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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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6 juin 2018 3 06 /06 /juin /2018 20:14

 

Les inégalités de patrimoine plus marquées que les inégalités de revenu

 

Le 5 juin, l'Insee a présenté à la presse sa livraison 2018 sur « Les revenus et le patrimoine des ménages ». Cette publication fait le point sur les inégalités et la pauvreté, avec un recul historique de plusieurs dizaines d'années. Il inclut quatre dossiers ainsi intitulés :

- Les très hauts revenus en 2015 : 1 % de la population perçoit 7 % des revenus et 30 % des revenus du patrimoine déclarés.
- Ce que coûte un jeune adulte à ses parents.
- Achat d’une résidence principale : entre 2004 et 2015, la crise est passée par là.
- Des
transmissions de patrimoine plus fréquentes mais de montants plus faibles en France que dans les autres grands pays de la zone euro.

Voir Les revenus et le patrimoine des ménages - Insee

Alain Gély, ancien administrateur de l’Insee, a commenté cette publication. En voici des extraits.

Selon l'Insee, les inégalités restent stables alors qu'elles ont augmenté dans la majorité des autres pays de l’Union européenne (UE). Par ailleurs, 14,2 % de la population vit sous le seuil de pauvreté monétaire, soit près de 9 millions de personnes.

De 1970 à 1990, le taux de pauvreté s’était fortement réduit sous l’effet notamment d’une meilleure situation relative des retraités. Le taux de pauvreté de ces derniers a diminué de plus de moitié grâce à l’amélioration des retraites et au minimum vieillesse. Parallèlement, la pauvreté des actifs (hors indépendants) augmente d'un tiers, en partie du fait de la hausse du chômage.

Le fait marquant concerne surtout le développement de la pauvreté des familles monoparentales, dont les membres vivent sous le seuil de pauvreté dans près d’un tiers des cas. Les différences entre catégories socioprofessionnelles se sont maintenues, même si la situation des agriculteurs exploitants, les plus touchés par la pauvreté, s’est améliorée et celle des artisans, commerçants et chefs d’entreprise, dégradée.

En 2015,
le niveau de vie médian des personnes vivant dans un ménage de France métropolitaine est de 20 300 euros, soit 1 692 euros par mois. Au total, le niveau de vie médian en 2015 est inférieur à celui de 2008.

Du point de vue de la configuration familiale, la pauvreté a changé de visage depuis 1996. Le taux de pauvreté des couples avec trois enfants ou plus a diminué de quatre points sur la période, tandis que celui des familles monoparentales (dont les personnes de référence sont le plus souvent des femmes) a crû de 5,4 points. En 2015, 2,1 millions de personnes pauvres vivent en famille monoparentale, soit 980 000 personnes de plus qu'en 1996

Il est confirmé que les inégalités de patrimoine sont beaucoup plus marquées que les inégalités de revenus. D'une part, ces inégalités de patrimoine sont globalement moins affectées par les impôts que les revenus (et cela ne va pas s'arranger au vu des mesures fiscales récemment décidées en France !). De plus, les inégalités de patrimoine contribuent puissamment à l'accentuation des inégalités de revenus, à cause des revenus de la propriété et de l'entreprise. Ces inégalités de revenus et de patrimoine se transmettent aux jeunes générations bien avant l'héritage (aide aux études puis à l'entrée dans la vie active, donations pour accéder à la propriété)

La concentration des revenus du patrimoine, et plus encore des plus-values de cessions de valeurs mobilières, indique que
la spéculation demeure une source majeure de revenus. Du moins pour les détenteurs de gros patrimoines financiers qui sont mieux informés et mieux en mesure de peser directement ou indirectement sur le cours des actions que le petit ou moyen boursicoteur. La valeur ajoutée, créée dans l'économie par le travail est ainsi détournée et captée par les grands détenteurs de capitaux.

En indiquant que les revenus de plus aisés sont très dispersés : de 106 210 euros à près de 200 fois plus,
l'Insee révèle indirectement que les plus hauts revenus (ou du moins ceux qui sont déclarés au fisc !) se situent aux alentours de 20 millions d'euros annuels par UC. C'est assez logique si on considère qu'il suffit à un « simple milliardaire » de rentabiliser son capital à hauteur de 2% pour générer un revenu de 20 millions d'euros. Et, on le sait, il existe des multimilliardaires (dès avant l'arrivée d'Emmanuel Macron à la présidence)...

L'action redistributive des collectivités publiques (impôts, cotisations et prestations sociales, auxquelles il faudrait ajouter les services publics, notamment d'éducation et de santé) limite un peu les inégalités. Jusqu'à présent du moins, en France...
Cf la publication annuelle France Portrait social qui montre notamment qu'en écornant un peu l'épargne des ménages aisés, les diverses prestations sociales permettent de tripler le revenu des plus modestes et de les porter ainsi à proximité du seuil de pauvreté.
Outre ses effets sociaux de limitation de la misère, cette redistribution contribue au maintien de la consommation et donc de l'activité, puisque ces ménages dépensent la quasi-totalité de leurs revenus.

 

Commentaires transmis précédemment par Alain Gély :

- (MRC, 27 février 2017) : Résumé de l'enquête Insee sur les conditions de logement en France

- (CiViQ, 18 déc. 2016) : Commentaires de la note de conjoncture de l'Insee - décembre 2016


 

Cet article est le 3076 ème sur le blog MRC 53 - le 145ème catégorie Travail Economie

Alain Gély, musicien (auteur-compositeur-interprète) - photo blog

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5 mars 2018 1 05 /03 /mars /2018 21:46

 

La SEH Laval était en perdition avant la nationalisation du groupe Thomson

Il y a quelques années, Georges Minzière (voir Georges Minzière, syndicaliste CFDT retraité de l'industrie, citoyen actif) m’avait parlé de l’entreprise Salmson, dans laquelle il avait été secrétaire du comité central d’entreprise, à partir de 1979. Voir l’historique (A propos de Salmson) de cette entreprise Salmson, conception et fabrication de systèmes de pompage.
J’en avais fait trois articles publiés les 30 et 31 décembre 2012 et 1er janvier 2013 (blog MRC 53) :

