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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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23 mai 2008 5 23 /05 /mai /2008 22:54

 

A Reims, les socialistes peuvent-ils surprendre ?

 

Certes, je n’étais pas à Epinay-sur-Seine en 1971 (car j’effectuais mon service national en tant que coopérant technique à l’Institut de technologie agricole de Mostaganem, en Algérie), mais j’ai lu les comptes rendus de ce congrès du nouveau parti socialiste, qui avait succédé, deux ans plus tôt, à la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière). C’est dans cette ville de Seine-St-Denis (93) que le Parti socialiste actuel est né.

 

Tout porte à croire que le PS aura un nouveau visage dans les deux ou trois années qui viennent, avant la prochaine élection présidentielle en 2012. Mais lequel ? Celui de la continuité de la dérive libérale, personnifiée, hier par Lionel Jospin, demain par Bertrand Delanoë ? Ou celui de la refondation portée par celles et ceux qui auront la clairvoyance et le courage de l’innovation dans le prolongement des idées de Jean Jaurès ?

 

Cette semaine, Bertrand Delanoë, qui ne manque pas d’ambition*, a eu les honneurs de la presse, à l’occasion de la parution de son livre ce 23 mai (« De l’audace », Robert Laffont). Il a fait le choix d’assumer ce qu’il est, un libéral au sens classique du terme, c’est-à-dire politique et économique.

 

Cette prise de position a pour effet d’obliger les autres aspirants aux responsabilités à se déterminer par rapport à lui, et son ombre portée, Lionel Jospin. Les réactions ne se sont pas fait attendre. Sous le titre « Le libéralisme de Delanoë provoque un tollé au PS », le site du Nouvel Observateur, ce 23 mai, rapporte, notamment, celle de Benoît Hamon (voir www.nouvelobs.com).

 

"A rebours de l'évolution de la gauche"

Benoît Hamon, pour sa part, estime que Bertrand Delanoë "nous joue l'ode au libéralisme", qui lui semble aller "à rebours de l'évolution de la gauche".
Dans un entretien à paraître jeudi dans
France Soir, Benoît Hamon juge "assez baroque" la volonté affichée par le maire de Paris d'inviter la gauche à se réapproprier le libéralisme.
"Au moment où le modèle économique libéral est en plein marasme, où on réalise, partout dans le monde, que la dérégulation du système nous a conduit dans l'impasse, avec les crises bancaires, financières et énergétiques, Bertrand Delanoë nous joue l'ode au libéralisme", juge Benoît Hamon.
"Cela me semble aller à rebours de l'évolution de la gauche", affirme-t-il évoquant les Etats-Unis, où Hillary Clinton et Barack Obama "prennent le contre-pied des positions démocrates en remettant en cause le libre-échange" et en Europe, "où la social-démocratie est en crise, puisqu'elle a perdu 13 des 15 dernières élections!" "Que Bertrand Delanoë fasse son entrée dans le congrès comme cela, je trouve cela surprenant", juge-t-il.

 

Chacun va devoir choisir, y compris ceux qui ne veulent ni de Bertrand Delanoë, ni de Ségolène Royal, à la tête du PS. Des reclassements vont s’opérer. Ainsi, l’ancienne ministre Yvette Roudy a choisi de ne pas suivre Arnaud Montebourg dans son cheminement « ni Delanoë, ni Royal ». Elle rejoint Ségolène Royal en se justifiant ainsi :

 

(…) « Nous voulons rester fidèles à la rénovation de notre parti pour laquelle nous avons oeuvré toutes ces années. Nous avions fait le choix en 2007 de soutenir Ségolène Royal. Elle a porté nos idées au delà de nos espérances : démocratie participative, réforme institutionnelle, développement durable, pacte social européen. Aujourd’hui, nous faisons le choix de continuer avec elle le travail de rénovation entrepris ».

 

D’autres, comme Martine Aubry et les proches de Dominique Strauss-Kahn, rejoindront le maire de Paris, après avoir signé une contribution au débat. Autour de Benoît Hamon, la gauche du parti sera présente et peut jouer un rôle important. Les conditions lui sont plus favorables que ces dernières années. Et Benoît Hamon a les qualités pour rassembler.

 

Les choix de François Hollande et de Ségolène Royal seront déterminants. Affaire à suivre…

 

En attendant, voici la réflexion d’un politologue, Jean-Philippe Roy, sur son blog, le 22 mai, concernant le livre de Bertrand Delanoë et la concurrence au sein du PS.


"De l'audace" : un acte politique lourd de Delanoë

« Mercredi, la divulgation des bonnes feuilles du livre de Bertrand Delanoë a eu lieu. Serait-ce un moment fort de l'histoire politique française, ces événements rares qui font qu'il y a un avant ou un après ? La plupart des commentaires se polarisent sur un « coming out » idéologique: le maire de Paris entend assumer, à sa manière, une identité "libérale". Une déclaration que l'on peut essayer de décrypter, tant du point de vue idéologique que du point de vue de la stratégie politique.

Il rappelle, en fait, ce que veut dire libéral, au sens classique du terme : la légitimité de la liberté individuelle comme facteur d'émancipation et de créativité. Il insiste sur la différence entre le libéralisme et le capitalisme, phénomène de concentration des profits, source de conservatisme social, donc la nécessité d'une certaine régulation pour faire que la liberté des uns puisse s'arrêter là où commence celle des autres.

Autrement dit, il réaffirme que liberté et égalité sont liées et non opposées, d'ou la nécessité d'une régulation garantissant les libertés individuelles. Ce faisant, il replace le socialisme français dans l'héritage idéologique des Lumières et de la Révolution française. Mais en même temps, il se différencie de "la gauche de la gauche". Depuis sa campagne contre le TCE, celle-ci avait préempté le mot libéral comme un fétiche repoussoir, permettant de fédérer contre ce mot toutes les contestations, toutes les protestations. En assumant le libéralisme politique, il se pose donc en s'opposant, au risque de ne pas plaire à tout le monde.

Le corollaire de cette posture est qu'il fait un pari politique risqué : il s'agit pour lui de donner des gages à un électorat, celui qui s'est porté sur François Bayrou en 2007. Pour résumer en quelques mots : mieux vaut, pour lui, parler à l'électorat de François Bayrou qu'à François Bayrou lui même. Par ailleurs, il fait le pari qu'en captant des électeurs du MoDem, il serait présent au second tour de l'élection présidentielle, et que mécaniquement les reports des candidats de gauche se feraient par le jeu de la "discipline républicaine".

Il affirme ainsi une différence majeure de stratégie politique par rapport à Ségolène Royal : il est donc temps de casser un commentaire trop souvent ressassé : il n'y aurait pas de différence idéologique entre Delanoë et Royal, ce serait de là que viendrait tout le mal. La discussion sous le dernier post du blog d'Eric Dupin** est particulièrement éclairante. En effet, on y découvre que les "grands congrès socialistes" se sont tous construits, moins sur des sujets de fond que sur des stratégies pour arriver au pouvoir. Autrement dit : comment faire pour gagner et avec qui ? L'acte que pose Bertrand Delanoë n'est donc pas un geste de basse cuisine partisane, mais un acte politique fort qui annonce une volonté stratégique lourde.

Il ne fait donc pas de doute qu'il est en marche vers une candidature à la tête du parti socialiste et pour l'emmener, selon sa stratégie, vers l'élection de 2012 (…).

Un autre problème, de taille, se pose à lui: comment assumer ce tournant idéologique (en réalité ancien au PS, mais nouvellement assumé), sans perdre MM. Mélenchon, Hamon, Emmanuelli et les militants qui vont avec ? Une rupture idéologique et militante peut aussi devenir un gouffre électoral infranchissable.

Cet aspect-là le différencie aussi beaucoup de la vision du parti socialiste que développe Ségolène Royal. Elle souhaite un parti plus nombreux en militant, donc sur une base idéologique plus large et plus diverse, Bertrand Delanoë fait lui le pari d'un "parti épuré", mais plus cohérent. Décidément, à bien y réfléchir, il y a de réelles différences entre ces deux approches ! »

A lire sur http://www.rue89.com/politicom/de-laudace-un-acte-politique-lourd-de-delanoe

 

* En 1983, nouvellement nommé secrétaire national aux fédérations départementales du PS (par le 1er secrétaire, Lionel Jospin), Bertrand Delanoë faisait le tour des départements. Il nous avait demandé de doubler le nombre d’adhérents en Mayenne, au moment où le gouvernement Mauroy ouvrait la « parenthèse libérale » (non refermée, vingt-cinq ans plus tard), qui eut pour effet de tarir le recrutement de nouveaux adhérents.

 

** Le commentaire de René Fiévet le 20 mai 2008 est très instructif.

Éric Dupin insiste sur les convergences de fond entre Royal et Delanoë, sans doute pour diminuer la portée des débats qui s’annoncent pour le prochain Congrès du PS. Depuis quelque temps, c’est effectivement très « tendance » de porter un regard désabusé sur tout ce qui se rapporte au PS. Succès assuré.

Mais si on y réfléchit, n’est-il pas finalement assez rare qu’il y ait de fortes divergences de fond entre les différents courants du PS, au plan idéologique s’entend ? Après tout, si on prend l’exemple du Congrès d’Épinay de 1971, les socialistes étaient d’accord sur l’essentiel: la transformation socialiste de la société. Ils étaient en désaccord sur la stratégie politique: programme ou non avec les communistes.

Et Épinay fut un grand congrès politique. De même, au Congrès de Tours en 1920, tout s’est joué sur l’adhésion ou non à l’Internationale Communistes. Mais majoritaires et minoritaires étaient d’accord au plan idéologique sur l’objectif de transformation révolutionnaire de la société. Qui peut nier que Tours a modelé le paysage politique français pour au moins 80 ans ? A mon sens, le dernier Congrès “idéologique” fut celui qui opposa les mitterrandistes et rocardiens au Congrès de Metz en 1979, où il fut beaucoup question de la place du plan et du marché dans la société. Ce fut un grand congrès politique, mais dominé quand même par le contexte de l’affrontement entre 2 personnalités.

