Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Pour des solutions de régulation permettant des prix du lait rémunérateurs
EMB a été créé au niveau européen parce que c'est là que se prennent les décisions d'orientation de l'agriculture.
Boris Gondouin a été président de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) avant de devenir membre du Comité directeur et responsable Laits équitables à EMB. En avril 2023, il a écrit l'édito European Milk Board.
Comme beaucoup le savent, l’European Milk Board (EMB) a été créé il y a plus que quinze années pour dénoncer la fin des quotas laitiers en Europe. En parallèle, l’EMB se devait de proposer d’autres solutions pour garder une forme ou un système de régulation nécessaire afin d’éviter la surproduction et de garder des prix rémunérateurs (propositions du Programme de Responsabilisation face au Marché).
Selon nous, ces quotas laitiers devaient subir un simple rafraîchissement afin d’améliorer leur efficacité ainsi que l’équité entre les producteurs et productrices de chaque pays européen. L’EMB – nous – a donc réalisé un lobbying sans ménager nos efforts sur les politiques européennes, mais aussi sur nos coopératives, sur les industriels et les syndicats (surtout majoritaires) qui assument, bien sûr, une lourde responsabilité sur ce sujet. Au départ, notre objectif était de travailler sur et avec nos politiques, et c’est ce que nous faisons encore aujourd’hui.
Seulement, le libéralisme qui règne depuis des décennies chez beaucoup de nos bien penseurs ne fait guère évoluer nos idées qui, pour nous, sont essentielles afin qu’à l’avenir un maximum de producteurs et productrices puissent vivre décemment de leur métier et être présents sur tous les territoires européens en vue de fournir des laits de qualités aux consommateurs et de préserver honorablement l’environnement.
Très rapidement à l’EMB, et dès le début des mouvements, nous avons amorcé des discussions et combats avec beaucoup de nos détracteurs et avons développé dans divers pays le concept du Lait équitable. Pour faire simple, notre but était de lier un maximum d’éleveurs au concept équitable nord-nord afin d’avoir un maximum de produits laitiers qui se vendent à un prix rémunérateur pour le producteur dans chaque magasin, pays par pays.
Nous sommes producteurs depuis des décennies et nous pouvons faire le constat négatif qu’en termes de rémunération, les choses se sont sérieusement dégradées. Je parle bien de rémunération et non pas de chiffre d’affaire. Il serait bon que beaucoup de mes collègues éleveurs en prennent note ! J’insiste, car c’est absolument vital et c’est même la base de tout !
Le but, donc, du concept du Lait équitable est de reprendre la main sur la plus-value que l’on nous perçoit ou que l’on nous vole depuis bien trop longtemps. En bref, nous devons redevenir des paysans. Celui qui produit et qui vend. De cette façon, notre pouvoir et notre force se multiplieront à l’infini, surtout lorsque nous adhérons au même concept, aux mêmes prix, à la même marque, et cela au niveau national. Bref, du circuit court à l’échelle nationale !
Mais attention, car pour garantir une pérennité, de la durabilité et surtout de l’équité, cette marque doit appartenir à ce même paysan. Sinon, nous reviendrons à ce que nous avons connu avec nos gros groupes coopératifs et leurs maudites filières privées, ou pire encore, comme nous le connaissons en France, un petit malin « businessman » qui s’est approprié notre concept en signant quelques contrats avec des agriculteurs qui, comme beaucoup, sont en demande de plus-value mais pour lesquels au fil du temps, nous voyons bien que ce sont des intermédiaires supplémentaires qui ne cherchent qu’à faire fructifier leurs filières et leurs business. Mais ça, nous savons bien que ça ne fonctionne pas, et encore moins pour le paysan !
La marque doit appartenir au paysan pour qu’il se responsabilise, qu’il la sente, qu’il la vive et qu’il la sente vibrer, qu’il en fasse la promotion où qu’il soit, sans qu’il s’en aperçoive. C’est ce que vivent déjà les centaines d’éleveurs qui ont créé leur Lait équitable, mais nous aimerions dès à présent passer aux crans supérieurs en multipliant le nombre d’adhérents par cent, par mille, ou même par le nombre d’agriculteurs, et plus encore !
Lorsque l’agriculteur adhère au concept du Lait équitable, c’est comme s’il devenait autonome sur son exploitation. Ainsi, il ne devient plus la cinquième roue du carrosse quand il s’agit d’essayer de valoriser son propre produit.
La régulation de la production dans toute l’Europe avec une bonne répartition des litrages produits par pays et par paysan, et adhésion massive aux Laits équitables de son pays : voilà deux clefs importantes pour que demain, nous puissions voir des jeunes s’installer en masse et enfin voir des producteurs de laits heureux de l’être.
Sur le plan du renforcement du pouvoir de l’agriculteur – et ce n’est pas peu dire qu’hélas aujourd’hui, il est quasiment nul – être un adhérent actif aux Laits équitables permet à celui-ci non seulement de récupérer de la plus-value sur son lait et donc de l’autonomie financière, mais également de pouvoir rencontrer un grand nombre de consommateurs lors d’animations dans les magasins ou lors des foires. Ces rencontres lui permettent de pouvoir expliquer les problèmes auxquels les producteurs laitiers sont confrontés, mais aussi de présenter les solutions avec tous les enjeux (économiques, environnementaux, de santé publique, etc….) que son métier d’agriculteur peut rencontrer. Cela permet de faire comprendre à l’opinion publique et aux politiques l’importance de bien traiter les agriculteurs et agricultrices.
Il est certain que pour une organisation comme l’EMB, avoir un grand nombre d’agriculteurs qui adhèrent à nos Laits équitables redonne une vivacité morale, économique, une certaine notoriété, et ouvre des portes que nous n’estimions même pas franchissables, comme le fait d’entrer en discussion avec ceux qui nous gouvernent, ceux qui transforment et ceux qui vendent nos produits. Œuvrer et avancer avec le Lait équitable, c’est pouvoir bousculer la politique, réinventer un modèle plus juste de commercialisation gagnant-gagnant entre producteurs, transformateurs, vendeurs et consommateurs.
Nous ne sommes pas inconscients, nous savons juste que cela fonctionne aujourd’hui dans certains pays où des agriculteurs motivés se sont repris en main. Je n’ai qu’une chose à dire et à redire : il faut créer le concept du Lait équitable dans tous les pays afin que nous puissions être plus forts tous ensemble pour que demain le monde du commerce soit plus juste. À l’EMB, nous représentons le lait, mais d’autres organisations peuvent nous emboîter le pas et reprendre ce concept dans d’autres domaines.
Allez, on en parle aux voisins, on y réfléchit, et on se lance ! Les premiers agriculteurs qui se sont lancés dans cette magnifique aventure vous attendent et peuvent vous aider.
Cet article est le 3280 ème sur le blog MRC 53 - le 474ème, catégorie AGRICULTURE et PAC