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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 22:50

En attendant une profonde réorientation de l’école …

 

Peu d’articles de presse cette année pour la rentrée scolaire. Cet article paru le 2 septembre sur le site du quotidien Le Monde est significatif des difficultés des syndicats (voir Des enseignants en quête de nouveaux modes d'action, par Luc Cédelle).

 

Pas beaucoup à dire, sinon que le malaise persiste. C’est la position de Michel Vignal, qui aurait pu reprendre ses écrits d’il y a un an (voir MRC et rentrée scolaire 2008 : l'école républicaine encore affaiblie - 4 septembre 2008).

 

Voici le communiqué qu’il a proposé au MRC à l’occasion de cette rentrée.

 

Rentrée 2009 : le malaise de l’Ecole rend nécessaire une profonde réorientation

 

Tout redressement de l’Ecole ne se réduit pas à une question de moyens. Mais les suppressions répétées de postes sous le gouvernement Fillon, 11 200 en 2008, 13 500 en 2009 et 16 000 pour 2010 empêchent toute politique sérieuse d’amélioration du système éducatif. A cette rentrée la baisse de l’effort public se traduira par une élévation du nombre d’élèves dans de trop nombreuses classes, l’insuffisance des moyens pour mettre en place partout le soutien ou l’accompagnement des élèves et les options, avec en outre des difficultés pour assurer les remplacements de professeurs.

L’ambition pour l’Ecole doit, pour le Mouvement Républicain et Citoyen, allier la priorité budgétaire à une claire orientation pour faire le pari de la qualité sur l’ensemble des établissements et mettre l’accent sur l’exigence, le travail et la solidité des connaissances transmises et acquises par élèves.

Les réformes Darcos sur la suppression du samedi matin à l’école primaire, sur la formation des enseignants, les ambiguïtés sur la réforme future du lycée et la marche irréfléchie vers la suppression totale de la carte scolaire, contribuent toujours à l’affaiblissement de l’Ecole.

Cette rentrée 2009 n’est pas marquée par l’implication forte de l’Etat qui serait nécessaire pour vaincre les tropismes libéraux qui favorisent l’installation d’une école à plusieurs vitesses.

Le malaise de l’Ecole ne sera surmonté que grâce à une profonde réorientation de la politique actuelle. Le MRC agira pour que soient développés et conciliés les efforts en faveur de la quantité et de la qualité dans l’esprit de Paul Langevin qui affirmait à la Libération : « l’Ecole doit assurer la promotion de tous et la sélection démocratique des meilleurs ».

 

Cet article est le 18ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école.

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8 février 2009 7 08 /02 /février /2009 16:04

Liberté de recherche, besoin d’indépendance réelle

 

Le 5 février, une partie des étudiants et des professeurs universitaires était dans les rues de France.

La coordination des universités, les syndicats FSU, CGT, CFDT, FO, Solidaires, les mouvements Sauvons l'université et Sauvons la recherche, ainsi que les étudiants de l'Unef, incitaient les personnels de l'enseignement supérieur à tenir des assemblées générales et à défiler.

 

Dans l’ouest, Rennes I et II, Nantes, Angers et Le Mans étaient en grève (source : Ouest-France).

 

Etudiants et professeurs de l’IUT de Laval dans le mouvement

 

A Laval, ils étaient une centaine dans la rue, derrière le slogan « IUT en danger, étudiants mobilisés ». Les étudiants et les enseignants de l'IUT (voir accueil [IUT de LAVAL]) ont manifesté contre la réforme des universités, craignant que la recherche ne soit dévaluée et contestant les réductions de budget. Une trentaine de professeurs les accompagnaient.

 

La loi LRU (liberté et responsabilité des universités) redéfinit le financement des IUT (voir Institut universitaire de technologie - Wikipédia). La responsabilité est transférée de l’Etat vers les présidents d’université, en l’occurrence, de l’université du Maine, au Mans. Des postes administratifs (Iatos) vont disparaître au cours des prochaines années.

 

Les raisons de la colère au niveau national

Les protestataires demandent le retrait du projet de décret qui modifie le statut des enseignants-chercheurs. Ils veulent aussi le retrait de la réforme sur la formation des maîtres. Et, enfin, « l'arrêt du démantèlement des organismes de recherche ».

 

Le professeur Dominique Rousseau (université Montpellier I, membre de l'Institut universitaire de France) avait publié, dans Le Monde daté du 28 janvier, son point de vue.


Les universitaires dénoncent une dérive bureaucratique, par Dominique Rousseau

 

La fronde des professeurs peut surprendre. Parce qu'elle est rare. Parce qu'elle est partagée. Parce qu'elle est moderne. Il faut sans doute que la situation universitaire soit grave pour que des universitaires, plus habitués aux voies feutrées des réseaux personnels qu'à celles, bruyantes, des manifestations collectives, dépassent leurs différences politiques, syndicales et disciplinaires pour décliner au temps présent "une certaine idée de l'université". De quoi s'agit-il ? En apparence, d'une simple réforme de leur statut. En réalité, du destin européen et international de l'université française.

 

Depuis vingt ans au moins, de rapport en rapport, les causes du malaise universitaire sont connues : uniformité des structures, pauvreté des moyens, asphyxie de la recherche et absence de sélection. Et pour y remédier, un maître mot : l'autonomie. Revendiquée et proclamée en 1968, approchée par la réforme de 1984, consacrée par la loi d'août 2007, l'autonomie des universités fait, dans son principe, consensus. Le désaccord et donc la fronde portent sur la forme de l'autonomie. Car il en est deux possibles, la forme bureaucratique et la forme universitaire.

 

En donnant aux présidents d'université et à leur conseil d'administration les pouvoirs de recruter les enseignants-chercheurs, de définir leur service, d'évaluer leurs travaux et de rémunérer en primes leurs différents services, la loi Pécresse consolide le pouvoir corporatiste, renforce le localisme et décourage la recherche. Bref, condamne les universités à un lent mais inexorable déclin. Inutile pour l'enrayer de jeter le bébé avec l'eau du bain ! Il faut garder l'autonomie, mais en la conciliant avec l'indépendance des enseignants-chercheurs pour lui donner sa véritable dimension universitaire. A l'autonomie contre l'indépendance des universitaires s'oppose l'autonomie par l'indépendance des universitaires.

 

L'évaluation des individus et des équipes de recherche, la modulation des services entre enseignement, recherche et administration, l'adaptation de la rémunération selon les talents ne sont des chances, pour les universités françaises, dans la compétition européenne et internationale que si elles sont décidées par des instances scientifiquement légitimes, c'est-à-dire, assurant, selon les exigences constitutionnelles rappelées en 1984, une "représentation propre et authentique" des enseignants-chercheurs.


LA LIBERTÉ DE LA RECHERCHE


Le recrutement, la promotion et l'évaluation des universitaires sont, en effet, des décisions scientifiques en ce qu'elles engagent la liberté et la qualité de la recherche. Elles ne peuvent donc être prises par des administrateurs, fussent-ils universitaires, mais par une instance où siègent des universitaires, français et étrangers, reconnus pour leurs compétences scientifiques. En garantissant ainsi l'indépendance des universitaires, serait garantie l'autonomie des universités à l'égard de tous les pouvoirs, politique, économique, administratif et syndical. Pour le plus grand profit des étudiants qui demandent pour leur formation professionnelle des enseignants-chercheurs qualifiés et responsables, dans des universités réputées et dynamiques.


