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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 16:43

 

L’incertitude après la défaite des pro-européens Renzi et Berlusconi

En Italie, une réforme des modalités électorales - baptisée « Rosatellum », du nom du président Rosato du groupe du parti démocrate - a été faite en 2017 afin de favoriser les coalitions parlementaires facilitant la mise en place et la stabilité des gouvernements. Venant du parti démocrate au pouvoir, cette réforme visait clairement à pénaliser le Mouvement 5 étoiles, majoritaire mais refusant d’entrer dans quelque coalition que ce soit. Voir Wikipédia : Élections générales italiennes de 2018

Le scrutin du 4 mars 2018 a déjoué les pronostics, puisque le parti démocrate (centre gauche) est le grand perdant de cette élection - son leader Matteo Renzi a décidé de laisser la place non sans ambiguité - et aucune coalition parlementaire ne s’impose pour former un gouvernement, ce qui est possible à partir de 40 %, environ, des suffrages.

- Le Mouvement 5 étoiles (M5S) a obtenu 32 %, ce qui est une grande performance mais insuffisant sans l’appoint de partenaires dans le cadre d’une coalition, ce qui est le cas pour le moment. Voir (Francetvinfo, 5 mars 2018) : Législatives en Italie : quels sont les différents scénarios après les élections ?

- La droite est en coalition - mais aussi en compétition - entre Forza Italia (Berlusconi) et la Ligue du Nord (en fait Lega depuis qu’elle s’étend sur toute l’Italie) a obtenu 37 %, en y intégrant les conservateurs nationalistes de Frères d’Italie (FdI), ce qui ne suffit pas à atteindre 40 %. La Lega de Salvini a pris le dessus sur sa rivale, ce qui va contraindre Berlusconi à s’effacer définitivement.

- La gauche qui est au pouvoir (gouvernement dirigé par le parti démocrate) n’est plus en situation pour former une coalition majoritaire. Renzi va continuer à jouer un rôle politique au Sénat mais il ne peut plus prétendre au pouvoir national. La minorité de ce parti pourrait être tentée de s’allier au Mouvement 5 étoiles pour former un gouvernement. Voir (lesoir.be, 6 mars 2018) : Élections en Italie: le Parti démocrate se déchire

Le Président de la République italienne intervient dans la formation d’un gouvernement dans les situations de crise. Il peut faciliter le rapprochement des personnalités et partis politiques. Ainsi pourrait-il chercher à faire exister une majorité de centre gauche sur les bases de rénovation du système politique, de relance de l’économie italienne dans le cadre d’une adhésion modérée à l’Union européenne et à ses dogmes libéraux...

L’Italie n’est pas au bord de l’abîme. Toutefois, elle vit une période démocratique agitée et incertaine, principalement pour deux raisons :

- Les citoyens italiens souffrent des conséquences de politiques économiques et monétaires néolibérales imposées par les institutions européennes avec le consentement des dirigeants italiens de centre gauche et de centre droit (Renzi et Berlusconi) pro-européens. Ce n’est pas propre à l’Italie mais les effets de ces politiques se font sentir davantage dans les pays du sud de l’UE (pays qui dévaluaient leur monnaie avant l’installation de la monnaie unique) et encore plus au sud de l’Italie, là où les atouts économiques sont moins nombreux.

- Les conséquences des arrivées de migrants africains - et le manque de solidarité des autres pays de l’UE - ont été utilisés dans la campagne électorale par les partis en désaccord avec le « système » européen, principalement la Lega (ex Ligue du Nord) mais aussi le M5S sur des positions plus modérées.

Pour information, ces liens :

- (Le Vent Se Lève, 25 février 2018) : L'Italie est condamnée au déclin

- (Le Monde, 5 mars) : Elections en Italie : « Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’on repart de zéro »

- (Le Monde, 5 mars) : Au lendemain du scrutin en Italie, l’heure des démissions et des tractations a sonné

- (Le M, 6 mars, Marc Lazar) : Italie : « L’un des pays les plus europhiles est devenu euromorose et eurosceptique »

- (Les-crises.fr, 6 mars, Jacques Sapir) : Séisme politique en Italie

(Le Figaro, 6 mars) : Législatives en Italie : la défaite de Bruxelles

Cet article est le 3060 ème sur le blog MRC 53 - le 65ème dans la catégorie Etats Union européenne

La Côte Amalfitaine, au sud de Naples, joyau de l'Italie

La Côte Amalfitaine, au sud de Naples, joyau de l'Italie

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30 décembre 2017 6 30 /12 /décembre /2017 22:03

 

Après les élections catalanes du 21 décembre, la recherche de solutions

Le 1er octobre 2017, le gouvernement catalan était allé au bout de son engagement électoral de 2015 en organisant un Référendum sur l'indépendance en Catalogne (Voir Le Monde, 1er octobre 2017). De son côté, l’État espagnol avait tout fait pour empêcher ce référendum, se prévalant de la légalité. La proclamation de l’indépendance par le parlement catalan avait été jugée illégale et les leaders souverainistes traduits devant la justice (ils ont été emprisonnés ou se sont exilés à Bruxelles).

De nouvelles élections étaient organisées le 21 décembre 2017 par l’État espagnol sur le territoire catalan afin de permettre à la Catalogne de désigner ses représentants légaux (voir le Statut d'autonomie de la Catalogne de 2006). Des précisions sont apportées sur le site Wikipédia concernant les Élections au Parlement de Catalogne de 2017.

Les résultats (non définitifs) annoncés en soirée le 21 décembre - et commentés sur Facebook par Olivier Delorme - indiquaient une très forte participation électorale (presque 82 %, soit près de 7 % de plus qu’en 2015 et, pourtant, ce n’était pas un jour férié) et la reconduction de la majorité souverainiste en sièges (sans avoir la majorité absolue en voix, cet écart étant dû au système électoral qui est favorable aux zones rurales Lérida et Gérona, à forte majorité indépendantiste, plus de 60 %, au détriment des secteurs plus urbanisés de Barcelona et Tarragona où les résultats des indépendantistes sont plus faibles, surtout à Barcelone).

Les rapports de forces indépendantistes-non indépendantistes ne changent pas ( 47,5 % pour les indépendantistes, 43,3 % pour les anti-indépendantistes (Ciudadanos, socialistes et PP) et 7,4 % pour le Podemos catalan et ses alliés, dont la maire de Barcelone, qui sont en baisse, pris entre deux feux car sur une position de compromis, souhaitant l’organisation d’un référendum initié par l’État espagnol) mais il y a d’importants transferts de voix à l’intérieur de chaque camp.

Ce qui est le plus marquant est l’effondrement du parti majoritaire en Espagne, le parti populaire (droite conservatrice), qui perd la moitié de ses voix et les deux tiers de ses députés (de 11 à 4). En fait, c’est le jeune parti de la droite moderniste et libérale catalane, très anti-indépendantiste, Ciudadanos, qui tire les marrons du feu (+ 11 députés) et obtient le plus grand nombre de voix et de sièges.

Chez les partisans de l’indépendance catalane, le résultat de la CUP (gauche radicale) baisse de près de 4 % en raison, probablement, de son intransigeance indépendantiste, alors que les deux principales coalitions (Ensemble pour la Catalogne Junts et la gauche républicaine ERC), plus portées au compromis, sont presque à égalité en voix et en sièges, faisant plus séparément en voix (+ 3,5%) que sur une seule liste en 2015. A noter la très forte progression de ERC et sa déception car les sondages lui donnaient la première place des trois listes indépendantistes.

Il est très excessif d’affirmer que les non-indépendantistes sont majoritaires en voix car c’est ajouter des partis rivaux (PP, Ciudadanos, PSOE) d’une part et interpréter la position nuancée de Podemos et de ses alliés, qui pourraient jouer un rôle dans la formation d’une majorité avec les indépendantistes au sein du nouveau parlement catalan, d'autre part.

En conclusion, ces élections confirment la profonde division de l’électorat catalan, au sein duquel la question de l’indépendance prend le dessus sur les clivages politiques espagnols qui sont eux-mêmes en pleine mutation depuis quelques années (la droite conservatrice PP, remise en question par la droite moderniste libérale de Ciudadanos d’une part et la gauche socialiste PSOE remise en cause par Podemos d’autre part). Au laboratoire espagnol s’ajoute le laboratoire catalan et qui sait ce qui sortira du bouillonnement politique en cours ?

Ce qui est certain, c’est que le chef du gouvernement espagnol a échoué dans sa tentative de déloger les souverainistes catalans. Ils sont en exil ou en prison mais les électeurs continuent de leur faire confiance pour les représenter au parlement catalan. Certes, le calme est revenu, ce qui était son objectif premier mais cela ne peut durer si une solution politique n’est pas trouvée assez rapidement. Que fera le Premier ministre Rajoy ? Peut-il se hisser à la hauteur de l’enjeu politique ?

De nouvelles élections générales permettraient au futur chef du gouvernement de rétablir le dialogue entre l’État et la Catalogne. A défaut, le roi pourrait intervenir pour débloquer la situation politique catalane, en suggérant aux principaux partis d’entrer dans une démarche de réactualisation des équilibres institutionnels issus de la période qui a suivi la dictature franquiste, il y a quarante ans. Voir la Constitution espagnole de 1978.

