Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Un débat très riche en présence de 200 personnes au Théâtre Jean-Macé
Deuxième "mercredi pour la paix" au Théâtre Jean Macé, après la soirée du 15 novembre (voir, 22 novembre) : Israël-Palestine : l'apport historique de Vincent Rebérioux (LDH) à Laval).
Jean-Luc Bansard présente ses deux invités, Sandrine Mansour et Daniel Levyne.
- Sandrine Mansour est historienne, université de Nantes. Elle conseille les collectivités territoriales françaises qui pratiquent la coopération décentralisée avec la Palestine. Son livre (2013) sur la Palestine, intitulé L'histoire occultée des Palestiniens (1947-1953), est présenté ainsi par l'éditeur.
Ce livre est un événement ! L'auteur, historienne palestinienne, y développe une approche différente et nouvelle des conflits arabo-sionistes, et replace la Catastrophe, traduction française du terme arabe nakba qui évoque le début de l'exode forcé des palestiniens en mai 1948, dans une perspective historique nourrie d'archives nouvellement ouvertes et de textes d'historiens, tant palestiniens qu'israéliens. Sujet d'une immense sensibilité, l'exode violent dont ont été victimes les palestiniens est parfois occulté, souvent minoré. Ce livre entend lui redonner sa place dans l'histoire du XXe siècle.
- Daniel Levyne était enseignant, il est retraité, membre de l'Union juive française pour la paix. C'est lui qui intervient en premier.
La première "montée" juive date de la période 1881-1903. Elle provient de Russie et d'Europe de l'est. Voir (France Culture, Le Cours de l'histoire) : Avant l'État d'Israël, le sionisme et le peuplement de la Palestine.
La Palestine fait partie de l'empire ottoman. La moitié des émigrés de cette première "alya" se maintiendront en Palestine. Le congrès de Bâle, en 1897, à l'initiative du théoricien du sionisme, Theodor Herzl, eut un grand retentissement. Les chefs des empires aux sionistes que les terres de la Palestine appartiennent au peuple ottoman. Et le projet sioniste (un Etat pour les juifs) se heurte à l'hostilité des rabbins, qui sont en attente du messie, pas d'un Etat (extrait France Culture).
Le sionisme est un mouvement politique qui naît à la fin du XIXe siècle, et qui défend l'aspiration à un territoire pour le peuple juif. En 1897, le Premier congrès sioniste se déroule à Bâle sous l'égide de Theodor Herzl. Ce journaliste et écrivain austro-hongrois s’emploie à transformer la question juive en question nationale. Il propose dans son manifeste, L'État des Juifs, un programme détaillé afin de créer un État juif. Dans le contexte d’une Europe de la fin du XIXe siècle, marquée par un antisémitisme et des persécutions grandissants, la constitution d’un État apparaît comme un gage de sécurité et un refuge pour la diaspora juive. Le mouvement sioniste s'emploie donc à trouver un espace pour créer un État juif.
La Palestine est envisagée, car c’est dans cette région du monde que les textes sacrés du judaïsme situent la "Terre promise". La nostalgie de Sion, synonyme de Jérusalem, tradition religieuse entretenue depuis la destruction du Second Temple en 70, donne son nom au mouvement.
En 1917, la déclaration Balfour donne le feu vert à la colonisation de la Palestine (extrait France Culture).
À l’issue de la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman disparaît. Suite aux accords Sykes-Picot, la Palestine passe sous mandat britannique, de 1920 à 1948. Le 9 novembre 1917, la Déclaration Balfour est publiée. Dans cette lettre, la Grande-Bretagne se déclare favorable à l’établissement d’un foyer national juif en Palestine.
"La déclaration Balfour de 1917 marque une sorte de tremplin pour le mouvement sioniste, qui est assez minoritaire avant la Première Guerre mondiale.", explique Chloé Rosner. L’historienne ajoute : "C’est à ce moment-là que la Palestine devient le lieu d’établissement du projet sioniste. C’est une brèche dans l’histoire de l’immigration juive en Palestine." Le mandat britannique modifie la manière dont les populations en Palestine sont classifiées, et distingue les populations selon leur religion, ce qui modifie profondément le tissu local.
Entre les deux guerres, tous les antisémites sont favorables à ce projet sioniste, qui leur permet de se débarrasser des juifs. Il y aura des accords entre les sionistes allemands et les nazis.
Pour autant, il ne faut pas faire d'amalgame entre sionisme et antisémitisme. Daniel Levyne l'affirme : être juif, c'est être toujours du côté des opprimés, jamais du côté des oppresseurs.
La question des ressources dont était dotée la Palestine (à Gaza, notamment) a pu jouer dans le choix de ce territoire par le mouvement sioniste. Mais celui-ci s'est heurté à des Palestiniens très attachés à leurs terres. Voir cet extrait de l'émission de France Culture.
Le modèle national du sionisme apparaît comme un danger pour la population arabe palestinienne, qui refuse d’emblée le projet d'État juif en Palestine et voit d'un mauvais œil l'augmentation de l'immigration juive sur son territoire. Des révoltes visent à la fois la population juive, avec des massacres comme celui d’Hébron en 1929, et les autorités britanniques qui contrôlent la zone, avec des actions violentes comme la grande révolte arabe entre 1936 et 1939, qui demande la fin du mandat britannique, la création d’un État arabe indépendant, et la fin de l’immigration juive.
Le mouvement sioniste a étudié les moyens de faire partir la population (comité de transfert), ce qui peut être assimilé à de l'épuration ethnique. En 1922, c'est le début des plans de partage de la Palestine. En 1948, c'est la Nakba (la catastrophe). 70 % de la Palestine est attribué à Israël. Les 800 000 palestiniens ont fui avec l'intention de revenir sur leurs terres.
La suite dans un prochain article.
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