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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 22:06

Rappel de quelques principes de base et interrogations

 

Le Kremlin-Bicêtre CN 22 03 09 014Conseillère municipale de Nantes et secrétaire nationale du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), chargée de la citoyenneté et des droits des femmes, Christine Meyer m’a transmis ses réflexions sur le rapport entre citoyenneté et « droit au mariage » ou « mariage pour tous », réflexions qu’elle a adressées aux parlementaires MRC (les trois députés Marie-Françoise Bechtel, Christian Hutin et Jean-Luc Laurent, et le sénateur Jean-Pierre Chevènement).

 

Remarque préalable

 

Il est dommage que ce débat, comme beaucoup d’autres, soit préempté par le clivage politique entre droite et gauche, renvoyant en principe à celui entre conservatisme et progressisme.

Il s’agit là d’une véritable question anthropologique dans laquelle il est vraiment trop facile de répondre avec ces catégories toutes faites et qui évitent de réfléchir.

Pour dire les choses autrement, il ne faudrait pas, en général, que le principe démocratique, qui est celui du libre débat (et du débat tout court) soit occulté par celui de la « bonne » réponse a priori. 

 

Rappel de quelques principes

 

Le débat me semble assez pauvre, surtout à gauche, et mal engagé, car il se fonde sur une conception contestable de l’égalité citoyenne et mélange la question des institutions et celle des droits individuels.

Plus précisément, il occulte totalement le sens même de l’idée d’institution pour n’en faire qu’un service au « service » des individus et de leur demande personnelle.

 

Le mariage est une institution de la République, destinée à une fonction précise : assurer l’ordre de la filiation.

Il ne s’agit ni d’un contrat entre 2 individus, en particulier qui serait fondé sur des relations affectives, ni non plus d’un « service public », auquel tous les citoyens auraient par principe accès.

Il ne peut y avoir de « droit au mariage » de même type que le droit à la santé. Le fait que le mariage soit limité à l’union entre un homme et une femme n’est pas nécessairement une entrave au principe d’égalité, de même que le mariage est réservé aux adultes de plus de 18 ans, et interdit entre membres d’une même famille, quelles que soient les profondes et sincères relations d’amour pouvant exister entre ces personnes et même entre enfants ou entre adultes et enfants.

 

Cette limitation renvoie malgré tout au fait même aujourd’hui, avec toutes les techniques de PMA possibles, il faut toujours une cellule mâle et femelle pour engendrer un enfant (sauf à promouvoir le clonage). A ce titre, on pourrait aussi considérer que le fait pour un homme de ne pouvoir porter un enfant est une atteinte au principe d’égalité (ou pour une femme ménopausée de ne plus pouvoir avoir d’enfant). Il ne s’agit pas de fonder le droit social sur la nature, mais de ne pas considérer toutes les limitations naturelles comme des injustices qui doivent être corrigées par le droit.

 

L’égalité des droits est celle existant entre les citoyens et non entre tous les individus, dans leur existence privée. Le fait d’être « gay » ou « homo » relève d’abord d’une inclination personnelle qui, certes, doit être protégée comme toute forme de vie privée qui ne porte pas atteinte aux droits des autres citoyens et ne doit entraîner aucune discrimination dans l’accès aux services publics, mais non nécessairement au mariage.

 

Il faut rappeler aussi que le débat est totalement faussé par le fait que l’on présente ce « mariage pour tous » comme la réparation d’une injustice et discrimination vis-à-vis des homosexuels. Or, l’humanité n’est pas séparée entre homosexuels et hétérosexuels, mais entre hommes et femmes, nécessaires à l’engendrement, et qui peuvent chacun avoir des inclinations plutôt vers un sexe ou plutôt vers l’autre, chaque inclination étant en elle-même parfaitement légitime, mais ne donnant en elle-même aucun droit spécifique par rapport à la citoyenneté et aux institutions.

Si telle inclination affective ou sexuelle ouvre au mariage, alors effectivement, je peux demander un mariage à 3 (ou plus) sous prétexte que j’aime sincèrement 2 hommes ou 2 femmes (ce qui peut être vrai et même une relation très riche)

 

Aujourd’hui, le mouvement culturaliste vise à nous montrer que les différences présentées comme « naturelles » sont en fait culturelles et étendent ce point de vue à la différence des sexes (théories du genre). Si certaines dénonciations sont justes, il faut quand même rappeler que toute culture, quelle qu’elle soit, quel que soit le rôle attribué à chaque sexe (et qui varie énormément, certes) renvoie à une différenciation des sexes.

 

Il y a une volonté d’abolir toute idée de nature, c'est-à-dire de donné initial sur lequel l’homme ne peut rien, qui relève d’une vision totalement prométhéenne de l’homme. Or, ce qui est étonnant, et jamais remarqué, c’est que ce sont les mêmes (les écologistes) qui dénoncent les dégâts de cette vision prométhéenne et défendent en même temps toutes les formes les plus extrêmes de modification des données naturelles en ce qui concerne la procréation. Toute société articule un certain rapport entre nature et culture.

 

En conclusion, ce débat mérite de soulever d’autres enjeux que celui du combat des progressistes et « réactionnaires ». Ces  enjeux sont les suivants :

-          le statut des institutions par rapport à celui de la revendication des droits individuels,

-          la question du rapport entre nature et culture : aujourd’hui le statut du donneur (de sperme ou d’ovocyte) débouche sur un grand vide juridique et aussi psychologique qui donnera sans doute beaucoup de clients aux psychanalystes,

-          la question de la finalité de la médecine : corriger, réparer les imperfections de la nature ou créer une « seconde nature ».

 

Malgré tout, il me semble très difficile d’enrayer ce mouvement visant à étendre toujours plus les droits individuels et à transformer le citoyen en « ayant droit ».

 

- D’une part, le développement de toutes les formes de PMA ne pourra être limité et conduit à une procréation de plus en plus « technique ».

 

- D’autre part, il y a aujourd’hui la possibilité pour les célibataires (quasi exclusivement les femmes) d’adopter des enfants. Ce fait me semble à lui seul, par contre, à la fois une profonde injustice, et aussi, il faut bien le reconnaître, souvent une grande hypocrisie.

C’est une injustice, car je ne vois pas au nom de quoi une femme seule serait plus à même d’élever un enfant qu’un couple homo; en effet, lorsqu’on reste dans le cadre de l’adoption (c'est-à-dire avec une différence claire entre les géniteurs et les parents adoptifs), il n’y a pas de raison de refuser aux uns ce qu’on accorde aux autres.

