l'absence de changements technologiques et de politiques énergétiques importants » la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de plus de 42 % à l'horizon 2030. Pour répondre à une telle augmentation l'Opep vient de chiffrer les dépenses de prospection et d'équipement à 2 400 milliards de dollars au minimum ! C'est un effort titanesque, mais pas hors de portée. À condition que les pays consommateurs n'investissent pas massivement au même moment dans les carburants végétaux de substitution, prévient l'Opep.

Les pays consommateurs sont donc invités à peser avec soin les avantages et les inconvénients de leurs politiques de soutien aux biocarburants. Et notamment bien mesurer leur bilan écologique.

Selon un rapport commandé par Bercy, l'économie de CO2 réalisée grâce aux biocarburants ne représentera qu'à peine 5 % du total des gaz à effet de serre émis par le transport routier français. C'est une petite économie, qui coûtera cinq à dix fois plus cher que les investissements nécessaires pour économiser les mêmes émissions par d'autres moyens, estime le rapport.

 Ce bilan écologique devient carrément négatif lorsque l'on y intègre les retombées des stratégies des pays émergents. Pour produire du « pétrole vert » des millions d'hectares de forêts partent en fumée chaque année au Brésil et en Indonésie. Cette déforestation serait responsable de 20 % des émissions annuelles totales de CO2, soit 3 milliards de tonnes, selon un rapport publié par la Banque mondiale en octobre dernier. Or les forêts sont des « pièges » à CO2. Elles absorbent des gaz à effet de serre et sont donc plutôt à protéger.

 Dernier inconvénient des biocarburants, leur développement se fait au détriment de l'alimentation humaine. Pour faire face à la demande de plantes nécessaires à la fabrication de l'éthanol de plus en plus de terres cultivables sont soustraites aux cultures alimentaires.

 Aux États-Unis, 5 millions d'hectares de maïs supplémentaires ont été ensemencés l'année dernière, soit l'équivalent de la superficie de la Suisse ! Conséquence le prix des terres cultivables flambe. La hausse a atteint 35 % l'année dernière dans l'État de l'Idaho aux États-Unis.

 En raison de la part grandissante de maïs consacrée à la production d'éthanol, le prix de la nourriture du bétail en Chine a augmenté de 25 % l'année dernière.

 L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) vient de tirer la sonnette d'alarme sur ce phénomène qui s'est traduit par une hausse de 9 % cette année des dépenses globales d'importations alimentaires des pays en voie de développement.

Dans ces conditions pourquoi la production de biocarburants fait-elle l'objet d'un quasi-consensus dans la classe politique ? Essentiellement parce qu'elle va permettre d'offrir des débouchés aux agriculteurs lorsque la politique agricole commune (Pac) arrivera à son terme en 2012.

 « Il est logique, dans un contexte où l'agriculture française et européenne risque de connaître une crise majeure par suite de la concurrence internationale, que les biocarburants suscitent de grands espoirs, mais il convient de considérer ce débouché plus comme un complément de revenu stable face aux aléas du marché mondial que comme une solution miracle susceptible de sauver l'agriculture française », conclut le rapport du gouvernement.

Ainsi les biocarburants offrent une médiocre solution au problème des agriculteurs, mais risquent de soulever de vrais problèmes pour le prix du pétrole, l'alimentation humaine et l'environnement.

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5 juillet 2007 4 05 /07 /juillet /2007 21:07

 

Le président Lula pratique la diplomatie de l’éthanol 

 

 La lecture, ce matin, du site www.liberation.fr permet de bien se documenter sur les biocarburants, que cherche à promouvoir le Brésil afin de tirer parti de son avance technologique dans ce domaine.

 Le président Lula participait ce jour à la conférence organisée par la Commission européenne. Son pays s’est lancé depuis longtemps dans la production de l’éthanol à partir de la canne à sucre.

 Chantal Rayes donne des explications à ce qu’elle appelle « un pari écologique et économique risqué ».                                                                                           

 L’éthanol le plus compétitif et le plus écologique est brésilien

 « Premier exportateur d’éthanol, le Brésil veut encourager la consommation mondiale du biocarburant, et cela, en multipliant les pays producteurs (…).

