Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Par Michel SORIN
La gauche qui s'oppose aux politiques néolibérales en Europe se renforce
La belle élection de Jeremy Corbyn à la tête du parti travailliste britannique est un nouveau signe de la baisse d'audience populaire de la gauche des partis liés aux politiques néolibérales en Europe. C'est une bonne nouvelle, qui incite les résistants à se battre avec enthousiasme pour le retour au pouvoir des peuples, ce qui prendra beaucoup de temps.
Voici deux articles qui méritent notre attention.
- Philippe Marlière, Le Monde, 13 septembre 2015 : « Jeremy Corbyn, nouveau leader du Labour, va perturber la gauche européenne ». Extrait.
Tendre la main à toute la gauche
Avec Jeremy Corbyn, le Parti travailliste va tendre la main à l’ensemble de la gauche : sociale-démocrate, verte, nationaliste (SNP et Plaid Cymru) et radicale. En Europe, il s’adressera aussi aux dirigeants du Front de gauche, de Podemos ou de Syriza. Il ambitionne de construire un front anti-austérité avec tout le monde. On n’entendra pas Corbyn pérorer sur les notions de « souveraineté nationale-populaire », mais il tentera d’œuvrer concrètement à la construction d’un mouvement contre l’hégémonie néolibérale au sein des institutions communautaires. En socialiste conséquent, il sait que la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne ne ferait pas disparaître par enchantement au niveau national les structures de domination capitaliste.
En réalité, ce sexagénaire sans charisme est le grand perturbateur des gauches sociales-démocrates et radicales, engoncées dans leurs certitudes droitières et gauchistes. Il vient en effet de donner un coup de vieux aux néolibéraux qui dirigent les partis sociaux-démocrates. Il a montré qu’on pouvait être populaire auprès de l’électorat en faisant des propositions anti-austérité : renationalisation des chemins de fer, augmentation de la masse monétaire (quantitative easing) pour investir dans les services publics et opposition aux partenariats privés-publics, contrôle des prix du loyer, non-intervention armée en Syrie et abandon de la force de frappe nucléaire ; autant de propositions qui sont plébiscitées par une large majorité de Britanniques. Voici un leader de parti social-démocrate qui n’essayera pas de gagner une élection au centre en singeant les politiques de la droite. On n’avait pas vu cela depuis plus de trente ans en Europe !
Le succès de Jeremy Corbyn devrait également amener la gauche radicale à repenser sa propre stratégie qui, trop souvent, entremêle langue de bois eschatologique et sectarisme auto-défaitiste. Avec Corbyn aux commandes, certains dirigeants « radicaux » pourraient enfin comprendre qu’insulter à répétition les chefs sociaux-démocrates ne fait qu’incommoder le public. Jeremy Corbyn pourrait aussi leur montrer qu’un mouvement majoritaire de gauche ne se construit pas en cultivant le soutien de fidèles radicalisés, mais en s’adressant à tous.
- Bernard Teper, ReSPUBLICA, 14 septembre 2015 : L'élection de Jeremy Corbyn à la tête du parti travailliste britannique rebat les cartes dans la gauche européenne. Extrait.
Cette élection rebat les cartes dans la politique européenne. Nous avons déjà dit dans ReSPUBLICA que nous considérions comme une croyance sans avenir l’idée qu’un groupuscule politique détenant la vérité révélée pouvait grossir par sa seule dynamique jusqu’à devenir majoritaire dans le peuple. Et que nous ne croyons pas plus à l’efficacité sur longue durée des cartels d’organisation comme Gauche unie en Espagne ou le Front de gauche en France (qui se présente sur plusieurs listes concurrentes à toutes les élections sur listes depuis la présidentielle…). Tout au plus un cartel a-t-il vocation à s’unifier ou à devenir inefficace. L’élection de Jeremy Corbyn montre que, même dans un parti de gauche néolibéral ayant justifié les politiques austéritaires anti-sociales, des circonstances particulières peuvent renforcer les forces internes qui petit à petit se dressent contre ces politiques austéritaires et recueillent alors un soutien externe dans le mouvement syndical revendicatif et dans la jeunesse. Cela ouvre en plus une perspective nécessaire (mais non suffisante !!!) de restructuration des gauches par action conjointe endogène et exogène à la fois. Là réside l’avenir.
Après la poussée de Tsipras et de Syriza en Grèce, de Pablo Iglesias et de Podemos en Espagne, l’arrivée de Jeremy Corbyn renforce le camp de ceux qui veulent s’opposer aux politiques austéritaires avec un soutien populaire significatif.
C’est mieux de vouloir s’y opposer plutôt que de s’y résigner, mais est-ce suffisant pour obtenir la victoire ? On a bien vu avec l’accord grec du 13 juillet qu’une simple volonté solipsiste ne permet pas de changer le réel. Est-ce qu’il suffit alors d’avoir un plan B pour sortir du carcan de la zone euro et de l’Union européenne ? Non. Vouloir s’opposer aux politiques austéritaires est un point de départ nécessaire.
Mais ensuite il faut produire toutes les conditions de la transformation culturelle, sociale et politique. Et pour cela, il faut tenir compte des lois tendancielles de la formation sociale capitaliste afin d’utiliser les crises paroxystiques au moment opportun pour un possible déclenchement du processus de transformation sociale ; ce qui implique de ne pas considérer la monnaie uniquement comme un moyen de paiement, de donner la priorité aux liens avec les couches populaires ouvrières et employées, avec la jeunesse, avec le mouvement syndical revendicatif, bref de promouvoir un processus global de développement d’une nouvelle République sociale.
Fêtons l’élection de Jeremy Corbyn tout en étant persuadés qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres !
Cet article est le 144ème paru sur ce blog dans la catégorie France et Europe
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