Enfin, c’est une hypocrisie car, du moins pour les femmes, ces adoptions peuvent très bien masquer une vie de couple homosexuel. C’est pourquoi il me paraît, de fait, aujourd’hui impossible et injuste de ne pas reconnaître la possibilité d’une adoption simple d’un enfant par les couples de même sexe, mais avec un statut particulier pour le conjoint de l’adoptant (position de S.Agacinsky).

 

Adoption simple, sans mariage. Conclusion un peu paradoxale et difficile à tenir politiquement. Je laisse le débat ouvert.

 

Cet article est le 43ème paru sur ce blog dans la catégorie République Parlement.

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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 22:54

Christian Eckert : l’ensemble est cohérent et équilibré

 

La session extraordinaire du Parlement s’est achevée par le vote de la loi de finances rectificative. Alain Vidalies, ministre des relations avec le Parlement, a réfuté les assertions de l’opposition, selon laquelle la majorité s’est limitée à défaire ce qu’avait fait la majorité précédente.

Voir Le Monde, 1er août 2012 : Alain Vidalies estime que la session extraordinaire du Parlement a été "tout à fait utile"

 

Le rapporteur général du budget, Christian Eckert, député de Meurthe-et-Moselle, a rendu compte avec précision du contenu de cette loi. Voir son article daté du 1er août sur le blog christianeckert

 

Loi de finances rectificative : On ne nous dit pas tout !

 

La loi de finance rectificative a été votée hier soir par le Parlement. Si certains dispositifs ont été mis en évidence, il faut toujours avoir un regard global pour en juger le contenu.

 

Le premier objectif de cette loi était d’assurer la réalisation de notre volonté de réduire les déficits publics à 4,5% du PIB pour la fin de cette année. La droite ayant prévu une croissance de 0,5% en 2012, nous l’avons révisée à 0,3% pour être réaliste. La droite ayant par ailleurs surestimé des recettes (notamment en impôt sur les sociétés), et fait des impasses sur des dépenses, il nous fallait réagir pour ne pas assumer en fin 2012 un déficit supérieur aux prévisions, dont nous ne portons pas la responsabilité.

 

Le second objectif était de tenir nos engagements de campagne. C’est bien normal. Ainsi, nous avons entre autres mesures, supprimé les recettes de la hausse de TVA votée en février par la droite et prévue pour octobre, augmenté l’allocation de rentrée scolaire, financé les créations de postes dans l’Education Nationale pour la rentrée 2012…

 

Chacun doit savoir que le budget de l’Etat, comme tout budget, doit être sincère et intègre par avance les mesures décidées par la loi. Ainsi, même si la TVA ne devait augmenter curieusement qu’en octobre, les recettes correspondantes étaient déjà inscrites en 2012 pour un trimestre, et en 2013 pour une année complète (13 Milliards) !

 

La fin des exonérations de charges et d’impôts des heures supplémentaires a occupé les esprits. C’était pourtant clairement un engagement du Président élu et de sa majorité parlementaire. Elle apporte une recette de près de 4,5 Milliards en année pleine, loin de couvrir les besoins énumérés plus haut, et se partage entre les entreprises de plus de 20 salariés et les salariés eux-mêmes. Elle ne touche pas les salaires des Smicards, de toute façon exonérés de charges, et évidemment pas les non imposables qui sont la moitié des foyers fiscaux ! Alors si elle met fin aux effets d’aubaine de certains, voire aux tricheries de beaucoup d’employeurs qui convertissaient des primes en heures supplémentaires pour échapper aux contributions sociales, il faut plutôt se réjouir de la suppression de cette anomalie. En période de crise et de licenciements, mieux vaut encourager l’embauche que les heures supplémentaires. Elles restent autorisées, doivent être majorées, et permettent donc la souplesse nécessaire aux variations des volumes de commande.

 

On a trop passé sous silence les autres dispositions votées :

 

Nous avons majoré l'impôt sur la fortune (2,5 Milliards), taxé les grosses successions et donations (1,2 Milliard), doublé la taxe sur les transactions financières (0,5 Milliard), taxé les banques et les compagnies pétrolières (1 Milliard), mis fin à divers dispositifs d'optimisation d'impôt des grosses entreprises (1 Milliard), surtaxé les parachutes dorés et stock-options (0,5 Milliard) ...

 

Certes, le forfait social à charge de l’employeur sur la participation et l’intéressement a été relevé (2,3 Milliards). La participation et l'intéressement sont des façons d'échapper aux contributions sociales. Il est anormal de laisser les entreprises pratiquer des salaires misérables en échange de versements de participation ou d'intéressement exonérées des contributions sociales dont il ne faut jamais oublier qu'elles servent à payer les retraites, la maladie, l'accident du travail et les allocations familiales. Même en en augmentant la contribution sociale comme nous venons de le faire, cela leur coûte moins cher d'utiliser ce "tuyau" que de payer des salaires décents. D'ailleurs, seules les grosses entreprises (exemple Auchan), utilisent ces "produits". Pour réduire les déficits des budgets sociaux, et assurer leur survie, nous préférons éviter les contournements dont certains chefs d'entreprise savent trop bien profiter. Pour nous, la première contrepartie au travail, c'est le salaire ! Pas les primes, versements complexes et autres subtilités qui font échapper à l'impôt et aux contributions sociales les plus malins.

 

Pour conclure, ce fut un gros travail, important pour redresser les finances publiques dans la justice. Votre Rapporteur Général du Budget à l’Assemblée Nationale y a consacré beaucoup de son temps et de son énergie, avec le gouvernement et l’ensemble des députés. Il va donc un peu se reposer, car dès la rentré, il travaillera sur la loi de finances initiale 2013.

 

Chacun doit mesurer le juste équilibre d’un ensemble cohérent, en évitant de n’y prendre que ce qui peut le toucher personnellement : Tous les français économiseront une TVA injustement prévue à la hausse, et y trouveront plus de bénéfices que ceux perdus par quelques-uns sur les heures supplémentaires. Les plus aisés contribueront d’avantage et ce n’est que justice. Après tout, la « bonne fortune » de beaucoup est souvent due au travail des autres.

 

A noter, l’intervention du député MRC du Val-de-Marne  Jean-Luc Laurent, président du MRC, concernant l’article 26 du projet de loi. Voir Assemblée nationale jeudi 19 juillet 2012.

 

M. Jean-Luc Laurent

 

Depuis le début de cette semaine au cours de laquelle nous discutons du projet de loi de finances rectificative, nous avons longuement débattu du sens du redressement.