 Devenu second producteur mondial d’éthanol derrière les Etats-Unis, le pays veut se poser en puissance énergétique, pour mieux se faire entendre dans le concert des nations. Pour Lula, les biocarburants, même s’ils ne remplaceront que partiellement les combustibles fossiles, sont une solution pour réduire le risque de réchauffement climatique et la dépendance vis-à-vis des pays pétroliers notamment du Moyen-Orient (…).

 C’est après le premier choc pétrolier que le pays, décidé à réduire sa facture énergétique, a commencé à développer l’éthanol, à grand renfort de subventions. Aujourd’hui, l’éthanol brésilien n’est plus subventionné, mais son prix de revient reste le plus bas au monde. Et son prix à la pompe est inférieur à celui de l’essence. Le rendement à l’hectare de la canne à sucre, duquel il est tiré, est près de 2,3 fois plus élevé que celui du maïs, dont est issu l’éthanol américain, mais légèrement inférieur à celui de la betterave, l’équivalent européen. L’éthanol brésilien est néanmoins le plus écologique ».

 Inquiétudes en ce qui concerne l’impact sur l’environnement   

 Mais le Brésil devra également prouver que cette politique respecte l’environnement. L’UE envisage déjà une certification de certaines plantations. A Bruxelles, Lula répétera donc que l’expansion de la canne à sucre ne met pas en péril l’Amazonie. La canne occupe aujourd’hui 6,7 millions d’hectares (8,9 % de plus que l’an dernier) et disposerait de 22 millions d’hectares vacants pour s’étendre encore. Sans menacer la forêt ni les cultures alimentaires, assure le gouvernement. Les ONG s’inquiètent pourtant. «L’avancée de la canne à sucre pourrait repousser le bétail et le soja dans la forêt amazonienne, où la terre est moins chère qu’ailleurs, explique Paulo Adario, de Greenpeace. Et le risque pour la sécurité alimentaire n’est pas exclu car la canne est plus rentable que d’autres cultures. Le gouvernement doit absolument encadrer son expansion».

 Dans un autre article, Julie Majerczak et Alexandra Schwartzbrod apportent des précisions en répondant à des questions.

 D’où vient l’emballement pour les biocarburants ? 

 Confrontés au double impératif de lutter contre le changement climatique et de réduire leur dépendance aux pays producteurs de pétrole, les pays développés ont découvert qu’ils pouvaient compter sur de nouveaux carburants, à base de végétaux, qui offrent aussi l’avantage de fournir un débouché à leurs agriculteurs.

 Les Etats-Unis, qui ambitionnent de réduire leur consommation de carburants fossiles de 20 % d’ici à dix ans, se sont engouffrés dans la brèche, ainsi que le Brésil qui voit là le moyen de rentabiliser ses champs de canne à sucre.

 Du coup, l’UE veut suivre. En mars, les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 ont décrété que les biocarburants représenteraient 10 % de la consommation totale d’essence et de gazole destinée au transport en 2020.

 L’objectif est-il réaliste dans la mesure où la production de biocarburant représente aujourd’hui moins de 1 % de la consommation de l’UE en essence et diesel ?

 « On est conscient qu’il va falloir faire de gros efforts », reconnaît Mogens Peter Carl, le directeur général chargé de l’environnement à la Commission, tout en soulignant que la production européenne a augmenté de 60 % entre 2004 et 2005. Selon lui, on va assister à une véritable explosion de la production avec la deuxième génération de biocarburants, à base de cellulose, beaucoup plus prometteuse. Pari risqué, car ces nouveaux carburants ne font pas l’unanimité, notamment parmi les ONG.

 Quel est le réel impact écologique des biocarburants ? 

A priori, l’intérêt écologique est réel. Si l’on en croit Jean-Louis Bal, expert de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), pour la même quantité d’énergie produite, on économise 60 % d’émission de gaz à effet de serre en utilisant de l’éthanol plutôt que de l’essence. Mais tout dépend des conditions d’exploitation. «Les cultures destinées aux carburants sont engraissées aux pesticides, produits à partir de la filière pétrole», explique la primatologue Emmanuelle Grundmann. Sans parler de l’utilisation massive d’OGM, notamment pour la production américaine de maïs.

