Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Pierrick Berthou, éleveur laitier à Quimperlé, aimerait fédérer par l'eau

Des réflexions originales sur la façon d'aborder la question de l'eau

 

Pierrick Berthou, éleveur laitier à Quimperlé (Finistère Sud), s'était fait connaître en lançant cet appel en septembre 2016 : Pierrick Berthou, éleveur laitier (29) : il faut sauver les paysans.

En avril 2023, l'hebdomadaire Marianne publiait sa tribune libre sur la gestion de l'eau.
En mai 2023, Christophe Violette rapportait ses propos iconoclastes sur l'eau dans un article de Ouest-France (30 mai, édition papier).

 

Les agriculteurs façonnent nos paysages et réfléchissent au futur. C’est le cas de Pierrick Berthou, éleveur laitier à Quimperlé (Finistère), dont les contributions sur l’eau et les sécheresses sont passionnantes, voire inattendues.

 

Pierrick Berthou, 59 ans, est éleveur laitier à Poulfang, à Quimperlé (Finistère), juste à l’orée de la forêt de Carnoët, bien arrosée. Les pluies de printemps, très abondantes, que reçoit cette pointe de Bretagne ne viennent pas de l’océan.  Un tiers seulement. Les deux-tiers de la pluie viennent de la végétation et du sol, grâce à l’évaporation et l’évapotranspiration , corrige Pierrick Berthou, s’appuyant sur les recherches de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Inrae).

 

 C’est bien la végétation qui fait le climat. Et pas l’inverse. C’est parce qu’il n’y a pas de végétation dans le désert qu’il n’y pleut pas. De même, c’est parce qu’il y a une végétation exubérante qu’il pleut quasi constamment dans les forêts tropicales ! ».

 

"L'eau n'est jamais perdue"

 

Pierrick Berthou a repris la ferme de ses parents et grands-parents. Conventionnel, il bascule en bio en 2009, un élevage de 120 vaches et génisses sur 90 hectares, certifié lait de foin :  Elles pâturent au maximum. Et mangent, l’hiver, le foin de nos prairies. 

 

La sécheresse de l’été 2022 et les commentaires qui l’ont accompagnée l’ont beaucoup agacé. Pierrick Berthou a réfléchi et sorti sa calculette. "Ici, à Quimperlé, 12 000 habitants sur 3 173 hectares, nous recevons 7 m3 d'eau de pluie par jour et par habitant. Combien en utilisons-nous, pour tous nos usages communs ? 180 litres par jour et par habitant... Ce qui veut dire seulement 2,45% des eaux de pluie, notre bien commun..."

 

Alors, les débats sur les économies d'eau, claironnés sur tous les tons, l'ont révolté. De quoi susciter ses contributions et ses tribunes remarquées, dans de nombreuses publications, dont l'hebdomadaire Marianne.

 

"L'eau est gaspillée", estime-t-il. Primo, l'eau "n'est pas une ressource", rappelle-t-il. Mais "un bien commun" et, surtout, un cycle permanent. "On ne consomme pas l'eau, on l'utilise et on la restitue, en permanence. Ce sont ces cycles de l'eau qu'il faut préserver". Comment ? "Grâce à la végétation. En replantant les haies, en rétablissant fossés et talus." En choisissant mieux les cultures de céréales ou de maïs. "On le voit bien dans la Beauce et la Brie, les cycles de l'eau y sont cassés."

 

Les bassines, si controversées ces derniers temps ? "Un pansement sur une plaie infectée. Cela ne sert à rien, sauf à une agriculture élitiste." Non, le véritable enjeu, à ses yeux, "c'est l'agroforesterie. Les haies, les talus, les mares et les bassins de rétention. Les zones humides à rétablir." Partout où l'on peut freiner ces chasses d'une eau si précieuse. "Y compris en ville", avec ses immenses surfaces artificialisées. "On a tout busé et drainé depuis des dizaines d'années, c'est ce qui nous fait perdre l'eau."

 

"Arrêtons la culpabilisation"

 

Mais n'est-il pas trop tard ? "Non,, sûrement pas !" réfute-t-il. Expliquant que l'eau s'évapore dès 10 °C, "Les retenues d'eau en perdent beaucoup par évaporation ? Et alors , Quel problème ? Elle nous revient sous forme de pluie, elle n'est jamais perdue." Les appels à des politiques d'économie d'eau, du moins dans nos régions, lui semblent "désastreux". Même si la sécheresse est d'ores et déjà de nouveau à l'oeuvre dans les régions du sud de l'Europe.

 

C'est le contraire qu'il faut faire : "Laissons l'eau couler sans entraves. Et arrêtons d'agresser l'agriculture [en lui faisant le procès de nuire à l'environnement, NDLR]. Il n'y a rien de moins naturel que les haies et les talus. Ils ont été conçus et dessinés par l'homme", rappelle-t-il.

 

C'est à une agriculture de "restauration qu'appelle Pierrick Berthou. Sortons du catastrophisme ambiant, de la dénonciation et de la culpabilisation. Remettons la science au centre des débats. L'eau, vitale, peut fédérer tout le monde. Mais sûrement pas avec la menace de la peur..."


 

Cet article est le 3304 ème sur le blog MRC 53 - le 88ème, cat. Climat énergies environnement

Photo de Pierrick Berthou dans Ouest-France, 30 mai 2023

Photo de Pierrick Berthou dans Ouest-France, 30 mai 2023

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article