Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Par Michel SORIN
Jaurès, l'inspirateur de la République sociale et laïque, nous enseigne l'audace
Le successeur de Jean Jaurès à la direction de l'Humanité, Patrick Le Hyaric, a prononcé un discours le 31 juillet 2015 devant la plaque commémorant l'assassinat de Jean Jaurès au Café du croissant, à Paris, le 31 juillet 1914.
Lire ce discours sur le site de Patrick Le Hyaric, député au Parlement européen, directeur de l'Humanité : Hommage à Jean Jaurès
Extrait.
Jaurès, l’inspirateur de la république sociale et laïque, se lit. Jaurès se médite. Jaurès s’enseigne.
La statue ne demande qu’à être dépoussiérée pour que sa pensée soit commentée et discutée, pour que son œuvre, passée au tamis de l’histoire, puisse continuer à inspirer notre avenir commun.
Jaurès nous enseigne l’audace quand il épouse la cause socialiste après avoir découvert le sort réservé aux mineurs de Carmaux par l’aristocratie locale qui leur déniait tout droit politique, ou quand il se détache de sa condition de naissance pour porter la revendication de droits universels pour tous les travailleurs, quels qu’ils soient, où qu’ils vivent et quoi qu’ils croient.
C’est d’un geste intellectuel unique qu’il s’engage dans la lutte sociale, auprès des travailleurs, des ouvriers, des mineurs, dans sa circonscription, n’hésitant pas à gravir l’estrade sur les lieux de travail comme à l’Assemblée nationale où ses prises de parole et ses joutes oratoires contre ses nombreux et résolus adversaires, résonnent encore.
Il nous enseigne la grandeur du combat politique quand il décide de s’engager, en 1902, dans la création du Parti Socialiste Français qui deviendra, trois ans plus tard, la Section Française de l’Internationale Socialiste grâce aux efforts considérables qu’il déploie pour fédérer et unir les différentes chapelles du mouvement ouvrier.
Il nous enseigne le courage quand il prend fait et cause pour le capitaine Dreyfus victime d’une cabale fomentée par l’aristocratie d’Etat et militaire, parce que juif.
« Quelque soit l’être de chair et de sang qui vient à la vie, s’il a figure d’homme, il porte en lui le droit humain» lance-t-il à ceux qui pensent pouvoir trier les hommes et les femmes selon leurs origines, leurs croyances ou leur couleur de peau et qui pensent pouvoir s’exonérer du combat contre le racisme, où qu’il s’exprime.
Il nous enseigne la sagesse quand il fut l’un des plus ardents promoteurs du concept de laïcité, prenant garde, à rebours d’une abjecte mode contemporaine, de n’en jamais faire l’arme contre une religion, mais bien ce puissant principe qui garantit la neutralité de l’Etat vis à vis des cultes, quels qu’ils soient, laissant par la même occasion la liberté la plus totale à chacun de pratiquer sa religion tant que celle-ci ne s’impose pas à la société. « Nous voudrions, écrit-il en 1904, que la séparation des Eglises et de l’Etat n’apparaisse pas comme la victoire d’un groupe sur d’autres groupes mais comme l’œuvre commune de tous les républicains.»
Il nous enseigne la fraternité quand il appelle, depuis l’Amérique latine, terre d’immigration, à une sécurité professionnelle des travailleurs du monde entier, afin d’éviter les divisions et les rancœurs entre ceux qui n’ont que leur travail ou leur retraite pour vivre et afin que « chaque peuple [apprenne] à voir dans l’étranger un travailleur, un frère ».
Intellectuel hors norme, agrégé de philosophie, historien décisif de la Révolution française, journaliste de combat, Jaurès mêle en sa personne les qualités du cœur et celles de l’esprit.
Sa pensée reste un fil conducteur, alimentée par un siècle d’essor des idées progressistes, pour comprendre le monde. Elle est une pensée en mouvement continu qui nous interpelle aujourd’hui encore.
N’est-ce pas le cas, quand la folle mécanique de guerre que certains cherchent à imposer à la porte du vieux continent, en Ukraine, pour mieux asseoir une domination totale et des visées impérialistes, s’enlise en rouvrant les plaies du siècle passé et en ravivant les démons nationalistes.
La pensée de Jaurès nous interpelle quand d’obscurs intérêts géopolitiques et économiques laissent croître la bête immonde du fanatisme religieux dans un Moyen-Orient dépecé et déstabilisé, vidé de ses forces vives progressistes par trente années d’ingérence nord-américaine et de dictatures choyées.
La pensée de Jaurès nous interpelle encore quand la guerre économique, qu’il considérait comme le présage de la guerre militaire, redouble d’intensité à l’échelle de la planète ; quand se multiplient ces traités de libres échanges transatlantique, transpacifique, ou celui qui se négocie dans le plus grand secret contre les services publics, et qui n’ont pour objectif que d’accroître l’emprise du profit sur les activités humaines, sur la production et le travail et, comble du cynisme, vise a mettre en place un droit des affaires au détriment des droits humains et environnementaux.
Jaurès, c’est la clairvoyance pour que la politique, la coopération et la diplomatie prennent en permanence le pas sur la guerre économique et militaire. Il conservait sans cesse à l’esprit l’objectif de résoudre les conflits par le dialogue et par l’unité populaire, pour dégager les principes d’un intérêt général.
Rappel (blog du MRC 53, 11 novembre 2013) : Jean Jaurès, dernier discours avant le désastre de la guerre de 1914
Cet article est le 38ème paru sur ce blog dans la catégorie Personnalités et célébrations
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