 Y a-t-il un lien entre biocarburants et déforestation ? 

 Il est de plus en plus évident. Emmanuelle Grundmann, qui est venue aux biocarburants en enquêtant sur la disparition des orangs-outans du fait de la déforestation, a ramené des témoignages accablants d’Indonésie ou du Pérou. «Pour augmenter les cultures de palmiers à huile, on rase ou l’on brûle des forêts tropicales entières. Or, la déforestation, sous les tropiques, est la principale cause du réchauffement, bien avant les émissions de gaz des transports et de l’industrie. L’Indonésie, qui compte aujourd’hui 6 à 7 millions d’hectares de palmiers à huile, compte passer très vite à 16 millions, notamment pour alimenter la demande européenne.

 Est-ce la demande de biocarburants qui fait grimper les prix agricoles ?   

 « Ils participent sans doute à la hausse, mais les sécheresses à répétition de ces dernières années en sont la principale raison» répond Jean-Louis Bal. Hier, un rapport de la FAO, l’agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation tirait pourtant la sonnette d’alarme sur la hausse du prix des végétaux que risque d’entraîner le boom des biocarburants, une hausse «problématique pour les populations pauvres ».

  Que répondent les écologistes ? 

 Ils sont partagés. Chez Greenpeace, on dit : «Non aux biocarburants, sauf.», exploitation locale certifiée «plutôt que, oui, mais.». On met en avant les problèmes posés par la déforestation et la migration forcée qu’elle entraîne, l’utilisation de pesticides et d’OGM, et la sécurité alimentaire.

 Au WWF, on se veut plus pragmatique. «C’est facile d’être contre les biocarburants. Mais toutes les sources d’énergies renouvelables posent des problèmes. Il n’y a pas de solution miracle. Si on veut lutter contre le réchauffement, il faut diversifier les sources d’énergie» réagit un de ses experts, Jean- Philippe Denruyter.

Aux critiques, Mogens Peter Carl, répond : « On a jamais dit que les biocarburants étaient la panacée, c’est un élément dans une panoplie de mesure». Mais surtout, «l’objectif européen doit être atteint sous réserve que la production ait un caractère durable». L’UE prépare pour l’automne un paquet de mesures en ce sens. En tout cas, conclut un expert, «le Brésil ne sera jamais aux biocarburants ce que l’Arabie Saoudite est au pétrole», sa production n’y suffirait pas.

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1 juillet 2007 7 01 /07 /juillet /2007 21:39

 

Application exemplaire d’un dogme néolibéral

 Le 26 juin, un article sur ce blog montrait les conséquences prévisibles de la libéralisation de l’électricité (tract du MRC 92).

 Dans le même sens, hier dans Le Monde daté du 30 juin, s’exprimaient des syndicalistes et responsables d’associations connus pour leur engagement antilibéral : Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU ; Bernard Defaix, président de la Convergence pour les services publics ; Pierre Khalfa, secrétaire national de l'Union syndicale Solidaires ; Marc Mangenot, Fondation Copernic ; Christiane Marty, membre du Conseil d'administration d'Attac. Ils tenaient à rappeler qu’en Europe jusqu’à présent, l’ouverture à la concurrence du secteur de l’énergie a provoqué envolée des prix et pannes. Voici leur texte.

 « L’électricité libre jusqu’à l’absurde »

 « Le 1er juillet, la France achèvera le processus de libéralisation de l'électricité. Après les entreprises et les professionnels, ce sera au tour des particuliers de goûter aux délices de l'ouverture à la concurrence. Mais le plat risque de ressembler plus à de la junk food qu'à une création gastronomique.

 Le bilan de l'ouverture à la concurrence s'avère en effet catastrophique et ce, quel que soit le pays. Entre 2001 et 2006, les prix du marché ont connu une envolée spectaculaire : 39 % en Espagne, 49 % en Allemagne, 67 % en Finlande, 77 % en Suède, 81 % au Royaume-Uni et 92 % au Danemark ! En France, les entreprises qui ont choisi de quitter les tarifs réglementés de service public ont vu leur facture d'électricité augmenter en moyenne de 76 % sur la même période, quand les tarifs d'EDF restaient à peu près stables.