Tout ceci pour dire qu’il ne faut pas minimiser les désaccords politiques entre Royal et Delanoë. Le congrès de 2008 s’annonce comme un congrès sur la ligne politique- notamment sur la stratégie d’alliance. Il est aussi un congrès sur la nature du PS dans le système politique français. Pour faire simple; le PS doit il rester ce qu’il est: un parti de militants, axé sur un projet politique (Delanoë) ; ou doit-il prendre le tournant définitif de la présidentialisation du régime politique, et devenir un parti de supporters derrière un “chef” (Royal). Contrairement à ce que laisse penser Éric Dupin, il s’agit de beaucoup plus qu’une « manière différente de faire de la politique ». De ce point de vue, Reims 2008 s’apparente beaucoup au Congrès des Néos de 1933. Voilà qui est de nature à faire du futur Congrès de Reims un grand congrès politique. Ne faisons pas la fine bouche. Cela n’arrive pas si souvent.

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6 mai 2008 2 06 /05 /mai /2008 14:41

 

Trois ans pour préparer l’unité et relever le défi

 

Le temps de l’action politique est venu. Après le 6 avril au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), qui a relancé le MRC, le 5 mai 2008 à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) a montré le chemin du redressement de la gauche.

Dans le cadre du banquet républicain du 5 mai à Choisy-le-Roi, le club politique Gauche Avenir organisait le lancement des forums de l’unité de la gauche.

 

Voici la trame de l’intervention de Jean-Pierre Chevènement, telle qu’on peut en prendre connaissance, ce 6 mai, sur son site www.chevenement.fr.

Un nouveau départ pour la gauche

La gauche est solidement installée dans le paysage local mais elle ne peut oublier qu'elle a échoué à trois reprises à conquérir le pouvoir d'Etat, à l'occasion des élections présidentielles de 1995, 2002 et 2007. Cette incapacité est-elle rédhibitoire ?

I – La gauche est placée devant un grand défi : la conquête du pouvoir d'Etat.

1. La politique engagée par Nicolas Sarkozy répond à un dessein illusoire : celui d'adapter la France à la mondialisation

L'abaissement du coût du travail est une impasse pour la France comme pour l'Europe. Ce n'est pas de cette manière que nous restaurerons notre compétitivité face à la Chine, l'Inde, etc. On nous donne la politique allemande en exemple. Cette politique de compression des coûts s'exerce au détriment des autres pays européens. Elle est de plus en plus rejetée en Allemagne. La politique de Nicolas Sarkozy ne prépare pas l'avenir. Elle tue la croissance. Elle ruine la solidarité. Elle ne répond pas à l'exigence d'un effort partagé.

2. Cette politique est d'autant plus vouée à l'échec que c'est la mondialisation ou plutôt la globalisation qui est entrée en crise.

a) La globalisation : un phénomène à la fois économique et politique. L'ouverture des marchés aux FMN sous les coups de boutoir des Etats-Unis - la domination absolue des marchés financiers - la dictature de l'actionnariat.

b) Cette globalisation est entrée en crise :
- 1997-98 : crises asiatiques, russe, latino-américaines
- 2000 : bulle technologique
- 2007 : crise des subprimes

• l'échec du FMI et l'autonomisation des pays émergents
• la fuite en avant des Etats-Unis, déficits et endettement interne et externe – taux d'intérêt réels négatifs – chute du dollar.
• augmentation du prix du pétrole
La tentation de la coercition militaire et l'enlisement au Moyen-Orient. Les Etats-Unis vivent au-dessus de leurs moyens – surextention impériale. Le problème posé au monde est celui d'un nouveau cycle organisé autour d'un monde multipolaire et de nouvelles règles du jeu.

 

3. La crise bat en brèche les postulats libéraux

- libre échangisme ;
- refus des politiques industrielles ;
- intervention des Etats au capital des entreprises

4. Elle ouvre un espace à la gauche pour apporter des solutions

a) Nouvelles règles du jeu à l'échelle mondiale – fourchettes de parité monétaires et rétablissement des capacités d'épargne des Etats-Unis ;
Régulation concertée des échanges internationaux : Afrique – APD – pays émergents doivent accepter les normes sociales et environnementales.
Conférences internationales sur le modèle Bretton-Woods.

b) Au niveau européen – modèle européen
- Gouvernement économique de la zone euro
- Croissance et harmonisation fiscale et sociale
- Rôle déterminant de l'Allemagne
- Rôle de catalyse de la France
- Reconnaissance du rôle des Etats.

c) Au niveau national :
- Faire face à la récession
- Politique industrielle : les moyens
- Education – recherche – innovation
- Civisme – science – écologie de l'humanité – culture.

5. La gauche française est placée devant un grand défi.

a) Eloignement des couches populaires et absence de projet à la hauteur des défis du temps expliquent l'échec de la gauche aux trois dernières élections présidentielles : 1995 – 2002- 2007.
Le contexte est favorable à la fois pour élaborer ce projet et combler cet écart avec les couches populaires.
Plus qu'une alternance fondée sur le rejet, la gauche doit préparer une alternative sérieuse et durable.

b) Pour autant, il ne faut pas sous-estimer la capacité de rebond de Nicolas Sarkozy. Les droites européennes partout jouent sur les réflexes de peur, en exploitant l'insécurité et l'angoisse devant une immigration mal contrôlée. C'est d'une refondation républicaine dont la gauche a besoin. Ne sous-estimons pas les ressources de la démagogie de l'adversaire.

II – Un nouveau départ pour la gauche.

1. La gauche doit dépasser des clivages obsolètes.

a) Le Congrès de Tours en 1920 : entre la thèse de la prise de conscience démocratique des masses et celle de la conscience importée au sein même de la classe ouvrière par un parti d'avant-garde, l'Histoire a tranché, ce qui ne veut pas dire rejet de la théorie, de la réflexion, de la formation et surtout du débat pluraliste.

b) La création du Mouvement des Citoyens en 1993 a correspondu à un double refus : celui de la guerre du Golfe et de l'alignement derrière l'Hyperpuissance américaine, et celui de l'Europe de Maastricht.
Nos critiques sont aujourd'hui mieux comprises, même si nous savons qu'existent toujours au sein du PS un courant de suivisme pro-américain et un courant européiste qui s'est manifesté récemment par l'approbation du traité de Lisbonne. Mais il existe aussi au sein du PS des courants, qui militent pour l'indépendance et pour la réorientation de la construction européenne.

c) Le souci de l'écologie est aujourd'hui largement pris en compte au sein de la gauche tout entière, même s'il existe au plan théorique, un débat sur la Nature, la culture, la raison critique, la science et le progrès.

d) La République aujourd'hui à laquelle les radicaux sont attachés n'est plus contestée, non plus que le rôle du citoyen, en tant qu'il est une parcelle de la souveraineté populaire, mais aussi un individu libre dont l'esprit critique, formé par l'Ecole laïque est nécessaire à la démocratie. Certes l'exigence républicaine, en tant qu'elle implique la subordination des intérêts particuliers à l'intérêt général n'est pas toujours bien comprise. Mais la notion d'intérêt général ne peut s'affiner que dans le débat, à travers une juste hiérarchisation des intérêts et des niveaux d'appartenance.
Ce qui reste de ces clivages doit pouvoir être résorbé par le débat au sein d'un grand parti de toute la gauche.

2. La création de ce grand parti rassemblant toutes les cultures de la gauche peut et doit être l'électrochoc qui permettra une nouvelle refondation comme la gauche a su le faire à Epinay et à toutes les étapes de son histoire.

a) Ce parti doit être ouvert à toutes les sensibilités des plus radicales aux plus gestionnaires dès lors que la perspective gouvernementale est assumée. Croire aux vertus du débat. Il y aura fécondation réciproque. Vouloir créer un parti révolutionnaire à côté d'un parti social-libéral serait ouvrir un boulevard à la droite.

b) Cela ne veut pas dire que ce grand parti de toute la gauche doive faire l'économie d'une analyse de ce qu'est le capitalisme financier aujourd'hui. Le mouvement socialiste depuis ses origines est inséparable d'une critique du capitalisme de son temps. La création du grand parti de toute la gauche doit se faire sur la base d'une conscience claire des formes inédites prises par le développement du capitalisme : dérégulation généralisée et mise en concurrence des territoires et des mains-d'œuvre – souveraineté des marchés financiers, etc.

De même, l'évolution de la construction européenne nous impose de réaffirmer l'ancrage de la gauche dans la nation républicaine, levier de notre responsabilité au monde, comme l'avait très bien compris et formulé Jaurès en son temps. C'est dans ce cadre que la gauche peut faire vivre les valeurs de citoyenneté, de laïcité et de solidarité et opposer une critique à la fois constructive et sans concession à la politique de la droite qui ne vise qu'à adapter la société française à la globalisation financière.

c) Avant de poser le problème des alliances, il faut savoir soi même où l'on habite.

d) Ce grand parti doit être ouvert, démocratique, pluraliste. Son assiette naturelle est le monde du travail et de la création.

e) Seule la réunion et le dialogue sans sectarisme de toutes les cultures de la gauche et de toutes les forces sociales, à l'exception, bien entendu, des rentiers de la Finance, pourra drainer des centaines de milliers de sympathisants et de militants syndicaux et associatifs qui ressentent le besoin d'un engagement politique nouveau, ailleurs que dans des organisations qui les ont déçus.

Seul un grand parti de toute la gauche pourra capter l'énergie des nouvelles générations. C'est dans ce cadre que pourra être entrepris le vigoureux effort de débat, de mise en commun, de synthèse et de mise à niveau, et, bien entendu, de formation de cadres. Notre pays retrouvera ainsi confiance en lui-même et pourra tourner les pages du sarkozysme pour ouvrir la voie à une nouvelle donne, à l'échelle nationale, européenne et mondiale.