Après les débats sur les heures supplémentaires, sur la fiscalité des successions et, voilà quelques instants, sur celle de l’immobilier, la taxation des stock-options est à mes yeux une mesure symbolique forte de ce collectif budgétaire. Étant donné la faible utilité sociale et économique de ces rémunérations, l’action de la majorité est clairement au service du redressement dans la justice.

Notre histoire, ces dernières années, est marquée par le décrochage des revenus du travail par rapport à ceux du capital, qui occupent une place croissante dans la richesse nationale. Nous venons de vivre une décennie qui peut être dénommée « les années fric ».

D’abord, les stock-options sont emblématiques de la perte de repères qui fait que les produits financiers se substituent au salaire, tandis que la logique financière de court terme a fait vaciller nombre d’entreprises productives.

Ensuite, la gauche, reconnaissons-le, n’a pas été exempte d’erreurs d’appréciation sur cette question dans le passé. Le présent article, qui propose une hausse du prélèvement social sur les stock-options et les attributions gratuites d’actions, intervient en début de législature et montre que nous tournons une page. Ces dix dernières années, la collectivité s’est amputée de bien trop de ressources. Le Gouvernement propose aujourd’hui de réarmer la puissance publique par une politique de recettes fiscales au bénéfice de la Sécurité sociale et du pacte social de la nation. Nous soutenons évidemment cette proposition du Gouvernement. 

 

Cet article est le 42ème paru sur ce blog dans la catégorie République Parlement.

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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 20:27

17 000 milliards d’euros dissimulés dans les paradis fiscaux ?

 

Comment les pouvoirs politiques peuvent-ils accepter une telle dissimulation des actifs financiers dans le monde ? Parce que les partis dominants sont liés aux milieux financiers et ferment les yeux sur les pratiques des banques et organismes de gestion de l’argent des particuliers.

 

L'évasion fiscale mondiale : dix fois le PIB de la France (Le Monde, 23 juillet 2012)

 

Imaginez la richesse nationale annuelle des Etats-Unis et du Japon. C'est ce que pèserait le stock de l'évasion fiscale accumulée au fil des années par les particuliers, selon une étude réalisée par le groupe de pression Tax Justice Network, analysée sur le site du Guardian à travers deux articles (1 et 2).

Selon les données collectées auprès de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, des Nations unies et des banques centrales, les actifs financiers de particuliers dissimulés dans des paradis fiscaux atteindraient 17 000 milliards d'euros.

L'auteur de l'étude, James Henry, ancien économiste en chef pour le cabinet McKinsey, estime lui-même que ses conclusions sont probablement sous-évaluées : la vraie somme pourrait selon lui se situer autour de 26 000 milliards d'euros, soit dix fois le PIB annuel de la France.

 

Un "trou noir dans l'économie mondiale"

Alors que les gouvernements européens ne cessent d'augmenter la pression fiscale sur leurs citoyens pour réduire leurs dettes et que les pays les plus pauvres peinent à rembourser la leur, Tax Justice Network s'interroge sur le manque à gagner pour les Etats. L'étude pose comme hypothèse de travail que ces milliards dissimulés au fisc rapportent chaque année 3 % à leurs propriétaires. A supposer que les gouvernements soient en mesure d'imposer ces revenus à 30 %, ce sont entre 155 et 225 milliards d'euros qui rentreraient chaque année dans les caisses, soit davantage que le budget annuel de l'aide au développement. "Un énorme trou noir dans l'économie mondiale", résume l'auteur de l'étude.

Un trou noir visible depuis longtemps dans les statistiques financières compilées par les grandes organisations internationales. "Les statistiques standards, comme celles du FMI, révèlent des incohérences fondamentales, souligne l'économiste spécialiste des inégalités Thomas Piketty. A l'échelle mondiale, la balance des paiements devrait être à zéro, or elle ne l'est pas : elle est toujours négative. Plusieurs points de PIB disparaissent chaque année. Piloter une crise financière mondiale dans ces conditions relève de la gageure. L'Europe, à cet égard, se comporte en véritable passoire car elle manque de poids politique face à des pays comme la Suisse ou les îles Caïmans. Il devrait pourtant sembler évident qu'on ne peut s'enrichir en commerçant avec ses voisins tout en siphonnant leurs revenus fiscaux."

A ce manque à gagner abyssal pour l'ensemble des pays de la planète, il faut encore ajouter les actifs non financiers des "hyper riches" (œuvres d'art, immobilier, or...), non pris en compte par cette étude, ainsi que l'argent des entreprises et les sommes soustraites légalement au fisc via les mécanismes d'optimisation fiscale.

Décryptage : Qu'est-ce qu'un paradis fiscal ?

Infographie : Evasion fiscale contre dettes nationales : la carte des paradis fiscaux

Un rapport du Sénat propose la création d'un haut-commissariat contre l'évasion fiscale (Le Monde, 24 juillet 2012)

 

Il s'agit de mettre la main sur près de 50 milliards d'euros. Pour ce faire, le sénateur Eric Bocquet (PCF), rapporteur d'une commission d'enquête sénatoriale sur l'évasion des capitaux, a suggéré mardi 24 juillet au gouvernement la création d'un haut-commissariat pour lutter contre l'évasion fiscale. Les sénateurs ont présenté le fruit de cinq mois de travaux lors d'une conférence de presse.

Selon le socialiste Yannick Vaugrenard, membre de cette commission d'enquête présidée par Philippe Dominati (UMP), l'évasion fiscale "représente, au moins, le montant du remboursement des intérêts de la dette française chaque année". Les sénateurs avouent avoir eu le plus grand mal à chiffrer le montant du butin. Si M. Vaugrenard a évoqué la fourchette de 50 à 60 milliards d'euros, Eric Bosquet a, devant la presse, parlé d"un risque fiscal compris entre 30 et 36 milliards d'euros", précisant que "cette évaluation ne compren(ait) pas une série de risques". "Si bien, ajoute-t-il, que la limite supérieure n'est pas définissable : est-ce 50 milliards, 80 milliards ?"

 

"MISÈRE DES ÉVALUATIONS"

"C'est un axe politique majeur sur lequel le gouvernement va devoir travailler à la rentrée", ont estimé les membres de la commission qui mettent sur la table une cinquantaine de propositions. Pour Eric Bocquet, un "haut-commissariat à la protection des intérêts financiers publics" doit être "la pierre angulaire" du dispositif.

Placée sous l'autorité directe du premier ministre, il devrait être doté d'un "outil statistique" solide, qui fait "cruellement défaut actuellement", a insisté M. Bocquet, qui dénonce en particulier "la misère des évaluations" ainsi que l'existence d'une "véritable ingénierie de la fiscalité" qui rencontre "une culture de la faille secrétée par un système économique de la performance financière".

