Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Le gouvernement Valls, contraint de changer de stratégie, a autorisé la manif
Les manifestations publiques à l'initiative de 7 organisations syndicales ouvrières et étudiantes contre le projet de loi El Khomri (voir, 27 mai 2016, Le projet de loi travail vivement contesté dans les rues de Laval en mai) se multiplient en France depuis le début du printemps 2016.
La controverse s'est durcie depuis la manifestation nationale du 14 juin à Paris, au cours de laquelle près de un million de personnes ont participé, selon l'estimation des organisateurs. Ayant remonté le cortège, je puis témoigner de l'importance de cette manifestation qui commençait Place d'Italie et devait se conclure aux Invalides en passant par le boulevard de Montparnasse.
En fait, le cortège a été empêché d'aller au bout, les forces de l'ordre en ayant bloqué l'accès en raison des violences qui se sont produites pendant près d'une heure à l'initiative de manifestants autonomes équipés pour le conflit de rue, très nombreux (plusieurs centaines), infiltrés à plus de 300 mètres à l'avant du cortège syndical. Ces manifestants étaient d'autant plus nombreux que, depuis le début des manifestations, ils avaient constaté l'inertie de la police à leur égard, les forces dites de l'ordre ayant reçu des ordres de non intervention venant des pouvoirs publics.
Voir, à ce sujet, l'article publié sur le site de Marianne Manif du 14 juin : la démonstration de force des autonomes.
Voici ce qu'écrivait Denis Collin sur Facebook le 15 juin (extrait) :
« Le syndicat Alliance s'interroge sur les consignes de non-intervention reçues face aux casseurs. Et accuse le gouvernement de vouloir décrédibiliser les mouvements sociaux.
La charge est inattendue. Sur France Info, le secrétaire général du syndicat policier majoritaire Alliance, Jean-Claude Delage, s'est interrogé sur les consignes reçues par les policiers pendant les manifestations. Il s'interroge notamment sur la passivité imposée aux forces de l'ordre lorsque des casseurs sont en action.
"Attendre une heure"
Pourquoi les CRS n'interviennent-ils pas plus rapidement lorsque des groupes de personnes s'en prennent à des vitrines ou des équipements publics? Selon le patron d'Alliance, les policiers ne font qu'obéir aux ordres.
"Lorsque vous voyez des casseurs détruire les vitrines, saccager des panneaux publicitaires, se servir des tubes néons à l’intérieur pour attaquer les forces de l’ordre et que des policiers mobilisés sont en face d’eux et qu’ils doivent attendre une heure en face d’eux pour intervenir (…) on se demande bien pourquoi."
Celui qui appelle les policiers à manifester contre "la haine anti-flics" le 18 mai l'assure: "les policiers veulent interpeller les casseurs". Et d'ajouter:
"L’Etat doit prendre ses responsabilités, ne pas nous laisser attendre des heures face à des casseurs identifiés, qu’on pourrait même peut-être préventivement assigner à résidence dans le cadre de l’état d’urgence ou interpeller."
Quelle est la logique derrière ces ordres?
Pour Alliance, la stratégie de laissez-faire du gouvernement n'a qu'un objectif, jeter le discrédit sur l'ensemble de la mobilisation contre la Loi Travail.
"Je pense que ça vise aussi à discréditer le mouvement social et syndical parce qu’évidemment, lorsque des syndicalistes manifestent contre un texte et qu’il y a des casseurs qui cassent tout dans le quartier, que les riverains sont exaspérés et que la police ne peut pas rapidement intervenir, et bien ça discrédite aussi quelque part le mouvement social" estime Jean-Claude Delage.
Depuis son annonce par le gouvernement, le projet de Loi Travail a suscité une très vive contestation, traduite par des manifestations partout en France. Manifestations en marge desquelles ont été observés de violents affrontements avec les forces de l'ordre ».
Voici ce que j'ai écrit, à chaud, pendant la manif :
« Énorme manif à Paris ce 14 juin. Les casseurs, comme d'habitude, se sont mis devant la manifestation pour casser et se faire réprimer par la police. Nous avons eu droit aux gaz lacrymogènes. Puis la manifestation est répartie vers les Invalides. Un grand moment pour le peuple français ».
Et mon commentaire, le 16 juin :
"Comme les policiers, je me suis posé des questions, lors de la manif du 14 juin, sur les ordres donnés aux "forces de l'ordre".
Les "autonomes" (qui sont là pour préparer l'insurrection populaire, pas pour le retrait de la loi de précarité du travail) se placent à l'avant du cortège intersyndical. Ils sont très organisés pour semer le trouble (casse de matériel urbain) et provoquer les policiers. Après avoir atteint leur but, ils se débarrassent de leurs accoutrements et se fondent parmi les manifestants. Ils font tout pour que ceux-ci s'en prennent aux forces de l'ordre car leur ennemi, c'est l'Etat républicain.
Le gouvernement est donc directement interpellé. Il devrait avoir une stratégie visant à contenir ces "autonomes". Or, il ne semble pas en avoir. Pire, on est en droit de se demander s'il n'est pas tenté d'utiliser cette violence pour amoindrir l'impact des manifestations et, à terme, mettre en oeuvre des mesures d'interdiction de manifester.
Les organisateurs de manifestations sont tout aussi directement interpellés. Ils devraient prendre des mesures afin de séparer nettement le cortège intersyndical des "autonomes casseurs". Mardi, j'ai remonté le cortège pour prendre des photos de la tête. Je suis arrivé sans le vouloir à proximité des casseurs sans avoir vu les dirigeants syndicaux. Contraint au repli par les gaz lacrymogènes, j'ai vu la tête du cortège syndical alors que je pensais qu'elle était plus en avant. Je suppose que beaucoup de citoyens manifestants qui constataient les dégâts n'y comprenaient rien. Il faudrait que le service d'ordre intersyndical fasse une séparation nette avec les autonomes en se servant de haut-parleurs pour avertir les gens comme moi, le but étant d'éviter le mélange voulu par les casseurs avec les manifestants sincères.
Il y a urgence. La sagesse voudrait que le gouvernement suspende la procédure parlementaire, laissant le temps de la concertation sur ces points importants".
Le gouvernement a voulu interdire la manifestation du 23 juin à Paris, se référant aux violences constatées le 14 juin. Les organisations syndicales ont déjoué la manœuvre. Voir leur communiqué de presse publié le 22 juin : Communiqué CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL
Jack Dion a fait sur Facebook le constat suivant, à l'issue de la manifestation :
« ll n'y a eu aucun incident durant la manifestation parisienne contre la Loi Travail. On peut en tirer deux leçons : 1) Lorsque le pouvoir le veut et s'en donne les moyens, il peut assurer la sécurité d'une manifestation, même si l'on ne peut se satisfaire de la méthode adoptée en la circonstance. 2) Les syndicalistes et les manifestants n'ont rien à voir avec les casseurs, contrairement à ce que nous serinent Manuel Valls et ses janissaires pour faire passer en force un projet de loi massivement rejeté. Espérons que chacun saura en tirer la leçon ».
Voir aussi les commentaires de Jean-Luc Mélenchon sur son site : VIDÉO - Manifestation du 23 juin contre la loi El Khomri
Cet article est le 134ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie