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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Université de rentrée 2015 du MRC : atelier Agriculture samedi matin

 

Michel Sorin propose une introduction à l'atelier le 26 septembre

 

Le secrétariat national du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) a opté cette année pour des ateliers le samedi matin à la place d'une table ronde. Il y en aura cinq proposés, dont l'un sur l'agriculture. Voir URMRC2015 Programme

Le thème général est présenté par Jean-Luc Laurent, président.

Voir Université de rentrée 2015 du MRC : Pour la France et pour l'Europe, il y a une alternative !

 

Voici le texte que j'ai proposé, en introduction à cet atelier de réflexion.

 

L'agriculture est l'activité économique où une alternative est nécessaire et réalisable au niveau européen. La crise de l'élevage est d'une ampleur inconnue jusqu'à présent. La politique néolibérale de la Commission européenne est condamnée par les effets constatés de la libéralisation mise en œuvre depuis 25 ans. C'est dans la filière laitière que les mouvements sociaux se développent car la libéralisation est récente (fin des quotas laitiers) et l'organisation économique des producteurs est la plus massive.

La manifestation, le 7 septembre, à Bruxelles* (face à l'immeuble de la Commission européenne), des agriculteurs engagés dans la lutte pour la régulation et la maîtrise de l'offre de production, a été un évènement historique par sa mobilisation et sa force alternative.

 

L'agriculture est le terrain de jeu de l'Europe depuis la naissance du Marché commun, au début des années 1960. Ce fut longtemps la seule politique commune et cela reste la principale. Cela fait 50 ans que la politique agricole française est décidée à Bruxelles. Le pouvoir de proposition et de contrôle a été donné à la Commission européenne, instance non élue.

Qu'a fait la Commission de ce pouvoir ?

- Elle a persuadé les chefs d’État et de gouvernement que la politique agricole devait s'effacer devant les prérogatives de l'OMC et le libre-échange des produits agricoles et alimentaires, faisant ainsi entrer l'agriculture et l'alimentation dans le champ des négociations commerciales internationales de l'OMC.

- Ensuite, elle a milité pour que les aides financières aux agriculteurs soient déconnectées de l'acte de production, ce qui était le meilleur moyen de renoncer à orienter les productions selon des choix de politique agricole. Celle-ci, naturellement, devait s'effacer devant les marchés, seuls capables de fixer les priorités de production. Le principe de refus de toute régulation de l'offre de production s'imposait alors à l'agriculture européenne, en pleine contradiction avec les principes fondateurs de la politique agricole commune (PAC).

Dans un contexte de concurrence exacerbée, l'industrie de transformation des produits agricoles, aiguillonnée par la grande distribution, très concentrée, a exercé une pression constante sur les prix payés aux producteurs. C'est cela qui est, principalement, à l'origine du productivisme agricole.

 

Depuis 1970, l'agriculture s'est « végétalisée » et « marchandisée ».

- Les productions végétales se sont maintenues autour de 54 % des ressources de l'agriculture française, pendant que les productions animales ont baissé, de 42 à 30 %. Les subventions, dans le même temps (entre 1970 et 2012) sont passées de 1 à 11 %.

- Durant cette période, les consommations intermédiaires ont fortement augmenté (de 40 à près de 60 % de la valeur de la production agricole). Cette marchandisation de l'activité agricole a pesé sur l'évolution de la valeur ajoutée et du résultat, lequel est passé de 48 % du produit d'exploitation en 1970 à 33 % en 2010.

Les agriculteurs voient leurs revenus se fragiliser et varier beaucoup en fonction des fluctuations du marché. La volatilité croissante des prix est due à la mise en relation, sans précaution, du marché européen avec le marché mondial. Le revenu des agriculteurs est devenu très fluctuant depuis 2000.

 

Les décisions prises pour la PAC 2014-2020 répondent à la logique de libéralisation, comme les précédentes : confirmation du refus de maintenir ou de rétablir les instruments de régulation du marché, réduction des crédits (14%), durcissement des conditions environnementales, dont dépendront 30 % des aides. Il faut s'attendre, en outre, à davantage d'ouverture aux produits extérieurs à l'UE, conformément aux accords bilatéraux en négociation avec le Canada et les USA.

En conséquence, il faut prévoir une forte baisse des revenus agricoles et du nombre d'agriculteurs et, aussi, la diminution de l'auto-approvisionnement alimentaire de l'Union européenne.

 

Les conséquences de cette politique néolibérale se font sentir plus lourdement depuis le début de l'année 2015, tout particulièrement au niveau des éleveurs (lait, viande bovine et porcine).

 

La filière laitière est d'autant plus sensible à la libéralisation que celle-ci est récente pour elle (suppression en avril 2015 des quotas laitiers mis en place à l'initiative de la France en 1984).

Selon la Commission européenne, les perspectives de marché pour les produits animaux étant bonnes, il faut produire davantage et exporter et, selon la FNSEA, la « forteresse » syndicale française, il faut accélérer la modernisation et la concentration des exploitations d'élevage pour les rendre plus productives et plus compétitives.

En fait, les causes de la crise laitière sont à rechercher dans une triple erreur de diagnostic :

- La référence du marché mondial pour fixer le prix du lait est une aberration puisque le marché des produits laitiers ne porte que sur 7 % de la production laitière totale.

- La dérégulation, amorcée avant la suppression des quotas laitiers, a été à l'origine de la surproduction constatée en 2015, compte tenu de la dépression des marchés, accentuée par l'embargo russe et la situation de l'économie chinoise.

- La Commission continue de faire prévaloir l'idéologie néolibérale alors que les critiques se multiplient concernant l'extrême volatilité des prix du lait et l'absence d'études d'impact de la fin des quotas.

 

Des propositions alternatives permettraient de sécuriser la filière laitière européenne.

- Il s'agit, à court terme, de remettre en place une politique agricole qui assure une régulation de la production en fonction de la demande et des marchés.

- A moyen terme, il faut un changement radical d'orientation sans, pour autant, revenir au mécanisme des quotas. Au lieu de privilégier l'exportation de produits (beurre, poudre de lait) entrant en forte concurrence sur le marché mondial, il serait plus opportun de mieux valoriser 85 à 90 % du lait sur le marché interne européen (filière de qualité locale de proximité). Il s'agit d'équilibrer exportations ( répondre à la demande mondiale) et marché intérieur (produits des terroirs).

- Au niveau national, il importe de renforcer le pouvoir de négociation des producteurs afin de mieux répartir les marges dans l'ensemble de la filière.

- Au niveau des exploitations agricoles : réorientation des systèmes de production, plafonnement et adaptation des volumes de production en fonction de la demande.

 

* Voir, sur le blog de Réseau CiViQ : Manifs Bruxelles lundi : 2 politiques laitières, exportatrice ou régulatrice. Voir aussi sur ce blog de nombreux articles concernant Agriculture Alimentation

 

Cet article est le 421ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC

Des agriculteurs venant de nombreux pays européens, le 7 septembre, à Bruxelles, pendant les interventions des responsables de la manifestation EMB en faveur d'une politique de régulation au niveau de l'UE

Des agriculteurs venant de nombreux pays européens, le 7 septembre, à Bruxelles, pendant les interventions des responsables de la manifestation EMB en faveur d'une politique de régulation au niveau de l'UE

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V
Très bon site ! Je le trouve très vivant, bien pensé en plus il a plutôt belle gueule et les illustrations sont chouettes ! Je vous souhaite bonne continuation et un bon courage pour la suite et la continuité de ce magnifique site
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