Parmi les mesures proposées pour "valoriser la citoyenneté fiscale" figurent également le renforcement des prérogatives des institutions représentatives du personnel en matière de prévention de la fraude fiscale ainsi que la création d'un corps interministériel d'"informaticiens-enquêteurs" pour amplifier la "force de frappe" de l'administration.

M. Bocquet a accusé une "Europe trop absente" des voies de lutte engagée contre la fraude fiscale par l'OCDE, car elle est "paralysée par les concurrences fiscales qu'elle abrite en son sein" et que c'est sur son territoire que résident "les paradis fiscaux les plus puissants du monde". "La politique franco-française de lutte contre l'évasion fiscale porte la marque de ces enlisements", a-t-il aussi remarqué.

 

Voir aussi : Rapport sur l'évasion fiscale : "Des témoignages m'ont choqué" (Nouvel Observateur, Lisa Vaturi, 24 juillet 2012). Eric Bocquet, sénateur communiste du Nord, présentait le rapport de la commission d'enquête sénatoriale sur l'évasion fiscale. Interview.

 

Evasion fiscale - Sénat et Évasion fiscale : le blog du rapporteur Eric Bocquet

 

Cet article est le 41ème paru sur ce blog dans la catégorie République Parlement.

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 22:55

La souveraineté budgétaire et fiscale ne se discute pas

 

Les trois députés MRC* sont souvent apparus à l’écran cet après-midi lors de la déclaration de politique générale du Premier Ministre.

* Composition de l'Assemblée nationale : la place du sous-groupe MRC - 2 juillet 2012

 

Ce 3 juillet, Marie-Françoise Bechtel a publié un communiqué afin d’expliquer leur décision de voter la confiance au gouvernement Ayrault.

 

Les trois députés du Mouvement Républicain et Citoyen, composante de la majorité présidentielle, ont voté la confiance au gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Ils se félicitent que l’orientation donnée par le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale soit celle du redressement de la France.

Rendu nécessaire par la crise économique d’une ampleur exceptionnelle qui secoue notre pays comme tant d’autres, ce redressement ne pourra se faire sans un retour à une prospérité économique seule à même de permettre le maintien de notre modèle social et le retour à l’équilibre des comptes publics.

C’est la raison pour laquelle les élus du MRC entendent mettre toute leur force de proposition au service des mesures de redressement productif qui demanderont une énergie sans faille. De la même façon ils exerceront une vigilance particulière sur le futur traité européen qui doit engager un tournant significatif permettant à l’Union européenne de renouer avec la croissance dans un cadre de coopération entre les nations et non de tutelle sur leurs choix démocratiques souverains.

 

J’ai souligné le dernier paragraphe, car il est significatif de l’engagement du Mouvement Républicain et Citoyen en faveur du redressement économique du pays et de sa vigilance à l’égard des traités européens qui mettent en cause la souveraineté des peuples.

 

Oui pour aider la gauche à réussir, non à une Europe qui serait post-démocratique. Les parlementaires, membres du MRC (Jean-Pierre Chevènement au Sénat, Marie-Françoise Bechtel, Christian Hutin et Jean-Luc Laurent à l’Assemblée nationale) vont étudier attentivement les textes européens avant de prendre position.

 

Concernant l’évènement, voir Le Monde, 3 juillet :

Et l’intégralité du discours du Premier ministre :

 

http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20120703/1728564_0cc2_07.03_discours_de_politique_generale_de_jean-marc_ayrault,_premier_ministre,_devant_l-assemblee_nationale.pdf

 

Le résultat du vote

Analyse du scrutin n° 1 - Première séance du 03/07/2012

Scrutin public sur la déclaration de politique générale du gouvernement de Jean-Marc Ayrault (application de l'article 49, alinéa premier de la Constitution).

Nombre de votants : 544

Nombre de suffrages exprimés : 527

Majorité absolue : 264

Pour l'adoption : 302

Contre : 225

 

Cet article est le 40ème paru sur ce blog dans la catégorie République Parlement.

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 22:53

Le MRC, composante républicaine et citoyenne de la majorité

 

Jean-Pierre Chevènement, en séance du Conseil national du Mouvement Républicain et Citoyen, dimanche 1er juillet, a fait part de sa satisfaction du retour à trois députés MRC, comme en 1993, au moment de la création du Mouvement des citoyens (MDC) au lendemain du traité de Maastricht - les trois députés étaient alors Georges Sarre, Jean-Pierre Michel et Jean-Pierre Chevènement.

 

Tout juste arrivé d’un voyage en Australie et en Nouvelle-Calédonie (voir "Le Pacifique est une région stratégique pour la France" (Chevènement) celui qui, à 73 ans, prétend être sur la voie de la sagesse supérieure… en accédant au tao - voir Wikipédia le Taoïsme), a rappelé que son mandat de sénateur courait jusqu’au prochain renouvellement, en septembre 2014. Le président d’honneur du MRC est satisfait de l’élection des premiers responsables du MRC à l’Assemblée nationale : Jean-Luc Laurent, président, Marie-Françoise Bechtel, 1ère vice-présidente et Christian Hutin, 2ème vice-président, réélu.

Voir Assemblée nationale : le groupe SRC (PS, MRC) majoritaire à lui seul - 27 juin 2012 

 

Laurent de Boissieu, journaliste politique, spécialiste des résultats électoraux, a présenté, le 27 juin, un tableau très complet de la composition de l’Assemblée nationale issue des élections législatives 2012. Voir La nouvelle Assemblée nationale

 

Les trois députés MRC forment un sous-groupe au sein des apparentés au groupe Socialiste, Républicain et Citoyen (SRC). Jean-Luc Laurent, vice-président du groupe SRC, a signé avec Bruno Le Roux, président du Groupe SRC, un accord précisant les modalités de fonctionnement du sous-groupe MRC : liberté d’expression et de vote, fréquence des questions au gouvernement et des questions orales, emploi de collaborateur, responsabilités des trois députés - vice-présidence de la commission des lois (Marie-Françoise Bechtel), vice-présidence de la commission des affaires sociales (Christian Hutin), bureau de l’Assemblée (Jean-Luc Laurent, membre de la commission des affaires économiques).

Le MRC avait fait savoir au Premier ministre sa disponibilité pour une fonction gouvernementale. Jean-Marc Ayrault a répondu favorablement, sous réserve que ce soit une femme. Marie-Françoise Bechtel n’a pas souhaité être membre du gouvernement.

 

Cet article est le 39ème paru sur ce blog dans la catégorie République Parlement.