- Les 50 ans des Pompes Salmson à Laval : une belle histoire industrielle

- Salmson en Mayenne : comment l'entreprise s'est implantée à Laval

- Salmson à Laval (suite) : Georges Minzière fait part de ses souvenirs

 

Récemment, un appel téléphonique de l’ancien directeur Pierre-Yves Bailly à Georges Minzière m’amenait à revenir sur le sujet. Le directeur avait lu ces articles sur Internet et était mécontent du contenu de l’article de Ouest-France que j’avais cité, notamment le point de départ des contacts de Robert Buron avec les dirigeants de Salmson. Voir (10 décembre 2012) : Laval. Salmson, des pompes tournées vers l'étranger

Le journaliste avait eu une formule lapidaire prêtant à confusion. « C’est en raison des copinages avec Robert Buron, tranche le directeur ». Robert Buron était « mayennais et ministre des Travaux publics, des Transports et du Tourisme, à l’époque ».

Georges Minzière avait réagi en précisant : qualifier de « copinages » les relations entre Salmson et Robert Buron n’est pas acceptable. Cela peut sous-entendre magouilles ou pratiques de corruption. Or, il s’agit de relations qui sont nées pendant l’Occupation allemande, dans le cadre des actions de résistance (réseau « L’Arche de Noé »).

 

Revenons à l’entreprise Wilo Salmson France actuellement. Voir QUI SOMMES-NOUS ?

WILO SALMSON FRANCE SAS : « Née du rapprochement des structures françaises du Groupe Wilo SE, Pompes Salmson et Wilo France, Wilo Salmson France SAS est une société spécialisée dans la conception et la fabrication de pompes et de systèmes de pompages pour les trois marchés du Bâtiment, du Cycle de l’eau et de l’Industrie. Basée à Chatou, l’entreprise réunit deux marques phares du Groupe, Salmson et Wilo. Elle emploie 765 salariés sur trois sites en France et a réalisé un chiffre d’affaires de 230 millions d’euros en 2016 ». Voir aussi (Ouest-France, 15 juin 2014) : À Louverné, Wilo Salmson fournit 105 pays

A propos de l’histoire de Salmson à Laval, il y a un point très important dans le témoignage de Georges Minzière. C’est le sauvetage de l’entreprise par la mise en œuvre de la loi de nationalisation de 1982. Rappel.

Georges Minzière ne sait pas ce qui a conduit la famille Salmson à vendre l’entreprise au groupe américain Nash, en 1961, pendant la construction de la nouvelle usine à Laval. Cela ne manqua pas d’inquiéter les élus qui avaient accepté l’implantation de l’entreprise en consentant d’importants efforts financiers, au nom des contribuables lavallois.

 

Il se souvient de la décision, en 1976, de la holding américaine ITT (téléphonie), de vendre LMT et Salmson, achetées en 1962. ITT voulait vendre LMT (Le Matériel Téléphonique) et garder les Pompes Salmson. Le président Giscard d’Estaing s’y était opposé. Thomson (avec des fonds publics) a tout racheté à ITT.

 

Par la suite, Salmson a pris le nom de « Société Electro-Hydraulique » au sein du groupe Thomson (téléphonie et mécanique), lequel s’est désintéressé de ce secteur de production. Un PDG, nouvellement embauché, avait licencié 80 personnes (ingénieurs et cadres), ce qui montrait à l’évidence qu’il ne voyait pas d’avenir à Laval pour Salmson. Georges Minzière, secrétaire du comité central d’entreprise (à partir de 1979), était très inquiet de l’évolution de la situation.

 

Ce qui a sauvé Salmson est la nationalisation du groupe Thomson. Voir Wikipédia Loi de nationalisation du 13 février 1982. Thomson-Brandt et Thomson-CSF (dont fait partie LMT et, donc la SEH, ex-Salmson) sont nationalisés en 1982 et regroupés en un seul groupe, Thomson SA, en 1983, avec organisation autour de deux pôles : l’électronique grand public et l’électronique professionnelle, essentiellement militaire.

 

Alain Gomez, proche de Jean-Pierre Chevènement (ils avaient créé le CERES ensemble en 1966) est le nouveau président de Thomson en 1982. Il a reçu Georges Minzière, accompagné d’une délégation du comité d’entreprise, qui veut lui présenter la situation très particulière de la SEH. Un collaborateur du président Gomez, Paul Calandra, qui sera nommé directeur des ressources humaines de Thomson, s’est déplacé à Laval. Il fera en sorte de consolider la SEH avec des investissements. Le PDG de la SEH, qui avait licencié 80 cadres, a disparu de l’organigramme SEH, suite aux protestations des représentants des salariés. Ceux-ci reprennent confiance, car ils sont écoutés par la direction de Thomson. Celle-ci prépare la vente de la SEH, car la fabrication de pompes ne peut pas rester dans le groupe Thomson restructuré.

 

L’évènement se produit en 1984. L’allemand Wilo (le groupe Opländer, société familiale, Dortmund) est acheteur. Il produit le même type de circulateurs, selon le même brevet de fabrication, qu’à Laval. Les syndicats de Salmson Laval se rendent sur place en Allemagne.

La direction Thomson propose la dénationalisation, démarche complexe qui rend possible la vente de Salmson. Le comité d’entreprise, les syndicats, pouvaient s’y opposer. Ils ne l’ont pas fait.
 

Cet article est le 3059 ème sur le blog MRC 53 - le 144ème catégorie Travail Economie

Georges Minzière, près de la Mayenne, à Laval (en arrière-plan, le Vieux-Château et le Pont-Vieux)

Georges Minzière, près de la Mayenne, à Laval (en arrière-plan, le Vieux-Château et le Pont-Vieux)

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10 octobre 2017 2 10 /10 /octobre /2017 22:34

 

Tous les syndicats ensemble pour exprimer leur mécontentement

Le rassemblement ce 10 octobre 2017 à Laval de tous les syndicats de fonctionnaires du département de la Mayenne a constitué en soi un petit évènement. Certes, la participation était un peu inférieure à un millier de manifestants mais l’ambiance dénotait l’envie de se battre face aux mesures annoncées par le gouvernement et voulues par le président de la République.