Pour le plus grand profit aussi du citoyen. Quand, en 1984, le doyen Georges Vedel, alors membre du Conseil constitutionnel, fait consacrer la valeur constitutionnelle du principe d'indépendance des professeurs d'université, quand il fait sanctionner, par la décision du 20 janvier 1984, les règles d'organisation de l'université qui y portent atteinte, il fonde son raisonnement sur une liberté, "la liberté du citoyen", qui, dit-il, est toujours "première". Vingt-cinq ans après, cette exigence de liberté n'a pas changé.


Sur le blog de Sylvestre Huet, hébergé par Libération, on trouve, le 7 février, cet article intéressant.


Le président de Paris-5 lâche Sarkozy et Pécresse


Le front des Présidents d'Universités craque : après l'appel de plusieurs d'entre eux à une réunion lundi à la Sorbonne, c'est Axel Kahn, le président de Paris-5 Descartes qui abandonne en rase campagne Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse.


Alors même que le Président de la République s'était réclamé de son soutien lors de son émission télévisée jeudi - en insistant sur son positionnement à gauche - Axel Kahn vient de déclarer : "M. le président de la République, vous n'arriverez pas à faire passer ce décret (...).


Cette volte-face d'Axel Kahn sera diversement appréciée. Il avait en effet récemment réaffirmé, avec trois autres Présidents dans
une tribune soutenant cette réforme. Mais nul ne peut se tromper sur sa cause : comme de nombreux Présidents d'Universités, au contact de leurs collègues et électeurs, il ne peut que constater l'énorme colère de ces derniers. A moins de décider de se couper de leur base électorale mais aussi de leurs collègues avec lesquels ils doivent travailler, il leur devient de plus en plus difficile de suivre Valérie Pécresse.


La nouvelle position d'Axel Kahn reflète une réalité désagréable pour Nicolas Sarkozy et sa ministre : le refus de la communauté universitaire de se voir imposer un nouveau statut analysé par beaucoup comme atteignant la dignité de leur métier, est clairement majoritaire, toutes opinions politiques confondues.

En outre, Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont commis l'erreur tactique de provoquer un front commun d'actions en cumulant plusieurs raisons de colère du milieu universitaire et scientifique.

A la réforme du statut s'ajoute en effet celle de la formation des enseignants et de leur recrutement. Réforme baptisée mastérisation, mais dont le refus n'est pas celui d'une hausse du diplôme exigé pour être enseignant, mais la manière dont elle est conduite.


Pour les professeurs des écoles, c'est la diminution de la formation pédagogique et la disparition de l'année de stage payée qui est au coeur de la colère des IUFM et explique pourquoi ils se mettent en grève. Pour les enseignants du secondaire, c'est presque l'inverse : les contestataires visent l'affaiblissement des contenus disciplinaires, la possiblité d'être recruté comme professeur de langue vivante sans examen oral, le risque de voir les reçus au master/recalés aux concours gonfler les rangs des futurs vacataires.


Surtout, les choix budgétaires encadrent et déterminent complètement le sens réel des réformes. Avec moins d'enseignants-chercheurs, il est évident que la charge de cours de la majorité ne peut qu'augmenter. Avec le démantèlement des Organismes de Recherche et leur transformation en Agence de Moyens, la précarisation des jeunes chercheurs, c'est la structuration de la recherche qui vacille.


L'addition de ces différentes décisions par le gouvernement se paye aujourd'hui par un mouvement social inédit, de très grande puissance, et dont les participants sont loin de se limiter à la gauche universitaire
.

L'irruption possible des étudiants, déjà perceptible dans les manifestations de jeudi dernier, pourrait mettre en difficulté politique Valérie Pécresse et même le Président de la République. Or, ces étudiants ont bien des raisons d'entrer en action :  les problèmes de formations, de bourses, de qualité d'accueil dans les Universités, d'orientation scolaire, de réussite... sont tout aussi énormes qu'il y a un an, deux ans, trois ans.


Voici des extraits des déclarations d'Axel Kahn
sur Europe-1, d'après Reuters.


"Depuis plus d'un an j'étais favorable à une modification du décret fixant le service des enseignants chercheurs. Aujourd'hui l'affaire est emmanchée de telle sorte qu'elle n'aboutira pas. Puisque le président de la République a fait l'honneur d'accorder quelque poids à mon avis, il s'est réclamé de moi, qu'il m'écoute : M. le président de la République, vous n'arriverez pas à faire passer ce décret aujourd'hui et par conséquent il faut reprendre le dialogue, voir comment on évalue le métier des enseignants chercheurs, comment on valorise toutes leurs activités."

Il a également regretté les propos "blessants" sur les chercheurs et la réalité de leur engagement tenus par Nicolas Sarkozy. "Tout cela fait qu'aujourd'hui la communauté est à ce point remontée contre ce qui se fait que la seule possibilité de reprendre un dialogue et de discuter d'une évolution du métier des chercheurs, c'est de retirer ce texte, même si personne ne peut désirer revenir au statu quo antérieur".


Lire aussi, sur le site de L’Humanité, le 22 janvier, l’article intitulé
Universités sous haute tension.

 

Cet article est le 17ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école.

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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 19:06

L’Etat se désengage de sa mission éducative

 

Le Lycée agricole de Laval (Etablissement Public Local d'Enseignement et de Formation Professionnelle Agricole) offre des parcours de formation initiale, par apprentissage ou par la formation continue dans les domaines de l'agriculture, de la filière cheval, de l'industrie agroalimentaire et de l'environnement.

L’EPLEFPA de Laval est un établissement public qui délivre des formations de qualité à 700 élèves.

 

Moins d’heures de cours, moins d’élèves, suppression de postes : le 26 novembre 2008, une trentaine d’enseignants du lycée agricole alertaient les élus par un « avis d’obsèques » concernant la 1ère technologique, une classe de 1ère professionnelle, ainsi que 32 places en seconde et BEPA (OF, 27 novembre).

 

Le secrétaire départemental du syndicat national de l’enseignement technique agricole public (SNETAP-FSU), Yoann Vigner, informait que la dotation globale horaire (DGH) de l’établissement, en 2009-2010, allait baisser de près de 9%, soit 3200 heures de cours sur un total de 5000 heures en moins dans les Pays de la Loire.

 

Cette information était confirmée quelques jours plus tard (OF, 5 décembre). Gérard Pigois, secrétaire régional du SNETAP-FSU, rappelait les mesures de limitation d’effectifs entraînant des regroupements et fermetures de classes (il n’y aurait plus de classe de 4ème à la rentrée 2009 en Pays de la Loire).

 

Le directeur régional de l’agriculture et de la forêt, qui devait venir à Laval expliquer ces mesures (OF, 8 décembre), s’est décommandé « au motif qu’il n’avait pas été prévenu de la présence de parents d’élèves et de la presse ».

 

Ce « refus du dialogue social » avait motivé le projet de blocage de l’établissement à partir du 16 décembre. La direction a préféré fermer l'établissement pour la semaine, avant les vacances de Noël.

 

Ouest-France a relaté les initiatives des élèves et des enseignants de ce Lycée dans son édition du 17 décembre (voir Laval.maville.com Deux cents élèves ont bloqué le lycée agricole).

 

En fait, les régressions de budget se renouvellent chaque année, depuis quatre ou cinq ans. L’an dernier, les enseignants avaient présenté aux parents d’élèves et aux élus la note du ministère de l’agriculture et de la pêche, concernant la rentrée 2008-2009 (voir Le budget de l'enseignement agricole public en baisse, les personnels inquiets - 9 décembre 2007).

