Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Premier Mercredi pour la Paix en Palestine, animé par Jean-Luc Bansard
Le 15 novembre, au Théâtre Jean Macé (théâtre du Tiroir) à Laval, nous étions invités par Jean-Luc Bansard à une conférence, suivie d'un débat, portant sur l'histoire entre Israël et la Palestine. Voir Ouest-France Israël-Palestine : des rencontres pour la paix chaque mercredi dans ce théâtre de Laval.
Dans un premier temps, Jean-Luc Bansard donnait la parole à Ibrahim Awad, un palestinien de Gaza, qui a témoigné de la vie de sa famille à Gaza. Voir Ouest-France, 21 novembre, Marie Provot : Guerre Israël-Hamas. « Ma famille vit une période que jamais un Palestinien n'a vécue.
La parole a été donnée ensuite à Vincent Rebérioux, membre du Bureau national de la Ligue des Droits de l'Homme, qui a développé deux points : rappel historique (Israël et Palestine) et enjeux actuels.
1- Rappel historique
La Palestine mandataire (Palestine sous mandat britannique) a existé (1920-1948) à l'initiative de la Société des Nations. On parle d'Etat Palestine (Cisjordanie, Gaza, Jérusalem Est) depuis la création de l'Etat Israël en 1948, le seul Etat construit par la volonté internationale.
L'antisémitisme était à son apogée dans la première moitié du XXème siècle. Les juifs sont persécutés, le paroxysme étant atteint avec la Shoah. En 1947, la question nationale se pose partout en Europe. L'empire ottoman s'écroule. Le sionisme fait débat parmi les juifs. Le Foyer national juif (religieux) et les sionistes poussent à la création d'un Etat juif en Palestine. La Grande-Bretagne fait des promesses aux juifs et aux arabes. Les tensions avec les juifs incitent les britanniques, en 1947, à poser le problème palestinien devant l'ONU.
Le 14 mai 1948, l'Etat d'Israël est proclamé. Les pays arabes voisins refusent cette situation. Ils lui déclarent la guerre, mais la perdent. 800 000 palestiniens sont chassés de leurs terres (la Nakba, la grande catastrophe). Une agence de l'ONU prend en charge les réfugiés, qui emportent la "clé", symboliquement. Les réfugiés le sont encore, et l'agence de l'ONU continue de les aider.
Les palestiniens ont créé l'OLP (Organisation pour la Libération de la Palestine), organisation politique et militaire. A partir de 1964, se produit le renouveau de la question palestinienne.
En 1967, la "guerre de 6 jours" oppose Israël et certains pays arabes voisins (Egypte, Jordanie, Syrie), qui ne résistent pas longtemps. Les "territoires occupés" par Israël sont la Bande de Gaza, la péninsule du Sinaï, la Cisjordanie (dont Jérusalem Est) et le plateau du Golan. Il s'ensuit la 2ème vague de 500 000 réfugiés palestiniens. L'ONU vote la résolution 242 qui crée les conditions d'une paix juste et durable, avec deux Etats.
En 1973, la guerre du Kippour marque la capacité d'une coalition militaire menée par l'Egypte et la Syrie à surprendre l'armée israélienne. Mais celle-ci se reprend et des négociations de paix aboutissent à la normalisation des relations entre Israël et l'Egypte (accords de Camp David en 1978).
En 1982, Israël déclenche une invasion du Liban pour contraindre la résistance palestinienne (OLP) à quitter le Liban. Elle fuit en Tunisie. Mais des milices chrétiennes massacrent les palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila, sous le regard bienveillant de l'armée israélienne qui contrôle les lieux.
En 1987, la première Intifada (guerre des pierres) marque le soulèvement spontané des palestiniens dans les territoires occupés par Israël.
Elle s'achève en 1993 par les Accords d'Oslo entre l'OLP (Arafat) et Israël (Rabin), qui acceptent une reconnaissance mutuelle et prévoient, en 5 ans, de régler durablement les questions cruciales. La droite israélienne refuse le dialogue avec les palestiniens. Le Hamas islamique est créé, en opposition à l'OLP, car refusant la reconnaissance de l'Etat israélien. Arafat rentre en Palestine en 1994. La Cisjordanie est divisée en 3, selon le degré de surveillance par Israël.
Le 4 novembre 1995, le Premier ministre Yitzhak Rabin est assassiné par un extrémiste israélien. Des attentats-suicides sont perpétrés par le Hamas. Israël contribue à affaiblir l'Autorité palestinienne.
En 2000, la seconde Intifada est déclenchée par des émeutes palestiniennes dans les territoires occupés. Les mouvements islamistes (Hamas et Jihad islamique) multiplient les attentats-suicides dans les villes israéliennes. La colonisation se développe, la violence des colons ayant le soutien de l'armée israélienne.
Les élections législatives en 2006 donnent la majorité au Hamas dans la bande de Gaza (67 élus sur 136, le Fatah en ayant 46). Des affrontements violents ont lieu entre le Fatah et les mouvements islamistes (Hamas). Le Fatah est exclu de Gaza par le Hamas. Il se cantonne à la Cisjordanie. Israël impose un blocus sur le territoire de Gaza, qui devient une prison à ciel ouvert pour deux millions de palestiniens, soumis à la loi du Hamas.
2- Maintenant (période récente)
C'est la montée du radicalisme et du fondamentalisme religieux des deux côtés avec une absence totale de perspectives.
Une Loi fondamentale adoptée en 2018 définit Israël comme étant le foyer national du peuple juif et prône le développement de l'implantation juive (la colonisation) comme étant l'objectif du peuple juif. Les représentants de la minorité arabe (20 % de la population), qui s'affirment "palestiniens d'Israël", se considèrent désormais comme étant des citoyens de seconde classe.
Cette Loi peut être qualifiée de bascule politique. En Cisjordanie, l'Autorité palestinienne est délégitimée, considérée comme étant l'auxiliaire d'Israël. Les élections n'ont pas été organisées depuis 2006. Les cadres politiques palestiniens sont en prison. La communauté internationale ne parle plus des palestiniens. Les Accords d'Abraham marquent le rapprochement entre Israël et les pays arabes. L'annexion pure et simple de la Palestine est à l'ordre du jour.
Israël est une démocratie. Avant le 7 octobre 2023, il y avait une mobilisation populaire très importante en faveur du refus de voir le judiciaire passer sous la coupe du politique. Cette démocratie se heurte à un double refus : le Hamas refuse la paix et l'extrême droite israélienne refuse les négociations de paix avec les palestiniens. Pourtant, il y a tout dans la résolution de l'ONU en 2007 pour aller vers la paix. Israël a fait 4 guerres pour en finir avec le Hamas mais Israël refuse de voir pourquoi le Hamas prospère.
Le 7 octobre 2023, c'était une affirmation du droit de résister. Les crimes du Hamas donnent lieu à une punition collective des palestiniens par Israël. Tous les israéliens sont en guerre contre le Hamas. Il n'est question que de la force, le droit est oublié. Il faut agir pour la paix. Allons-nous vers une 3ème vague de réfugiés dans des camps ? N'oublions pas que chaque vie compte, il n'y a pas de différence.
En complément, concernant la partie historique, voir (Le Monde, 14 octobre 2023) : Israël-Palestine : un siècle de conflit en cartes et dates-clés.
Cet article est le 3317 ème sur le blog MRC 53 - le 36ème dans la catégorie Proche Moyen Orient