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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Frustration et passion caractérisent les relations franco-algériennes

Comment construire une relation positive entre les deux pays ?

 

Dans un contexte de fortes tensions diplomatiques entre la France et l'Algérie, le président algérien a eu un entretien exclusif avec le journal l'Opinion, qui a publié cet article à ce sujet le 2 février 2025. Voir France-Algérie : Tebboune met en garde

 

Voir aussi (Ouest-France, 2 février) : Le président algérien pose ses conditions.

 

France Info (10 janvier) expliquait les raisons de la crise diplomatique entre la France et l'Algérie.

 

L'Opinion a publié ensuite un entretien avec Michel Duclos* afin de dessiner des perspectives aux relations franco-algériennes. Voir (14 février) :

 

Comment ressouder les liens entre la France et l'Algérie

 

« Il faut donner sa chance à une option de construction d’un avenir commun, qui répondrait à l’intensité d’une histoire peut-être douloureuse mais partagée »

La crise actuelle entre la France et l’Algérie résulte pour l’essentiel de développements à caractère politique : d’un côté un infléchissement de la position de la France sur le Sahara occidental favorable à la thèse marocaine ; d’un autre côté, l’emprisonnement de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Elle s’inscrit cependant dans un contexte permanent de frustration mutuelle, qu’il faudrait analyser en profondeur par le prisme des passions.

Les deux pays n’ont cependant aucun intérêt à ce que la crise actuelle tourne à l’impasse durable. Souhaitons que Paris et Alger trouvent les voies d’une désescalade. Il nous semble que l’interview du président Abdelmadjid Tebboune donnée à l’Opinion va dans ce sens. Ce qui serait également nécessaire, c’est que l’on réfléchisse, peut-être d’abord entre experts ou acteurs de la société des deux pays, aux moyens d’établir la relation France-Algérie sur des bases structurellement plus stables.

Avançons à ce sujet la proposition suivante : pourquoi ne pas procéder, dans un cadre informel, à une projection — à échéance d’une dizaine d’années — de ce que pourrait être un rapport bilatéral mutuellement positif, « gagnant-gagnant », sur un certain nombre de sujets clefs ?

Acrimonie. Ainsi sur l’économie. L’Algérie n’a cessé de diversifier ses partenaires économiques depuis plusieurs années. La France restait cependant son deuxième fournisseur et son troisième client en 2023. Cette même année, les échanges ont atteint 11, 8 milliards d’euros, ce qui n’est pas négligeable. Nous restons aussi un investisseur important en Algérie après les Etats-Unis et l’Italie.

Les achats français portent pour l’essentiel sur les hydrocarbures. Cependant peu de sociétés du CAC 40 sont présentes sur le marché algérien. L’Algérie constitue un terrain d’action compliqué pour les entreprises en raison de son système très bureaucratique. De leur côté, ce qui intéresserait les Algériens, ce sont des investissements à forte valeur ajoutée, par exemple en matière d’ingénierie, afin de moderniser leur économie. C’est dans cette direction que l’on peut imaginer un scenario gagnant-gagnant pour les prochaines années.

Ce que les Algériens attendent peut-être de la France pour l’instant, c’est une forme de reconnaissance d’un autre ordre que le mémoriel

Sur le registre le plus sensible, celui de l’immigration et de la circulation des personnes, l’idée de remettre en cause les accords existants — issus de celui de 1968 — progresse en France, à tort ou à raison, dans l’ensemble de la classe politique ; même si l’on ne voit pas en quoi sortir de l’accord résoudrait la difficulté que nous avons à renvoyer en Algérie les ressortissants de ce pays que nous jugeons indésirables.

Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, 650 000 ressortissants algériens séjourneraient aujourd’hui en France avec un titre de séjour, dont seulement 4, 6 % avec un titre de séjour pour motif économique. Quoi que l’on pense du fond de cette affaire, laisser l’acrimonie s’installer à ce sujet fait simplement le jeu des extrêmes. Là aussi donc, il serait utile d’imaginer pour l’avenir une sortie par le haut, dans laquelle une nouvelle adaptation négociée des accords tiendrait compte de l’évolution des données comme des besoins des deux parties.

Fraternité. Troisième chantier « futuriste » : le rapport de société à société. Les Algériens connaissent certes bien notre pays, en raison notamment de l’importante circulation humaine entre les deux rives, mais l’image de la France en Algérie souffre des tensions à répétition. Quant aux Français, depuis le retour des rapatriés, ils ne fréquentent guère plus l’Algérie — l’un des plus beaux pays du monde ; les autorités algériennes, seraient bien inspirées de favoriser une plus grande ouverture, ne serait-ce que sur le plan touristique, à l’égard notamment de la jeunesse française. Dans les faits, des sentiments de fraternité existent entre les deux peuples. Il faudrait imaginer comment, en se fondant sur ces sentiments, les deux sociétés pourraient, avec les moyens modernes de communication, davantage se parler.

L’exercice de prospective positive que nous suggérons — dans un cadre non officiel pour commencer — pourrait s’étendre à bien d’autres domaines : la coopération en matière de sécurité, l’affaire des « réparations » pour les essais nucléaires, voire la lancinante question mémorielle. Encore que, sur ce dernier point, malgré l’utile rapport de Benjamin Stora, on peut se demander s’il n’y a pas lieu d’attendre des jours meilleurs. Nous avons parlé de passions. Ce que les Algériens attendent peut-être de la France pour l’instant, c’est une forme de reconnaissance d’un autre ordre que le mémoriel. En tout cas, ce serait un point à vérifier.

Dans l’immédiat, faut-il aller, comme on l’entend souvent en France, à l’épreuve de force avec l’Algérie ? Oui, le cas échéant, si nécessaire. Mais à condition d’avoir une stratégie précise, et pas en se laissant porter par la vague ; et, à notre avis, non sans avoir donné sa chance à une option de construction d’un avenir commun, qui répondrait à l’intensité d’une histoire peut-être douloureuse mais partagée.

* Michel Duclos est conseiller spécial à l’Institut Montaigne, ancien conseiller diplomatique du ministre de l’Intérieur (2009-2012), auteur de « Diplomatie française » (Editions Humensis, collection « Alpha Essai »).

 

Pour info (rappel, MRC 53, 29 novembre 2024) : Les autorités algériennes devraient libérer sans tarder Boualem Sansal


 

Cet article est le 3459 ème sur le blog MRC 53 - le 34ème paru dans la catégorie Afrique

Article paru le 16 février 2025 sur http://mrc53.over-blog.com/

Le président de la République algérienne, démocratique et populaire, M. Abdelmadjid Tebboune, le 25 novembre 2024 (photo sur le site Ambassade d'Algérie en France)

Le président de la République algérienne, démocratique et populaire, M. Abdelmadjid Tebboune, le 25 novembre 2024 (photo sur le site Ambassade d'Algérie en France)

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