 De nombreux industriels réclament d'ailleurs la possibilité de réintégrer l'univers des tarifs réglementés. Situation si inconfortable que le gouvernement français a complété la loi de décembre 2006 relative au secteur de l'énergie par une disposition permettant un retour partiel aux tarifs réglementés pour les industriels insatisfaits !

 Nous sommes donc dans une situation paradoxale. L'ouverture à la concurrence permet de faire baisser les prix, nous disent les bons apôtres du néolibéralisme. Cet argument avait déjà été mis à mal lors de la libéralisation d'autres secteurs relevant auparavant des services publics en réseaux, comme par exemple les télécommunications. Dans ces secteurs, la libéralisation a signifié la fin de la péréquation tarifaire qui avait historiquement permis que les prestations les plus rentables financent celles qui le sont peu ou pas du tout.

 L'ouverture à la concurrence a donc entraîné “un rééquilibrage tarifaire”, selon l'expression savoureuse de la Commission européenne, avec une baisse de prix pour les gros consommateurs, en particulier les entreprises, la grande masse de la population voyant, au contraire, ceux-ci s'envoler. Les zélateurs de la libéralisation expliquaient que “ce rééquilibrage tarifaire” permettrait aux entreprises de baisser leurs prix, les particuliers étant donc gagnants sur le long terme. On ne peut ici que reprendre ce que disait Keynes aux économistes libéraux de son époque : “Sur le long terme, on sera tous morts.”

 On savait après les premières libéralisations dans les services publics que la promesse d'une baisse des prix relevait de la pure propagande pour la grande majorité de la population. Dans le cas de l'électricité, même la plupart des entreprises n'en profiteront pas ! On a là un exemple parfait de l'application dogmatique des préceptes néolibéraux.

 Mais ce n'est pas tout. L'ouverture à la concurrence pousse au sous-investissement, ce d'autant plus qu'elle s'accompagne d'une privatisation des opérateurs publics. Investir dans les services en réseaux coûte cher. Dans le cas de l'électricité, cela coûte d'autant plus cher qu'il faut investir dans des moyens de production pour lesquels le retour sur investissement prend beaucoup de temps. On est donc loin de la logique à court terme du capitalisme financier. La volatilité des prix sur le marché de l'électricité et l'absence de visibilité sur leur évolution renforcent encore cette tendance au sous-investissement, qui produit inévitablement des ruptures d'approvisionnement des usagers.

 De plus, l'électricité ne se stocke pas. Il faut donc en permanence ajuster l'offre à la demande. Cet équilibre n'était déjà pas simple à assurer avec un seul opérateur. Il devient très compliqué avec l'ouverture à la concurrence quand se multiplient les intervenants, surtout quand ceux-ci ont comme première préoccupation la rentabilité financière. Le risque est donc très important qu'un déséquilibre dans le réseau s'avère impossible à gérer.

 Enfin, le transport de l'électricité s'effectue avec des pertes en lignes importantes. Il est donc absurde économiquement et écologiquement de produire de l'électricité dans un pays pour aller la vendre à des milliers de kilomètres de là. L'ambition d'un “grand marché européen de l'électricité”, portée par la Commission européenne, est une absurdité dangereuse.

 Plus les réseaux sont interconnectés et plus les risques de dysfonctionnement majeur liés au sous-investissement et aux ruptures d'équilibre dans le réseau s'aggravent. Le cas de la Californie est emblématique, mais n'est pas unique. Les pannes géantes en Espagne, en Italie et, en novembre 2006, à travers l'Europe en sont les manifestations les plus visibles.

 La libéralisation est enfin incompatible avec l'objectif prioritaire de sobriété énergétique indispensable pour commencer à résoudre la crise écologique : aucune entreprise ne souhaite voir baisser son chiffre d'affaires et n'a donc intérêt à ce que la consommation diminue ! Au moment où le débat énergétique devient un enjeu citoyen intégrant à la fois les questions du réchauffement climatique, du développement durable et du principe de précaution, on peut douter que la concurrence soit le meilleur moyen d'ouvrir ce débat et de le mener démocratiquement.