 

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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 15:50

Les trois députés MRC siègent parmi les apparentés SRC

 

La nouvelle Assemblée nationale s’installe. Comme le Sénat (voir Sénat : Jean-Pierre Bel (PS), président rassembleur, élu dès le 1er tour - 1 octobre 2011), le président, Claude Bartolone, est socialiste (voir Élection de Claude Bartolone à la présidence de l'Assemblée nationale). 

 

Six groupes ont été constitués - Voir les déclarations politiques des groupes et leur composition

Le Groupe Socialiste, Républicain et Citoyen (SRC) est majoritaire à lui seul mais la majorité présidentielle est aussi présente dans trois autres groupes : Groupe Écologiste ; Groupe Radical, Républicain, Démocrate et Progressiste (RRDP) ; Groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine (GDR)

Comme au Sénat, il y aura un groupe centriste (centre droit) : Groupe "Union des Démocrates et Indépendants" (UDI), au côté du Groupe de l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP).

Le groupe du PS et du MRC

 

Le Groupe Socialiste, Républicain et Citoyen (SRC) est composé de 279 membres et de 16 apparentés (au sens de l’article 19 du Règlement de l'Assemblée nationale), soit 295 membres, alors que la majorité absolue est 289. Son président est Bruno Le Roux, député de Seine-Saint-Denis.

 

Les 16 apparentés SRC sont : Mme Sylvie Andrieux, M. Dominique Baert, M. Serge Bardy, Mme Marie-Françoise Bechtel, Mme Chantal Berthelot, M. Jean-Luc Bleunven, M. Guy-Michel Chauveau, M. Yves Goasdoué, Mme Edith Gueugneau, M. Christian Hutin, M. Jean-Luc Laurent, Mme Annie Le Houérou, M. Serge Letchimy, Mme Gabrielle Louis- Carabin, M. Hervé Pellois, M. Boinali Said.

 

Les trois députés MRC* (Marie-Françoise Bechtel, Christian Hutin et Jean-Luc Laurent) en font partie, ainsi que des députés qui se sont présentés aux élections législatives sous l’étiquette Divers Gauche, sans l’accord du PS au 1er tour, mais avec son soutien au 2ème tour (voir Législatives 2012 : de nombreux dissidents PS en bonne position - 14 juin 2012).

 

·         Jean-Luc Laurent a été élu secrétaire de l’Assemblée Nationale, il siègera au bureau de l’Assemblée qui compte 22 membres et qui règle avec le président le fonctionnement de l’assemblée. Il siège à la Commission des Affaires Economiques.

·         Marie-Françoise Bechtel, députée de l'Aisne, a été élue vice-présidente de la Commission des lois.

·         Christian Hutin, député du Nord, a été élu vice-président de la Commission des Affaires Sociales dans laquelle il était déjà investi dans la précédente législature.

Voir Des responsabilités dans la nouvelle assemblée pour les députés du Mouvement Républicain et Citoyen

* A noter le recours en annulation déposé par Julien Landfried, candidat MRC (avec soutien PS) qui avait obtenu 49,82 % dans les Hauts-de-Seine face au député sortant Patrick Devedjian. Le Conseil constitutionnel est saisi et pourrait annuler cette élection, la faute étant grossière (suppléant déjà remplaçant au Sénat, ce qui est interdit)

Voir Julien Landfried, candidat PS-MRC aux législatives 

Législatives : Patrick Devedjian sur un siège éjectable ? Rue89, 19 juin 2012)

 

Les députés PRG et Front de gauche ont chacun leur groupe

 

Les députés radicaux de gauche (PRG, 12 élus) ont créé le Groupe Radical, Républicain, Démocrate et Progressiste (RRDP) avec le député du Mouvement unitaire progressiste (MUP), le dissident PS de Charente-Maritime (qui n’a pas été accepté dans le groupe SRC) et un député Modem.

Le Front de Gauche a conservé le nom du Groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine (GDR) désormais composé de 6 députés PCF, d’un Parti de Gauche et de 2 Fase (Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique), de 5 députés d’Outre-Mer et d’un ancien du MUP (Mouvement unitaire progressiste).

  C                        Cet article est le 38ème paru sur ce blog dans la catégorie République Parlement.
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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 23:42

Où trouver de l’argent ? Là où il y en a en masse !

 

La Lettre du Lundi, parue le 30 octobre 2011, faisait la comparaison entre 1789 et aujourd’hui. Le point commun est le manque d’argent dans les caisses de l’Etat. Qu’ont-ils fait en 1789 ? Ils ont nationalisé les biens du clergé. En 2012, il faudra taxer lourdement les très hauts revenus et les grandes fortunes.

En 1789, Talleyrand propose de nationaliser les biens du clergé pour résoudre la « crise financière ». Quels sont les biens du clergé du XXIe siècle ? Comment les taxer ? Pourquoi les taxer ?

 

Les biens du clergé

 

1789 : les impôts ne rentrent plus, les épargnants (le « marché financier » de l’époque) refusent de prêter de l’argent à l’État. La faillite menace le royaume de France.
Pour trouver une solution à cette « crise financière », Louis XVI réunit les États Généraux au mois de mai, avec en tête un seul objectif : trouver de l’argent.
Passons sur les événements et péripéties qui jalonnent les premiers mois des États et arrivons-en au cœur de notre sujet : la résolution de la crise financière.

Au mois d’octobre, un jeune ambitieux de 35 ans, Talleyrand, évêque d’Autun, propose une solution radicale : nationaliser les biens du clergé, dont la valeur représente environ dix fois le montant du budget annuel de la France.
Âprement discuté, le principal argument pour soutenir cette proposition est le suivant : l’immense fortune du clergé s’est constituée à l’aide des dons de l’ensemble des fidèles, c’est-à-dire de toute la Nation. Les biens du clergé doivent donc, en toute logique, revenir à la Nation.
En moins d’un mois, l’affaire est pliée et, le 2 novembre 1789, les biens de l’Église deviennent propriété de l’État.
  
2011 : la croissance économique s’est arrêtée, le chômage progresse, la République croule sous les dettes – plus de 1 800 milliards d’euros – et dépense chaque année une centaine de milliards d’euros de plus qu’elle n’engrange en recettes.
Nicolas Sarkozy, auquel l’Histoire décernera sans doute le titre de plus mauvais Président de la Cinquième République, a multiplié les cadeaux fiscaux à ses amis et obligés depuis le début de son mandat, réduisant d’autant les recettes de l’État. Soudainement paniqué et atteint dans son orgueil de Narcisse à l’idée que la France perde son « triple A » qui rassure ses créanciers, il multiplie les effets de manche et, d’un hebdomadaire « sommet de la dernière chance » aux conciliabules journaliers, il s’agite aussi inutilement que dangereusement.
Comme en 1789, la question reste la même : où trouver de l’argent ? À part augmenter la TVA, raboter quelques niches fiscales et dégrader encore un peu plus le service public, le Président du Fouquet’s ne sait trop que faire. Comme un enfant qui a cassé son jouet, il jure que « c’est pas de sa faute, c’est la faute à la crise ».  