 

Ce désengagement de l’Etat s’inscrit dans une logique globale de réduction des moyens affectés aux services publics. On peut se demander si l’enseignement privé compensera  ou si les parents verront une offre éducative minorée pour leurs enfants.

 

Le lycée agricole de Laval, soutenu financièrement par la Région des Pays de la Loire en ce qui concerne les principaux investissements, a développé les formations de la filière cheval, tout en continuant de répondre à la demande éducative en agriculture. C’est l’un des principaux établissements du grand ouest. La résistance de ses enseignants et de ses élèves à la politique de désengagement de l’Etat mérite d’être saluée comme il convient.

 

 

Cet article est le 16ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école

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21 décembre 2008 7 21 /12 /décembre /2008 22:13

La réforme la moins chère et la plus urgente

 

Le ministre Xavier Darcos avait exprimé une ferme volonté de réformer le lycée, mais il a dû, lui aussi, faire marche arrière (voir l’article précédent paru, hier, sur ce blog (La réforme du lycée est reportée d'un an en raison des manifestations - 20 décembre 2008).

Il admet qu’il va falloir repartir à zéro, tant les incompréhensions et les oppositions à son projet de réforme sont grandes (Xavier Darcos et les lycéens se donnent rendez-vous à la rentrée (Le Monde, 21 décembre).

En fait, celles-ci sont dues essentiellement à la suppression de postes d’enseignants. Comment ce gouvernement pourra-t-il procéder à des réformes libérales pendant que la crise s’avance à une vitesse qu’on n’a jamais connue ?

 

Le président de la République est très malin pour semer la zizanie politique chez ses adversaires socialistes. Il l’est moins pour comprendre que sa politique libérale, dans le contexte actuel, ne peut que monter la société contre lui. Et comme il veut tout régenter, s’il persiste sur cette voie, il court le risque de n’avoir le choix qu’entre la démission et la capitulation…

 

Pour ma part, je veux être constructif. Ayant participé aux conférences organisées par l’AFLEC Association Familiale Loisirs Et Culture Saint-Berthevin ... animées par Philippe Barrieu, professeur d’économie politique au lycée Ambroise Paré et à l’université populaire de Laval, il me semble important d’évoquer ici les réflexions de ce professeur.

 

Que dit Philippe Barrieu du système éducatif français ?

 

Il considère le système éducatif en France comme un cas d’école, révélateur des blocages de la société. D’un côté, des constats assez bien partagés sur les succès et les difficultés du système français. De l’autre, l’incapacité collective à réformer ce qui devrait l’être, sans toucher à ce qui fonctionne bien.

 

Un constat qui n’est pas flatteur

 

Au-delà de progrès incontestables, qui semblent s’arrêter depuis une dizaine d’années, le niveau moyen est faible sur deux aspects : le supérieur (après la licence) et la formation professionnelle qualifiée, au-delà du baccalauréat.

 

Les classements internationaux sont plus que médiocres : les universités (selon les critères, contestés, de Shangai) et les acquis des élèves âgés de 15 ans (classement PISA). De plus, une enquête du CNDP montre un recul du niveau d’acquisition des connaissances (deux ans entre 1980 et 2002). Le plus préoccupant est le décrochage d’une forte minorité d’élèves (classement PÏSA).

 

Le gros point noir est l’aggravation des inégalités sociales à l’école. Les résultats scolaires sont très liés à l’origine sociale des élèves.

 

Comment remédier à ces difficultés ?

 

Ce n’est pas un problème de moyens insuffisants. La France met 6% du PIB dans l’éducation, ce qui est correct. L’effort financier par élève progresse. Mais la dépense est mal répartie : trop dans le secondaire et les grandes écoles, pas assez pour le primaire et le supérieur universitaire.

 

Les résultats modestes et les inégalités sociales peuvent s’expliquer par l’inadaptation de ce qui est enseigné aux élèves (enseignement trop encyclopédique, trop de matières différentes, trop de théories, pas assez de savoirs pratiques et de mise en autonomie). Ce type d’enseignement favorise le bachotage.

 

Les réformes pourraient être de mieux définir les savoirs fondamentaux et les enseignements optionnels, de séparer l’essentiel de l’accessoire dans chaque discipline et de développer en priorité la capacité de l’élève à l’apprentissage, la curiosité et l’autonomie.

 

Le système français est fondé sur la spécialisation unique de l’enseignant (une seule matière), sur un excès de formalisme (y compris dans l’évaluation, notamment le baccalauréat), le cours magistral et la transmission passive du savoir.

 

Par contre, ce qui relève de l’apprentissage personnel, du travail dirigé, de la réalisation d’objectifs, du comportement individuel …passe au second plan. L’élève « idéal » est un être attentionné mais passif, soumis à la règle et à l’enseignant. Mais le problème, c’est que cela ne marche plus, ou mal.

 

Il faudrait beaucoup plus d’interdisciplinarité, de travaux dirigés orientés vers la découverte et la réalisation, moins d’épreuves académiques. Bref, former aux savoirs faire plus qu’aux simples savoirs.

 

En conclusion, s’agissant de la France, notre compétitivité par les prix est illusoire. Elle ne peut venir que de l’effort structurel et, en premier lieu, la formation. Le cas de la Finlande montre le lien entre la prospérité économique et la qualité du système éducatif.

 

Parmi toutes les réformes, celle du système éducatif est sans doute la moins chère et la plus urgente.

 

 

La conférence est mise en ligne sur le site de l’AFLEC*. Voir La Réforme du Système Educatif.

  

* J’avais déjà mentionné ces Conférences d'économie politique organisées par l'AFLEC Saint ...  dans un article paru sur ce blog le 20 octobre 2006.

 

Cet article est le 14ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école

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20 décembre 2008 6 20 /12 /décembre /2008 22:46

Une réforme libérale, précipitée et non nécessaire

 

Pourquoi le ministre Darcos s’attaque-t-il aux maternelles et aux lycées, alors que c’est ce qui marche le mieux dans notre système éducatif ? Pourquoi cette précipitation, si ce n’est pour prendre de vitesse les lycéens ? Pourquoi vouloir libéraliser, au moment où le libéralisme est mis en cause partout, dans le monde, comme étant à l’origine de la crise ?

 

Autant de questions qui restent posées, car la réforme du lycée est reportée d’un an, mais maintenue avec fermeté par le gouvernement. Les manifestations des lycéens et des enseignants ont révélé l’immaturité de la réforme. Le fait qu’elle soit reportée est un bon point. Mais le problème reste entier.

 

Voici une brève revue de presse, qui donne les positions du ministre et des lycéens.

 

Réforme de la classe de seconde : Xavier Darcos dévoile les premières mesures (Le Monde, 14 décembre) ;

 

Xavier Darcos reporte la réforme du secondaire (Le Monde, 15 décembre) ;

 

Lycéens dans la rue : paroles de contestataires (Rue89, 18 décembre).

 

Michel Vignal*, secrétaire national MRC à l’éducation, a fait connaître, le 19 décembre, sa position, au nom du Mouvement Républicain et Citoyen (cliquer sur le titre).

 

La réforme du lycée porteuse d'une grave régression

 

Suite à la mobilisation des lycéens et des professeurs, l’application de la réforme du lycée a été reportée d'un an par le couple Darcos-Sarkozy. C’est un recul. Il faut obtenir le retrait de cette réforme d’inspiration libérale.