Le laboratoire espagnol pourrait apporter des innovations politiques qui seraient bienvenues. En tirant le meilleur de ce que produit le laboratoire catalan. Sinon, le risque est grand pour Felipe VI de voir l’État espagnol et la monarchie se déliter.

Documentation utile :

- Arte, 18 décembre 2017 (visible deux mois) : Catalogne : l'Espagne au bord de la crise de nerfs

- Le Monde, 21 décembre  Elections en Catalogne - Le Monde

- France Info Elections en Catalogne : quatre questions après la victoire des indépendantistes

Cet article est le 3040ème sur le blog MRC 53 - le 64ème dans la catégorie Etats Union européenne

Paysage espagnol (oliviers, Andalousie)

Paysage espagnol (oliviers, Andalousie)

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17 mai 2015 7 17 /05 /mai /2015 22:32

 

Le gouvernement et Syriza veulent faire reconnaître les intérêts du peuple grec

 

Le très mauvais traitement qu'a subi le peuple grec depuis 2010 par l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international (la troïka) est mis en évidence par la commission pour la vérité sur la dette grecque, mise en place à l'initiative du Parlement de ce pays. Éric Toussaint (voir Wikipédia) est coordinateur scientifique de cette commission.

Voir (31 mars 2015) : Eric Toussaint : L'audit révélera ce qui s'est réellement passé avec la Grèce ces dernières années

Eric Toussaint est maître de conférence à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique et est membre du Conseil scientifique d’ATTAC France.

 

Voici le Communiqué d'Eric Toussaint suite à la rencontre avec le ministre Dimitris Stratoulis (publié le 15 mai 2015) :

Après une visite le vendredi 15 mai au ministère grec des pensions et une rencontre avec le ministre Stratoulis, voici ma déclaration concernant le contenu de notre échange fructueux.

Il est clair qu’il y a une relation directe entre les conditions imposées par la Troïka et l’augmentation de ladette publique depuis 2010. Le comité pour la vérité sur la dette grecque va produire en juin 2015 un rapport préliminaire dans lequel le caractère illégitime et illégal de la dette réclamée à la Grèce sera évalué. Il y a des preuves évidentes de violations de la constitution grecque et des traités internationaux garantissant les droits humains.

Le comité considère qu’il y a une relation directe entre les politiques imposées par les créanciers et l’appauvrissement d’une majorité de la population ainsi que la baisse de 25% du PIB depuis 2010. Par exemple, les fonds de pension publics ont subi d’énormes pertes suite à la restructuration de la dette grecque organisée en 2012 par la Troïka. Celle-ci a imposé une perte de 16 à 17 milliards d’euros par rapport à leur valeur originale de 31 milliards €. Les revenus du système de sécurité sociale ont aussi souffert directement à cause de l’augmentation du chômage et de la réduction des salaires comme conséquence des mesures imposées par la Troïka.

La dette grecque n’est pas soutenable, pas seulement d’un point de vue financier, puisque c’ est clair que la Grèce est par essence incapable de la rembourser, mais elle est aussi insoutenable du point de vue des droits humains. Plusieurs juristes spécialistes en matière de droit international considèrent que la Grèce peut se déclarer en état de nécessité. Selon le droit international, quand un pays est en état de nécessité il a la possibilité de suspendre le remboursement de sa dette de manière unilatérale (sans accumuler des arriérés d’intérêt) en vue de garantir à ses citoyens les droits humains fondamentaux, tels que l’éducation, la santé, la nourriture, des retraites décentes, des emplois,...

L’objectif du rapport préliminaire de la Commission pour la Vérité sur la Dette est de renforcer la position de la Grèce, lui donnant des arguments supplémentaires dans les négociations avec les créanciers. La Commission pour la Vérité sur la Dette aimerait organiser une visite publique avec des journalistes pour permettre au ministre de rendre public la relation directe entre les politiques imposées par la Troïka et les dégradations des conditions de vie de la majorité de la population et spécifiquement pour les pensionnés, qui ont vu leur pension réduite de 40% en moyenne depuis que la Troïka est active en Grèce.
Comme le ministre nous l’a déclaré, 66% des pensionnés reçoivent une retraite mensuelle de moins de 700 euros et 45% des pensionnés reçoivent une retraite inférieure au seuil de pauvreté qui est fixé à 660 euros par mois. 
Je réprouve totalement les nouvelles exigences du 
FMI et de l’Eurogroupe qui veulent imposer de nouvelles réductions des pensions, alors qu’il est clair que les politiques précédentes et actuelles imposées par les créanciers violent le droit des pensionnés à une retraite décente. Les pensions doivent être restaurées.

 

Complément d'informations concernant la situation de la Grèce :

 

- Le colloque de la Fondation Res Publica le 13 avril 2015.

Voir les articles publiés les 24, 25 et 30 avril :

- le blog de Coralie Delaume  L'arène nue. Elle publie chaque semaine la revue de presse grecque, à partir de la Grèce. Voir (10 mai 2015) : L'arène nue: Filikí Etería n°7 - la Grèce vue de Grèce. Voir aussi l'entretien qu'elle a accordé au site de Marianne, ce 17 mai : "L’Europe se désagrège et personne ne sait quel sera le premier domino à tomber" et, notamment, ce qui concerne directement la Grèce :

La crainte de perdre un nouveau pays peut-il amener les institutions européennes à adopter une attitude plus conciliante dans ses négociations avec le gouvernement d’Alexis Tsipras ?
Non, je n'en suis pas convaincue. « Les Européens » pourront tenter de faire des concessions mineures pour se laisser le temps de voir venir. C'est ce que fait d'ailleurs la BCE, contrainte et forcée. Au départ, elle a cru pouvoir faire mettre le gouvernement Tsipras à sa merci en fermant aux banques grecques l'accès au refinancement normal. Du coup, ces banques se refinancement uniquement via l'accès à la liquidité d'urgence (ELA). Mais c'est au tour de la BCE d'être à présent coincée, et elle n'en finit plus de devoir relever le plafond de l'ELA, en attendant mieux.
Il pourrait y avoir éventuellement le déblocage de la dernière tranche de l'actuel plan d’aide, de 7,2 milliards d’euros, ou la négociation d'un troisième plan d'aide à partir de juin. Ou, beaucoup mieux, une restructuration de la dette. Mais là, si la Grèce parvient à obtenir ça, il fait bien voir que ça donnera des idées à d'autres pays. En Espagne par exemple, le parti Podemos de manquerait pas de faire campagne sur l'idée d'obtenir les mêmes concessions que son parti frère Syriza.
En tout cas, il faut bien voir que depuis 2008, les décisions économiques qui sont prises constituent un bricolage. Cela permet d’ « acheter du temps », de faire tenir la zone euro, mais ça ne résout pas les problèmes de structure de celle-ci. Et les problèmes économiques deviennent politiques, avec la montée de l’eurosceptisme dans tous les pays. On sent de nombreuses forces centrifuges à l'œuvre. L’Europe se désagrège, et personne ne sait quel sera le premier domino à tomber…

- Le site de Syriza (17 mai) : GOUVERNEMENT GREC : LE PROGRAMME DE THESSALONIQUE EST EN ORDRE DE MARCHE

Résumé : « Tous les quatre piliers du programme de Thessalonique avancent à pas rapides en dépit des difficultés objectives ». Ceci est souligné par des sources grecques gouvernementales dans une dépêche informelle relative aux actions menées par le gouvernement de SYRIZA pendant les quatre premiers mois de son  mandat. Le nouveau gouvernement grec parachève quatre mois de responsabilités et, pendant ce court intervalle, il présente une œuvre importante dont le rendu fait apparaître l’intensité de l’effort déployé et le haut niveau de coordination.

Cet article est le 63ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne

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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 23:48

Résistant de la 1ère heure au nazisme puis maire de Berlin

 

Willy Brandt aurait eu 100 ans le 18 décembre 2013. Cet anniversaire a été fêté en Allemagne, au moment où naissait le 3ème gouvernement de Mme Merkel (voir Le nouveau gouvernement allemand : grande coalition CDU-CSU-SPD - 25 décembre 2013).  

Un parcours extraordinaire, d’abord de résistant au nazisme, émigré en Norvège, déchu de la nationalité allemande, c’est avec l’uniforme norvégien qu’il rentre en Allemagne après la guerre, maire de Berlin, 1er chancelier de gauche de l’Allemagne fédérale, homme de clivage, aujourd’hui rassembleur.

 

Le 16 décembre 2013, Jacques Omnès, sur son site "Mes Allemagnes" : http://mesallemagnes.net, évoquait son admiration pour cet homme en ces termes.