3. Les étapes nécessaires.

a) Je propose que toutes les organisations et toutes les personnalités de gauche et de progrès qui le voudront réunissent dans les départements des Forums de l'unité. Ceux-ci auraient à traiter de quelques sujets-clés :
- l'analyse de la globalisation, de sa crise, et des perspectives qu'elle ouvre ;
- la valorisation du travail dans le contexte de la mondialisation ;
- l'avenir de la protection sociale et de la santé ;
- les enjeux de l'éducation et de la recherche ;
- la forme et les étapes du parti à créer.

b) Ces forums pourraient déboucher sur des Assises de la gauche au printemps 2009.

c) Ces Assises prépareraient un projet clair sur la base duquel s'opérerait un rassemblement qui, dans un premier temps, pourrait éventuellement prendre la forme d'une Fédération anticipant sur le grand parti à créer.

C'est dans ce cadre que pourrait intervenir au plus tard au printemps 2011 la désignation par tous les militants du candidat de la gauche à l'élection présidentielle de 2012.

Ce candidat ne serait pas seul. Il serait porté par un projet collectif et par un élan qu'il nous appartient de faire lever dans le pays sans attendre.

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5 mai 2008 1 05 /05 /mai /2008 16:30

 

Face à la crise mondiale… fiers d’être de gauche !

 

Plusieurs journaux évoquent le lancement ce soir par le club politique « Gauche Avenir » de sa démarche visant au rassemblement de la gauche sur des bases de fidélité à son histoire et à ses valeurs. L’évènement a lieu ce soir à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) en présence, notamment, de Jean-Pierre Chevènement (MRC) et de Benoît Hamon (PS), qui exprimeront leurs idées sur ce thème.

 

En complément de ce que j’ai écrit à ce sujet sur ce blog (voir l’article paru le 28 avril), j’ai constaté que plusieurs journaux en parlent, ce qui est une bonne nouvelle !

Le site de Marianne www.marianne2.fr titre ce matin :

« Fiers d'être de gauche ? Oui, certains le sont encore! »

« Alors que le débat interne au PS s'achemine vers un ennuyeux duel Delanoë-Royal, Marianne2 publie une contribution du Club Gauche Avenir, où se retrouvent des responsables socialistes, communistes, Verts et chevènementistes » (…).

 

« Le texte, dont publions quelques extraits, «Fiers d'être de gauche» a été signé par quelques dizaines de militants socialistes, communistes, Verts, MRC et sans parti.

Ces signataires ont deux convictions :
1°) La gauche doit revenir à ses fondamentaux que la crise actuelle du système rend plus actuels que jamais.
2°) Le rebond de la gauche passe par l'unité de toute la gauche.

 

Pour Marie-Nöelle Lienemann et Paul Quilès, plus rien ne justifie la division née du congrès de Tours. Il convient donc d'entamer un processus d'unification du PS et du PC. Pour les autres, l'unité entre les composantes de la gauche ne doit pas se cantonner au plan électoral ; elle passe par un échange approfondi aboutissant à un nouveau programme commun.

Dans l'immédiat les animateurs de Gauche avenir organisent une série de banquets républicains qui rassembleront diverses composantes de la gauche locale. Le premier se déroule le lundi 5 mai à Choisy-le-Roi » (…).

 

Par ailleurs, Le Journal du Dimanche publiait sur www.lejdd.fr, hier 4 mai, un entretien avec Marie-Noëlle Lienemann.

« A gauche toute ! »

 

Soucieux de voir le Parti socialiste opérer sa rénovation à gauche plutôt qu'au centre, la députée européenne Marie-Noëlle Lienemann et l'ancien ministre Paul Quilès présentent lundi leur livre blanc, Fiers d'être de gauche. Malgré les difficultés à faire passer leur conception du PS, ils entendent se servir de ce bréviaire pour défendre leur idée d'un grand parti de gauche.

 

Le PS planche sur son identité? Eux préfèrent voir plus large. Les membres du club Gauche Avenir - animé notamment par l'eurodéputée PS Marie-Noëlle Lienemann et l'ancien ministre Paul Quilès - présenteront lundi une charte "pour l'unité de la gauche". Un petit livre blanc d'une soixantaine de pages, au titre offensif: "Fiers d'être de gauche". Objectif: affirmer des valeurs communes face à l'hégémonie culturelle de la droite, et constituer une nouvelle étape vers l'unité.

Voici près d'un an que ce club de réflexion, créé après la présidentielle, réunit politiques, syndicalistes, associatifs et intellectuels des différentes sensibilités de la gauche. Soit 2500 personnes qui, comme le journaliste Ivan Levaï, "ne veulent pas croire que la gauche est morte". La déclaration de principes du PS leur paraît "fade", "light". Leur texte refuse l'alliance au centre. Et tous se disent attachés à l'"évolution révolutionnaire" chère à Jaurès, une citation qui a malencontreusement sauté dans le livre. "Face à la crise mondiale, on doit tourner le dos à l'affadissement de la gauche française, résume Marie-Noëlle Lienemann. On n'attend pas le grand soir, mais on défend toutes les formes d'action qui permettent d'inverser la logique d'un système inégalitaire, du tout-fric et destructeur de l'environnement."

Un texte débattu lors de banquets républicains

La charte fixe donc sept objectifs: nouvelle approche des questions économiques et sociales avec le renforcement du rôle de l'Etat, juste répartition des richesses, protection des écosystèmes planétaires... Et elle maintient le cap: l'unité de la gauche, jugée indispensable pour gagner les élections nationales. Le bréviaire, édité à 2500 exemplaires, sera débattu lors de banquets républicains. Le premier se déroulant lundi soir dans le Val-de-Marne, en présence du député européen Benoît Hamon (NPS) et de Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du MRC. Puis la tournée se poursuivra en province. Direction la Somme, la Corrèze et la Creuse.

Difficile de voir au-delà. Car tous n'ont pas la même conception de l'unité. Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès ont déjà lancé un appel pour la constitution d'un grand "Parti de la gauche", PS, PCF, Verts, PRG, MRC... mais aussi des clubs, des associations et "tous les déçus des partis de gauche". Jean-Pierre Chevènement prône, lui aussi, un "nouvel Epinay". L'ancien ministre défend la création d'un parti "rassemblant toutes les composantes de la gauche, aussi bien radicales que gestionnaires". Et propose d'organiser des forums de l'unité pour aboutir à des assises nationales, fin 2008-début 2009.

Certains défendent une autre idée. L'ancien ministre PCF Jean-Claude Gayssot, qui participe à Gauche Avenir, penche pour "une force politique nouvelle à la gauche du PS recentré", un peu comme le Die Linke en Allemagne. Il rêve que le PCF soit à l'origine du processus... mais les ténors de son parti semblent peu réceptifs. Pour le sénateur PS Jean-Luc Mélenchon qui reste en dehors de Gauche Avenir, "la priorité, c'est que l'autre gauche - la gauche non socialiste - se rassemble car, tant qu'elle est en miettes, le PS regarde du côté du centre, et on court à la catastrophe!" (…).

Sur le site de Gauche Avenir http://www.gaucheavenir.org, on prend connaissance du débat entre Benoît Hamon et Marie-Pierre Vieu, publié sur http://www.humanite.fr

 

« Débat Hamon/Vieu sur l'avenir de la gauche »

 

« Dans le cadre de la préparation du banquet républicain du 5 mai à Choisy-le-Roi, nous vous invitons à lire le débat publié dans l’Humanité sur la question de l’avenir de la gauche, avec Marie-Pierre Vieu, membre du Comité exécutif national du PCF, vice-présidente de la région Midi-Pyrénées et Benoît Hamon, député européen et membre du bureau national du PS » (…).

 

Ainsi, une partie des socialistes, très minoritaire aujourd’hui, n’accepte pas les choix des dirigeants du PS, qui conduisent la gauche vers une voie « démocrate » à l’italienne, l’allemande ou britannique.

La crise du capitalisme justifie la recherche d’une alternative aux politiques néolibérales, comme l’a réaffirmé hier le MRC (voir sur ce blog Chevènement convainc les cadres du MRC de passer à l'offensive - 4 mai 2008).

 

Jean-Pierre Chevènement, à qui je confiais hier, à l’issue du Conseil national du MRC, que la situation actuelle présente des points communs avec la période précédant le congrès d’Epinay, en 1971, m’a répondu que la situation de la gauche était pire après 1968. Mais le contexte est très différent, ne permettant pas vraiment de comparer.

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2 mai 2008 5 02 /05 /mai /2008 22:51

 

Benoît Hamon sera-t-il l’homme de la situation ?

 

Après les catastrophiques élections nationales italiennes (gauche divisée, parti démocrate portant bien son nom), le successeur de Tony Blair et les travaillistes subissent une déroute aux élections locales en Angleterre.

En Allemagne, le nouveau parti de la gauche s’implante durablement, avec des résultats électoraux autour de 10%, qui obligeront tôt ou tard les sociaux démocrates (SPD) à accepter une alliance qu’ils refusent jusqu’à présent, préférant une grande coalition avec la droite démocrate chrétienne.

 

Dans un tel contexte, que feront les socialistes français ?

 

La voie italienne se ferme, au grand dam de Ségolène Royal et Bertrand Delanoë, qui soutenaient la démarche du parti démocrate de Walter Veltroni (15 avril 2008 La gauche italienne, divisée et affaiblie après 2 ans au pouvoir, perd les élections nationales).

 

La configuration allemande est particulière (26 mars 2008 Le parti social-démocrate allemand (SPD), divisé sur le choix des alliances pour gouverner).

 

Le PS prépare son congrès (27 mars 2008 Les socialistes français, portés par un vent de radicalité à gauche, préparent leur congrès).

 

Dans un premier temps, il a réformé sa « déclaration de principes ».