Le MRC constate en effet que cette réforme vise à réduire fortement le nombre d’heures de cours donnés aux élèves, afin de réduire encore le nombre de postes d’enseignants. Ce sont, pourtant, près de 60 000 postes de personnels de l’éducation nationale qui ont été supprimés depuis cinq ans, et 13 500 sont déjà prévus au budget 2009.

Cette réforme mettrait en cause la diversité et la qualité des connaissances transmises car elle organise une baisse de 15 à 20%, selon les options ou modules à dominantes choisis, du temps consacré à l’enseignement des savoirs des différentes disciplines. Véritable « usine à gaz » du fait de sa complexité, elle ne faciliterait pas l’orientation des lycéens, en particulier ceux issus des milieux sociaux les plus démunis culturellement.

En outre, en développant l’autonomie de chaque lycée pour la mise en œuvre de la réforme, elle va renforcer l’application du principe de concurrence à tous les niveaux, à l’intérieur de chacun d’eux dans le choix des nouveaux modules d’enseignement et des disciplines, et à l’extérieur entre les établissements eux-mêmes dont l’inégalité, déjà présente, va s’accroître avec cette nouvelle logique libérale. L’individu consommateur sera visé, bien loin de l’idéal de l’élève apprenti citoyen tel que l’a conçu l’école républicaine.

Xavier Darcos veut faire le « lycée light » : allègement des horaires, allègement des connaissances acquises, allègement de l’encadrement professoral, seraient le résultat de cette réforme, si elle aboutit.

Le MRC est partisan d’un lycée structuré assurant une solide maîtrise des différents savoirs. Un lycée déjà diversifié par l’existence des voies d’enseignement général, technologique et professionnelle entre lesquelles il faut développer les passerelles permettant aux élèves d’évoluer et de se réorienter.

Surtout, le lycée doit retrouver, partout, qualité et exigence afin de préparer un baccalauréat qui doit rester un examen national anonyme, d’un niveau suffisamment exigeant. Toutes les disciplines scolaires actuellement enseignées doivent y garder leur place car elles sont constitutives de cette culture générale qui doit être commune à tous les élèves afin de leur offrir les meilleures chances de réussite à l’université ou dans la vie professionnelle.

 

* Michel Vignal a été à l’origine de nombreux articles parus sur ce blog (voir, notamment MRC et rentrée scolaire 2008 : l'école républicaine encore affaiblie - 4 septembre 2008 et les articles répertoriés dans la catégorie L'école - celui-ci est le 13ème).

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20 novembre 2008 4 20 /11 /novembre /2008 17:25

 

Les ministres face à la réalité de leur politique

 

Ce 20 novembre date le lancement des grands mouvements sociaux en faveur de l’éducation et de la recherche publiques face à la politique du président Sarkozy. Les décisions de la majorité gouvernementale sont remises en cause (le budget et le contenu des réformes).

 

Voir ces articles du Monde (19 novembre) : Education : les raisons de la colère et (20 novembre) La grève des enseignants plutôt bien suivie.

 

Dans l’université, la situation est différente, mais il faut être attentif au point de vue paru le 17 novembre (Le Monde) :Université : des réformes en trompe-l'oeil, par Jean Fabbri, Bertrand Monthubert et Jean-Baptiste Prévost.

 

Ce n’est pas tout : les associations éducatives complémentaires de l’enseignement public crient au secours. Elles l’écrivent dans ce communiqué de presse, daté du 17 novembre.

 

Les Associations Educatives Complémentaires de l’Enseignement Public, agréées par le Ministère de l’Education nationale, œuvrent, sur tous les territoires, au plus près des citoyens, aux côtés des enseignants, des parents, des élus, dans le champ scolaire et périscolaire, dans la logique du développement et du rayonnement de l’Ecole publique. Elles en défendent les valeurs et visent à promouvoir le service public d’éducation dont elles sont des partenaires importants.

 

Pour lire la suite. Pétition nationale en ligne : www.pourleducation.fr

 

Le MRC soutient les personnels de l’éducation nationale

Le Mouvement Républicain et Citoyen soutient la grève des personnels de l’Education nationale

Aujourd’hui 20 novembre, les personnels et les syndicats de l’Education nationale ont engagé une grève d’ampleur à laquelle le Mouvement Républicain et Citoyen apporte son plein et entier soutien.  

Les suppressions de postes d’enseignants (près de 34.000 pour la période 2007-2009), l’absence de dialogue social, les réformes du collège et du lycée, des concours de recrutement, du statut d’enseignant chercheur et enfin, la remise en cause de la carte scolaire, portent gravement atteinte à l’école, institution majeure de l’Etat républicain.

La politique Sarkozy-Darcos avance masquée : au delà des mots qui rappellent les grands principes et peuvent parfois être marqués par le bon sens, c’est un grave affaiblissement de l’école républicaine qui est engagé.

Jean-Luc Laurent, Secrétaire national du MRC et maire du Kremlin-Bicêtre, exprime sa stupéfaction face aux propos du ministre de l’Education nationale qui juge utile de dénoncer une prétendue culture de la grève chez les enseignants : « Dans le prolongement de la loi sur le service minimum à l’école, il s’en prend désormais frontalement au droit de grève. Xavier Darcos, lui, fait preuve d’une certaine culture de la provocation. Les enseignants effectuent une tâche quotidienne précieuse. Il est temps de réaffirmer la grandeur de leur mission et de cesser ce type d’allégation coupable. »

Communiqué de presse de Catherine Coutard, porte-parole nationale du MRC, 19 novembre 2008.
Dans le projet de finances actuellement en discussion, les moyens consacrés à l’Ecole, comme à l’éducation populaire, ou au système de formation en général régressent.

Voir Projet de loi de finances 2009 : la jeunesse oubliée.

 

Cet article est le 12ème article paru sur ce blog dans la catégorie L'école  

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4 septembre 2008 4 04 /09 /septembre /2008 21:07

Derrière le masque Darcos, la dérive à l’anglo-saxonne

 

Sur proposition de son secrétaire national, Michel Vignal, le Mouvement Républicain et Citoyen a fait connaître sa position sur la situation de l’école publique à l’heure de la rentrée. Voici le texte paru ce 4 septembre sur le site du MRC. Il appelle des remarques et des commentaires de la part des internautes qui le liront, l’école faisant partie des questions très importantes et fort discutées.

 

Rentrée 2008 : une école en crise, une politique gouvernementale incapable d'y faire face

Aujourd'hui, l'Ecole publique ne tient plus pleinement son rôle d'institution majeure de l'Etat républicain, dont la mission est de donner à chaque élève, futur citoyen, les clés de sa liberté, grâce à une solide maîtrise du savoir. Pour la redresser et la refonder, il faudrait faire le pari de la qualité, et mettre l'accent tout à la fois sur le travail, l'exigence et l'implication forte de l'Etat.

Les tropismes libéraux de la droite ruinent les quelques velléités de redressement. La gauche, attachée historiquement à l'Ecole, doit refuser les dérives inspirées par une idéologie libérale-libertaire, à l'œuvre depuis plus de trente ans dans le domaine pédagogique, comme sur des structures marquées de plus en plus par la concurrence et le marché.

Avec cette rentrée 2008, la politique Sarkozy-Darcos avance masquée : au delà des mots qui rappellent les grands principes et peuvent être marqués par le bon sens, c'est globalement un grave affaiblissement de l'école républicaine qui est engagé.