Le 18 décembre, Willy Brandt aurait eu 100 ans. Cet anniversaire est célébré en Allemagne. A juste titre. Je ne pense pas que du bien de la social-démocratie en général et de la social-démocratie allemande en particulier, qui cède bien trop souvent, à mon avis, à la pression idéologique de la droite. Mais cela ne m'empêche pas d'éprouver de l'admiration pour cet homme, dont les mérites sont incontestables.
Willy Brandt, c'est d'abord un résistant au nazisme. Beaucoup de Français ignorent sans doute que son véritable nom est Herbert Frahm et qu'il a conservé le pseudonyme qu'il avait choisi dans la clandestinité.
Willy Brandt, c'est aussi un homme politique qui a été en butte à l'hostilité de beaucoup de ses compatriotes, qui ne lui pardonnaient pas d'avoir porté brièvement l'uniforme norvégien pendant la guerre.
Willy Brandt, c'est l'Allemand qui s'est agenouillé devant le monument aux morts du ghetto de Varsovie.
Willy Brandt, c'est le chancelier dont la politique à l'Est ("Ospolitik") a ouvert la voie à la détente entre les deux Allemagnes et, finalement, à la reconnaissance du deuxième Etat allemand, la RDA.
L'ironie et la cruauté de l'histoire ont voulu que la RDA justement soit responsable de sa démission du poste de chancelier, lorsque l'on découvrit que son conseiller et intime Günter Guillaume était en fait un agent de l'Allemagne de l'Est.
Willy Brandt restera donc pour moi un représentant de l'Allemagne que j'aime, même si son image reste  entachée par les interdictions professionnelles qu'il décréta en 1972 et qui frappèrent surtout des communistes.

Voir aussi : Willy Brandt : l'Allemagne en héritage (Arte, 12 décembre 2013) et Willy Brandt rassemble enfin (Le Monde, Frédéric Lemaître, 12 décembre 2013).

 

Cet article est le 62ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne

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25 décembre 2013 3 25 /12 /décembre /2013 22:01

Bras de fer entre Angela Merkel (CDU) et Sigmar Gabriel (SPD)

 

Près de trois mois de réflexions et de négociations ont abouti, en Allemagne, à un nouveau gouvernement dirigé par la chancelière fédérale Angela Merkel. Les élections avaient été un succès pour l’alliance de droite CDU-CSU et un échec pour la gauche social-démocrate SPD (voir Elections allemandes du 22 septembre 2013 : recherche de coalitions - 26 septembre 2013). Mais le succès n’était pas abouti puisqu’il manquait six sièges à Angela Merkel pour être réélue sans avoir besoin de faire appel à d’autres partis (le partenaire libéral de la CDU-CSU s’étant liquéfié, n’obtenant pas le seuil d’entrée au parlement).

 

Que penser de ce nouveau gouvernement, en place pour les quatre prochaines années à Berlin (Voir Le nouveau gouvernement allemand (FranceTV info, 16 décembre 2013) ?

Manif Antilles Laval 003 TLe mieux est de consulter le site « Mes Allemagnes » de Jacques Omnès, comme je l’ai fait régulièrement dans le passé avec intérêt (* Voir http://mesallemagnes.net).

 

Je soumets à la réflexion de chacun la conclusion de cet article recommandé par J Omnès Comment Angela Merkel a piégé les sociaux-démocrates (Romaric Godin, La Tribune, 16 décembre 2013) qui évoque la stratégie de la chancelière. 

Ce n'est pas un hasard si en 2009 et 2013, ses deux partenaires de coalition ont, à chaque fois, subi des défaites électorales de grande ampleur. Par le sérieux qu'elle inspire, par son discours ambigu, par ses décisions à double tranchant, la chancelière parvient à canaliser vers ses partenaires le mécontentement. Elle va encore tenter de renouveler cette stratégie cette fois-ci. Un bras de fer s'engage dès ce 17 décembre entre elle et Sigmar Gabriel. Ce dernier est certes également subtil : il l'a montré en laissant Peer Steinbrück brûler sa carrière dans la campagne et en émergeant comme vainqueur sur les ruines de la défaite. Mais il s'attaque à un roc.

Les Sociaux-démocrates semblent sortir vainqueurs de la formation du gouvernement Merkel III. Mais la chancelière pourrait n’avoir cédé que pour mieux avancer.

A la lecture des principaux commentaires qui ont suivi l'annonce de la formation du gouvernement Merkel III, la cause semble entendue. En faisant peser la menace d'un « non » de sa base et, partant, d'une crise politique inédite en Allemagne, les Sociaux-démocrates sont parvenus à imposer leurs vues à Angela Merkel. La SPD, malgré un score électoral des plus décevants de 25 % le 22 septembre dernier, serait ainsi parvenu à dicter sa loi à une Union CDU/CSU qui avait engrangé 42 % des voix et à qui il ne manquait qu'une poignée de sièges pour obtenir la majorité absolue. Pour preuve : les Sociaux-démocrates sont parvenus, malgré la disproportion des forces, à obtenir plus de portefeuilles que la CDU… C'est, comme le sous-entend ce lundi matin le très libéral directeur de la rédaction du Handelsblatt, Gabor Steingart « la victoire des perdants. »

Feindre de céder pour se renforcer

Ce scénario semble acquis par la plupart des observateurs. Mais c'est un peu oublier qui est Angela Merkel : une des plus fines politiques d'un temps qui, il est vrai, n'en compte guère. Si l'on observe la carrière de l'ancienne physicienne est-allemande, on comprend que, comme le roseau, elle peut plier, mais qu'elle ne rompt guère. Depuis 2005, pas un de ses actes, pas une de ses décisions n'a eu pour d'autres fonctions que celle de se faire réélire et de renforcer in fine son pouvoir. Il en est évidemment encore ainsi cette fois-ci.

Un salaire minimum à double tranchant pour la SPD

La stratégie d'Angela Merkel ressemble à une retraite tactique. Elle feint de céder du terrain pour, en réalité, renforcer sa position. C'est ce qui s'est passé sur le salaire minimum, la décision qui sera la plus symbolique et la plus significative de ce nouveau gouvernement. En cédant sous la pression de la SPD, en affectant d'avoir tenté de résister en vain, elle fait de cette décision une décision sociale-démocrate. Aussi ne s'aliène-t-elle qu'à moitié la partie la plus conservatrice de son parti et le monde de l'entreprise. Surtout, si ce salaire minimum coûte cher aux entreprises et à l'économie allemande, s'il fait grimper les prix, si le « miracle allemand de l'emploi » marque le pas, il sera aisé à Angela Merkel de s'en dédouaner et d'en accuser les Sociaux-démocrates. On chantera la chanson habituelle des conservateur d'un SPD n'ayant pas rompu réellement avec son marxisme d'antan, ne comprenant pas les entreprises, etc. Et l'on insistera sur les fruits de la « résistance » de la chancelière : le report à 2017 (autrement dit la date des prochaines élections fédérales) de l'application de cette loi dans de nombreuses branches, notamment ceux des salariés des associations religieuses, qui représentent une part importante. Mais si ce salaire minimum devient une évidence outre-Rhin. S'il ne provoque pas l'apocalypse que certains économistes prédisent, s'il ne nuit ni à l'emploi, ni à la compétitivité des entreprises, alors Angela Merkel n'aura aucun mal à s'en attribuer une partie du bénéfice. Elle pourra souligner combien c'est elle qui, en 2011, a réussi à imposer à une CDU réticente le principe du salaire minimum. Elle pourra rappeler que c'est elle, chef du gouvernement qui aura imposé ce salaire minimum, qui a fait céder les résistances de la droite de la CDU en 2013 lors des négociations de coalition. La gloire de cette « révolution sociale » ne pourra que se refléter sur la chancelière.

Le piège de la transition énergétique

Avec une telle stratégie, Angela Merkel qui rappelons-le, s'est fait très discrète durant les négociations de coalition dans les médias, entend sortir gagnante à tous les coups. Un autre élément vient le prouver : la nomination de son grand rival Sigmar Gabriel au portefeuille de l'Economie et de l'énergie. En attribuant le portefeuille de l'énergie à son rival, elle lui confie la gestion d'un des dossiers les plus délicats de l'Allemagne contemporaine : le tournant énergétique. Sigmar Gabriel va devoir engager la sortie du nucléaire décidée par Angela Merkel après la catastrophe de Fukushima pour 2022. Les chantiers sont immenses : réorganisation du réseau de distribution électrique, gestion écologique et sociale des fermetures des centrales, construction d'un nouveau dispositif de production énergétique. Entre 2011 et 2013, le gouvernement Merkel II n'a pas beaucoup avancé sur ce terrain. Sigmar Gabriel est condamné à agir. Là encore, s'il réussit ce travail de titan, comment son succès ne pourrait pas retomber sur les épaules de la chancelière qui a décidé de ce tournant en 2011 ? Mais s'il échoue, il sera aisé de condamner ces Sociaux-démocrates incapables de mettre en œuvre concrètement leurs beaux idéaux écologiques. Il sera donc temps en 2017 de revenir à du « sérieux » et de… voter CDU, le parti qui avait engagé le tournant écologique avant que la SPD ne vienne tout gâcher. Là encore, Angela Merkel ne peut que sortir gagnante d'une telle situation. En revanche, Sigmar Gabriel devra avancer avec un piège tendu sous ses pieds.

