Débattre des angles morts des réponses politiques à la crise agricole
CRISE AGRICOLE : LES ANGLES MORTS DES RÉPONSES POLITIQUES*
Député de Meurthe-et-Moselle, ancien agriculteur
Le mardi 4 février 2025, de 18h00 à 19h30
Juste après la mobilisation des agriculteurs de janvier et février 2024, le gouvernement Attal avait apporté des réponses aux revendications des organisations agricoles, notamment de la FNSEA qui avait établi son propre catalogue.
Dominique Potier, député socialiste (ancien agriculteur, spécialiste du domaine) a livré son analyse dans un texte de la fondation Jean Jaurès, dont il est le directeur de l’observatoire de l’agriculture et du monde rural. Ce texte, intitulé « Agriculture : les angles morts des réponses politiques à la crise », portait sur sept points principaux :
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La question foncière
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Le partage de la valeur
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Les coûts de production amonts (agrofourniture)
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La répartition des aides publiques
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La régulation des marchés
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Le commerce avec les pays tiers
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La question de l’énergie.
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Nous lui avons demandé de venir en débattre avec les adhérents de MARS. Il complètera sa première analyse à la lumière de ce qui s’est passé depuis.
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L’examen du projet de loi d’orientation agricole au Parlement avant l’été, et interrompu par la dissolution, avait-il permis d’éclairer totalement ou en partie ces angles morts ?
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Les perspectives dans le contexte politique et syndicale actuel : annonces du gouvernement Bayrou, positions parlementaires, élections aux chambres d’agriculture…
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Nous pourrons ainsi débattre du choix des thèmes qu’il priorise et des voies à emprunter pour répondre à ces enjeux.
Réunion en visioconférence – Participation sur inscription
* Voir (28 février 2024) : Agriculture : les angles morts des réponses politiques à la crise
Le cinquième angle mort concerne les mécanismes de régulation des marchés
Après un mouvement de libéralisation symbolisé par la fin des quotas laitiers en 2015, l’Union européenne (UE) a timidement renoué avec la création de mécanismes de stabilité. Étonnamment, ils sont peu mobilisés par la France. C’est le cas des avancées européennes en matière d’associations d’organisation de producteurs (AOP) qui permettent de rééquilibrer les rapports commerciaux avec l’aval. Ces AOP, constituées par produits et sur de grands bassins de production, ont vocation à être les instruments de fixation d’un prix minimum garanti, documenté par les interprofessions et correspondant à un contexte pédoclimatique donné. Ce rééquilibrage des forces devra être finement articulé à celui traditionnellement opéré par les coopératives qui par essence mutualisent entre leurs adhérents les atouts et contraintes du territoire et des filières qu’elles ont investies.
Même remarque quant au trop lent déploiement des « programmes opérationnels » qui permettent d’accompagner l’évolution de l’offre en vue de sa meilleure adéquation tant aux attentes sociétales qu’à celles du marché. Et il en va de même pour la faible utilisation des instruments de gestion de crise de marché tels que les clauses de sauvegarde et le financement du stockage public et privé.
L’exemple du sucre illustre comment la fin des quotas betteraviers a provoqué un effondrement des cours en exposant les producteurs français à la concurrence de la canne à sucre brésilienne au seul bénéfice de l’industrie agro-alimentaire. Cette fragilisation économique est le grand non-dit des débats sur les dérogations pour l’usage des insecticides néonicotinoïdes. Pour mettre en œuvre une prophylaxie sanitaire sur trois années, la mise en œuvre de la combinaison de sept innovations agronomiques et génétiques supposait des mécanismes de régulation qui protègent le revenu des opérateurs agricoles et industriels. Le cas de la betterave est l’archétype du lien entre justice économique et transition écologique.
Cet article est le 3435 ème sur le blog MRC 53 - le 501ème, catégorie AGRICULTURE et PAC
Article paru le 24 janvier 2025 sur http://mrc53.over-blog.com/