Quel jugement porter sur les principales mesures mises en œuvre ou annoncées ?

1- Pour l'école primaire


Le MRC est depuis longtemps partisan de programmes simples, structurés, rigoureux, qui redonnent toute leur place à une solide progressivité des apprentissages.

 
Les nouveaux programmes, qui mettent l'accent sur les apprentissages fondamentaux (l'orthographe, la grammaire, la rédaction, le calcul opératoire, …) et le recours à des exercices plus systématiques et à la mémoire, comportent des éléments positifs. Des bases solides ne sont en rien contradictoires avec le développement de la compréhension et de l'esprit critique des élèves.

En revanche, quand Darcos, poussé par la volonté de Sarkozy de réduire le nombre de fonctionnaires, décide de supprimer deux heures hebdomadaires pour les élèves en fermant les écoles le samedi matin, c'est une faute grave contre l'école primaire. Ce n'est pas en travaillant moins que les élèves amélioreront leurs résultats.

L'aide personnalisée instituée pour les élèves en difficulté, qui justifie cette réduction selon le ministre, est bienvenue, mais elle aurait dû être financée tout en maintenant pour tous les élèves l'horaire ancien. C'est, sur ce point, une véritable régression scolaire qui va entraîner l'amenuisement de l'enseignement dans de nombreuses disciplines.

2- Dans l'enseignement secondaire

Nous sommes partisans d'accroître le rôle des dispositifs de soutien. La généralisation de « l'accompagnement éducatif » pour les élèves volontaires, dans les collèges, et les stages de soutien initiés dans les lycées, vont dans le bon sens.


En revanche, le projet de réforme du lycée vise à réduire, là aussi, le nombre d'heures de cours donnés aux élèves par des professeurs qualifiés, pour faire des économies massives de postes.
Et cela, au prix d'un mensonge pour le primaire, comme pour le secondaire : la France n'est pas le pays où les horaires annuels des élèves sont les plus élevés d'Europe. Elle est simplement dans une bonne moyenne. Notre école va donc régresser.


Le ministre Darcos veut faire le « lycée light » qu'Allègre avait tenté d'imposer. Allègement des connaissances acquises, allègement de l'encadrement professoral, seront le résultat de cette réforme, si elle aboutit.

3- Au niveau des personnels


Les conditions d'enseignement vont souvent être rendues plus difficiles, du fait des 11 200 suppressions de postes en septembre 2008 et des 13 500 prévues pour 2009. Le ministère s'oriente aussi vers une utilisation accrue des heures supplémentaires et, plus gravement, vers l'appel à des vacataires de droit privé. Ainsi, le noyau dur des professeurs fonctionnaires, au statut protecteur, pourra progressivement être déstabilisé (la Poste a connu sur plusieurs années une telle évolution).
L'annonce brusque et succincte, par Nicolas Sarkozy, d'une réforme de la formation des enseignants, fait craindre le pire.


Certes, le contenu de la formation dans les IUFM nécessite de profonds changements. Le MRC est critique sur toute forme de « pensée unique » sur le plan pédagogique, orientation qui est loin d'ailleurs d'avoir montré son efficacité. Toutes les conceptions et méthodes doivent être enseignées aux futurs professeurs afin qu'ils puissent exercer leur liberté pédagogique.

Mais le projet vise, là aussi pour réaliser des économies importantes de postes, à liquider toute formation professionnelle sérieuse, derrière l'affichage trompeur d'un recrutement au niveau du Master.


4- Enfin, le principe de « concurrence » va davantage s'appliquer dans l'enseignement.


L'autonomie renforcée des établissements que souhaite Nicolas Sarkozy, alliée à la marche accélérée en cette rentrée 2008 vers la suppression totale de la carte scolaire, vont encore accroître la concurrence et les inégalités entre les établissements scolaires puisque le gouvernement n'a pas pris les mesures permettant d'améliorer la qualité des établissements en difficulté et d'accroître résolument le brassage social.


Déjà, un rapport de l'Inspection générale, montre que les mesures prises à la rentrée 2007 ont contribué à faire régresser la mixité sociale. Les plus pauvres, les plus démunis culturellement et financièrement seront assignés à leur territoire-ghetto et se retrouveront entre eux, avec très peu d'espoir de réussite et d'élévation sociale.

La détérioration de la situation de certains établissements publics, notamment dans les quartiers difficiles, favorise auprès des familles la concurrence des établissements privés de plus en plus attractifs, et de fait, favorisés par la politique du gouvernement qui porte atteinte à l'école publique.

Au total, les mesures mises en œuvre ou annoncées en cette rentrée de septembre 2008, demandent explications et convictions, pour montrer les contradictions et les enjeux.

 

Derrière des mots rassurants, malgré quelques mesures acceptables, l'essentiel est inspiré par une conception libérale de l'Ecole, une dérive accentuée à l'anglo-saxonne, avec des écoles à plusieurs vitesses.

Le combat pour une école républicaine est plus que jamais d'actualité.

 

 

Voir les propositions et réflexions, émises sur ce blog, relatives à L'école.

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9 décembre 2007 7 09 /12 /décembre /2007 16:43

Menaces concrètes sur les moyens éducatifs

 

Laurence Brault, Gérard Pigois et Yoann Vigner, responsables du collectif des personnels des lycées agricoles publics de la Mayenne, accueillaient le 4 décembre, au lycée agricole de Laval, les parents d’élèves, les élus, la presse, pour leur faire connaître les difficultés auxquelles eux-mêmes et leurs établissements sont confrontés.

 

Leur action se situe dans le cadre de la défense de l’enseignement agricole public. Manifestation en octobre dernier à Paris, grève le 20 novembre, nouvelle manifestation à Paris le 14 décembre avec un mot d’ordre : l’abrogation de la note de service du ministère de l’agriculture et de la pêche, datée du 21 septembre 2007, concernant la rentrée 2008-2009 (septembre 2008).

 

Le courroux des professeurs du syndicat majoritaire, le SNETAP-FSU, est directement provoqué par ce texte qui impose une réduction (3% par an pendant cinq ans) des moyens alloués à l’enseignement agricole public. De leur point de vue, il s’agit d’une forme de sabotage de leur filière éducative qui, pourtant, donne de bons résultats scolaires.

 

Yoann Vigner, enseignant au lycée de Laval, l’affirme : « L’Etat se désengage de sa mission éducative ». Son inquiétude est d’autant plus grande que la régression des moyens fait sentir ses effets depuis cinq ans, ce qui oblige à s’adapter avec « du bricolage : regrouper de formations ou accepter 24 élèves au lieu de 17 par classe », comme le dit Laurence Brault, enseignante au lycée de Château-Gontier. Elle ajoute « La circulaire demande de supprimer l’un des deux bac pro CGEA ; c’est à nous de le faire ! »

 

En Mayenne, la note du ministère se traduira, selon eux, par

- de graves menaces sur les options et les enseignements facultatifs,

- le risque de suppression de la filière S (bac scientifique) et des classes de 4ème et de 3ème technologiques, lesquelles permettent de réinsérer scolairement des élèves en difficulté,

- la création d’un bac pro en trois ans (au lieu de quatre) à la place des BEPA (brevet d’enseignement professionnel agricole) sur des programmes expérimentés par l’établissement, ne se rattachant pas à des programmes nationaux,

- des regroupements de classes qui n’ont rien à voir ensemble, et aussi des regroupements entre lycéens et apprentis, dont les effets seront négatifs pour les élèves et les enseignants,

- des menaces sur la filière agroalimentaire (qui n’attire pas beaucoup les jeunes malgré son intérêt en termes d’emplois dans la région ; c’est pourquoi elle a été soutenue jusqu’à présent), alors que les formations technologiques dans ce secteur sont peu nombreuses.