Un portefeuille de l'économie symbolique, mais risqué

Le piège est d'autant plus subtil que le portefeuille de l'économie dont peut s'enorgueillir le patron de la SPD est entièrement vidé de sa substance. Celui qui détermine la vraie politique économique du pays, c'est le ministre des Finances qui, en Allemagne, est même le seul capable de s'opposer à la volonté de la chancellerie. Or, Wolfgang Schäuble, désormais le plus fidèle allié d'Angela Merkel (après avoir été un de ses rivaux les plus sérieux, preuve encore de la force politique de cette dernière) demeure le locataire de la Wilhelmstrasse. La marge de manœuvre de Sigmar Gabriel sera du reste encore plus réduite par l'attribution à la CSU bavaroise d'un ministère du « développement économique. » Bref, le titre économique de Sigmar Gabriel est principalement honorifique. En cas de succès de l'économie allemande, Angela Merkel ne manquera pas de le souligner. Mais en cas de détérioration de la conjoncture, son rival ne pourra pas se soustraire à la responsabilité que son titre lui confère de droit sinon de fait. Déjà, ce matin, Gabor Steingart insiste sur cette responsabilité du successeur de Ludwig Erhard, ministre de l'économie de l'après-guerre et auteur du « miracle allemand. »

Ne rien céder sur l'Europe

On notera cependant, pour finir, que la chancelière a conservé un atout dans la manche. Cet atout, c'est l'Europe. En faisant céder la SPD sur toute la ligne sur ce point, elle entend pouvoir poursuivre une ligne dure qu'ont illustrée les négociations sur l'union bancaire. La nomination annoncée d'une des « dures » de la Bundesbank à la BCE en est une autre preuve. L'ambition de la chancelière est claire : prouver à la partie de l'électorat tentée par le parti anti-euro Alternative für Deutschland (AfD) qu'elle lutte contre toute « union des transferts » et qu'elle défend avant tout les intérêts des contribuables allemands. Pour 2017, les 4,7 % des voix d'AfD et une partie des voix libérales représentent pour elle un réservoir électoral tentant.

2017 en ligne de mire

Si la chancelière prétend vouloir « décrocher » en 2017, ses actes ne semblent guère en cohérence avec ses paroles. Tout se passe comme si elle tentait de renouveler ses succès de 2009 et 2013 dans quatre ans. Aussi Angela Merkel n'innove-t-elle pas. Elle applique la recette qu'elle a déjà appliquée lors de ses deux précédents gouvernements. Ce n'est pas un hasard si en 2009 et 2013, ses deux partenaires de coalition ont, à chaque fois, subi des défaites électorales de grande ampleur. Par le sérieux qu'elle inspire, par son discours ambigu, par ses décisions à double tranchant, la chancelière parvient à canaliser vers ses partenaires le mécontentement. Elle va encore tenter de renouveler cette stratégie cette fois-ci. Un bras de fer s'engage dès ce 17 décembre entre elle et Sigmar Gabriel. Ce dernier est certes également subtil : il l'a montré en laissant Peer Steinbrück brûler sa carrière dans la campagne et en émergeant comme vainqueur sur les ruines de la défaite. Mais il s'attaque à un roc.

*Jacques Omnès a contribué à ces articles en 2012 : L'Allemagne pousse la France à s'aligner sur sa politique d'austérité - 12 novembre 2012 ; Jacques Omnès critique l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder - 4 novembre 2012 ; L'Allemagne, donneuse de leçons d'austérité, cherche à imposer sa loi - 3 novembre 2012 ; Allemagne : des points communs avec la France, selon Jacques Omnès - 9 janvier 2012.

  Cet article est le 61ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne

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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 17:24

La gauche, majoritaire au Parlement mais battue

 

Après les élections nationales du 22 septembre, la gauche pourrait gouverner si ses trois composantes étaient capables de s’entendre. Mais ce ne sera pas le cas, les sociaux-démocrates (SPD, centre gauche) refusant de s’allier avec la gauche Die Linke, composée d’anciens communistes de l’Allemagne de l’est et de dissidents du SPD de l’ex-Allemagne de l’ouest.

 

La droite démocrate-chrétienne (CDU + CSU en Bavière) est le parti dominant mais son allié (droite libérale, FDP) n’a pas atteint le seuil de 5 % des suffrages, indispensable pour obtenir des sièges. Tout proche de la majorité absolue (311 sièges sur 630), elle devra composer avec un des trois partis de gauche représentés au Parlement (SPD ou Verts sont sur les rangs). Car, à droite, un parti émergent, Alternative pour l’Allemagne (AfD) - qui n’a que 6 mois d’existence (il est fondé sur l’opposition à l’euro, monnaie unique européenne) - n’a pas atteint, non plus, le seuil de 5 %.

 

Tout cela découle du système électoral allemand à la proportionnelle, qui offre aux électeurs la possibilité de voter pour un nom dans leur circonscription et pour un parti au niveau national. C’est un système complexe mais apprécié des allemands. Rien à voir avec le système français actuel, majoritaire à deux tours, qui fait dépendre les résultats des élections législatives (députés) de l’élection présidentielle qui se déroule quelques semaines avant. En Allemagne, le président de la République est élu par les parlementaires des deux assemblées et n’a pas de pouvoir exécutif. En France le pouvoir exécutif est dominé par le président de la République.

 

Avant de lire la presse, il est bon de consulter l’excellent résumé publié sur son blog le 24 septembre 2013 par Yohann Duval. Voir Allemagne : Angela Merkel triomphe, les anti-euro émergent.

 

Dans la presse

 

Les vraies leçons des élections allemandes (Marianne, Gilbert Casasus*, 23 sept. 2013)

La politique de François Hollande ne doit pas être une décalcomanie de celle d’Angela Merkel. Sinon, il perdra sur tous les tableaux : tant en France qu’en Europe.

Il aura fallu attendre la défaite historique des libéraux du FDP, évincés du Bundestag, pour s’en rendre compte. Décidément, il y a quelque chose qui ne fonctionne plus dans le système politique made in Germany. Bien que dépassant largement le seuil des 50% dans l’ensemble du pays et confortée par une victoire éblouissante de la CDU/CSU, la droite allemande est minoritaire au parlement.

Elle fait face à une gauche certes divisée, déconsidérée et humiliée mais pourtant majoritaire en sièges à Berlin. Morcelée et désunie, celle-ci est toutefois incapable de gouverner la République fédérale d’Allemagne. Politiquement, elle a perdu les élections, même si arithmétiquement elle les a gagnées. Sauf que la politique, ce n’est pas de l’arithmétique et que la défaite de la gauche allemande en ce 22 septembre 2013 est l’une des plus cruelles qu’elle a dû subir depuis 1949.

Le résultat illogique des dernières élections allemandes est le fruit de la proportionnelle qui expose ici, au grand jour, ses propres limites. A cinq sièges près, la CDU/CSU aurait pu obtenir avec ses 41,50% des voix une majorité absolue des sièges au Bundestag. Mais n’en récoltant que 311 sur 630, elle est obligée de s’allier avec un partenaire qu’elle n’aurait pas voulu avoir à ses côtés. C’est là la conséquence de la proportionnelle et du refus des Allemands de s’interroger sur la pertinence du scrutin majoritaire. Persuadés que les partis demeurent interchangeables, ils privilégient toujours  la flexibilité des alliances politiques. Mais celles-ci  peuvent être contre nature et conduire à ce que l’Allemagne vit depuis plusieurs années, à savoir une dépolitisation de ses débats de société.

Si la chancelière a largement remporté les élections allemandes, c’est qu’elle a parfaitement su dépolitiser son pays. A l’image d’Angela Merkel, la République fédérale est devenue sûre d‘elle-même, nationale et libérale. La « femme la plus puissante du monde » incarne ainsi à la perfection une Allemagne qui s’est politiquement et intellectuellement appauvrie. Aujourd’hui, la RFA est lisse, rassurante et merveilleusement ennuyeuse. Elle est performante, ce dont elle se satisfait pleinement. Et, elle est ce qu’elle a toujours voulu être, la première de la classe.

Mais de classe, pas la moindre trace lors de dernière campagne électorale. Là aussi, Angela Merkel a réussi son pari : tout miser sur sa personne et donner au superficiel la place de choix qu’il n’aurait jamais eu le droit d’avoir dans une démocratie digne de ce nom. Si l’Allemagne d’aujourd’hui est désormais celle de ses mérites, la politique allemande ne mérite pas les lettres de noblesse que certains, en RFA ou autre part, aimeraient lui attribuer. Forcés et contraints, les Verts ou plus vraisemblablement les sociaux-démocrates s’allieront avec la CDU/CSU. Mais leur marche vers une coalition ressemblera à un chemin de croix car ils iront à Canossa, ne sachant plus ou juste s’ils doivent, oui ou non, y perdre leur âme.

Mais d’âme, il ne peut plus en être question depuis que le SPD a choisi de « faire des réformes ». Sauf que ces réformes n’ont profité qu’à la droite. Ainsi les sociaux-démocrates allemands subissent aujourd’hui les conséquences inéluctables de la politique instaurée lors de son second mandat par le chancelier Gerhard Schröder. C’est pourquoi leur défaite est méritée. Responsables de leur propre échec, ils pourraient alors s’abstenir de renouer l’expérience d’une nouvelle « Grande Coalition », dirigée par Angela Merkel. En auront-ils le courage ? Rien n’est moins sûr dans un pays, où les compromis gouvernementaux peuvent même se faire au prix des compromissions politiques.             

Si l’on devait ne tirer que deux leçons du scrutin du 22 septembre 2013, deux conclusions pourraient s’imposer d’elles-mêmes. D’une part que toute coalition gouvernementale, pour être légitime, doit répondre à une logique partisane et politique. Sinon, elle traduit un déficit, une contrainte ou un malaise politique, qui ne plaident pas pour la pérennité du système en place. D’autre part que la victoire d’Angela Merkel n’est pas une bonne nouvelle pour François Hollande. Qu’il se garde alors de s’inspirer du « Schröderisme », qu’il cesse de croire que « ses camarades du SPD » doivent lui servir de modèle, qu’il comprenne enfin que sa politique ne doit pas être une décalcomanie de celle d’Angela Merkel. Sinon, il perdra sur tous les tableaux : tant en France qu’en Europe. Mais là aussi, rien n’est moins sûr qu’il le comprenne.