Voici ce qu’on peut lire sur les publications de la CGT 53.

Les 12 et 21 septembre dernier, les salariés ont montré leur détermination à faire barrage aux ordonnances de la nouvelle loi travail. Les agents de la fonction publique se sont joints dès le début. Alors quand une intersyndicale de la fonction publique déclenche un mouvement de grève le 10 octobre, il est de notre devoir de faire converger les luttes, mots d'ordre et revendications. Comme le 28 septembre à l'appel des retraités de l'USR, manifestons tous ensemble pour un autre code du travail, pour des services publics de proximité et le droit à une existence protégée des aléas de la vie. 

FONCTION PUBLIQUE / PRIVE : TOUS EN GRÈVE LE 10 OCTOBRE LAVAL

Les ordonnances contre le code du travail et les attaques contre les fonctionnaires sont les deux facettes d’une même politique !

Mardi 10 octobre 2017 : grève unitaire dans les 3 fonctions publiques (État, Territoriale, Hospitalière)

A L’APPEL DE TOUTES LES ORGANISATIONS SYNDICALES ! RASSEMBLEMENT A 13H00 PLACE DU JET D’EAU A LAVAL, PUIS MANIFESTATION
 

C'est près de mille personnes qui se sont mobilisées à Laval suite à l'appel de l'intersyndicale des syndicats de fonctionnaires.
 

Voir, au niveau national (Huffington Post, 10 octobre 2017) :

Manifestation du 10 octobre: les images de la grève des fonctionnaires

Voir aussi un article sur leglob-journal.fr

Rappel (13 sept. 2017): Début réussi de la mobilisation syndicale contre les ordonnances travail


 

Cet article est le 3017ème sur le blog MRC 53 - le 143ème catégorie Travail Economie

La tête de la manifestation à Laval sur le Pont-Vieux, le 10 octobre 2017

La tête de la manifestation à Laval sur le Pont-Vieux, le 10 octobre 2017

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13 septembre 2017 3 13 /09 /septembre /2017 19:34

 

La CGT, la FSU, Solidaires et l’UD-FO ensemble à Laval (Mayenne)

 

Nous étions plutôt nombreux le 12 septembre 2017 à Laval, lors de la manifestation contre les ordonnances Macron réformant le Code du travail.


 

Voir Ouest-France, 13 septembre : Ordonnances Macron: environ 800 manifestants à Laval

Jean-Loïc Guérin (extrait) : « Entre 700 et 800 personnes selon notre propre estimation. Autrement dit, une mobilisation plutôt réussie pour ce premier test de la rue contre la politique gouvernementale du nouveau président. Elle sera suivie d’autres actions dès jeudi 21 septembre, puis le 23 dans un esprit davantage citoyen porté par les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon » (…).


 

Autres liens :

- France Bleu Mayenne : Photos et vidéos de la mobilisation en Mayenne contre la réforme du code du travail

- leglob-journal : Contre les ordonnances Macron : à Laval, un cortège « bien plus » fourni « que prévu »


 

Au niveau national (Le Monde, 13 septembre) : Les leçons de la mobilisation du 12

 

A noter, la réflexion d’un mayennais, Henri Marteau (leglob-journal, 9 septembre) : Derrière les ordonnances Macron : l’Union Européenne

Rappel (blog MRC 53) :

- (6 septembre) : Réforme du code du travail : les ordonnances Macron vues par la CGT


 

Cet article est le 3014ème sur le blog MRC 53 - le 142ème catégorie Travail Economie

Les manifestants sur le Pont-Vieux (en arrière-plan, le château de Laval) le 12 septembre 2017

Les manifestants sur le Pont-Vieux (en arrière-plan, le château de Laval) le 12 septembre 2017

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11 septembre 2017 1 11 /09 /septembre /2017 22:44

 

Ce sont les dogmes du néolibéralisme qui sont responsables du chômage

 

Demain, 12 septembre, plusieurs syndicats appellent à manifester contre les ordonnances portant la réforme du code du travail. En Mayenne, FO se joint à la CGT, FSU et Solidaires pour appeler à un rassemblement à Laval, place du Jet d'eau, à 12h30.  (Ouest-France, page Laval, 11 sept. 2017).

Voici la position du Mouvement Républicain et Citoyen, au niveau national ( Jean-Luc Laurent, président du MRC, et Christian Hutin, député MRC du Nord) et du MRC Limousin-Poitou-Charentes.

- Jean-Luc Laurent : Ordonnances Travail : Les grandes entreprises entièrement gagnantes

- Christian Hutin : Le code du travail et les salariés ne sont pas responsables du chômage !

- Serge Maupouet : Dire "non" aux ordonnances Travail, c’est dire "non" au recul social

Communiqué de presse du MRC LIMOUSIN–POITOU-CHARENTES - voir aussi dans la presse locale :  Dire « non » aux ordonnances Travail, c’est dire « non » au recul social

     Le MRC s’est opposé à la loi Travail, qu’il aurait été plus juste de nommer « précarité du travail ». C’est par conséquent dans la pleine cohérence d’un positionnement politique que le MRC Limousin–Poitou-Charentes affirme son opposition aux ordonnances Travail du président Macron et de son gouvernement. 
  

     Les annonces ministérielles sur le contenu et la portée des ordonnances visant à réformer le Code du Travail sont porteuses d’une profonde déstabilisation de la nature des relations sociales en France. Non seulement les ordonnances ne résoudront pas les difficultés posées à l’économie française dans le contexte international, mais elles vont augmenter et durcir les tensions déjà existantes au sein du monde du travail. 