2012 : comme en 1789, il faut désormais envisager des mesures radicales. Mais quels sont, aujourd’hui, les biens du clergé à nationaliser ?
Avant de poursuivre la lecture de ce billet, nous vous invitons au préalable à lire ou relire celui consacré à notre « troisième proposition pour 2012 » : la répartition des richesses.
Dans ce billet, nous avancions deux mesures pour parvenir à une meilleure répartition des richesses dans notre pays. La première consistait à taxer très lourdement, 90 % par exemple, tous les revenus supérieurs à 330 000 € par an. La seconde concernait le capital : dans le cadre d’un impôt imposant toute fortune supérieure à un million d’euros, nous proposions de taxer très fortement tout patrimoine supérieur à 100 millions d’euros.
Aujourd’hui, nous allons plus loin : imposons à 90 % toute fortune supérieure à 100 millions d’euros, réalisant de facto une nouvelle nationalisation des biens du clergé, version XXIe siècle.
  
Quelques chiffres
  
Selon le magazine Challenges, en 2010, en France, 377 personnes ou groupes familiaux détenaient un patrimoine égal ou supérieur à 100 millions d’euros, depuis Bernard Arnault jusqu’au propriétaire de Pixmania ou des vins Chapoutier (voir liste intégrale ici).
Le total de ces 377 fortunes ? Un peu plus de 270 milliards d’euros, soit, à une quinzaine de milliards près, le montant total des dépenses de l’État français en 2011.
  
Nous n’aborderons pas ici la question du « comment employer cet argent », dont la ou plutôt les réponses pourraient remplir plusieurs volumes d’une bibliothèque et susciter des polémiques sans fin. Notre objectif est plus simple : souligner les écarts de richesses ahurissants qui existent dans notre pays et montrer pourquoi, si nous voulons « sauver la République », nous devons réduire ces écarts de façon spectaculaire.
Compte tenu de la hausse vertigineuse des prix de l’immobilier ces dernières années, le patrimoine de l’ensemble des Français est aujourd’hui estimé à 10 000 milliards d’euros. Quand au patrimoine médian, il est de moins de 100 000 , ce qui signifie que 50 % des Français ont un patrimoine inférieur à ce chiffre.
À l’inverse, 377 personnes ou groupes familiaux, qui doivent représenter un total d’environ 1 200 individus, se partagent 270 milliards, soit environ 716 millions par « personne ou groupe familial » ou 225 millions par individu : selon le mode de calcul choisi, un écart de 1 à 7 160 ou de 1 à 2 250 par rapport au patrimoine d’un « Français moyen »
Imposer une taxation à 90 % au-delà de 100 millions d’euros reviendrait à ramener de 1 à 1 000 l’écart de fortune entre les plus riches et le « Français moyen ». La proposition est donc infiniment plus modérée qu’il n’y paraît de prime abord : nous restons à des années-lumière d’une « société égalitaire ». Et pourtant…
  
« Vous êtes dingue ! »
  
« Taxer à 90 % la fraction du patrimoine supérieure à 100 millions d’euros ? Vous êtes dingue ! C’est une blague ? C’est du collectivisme, tout cet argent est le fruit d’une vie de travail. Pourquoi spolier ces (pauvres) gens ? »
Voilà peu ou prou le type d’objection que l’on entendrait si cette proposition était avancée par un homme – ou une femme – politique d’envergure, un(e) candidat(e) à la présidentielle, par exemple. Pour y répondre, prenons un peu de hauteur.
Nous ne citerons pas ici les nombreux billets qui, sous une forme ou sous une autre, ont abordé et analysé depuis trois ans cette question centrale : la concentration des richesses nous mène droit à la fin de la démocratie.
- D’une part, le véritable pouvoir est déjà entre les mains d’un « réseau » d’environ 2 000 personnes, dont les « 377 » font partie, faisant de notre République une oligarchie, ou plutôt une ploutocratie.
- D’autre part, face à des inégalités de plus en plus criantes, il n’y a déjà plus qu’une solution, ou plutôt trois, pour maintenir l’ordre social : « bourrer les crânes » en abêtissant la populace (laissons crever l’école publique) et en contrôlant la communication (TV, presse…) ; réprimer (la presse encore indépendante, les syndicats, les juges… tous les contre-pouvoirs qui « osent l’ouvrir ») ; diviser, dresser les individus les uns contre les autres (salariés du privé contre « fainéants de fonctionnaires », parents d’élèves contre professeurs, blancs contre noirs et arabes, etc.).
  
Réduire violemment et irrémédiablement (une fois que l’argent est pris, on ne le rend pas !) le gouffre social et financier qui s’est creusé en France est, en définitive, indispensable si l’on veut sauver la démocratie et éviter de poursuivre le chemin déjà entamé vers une république impériale, oligarchique et ploutocratique (pardonnez la pédanterie et la longueur de l’expression). Cette nécessité n’est ni de droite ni de gauche, elle est tout simplement républicaine.

 

Qui rédige La Lettre du Lundi ? Pour le savoir, Cliquer ici

 

Cet article est le 37ème paru sur ce blog dans la catégorie République Parlement.

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 22:47

Maintenant, la gauche doit s’ouvrir au mouvement social

 

C'est la première fois dans l'histoire de la Ve République que la Haute assemblée, représentante des collectivités territoriales, bascule à gauche, la fin de « l'anomalie » dénoncée par Lionel Jospin (voir l’article de Sophie Verney-Caillat, ce 1er octobre, Rue89, Jean-Pierre Bel, président du Sénat, rêve d'« un autre monde »).

 

Le sénateur de l’Ariège a aussitôt déclaré après sa brillante élection (Le monde, 1er octobre) "Je ne serai jamais là pour servir un clan". C’est, en effet, important pour le bon fonctionnement de la démocratie.