* Professeur en Études européennes à l’Université de Fribourg (Suisse)

 

Voir aussi (Le Monde, Mathieu Von Rohr, 20 septembre 2013) : Le modèle allemand : "un géant en trompe-l'œil" 

 

A noter que, le 22 septembre, en Allemagne, il y avait une autre élection, dans le Land de la Hesse (Francfort), qui a donné des résultats tout aussi difficiles à transformer en coalition majoritaire. Voir La Hesse : un laboratoire pour les possibles coalitions en Allemagne (Le Monde, 25 septembre 2013). Le 22 septembre, grande journée électorale en Allemagne, se déroulait une autre élection que celle qui a vu triompher Angela Merkel au niveau fédéral. Dans le Land de la Hesse, les Allemands ont aussi élu leur Parlement régional et, comme au niveau fédéral, les résultats sont caractérisés par l'absence d'un scénario clair pour la constitution d'une coalition. Avec une différence notable cependant, dans ce Land  – un des plus riches d'Allemagne – situé dans le centre du pays, près de Francfort, une alliance du Parti social-démocrate (SPD), des Verts et de Die Linke n'est pas impossible, alors qu'elle est exclue à Berlin. Tout comme une coalition entre la CDU et les Verts, modèle qui permettrait à Angela Merkel, au niveau fédéral, de se passer du soutien des sociaux-démocrates.

 

Rappel : L'Allemagne impose son consensus de Berlin à l'ensemble de l'Europe - 18 mai 2013 

Modèle allemand, ses mythes et la réalité : un livre de Guillaume Duval - 29 juin 2013 

 

Cet article est le 60ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne

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29 juin 2013 6 29 /06 /juin /2013 11:54

Note de lecture de « Made in Germany » par Res Publica

 

Parmi les excellentes « Notes de lecture » de la Fondation Res Publica, celle-ci se détache par la qualité du livre, dont l’auteur est Guillaume Duval, rédacteur en chef du mensuel Alternatives économiques. Ingénieur de formation, il a travaillé pendant plusieurs années dans l’industrie allemande. Il est l’auteur de Sommes-nous des paresseux ? 30 autres questions sur la France et les Français (Le Seuil, 2008) et de La France d’après. Rebondir après la crise (Les Petits Matins, 2011). Voir Made in Germany - Seuil*.

 

Cette note de lecture est signée Baptiste Petitjean, directeur de la Fondation Res Publica.

Dans son dernier ouvrage, Guillaume Duval rappelle, dans un exercice analytique approfondi, que les succès industriels allemands ne sont pas dus à la politique économique libérale menée par le Chancelier Schröder au début des années 2000, mais plutôt à la rencontre de caractéristiques structurelles anciennes du « modèle allemand » et de leviers conjoncturels puissants.

 

Qu’est-ce que le « modèle allemand » ?

La bonne fortune de l’industrie allemande, explique Guillaume Duval, est liée à des caractéristiques structurelles et conjoncturelles qui n’ont rien à voir avec l’action de G. Schröder, assimilée à tort au modèle allemand. Parmi les avantages structurels, on peut souligner le développement et la production de richesses équilibrés au sein du territoire allemand ; la codétermination (Mitbestimmung), abusivement appelée cogestion ; le rôle déterminant de l’apprentissage et de la formation professionnelle ; la valorisation du travail industriel dans la société, etc. Autant d’atouts qui font défaut à la France et qui expliquent mieux le déclin de l’industrie française que la hausse supposée de son coût du travail, la rigidité du marché de l’emploi et le niveau trop élevé des dépenses publiques. Seule limite structurelle pour l’Allemagne, bien connue désormais : une dynamique démographique handicapante à long terme, avec une natalité faible, une subordination persistante des femmes dans le marché du travail et au sein de la société, la faiblesse non corrigée des possibilités d’accueil des enfants en bas âge, et enfin l’appauvrissement massif et programmé des futurs retraités.

En outre, depuis le milieu des années 2000, l’explosion de la demande des pays émergents, a rencontré et accompagné la spécialisation allemande dans les biens d’équipement et les automobiles de luxe. La « reconquête de l’hinterland centre européen » suite à la réunification a également été bénéfique à l’Allemagne, améliorant la compétitivité-coût de produits assemblés en Allemagne mais dont les composants et les sous-ensembles sont souvent fabriqués à moindre coût à l’étranger. Enfin, la baisse tendancielle récente du cours de l’euro par rapport à son pic de 2008 (1,6$) a permis de doper encore un peu plus les exportations allemandes, alors que la hausse qu’avait subie l’euro par rapport au dollar de 2000 à 2008 avait fini de miner ce qui restait d’industrie dans les autres pays européens. Au cours de cette période, la modération salariale pratiquée par l’Allemagne a fonctionné, il est vrai, comme une dévaluation interne et a donc compensé la hausse de l’euro. Mais à quel prix ! Le Chancelier Schröder et la partition social-libérale jouée lors de ses deux mandats ont en fait « fragilisé à terme l’économie et la société allemandes en permettant que s’y répandent la pauvreté et les inégalités et en freinant la modernisation de ses infrastructures collectives ». Entre 1998 et 2005, le PIB/habitant n’a augmenté en Allemagne que de 7,6% (11% en moyenne dans la zone euro, et 10,6% en France). Entre 2000 et 2005, le pouvoir d’achat des salariés allemands chutait de 2,8%, alors qu’il progressait de 5,7% en France. Enfin, le taux de pauvreté faisait un bond historique, passant de 10,5% en 1999 à 14,5% en 2006. La forte pression exercée sur les prestations sociales, dont le niveau baissait de 17,9% du PIB en 1997, à 15,4% en 2006 (18,2 à 17,8% en France), n’y était pas étrangère.

Au secours de G. Schröder, de son Agenda 2010 et des lois Hartz I à IV, les promoteurs de ce « modèle » allemand – qui n’est rien de moins qu’un programme de baisse des salaires et de démantèlement de la protection sociale – mettent en avant les chiffres du commerce extérieur de l’Allemagne : alors que la balance commerciale allemande était déficitaire en 1998 (15 milliards d’euros), elle est désormais largement excédentaire (188 milliards d’euros en 2012). Mais ce retournement traduit surtout « l’ampleur du déséquilibre entre l’épargne excessive des ménages et des entreprises allemandes et la faiblesse de la consommation et des investissements en Allemagne même ». Et précisons qu’il s’agit d’excédents commerciaux qui étaient largement réalisés sur les pays de la zone euro. Toutefois, on assiste depuis 2008 à « une mutation spectaculaire du commerce extérieur allemand : le pays n'accumule plus ses excédents au détriment de ses partenaires, mais bien davantage sur les marchés émergents » [1]. Ainsi, en 2007, l'excédent commercial allemand se faisait aux deux tiers au sein de l'UE, aujourd'hui il se fait aux trois quarts hors de l'UE. Guillaume Duval commet ainsi une légère erreur d’analyse lorsqu’il affirme que le prolongement de la crise européenne finirait par emporter l’économie allemande, en raison de la structure de son commerce extérieur. Cette transformation n’empêche pas pour autant de dire que la politique économique menée par G. Schröder porte une responsabilité déterminante [2] dans les déséquilibres macroéconomiques à l’origine de la crise de la zone euro [3]. A cela s’ajoute le coût de la réunification qui a bien entendu pesé sur l’Allemagne, mais aussi sur ses voisins dans des proportions proches, du fait de la politique non coopérative et d’inspiration ordo-libérale de la Bundesbank (augmentation des taux d’intérêt pour lutter contre inflation, sans concertation avec les partenaires).

L’ordolibéralisme et la construction européenne

Les idées ordolibérales, centrales dans la construction de l’Allemagne après la Seconde Guerre Mondiale, ont servi de modèle à la construction européenne depuis le Traité de Rome. Dans ce qui apparaît comme le point culminant de l‘ouvrage, Guillaume Duval revient sur ce corpus théorique trop souvent érigé en modèle. Selon l’ordolibéralisme tel qu’il a été pratiqué en Allemagne, l’Etat a certes un rôle central, mais il ne consiste qu’ « à établir les règles précises et à les faire respecter strictement par les acteurs de l’économie notamment en matière de concurrence », et « non à intervenir directement dans la production des biens et services ou à redistribuer des richesses pour corriger les inégalités » [pages 106-107]. Ces idées connaissent leur consécration dans les années 60 avec Ludwig Erhard et son « économie sociale de marché » (qui est tout sauf un concept social-démocrate).

Ce corpus théorique a eu une influence décisive sur la construction européenne depuis le Traité de Rome avec la construction d’une « Europe des règles », dotée d’institutions centrales largement privées de moyens d’intervention directe dans l’économie [4]. Ironie de l’Histoire, cette conception convenait aux autorités allemandes, mais aussi aux dirigeants français. Cela leur permettait de contourner le problème de la construction d’un Etat fédéral auquel il aurait fallu transférer des moyens financiers importants et des éléments significatifs de souveraineté et d’action. Toutefois, la logique ordolibérale « se révèle de plus en plus inadaptée, compte tenu de l’ampleur de ce qui a été mis en commun avec la monnaie unique et de la multiplication des échanges de biens, de services, de capitaux : des règles ne peuvent plus suffire à définir des politiques économiques adaptées en Europe et il faudrait désormais pouvoir véritablement décider et agir en commun ». C’est une Europe de projets que dessine Guillaume Duval [5], au premier rang desquels l’auteur place la conversion écologique de nos économies et la transition énergétique (le « Green New Deal européen ») bien qu’il semble difficile que l’Allemagne et la France parviennent à un accord, tant leurs choix en matière énergétique sont différents.