      L’inversion de la hiérarchie des normes, la primauté de l’accord d’entreprise, la fusion des instances représentatives du personnel, le référendum pour contourner la représentation syndicale ou le plafonnement des indemnités devant les prud’hommes sont autant de coups portés aux conditions de travail, à la représentation des salariés et à la défense de leurs droits. Or, placer le recul social au fondement d’une stratégie économique ne peut, à l’évidence, que porter de rudes coups à la cohésion sociale.   

       L’exécutif se trompe de cible en visant le Code du Travail : ce n’est pas le contenu de ce Code qui défait ou empêche les emplois. C’est le refus de nos dirigeants de réorienter la politique économique et de rompre avec les dogmes du néo-libéralisme. Il faut poser les questions relatives aux conséquences de l’euro fort, de la « concurrence libre et non faussée », de la primauté donnée à la finance aux dépens des activités productives et du mieux-vivre de la population. L’Union européenne, telle que construite depuis Maastricht, a fait peser avec constance sur les salariés l’effort de compétitivité ; la loi Travail hier et les ordonnances Travail aujourd’hui s’inscrivent dans cette même ligne. C’est dans l’intérêt de la société française dans son ensemble qu’il faut mettre un coup d’arrêt à ce processus. La mobilisation contre les ordonnances Travail en est une étape. Il est aussi nécessaire de construire, à gauche, une alternative pour l’avenir, par une véritable politique républicaine du travail.   

       Le MRC Limousin–Poitou-Charentes soutient les manifestations d’opposition aux ordonnances Macron organisées à l’appel des organisations syndicales, et déjà celle du 12 septembre 2017. 

 

Cet article est le 3013ème sur le blog MRC 53 - le 141ème catégorie Travail Economie

Manifestation contre la loi travail le 14 juin 2016 à Paris

Manifestation contre la loi travail le 14 juin 2016 à Paris

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8 septembre 2017 5 08 /09 /septembre /2017 15:26

 

Par pétition, ils demandent au gouvernement de pratiquer la concertation

La Fédération des acteurs de la solidarité (dont la Coorace*) lance une pétition pour demander au gouvernement de maintenir un volume élevé de contrats aidés et de mettre en place une concertation ambitieuse pour en améliorer la qualité (Alternatives économiques, 6 septembre 2017).
 


 

A la recherche d’économies à réaliser, le gouvernement s’est attaqué cet été à différentes mesures sociales, dont les contrats aidés qui aident pourtant des centaines de milliers de personnes à sortir du chômage. Si 459 000 contrats aidés ont été signés par des personnes éloignées de l’emploi en 2016, seuls 310 000 le seront en 2017 – le gouvernement ne souhaitant pas augmenter significativement les crédits insuffisants prévus par l’exécutif précédent – et 200 000 en 2018, selon les annonces récentes du Premier ministre.

Une mesure à contre temps

Cette position est d’autant plus paradoxale que le taux de chômage vient d’augmenter en juillet. Plus de 3,5 millions de nos concitoyens sont toujours totalement privés d’emploi, 2,5 millions d’entre eux depuis plus d’un an. Si des signaux de reprise économique sont apparus, ils ne se traduisent pas, dès aujourd’hui, par des créations d’emploi suffisantes. Dans ce contexte, réduire le volume de contrats aidés, c’est commencer un quinquennat en détruisant des emplois et condamner une centaine de milliers de nos concitoyens au chômage.

Le gouvernement justifie ce choix en pointant l’inefficacité et le coût des contrats aidés, et explique qu’il sera plus efficace d’investir dans la formation des demandeurs d’emploi. Associations d’insertion recrutant et accompagnant des personnes très éloignées du marché du travail, employeurs associatifs, économistes et syndicalistes, nous contestons cette analyse et dénonçons ce choix aux conséquences immédiates désastreuses pour notre tissu social et les plus fragiles d’entre nous.

Un marchepied efficace pour les personnes…

Pour beaucoup de chômeurs, en particulier les jeunes peu ou pas qualifiés, les personnes en situation de handicap et les chômeurs de longue durée, être recruté par une entreprise est aujourd’hui mission impossible. Ils suscitent en effet la défiance des employeurs et ont perdu confiance en eux et en leurs compétences. Beaucoup vivent la pauvreté depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, avec ses conséquences dramatiques : diminution des ressources, sous-alimentation et problèmes de santé inhérents, habitat précaire et indigne, perte de l’estime de soi. Autant de souffrances et d’obstacles au retour à l’emploi durable.

Les contrats aidés, en permettant l’accès quasi-immédiat à un emploi, brisent ce cercle vicieux du chômage et de l’exclusion. La personne travaille, acquiert un salaire et des droits sociaux, développe une expérience professionnelle et des compétences, et, retrouve, enfin, ce sentiment d’utilité et ces liens sociaux dont nous avons tous besoin.

Si le gouvernement juge que le taux de retour à l’emploi de droit commun après la fin d’un contrat aidé est trop faible – ce que la situation globale de l’emploi peut par ailleurs largement expliquer – nous constatons que la reprise d’une activité rémunérée est toujours positive pour les personnes qui craignent de retomber dans le chômage et les minima sociaux. Plutôt que de réduire le nombre de contrats de travail de ce type, il convient donc de les préserver, et même d’en accroître le nombre, puisque plus de 3,5 millions de personnes sont aujourd’hui totalement privées d’emploi, et d’en améliorer la qualité.

Les associations, notamment celles spécialisées dans l’insertion par l’activité économique, le travail adapté et protégé et l’accompagnement socioprofessionnel, ont développé une expertise d’accompagnement, de tutorat renforcé sur le lieu de travail et de mise en relation avec les entreprises, dont le gouvernement pourrait s’inspirer.