 

Depuis cinq ans, le syndicat tire le signal d’alarme sans être pris au sérieux, mais force est de constater que la réalité correspond à ce qu’il écrivait. Cette évolution négative des moyens attribués à l’enseignement agricole public va de pair, disent les représentants du collectif, avec des rallonges obtenues par l’enseignement agricole privé, ce qui correspond à une volonté idéologique et politique en faveur du privé.

 

Ce désengagement de l’Etat s’inscrit dans une logique globale, ils en conviennent volontiers, mais ils souhaitent être soutenus par les élus, de droite et de gauche, sachant bien que les élus de droite sont activement mobilisés en faveur de l’enseignement privé.

 

Les élus de gauche, en Mayenne et au niveau national, sont trop peu actifs à leur goût pour soutenir l’enseignement agricole public, lequel ne représente, au niveau de la région des Pays de la Loire, que 18% des élèves. Et encore moins à l’avenir si la note du ministère était mise en œuvre.

 

En Mayenne, la demande des autorités est de ne maintenir qu’un seul site, Laval ou Château-Gontier. On comprend que les personnels du lycée de Château-Gontier (200 élèves seulement) soient mobilisés pour le maintien du site du sud du département, dont la zone géographique des élèves est tournée vers le Haut-Anjou (nord 49 et sud 53).

La fermeture d’une classe menacerait l’existence même de l’établissement.

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18 novembre 2007 7 18 /11 /novembre /2007 11:09

L’école, lieu où s’expriment les enjeux de société

 

Les 11 et 12 novembre, sur ce blog, ont été publiées les deux premières parties de la réflexion de Christine Tasin* sur l’école. Elle y faisait des comparaisons entre les deux types d’enseignement, public et privé, d’une part (première partie) et la description de la façon dont se traduisent sur le terrain les politiques de l’éducation nationale d’autre part (deuxième partie).

 

Avec la troisième et dernière partie, parue ce jour sur le site http://www.ripostelaique.com, Christine s’attaque à la doctrine néolibérale qui vise à faire de l’école et des enseignants un moyen de préparer les futurs salariés aux besoins du monde économique et financier.

Voici ce texte de Christine Tasin

ECOLE PUBLIQUE, ECOLE LAIQUE (troisième partie)

Ecole française : deux poids, deux mesures

Le nerf de la guerre, bien évidemment, est le libéralisme, il faut faire des coupes sombres dans le budget de l’Etat, que la masse soit moins instruite pour être plus docile, que l’école réponde aux besoins des entreprises.

Il y a là convergence entre l’OCDE et les lobbies des entreprises, comme en atteste ce passage "lumineux" d’un rapport de l’OCDE cité par C. Morrisson dans "Cahier de politique économique n°13" (1996), "Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très importante des investissements publics ou une diminution des dépenses de fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse.

On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité.

Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population." On citera encore ces extraits d’une table ronde qui s’est tenue à Philadelphie en février 1996 : " L’apprentissage à vie ne saurait se fonder sur la présence permanente d’enseignants. […] Dans certains pays, il semble que les enseignants encourent réellement le risque d’être des laissés-pour-compte dans le développement des technologies de l’information…

Les pouvoirs publics n’auront qu’à assurer l’accès à l’apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l’exclusion de la société en général s’accentuera à mesure que d’autres vont continuer de progresser." " Il est plus important d’apprendre à apprendre que de maîtriser des prétendus “ faits ”. Il faut encourager la possession d’un ordinateur". Tout est dit. L’école publique a vocation à servir de garderie aux laissés pour compte de la société, c’est-à-dire de l’économie …

On pourra également citer quelques extraits du rapport de l’ERT (Table Ronde Européenne, cartel fondé en 1983 qui regroupe 47 des plus importants industriels européens) " Education et compétences en Europe" publié en 1989 : " Le développement technique et industriel des entreprises européennes exige clairement une rénovation accélérée des systèmes d’enseignement et de leurs programmes", "l’éducation et la formation sont considérés comme des investissements stratégiques vitaux pour la réussite future de l’entreprise", "l’industrie n’a qu’une très faible influence sur les programmes enseignés, les enseignants n’ont qu’une compréhension insuffisante de l’environnement économique, des affaires et de la notion de profit, ils ne comprennent pas les besoins de l’industrie. " ou bien, en 1995 : "La clé de la compétitivité de l’Europe réside dans la capacité de sa force de travail à relever sans cesse ses niveaux de connaissance et de compétence", "dès lors, la responsabilité de la formation doit en définitive être assumée par l’industrie", "l’éducation doit être conçue comme un service rendu au monde économique", "les gouvernements nationaux devraient envisager l’éducation comme un processus s’étendant du “ berceau au tombeau ”, "l’éducation vise à apprendre, non à recevoir un enseignement", "les systèmes d’éducation ne s’adaptent pas assez vite à la révolution technologique.

La réforme des systèmes d’éducation devrait bénéficier d’une priorité politique", "l’enseignement à distance élimine les inconvénients de l’absence au travail et des déplacements. Les méthodes et outils d’éducation devraient être modernisés, particulièrement pour encourager l’auto-apprentissage. Chaque élève devrait, à terme, disposer de son propre ordinateur. ” Où nous voyons pourquoi on insiste de plus en plus, depuis une quinzaine d’années, sur le lien école-entreprises et sur l’importance de l’informatique …

Tout cela, bien entendu, est orchestré par la Commission Européenne qui ne cache nullement son ambition dans ses rapports sur l’éducation : " La réalisation de ces objectifs exige des structures d’éducation qui devraient être conçues en fonction des besoins des clients. L’apprentissage à distance présente un attrait particulier car il peut être adapté de manière à n’interférer qu’un minimum avec les exigences du travail et, plus l’utilisation du matériel est répandue, plus l’opération devient rentable" in "Mémorandum sur l’apprentissage ouvert et à distance dans la Communauté européenne ”, 12 novembre 1991. On rappellera aussi les déclarations d’Edith Cresson en 1995, quand elle affirmait que le système des diplômes nationaux n’était pas viable au niveau européen et qu’il fallait "apprendre à apprendre toute sa vie"

Ainsi l’école est-elle, paradoxalement, le lieu où s’affrontent les enjeux de notre société. L’école ressemble à la société que nous vivons, et cela en explique bien des difficultés. Coincée entre les exigences de rentabilité de la société capitaliste, les pédagos fous et les ghettos des quartiers sensibles, elle n’offre plus que des réponses ponctuelles et tente de s’adapter à des individus ou à des groupes au lieu d’être un havre à part, un lieu dédié à la culture. C’est ce que montrait très bien le rapport de J.P. Odin de 2004 sur "les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires" : " Dans certains quartiers, qui sont loin répétons-le de se cantonner aux banlieues des grandes villes, se sont déjà édifiées des contre-sociétés closes dont les normes sont le plus souvent en fort décalage voire en rupture avec celles de la société moderne et démocratique qui les entoure. Il ne s’agit nullement pour ces populations d’un repli identitaire des plus anciens, mais bien d’une identité de substitution qui se diffuse d’abord parmi les jeunes de la seconde ou troisième génération.

