Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Le Collectif cherche à inventer d'autres modes d'action et de résistance
Voici le texte qui est sorti de l'Assemblée générale.
Nous sommes dans une situation de mobilisation et de prise de conscience inespérée il y a 2 mois. L'ensemble de la population se remobilise et se repolitise, non seulement par rapport à la réforme des retraites mais par rapport à la remise en cause des institutions.
Cet immense mouvement social en cours donne une dimension nouvelle à notre action. Il marque le refus déterminé d’une évolution mortifère par les 3/4 des Français : toujours plus de profits et d’injustice sociale, toujours moins de libertés, de services publics et de solidarité. L'enjeu n'est pas seulement celui des retraites, mais celui de la mort de la démocratie et de l'État de droit en France et simultanément dans de nombreux pays.
Le gouvernement réagit par un déchaînement de violence à la poursuite de la mobilisation sociale et à la mobilisation écologique du week-end dernier. Cela fait tomber les illusions. Les masques tombent, le champ politique se clarifie. Tous prennent conscience du caractère illégitime de l’action du pouvoir, qui utilise la violence d'État, non pour l'intérêt général, mais pour défendre les intérêts des multinationales et des banques.
Les dirigeants savent très bien ce qu'il faudrait faire en matière sociale, politique et écologique, mais ils continuent à détruire, à imposer la destruction des services publics et de la solidarité, à réprimer le mouvement collectif. Les Français, dans leur grande majorité, savent maintenant très bien que si les dirigeants agissent ainsi ce n'est pas parce qu’ils seraient mal informés, et qu'il suffirait de les alerter pour qu'ils « prennent conscience » de l'intérêt général. Ils sont parfaitement conscients des conséquences de l'inaction climatique, mais aucun ne veut être le premier à renoncer à une situation lui procure tant d’avantages.
Ces agissements expriment la radicalisation du capitalisme financier, au moment où les signes de ruptures majeures se multiplient avec les bouleversements géopolitiques, l'accélération du changement climatique, la reprise de l'inflation et peut-être demain une crise financière ou la guerre. Les classes possédantes sont fermement décidées à maintenir leurs fonctionnement par tous les moyens. Le job des financiers n'est pas de produire l'intérêt général mais de maintenir le taux de profit des capitaux dont ils ont la charge, quoiqu'il en coûte humainement (« on ne pourra pas sauver tout le monde, chacun est responsable de lui-même »).
Quelle stratégie faut-il développer face à un tel pouvoir ? Nous voilà revenus au dilemme de Nelson Mandela face à la violence. Faut-il aller vers la confrontation directe, au prix de blessés graves et demain de morts ? Le rapport de force physique paraît terriblement déséquilibré avec un système qui radicalise la répression de façon abjecte et ne recule devant rien. Ce n'est pas en répondant directement par la violence, en attaquant frontalement la police dans les manifestations qu'on pourra gagner : le gouvernement utilise la peur pour isoler les plus résolus. Ce n'est pas non plus en se contentant de manifester pacifiquement jour après jour. Le gouvernement y reste sourd et mise sur notre épuisement pour institutionnaliser l’injustice
Il est essentiel d'obtenir une victoire contre le report de l'âge légal de la retraite, malgré la grande violence des forces gouvernementales. En cas d'abandon de la réforme, la mobilisation va continuer à la fois sur le plan politique et syndical. Si en définitive le pouvoir réussit à imposer la réforme, le sentiment d'impuissance va grandir.
Mais dans un cas comme dans l'autre il est nécessaire d’inventer d'autres modes d'action, de résistance et d'espoir, de dépasser les formes antérieures de mobilisation. Trois idées forces ressortent du débat :
- l'union est essentielle, en mettant l'action commune au-dessus de l'affirmation de nos différences ;
- il faut multiplier les collectifs locaux, sous de multiples formes, faire converger les luttes, les solidarités et les actions minuscules sur le terrain porteuses d'autonomie. Cela est complémentaire de la poursuite des mobilisations nationales.
- il est nécessaire de développer l’autonomie, en perspective de la situation à venir, tant pour boucler la fin du mois que pour conjurer la fin du monde.
Tout en poursuivant son action vis-à-vis des CAF, notre collectif "Changer de cap" peut modestement contribuer à inventer ces nouvelles formes d'action au cours des mois qui viennent. Nous avons en effet développé depuis 4 ans des axes de travail qui constituent des pistes pour une action diversifiée.
- Nous sommes nés de la mobilisation des gilets jaunes et des marches pour le climat, avec des sensibilités différentes, sur la base des principes qui sont dans notre charte. Nous avons travaillé dès le départ à réunir des gens divers, et dans notre ADN il y a ce rapprochement pour travailler ensemble.
- L'utilisation de l’arme juridique et des règles d'un État de droit est essentielle pour fixer des limites à l'action illégale et discriminatoire des pouvoirs publics, provisoirement aux mains d'usurpateurs du bien commun. C'est ce que nous faisons vis-à-vis des CAF.
- Nous avions décidé en août dernier de favoriser la multiplication des collectifs locaux : syndicats d'habitants, d'allocataires, groupes d'entraide, actions porteuses d’alternatives, etc. Cela est encore plus important aujourd'hui.
- Le mouvement social qui s'est développé constitue une formidable école d'éducation populaire et d’espoir. Il a montré la force d'une autre vision du monde et de la société, déjà présente à travers les mobilisations et la multiplicité des actions de terrain. Nous devons multiplier les forums, les échanges, la circulation des analyses et des propositions, comme nous l'avions fait au moment de la mobilisation des gilets jaunes, puis à la sortie du confinement, quand tous se projetaient dans « le jour d'après ».
Cet article est le 3261 ème sur le blog MRC 53 - le 100ème sur ce blog dans la catégorie Les retraites