Le gouvernement pourrait également renforcer l’accès à la formation des personnes en contrat aidé en suivant les recommandations de différentes études du ministère du Travail. Elles montrent en effet que la formation des chômeurs est beaucoup plus efficace lorsqu’elle s’appuie sur un accompagnement personnalisé et une articulation avec une situation de travail, afin de mettre en œuvre immédiatement les acquis de la formation. C’est ce que font les postes d’insertion par l’activité économique et ceux du travail adapté et protégé, mais aussi une bonne partie des autres contrats aidés. Associer, plutôt qu’opposer, contrats aidés et formation, créerait ainsi des parcours cohérents et complets, donnant réellement aux personnes les chances de retrouver un emploi durable.

et bénéfique pour la société

Enfin, nous tenons à rappeler que les contrats aidés sont aussi une formidable richesse pour notre société. Ces emplois participent en effet au développement social et économique de territoires marqués par le chômage de masse, le déclin industriel et la pénurie d’emplois disponibles. Grâce à eux, nombre d’associations, mais aussi de collectivités locales, peuvent mener à bien leurs missions d’intérêt général, telles que la solidarité de proximité, les activités périscolaires et l’éducation populaire, l’aide aux personnes âgées et aux personnes handicapées, l’accès au sport, aux loisirs et à la culture ou encore des pans entiers de la transition écologique. La ministre du Travail estime que la politique de l’emploi n’a pas à financer ces missions souvent très appréciées de la population. Mais qui d’autre, si l’Etat fait défaut, assurera le maintien d’activités assurant à la fois l’accès à l’emploi au bénéfice de personnes éloignées du marché du travail et le soutien d’actions à très forte utilité sociale ?

Les contrats aidés sont, associés avec la formation, le levier le plus efficace pour y parvenir, l’expérience le prouve. Mais, oui, il convient d’améliorer encore les politiques proposées aux personnes privées d’emploi, de sorte que celles-ci ne versent pas dans l’exclusion. Cela suppose une concertation avec les associations qui les mettent en œuvre depuis des années, les personnes qui en bénéficient ou en ont bénéficié, et plus largement, l’ensemble des acteurs de l’emploi et du mouvement associatif. Nous demandons donc au gouvernement de revenir sur ces orientations, de maintenir un volume élevé de contrats aidés et de mettre en place une concertation ambitieuse, nous associant, pour en améliorer la qualité, notamment via l’accès à la formation professionnelle. Et après les baisses successives de crédits sur les aides au logement, le logement social, les parcours de sortie de la prostitution ou la politique de la ville, nous souhaitons lui rappeler que plus de 8,8 millions d’entre nous vivent sous le seuil de pauvreté, dans un état d’urgence social où les associations et les collectivités locales se retrouvent souvent seules en premières ligne pour sortir les personnes de l’exclusion et garantir la cohésion sociale.

La pétition peut être signée en cliquant ici.

* La réduction du nombre de contrats aidés va fragiliser fortement de nombreuses structures, associations en tête, estime Jean Burneleau, de la Coorace (qui fédère les associations et entreprises de l’économie sociale et solidaire). Voir Baisse des contrats aidés : « des associations risquent de ne pas y survivre »

Cet article est le 3012ème sur le blog MRC 53 - le 140ème catégorie Travail Economie

Manifestation de l'ensemble des syndicats à Laval le 29 janvier 2009

Manifestation de l'ensemble des syndicats à Laval le 29 janvier 2009

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6 septembre 2017 3 06 /09 /septembre /2017 22:20

 

Ce n’est pas une réforme, c’est une démolition du code du travail

Le président de la république bourgeoise - qui occupe par surprise et par défaut la fonction de président de la République française depuis le mois de mai 2017 - mise sur la division des forces représentatives des travailleurs pour imposer par la loi les ordonnances réformant le code du travail. Voir (Le Monde, 1er septembre 2017) : Réforme du code du travail : ce que contiennent les ordonnances

Les journalistes membres du SNJ-CGT ont fait un résumé de ces ordonnances

 

Les ordonnances Macron dans les grandes lignes

 

Une entreprise peut, par accord d’entreprise, baisser les salaires, modifier le temps de travail, les congés, les majorations d’heures supplémentaires…

 

En cas de licenciement illégal, l'indemnité prud'homale serait plafonnée. Les patrons n’auront plus qu’à planifier et provisionner les licenciements.

 

Le plancher de 24 heures hebdomadaire pour un contrat à temps partiel n'est plus la règle dans la loi. Les temps d'astreinte peuvent être décomptés des temps de repos.

 

Les conventions collectives ou accords de branches ne prévalent plus sur les accords d’entreprises. Les employeurs pourront aller en dessous des grands acquis des salariés, voir même de les supprimer.

 

Les 11 heures de repos obligatoire par tranche de 24 heures peuvent être fractionnées. Le dispositif « forfaits-jours », qui permet de ne pas décompter les heures de travail, est étendu à l’ensemble des salariés, y compris les ouvriers.

 

Création d’une instance unique DP, CE, CHSCT. Cette instance enlève la plupart des prérogatives existantes qui permettent aux salariés d’être informés et de se défendre à l’entreprise. Le nombre de délégués seraient au moins divisés par deux. A terme, les syndicats n’auront plus de mot à dire et les salariés encore moins de moyens pour se défendre.

 

Jusqu’à maintenant un patron ne pouvait pas licencier plus de 10 salariés sur une période de 30 jours, sans avoir l’obligation de déclencher un Plan de licenciement économique. Désormais, ce seuil serait porté à 30 salariés. C’est donner la possibilité permanente aux patrons de virer des salariés pour réorganiser et faire des gains de productivité.

 

Une multinationale pourra fermer une entreprise en difficulté sur le territoire Français sans que les profits colossaux qui sont réalisés dans le monde soient pris en compte. Sachant qu’il est déjà facile pour une entreprise de plomber ses comptes au travers des jeux d’écritures.

 

Une mesure peut-être imposée par référendum contre l'avis de 70% des syndicats. Dans la majorité des cas, ces référendums se font sur fond de pressions et de chantage à l’emploi sur les salariés.