 

Le changement de majorité sénatoriale va redonner de l’air à notre République, qui en a bien besoin. Il faut admettre que le président Sarkozy n’y est pas pour rien. Sa politique a des effets tels que les élus locaux sont bien obligés de constater le mécontentement des électeurs. C’est ce qui explique le vote des élus ruraux en faveur de la gauche. Car la surprise (dixit Larcher) est venue des départements qui ne votaient pas à la proportionnelle (de 1 à 3 sénateurs à élire), donc des plus ruraux. Par exemple, le Morbihan, qui a offert ses 3 sénateurs à la gauche, alors que c’est un département qui vote habituellement à droite.

 

Voici le point de vue de l’animateur de ReSPUBLICA, Bernard Teper : Pourquoi la gauche est-elle devenue majoritaire au Sénat ? Que faire de cette majorité ?

La victoire de la gauche au Sénat est la conséquence des mutations sociologiques et politiques profondes qui travaillent la France. Elles sont les véritables causes du fait que la gauche est pour la première fois et sera sans doute pour longtemps majoritaire au Sénat.

La droite a pourtant tout fait pour façonner les institutions de manière à construire un Sénat qui ne pouvait pas lui échapper. En effet, le Sénat n’est pas représentatif des citoyens français, mais de ses territoires. Et traditionnellement, la majorité du Sénat était donnée par les zones rurales qui représentent 70 % du territoire et deux tiers des communes. Dans ces zones, la droite catholique et conservatrice régnait en maître et donc le tour était joué. De plus, la gauche de gouvernement, chaque fois qu’elle a accédé au pouvoir n’a pas remis en cause la domination de la droite : la gauche communautariste et ordo-libérale et l’extrême gauche communautariste ont préféré organiser des compromis bien connus avec la droite catholique et conservatrice. Ce n’est donc pas la gauche ou l’extrême gauche consciente et mobilisée qui sont la cause de cette majorité du Sénat. Alors, quelles en sont les causes ? (…)

Est-ce que la vraie gauche doit s’en réjouir ?

Bien sûr, car tout ce qui précipite le mouvement historique est susceptible d’ouvrir de nouvelles marges de manoeuvre pour une gauche d’alternative. Nous pourrons mettre la gauche de gouvernement au pied du mur. Maintenant qu’ils ont la majorité au Sénat, forçons-les à ne plus accepter les compromis ordolibéraux qui ont désespéré les classes populaires. Et faisons ensemble que la gauche d’alternative soit capable de comprendre le pourquoi des choses, ce qui n’est pas totalement gagné! Voilà pourquoi une campagne d’éducation populaire tournée vers l’action sur l’analyse de la triple crise du capitalisme et sur l’alternative du modèle laïque de la République sociale est nécessaire.

Voilà pourquoi nous devons saisir toutes les possibilités du mouvement social et politique pour intervenir sur les sujets de conflits sociaux et politiques : la protection sociale, les retraites, la santé, la dépendance-autonomie, les médicaments, l’hôpital, l’école, les services publics, l’Europe, les politiques d’immigration et de la nationalité, l’analyse du monde et de la gouvernance mondiale, la crise énergétique et écologique, la crise démocratique, la crise laïque, etc.

Cet article est le 36ème paru sur ce blog dans la catégorie République Parlement.

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 22:18

Surprenantes élections sénatoriales en Mayenne

 

Les élections sénatoriales, qui ont eu lieu hier, ont été marquées par un renversement de majorité, la gauche ayant désormais 177 élus au Sénat sur un total de 348 sénateurs.

Voir Sénat : le (la) candidat(e) PS, pas sûr(e) d'être président(e) samedi - 26 septembre 2011.

 

L’un des lecteurs assidus de ce blog m’a transmis ses réflexions, fort pertinentes, concernant les résultats de ces élections en Mayenne. J’observe que ses prévisions étaient tout aussi excellentes (voir Sénat : le 25 septembre, peut-être une date historique pour la gauche - 25 septembre 2011).

 

Voici les commentaires de Jean-Yves Delort, journaliste, ancien rédacteur en chef du Courrier de la Mayenne.

 

Surprenantes élections sénatoriales en Mayenne

 

Si l’on ne considère que les résultats, les élections sénatoriales en Mayenne semblent très classiques. Les deux sénateurs sortants, Jean Arthuis et François Zocchetto, sont largement réélus avec près de 60% des suffrages ; les deux candidats de gauche sont loin derrière : 40% pour Michel Angot et 28% pour Jean-Christophe Boyer. Si la France a basculé à gauche, la Mayenne a joué la carte de la stabilité comme ce blog MRC 53 l’avait prévu dans un article précédent. 

 

Et pourtant, ce résultat est beaucoup plus surprenant qu’il ne le laisse transparaître.

 

-          d’abord les deux sénateurs centristes sortants ont été mis en ballottage ; François Zocchetto l’avait déjà été pour sa première élection il y a dix ans.

Mais c’est surtout la première fois depuis 1983 que Jean Arthuis est mis en ballottage. Il avait atteint 77% des suffrages en 1992. Il en obtient cette fois-ci 49%. Faut-il y voir une “usure du pouvoir” ? Sans doute. Il est même devancé de 22 voix au second tour par François Zocchetto. Jean Arthuis entame à presque 67 ans un mandat de six ans qui sera sans doute le dernier.

 

-          deuxième surprise, François Zocchetto que l’on prédisait battu réalise même un score étonnant :

Il a progressé d’une centaine de voix au premier tour par rapport à la dernière élection. Il est brillamment élu.

 

-          troisième surprise c’est le bon score de la gauche surtout de Michel Angot à Mayenne. Il double pratiquement les voix obtenues par Michel Sorin en 2001.

Plusieurs éléments ont joué en sa faveur : la poussée générale à gauche, son étiquette politique large (divers gauche), sa proximité avec les élus (il a fait toute sa carrière professionnelle dans une mairie), son poste important comme maire de la deuxième ville du département, une certaine convivialité que lui reconnaissent même ses adversaires. D’un tour à l’autre, il progresse de 50 voix et récupère presque toutes les voix de gauche du premier tour. 

 

-          Encore une autre surprise, le deuxième candidat de gauche, Jean-Christophe Boyer est à plus de 100 voix derrière Michel Angot.

Aussi bien au premier tour qu’au second. Il y a dix ans, seulement une vingtaine de voix séparaient Michel Sorin et Nadine Menn. Les électeurs mayennais ont voté dimanche autant pour les hommes que pour des étiquettes politiques ; Jean-Christophe Boyer était moins bien connu, notamment dans le nord Mayenne. Il se dit même que des électeurs de gauche de l’agglomération lavalloise n’ont pas voté pour lui. 