 

« Le PS a adopté lundi sa nouvelle "déclaration de principes", un document en 21 articles précédés d'un préambule. Elle sera soumise au débat et au vote des militants pour adoption à la Convention du PS du 14 juin. Il s'agit de la première phase de la préparation du Congrès (7 au 9 novembre) » (http://tempsreel.nouvelobs.com, 22 avril 2008).

 

Dans ce même article sur le site du Nouvel Observateur, Vincent Peillon exprime sa préférence.

 

« Le PS a besoin d'avoir Ségolène Royal "à sa tête" pour succéder au premier secrétaire du parti, François Hollande, lors du congrès de novembre, a estimé, lundi 21 avril, l'eurodéputé socialiste Vincent Peillon, porte-parole de campagne de l'ancienne candidate à la présidentielle.
"Aujourd'hui, le Parti socialiste a besoin d'avoir Ségolène Royal à sa tête autour d'une équipe de gens de talents et pas seulement des candidats putatifs et qui l'aident dans sa tâche" pour la présidentielle de 2012, a-t-il affirmé sur France Inter/Le Monde i-télé ».

 

Auparavant, le 17 avril, sur www.liberation.fr, le journaliste David Revault d’Allonnes intitulait son article « Congrès : le NPS* montre le bout de son nez ». L’animateur du NPS, c’est Benoît Hamon.

 

« Les grandes manœuvres pré-congrès ont bel et bien commencé au PS. Après Ségolène Royal qui, il y a dix jours, lançait une «consultation participative», c’est au tour du Nouveau parti socialiste (NPS) de partir à l’offensive. Ce courant de la gauche du parti planche actuellement sur la préparation de huit grandes réunions régionales, qui se tiendront de fin avril à juin, «où seront mises en débat les options que nous défendons», explique Benoît Hamon, leader de cette sensibilité. Le député européen l’assure : «On se met en mouvement» (…).

Ségolène Royal-NPS, même méthode ? «Il y a une chose sur laquelle nous sommes d’accord avec elle : il faut défendre une offre autour de laquelle les gens s’agrégeront, poursuit Benoît Hamon. Certains rentrent dans le congrès comme dans une partie de Rubik’s Cube, en envisageant toutes les contributions possibles. Nous, nous le ferons avec une offre politique. Comme elle.» Là s’arrête la ressemblance entre les deux initiatives : «Nous, nous proposons des options, pas des questions. On ne demandera pas si le capitalisme est méchant ou si l’écologie, c’est bien», résume Benoît Hamon.

Ces «options pour une gauche moderne», rassemblées dans un «plan détaillé», visent à «préparer la France de l’après-Sarkozy en anticipant ce que sera la situation dans quatre ans, et en préparant les moyens de revenir au pouvoir dans un contexte où les inégalités auront augmenté, où la violence sera plus forte et les instruments de régulation auront été démantelés par la politique du gouvernement» (…).

* Le NPS est un courant qui, au moment du congrès du Mans de 2005, pesait près d’un quart des suffrages des militants. Mais qui, depuis, a vu partir plusieurs de ses dirigeants. Dont Arnaud Montebourg, puis Vincent Peillon, devenu depuis l’un des principaux soutiens de Ségolène Royal.


Le 29 avril, le quotidien Libération publiait un entretien de David Revault d’Allonnes avec Rémi Lefebvre, professeur de science politique à l’université de Reims
, auteur, avec Frédéric Sawicki, de la Société des socialistes (Editions du Croquant) ; Rémi Lefebvre livre son diagnostic sur la rénovation du PS.

«Le PS condamné à de petits replâtrages»

 

Dans l’épais brouillard qui entoure aujourd’hui la préparation du congrès, quels scénarios se dégagent ?

Rarement congrès, dans l’histoire du PS, aura été aussi incertain, avec des lignes de force aussi changeantes. Trois intrigues sont possibles. Un duel frontal entre Delanoë et Royal, une opposition entre cette dernière et des «reconstructeurs», groupe aux frontières aujourd’hui très floues, ou encore une configuration plus classique, comme à Dijon ou au Mans, avec confrontation entre gauche et droite du parti. Avec un risque commun à tous ces scénarios : qu’il n’y ait, à l’arrivée, aucune clarification idéologique.

Pourquoi une telle incertitude ?

C’est le signe d’un parti qui n’est plus structuré par des loyautés idéologiques durables. Les courants sont devenus des coteries instables. Les identités y sont fluides, et les reclassements permanents. A part, peut-être, à la gauche du parti. Encore faudrait-il que celle-ci dépasse une certaine culture de la division et de la balkanisation idéologique. Car, au fond, qu’est ce qui distingue Marie-Noëlle Lieneman, Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon ?

Est-ce la fin des courants ?

C’est en tout cas la crise des sensibilités organisées. Un exemple : le courant strauss-kahnien était l’un des plus structurés, avec une vraie identité idéologique construite autour de la modernisation et du refus du surmoi marxiste. Mais il n’a pas résisté au départ de son leader, ni aux rivalités qui l’ont miné de l’intérieur. Au-delà, les positions sont devenues interchangeables : quelles sont, sur la durée, les positions sur l’Europe de Julien Dray, Arnaud Montebourg ou Vincent Peillon ? Qu’est ce qui distingue, sur le fond, Ségolène Royal, François Hollande ou Bertrand Delanoë ? Il n’y a même pas d’accord sur les désaccords ! Les clivages sont artificiels et ne masquent que des luttes d’intérêts. La déshérence idéologique est totale.

Que signifie l’inflation du nombre de prétendants au poste de premier secrétaire ?

Le jeu est tellement ouvert que tout le monde tente sa chance. Dans la mesure où le débat ne porte plus sur les idées, la question des personnes devient surdéterminante. Le leadership est devenu le nouveau mantra du PS. Mais, plutôt qu’à l’homme ou à la femme providentiel(le), il faudrait réfléchir aux conditions à réunir pour qu’il existe une autorité au PS. Aujourd’hui, il n’y en a plus.

Partant de ce constat, la rénovation s’avère-t-elle une mission impossible ?

Le PS a déjà perdu beaucoup de temps. La défaite de 2007 avait ouvert une fenêtre d’opportunité. Mais elle n’a débouché que sur une période de latence. Aujourd’hui, il y a retour à la routine de l’organisation, et le mot de rénovation a perdu tout son crédit. Même au sein du parti, personne n’y croit plus. Le PS est condamné à de petits replâtrages en coulisses. Avec un effet délétère sur l’opinion publique. Le PS est même devenu illisible pour ses propres militants…

Justement, comment expliquer que le PS ait perdu 40 % de ses militants ?

D’abord parce que, dans toute organisation politique, les défaites sont toujours suivies d’hémorragies militantes. Mais aussi parce que le départ des nouveaux «adhérents à 20 euros» était écrit. Le PS se retrouve à son étiage historique, autour de 130 000 adhérents, plus que jamais rétracté sur son réseau d’élus. Et ceux-ci n’ont pas intérêt à ce qu’arrive le nouvel adhérent, qui est celui qui va remettre en cause les équilibres établis et se montrer critique. Le PS est un monde fermé, qui ne cherche pas à recruter. Sa logique est celle d’un repli sur soi.

Beaucoup de socialistes promettent un congrès pas comme les autres, avec des militants qui ne voteront plus selon la consigne du patron de la fédération…

Le vote des militants reste captif. Certes, les militants sont de moins en moins sensibles aux pressions et aux intimidations de leur secrétaire de section, ou de leurs responsables fédéraux. Mais le poids des élus demeure déterminant. Et d’abord parce qu’énormément de militants sont des collaborateurs des élus, qui travaillent dans les cabinets ou les collectivités locales. Ils sont donc dans des relations de dépendance. Le poids des grands féodaux du PS demeure donc très important. 


C’est le point de vue de Rémi Lefebvre, qui exprime ici l’avenir raisonnable. Mais il ne faut pas exclure un avenir moins prévisible avec, comme acteurs principaux, jouant un rôle clé, Benoît Hamon, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, qui avaient créé ensemble NPS, « le Nouveau Parti Socialiste », le nom que portait, entre 1969 et 1971, le parti issu de la SFIO, qui allait devenir le Parti socialiste lors du congrès d’Epinay-sur-Seine, en 1971.

Rappel : Gauche Avenir organise un banquet républicain le 5 mai à Choisy-le-Roi, au cours duquel s’exprimeront Benoît Hamon et Jean-Pierre Chevènement. Un hasard, sans doute !

Voir, sur ce blog, l’article paru le 28 avril 2008 Gauche Avenir organise un banquet républicain avec Chevènement, Hamon et Cabanes

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28 avril 2008 1 28 /04 /avril /2008 17:16

 

Débattre pour refonder et rassembler la gauche

 

Paul Quilès, Marie-Noëlle Lienemann, Emmanuel Maurel, ainsi que des responsables politiques, syndicaux, associatifs, des diverses sensibilités de la gauche, ont lancé, il y a un an, un appel à la création d’un grand parti de la gauche.

 

Ils ont fondé le club « Gauche Avenir », qui a associé des milliers de signataires, en particulier par Internet et grâce à de nombreuses contributions, à la rédaction d’un projet de « charte de l’unité de la gauche ».

C’est ce projet qu’ils présenteront, dans le cadre du banquet républicain du 5 mai à Choisy-le-Roi, en présence d’invités appelés à en débattre :

 

-          Benoît Hamon, député au parlement européen, membre du bureau national du PS,

-          Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, président d’honneur du MRC,

-          Claude Cabanes, ancien directeur de la rédaction du journal L’humanité.

 

Dans la perspective de ce débat, le site de Gauche Avenir www.gaucheavenir.org a publié la tribune parue dans l’édition, datée du 24 avril, du quotidien, sous la signature de Jean-Pierre Chevènement (voir aussi le blog www.chevenement.fr).