 

Une entreprise peut licencier sans avoir de difficultés économiques. Les employeurs n’auraient plus d’obligations envers les licenciés d’offres de reclassement individuelles, ils pourraient juste donner un accès internet en interne sur des offres « d’emplois accessibles ».

 

Après un accord d'entreprise, un salarié qui refuse un changement dans son contrat de

travail peut être licencié pour faute. Modifications des conditions salariales, du temps de travail, des conditions de travail …

 

Une entreprise ou un groupe de moins de 1000 salariés pourrait mettre en œuvre un plan de licenciement avant une cession de fonds de commerce ou d’activité. Fini le transfert et l’obligation de reprise automatique des salariés.

 

La durée du congé en cas de décès d'un proche (enfant, conjoint-e,...) n'est plus garantie par la loi.

 

La visite médicale d'embauche transformée en une ... visite d'information.

 

Par simple accord d’entreprise, on peut passer de 10h à 12h de travail par jour et de 44h à 46h de travail maximum par semaine.

 

Augmentation du nombre de semaines consécutives où l'on peut travailler 44h (ou 46h).


 

Les journalistes CGT et les ordonnances : c’est mille fois non !

Inversion de la hiérarchie des normes, primauté de l’accord d’entreprise, périmètre du plan social, rupture conventionnelle collective, plafonnement des indemnités, fusion des institutions représentatives du personnel : autant d’expressions qui démolissent le code du travail.

Les ordonnances Macron vont permettre aux patrons de presse de vider le contenu des articles du code du travail concernant la profession et de déroger à la convention collective sans avoir à la dénoncer.

 

Sur le site de la CGT : Actions et mobilisations le 12 septembre

 

Rappel (2 août 2017) : Réforme du code du travail par ordonnances adoptée par le Parlement


 

Cet article est le 3011ème sur le blog MRC 53 - le 139ème catégorie Travail Economie

Manifestation à Paris le 14 juin 2016 contre la loi travail

Manifestation à Paris le 14 juin 2016 contre la loi travail

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2 août 2017 3 02 /08 /août /2017 22:31

 

Les groupes de gauche (socialistes, communistes, insoumis) ont voté contre

 

Le 1er août 2017, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi d’habilitation à prendre par ordonnances les mesures réformant le code du travail (selon les termes officiels « les mesures pour le renforcement du dialogue social »). Voir Habilitation pour réformer par ordonnances le droit du travail

421 députés ont voté pour, 74 députés ont voté contre et 23 députés se sont abstenus. Voir l'analyse du scrutin.

 

Les groupes de gauche ont fait le plein de leurs voix contre le projet de loi :

- Groupe Nouvelle Gauche (31 membres) : Joël Aviragnet, Ericka Bareigts, Delphine Batho, Marie-Noëlle Battistel, Gisèle Biémouret, Christophe Bouillon, Jean-Louis Bricout, Luc Carvounas, Alain David, Laurence Dumont, Olivier Dussopt, Olivier Faure, Guillaume Garot, David Habib, Christian Hutin (MRC), Régis Juanico, Marietta Karamanli, Jérôme Lambert, Stéphane Le Foll, Serge Letchimy, Josette Manin, George Pau-Langevin, Christine Pires Beaune, Dominique Potier, Joaquim Pueyo, François Pupponi, Valérie Rabault, Hervé Saulignac, Cécile Untermaier, Hélène Vainqueur-Christophe, Boris Vallaud.

- Groupe La France insoumise (17 membres) : Clémentine Autain, Ugo Bernalicis, Éric Coquerel, Alexis Corbière, Caroline Fiat, Bastien Lachaud, Michel Larive, Jean-Luc Mélenchon, Danièle Obono, Mathilde Panot, Loïc Prud'homme, Adrien Quatennens, Jean-Hugues Ratenon, Muriel Ressiguier, Sabine Rubin, François Ruffin, Bénédicte Taurine.

- Groupe de la Gauche démocrate et républicaine (16 membres) : Bruno Nestor Azerot, Huguette Bello, Moetai Brotherson, Alain Bruneel, Marie-George Buffet, André Chassaigne, Pierre Dharréville, Jean-Paul Dufrègne, Elsa Faucillon, Sébastien Jumel, Jean-Paul Lecoq, Jean-Philippe Nilor, Stéphane Peu, Fabien Roussel, Gabriel Serville, Hubert Wulfranc.

 

Pour information, cet article du Monde Diplomatique (juillet 2017) :

- Imaginer un salariat sans subordination Danièle Linhart

- Imaginer un salariat sans subordination | Le Club de Mediapart

Danièle Linhart est une sociologue française, née en 1947, travaillant sur l'évolution du travail et de l'emploi. Elle est directrice de recherche émérite au CNRS et professeure à l'université de Paris X (Wikipédia). Voir aussi (22 mai 2015) : L'entreprise de dépossession - La Vie des idées

Cet article est le 3008ème sur le blog MRC 53 - le 138ème catégorie Travail Economie

Réforme du code du travail par ordonnances adoptée par le Parlement
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26 juillet 2017 3 26 /07 /juillet /2017 22:19

 

Vouloir amender le projet Macron est se placer dans une position d’acceptation

 

La Tribune de Jean-Pierre Chevènement et de Patrick Quinqueton, publiée par Le Monde (voir cet article paru le 25 juillet Dans une Tribune, Chevènement amende la réforme du Code du travail) mettait sur un piédestal le modèle allemand de participation des salariés aux processus de décision dans les entreprises, ce qui est appelé communément la Codétermination (définition La Toupie). Voir aussi ce qu’écrit Hans Böckler-Stiftung : La codétermination* en Allemagne

Dans cette Tribune, les signataires donnent l’impression de cautionner la réforme du Code du travail et de vouloir compléter celle-ci par la codétermination afin de lui donner de meilleures chances de réussite. C’est opter franchement pour le soutien à la démarche du président de la République, pendant que la gauche à l’Assemblée nationale et une majorité de français s’opposent à cette réforme libérale.

Voici deux réactions qui m’ont été communiquées par des militants du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), Gérard Beillard et Alain Gély.