 Tous ceux qui se sont, un minimum, penchés sur ce dossier savent tout cela. Cette analyse n'est plus vraiment contestée aujourd'hui. Et pourtant la Commission européenne ne renonce pas, et les gouvernements suivent. Sur ce sujet, la “rupture” promise par Nicolas Sarkozy attendra… à moins que, dans les jours qui viennent, la raison l'emporte et que le gouvernement proclame un moratoire sur le processus de libéralisation. Ne rêvons cependant pas, les apôtres du néolibéralisme ont montré qu'ils ne s'encombraient pas du principe de réalité ».

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26 juin 2007 2 26 /06 /juin /2007 10:21

 

Usagers, personnels, service public menacés

 Nous sommes tout près d’une échéance importante pour le gaz et l’électricité : le 1er juillet, tous les consommateurs pourront choisir leur fournisseur énergétique, trois ans après les professionnels et six ans après les gros industriels.

 Il s’y ajoute la filialisation des activités de distribution d’EDF et de Gaz de France à la même date. Ainsi, sont concernés les usagers et les personnels des deux entreprises et, à travers eux, le service public lui-même.

 Le MRC 92 s’est mobilisé en vue de cette échéance (http://mrc92.free.fr). Il a rédigé un tract dont voici l’essentiel du contenu, ci-après.

 Ouverture des marchés du gaz et de l’électricité le 1er juillet aux particuliers

 ~ Danger pour les usagers

 Pour « offrir le choix » de leur fournisseur aux consommateurs d'électricité et de gaz, un profond bouleversement des entreprises du secteur de l'électricité et du gaz est en cours.

 Toutes les associations de consommateurs le disent à l'unisson : cette ouverture est un piège grossier, le moyen de faire sortir par la force ou par la ruse des millions de foyers des tarifs réglementés par l'État :

 - par la force puisqu'au 1er juillet le prix du gaz pour toutes les constructions neuves sort sans autre forme de procès du tarif public du gaz au profit du prix du marché, même si les propriétaires restent abonnés à Gaz de France.

 - par la ruse puisque les offres mixtes électricité gaz d'EDF comme de Gaz de France conduisent Ipso facto à sortir du tarif réglementé gaz ou électricité (voire les deux), du fait de la mise en concurrence d'EDF et de Gaz de France.

 En fait, l'objectif de la commission européenne, avalisé par le conseil constitutionnel et applaudi par la Bourse (EDF a vu son cours de Bourse bondir lorsque le conseil constitutionnel a annoncé que les tarifs réglementés doivent être abolis), est de mettre fin à l'existence même de ces tarifs.

 La commission européenne n'hésite pas à considérer ces tarifs, inférieurs aux prix du marché, comme une entrave à la concurrence. Selon cette théorie fumeuse, le consommateur se porterait mieux (en terme de concurrence) si sa facture augmentait fortement !

 La conciliation des vertus supposées de la concurrence et du service public est un leurre.

C'est pourquoi nous devons oeuvrer pour une réorientation de la politique européenne en matière d'énergie par l'arrêt du processus de déréglementation, et a minima, le maintien des tarifs réglementés. Ceux-ci n'ont rien de scandaleux : ils sont basés sur les coûts de revient, intégrant le financement des investissements et même une marge substantielle pour les opérateurs (Les bénéfices 2006 d’EDF et Gaz de France en sont la démonstration).

 Le niveau attractif des tarifs d'électricité en France n'est pas le fruit d'une quelconque générosité de l'État envers EDF (ce sont EDF et GDF qui alimentent le budget de l'État et non l'inverse) mais d'une politique d'investissement adéquate dans les décennies précédentes (hydroélectricité et nucléaire font le gros de la production en France).

 Pour mémoire, l’ouverture aux entreprises a commencé dès 1999 et à été terminé en 2004. Depuis, les prix des nouvelles offres n’ont cessé d’augmenter. A tel point que pour les plus grosses, le gouvernement à dû intervenir pour créer un tarif de transition (TARTAM) pour celles qui avaient quitté les tarifs et qui trouvaient qui les prix libres étaient trop chers.