 

-          Autre surprise importante : la défaite de Norbert Bouvet. Certains voyaient déjà élu le président de l’association des maires et adjoints de la Mayenne. Il est le grand perdant de cette élection. Il recueille moins de voix qu’il y a dix ans. Ni son positionnement apolitique (il avait refusé l’étiquette UMP, ce qui a paru très tactique) ni son insistance à vouloir que les sénateurs soient forcément des maires n’ont convaincu.

Sagement il a renoncé au deuxième tour. Battu aux législatives en 2002 et deux fois aux sénatoriales, Norbert Bouvet a peu de chances de devenir un jour élu national. Dans un choix majorité-opposition, les grands électeurs n’ont pas voulu se laisser troubler par d’autres candidatures. Ce qui explique aussi les scores réduits de la verte Françoise Marchand (7%), du communiste Jacques Poirier (2%), ou du Front national Paul Le Morvan (1%), au premier tour. 

 

Et maintenant que va t-il se passer ? Les deux sénateurs centristes mayennais vont se retrouver dans l’opposition. Jean Arthuis ne retrouvera sans doute pas la présidence de la prestigieuse commission des finances. Ni la présidence du Sénat un moment envisagée.

 

On aurait tort de mettre en parallèle cette élection sénatoriale avec la présidentielle qui aura lieu dans sept mois. Certes, la gauche connaît une phase ascendante. Mais seule la moitié des sénateurs ont été élus dimanche. L’élection présidentielle se jouera sur des programmes, sur des personnes. Tout dépendra des candidats, aussi bien à gauche qu’au centre. Il ne faut pas non plus oublier l’importance des autres formations politiques ; Marine Le Pen, Jean-Pierre Chevènement, Jean-Luc Mélenchon et bien d’autres peuvent venir animer ou perturber la campagne électorale. 

Les élections sénatoriales sont comme un sondage. Elles donnent un indice mais pas le résultat d’une élection qui aura lieu dans sept mois... 

 

Cet article est le 35ème paru sur ce blog dans la catégorie République Parlement.

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 19:57

La Haute Assemblée, laboratoire du changement ?

 

C’est confirmé. Après la victoire de la gauche au Sénat dimanche, avec 177 sièges (sur 348), soit deux de plus que la majorité absolue, c'est la présidence de la Haute Assemblée, actuellement détenue par Gérard Larcher (UMP), qui va se jouer samedi (…). Le sénateur (UMP) de la Vienne, Jean-Pierre Raffarin, a lui "trouvé les socialistes bien triomphants, car pour gouverner le Sénat, il faut plus d'avance que cela". "Aujourd'hui, on ne peut dire que l'élection de M. Bel est acquise (Le Monde, 26 septembre).

 

Il faut comprendre, en effet, que, contrairement à l’Assemblée nationale, au Sénat il ne suffit pas de disposer de la majorité absolue pour obtenir la présidence. Le candidat qui sera élu mardi par le groupe PS (probablement Jean-Pierre Bel, sénateur de l’Arriège, mais Catherine Tasca sera également candidate) devra se battre pour convaincre les sénateurs des autres groupes de gauche de voter pour lui (vote à bulletins secrets). Avec une incertitude accrue pour le groupe du Rassemblement démocratique social européen (RDSE), qui comprend les radicaux et les républicains de gauche (et aussi de droite, mais ceux-là ne font pas partie de la majorité). Jean-Pierre Chevènement est vice-président de ce groupe (voir CHEVÈNEMENT Jean-Pierre - Sénat).

 .

Jean-Pierre Chevènement : "L'impensable s'est produit. L'alternance est désormais possible au sein du Sénat. Cette occasion doit être saisie pour faire accéder aux postes de responsabilités des femmes et des hommes de valeur largement représentatifs de toutes les sensibilités", écrit dans un communiqué le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC).
Répondant à un journaliste de l’Agence France Presse, il a précisé qu’il n’est pas candidat à la présidence "Je reste fidèle à l
'aphorisme d'Edgar Faure : ne jamais être candidat quand on ne vous le propose pas officiellement et ne jamais dire qu'on ne sera jamais candidat". En fait, tout porte à croire qu’il aimerait bien que lui soit proposée la présidence de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense, dont il est, depuis son élection en septembre 2008, un vice-président fort compétent. Sans renoncer à être candidat à l’élection présidentielle, car il se réserve « toutes les possibilités »…

 

Dans le contexte actuel, le Sénat pourrait être un laboratoire d’idées nouvelles, préparant au changement de majorité à l’Assemblée nationale en 2012.

 

Revue de presse

 

Le Sénat bascule à gauche, pour la première fois de son histoire - Le scrutin sénatorial de dimanche 25 septembre a fait basculer le Sénat à gauche, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, une victoire historique en forme de sévère avertissement pour le camp de Nicolas Sarkozy à sept mois de la présidentielle (Le Courrier des Maires, 26 septembre).

 

La gauche a la majorité absolue au Sénat (Ouest-France, 26 septembre).

Ces dossiers qui ont agacé les élus locaux (Le Monde, 26 septembre)

Coup d'arrêt à la féminisation du Sénat (Arnaud Bihel, Les Nouvelles News, 26 septembre)

 

Sénat : "Un véritable avertissement pour Sarkozy" (L'intégralité du débat avec Gérard Courtois, directeur éditorial du "Monde", 26 septembre). (…) Par ailleurs, selon toute vraisemblance, le candidat socialiste à la présidence, Jean-Pierre Bel, actuel président du groupe socialiste au Sénat, va devoir, pour l'emporter, mener avec succès une double négociation. D'une part, avec les autres composantes de la majorité de gauche, c'est-à-dire les 21 communistes et apparentés, les 10 Verts, les 10 Radicaux de gauche et les 13 Divers gauche ; chacun voudra sa part de poste de responsabilité dans l'organisation à venir du Sénat. D'autre part, une négociation avec la droite, car sa courte victoire ne permet pas au Parti socialiste de revendiquer pour lui seul et la gauche une gouvernance exclusive. Il va donc y avoir une discussion avec la droite sur la répartition des présidences de commissions. Rien ne dit que cette double négociation délicate aboutira. Quant au poids, dans la vie politique, du président du Sénat, il est évidemment de premier plan en cas de décès ou de démission du président puisqu'il assure alors l'intérim, comme ce fut le cas, en 1969 et en 1974. Autrement, il a un rôle moins éminent mais tout de même important, puisqu'il préside la deuxième chambre du Parlement et est donc en mesure de faciliter ou au contraire de compliquer l'action du gouvernement (…).

 

 Rappel : Sénatoriales : la gauche serait majoritaire en sièges, c'est historique - 25 septembre 2011 

 

Cet article est le 34ème paru sur ce blog dans la catégorie République Parlement.

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