Finalement, « l’économie allemande s’en sort moins mal que d’autres aujourd’hui, malgré Schröder plutôt que grâce à lui » [page 140]. On a attribué à tort le rebond économique allemand des années 2000 aux effets différés de la politique Schröder, d’un seul coup élevée au rang de « modèle ». Or le rebond allemand est davantage la conséquence de la politique à peine moins libérale menée par Merkel, mais surtout la résultante des caractéristiques structurelles anciennes du modèle allemand, accompagnées de facteurs conjoncturels.
 

Made in Germany. Le modèle allemand au-delà des mythes (Alternatives économiques, 14 mars 2013).

 

Rappel : L'Allemagne impose son consensus de Berlin à l'ensemble de l'Europe - 18 mai 2013 

 

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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 21:06
Le modèle allemand n’en est pas un, sauf pour la précarité
La grande presse française réprime sévèrement toutes les opinions critiques vis-à-vis de la politique « austéritaire » de l’Allemagne. Et, pourtant, il y a beaucoup à dire sur la situation allemande.
 Voir cet article (6 mai 2013) de Pierre Rimbert sur le site du Monde Diplomatique :

Il n’est pas rare qu’un personnage de Tex Avery emporté par son élan franchisse le bord d’une falaise et poursuive sa course quelques instants dans le vide avant de mordre la poussière. Les politiques d’austérité imposées aux pays européens par l’Allemagne, la Banque centrale européenne, et - avec un enthousiasme déclinant - le Fonds monétaire international (FMI) ainsi que la Commission européenne, ont-elle atteint ce point où le coureur, comprenant soudain qu’il n’a plus rien sous les pieds, jette un regard penaud avant de s’écrouler ? Pas encore.

 

Certes l’Italie, l’Espagne, la Grèce, le Portugal, La Hongrie, la République tchèque soumis à l’obligation de coupes claires dans leurs services publics et dépenses d’Etat s’enfoncent dans la récession. Même les Pays-Bas et la Finlande, alliés traditionnels de l’Allemagne en matière de rigueur, ont connu une baisse d’activité en 2012, cependant que la France et le Royaume-Uni stagnaient. Seule la Pologne affichait l’année dernière une croissance supérieure à... 1 %.

 

Certes, la zone euro passée sous la toise de la bureaucratie austéritaire comptait à la fin du mois d’avril 19,2 millions de chômeurs (12,1 % de la population active selon Eurostat), un chiffre record et qui néanmoins ne dit rien de la dégradation vertigineuse des conditions d’existence du peuple grec.

 

Certes, un chef économiste du FMI a reconnu en janvier que son institution avait gravement sous-estimé les dégâts engendrés par l’impératif de restriction budgétaire : là où le modèle prévoyait qu’une réduction d’un euro de la dépense publique entraînerait une baisse de 0,5 euro de la richesse produite, l’analyse empirique montre que la contraction de l’activité serait deux à cinq fois supérieure.

 

Certes enfin, la thèse des illustres économistes de Harvard Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff selon laquelle une dette supérieure à 90 % du produit intérieur brut affaiblirait la croissance a été taillée en pièce par un étudiant de l’Université du Massachusetts, qui s’est amusé à refaire les calculs : les auteurs, cités comme des prophètes par les partisans de l’austérité - du commissaire européen aux affaires économiques et monétaires Olli Rehn à l’ancien directeur de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet - avaient écarté des données contradictoires et construit leur modèle à partir d’un tableur affecté par une erreur de formule. Il n’en faudrait pas tant à un âne pour faire demi-tour.

 

Mais à l’instar des personnages de Tex Avery, banquiers centraux, économistes orthodoxes et dirigeants politiques ignorent les faits et galopent, pour quelques temps encore, dans un éther de croyance. Leur credo du moment porte le nom de « modèle allemand », expression synthétique de la doctrine économique portée par les élites européennes qui associe austérité budgétaire (réduire le déficit de l’Etat et la dette), austérité monétaire (monnaie forte, lutte contre l’inflation) et austérité salariale.

 

Ce dernier volet, mis en œuvre par le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder dans les années 2000 et systématisé depuis par la droite allemande, repose lui-même sur deux principes. Premièrement, « activation » coercitive des chômeurs par le rabotage des prestations sociales et l’obligation d’accepter des emplois mal payés (les « mini-jobs »). Deuxièmement, création d’un marché du travail flexible et précaire destiné à accueillir ces nouveaux salariés des services dans un pays dépourvu de salaire minimum ; des accords syndicaux de branche troquent simultanément le maintien dans l’emploi des salariés de l’industrie contre la rigueur salariale et l’aménagement du temps de travail à la convenance de l’employeur. Ainsi cet appareil productif rendu « compétitif » par la baisse des « coûts du travail » et dopé par une fiscalité accommodante se tourne-t-il vers l’exportation et la conquête des marchés émergents.

 

Sur le papier, ce « modèle » séduit. Non seulement l’Allemagne présente un taux de chômage officiel très inférieur à celui de ses voisins de l’ouest et du sud (6,9 % en avril), une balance commerciale excédentaire, mais la chancelière Angela Merkel jouit d’une popularité intacte après plus de sept années de pouvoir. L’inflexibilité de Mme Merkel sur la scène européenne rassure en effet une population peu encline à voir le produit de ses sacrifices affecté au renflouage des pays du sud, présentés par la presse germanique comme un club de vacances pour banqueroutiers indolents.

 

Mais la face sombre du « consensus de Berlin » pourrait compromettre l’extension durable de cette politique à l’ensemble des pays de la zone euro. Le paradis des petites et moyennes industries est aussi celui de la précarité où quatre salariés sur dix sont payés moins de 1000 euros par mois. Où l’imaginaire social et les pratiques salariales cantonnent encore largement les femmes aux tâches domestiques, agrémentées ou non d’un « petit boulot » à temps partiel ; payées 23 % de moins que les hommes, elles représentent la majorité des trois millions de salariés rémunérés moins de 6 euros de l’heure. Où le vieillissement explique une part importante de la baisse du chômage - « entre 2000 et 2012, explique le journaliste économique Guillaume Duval, la population allemande âgée de 15 à 64 ans a diminué de 1,7 million de personnes alors qu’elle s’est accrue de 2,8 millions en France ». Même l’indicateur-totem de la réussite économique, la croissance, n’atteint pas des niveaux propres à ravir les investisseurs. Négative au quatrième trimestre de l’année 2012, elle est estimée par les prévisionnistes de Berlin à 0,5 % en 2013.

 

Toute croyance a son église, ses prélats, ses cardinaux. Et ses inquisiteurs, désormais installés à la tête des grandes rédactions françaises. Critiquer le « modèle allemand », ou simplement signaler ses à-côtés, relèverait de l’hérésie. Il a suffi qu’un brouillon de texte du parti socialiste émette, vendredi 26 avril, des réserves sur la politique économique menée à Berlin pour que Libération (29 avril) titre « Le PS dérape », son éditorialiste évoquant la convergence du « populisme », de la « xénophobie » et d’une « douteuse germanophobie » ; pour que Le Figaro (27-28 avril) annonce en Une que « Le PS déclare la guerre à l’Allemagne » ; pour que l’éditorial du Monde (28-29 avril) morigène « ce petit jeu infantile [...] extrêmement dangereux » mêlant « démagogie » et « populisme ». Et pour que le directeur du Point (2 mai), Franz-Olivier Giesbert, mal remis d’une condamnation pour diffamation, conjure les puissances malfaisantes de l’hétérodoxie avec son sens coutumier de la mesure : « Mélangez morphine, hallucinogènes, paresse intellectuelle et vous aurez le texte du PS, un copier-coller des bouffonneries involontaires que l’on peut lire dans Le Monde diplomatique ou dans Alternatives économiques, nos deux bibles du vaudouisme appliqué aux finances publiques. »

S’ils ont le diable en tête, faut-il également exorciser les lecteurs du « Monde diplomatique » ?

 

A l’opposé, un directeur de banque allemande constate que "Le modèle allemand atteint ses limites" (La Tribune, 22 avril 2013) mais cela ne doit pas empêcher la France d’adopter ce modèle de dérégulation (propos recueillis par Romain Renier).

 

L’avis de Jean-Pierre Chevènement, qui connaît très bien l’Allemagne

"François Hollande doit approfondir les 'tensions amicales' avec l'Allemagne"

François Hollande a parlé de "tensions amicales" avec l'Allemagne. J'aimerai qu'il formule cela d'une manière plus claire, et avant les élections allemandes qui se déroulent en 2013. Ou bien on change les règles de la zone euro et cela dépend des Allemands. Ou bien alors on transforme l'euro de monnaie unique en monnaie commune. On le garderait pour les échanges internationaux et on ressuscite un SME-bis.