 

Un grand parti de gauche pour un New Deal

 

 

Certains, à gauche, comptent sur la puissance du rejet du pouvoir en place : il suffirait, à leurs yeux, que le Parti socialiste désigne demain un candidat crédible, en cohérence avec le projet social-libéral qu'il porte depuis 1983, éventuellement corrigé à la marge. Pour d'autres, les trois échecs successifs du candidat socialiste à l'élection présidentielle (1995, 2002, 2007) ne sont pas l'effet du hasard, mais la conséquence d'une rupture profonde avec les couches populaires que Ségolène Royal n'a comblé qu'en partie en 2007.

La reconquête de l'électorat populaire n'est pas possible à partir de l'existant. Elle passe par l'organisation d'un électrochoc puissant, débouchant sur la création d'un grand parti de toute la gauche, à condition bien entendu qu'il porte un projet à la hauteur des défis de la crise qui vient. Le mouvement socialiste, depuis les origines, n'a jamais fait l'économie d'une critique du capitalisme de son temps. La refondation de la gauche aujourd'hui ne peut davantage faire l'économie d'une critique approfondie de la globalisation.

Succédant à l'ère du New Deal (1945-1979), la globalisation libérale, voulue de longue date par les Etats-Unis, n'est pas qu'un phénomène économique - l'ouverture généralisée des marchés -, elle est aussi politique : elle ne marche qu'avec l'hégémonie des Etats-Unis, qui ont imposé le dollar comme monnaie mondiale et contrôlent, à travers leurs multinationales, l'essentiel des flux de richesses et notamment de matières premières. La globalisation, à travers la libération des mouvements de capitaux, a débouché sur la domination sans partage du capital financier. La crise financière actuelle trouve son origine dans le surendettement des ménages américains et dans les dérives de la sphère financière.

En réalité, les Etats-Unis n'ont plus les moyens de dominer seuls le monde. Leur politique de fuite en avant dans l'endettement intérieur et extérieur aussi bien qu'en politique étrangère, avec l'invasion de l'Irak, rencontre ses limites. La chute du dollar et l'enlisement militaire au Moyen-Orient rendent manifeste la "surextension impériale", dont l'historien Paul Kennedy avait eu l'intuition dès 1987. Les Etats-Unis cherchent en Europe des supplétifs, mais rien ne saurait enrayer la marche vers un monde multipolaire, avec la montée des grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil, etc.) et le retour de la Russie.

La seule question qui se pose est de savoir si nous prétendons contrarier cette évolution en nous mettant, au nom d'un "occidentalocentrisme" à courte vue, à la remorque de la politique néoconservatrice américaine, au risque de tensions et de conflits multipliés, ou si, au contraire, nous voulons que la France et l'Europe tiennent leur rôle pour faire prévaloir le dialogue des cultures et l'autorité du droit international sans lequel il ne peut y avoir de paix durable dans ce monde multipolaire. Ce choix est crucial. Il ordonne toute la politique française. Il n'est pas moins décisif pour la réussite d'un processus de refondation de toute la gauche.

Celle-ci, en effet, doit s'appuyer sur la crise de la globalisation financière pour dessiner les contours du monde nouveau. Les institutions internationales, qui sont au coeur de la globalisation (FMI, OMC), sont en pleine crise : le FMI, contrôlé en fait par les Etats-Unis qui y disposent d'un droit de veto, est frappé d'impuissance et personne n'imagine plus qu'une relance de la croissance puisse résulter d'une nouvelle libéralisation du commerce international. Les pays les plus libéraux aujourd'hui n'hésitent plus à recourir à l'intervention publique, comme si les nationalisations redevenaient légitimes, dès lors qu'il ne s'agit plus que de nationaliser des pertes.

La grande crise qui vient amènera un réexamen critique de tous les postulats libéraux (libre-échangisme, effacement de l'Etat, rejet des politiques industrielles au nom de la "concurrence"). Les règles de l'organisation monétaire et du commerce international sont à revoir.

 

Un grand parti de toute la gauche, en France, doit se donner pour visée l'organisation d'un nouveau New Deal à l'échelle mondiale. Cette nouvelle donne monétaire, sociale, environnementale, implique la réunion de grandes conférences internationales entre pays industrialisés et pays émergents. Encore faut-il pour cela qu'une volonté politique s'exprime. Sinon à quoi servirait la gauche ? Et à quoi servirait la France ?

C'est cette visée qui donnera toute sa puissance et sa légitimité à l'effort de conviction que la gauche devra déployer aussi bien en France vis-à-vis du monde du travail qu'au plan international vers les formations progressistes et vers les pays émergents. C'est ainsi que la gauche française pourra donner une juste perspective aux luttes sociales, particulièrement en ce qui concerne les délocalisations et la préservation, en France et en Europe, d'un tissu productif moderne. La gauche française doit construire autour d'elle une vaste "alliance des productifs".

Les institutions européennes auront à se réformer au feu de la crise. Le recentrage de l'Allemagne sur l'Europe, auquel nous devons contribuer, sera déterminant. Pour maintenir le tissu industriel, l'Etat ne devra se priver d'aucun moyen. Cette nouvelle donne suppose que la gauche française se réapproprie la tradition généreuse de Jaurès qui n'a jamais opposé l'internationalisme et la nation.

Ainsi, c'est à travers la conscience d'une tâche historique exceptionnelle qu'on relèvera la gauche. Je suis convaincu que l'organisation, dans tout le pays, de "forums de l'unité", dès lors que seront abordés les débats de fond, permettra d'attirer des milliers de sympathisants aujourd'hui encore sur le reculoir. Nous créerons ainsi un mouvement irrésistible vers cet "événement-électrochoc" que serait une nouvelle refondation de la gauche, à l'image de celles qui, de 1905 à 1971, ont rythmé son histoire.

Un tel parti doit s'ouvrir à toutes les sensibilités. En effet, un "parti révolutionnaire" dressé contre un parti "social-libéral" ouvrirait un boulevard à la droite. Les communistes, dont l'histoire a eu sa grandeur, trouveront mieux qu'un rôle d'appoint au PS dans la création d'un grand parti de toute la gauche. L'expérience montre que le dialogue entre des sensibilités radicales, voire utopiques, et des sensibilités plus gestionnaires peut être fécond au sein d'une même organisation.

Une phase intérimaire de type fédéral ou confédéral entre les parties constitutives est peut-être inévitable, mais le temps presse. Les échéances sont proches. Ne sous-estimons pas les capacités de rebond de Nicolas Sarkozy. Créons, pendant qu'il en est temps, l'élan nécessaire.

 

Construisons une véritable alternative en prenant appui sur les intérêts indissociables de la France et du monde du travail.

 

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8 avril 2008 2 08 /04 /avril /2008 17:26

 

Vers la refondation républicaine de la gauche

 

Dimanche soir, sur ce blog, je faisais part des principales décisions prises par le MRC lors de son Conseil national (article paru le 6 avril, renvoyant vers les sites de Chevènement www.chevenement.fr et du MRC www.mrc-france.org pour prendre connaissance des textes publiés).

 

Ce 8 avril, je vais présenter (voir, ci-après) la 3ème partie du texte d’orientation soumis par Jean-Pierre Chevènement à la réflexion du Conseil national, lequel a approuvé à l’unanimité la proposition de le communiquer aux fédérations départementales pour que les militants s’en saisissent en vue du congrès de juin.

 

Auparavant, sans accorder une importance excessive à cette déclaration, notons les propos du secrétaire national du PS lors du point de presse, tels qu’ils ont été rapportés par la dépêche de l’AFP, publiée hier.

Accord du PS avec le MRC pour « une accélération du travail commun » à gauche

Le PS s'est déclaré lundi d'accord pour une "accélération du travail commun à gauche", au lendemain de la prise de position du MRC de Jean-Pierre Chevènement en faveur de "la constitution d'un grand parti de la gauche".

"Nous partageons avec lui la préoccupation que la gauche se réunisse et se mette au travail autour de ses comités de liaison ou de structures fédératrices dès que cela sera possible", a affirmé le secrétaire national Bruno Le Roux lors du point de presse hebdomadaire du parti.

"Nous partageons cette nécessité d'accélération du travail commun à gauche. Nous prendrons avec lui et avec d'autres les initiatives permettant d'accélérer ce travail commun à gauche", a ajouté le responsable PS.

Réuni dimanche, le conseil national du Mouvement républicain et citoyen (MRC) a exprimé "la volonté du MRC de s'inscrire dans un processus de refondation républicaine par la création d'un grand parti de toute la gauche", en soulignant que "cette refondation ne saurait en aucun cas être confondue avec une adhésion au PS". Président d'honneur du MRC, M. Chevènement avait pris position en ce sens au lendemain du second tour de l'élection présidentielle de 2007.

 

Texte d’orientation (3ème partie) présenté par Jean-Pierre Chevènement le 6 avril au Conseil national du PS

 

Vers la refondation républicaine de la gauche


1. Trente-sept ans après le Congrès d'Epinay, la gauche française doit prendre un nouveau départ comme elle a su le faire à différentes étapes de son histoire : 1905 -1920 - 1946 - 1971. Le cycle d'Epinay est désormais révolu. Ce qui ne signifie pas que les objectifs originels - rassembler la gauche, reconquérir les couches populaires - aient perdu de leur pertinence. Mais le monde a changé. Avec l'effondrement de l'URSS, le communisme a perdu son étoile polaire. Confronté au néo-conservatisme libéral, le Parti socialiste peine à trouver ses marques. C'est une refondation de toute la gauche qu'il faut préparer, avec toutes ses sensibilités et toutes ses cultures : social démocrate, républicaine, communiste, radicale, écologiste, etc.