Le terreau social sur lequel se développent ces évolutions est bien connu, c’est la ségrégation dont sont victimes ces populations devant l’accès à l’habitat, à l’emploi et aux loisirs, du fait de la xénophobie et du racisme, depuis leur arrivée sur le sol national. L’intériorisation de cette injustice porte toute une jeunesse vers le ressentiment, le repli et parfois la radicalisation.

Des organisations, le plus souvent structurées sur le plan international, prospèrent sur ce terreau et assurent à cette nouvelle identité « musulmane » une promotion efficace, dans une surenchère permanente qui donne aux plus radicaux souvent le plus de poids auprès des plus jeunes ou des plus fragiles (parmi ces derniers on peut placer un certain nombre de jeunes convertis.)

Le projet de ces groupes ouvertement ségrégationnistes et qui dénoncent l’intégration comme une apostasie ou une oppression, va encore plus loin. Il est aussi de rassembler ces populations sur le plan politique en les dissociant de la nation française et en les agrégeant à une vaste « nation musulmane ». Nous avons dit combien ce projet nous semblait déjà bien diffusé et mis en oeuvre dans la jeunesse scolarisée, notamment auprès de ces collégiens et lycéens qui refusent, parfois massivement, de s’identifier comme « Français » et ont pris comme héros les partisans de la guerre à outrance contre le monde occidental".

Or, éduquer l’homme, c’est lui transmettre un héritage, des valeurs, des connaissances, une façon de penser, la capacité de penser, d’organiser un texte, une réflexion. Centrer l’enseignement sur les contenus, c’est donner comme enjeu à l’école la culture, et la pédagogie consiste à se demander comment les transmettre Inversement, donner la priorité à des objectifs, c’est donner la priorité au "comment" aux dépens du "quoi", et peu importe le contenu.

Dans ce cas, tout se vaut, pas d’échelle de valeurs, Hugo et G. des Cars c’est la même chose si l’élève a choisi d’étudier ce dernier pour comprendre les problèmes de narrateur ! Comme seront identiques une émission de télé-réalité, une publicité pour Renault et une adaptation de Maupassant à la télé ! Ainsi l’apprenant doit-il s’adapter à un moment donné de la société … marchande ! Ainsi se retrouvent, encore, sur l’école aussi, paradoxalement, les gauchistes/pédagos et les libéraux de droite …

Le but est le même : niveler le niveau, faire disparaître les élites, sous prétexte d’égalité pour les uns, sous prétexte d’adaptation au marché pour les autres … et tous de refuser les sorties précoces des élèves non motivés par les études, les premiers criant à l’injustice, les autres étant ravis de voir s’effondrer notre vieux système, dangereux, qui apprenait à penser. Pendant ce temps des élèves haïssent cette école qu’ils ne peuvent quitter et empêchent les autres d’apprendre … Il ne restera à ceux-ci qu’à aller à l’école privée, confessionnelle de préférence. Il paraît que la religion aide le politique à asseoir sa domination … La boucle est bouclée.

Deux poids, deux mesures et la négation de la devise républicaine "liberté, égalité, fraternité".

* Christine Tasin est professeur agrégé de lettres classiques dans un collège de Charente-Maritime. Voir aussi son blog : http://christinetasin.over-blog.fr

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12 novembre 2007 1 12 /11 /novembre /2007 15:38

Des bonnes intentions parfois, mais aussi des dérives

 

Christine Tasin, professeur agrégée de lettres classiques, exerce actuellement son métier dans un collège de Saintes (Charente-Maritime). Elle est aussi rédactrice du nouveau journal en ligne, à parution quasi hebdomadaire, Riposte Laïque.

Le 5 novembre, dans le numéro 12, elle évoquait la question laïque (voir l’article paru hier sur ce blog). Le 10 novembre, elle exprimait son point de vue sur les politiques de l’Education nationale et leur mise en œuvre dans les établissements d’enseignement.

 

Voici ce texte (2ème partie) qui s’appuie sur son expérience. Christine m’a donné son accord pour participer à une rencontre CIVIQ sur le thème de l’école, dans le courant de l’année 2008 (voir aussi son blog http://christinetasin.over-blog.fr ).

 

On peut lire aussi sur le site du MRC 17 un dossier sur l’éducation (voir http://mrc-17.site.voila.fr ). J’ajoute que les analyses et propositions du MRC sur l’école sont à lire sur ce blog, catégorie « L’école », ou sur le site du MRC http://www.mrc-france.org , onglet « Positions », puis « Education ».

 

ECOLE PUBLIQUE, ECOLE LAIQUE (2ème partie)

« Ecole française : deux poids, deux mesures »

Il est pour le moins paradoxal que notre bonne vieille école républicaine, qui a formé pendant plus d’un siècle nos élites (et celles d’une partie du monde) se voie critiquée, conspuée et que nombre de familles ne trouvent de solutions que dans l’enseignement privé.

Il est pour le moins paradoxal que cette école ne parvienne plus à produire les scientifiques et informaticiens dont nous avons besoin, à tel point que nous allons en Inde débaucher des étudiants, à grands renforts de bourses ! Comme si l’on savait que même l’attrait d’une bourse ne donnera pas aux jeunes Français l’appétit et le niveau des Indiens. Deux poids et deux mesures. Comment en est-on arrivés là ???

Certes, on pourra hurler avec les loups, crier à la décadence, à la disparition de l’effort, dénoncer la société de consommation (liée au libéralisme), la société de divertissement, la démission parentale … et on aura mille fois raison. Mais cela suffit-il ? Quand on constate que, dans les écoles privées, des milliers de petits Français respectent les règles, acceptent les efforts et appellent de leurs vœux les connaissances et diplômes nécessaires pour devenir un citoyen actif et éclairé et un homme épanoui, on ne voit pas pourquoi cela n’est pas généralisé … sauf à renvoyer à leurs responsabilités les croque-morts de l’école républicaine : Meirieu, Jospin, Allègre, l’OCDE, les lobbies d’entreprises… et les différents gouvernements qui les ont écoutés !

Pour les Meirieu et consorts, l’enseignant doit à la fois instruire et éduquer, et utiliser sa pédagogie pour convaincre l’élève, être libre et particulier, que ce qu’on lui propose est intéressant et bon pour lui. A lui de s’adapter à l’hétérogénéité des classes et de mettre en œuvre une pédagogie différenciée et des "groupes de besoin". L’Enfer est pavé de bonnes intentions. Quel parent ne serait pas séduit par l’idée que son enfant va être pris en compte tout particulièrement, avec son niveau, ses difficultés et sa personnalité ? Tout cela est intéressant si … vous enseignez dans des classes à faible effectif et à des élèves acceptant leur sort d’élève.

Dans notre enseignement de masse, avec des classes de trente élèves dont un tiers en difficulté intellectuelle, sociale et/ou comportementale c’est l’Utopie. Peut-être plus grave encore, cette conception de l’enseignement a complètement perverti le système : c’est à l’enseignant de faire des efforts, d"intéresser ses élèves, de faire le clown pour les amuser … Les élèves, débarrassés de la contrainte républicaine de jouer le jeu d’une instruction qu’on leur offre, débarrassés de la contrainte de l’effort, reportent sur le professeur leurs échecs avec l’appui véhément des parents. Faire porter la responsabilité des difficultés ou des échecs sur les enseignants des années précédentes, en laissant de côté l’immense fainéantise ou le manque d’intérêt de l’élève, est d’ailleurs devenu la norme lors des rencontres parents-professeurs…

Deuxième dérive orchestrée par les pédagos fous, relayant/utilisant les techniques de management : il faut travailler par "objectifs". Comme si apprendre, savoir, construire, se construire … n’était pas un objectif suffisant ! En fait, non seulement apprendre n’est pas un objectif suffisant mais c’est un objectif à éviter ! Le but c’est de "savoir faire et savoir être", c’est, comme le recommandait la loi d’orientation de Jospin de 1989, de permettre à l’élève "d’acquérir un savoir par sa propre activité ", autrement dit, chaque élève doit se poser un problème et chercher comment le résoudre ; ce faisant, il doit être amené à découvrir/comprendre/connaître les raisons des choses … Utopie bis.