 

Réorienter l'Europe : JP Chevènement demande de reprendre le débat - 29 avril 2013

Marie-Françoise Bechtel présente le livre de Jean-Pierre Chevènement - 4 janvier 2011

 

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21 mars 2013 4 21 /03 /mars /2013 23:32

La zone euro résistera-t-elle à l’éclatement ?

 

Après le rejet d’un plan de sauvetage par le Parlement chypriote, la Banque Centrale Européenne (BCE) a fait monter la pression en imposant un ultimatum qui ressemble à une déclaration de guerre à l’encontre d’un Etat membre de l’Union européenne. Voir La BCE menace d'étrangler Chypre (Le Monde, 21 mars 2013).

 

Jacques Sapir avait réagi dès le 20 mars : Chypre: Draghi use du Blocus monétaire

 

Le « blocus monétaire » de Chypre qui vient d’être mis en œuvre par la BCE est un acte d’une extraordinaire gravité, dont les conséquences doivent être soigneusement étudiées.

La décision de M. Mario Draghi porte sur deux aspects : tout d’abord la BCE n’alimente plus la Banque Centrale de Chypre en billets (point qui n’est semble-t-il pas essentiel car les réserves de « cash » semblent importantes) et ensuite elle interrompt les transactions entre les banques chypriotes et le reste du système bancaire de la zone Euro. C’est cette dernière mesure qui est de loin la plus grave.

D’une part, elle condamne à court terme les banques chypriotes (mais aussi les entreprises basées à Chypre, qu’elles soient chypriotes ou non) car désormais elles ne peuvent plus faire de transactions avec le reste de la zone Euro.

D’autre part, elle équivaut à un « blocus » économique, c’est-à-dire dans les termes du droit international à une action qui équivaut « acte de guerre ». C’est donc dire la gravité de la décision prise par Mario Draghi. Elle pourrait d’ailleurs se prêter à contestation devant les cours internationales. C’est donc dire la responsabilité prise par Mario Draghi qui pourrait, à ce compte, se retrouver un jour devant un tribunal, international ou non.

Sur l’interruption des relations entre banques chypriotes et la zone Euro, l’argument invoqué est le « doute » sur la solvabilité des dites banques chypriotes. C’est à l’évidence un pur prétexte car des « doutes » il y en a depuis juin dernier. Tout le monde sait qu’avec les conséquences du « haircut » imposé sur les créanciers privés de la Grèce, on a considérablement fragilisé les banques de Chypre. La BCE n’avait pas réagi à l’époque et ne considérait pas le problème de la recapitalisation de ces banques comme urgent.

Elle se décide à le faire au lendemain du rejet par le Parlement chypriote du texte de l’accord imposé à Chypre par l’Eurogroupe et la Troïka. On ne saurait être plus clair. Le message envoyé par Mario Draghi est donc le suivant : ou vous vous pliez à ce que NOUSavons décidé ou vous en subirez les conséquences. Ce n’est pas seulement un message, c’est un ultimatum. On mesure ici que toutes les déclarations sur le « consensus » ou l’« unanimité » qui aurait présidé à la décision de l’Eurogroupe ne sont que des masques devant ce qui s’avère être un Diktat.

 

Cécile Chevré, rédactrice de la Quotidienne d’Agora, lettre s’adressant au monde de la finance, écrit ce 21 mars 4 scénarios pour Chypre.

Hier la tension exercée sur Chypre est montée d'un cran : la BCE a menacé de cesser de fournir en liquidités les banques chypriotes et de bloquer toutes opérations financières internationales. Objectif avoué de la manoeuvre : faire plier Nicosie et convaincre le gouvernement – et le Parlement – chypriote d'accepter les conditions du plan de soutien proposé par la zone euro. Nicosie doit donc mettre sur la table 5,8 milliards d'euros pour que les 10 milliards promis soient versés.

 

La BCE justifie sa décision en expliquant que l'approvisionnement d'urgence des banques européennes en manque de liquidité (ELA) ne s'applique pas aux banques chypriotes, qui sont en situation de défaut.

Pour le moment, les banques de l'île restent fermées. La plupart des distributeurs automatiques ont été vidés de leur réserve de billets. Les opérations via Internet ont été suspendues... et ce jusqu'à nouvel ordre. L'île est déjà coupée du monde monétairement, et va l'être encore plus même en cas de réouverture des banques, qui a été reportée à mardi prochain.

 

Le blocage organisé par la BCE devrait avoir plusieurs conséquences :
- les réserves de
cash : pour faire face à la demande en pièces et billets, Chypre va avoir recours dans un premier temps aux réserves de cash de sa banque centrale. Reste à savoir combien de temps elles pourront tenir... Chypre risque de se retrouver très vite à court de monnaie.
- les virements à l'étranger seraient impossibles, ce qui à terme devrait asphyxier l'économie chypriote.

 

Le président Nicos Anastasiades s'est engagé à proposer un plan B aujourd'hui. Mais quels sont les scénarios d'évolution de la crise chypriote ?

 

1. L'aide russe
Le ministre des Finances s'est rendu en Russie pour essayer de négocier une nouvelle aide financière. La Russie avait déjà prêté 2,5 milliards d'euros à Chypre en 2011. Aujourd'hui, Moscou semble beaucoup moins enthousiaste à l'idée d'aider à nouveau l'île, et ce malgré les liens étroits (historiques, économiques et financiers) existants entre les deux pays.

Nicosie a un atout de plus dans sa manche depuis les dernières discussions : la taxe sur les plus gros dépôts. Celle-ci toucherait de plein fouet les nombreux Russes qui possèdent un compte à Chypre. Autre carte à jouer pour Nicosie : ses réserves de gaz. Je vous en parlais hier, Gazprombank, la banque du géant gazier russe Gazprom aurait proposé une aide financière à Chypre en échange de contrats d'exploitation des réserves gazière off shore.

Cependant, d'après les spécialistes interviewés sur le sujet par Le Monde, cette aide ne pourrait pas aller au-delà des 3 milliards d'euros. Or Chypre a besoin d'au moins 5,8 milliards. Non seulement l'ampleur des réserves gazières n'est pas encore précisément connue mais leur exploitation devrait au mieux débuter en 2017, voire en 2020.

Une potentielle aide russe risquerait de heurter la sensibilité de l'eurozone qui n'apprécie déjà pas le refus du Parlement chypriote de voter le plan de sauvetage qui lui a été soumis. La zone euro a promis 10 millions à Chypre...

Enfin, une aide financière de Moscou signifierait une dette supplémentaire sur un tas qui est déjà trop gros pour être remboursé.

 

2. Chypre lâche du lest
Le gouvernement chypriote pourrait revenir sur le refus du Parlement et maintenir la taxe exceptionnelle promise. La zone euro, face à la levée de bouclier qui avait suivi l'annonce d'une taxe de plus de 6% sur les dépôts de plus de 100 000 euros, avait proposé de ne pas taxer les dépôts inférieurs à cette limite mais d'augmenter la taxation des dépôts les plus importants, de 9% à 12% ou 15%.

Le projet présenté devant le Parlement mardi dernier prévoyait quant à lui une exonération des dépôts de moins de 20 000 euros.

Mais ce qui semble le plus gêner Nicosie, ce n'est pas la taxation des petits dépôts, mais celle des gros, appartenant pour la plupart à des étrangers. L'économie de Chypre repose en grande partie sur son statut de centre financier international, et le gouvernement chypriote hésite manifestement à changer la donne.

Nicosie pourrait aussi proposer de trouver les 5,8 milliards manquants en nationalisant les fonds de retraite ou encore la fusion des deux principales banques de l'île. Certains évoquent même le rachat d'une importante banque chypriote par la Russie.

 

3. La zone euro lâche du lest
Pour le moment, la zone euro quant à elle semble bien décidée à ne pas renflouer des banques qui fonctionnent en trop grande partie sur de l'argent russe.

Cependant, Nicosie pourrait décider de jouer un coup de bluff et faire pression sur la zone euro en menaçant de laisser ses banques faire faillite et surtout de sortir de la zone euro. Une telle sortie désorganisée donnerait une image catastrophique des capacités de gestion de crise de l'eurozone et de la BCE.

Le spectre d'une sortie de l'euro de Chypre peut décider la zone euro à adoucir les conditions du sauvetage. Le Mécanisme européen de Stabilité (MES) pourrait alors prendre à sa charge tout ou une partie des problématiques 5,8 millions d'euros. Petit problème : l'intervention du MES demande l'accord du Parlement allemand qui, vous le savez, déteste sauver les cigales de l'Europe et encore plus celles qui se refusent aux efforts demandés. Pas gagné donc.

Reste la BCE qui pourrait déclencher son OMT, soit le programme de rachats d'obligations, mis en place en septembre dernier. Là encore, grain de sable dans cette belle mécanique : l'OMT s'accompagne de mesures de rigueur que pour l'instant Chypre se refuse à mettre en place.

 

4. La sortie de la zone euro
Un scénario qui est très loin d'être improbable et qui sera même inévitable si aucun accord n'est trouvé entre la zone euro et Chypre, et si l'île ne parvient pas à se dégoter un sauveur de dernière minute (russe ou autres...).

Pour éviter une faillite ou pour faire défaut sur sa dette, Chypre serait obligée de revenir au système d'une banque centrale capable d'imprimer sa propre monnaie... et donc quitterait de facto la zone euro.