- Gérard Beillard (MRC 53)

S’inspirer de l’ordo-libéralisme et de la codétermination qui se pratiquent en Allemagne, c’est une façon de ne pas vouloir prolonger l’histoire sociale de la France. C’est effacer les combats contre le capital et les contreparties obtenues pour les plus faibles. C’est accepter la logique de produire pour un maximum de résultat financier en engageant le minimum d’effort en matière de dépenses, d’énergie et de facteur humain.

Amender le projet Macron, c’est accepter l’idéologie néolibérale qui le sous-tend et la volonté du président de la République d’imposer une marche forcée vers une Europe libérale sur le modèle allemand. C’est prendre la responsabilité d’en finir avec le modèle républicain et social solidaire. C’est considérer que nos concitoyens ne sont pas capables de décider ce qu’ils veulent pour leur pays.

Cessons d’être des idiots utiles de l’idéologie néolibérale qui vise à détruire l’équilibre social à la française.

- Alain Gély (MRC Ile-de-France)

C'est positif dans la mesure où cela témoigne d'un regain d'intérêt pour l'entreprise (en reprenant ici une idée, bonne celle-ci, du rapport Gallois) et reprend des critiques de l'entreprise dans le capitalisme financier mondialisé.

Je crois qu'on peut retenir cette contribution mais assortie de quelques remarques :

- il y a des erreurs historiques surprenantes de leur part ; en particulier : la planification, apparue puis développée dans le cadre de l'économie de guerre après 1914,  n'a pas grand chose à voir avec la charte d'Amiens de 1906 qui préconise le syndicalisme révolutionnaire, ou  d'action directe (reconstruction par le prolétariat de ses propres institutions), et la "double besogne" (améliorer le sort immédiat des travailleurs tout en préparant la société future) ;

- la planification n'a pas non plus, comme on le croit souvent à tort, grand chose à voir avec le marxisme d'avant Staline : elle est en est même à certains égards, dans sa version soviétique centralisée et microéconomique, la négation ! En revanche une « planification à la française », ardente obligation mise en œuvre par de Gaulle, constitue une référence utile en ce qu'elle fixe des objectifs à l'Etat tout en organisant un vaste débat avec les interlocuteurs sociaux ;

- il y a des lacunes sérieuses : quid des PME et, surtout, des "fausses PME" que constituent les holdings financiers et autres donneurs d'ordre pilotant avec peu de salariés d'énormes réseaux de sous-traitants ? Il suffirait, pour contourner la codétermination, de transférer le pouvoir vers de telles structures (quand il n'y est pas déjà !) Mais ces lacunes ne sont évidemment pas une raison pour rejeter cette proposition ;

- sur le fond politique, on semble vouloir faire un « bon usage du macronisme » » en se plaçant dans une logique d'amendement de ses projets de redéfinition du code du travail, ce qui me semble politiquement naïf. L'article présente ainsi le projet Macron comme un assouplissement du code du travail alors qu'il s'agit plutôt d'un durcissement, voire d'une entreprise de destruction ; par ailleurs, on a l'air d'accepter l'ordolibéralisme sous prétexte qu'il marcherait (ou qu'il pourrait être « En marche » ?) alors que ce ne serait pas une raison suffisante pour l'importer !

La codétermination n'est évidemment pas à rejeter - sous le prétexte polémique de « collaboration de classes » ou en référence à une hypothétique pureté du syndicalisme - mais devrait s'inscrire dans un projet plus vaste de démocratie économique et de République sociale. Il s'agirait de refonder le projet socialiste des années 70-80 en tenant compte des évolutions survenues depuis, non pour l'ânonner mais pour s'y ressourcer. Cela nécessite en premier lieu de désigner et de combattre ce qui était à l'époque et demeure plus que jamais l'ennemi principal de l'égalité citoyenne et du progrès social : "dompter les requins de la finance" ou au moins préconiser des moyens concrets de limiter leur nocivité.

Cet article est le 3007ème sur le blog MRC 53 - le 137ème catégorie Travail Economie

Gérard Beillard (MRC 53), retraité de l'industrie textile Laval, militant CGT

Gérard Beillard (MRC 53), retraité de l'industrie textile Laval, militant CGT

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25 juillet 2017 2 25 /07 /juillet /2017 22:50

 

Il propose de s’inspirer de l’Allemagne en introduisant la codétermination

 

La Fondation Res Publica a publié le 24 juillet 2017 une Tribune parue dans le quotidien Le Monde (édition des 23 et 24 juillet) sous la signature de Jean-Pierre Chevènement et de Patrick Quinqueton. Puisque le président de la République a pris comme référence l’ordo-libéralisme allemand, pourquoi ne pourrait-il s’inspirer aussi du modèle allemand en ce qui concerne la participation des salariés aux processus de décision économique ?

 

Voici le texte de cette Tribune :

Osons la codétermination pour réformer le code du travail !

Si la réforme du code du travail obéit à une logique compréhensible, la crainte légitime est que ce " droit du travail de terrain " ouvre la voie à une réduction des coûts salariaux sans contrepartie solide en matière d'investissement et d'emploi. Des " contrats de projet ", d'un à huit ans, se substitueraient progressivement au contrat à durée déterminée. 

Cette mutation prend acte du passage d'un capitalisme " fordiste " national à un capitalisme financier mondialisé beaucoup plus fluide, soumis à la pression des fonds " activistes " et aboutissant à la segmentation internationale de la production. Cette mutation ne sera supportable qu'en l'absence d'un nouveau choc économique qui ferait s'écraser le nouveau régime du droit du travail. Les employeurs ne sauront, aussi bien, pas forcément anticiper l'évolution de leurs marchés. Pour dynamiser et rendre cette réforme efficiente, les ordonnances doivent prévoir une nouvelle distribution du pouvoir au sein de l'entreprise. La prépondérance du pouvoir des actionnaires n'est pas tenable sur le long terme. Il faut penser une réforme du statut de l'entreprise faisant leur place aux salariés et aux acteurs de long terme. 