La technique est coûteuse et génératrice d’échec : il faut, avec cette méthode, trois fois plus de temps pour faire découvrir à chaque élève les règles d’accord du participe passé ou les bases de l’électricité qu’en amenant l’ensemble de la classe à suivre un raisonnement et une démarche communs, et, sur une classe de trente élèves, même partagée en groupes, une petite moitié jouera le jeu tandis que l’autre attendra que ça se passe, se contentant, dans le meilleur des cas, de recopier ce qu’ont fait les autres.

Bref, les élèves motivés perdent leur temps dans les méandres des interrogations existentielles du type "mais comment marche donc une chasse d’eau ?" parce que les réponses qu’ils obtiennent, forcément, sont incomplètes, elles ne peuvent utiliser les mathématiques ou les notions scientifiques qu’ils ignorent. On les amuse, on les occupe. Quant aux autres, ils ne prennent pas au sérieux ces "activités" parce que la vraie vie (copains, jeux vidéos, films d’horreur …) est ailleurs.

Encore plus grave, pendant ce temps, les élèves ne rédigent pas, n’écrivent pas et vocabulaire et orthographe s’étiolent de plus en plus.

A contrario, quand on fait travailler toute une classe à l’ancienne, par exemple, sur un tableau de Goya et un autre de Bruegel et qu’on les amène à construire ensemble, sous la houlette du professeur, un faisceau d’indices pour comprendre le sens des tableaux, pour réfléchir à la condition humaine, quel bonheur d’entendre le moins scolaire, le plus "rebelle" à l’enseignement demander "on peut en faire un troisième ?" Et nul besoin de passer dix minutes à présenter un objectif, de chercher à justifier l’activité, de quasiment s’excuser d’importuner les élèves … L’heure réussie, le sentiment d’avoir grandi, d’avoir rencontré quelque chose de différent du quotidien, suffit. Etonnant, non ? Et même révolutionnaire ! Mais dépassé. Comprenne qui pourra.

Comme on produit des incultes et qu’on ne peut ni ne veut le reconnaître, on introduit des méthodes d’évaluation "indiscutables" : des tests en 6° d’une facilité déconcertante, un brevet constitué pour partie du contrôle continu et pour l’autre d’épreuves elles aussi d’une facilité déconcertante, un baccalauréat au rabais …

On culpabilise les professeurs en comparant les résultats des tests de 6° avec ceux du brevet, avec les taux de redoublement en seconde, avec les taux d’échec au baccalauréat. Ils doivent travailler toujours plus pour bâtir des grilles d’observation, de correction, construire des PPRE (programmes personnalisés de réussite éducative, dernière lubie de nos gouvernants), rencontrer l’assistante sociale, le médecin scolaire, le psychologue… pour "comprendre" les difficultés des élèves mais, pendant ce temps, l’élève, conscient des excuses qu’on lui donne ne joue pas le jeu, il n’en a pas envie et il a acquis le droit de ne pas en avoir envie…

On ajoutera pour la bonne bouche que la calamiteuse loi d’orientation de Jospin en 1989 ajoutait aux droits des élèves la "liberté d’expression" … et Dieu sait qu’elle a été appliquée à la lettre !

D’ailleurs, revenons un peu sur Allègre, un des pires (avec Jospin) ministres de l’Education Nationale qu’on ait eus. Ce conseiller de Jospin entre 1988 et 1992, (favorable lui aussi au voile à l’école) et ministre de l’Education Nationale de 1997 à 2000 a tout fichu en l’air. Non seulement il avait un compte à régler avec les professeurs (une psychanalyse serait sans doute nécessaire), souhaitant "les remettre au travail" (sic !) ce qu’il a fait notamment en pervertissant/compliquant les mutations des professeurs qui sont devenues difficiles, aléatoires et ont contraint des milliers d’enseignants à l’instabilité, condamnés à boucher les trous sur tout un département, voire deux … (notre ministre de l’économie qui incite les Français à faire du vélo pour économiser du pétrole devrait se pencher sur les difficultés de pédaler matin et soir pour effectuer les 60 à 150 km que font nombre de collègues …) tout en demeurant, cela va de soi, en forme, pleins d’allant pour tenir et intéresser leurs classes !

Mais encore a-t-il souhaité "moderniser" l’école, c’est-à-dire nous proposer une école à l’américaine avec l’individualisation (voir plus haut ) de la prise en charge de l’élève, le rapprochement école/entreprise, les efforts pour contrecarrer la prééminence des mathématiques dans l’enseignement ("désormais on a des machines pour faire les calculs" !!!!), préférant l’expression libre à la dissertation, critiquant les langues anciennes auxquelles il préfère la technologie ….Bref, allant dans le sens du vent, de la facilité et de l’adaptation d’une main d’œuvre docile car inculte aux lois du marché.

En effet, dans la perspective du libéralisme contemporain, on assiste à la commercialisation de l’Education, voulue par Jospin, Allègre et Raffarin pour appliquer les directives de la Commission de Bruxelles et les recommandations de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique ) : réduction des matières enseignées qui doivent quasiment disparaître en tant que disciplines pour se fondre dans l’interdisciplinarité et adaptation à la loi du marché, comme le recommande le dernier rapport de l’OCDE : "Le taux élevé de chômage des jeunes résulte peut-être de leur mauvaise préparation au marché du travail, mais il est dû aussi au salaire minimum trop élevé et à la législation de protection de l’emploi.

Il se peut en outre qu’il tienne à la réticence des jeunes à prendre un emploi subalterne de peur d’être piégé au bas de l’échelle sur le plan professionnel. Ce dernier facteur est peut-être lié à son tour à l’importance excessive que les employeurs accordent aux diplômes officiels, tant dans leurs décisions de recrutement que dans celles concernant la progression des carrières, au détriment des mesures des performances et des résultats obtenus dans l’emploi".

On comprend bien que l’école n’a d’autre but, aux yeux de nos élites mondialisées, que de produire des automates/esclaves performants et corvéables à merci. Alors les critiques et conseils, nombreux, que contient ce rapport, revisités à l’aune de ce constat, nous amènent à penser qu’un gouvernement républicain devrait bien se garder de faire ce que l’on lui demande : "supprimer le redoublement, alléger horaires et programmes pour donner la priorité au socle commun minimum, supprimer les parcours d’excellence, mettre l’accent sur la formation pédagogique des enseignants aux dépens de la formation initiale, recourir à la bivalence des enseignants, obliger ceux-ci à être davantage présents dans les établissements…", tous ces éléments étant demandés à la fois par l’OCDE, l’ERT (Table Ronde Européenne, cartel fondé en 1983 qui regroupe 47 des plus importants industriels européens) et la Commission Européenne, comme nous le verrons dans la troisième partie de cet article.

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