Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Au congrès, continuer le MRC en mettant des nouveaux aux responsabilités
Membre du Conseil national, Alain Gély, signataire de la motion Hutin (motion 2), est engagé sans discontinuer depuis 1975 dans la filière chevènementiste (CERES, Socialisme et République, Mouvement des Citoyens, Pôle Républicain, Mouvement Républicain et Citoyen. Il a aussi de nombreux engagements par ailleurs, associatifs et syndicaux.
Il a souvent écrit ses positions politiques, ce qui aide à la compréhension de ses choix actuels dans le cadre du congrès. Voir précédents articles : Alain Gély et le nouveau CNR (Réseau CiViQ, 27 mai 2014) et Alain Gély confirme que Jean-Luc Mélenchon n'est pas un rassembleur (MRC 53, 13 mai 2013).
Voici le texte qu’il m’a adressé le 21 octobre, dans lequel il fait le bilan des trois années du mandat de Jean-Luc Laurent depuis le congrès de juin 2015.
Contribution à un bilan du MRC... tourné vers l'avenir !
Sauf erreur de ma part, il n'y a pas eu de vrai bilan de l'action de la direction du MRC depuis le dernier congrès. Je propose quelques réflexions, à titre de contribution à un « bilan tourné vers l'avenir », et en prenant un peu de recul historique.
Même si nous le sommes tous, peu ou prou, les camarades qui dirigent le MRC – et en premier lieu le président et le porte-parole qui a été, ou failli être, notre candidat à l'élection présidentielle – sont, par définition, les principaux responsables de la situation présente. Sont-ils les mieux placés pour en tirer des enseignement pertinents ? On peut en douter. Ils sont responsables, disons, pour le meilleur et pour le pire.
Le meilleur :
- avoir participé à la survie du MDC puis du MRC, en position de direction ou en position minoritaire (quand Georges Sarre le dirigeait) ;
- avoir conservé ou établi des relations avec des militants ou dirigeants politiques qui ne nous avaient pas suivis aux moments décisifs ou qui nous ont même combattus sans vergogne (1981-83, 1992-1993, 2001-2002...) mais qui semblent pouvoir tirer désormais des conclusions analogues aux nôtres ;
- avoir ainsi créé les conditions pour qu'ils adhèrent au MRC s'ils sont d'accord sur sa ligne politique, ce qui les éloignerait de quelques errements européistes, « pseudo-écologiques » ou bien peu laïques (Hamon, Jadot, une partie de LFI...) ;
- (si, pour des raisons qui n'ont pas été explicitées, cette adhésion ne leur avait pas été proposée ou n'était pas possible) : avoir jeté les bases d'une association qui peut déboucher sur un nouveau mouvement politique dans les années qui viennent, à l'occasion d'une crise ouverte très grave et/ou d'une élection majeure (présidentielle ou législative, éventuellement anticipées) ; à condition, bien sûr, que la double appartenance avec le MRC reste possible pendant une période intermédiaire qui peut être longue.
Le pire :
- la gestion politique du MRC depuis le dernier congrès qui nous a conduits au bord de l'abîme ; c'est du moins le « diagnostic sans analyse » de la direction sortante ;
- la pitoyable tentative de participer aux primaires du PS avec le résultat que l'on sait, qui ne rend guère crédible la direction actuelle pour de futures négociations électorales ;
- le départ de nombreux militants, notamment jeunes (il en reste, heureusement, et ils figurent parmi les principaux responsables de notre motion !)
- la fermeture, le rejet de toute ouverture à des républicains qui ne peuvent ou ne veulent pas se reconnaître dans la « gauche réellement existante ». Non !... évidemment et heureusement, les intellectuels et autres citoyens qui ne se reconnaissent pas dans ce qu'est devenue la gauche politique ne sont pas perdus pour la République sociale et laïque ! Le croire, ce serait douter dramatiquement de la justesse de nos analyses et de notre capacité de conviction...
- la tentative de saborder le MRC en annonçant la création d'une nouvelle formation politique (JLL et BF ont parlé à l'extérieur d'un « nouveau parti ») dès avant l'élection européenne, tentant de créer un fait accompli à la veille d'un congrès du MRC, ce qui revient à nier le caractère souverain de ce congrès et à se comporter comme les directions des partis communistes d'époques parmi les moins glorieuses ;
- il y a même des dérives inquiétantes du simple point de vue de la démocratie et de la fraternité quand on voit un des principaux signataires de la motion de la direction sortante annoncer au Conseil national que « cela va saigner » au congrès et que sa principale motivation pour conserver une majorité est d'empêcher ceux qu'il considère comme des adversaires (irréconciliables ?), de devenir majoritaires... le tout pour pouvoir entraîner avec lui le maximum de camarades vers un autre parti ! Ce camarade, qui n'a pas été démenti par les autres principaux signataires de sa motion, a oublié de préciser ce qu'il ferait si sa motion n'était pas majoritaire : partir avec « les clés » au nom d'une légitimité désormais caduque ? Ou accepter d'être minoritaire, ce qui n'a en soi rien d'anormal dans une organisation démocratique. Si toutefois elle l'est encore !
On peut comprendre que des camarades qui se sont battus depuis des dizaines d'années dans un contexte hostile soient découragés. Que le moindre ver luisant leur apparaisse comme la sortie du tunnel... Mais, après tant d'erreurs, peuvent-ils être si sûrs d'eux ? Ils devraient prendre le temps de réfléchir, dans le cadre de l'association que nous sommes d'accord pour créer. Ne pas se précipiter sur une planche « de salut » sans s'être assurés qu'elle n'était pas pourrie comme les précédentes !
Une chose est à peu près sûre : l'élection européenne n'est pas le moment idoine. Elle vient trop tôt et n'est pas, n'a jamais été, structurante pour la vie politique en France. Après tout, il ne s'agit que de déléguer entre zéro et deux personnes dans une assemblée qui n'a pas vraiment de pouvoir législatif. Et la décision de nous associer, ou non, à une autre liste semble dépendre totalement d'une volonté extérieure au MRC qui ne nous veut pas forcément du bien...
Témoins, voire légataires, d'un courant politique ancien de quelque 50 ans, mais pas découragés pour autant car tournés vers l'avenir, on ne peut troquer notre « droit d'aînesse » pour un plat de lentilles, c'est-à-dire un strapontin (virtuel !)
Pour ma part, s'il y a un quitus politique à voter pour la direction sortante, il ne serait pas cohérent de ma part de le voter. Je souhaite en effet que le MRC continue, en conservant en son sein, malgré leurs échecs patents, les camarades qui ont assuré la direction dans des conditions difficiles. Mais pas pour qu'ils restent en position de brader notre héritage historique qui ne demande qu'à revivre avec d'autres camarades expérimentés mais aussi avec du sang neuf.
Cet article est le 3105 ème sur le blog MRC 53 - le 242ème dans la catégorie MRC national