2. L'objectif d'un grand parti de toute la gauche doit être clairement affirmé. Seule une nouvelle structure pourra accueillir la masse des sympathisants aujourd'hui sans repères et l'élan des nouvelles générations. Une Fédération ou une confédération pourrait sans doute constituer une étape intermédiaire mais en réalité le temps presse : seule la création d'un grand parti de toute la gauche, déjà relayée par certains responsables socialistes, faisant écho à nos propres propositions, peut créer l'électrochoc nécessaire. Ce nouveau parti devra rassembler largement et sans sectarisme toutes les sensibilités. Du dialogue en son sein d'une sensibilité critique voire utopique, et d'une sensibilité plus gestionnaire doit naître une dynamique féconde. Rien ne serait plus contreproductif que de vouloir construire un parti révolutionnaire à côté d'un parti social-libéral. Ce serait donner un boulevard à la droite conservatrice.


3. Au départ il faudra cependant ouvrir le débat sur la nature de la globalisation et du capitalisme financier aujourd'hui dominant, car dès les premiers temps du mouvement ouvrier, au XIXe siècle, aucune vision socialiste n'a jamais pu se développer que sur la base d'une critique préalable du capitalisme de l'époque. Il en va de même aujourd'hui. A partir d'une telle analyse du capitalisme financier d'aujourd'hui et de ce qu'on appelle la « globalisation », un débat fructueux pourra naître et se développer.


4. Chaque parti actuel de la gauche apportera son meilleur au parti futur. Les communistes, dont l'Histoire tourmentée a eu sa grandeur, doivent savoir tourner la page, ouverte au début du dernier siècle, par le Congrès de Tours. Ils trouveront dans un parti de toute la gauche un cadre plus efficace pour faire mûrir les espérances révolutionnaires. Il en va de même pour les écologistes qui n'ont pas rompu avec la tradition des Lumières, pour les radicaux sincères et pour les hommes et femmes de progrès qui n'entendent pas tourner le dos au message qui fut jadis celui du général de Gaulle.


S'agissant du MRC, héritier du MDC mais aussi, avant 1993, du CERES et de « Socialisme et République », les raisons qui avaient motivé sa création : refus de l'alignement sur l'Hyperpuissance américaine dans la première guerre du Golfe et rejet de l'Europe libérale de Maastricht, n'ont pas disparu, même si nos critiques depuis 2003 (deuxième guerre du Golfe) et 2005 (rejet de la Constitution européenne), sont plus largement partagées.

Pour que les choses soient dites clairement, nous ne sommes pas prêts à adhérer au PS. Tout s'est passé en effet comme si celui-ci avait mené à notre égard – consciemment ou non – une véritable campagne d'éradication au lendemain du 21 avril 2002, cherchant à nous transformer en bouc émissaire commode d'un échec dont son candidat était en fait le principal responsable.

Nous n'admettons pas d'avoir été ainsi « criminalisés » pour avoir porté un projet différent sur l'Europe, la politique industrielle, la République ou l'indépendance de notre politique étrangère.

 

Bref, nous entendons non seulement nous faire respecter mais conduire des débats de fond sans lesquels il n'y aura pas de refondation républicaine de la gauche. Le MRC se place dans cette perspective de refondation exclusivement. Il n'entend donc pas acquiescer à une version de l'Histoire qui n'a pas d'autre objet que de soustraire à la critique une orientation social-libérale qu'il a toujours combattue. Pas plus qu'hier nous n'accepterons de servir de caution.


5. Pour notre part, nous respectons le PS en tant qu'organisation, et nous n'entendons pas nous ingérer dans des choix de personnes qui lui incombent. Le débat d'idées au sein de la gauche en revanche est légitime et nous y contribuerons. Pour ce qui nous concerne, nous aspirons à la confrontation loyale des idées, au sein d'un grand parti de toute la gauche, avec le seul souci du fond. C'est ce qui a beaucoup manqué à la gauche depuis un certain temps et c'est avec cette loyauté élémentaire à l'égard des idées, et par conséquent des personnes, que nous aimerions la voir renouer dans son ensemble.


Le MRC propose donc un cadre de discussion ouvert à l'ensemble des femmes et des hommes de gauche et de progrès pour jeter les bases d'un grand parti de toute la gauche. Cette refondation est urgente. Sinon la gauche risque de se trouver confrontée à des divisions persistantes, au risque d'une nouvelle défaite.

Pour mobiliser l'ensemble de ses forces et susciter l'adhésion des hésitants, nous lançons un appel pour que la gauche se réunisse et se mette d'accord, non sur une simple perspective d'alternance dépourvue de contenu politique, mais sur un projet républicain réellement alternatif. C'est possible.

 

Le projet républicain du MRC est sur la table. Cette contribution à notre prochain Congrès a pour but d'ouvrir le débat non seulement au MRC mais également au sein de la gauche tout entière, en tout cas parmi ceux qui font de sa refondation leur perspective.

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4 avril 2008 5 04 /04 /avril /2008 22:03

Les discussions avec le PS n’ont pas avancé

Hier, j’ai présenté l’article du Monde, signé Sylvia Zappi, concernant le MRC et le choix qu’aurait fait Jean-Pierre Chevènement de faire son retour au PS. L’information ne semble pas correspondre à la réalité, selon les échos que j’ai recueillis auprès de proches de Georges Sarre et de Jean-Pierre Chevènement. Les deux responsables du MRC ont très mal pris cet article et une mise au point sera demandée, sous la forme d’une tribune de Jean-Pierre Chevènement dans Le Monde.

Claude Nicolet, responsable du MRC dans le Nord et secrétaire national aux questions internationales, m’a transmis le message qu’il a adressé à ses correspondants locaux, apportant les précisions suivantes.

« Il n'a jamais été question d'organiser un congrès du MRC en juin de cette année, encore moins de fusionner avec le PS lors du sien en novembre. Le secrétariat national, qui a eu lieu la veille de la parution de cet article, en présence de Georges Sarre et de Jean-Pierre Chevènement, n'a à aucun moment évoqué de pareilles perspectives.
Georges a évoqué l'organisation d'une convention en juin il y a déjà de nombreuses semaines.

L'idée de la refondation de la gauche et d'un "nouvel Epinay" n'est pas une idée neuve chez nous et nous utilisons depuis longtemps déjà cette formule qui a le mérite d'être claire.
Les divergences politiques de fond avec le PS sont nombreuses (Traité de Lisbonne par exemple) et n'ont fait l'objet d'aucune discussion digne de ce nom.
Des "contacts existent", dit le journal : c'est la moindre des choses entre formations politiques de la même famille et il n'y a là rien de nouveau ni de scandaleux.
Le Monde a encore une fois privilégié la forme à l'analyse de fond. Le débat sur la refondation de la gauche est un débat honorable, que nous devons avoir et que nous devons piloter.

J'ai, dès hier après midi, téléphoné à Jean-Pierre Chevènement avec lequel j'ai eu une longue conversation sur cet article.
Il m'a fait part de sa colère quant à la parution de cet article, qui est fondé sur des rumeurs, des bruits de couloirs, indigne d'un journaliste.
Il m'a affirmé qu'il n'était pas question de fusionner avec le PS au regard notamment des raisons citées plus haut, mais bien de se placer dans une perspective générale de refondation et pas autre chose
.
Il convient donc de conserver son calme et sa sérénité devant cette petite tentative de déstabilisation ».

Selon les messages que j’ai reçus après la diffusion, hier, de l’article du Monde, l’idée de rejoindre le PS fait l’unanimité contre elle. Leurs auteurs se reconnaîtront.

Du sud-ouest : « Moi, j'avoue que ce n'est pas ma stratégie préférée ; rester à l'écart pour préparer les élections européennes me parait pour le moment le plus utile avec tous ceux qui ont voté non au référendum de 2005... Le PS me parait trop hétérogène et sans leader pour que s'y rallier maintenant ait un sens, nous nous y diluerions complètement.

Le 9 Mars c'est l'union à gauche qui a gagné, bien sûr le plus souvent avec des têtes de listes PS mais il n' y a pas que nous qui ayons obtenu des places d'élus le PC, les Verts....aussi ont été chaque fois concernés, ils ne proposeront pas pour autant de disparaître... ».

 

Du sud-est : « Depuis plusieurs années on se trompe de cap, nous devrions aujourd'hui tenir bon au moins jusqu'aux européennes où nous pourrions participer à un front antilibéral ».

 

Du nord-ouest : « Je suis évidemment favorable à un nouvel Epinay mais je n'y crois pas trop surtout au moment où la dérive du PS se poursuit ».

 

De l’ouest : « Hors de question de rentrer au PS : trop de choses nous séparent. Le PS est un parti quasi-centriste, européiste et démagogue. Il n'a cessé, depuis 2002, de vouloir écraser les républicains, les gaullistes de gauche, les jacobins, bref le MRC. Il mène la même politique vis à vis d'autres formations de gauche, comme le PRG. La campagne récente l'a bien montré. Et nous irions nous fondre dans ce parti là ? Ce sera sans moi, désolé.

Nous ne pourrons nous développer - et défendre les options républicaines - que si nous sommes sûrs d'agir dans le long terme. Impossible d'agir si, tous les deux ans, la question d'une fusion avec le PS est posée sur la table !

Bien au contraire, puisqu'il n'y a plus d'échéances électorales majeures, nous avons le temps pour nous ! Le temps d'agir. Le temps de convaincre. Le temps aussi de faire constater aux citoyens que les options actuelles que nous dénonçons vont avoir les conséquences néfastes que nous prédisons.  

En outre, au lieu de penser à entrer dans le PS, nous ferions mieux de convaincre ceux qui veulent sortir du PS qu'ils peuvent venir avec nous

LES REPUBLICAINS DE GAUCHE NE SONT PAS MORTS ! IL EN RESTE ! ILS DEMANDENT SEULEMENT QU'ON LEUR LAISSE LE TEMPS ET LA POSSIBILITE D'AGIR !

 Pour ma part, j'ai 35 ans, et il y a des camarades encore plus jeunes au MRC : qu'on nous laisse oeuvrer. Si, à nos âges, nous sommes au MRC et pas dans des grands partis, c'est parce que nous nous sommes engagés non pas par carriérisme, mais bien par conviction ».