 La lois du marché : OUI, mais seulement quand cela arrange les patrons. Les particuliers, eux, n’auront au 1er juillet que le droit de ce faire plumer, par une publicité agressive et mensongère.

 1- Vous voulez une facture avec le Gaz et l’électricité regroupés ?

 2- Eh bien il va falloir sortir du tarif pour l’une des deux énergies !

3- Mais avant, j’avais une facture avec les 2 et au tarif.

 4- Oui, mais maintenant c’est moderne et conforme au droit européen.

 5- Bienvenue dans le monde de la concurrence !

 6- Le bonheur de consommer librement a un coût et les nouveaux actionnaires des entreprises énergétiques n’ont-ils pas, eux aussi, droit de jouir librement des profits ainsi générés ?

 ~ Danger pour le service public et les personnels d’EDF et de Gaz de France

Non seulement l'ouverture à la concurrence est mauvaise pour les usagers, mais elle s'avère destructrice du service public (investissements ralentis, emplois supprimés, concurrence stérile entre EDF et Gaz de France).

 S'ajoute, aujourd'hui, la filialisation des activités de distribution (acheminement par câble et tuyau) dans des conditions telles que la pérennité des missions de service public est menacée. Ce sont 50 000 emplois qui vont être filialisés pour les deux entreprises.

 L’attitude de Gaz de France, dont les dirigeants font toujours le forcing en vue de la privatisation (fusion GDF/SUEZ), pose de sérieux problèmes quant à la possibilité d'assurer la bonne exécution des activités de distribution communes à EDF et Gaz de France.

 La décision de renoncer à la privatisation de Gaz de France et de s'orienter vers un rapprochement d'EDF et de Gaz de France permettrait d'envisager l'avenir de la distribution (acheminement par câble et tuyau) de l'électricité et du gaz dans de bien meilleures conditions et de satisfaire pleinement les besoins des usagers et de la Nation.

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13 juin 2007 3 13 /06 /juin /2007 21:20

 

L’électricité de France fait l’objet d’une enquête

 Deux journalistes de Libération, Grégoire Biseau et Julie Majerczack, ont présenté ce matin sur www.liberation.fr un bon résumé du projet de la Commissaire européenne en charge de la concurrence, Neelie Kroes, concernant le système de prix en vigueur en France dans le domaine de l’électricité. Le gouvernement va devoir expliquer pourquoi il ne procède pas à la dérégulation totale du marché de l’électricité.

 Cette offensive européenne contre la France permet de mieux comprendre les raisons de l’opposition citoyenne à la ratification du traité constitutionnel européen. La Commission fait comme si la France avait dit oui le 29 mai 2005. Les dirigeants de l’Union européenne n’ont pas conscience qu’une politique de la concurrence serait mieux admise si elle était associée à une politique industrielle, laquelle fait cruellement défaut actuellement.

 « Electricité : Bruxelles a la France dans le collimateur »

 « Bruxelles décide ce matin de passer à l’offensive contre les tarifs régulés de l’électricité en France. Voilà, a priori, le genre de sujet qui passera difficilement la barre d’un journal télévisé. On peut le comprendre : une histoire qui parle de déréglementation du marché de l’électricité, de tarifs régulés et d’aides d’Etat a fatalement du mal à tenir en haleine un citoyen normalement constitué. Et pourtant, ami lecteur, tu as raison de t’accrocher, car l’affaire est d’importance. Non seulement parce que tout ce pataquès risque à terme d’avoir des conséquences sonnantes et trébuchantes sur le montant de ta facture d’électricité, mais aussi (et peut-être surtout) parce que tu tiens là un magnifique cas d’école qui démontre que «le roi marché et la liberté des prix»  ne servent pas nécessairement les intérêts du consommateur. Bref, la démonstration que la Commission européenne peut, en matière de libéralisme économique, pratiquer l’excès de zèle. Décryptage.

 Que reproche la Commission à la France ?

