Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
"La France et l'Europe face aux bouleversements mondiaux"
Les Universités de la Gauche Républicaine 2024 se sont déroulées les 12 et 13 octobre à Lyon. En ouverture, Martine Souvignet (Mouvement Républicain et Citoyen), Olivier Carillo (L'Engagement) et Adrien Drioli (Gauche Républicaine et Socialiste), au nom des organisations membres de la Fédération de la Gauche Républicaine, avaient planté le décor.
Place ensuite à la première Table ronde, animée par Samia Jaber (L'Engagement), sur le thème "La France et l'Europe face aux bouleversements du monde".
Pour la France, c'est une tragédie. Alors qu'elle devrait être le fer de lance du multipolaire, elle se rattache au monde qui finit, sous l'unité de façade européenne. Au lieu de tirer profit de sa spécificité, elle se banalise.
L'ONU fait son travail. Les Etats les plus puissants bloquent, avec la tentation de se passer des règles, de régulation. Ils veulent déréguler, se séparent de l'ONU. C'est la faillite des grandes puissances. Nous devons redevenir pacifistes, avec l'ONU. Contre la suppression du droit de véto.
Deuxième intervenant, Max-Erwann Gastineau a écrit un livre sur la désoccidentalisation du monde. Il ne faut plus réfléchir en terme de bloc. La guerre de la Russie en Ukraine, en 2022, signe la fin de la domination occidentale (400 ans de domination sans partage). La révolution chinoise, en 1911, était une imitation du modèle occidental. Le mode de vie occidental continue, mais les jeunes chinois prennent du recul.
On assiste à la montée en puissance des pays du Sud, à la remise en cause de la domination occidentale, politique, économique, culturelle, des droits de l'homme. Nous entrons dans une nouvelle ère géopolitique, fondée sur la diversité.
Troisième à intervenir, Laure Pallez, ancienne élue des Français de l'étranger (Chine et USA), souligne que les rapports entre les USA et la Chine modèleront le monde. Les Chinois reçoivent des informations différentes. Les USA sont passés de la violence verbale à la violence létale. L'espérance de vie diminue depuis 2014 (76 ans aujourd'hui). La crise de l'opium tue 76 000 personnes par an. L'Amérique est divisée. Les classes moyennes et populaire souffrent. La Chine est la rivale. Il n'y a plus d'ouvriers dans les usines.
Quatrième à intervenir, Danai Koltsida, politologue grecque, constate que l'Europe vit une crise existentielle. Le projet européen, tel qu'il était, est fini. Plus de place à la critique, place à la militarisation. A la suite des USA, les élites se préparent à la guerre, en commençant par la guerre commerciale avec la Chine, qui a des effets sur l'économie européenne.
Le glissement autoritaire concerne l'ensemble de l'Europe. En France, le 49-3, qui était une pratique parlementaire exceptionnelle, est devenu la règle. L'Europe, qui est en crise, devrait être plus unie en interne. Elle doit revoir ses relations avec le monde. Il faut un nouveau système de sécurité collective.
Cinquième intervenant, Gaëtan Gorce, ancien parlementaire, relativise la désoccidentalisation du monde. L'occident reste dominant économiquement, par les entreprises multinationales, principalement US, qui font du profit dans le Sud. Ce sont des capitalismes d'Etat.
La France n'a qu'une ou deux entreprises mondiales. L'Europe et la France ne sont pas bien placées. La France (1 % de la population mondiale) a des outils d'influence par l'Europe. Ses leviers sont affaiblis (ONU, défense, Afrique).
Il y a les gaullo-mitterrandistes (d'abord l'Etat) et les néo-conservateurs libéraux (d'abord les valeurs). Faire en sorte de préserver l'autonomie de décision de la France, qui doit être un vecteur de paix, par la coopération. Rétablir un consensus en politique étrangère.
Pour Anne-Cécile Robert, il n'y a pas de Sud global. Les BRICS n'ont pas de modèle de rechange. En politique étrangère, les gestes comptent, la dimension symbolique (de Gaulle). Il n'y a pas que les moyens. La culture historique manque. Le déclin de la France a commencé sous Mitterrand, qui avait fait le choix stratégique de l'ultra-atlantisme. Comme l'a rapporté Chevènement, la France ne pouvait plus que "passer entre les gouttes", vers la sortie de l'Histoire. L'Europe n'existe plus au niveau géopolitique.
Pour Max-Erwann Gastineau, il s'agit de désoccidentalisation, plutôt que de Sud global. En-dessous des BRICS, les pays ont une souplesse stratégique. L'Europe a une autonomie stratégique, qui ne va pas jusqu'au bout. Les USA dominent le lien transatlantique. Ils font valoir leurs intérêts nationaux (capitalisme d'Etat).
Pour Gaëtan Gorce, Mitterrand avait fait le choix patriotique de l'Europe. Il s'en servait pour faire passer certains messages.
Samia Jaber conclut sur le constat que l'Europe a perdu de vue l'intérêt de ses concitoyens et n'est plus pour la paix.
Cet article est le 3376 ème sur le blog MRC 53 - le 191ème, catégorie Gauche France
Article paru le 11 novembre 2024 sur http://mrc53.over-blog.com/