Pour terminer cette revue de commentaires, le mien sur ce blog, après l’article d’hier et les commentaires de Christine Tasin et de Serge Maupouet, et avant de recevoir le message de Claude Nicolet.

 

« Une précision : il s'agit d'un article du Monde, qui arrange la situation du MRC à sa sauce, laquelle n'est pas bonne pour nous.

Nous verrons ce que Jean-Pierre Chevènement dira dimanche. Il semble effectivement las de voir se dégrader la situation de la France, sans que la gauche amorce une alternative républicaine. Il constate que les positions du MRC ne sont pas à la hauteur de ce qu'il souhaitait, c'est le moins qu'on puisse dire.

Alors, il va proposer de lancer un appel à un nouvel Epinay, tout en étant conscient que la situation actuelle est bien différente de 1971. Mais il doit avoir des relations avec des dirigeants du PS, qui laissent espérer qu'il y aura un déclic dans ce parti avant son congrès de novembre.

A mon avis, il faut laisser ouvertes toutes les possibilités d'avenir du MRC, selon l'évolution du PS. Pour nous, rejoindre le PS n'est envisageable que si le PS fait des choix stratégiques de refondation de la gauche sur des bases républicaines.

Ce qui sortit du congrès d'Epinay, en 1971, était une véritable surprise.
La tendance droitière (Mauroy-Defferre) de la SFIO s'alliant avec la tendance qui apparaissait révolutionnaire au sein de la SFIO (le CERES de Chevènement et Sarre), pour faire appel à François Mitterrand, le républicain de gauche, rassembleur de la gauche en 1965 (face à de Gaulle), ce n'était pas évident et cela n'a pas été compris sur le moment.
C'est pourtant ce qui a permis, dix ans plus tard, de gagner l'élection présidentielle.

Le PS actuel est profondément divisé et travaillé par Ségolène Royal, qui veut faire bouger les lignes et, même, casser les clivages qui datent de vingt ans (le congrès de Rennes, en 1990, j'y étais).
Elle suscite des rapprochements entre les proches de Fabius, Strauss-Kahn, Montebourg, qui veulent éviter un duel Royal-Delanoë, ce qui les obligerait à choisir entre les deux. Ils sont plus près de Delanoë, mais derrière celui-ci, il y a Jospin, l'éternel rival de Fabius.

On ne peut savoir ce qui va en sortir. Mais, c'est une situation qui peut nous permettre d'exercer une influence sur la stratégie de la gauche pour gagner l'élection présidentielle de 2012. Je suis persuadé que Jean-Pierre Chevènement a sa petite idée sur la question
 ».

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3 avril 2008 4 03 /04 /avril /2008 18:17

Le MRC ne doit pas s’éteindre mais éclairer la gauche

 

Le Mouvement Républicain et Citoyen va réunir son Conseil national dimanche 6 avril. Ses dirigeants vont proposer la tenue d’un congrès, à la mi-juin, et appeler la gauche à organiser sa refondation dans un nouveau parti, comme le demandent également, par ailleurs, Paul Quilès et Marie-Noëlle Lienemann (www.gaucheavenir.org).

 

De mon point de vue, cet éventuel retour au sein du PS ne peut pas se faire en dehors d’une réelle refondation républicaine de la gauche.

 

Jean-Pierre Chevènement, en dépit de la faiblesse évidente du MRC, peut jouer un rôle primordial dans le rassemblement de la gauche (et, au-delà, des gaullistes sociaux refusant l’atlantisme et le néo-libéralisme du président de la République).

Bien sûr, le passé est unique et les conditions sont bien différentes de celles du début des années 1970. Toutefois, il faut se souvenir qu’après les évènements de mai-juin 1968, le parti socialiste de l’époque (la SFIO, puis le Nouveau Parti socialiste, à partir de 1969) était en crise, avec de nombreux clubs et organisations politiques, autour de lui.

Le mouvement social, issu de mai 1968, poussait à la refondation d’un vrai parti de la gauche socialiste, à côté du PCF, qui était alors le principal parti de gauche, mais en décalage avec les aspirations populaires exprimées en 1968.

 

François Mitterrand, qui avait su rassembler la gauche lors de l’élection présidentielle de 1965, était à la tête d’un petit parti « La Convention des Institutions Républicaines » (CIR) quand le nouveau parti socialiste  organisait le congrès du rassemblement à Epinay-sur-Seine, en 1971.

Il trouva, à l’intérieur, des alliés qui lui permirent de devenir majoritaire et de prendre la tête du PS, sur la base de la stratégie d’union de la gauche et avec la volonté de proposer un programme commun de gouvernement.

 

Parmi les alliés, il y avait Jean-Pierre Chevènement et son mouvement, le Centre d’Etude, de Recherche et d’Education Socialistes (CERES), et, aussi, Objectif 72 de l’ancien ministre et nouveau maire de Laval, Robert Buron, qui eut l’honneur d’être l’auteur du discours de clôture du congrès.

L’histoire ne se répète pas, mais il peut être utile d’en retenir les leçons.

 

Voici le texte de l’article paru ce 3 avril sur www.lemonde.fr sous la signature de Sylvia Zappi (qui a la manière, subtile, d’abaisser notre mouvement, lequel n’a pas besoin de cela).

 

« M. Chevènement prépare son retour dans le giron du PS »

 

« Faut-il continuer en solo ou rejoindre le PS ? Après un nouvel épisode électoral qui a vu sa présence minorée, la question est posée au Mouvement républicain et citoyen (MRC). Son mentor, Jean-Pierre Chevènement, s'est donné jusqu'à la mi-juin pour trancher, lors d'un congrès.

M. Chevènement espère "peser" sur celui du PS, début novembre. "Si le PS retrouve en lui la force de redéfinir une stratégie, si je peux aider, je le ferai", déclare-t-il. L'ancien ministre estime qu'il a "tout tenté" : "l'intérieur" du PS durant trente ans et "l'extérieur" à partir de 1992. "Nous voyons comment c'est difficile", lâche-t-il. Il sait que le MRC a été une base de repli et qu'il ne peut la maintenir. Or le "Che" ne veut pas renoncer à jouer un rôle à gauche.

Les élections législatives de 2007 ont mis à terre ses amis. L'ancien ministre a été battu à Belfort et la présence des républicains de gauche à l'Assemblée se résume à un siège. Les municipales n'ont guère pansé les plaies : si, symboliquement, la mairie de Belfort a été conservée, le nombre d'élus MRC a baissé et la plupart doivent leur siège à une alliance avec le PS. Quant aux 4 000 adhérents revendiqués, ils commencent à lorgner vers le PS.

"L'isolement commence à leur peser", constate Marie-Noëlle Lienemann, députée socialiste européenne. "Le mouvement ne peut plus continuer comme ça", plaide Sami Naïr, proche de l'ancien ministre de l'intérieur. Si M. Chevènement continue à défendre sa "spécificité républicaine", il multiplie les signes. Le 12 février, il a encensé le congrès d'Epinay, "moment fondateur du PS". Il fait référence à l'initiative de Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès, qui ont lancé un appel pour la création d'un grand parti de la gauche. "Sa famille politique est demeurée le Parti socialiste", glisse un proche de François Hollande.

"NOUVEL EPINAY"

Depuis la campagne présidentielle passée auprès de Ségolène Royal, les contacts avec la direction du PS n'ont jamais cessé. "Dans nos discussions, on sent qu'il a passé un cap, celui de l'éventualité d'un retour. Nous attendons que le MRC prenne la décision. Pour nous, ce sera forcément oui", assure Bruno Leroux, responsable des élections au PS.

M. Chevènement doit encore ménager ses troupes. Pour le moment, donc, pas question de fusion : "Nous n'allons pas rentrer au PS en pénitents mais participer à une refondation nécessaire à gauche", martèle-t-il. Lors du conseil national, dimanche 6 avril, il veut que son petit parti lance un appel pour un "nouvel Epinay". En écho à la proposition de François Hollande pour une "fédération de la gauche". "Le PS, ce n'est plus la pensée unique. Pour sortir de la nasse, des décisions vont être prises rapidement", assure M. Naïr ».

Un second article, dans cette édition du Monde, concerne tous les partis français. Michel Noblecourt passe en revue les difficultés des uns et des autres. Voici de brefs extraits de ce texte, ayant trait au PS et à l’UMP.

 

« Parfum de crise dans les partis français »

 

« Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, le 6 mai 2007, le monde politique est unanime dans son diagnostic : avec sa troisième défaite consécutive à une élection présidentielle, le Parti socialiste a vu s'accentuer une sévère crise d'identité. Sa nette victoire aux élections municipales et cantonales des 9 et 16 mars n'a pas chassé son mal-être. Une embellie électorale ne fait pas le printemps, et il est toujours en panne de leader, de projet et de stratégie. Avec une convention nationale, le 14 juin, et un congrès, du 7 au 9 novembre, le PS espère réussir un minimum de rénovation, suffisant pour le remettre en selle. Mais il est loin d'être le seul dans la tourmente. A des degrés divers, un parfum de crise flotte sur tous les partis politiques français.

 

Parti du président, l'UMP est confrontée à une vraie crise de fonctionnement et même de gouvernance. Tout se passe comme si la force tranquille qui avait permis à Nicolas Sarkozy de conquérir le pouvoir s'était brisée au soir de son élection. Assommée par l'absence de vague bleue au second tour des législatives, prise à revers par l'ouverture à gauche, l'UMP, qui se veut le premier parti de France - avec 370 000 adhérents - fonctionne au ralenti et peine à afficher son unité entre ses différentes chapelles. Sa cinglante défaite aux municipales, où elle a perdu 36 villes de plus de 30 000 habitants, n'a pas incité Patrick Devedjian, son secrétaire général, à la moindre autocritique. Vite rassuré par la conservation de Marseille, M. Devedjian s'est senti conforté par M. Sarkozy, qui lui a "renouvelé sa confiance" avant de lui imposer un nouvel organigramme, avec Xavier Bertrand, le rival de François Fillon, comme secrétaire général adjoint (…) ».