 Le porte-parole de Neelie Kroes, la commissaire européenne en charge de la Concurrence, a confirmé hier que l’exécutif communautaire ­devait décider aujourd’hui d’ouvrir une enquête sur les tarifs régulés d’électricité. Depuis l’ouverture des marchés à la concurrence, deux prix de l’électron cohabitent en France : un prix libre fixé par l’offre et la demande du marché et un prix, dit régulé, fixé par l’Etat et imposé à EDF. Or le problème est que ce tarif est bien inférieur à celui du marché, (aujourd’hui entre 10 % et 20 %, mais il y a un an l’écart est allé jusqu’à 30 % voire 40 %).

Donc, Neelie Kroes cherche à savoir si les tarifs réglementés français constituent ou non une aide d’Etat en faveur des entreprises françaises qui en bénéficient. Si tel est le cas, alors les entreprises ayant bénéficié de ce tarif seraient amenées à mettre la main au portefeuille pour rembourser la différence.

 La Commission a depuis longtemps dans le nez ces maudits tarifs. Cette enquête vient s’ajouter à une première attaque de la Commission européenne lancée en décembre dernier. Cette dernière avait envoyé un avis motivé à Paris, estimant que la législation française était contraire aux directives libéralisant le marché de l’énergie. Car, pour elle, les prix réglementés ne sont justifiés que dans deux cas : protéger les consommateurs les plus vulnérables et garantir les obligations de services publics.

 La Commission étudie actuellement la réponse de la France. Si elle n’est pas satisfaisante, l’exécutif européen pourrait alors saisir la Cour européenne de justice. Pourquoi diable une telle obstination de Bruxelles ? Pour une raison simple : des prix réglementés trop bas empêchent l’arrivée de nouveaux concurrents à EDF sur le marché français et donc la constitution d’une vraie concurrence européenne. Voilà le joli paradoxe : la Commission préférerait, au nom de la concurrence, faire sauter ces tarifs d’Etat quitte à prendre le risque de faire monter les prix. En tout cas à court terme.

 Les consommateurs sont-ils concernés ?

 Non, pas encore. La Commission a choisi pour l’instant de ne s’intéresser qu’au tarif régulé pratiqué par EDF à ses entreprises clientes. Mais il ne fait guère de doute que si ce tarif tombe pour les gros industriels et les PME, il tombera ­demain pour les consommateurs.

 Car, à partir du 1er juillet, c’est au tour des ménages français de tomber dans le grand bain de l’ouverture des marchés du gaz et de l’électricité. Concrètement, chacun aura le droit de choisir entre rester au tarif régulé, rester chez EDF mais adopter les tarifs libres, ou alors partir à la concurrence. Or, depuis l’ouverture des marchés, plusieurs industriels qui ont quitté EDF et joué le jeu de la concurrence espérant bénéficier de baisses de tarifs s’en sont mordu les doigts. A l’occasion du débat parlementaire de l’été dernier sur la privatisation de GDF, ils ont obtenu la possibilité de revenir à un nouveau tarif régulé pour deux ans. Aujourd’hui, ils sont entre 1 500 et 2 000 clients à avoir fait la demande de revenir à la bonne vieille économie administrée et ses tarifs régulés. Ce qui n’est pas du tout du goût de Bruxelles.

 Les tarifs régulés sont-ils des aides d’Etat ?

 La question devrait faire l’objet d’une magnifique bataille juridique entre la France et les services de Neelie Kroes. Selon l’article 87 du traité instituant la communauté européenne, les aides d’Etat sont «des aides accordées par un Etat ou au moyen de ressources d’Etat, sous quelque forme que ce soit, qui faussent ou qui menacent de fausser la concur­rence en favorisant certaines entreprises ou certaines productions». 

 La jurisprudence européenne a, par ailleurs, clairement précisé qu’une aide d’Etat n’était pas nécessairement une contribution positive (sous forme par exemple de subvention publique ou aides en tous genres), mais pouvait être aussi un manque à gagner pour l’Etat.

 «Nous allons ouvrir une enquête, rappelle le porte-parole Neelie Kroes, nous n’avons pas tranché l’affaire. Nous allons entendre les arguments des autorités françaises. A elles de nous convaincre.» Si ce n’était pas le cas, cela promet un très beau tollé politique sur le mode «haro sur Bruxelles et son libéralisme débridé». Avec cette fois une chance de faire les titres du journal télévisé ». 

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