Une expérience qui est scrutée de près par les autres pays qui ont bénéficié de l'aide de la BCE et de la zone euro : l'Irlande, le Portugal, l'Espagne ou encore l'Italie.

 

 Cet article est le 57ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne

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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 23:55

L’indignation et la force de la raison pour changer le monde

 

L’impasse de la situation politique nationale italienne (voir En Italie, les élections reflètent le malaise des citoyens face à l'Europe - 26 février 2013) est à rapprocher de l’incapacité de la gauche en France à ouvrir des perspectives. Culturellement, économiquement et politiquement, sans parler de la géographie, les deux pays sont proches. Ils souffrent de la politique européenne, néolibérale et conservatrice, après avoir cru intensément que l’Europe était leur avenir.

 

La déception et le rejet de cette politique s’expriment par des canaux différents (Le Mouvement cinq étoiles de Beppe Grillo en Italie, principalement le Front national de Marine Le Pen en France), qui sont plus les  symptômes de la mauvaise santé de la politique que des solutions au problème.

 

Quand je militais au Ceres avec Jean-Pierre Chevènement dans les années 1970, j’avais pris connaissance de la pensée de Antonio Gramsci, écrivain et théoricien politique italien, fondateur du Parti communiste italien, mis en prison sous le régime mussolinien.

 

Il est utile de revenir sur le parti communiste italien et sur la pensée de Gramsci (Cahiers de prison).

Le Parti communiste italien s’est dissout en janvier 1991 à Bologne, donnant naissance au parti démocrate de la gauche et au parti de la refondation communiste.

 

Voir PARTI COMMUNISTE ITALIEN - Encyclopédie Universalis

Celui qui devint « le plus puissant parti communiste du monde non communiste » avait été fondé au congrès de Livourne en 1921. Le Parti communiste italien (P.C.I.) ne regroupe d'abord que la minorité ultragauche du Parti socialiste dirigé par Amadeo Bordiga et le groupe qui, autour d'Antonio Gramsci, avait publié à Turin la revue Ordine nuovo. Aux élections de mai 1921, il obtient seize sièges de député. Mais il n'est pas en mesure de s'opposer à l'avènement du fascisme. Au congrès de l'exil à Lyon (1926), la ligne sectaire suivie par Bordiga est condamnée ; Gramsci, puis Palmiro Togliatti, succèdent à Bordiga au poste de secrétaire général du parti.

Très fidèle à l'internationalisme prolétarien et à Moscou (contrairement à une idée reçue), le P.C.I. reste parfaitement orthodoxe. Mais il reconnaît depuis l'origine la nécessité d'une « voie italienne vers le socialisme », et les analyses, profondément originales, de Gramsci, mort en prison en 1937, placent sa spécificité dans son insertion dans un pays catholique. C'est ce qu'a proclamé avec lucidité Togliatti, l'un des principaux dirigeants du Kominform sous le pseudonyme d'Ercoli, dès son retour de Moscou où il était réfugié pendant la guerre. Toutefois un désaccord existait entre Togliatti et Gramsci sur le « niveau d'alignement » à observer à l'égard de la politique soviétique. Gramsci, à la fin de sa vie, semble bien avoir perdu confiance dans le « centre mondial ».

Durement éprouvé par la répression, le P.C.I., grâce à son action dans la résistance au fascisme, passe de dix mille membres en 1943 à cinq cent mille en 1945. Adjoint de Togliatti, Luigi Longo, alors chef des partisans en haute Italie, réorganise remarquablement l'appareil. Dès septembre 1944, renonçant à toute stratégie insurrectionnelle, Togliatti réclame la coopération avec les catholiques et la « marche légale vers le pouvoir. » (…)

 

Voir aussi dans un autre registre : Marcelle Padovani sur le communisme en Italie

 

Introduction à Antonio Gramsci

Journaliste et militant, Antonio Gramsci arrive à la tête du Parti communiste italien dans les années 1920, puis est arrêté et condamné à vingt ans de prison par le régime fasciste. Il s'éteindra dix ans plus tard, non sans avoir laissé à la postérité ses Cahiers de prison, plus de 2000 pages manuscrites d'incursions intellectuelles aussi audacieuses que profondes sur l'histoire, la culture, la politique ou la révolution.
Ce livre commence par retracer la trajectoire biographique d'Antonio Gramsci, avant d'aborder la conception gramscienne de la vie culturelle et des intellectuels, puis sa réflexion politique avec les notions clés de «société civile », de « guerre de mouvement/position », de « révolution passive » et de « césarisme ». Des éléments de philosophie gramscienne sont présentés, dont l'affirmation selon laquelle « tout homme est un philosophe », l'approche du « sens commun » et la reconstruction du marxisme comme « philosophie de la praxis ». Ainsi sont posés les jalons qui conduisent à la notion d' « hégémonie », idée force qui contient et approfondit les autres apports majeurs de la pensée gramscienne.
Celui-ci n'est pas seulement un auteur classique des sciences sociales ; c'est aussi un passage obligé en vue d'une élucidation critique du capitalisme contemporain.

 

«Pourquoi je hais l'indifférence», Antonio Gramsci (Mohammed Yefsah, 28 février 2013)

 

La raison et le cœur pour transformer le monde

 

La publication d'une nouvelle anthologie du penseur italien Antonio Gramsci (22 janvier 1891 - 27 avril 1937) tombe à pic. La trentaine d'articles rassemblés par les éditions Rivages, sous le titre «Pourquoi je hais l'indifférence », sont un lointain écho du passé qui prend son ampleur dans le présent.

A l'indignation qui implique le simple sentiment du cœur, Antonio Gramsci préfère l'indignation de la raison. La grandeur du cœur se conjugue alors à la force de la raison pour comprendre le monde et le changer. Les textes rassemblés, nouvelle traduction de Martin Rueff, témoignent de cet élan. « Un homme ne peut vivre véritablement sans être un citoyen et sans résister. L’indifférence, c'est l'aboulie, le parasitisme, et la lâcheté, non la vie. C’est pourquoi je hais les indifférents. L’indifférence est le poids mort de l’histoire » (p.55). L'indifférence, synonyme de fatalité, d’absentéisme politique travaillant pour l'intérêt du petit nombre de possédants, est un état qui peut être brisé par l'invention du collectif, la renaissance de l'action.

La défaite des ouvriers de Fiat, le 8 mai 1921, se transforme sous la plume de Gramsci en une sorte de chant à leur gloire. À cette époque où l'industrie automobile s'est massivement implantée en Italie, avec son lot d'exploitation et de résistance des travailleurs pauvres, Gramsci rend un émouvant hommage à la lutte des ouvriers de la fabrique de Turin : « Ils ont résisté pendant un mois. Ils étaient exténués physiquement parce que cela faisait des semaines et des mois que leurs salaires avaient été réduits et ne suffisaient plus au soutien de la famille, et pourtant ils ont résisté pendant un mois. Ils étaient complètement coupés de la nation, submergés par un poids général de fatigue, d’indifférence, d’hostilité, et pourtant ils ont résisté pendant un mois. (…) ils se savaient condamnés à la défaite et pourtant ils ont résisté pendant un mois » (pp.75-76).

Dans le verbe de Gramsci, l'adverbe « pourtant » permute la défaite en une victoire et la bataille d'un mois résonne comme une très longue durée. Ce qui montre la profondeur de son humanité, exprimée avec une sublime écriture conjuguant l'intelligence et le sentiment. Pour lui, l'implication dans la vie de la cité et la politique sont une affaire sérieuse. « Si un savant se trompe dans ses hypothèses au fond, c'est un moindre mal : une certaine quantité de richesses de choses est perdue : une solution a précipité, un ballon a éclaté. Si un homme politique se trompe dans ses hypothèses, c'est la vie des hommes qui est en danger, c'est la faim, c'est la révolte, c'est la révolution pour ne pas mourir de faim » (p.61).

 

En effet, Antonio Gramsci, philosophe et homme politique (député de Turin de 1924 à 1926), est parmi les grands penseurs du XXe siècle. Membre fondateur du Parti Communiste Italien (PCI), journaliste de talent, la grande partie de ses œuvres ont été écrites en prison. « Nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner pendant vingt ans », est la tristement célèbre phrase du procureur fasciste Isgro qui, le 4 juin 1928, condamne Gramsci à cette peine de prison, un an et demi après son arrestation. Sa réflexion foisonnante aborde divers sujets : la religion, le fascisme, le mouvement ouvrier, la paysannerie, la philosophie, la linguistique, la littérature, la politique, l'idéologie, le droit. Il développe le concept d'hégémonie culturelle pour expliquer la domination de la bourgeoisie et celui de praxis en tant que moyen de lutte des masses. Pendant ses onze années de captivité, il n'a cessé d'écrire et de tenir une riche correspondance. Ses écrits seront publiés en de monumentaux volumes, sous le titre de Carnets de prison ou parfois Cahiers de prison, Écrits politiques, Textes, par différentes maisons d'édition et avec différentes traductions.

 

Gramsci ravagé par la maladie, tuberculose et artériosclérose, est transféré dans une clinique en octobre 1933, après une campagne internationale de solidarité en sa faveur. Préparant sa sortie de clinique à Rome et son retour en Sardaigne, sa région natale, il meurt le 27 avril 1937.

 

 Cet article est le 56ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne

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