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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

MARS séance du 21 mars 2023 sur la forte hausse du revenu agricole

Incidence notable de la hausse des prix agricoles sur les revenus


 

La séance du 21 mars 2023 du Mouvement Agricole Rural et Solidaire visait à répondre à cette question :

La forte augmentation du revenu agricole est-elle durable ?

 

Voir l'INSEE concernant Le compte prévisionnel de l'agriculture pour 2022.

 

Lucien Bourgeois, ancien responsable des études économiques pour les Chambres d'agriculture (APCA), et Maurice Desriers, ancien responsable du RICA (statistiques d'informations comptables) au ministère de l'agriculture, présentaient les documents.

Télécharger la présentation en cliquant ici

 

La synthèse (compte rendu) était effectuée par Jeau-Claude Guesdon qui, comme Lucien et Maurice, est membre du collectif d'animation de MARS.

Revenu agricole en hausse
 

La forte augmentation du revenu agricole est-elle durable ?

Le débat sur le revenu agricole en 2021 et 2022 a été introduit par Lucien Bourgeois et Maurice Desriers, deux membres du collectif de MARS au long passé professionnel dans le suivi de cette question des revenus agricoles, au titre de leur activité aux Chambres d’Agriculture pour l’un, au Ministère de l’Agriculture pour l’autre.

La présentation des intervenants

 

Il faut distinguer le revenu agricole (de l’activité de production) du revenu des agriculteurs (qui peut comprendre d’autres revenus comme des fermages versés par une société d’exploitation dont il est membre à l’agriculteur propriétaire des terres) et du revenu du ménage (les salaires d’un membre, des loyers de biens familiaux…).

Deux grandes méthodes sont mises en œuvre pour approcher le revenu agricole :

  • Des sources macro-économiques tirés de la comptabilité nationale

  • Des sources micro-économiques : RICA en particulier

Nos intervenants se sont appuyés sur des approches combinées pour établir les constats qu’ils nous livrent.

Alors que les prix agricoles ont très fortement augmenté ces années 2021 et 2022, la tendance pour le revenu était déjà à la hausse depuis les années 2010. En dépit de ces tendances, entre 2017 et 2021, les concours publics à l’agriculture ont augmenté de 2,2 milliards. Les aides calamités et allégement des charges ont augmenté de 1,6 milliard d’euros en 4 ans pour atteindre 5,3 milliards d’€ en 2021. Parmi elles les aides au gazole se chiffrent à 1,2 milliard d’euros en 2021.

 

En 2022, tous les produits agricoles ont connu de fortes hausses, dont les céréales 42%, les viandes bovines 30%, le lait 36%, le porc 37%, la volaille 44% ; les œufs 88%. En parallèle, on a pu constater une hausse de 14% des prix des produits alimentaires.

La valeur ajoutée brute de la ferme France est ainsi passée de 32 à 43 milliards d’€ et le résultat net par actif agricole non salarié a augmenté de 36 % en valeur réelle en 2022, après la hausse de 28 % en 2021.

La diminution du nombre d’exploitations et d’actifs agricoles continuant, la hausse du revenu moyen en germe depuis 2010, a ainsi doublé en 10 ans en monnaie constante, c’est-à-dire corrigé de l’inflation. Ce n’est plus du rattrapage ou c’est plus que du rattrapage !

 

Alors que, par le passé la hausse du revenu agricole moyen s’expliquait souvent par la baisse du nombre d’exploitations ou d’actifs (traduisant en fait l’agrandissement des fermes), depuis une dizaine d’années, la masse globale du revenu dégagé par l’activité de production agricole augmente en termes réels et le revenu moyen augmenterait aussi sans diminution du nombre d’actifs.

 

Cette forte augmentation du revenu agricole des 2 dernières années (2021 et 2022) est imputable aux prix et à la restructuration. Elle est bien évidemment très inégalement répartie et cette forte revalorisation n’annonce évidemment en rien une tendance durable. En revanche, les signes avant-coureurs étaient déjà là les années précédentes. Le contexte exceptionnel de forte revalorisation des prix agricoles en 2021 et surtout en 2022 avec la guerre en Ukraine, en est le facteur explicatif majeur.

 

Bien entendu, ont développé les intervenants, la forte hausse des charges en limite les répercussions sur le revenu, notamment pour le secteur des productions animales pour qui les hausses des céréales engagées des 2021 et renforcées en 2022, se sont traduites immédiatement par une forte hausse des aliments du bétail et donc des coûts de production. Pour les productions végétales, les hausses du coût de l’énergie et des engrais sont pour l’essentiel des surcoûts à venir. Et ils interviennent sur une part du coût de production beaucoup plus faible qu’en production animale où le surcoût a été immédiat de surcroît.

 

L’impact de telles hausses de prix des produits sur la valeur ajoutée du secteur et sur le revenu agricole a été brutal et rarement enregistré à ce niveau. Démonstration est faite de l’efficacité des niveaux de prix sur le niveau des revenus moyens ! Cela démontre encore une fois l’inutilité et même l’aspect nuisible du maintien des soutiens publics découplés de la réalité du marché. Reste, évidemment, l’inégalité du partage entre les agriculteurs et les agricultures de ce formidable revenu agricole moyen des deux dernières années.

 

L’importance du capital investi reste une autre spécificité et une difficulté propre au secteur. Elle rend difficile l’arrivée de nouveaux entrants : 500 000 euros de capital permanent dont 330 000 euros en fonds propre sont en moyenne mis en œuvre pour 277 000 euros de production (équivalent au chiffre d’affaires).

 

La volatilité des prix et la sensibilité des revenus à ces derniers, tout comme leur grande disparité en fonction des OTEX, mais aussi et surtout en fonction de la taille des exploitations, doit conduire à nuancer ce tableau de la hausse du revenu agricole.

 

Sans préjuger de la pérennité de ces tendances et sans oublier les fortes disparités de situations entre les productions, ou les difficultés individuelles, les intervenants s’interrogent sur l’absence de communication sur les bons résultats récents de l’agriculture. Les données les plus récentes de comparaison des revenu des agriculteurs avec les autres catégories sociales font état d’une certaine parité. L’examen des principaux indicateurs de pauvreté par catégories professionnelles corrobore ces résultats en montrant que la situation des agriculteurs exploitants est plutôt meilleure que la moyenne des autres catégories socioprofessionnelles. De même que le niveau du patrimoine personnel est particulièrement élevé, y compris par rapport aux artisans.

 

Cet article est le 3278 ème sur le blog MRC 53 - le 473ème, catégorie AGRICULTURE et PAC

Lucien Bourgeois, le 7 novembre 2011, lors du colloque de la Fondation Res Publica sur l'agriculture

Lucien Bourgeois, le 7 novembre 2011, lors du colloque de la Fondation Res Publica sur l'agriculture

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