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29 mars 2008 6 29 /03 /mars /2008 21:55

La gauche va-t-elle se ressourcer dans la République ?

 

L’année 2008 sera celle des choix stratégiques pour la gauche, après les élections nationales et locales, et avant les élections européennes en juin 2009. Les partis seraient bien inspirés de faire une large place au débat, en incitant le plus grand nombre de citoyens à y participer.

 

Je salue l’initiative de Christine Tasin qui, en tant que citoyenne, s’est exprimée sur le site de Riposte laïque (voir Christine Tasin) le 19 mars, puis a lancé le débat, le 25 mars, sur son blog http://christinetasin.over-blog.fr, en posant la question « Peut-on être républicain si on n’est pas de gauche ? ».

 

Son texte a été retenu par Marianne, qui a commencé de le présenter ce matin en « point de vue » (voir http://www.marianne2.fr). C’est une bonne initiative. On a besoin de se confronter aux autres. Les commentaires apportent des éclairages différents.

 

Voici mon commentaire, que j’ai fait paraître hier sur son blog.

 

« Merci, Christine, de contribuer au débat politique par cette réflexion sur la République et la gauche.
Le commentaire de Serge est pertinent. Dans le système électoral à deux tours de scrutin, les petits partis sont laminés s'ils ne s'inscrivent pas dans une coalition. Il me paraît sain pour la démocratie que des majorités claires puissent apparaître et que les électeurs aient le choix entre la droite et la gauche.
Sans changement du mode de scrutin, il n'est pas possible que les centristes du Mouvement démocrate, ou les républicains de Debout la République, ou encore le Mouvement républicain et citoyen, aient la moindre chance de trouver une place dans cette Vème République sans se ranger dans l'une des deux coalitions possibles, à droite ou à gauche.
Ce qui sépare fondamentalement la droite et la gauche, c'est la question sociale. La difficulté, c'est qu'à gauche et à droite, la question européenne crée de profondes divergences, de même, à un degré moindre, que la question de l'énergie nucléaire et la question institutionnelle.
Il n'y a pas d'autre solution, dans le système électoral actuel, que de choisir son camp, à droite ou à gauche, puis de peser à l'intérieur de son camp afin de faire prévaloir nos positions sur l'Europe, le nucléaire ou les institutions.
C'est ce que fait le MRC, après avoir constaté l'échec du Pôle républicain en 2002.
S'il est clair que Nicolas Dupont-Aignan se rapproche de Jean-Pierre Chevènement, à titre personnel, sur de nombreux points, les différences d'approche entre Debout la République et le MRC sont bien réelles.
Par ailleurs, une personnalité ne fait pas un parti. On le voit bien au MRC.
Je n'ai pas de conseil à donner aux militants de Debout la République. Dans la mesure où ils ont des affinités à droite, ils ont à faire vivre leur sensibilité gaullienne et républicaine au sein de la coalition de droite.
Quant à nous, au MRC, nous devons peser, autant que possible, sur le PS et les autres partis de gauche pour qu'il y ait une refondation républicaine de la gauche, lui permettant de proposer un projet alternatif à celui de la droite néolibérale en place ».

 

 

De leur côté, les Amis de ReSPUBLICA ont lancé la réflexion dans la lettre 582 (20 mars) sur le thème « À quand un rassemblement des forces de la gauche sociale, laïque et républicaine ? ». (Lien permanent vers cet article). Pascal Basse, délégué national MRC outre-mer, a réagi dans la lettre 583 (Lien permanent vers cet article).

 

Je pense que le Mouvement Républicain et Citoyen s’exprime trop peu dans ce débat. Je comprends la lassitude des uns et des autres. Elle affleure dans l’écriture de Jean-Pierre Chevènement, quand il évoquait hier la mémoire de Nicole Touquoy-Morichaud (à lire sur www.chevenement.fr et voir l’article paru hier sur ce blog).

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27 mars 2008 4 27 /03 /mars /2008 21:23

 

La gauche du PS confortée par les élections

 

Que dire après la réunion, le 25 mars, du conseil national du PS ?

 

Je renvoie au compte rendu qu’en a fait Xavier Dumoulin le lendemain sur son blog http://sr07.unblog.fr et au site Rue89 qui présente des entretiens vidéo avec Pierre Moscovici, Martine Aubry et Benoît Hamon, réalisés par Julien Martin, sous le titre « Le PS se recentre sur sa gauche » (voir http://www.rue89.com/2008/03/25/le-ps-se-recentre-sur-sa-gauche).

 

Ainsi, la trêve municipale continue. Le calendrier proposé a été adopté (Jean-Luc Mélenchon et ses amis se sont abstenus et Marc Dolez a voté contre).

Le congrès aura lieu du 7 au 9 novembre 2008. Il sera précédé d’une convention, le 14 juin, qui traitera des points suivants : nouvelle déclaration de principes ; réforme des statuts, incluant la création d’un conseil des territoires (pour les élus) et l’adoption d’un nouveau rythme d’organisation des congrès ; mise en place éventuelle de « primaires » pour désigner le candidat à l’élection présidentielle.

Trois groupes de travail seront constitués prochainement, portant sur la réforme des retraites, la réforme de l’Etat et la présidence française de l’Union européenne.

 

Dans la rubrique Opinions du quotidien Le Monde (http://www.lemonde.fr/web/sequence/0,2-3232,1-0,0.html, 25 mars), Henri Emmanuelli, député PS des Landes, et Benoît Hamon, député socialiste européen, exprimaient leur point de vue sur les enseignements à tirer des récentes élections locales.

 

« Municipales : les électeurs veulent une gauche de gauche »

 

« Tirer les leçons d'une consultation électorale est un devoir primordial pour une formation politique, a fortiori pour le Parti socialiste qui a été l'acteur majeur de la victoire de la gauche dimanche 16 mars.

La première leçon est simple. Elle se lit dans la sécheresse des résultats : la droite a subi une déroute lors de ces élections municipales. Les 58 villes de plus de 20 000 habitants conquises par la gauche traduisent l'ampleur de cette défaite. Il peut sembler banal de l'affirmer mais cela est nécessaire tant l'impudence, voire l'autisme des ministres et des dirigeants de l'UMP sur les plateaux de télévision confinait au déni de réalité. Le nombre de villes conquises donne une dimension incontestablement nationale à cette défaite.

La seconde leçon concerne le "rôle central" que prétendait exercer le MoDem au centre de notre échiquier politique. A force de vouloir être partout à la fois, le MoDem n'a fini nulle part. La plupart du temps il est resté dans le giron de ses alliés traditionnels de droite, sans lesquels il n'aurait pas conservé le peu de municipalités dont les électrices et les électeurs lui concèdent encore la gestion. En entendant François Bayrou, au soir du premier tour, appeler en vain les électeurs palois à faire barrage aux "socialo-communistes", il nous revenait en mémoire cette définition que François Mitterrand donnait du centre dont il affirmait, non sans humour, qu'il n'était "ni de gauche ni de gauche".

A CONTRESENS DE L'HISTOIRE

Nous serions donc bien avisés de stopper rapidement une inutile et grotesque "danse du centre" et de laisser François Bayrou à sa stratégie électorale narcissique. Le scrutin municipal a eu cette vertu de démontrer l'absence d'efficacité électorale de l'alliance avec le MoDem, ce qui ne signifie pas qu'il faille renoncer à parler à ses électeurs. Si le MoDem décide de rejoindre le camp de la gauche et ses valeurs progressistes, il sera le bienvenu. Cette décision lui appartient, mais n'appartient qu'à lui. En attendant, nous avons mieux à faire.

Ce que nous avons à faire, et cela sera notre troisième et dernière leçon provisoire, est de constater le glissement à gauche de notre électorat. Partout où la gauche était rassemblée, elle réalise de très bons scores. Quand elle était divisée de notre fait, alors communistes, écologistes ou extrême gauche réalisaient des scores qu'il serait absurde d'ignorer. Finalement nous sommes dans une figure classique de notre vie politique accompagnée d'une donnée nouvelle.

La figure classique est celle de la bipolarisation entre la gauche et la droite. Une bipolarisation dont nous n'hésitons pas à affirmer qu'elle est saine pour notre démocratie, qui a besoin d'options différenciées et de confrontations d'idées et de projets.

La nouveauté est celle d'une radicalisation d'une partie de notre électorat qui s'explique aisément par l'inquiétude croissante devant la dégradation des conditions de vie des classes populaires et, phénomène nouveau, des classes moyennes. Les socialistes risqueraient de passer à côté de l'essentiel s'ils ne tiraient pas rapidement les conséquences qui s'imposent de ce message adressé par les Françaises et les Français. Un message qui risque de s'amplifier tant les perspectives économiques mondiales sont inquiétantes. La crise de très grande ampleur que traverse le système financier international, et qui menace désormais d'entraîner l'économie mondiale dans la spirale de la récession, marque assurément la fin des illusions de la globalisation financière et de la libéralisation effrénée du commerce international.

Alors qu'aux Etats-Unis, en Angleterre et, demain, en France et en Europe les dirigeants seront soumis à la nécessité de prendre des mesures radicales de sauvetage du système bancaire et de se tourner vers des formes nouvelles de régulation publique de l'économie, il serait paradoxal que la gauche française, en quête d'une illusoire modernité, "mue" à contresens de l'histoire.

Nous assistons à la fin de la domination culturelle du libéralisme et du capitalisme financier. Cela constitue une opportunité sans précédent de faire avancer nos idées progressistes. C'est ce à quoi nous invitons le Parti socialiste et ce à quoi nous consacrerons notre énergie dans les semaines et les mois à venir, avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent ».

 

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