La réforme du droit du travail doit donner aux entreprises de notre pays et à leurs salariés le dynamisme et l'énergie pour réussir, alors même que les atouts scientifiques, technologiques et la capacité de travail et d'initiative ne manquent pas dans notre pays. Est-ce là la manifestation d'un gauchisme récurrent ? Il suffit de franchir le Rhin pour se convaincre du contraire. Pourquoi ne pas regarder avec plus d'attention, et dans la durée, les atouts que la République fédérale d'Allemagne tire de la mise en place de la " codétermination " (Mitbestimmung) ? C'est sous l'autorité et la responsabilité des chanceliers Konrad Adenauer puis Helmut Schmidt que s'est organisée cette participation des salariés aux processus de décision économique, par les lois du 21 mai 1951 puis du 1er juillet 1976. Dans les entreprises allemandes de plus de cinq cents salariés, les travailleurs sont représentés au conseil de surveillance à raison du tiers de ses membres et, dans celles de plus de deux mille salariés, à raison de la moitié. Bien sûr, la codétermination ne fonctionne pas parfaitement, et loin de là car, comme toute obligation, celle-ci, qui figure dans le droit des sociétés, connaît des -stratégies de contournement. Mais ce sont plusieurs milliers d'entreprises qui ont, en Allemagne, une organisation dans laquelle les représentants des salariés ont à connaître les stratégies de développement de ces mêmes entreprises, et un pouvoir susceptible d'influer sur les décisions.

Par ailleurs, la constitution sociale de l'entreprise qui résulte de la loi de 1952 (révisée en 1972 et en 1976) prévoit la mise en place d'un conseil d'entreprise ayant certaines compétences égales à celles du comité d'entreprise et des délégués du personnel en France, mais qui est présidé par un représentant des salariés. En outre, un syndicalisme puissant a le monopole de la négociation des salaires, dès lors que lui est reconnu, par sa puissance même, fondement de sa représentativité, la " capacité à négocier les salaires ". 

La codétermination allemande n'est pas du tout fondée sur un dialogue calme et serein, mais sur la confrontation d'idées et de réalités économiques sur lesquelles employeurs et salariés cherchent des compromis dynamiques. La loi " Hartz IV ", à l'initiative du chancelier Gerhard Schrö-der, avec ses emplois à un euro ou sa remise en question des allocations de chômage, n'est sans doute pas ce qui mérite le plus d'attention de ce côté-ci du Rhin. Les courbes démo-graphiques très différentes de la France et de l'Allemagne -conduisent naturellement les Français à s'inquiéter davantage de l'entrée des jeunes sur le marché du travail, et les Allemands du financement des retraites. Si l'Allemagne réussit, ce n'est pas principalement parce que son économie a été flexibilisée mais parce qu'elle a été organisée sur la base d'une anticipation partagée des perspectives de développement de l'entreprise. 
Portes entrouvertes 

Des avancées timides ont déjà été faites dans notre pays, qu'il ne faut pas laisser retomber. Bien sûr, la présence d'administrateurs salariés a été prévue par les lois de nationalisation qui ont correspondu à certains moments de l'histoire de notre pays. Mais
l'érosion de la sphère publique dans l'économie mondialisée ne permet plus de s'appuyer principalement sur ce modèle. Plus récemment, la loi n° 2013-504 du 14 juin 2013 a généralisé à toutes les grandes entreprises la représentation des salariés dans les conseils d'administration et de surveillance, et la loi n° 2015-994 du 17 août 2015 l'a étendue aux entreprises et groupes d'entreprise de plus petite taille. L'article L.225-27-1 du code de commerce fixe deux seuils pour la représentation des salariés au conseil d'administration, dans une proportion de deux à quatre, variant avec l'effectif : celui de mille salariés permanents dans la société et ses filiales situées sur le territoire français ; celui de cinq mille salariés permanents dans celles situées en France ou à l'étranger. Ce second seuil est celui qui joue le plus car les sociétés françaises sont largement internationalisées. Des portes ont été ouvertes, mais de manière timide. La formation des administrateurs syndicaux commence à se développer. Il est important de la soutenir. 

Le projet de loi d'habilitation du gouvernement prévoit, dans le 4° de l'article 2, que soient améliorées " les conditions de représentation et de participation des salariés dans les organes d'administration et de surveillance des sociétés dont l'effectif dépasse certains seuils ". Et si nous passions à la vitesse supérieure ? Et si nous utilisions avec audace cette ouverture pour préciser des conditions analogues à celles qui prévalent en Allemagne ? Nous fonderions alors un véritable système de codétermination à la française. La réforme du code du travail trouverait un sens " progressiste " si elle permettait un rééquilibrage des pouvoirs entre les actionnaires et les salariés au sein même de l'entreprise. Nous savons bien que la tradition française en matière de relations sociales, née de la charte d'Amiens et d'une conception de la négociation fondée sur l'irréductible opposition des classes, s'oppose à l'idée de la cogestion et de la codétermination. Mais il faut le reconnaître aujourd'hui : cette idéologie est dépassée. Personne n'envisage plus un retour à la planification car le système capitaliste a profondément muté. 

L'Allemagne a démontré la preuve de l'intérêt d'une gestion définie en commun par les représentants des entreprises et de leur personnel. Le renforcement du pouvoir des salariés dans l'entreprise serait un puissant correctif de l'assouplissement prévu de la législation du travail. Au moment où les " réformes " sont réclamées par le FMI, la Commission européenne et le patronat, sachons emprunter à l'Allemagne non pas seulement l'ordolibéralisme, mais aussi une conception des relations sociales qui a été, et reste, le fondement de sa réussite. Bref, allons dans le sens de ce qui marche.

Cet article est le 3006ème sur le blog MRC 53 - le 136ème catégorie Travail Economie

Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica, le 1er décembre 2013, lors du colloque sur l'Europe

Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica, le 1er décembre 2013, lors du colloque sur l'Europe

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