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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

En Espagne, les institutions sont confrontées au souverainisme catalan

 

Après les élections catalanes du 21 décembre, la recherche de solutions

Le 1er octobre 2017, le gouvernement catalan était allé au bout de son engagement électoral de 2015 en organisant un Référendum sur l'indépendance en Catalogne (Voir Le Monde, 1er octobre 2017). De son côté, l’État espagnol avait tout fait pour empêcher ce référendum, se prévalant de la légalité. La proclamation de l’indépendance par le parlement catalan avait été jugée illégale et les leaders souverainistes traduits devant la justice (ils ont été emprisonnés ou se sont exilés à Bruxelles).

De nouvelles élections étaient organisées le 21 décembre 2017 par l’État espagnol sur le territoire catalan afin de permettre à la Catalogne de désigner ses représentants légaux (voir le Statut d'autonomie de la Catalogne de 2006). Des précisions sont apportées sur le site Wikipédia concernant les Élections au Parlement de Catalogne de 2017.

Les résultats (non définitifs) annoncés en soirée le 21 décembre - et commentés sur Facebook par Olivier Delorme - indiquaient une très forte participation électorale (presque 82 %, soit près de 7 % de plus qu’en 2015 et, pourtant, ce n’était pas un jour férié) et la reconduction de la majorité souverainiste en sièges (sans avoir la majorité absolue en voix, cet écart étant dû au système électoral qui est favorable aux zones rurales Lérida et Gérona, à forte majorité indépendantiste, plus de 60 %, au détriment des secteurs plus urbanisés de Barcelona et Tarragona où les résultats des indépendantistes sont plus faibles, surtout à Barcelone).

Les rapports de forces indépendantistes-non indépendantistes ne changent pas ( 47,5 % pour les indépendantistes, 43,3 % pour les anti-indépendantistes (Ciudadanos, socialistes et PP) et 7,4 % pour le Podemos catalan et ses alliés, dont la maire de Barcelone, qui sont en baisse, pris entre deux feux car sur une position de compromis, souhaitant l’organisation d’un référendum initié par l’État espagnol) mais il y a d’importants transferts de voix à l’intérieur de chaque camp.

Ce qui est le plus marquant est l’effondrement du parti majoritaire en Espagne, le parti populaire (droite conservatrice), qui perd la moitié de ses voix et les deux tiers de ses députés (de 11 à 4). En fait, c’est le jeune parti de la droite moderniste et libérale catalane, très anti-indépendantiste, Ciudadanos, qui tire les marrons du feu (+ 11 députés) et obtient le plus grand nombre de voix et de sièges.

Chez les partisans de l’indépendance catalane, le résultat de la CUP (gauche radicale) baisse de près de 4 % en raison, probablement, de son intransigeance indépendantiste, alors que les deux principales coalitions (Ensemble pour la Catalogne Junts et la gauche républicaine ERC), plus portées au compromis, sont presque à égalité en voix et en sièges, faisant plus séparément en voix (+ 3,5%) que sur une seule liste en 2015. A noter la très forte progression de ERC et sa déception car les sondages lui donnaient la première place des trois listes indépendantistes.

Il est très excessif d’affirmer que les non-indépendantistes sont majoritaires en voix car c’est ajouter des partis rivaux (PP, Ciudadanos, PSOE) d’une part et interpréter la position nuancée de Podemos et de ses alliés, qui pourraient jouer un rôle dans la formation d’une majorité avec les indépendantistes au sein du nouveau parlement catalan, d'autre part.

En conclusion, ces élections confirment la profonde division de l’électorat catalan, au sein duquel la question de l’indépendance prend le dessus sur les clivages politiques espagnols qui sont eux-mêmes en pleine mutation depuis quelques années (la droite conservatrice PP, remise en question par la droite moderniste libérale de Ciudadanos d’une part et la gauche socialiste PSOE remise en cause par Podemos d’autre part). Au laboratoire espagnol s’ajoute le laboratoire catalan et qui sait ce qui sortira du bouillonnement politique en cours ?

Ce qui est certain, c’est que le chef du gouvernement espagnol a échoué dans sa tentative de déloger les souverainistes catalans. Ils sont en exil ou en prison mais les électeurs continuent de leur faire confiance pour les représenter au parlement catalan. Certes, le calme est revenu, ce qui était son objectif premier mais cela ne peut durer si une solution politique n’est pas trouvée assez rapidement. Que fera le Premier ministre Rajoy ? Peut-il se hisser à la hauteur de l’enjeu politique ?

De nouvelles élections générales permettraient au futur chef du gouvernement de rétablir le dialogue entre l’État et la Catalogne. A défaut, le roi pourrait intervenir pour débloquer la situation politique catalane, en suggérant aux principaux partis d’entrer dans une démarche de réactualisation des équilibres institutionnels issus de la période qui a suivi la dictature franquiste, il y a quarante ans. Voir la Constitution espagnole de 1978.

Le laboratoire espagnol pourrait apporter des innovations politiques qui seraient bienvenues. En tirant le meilleur de ce que produit le laboratoire catalan. Sinon, le risque est grand pour Felipe VI de voir l’État espagnol et la monarchie se déliter.

Documentation utile :

- Arte, 18 décembre 2017 (visible deux mois) : Catalogne : l'Espagne au bord de la crise de nerfs

- Le Monde, 21 décembre  Elections en Catalogne - Le Monde

- France Info Elections en Catalogne : quatre questions après la victoire des indépendantistes

Cet article est le 3040ème sur le blog MRC 53 - le 64ème dans la catégorie Etats Union européenne

Paysage espagnol (oliviers, Andalousie)

Paysage espagnol (oliviers, Andalousie)

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