Lancement ce 27 février de la concertation de 3 mois sur les retraites

La réforme Borne de 2023 n'avait pas permis d'équilibrer les comptes

Le gouvernement Bayrou n'est pas menacé dans les trois mois qui viennent. Mais il pourrait l'être ensuite, si un accord n'était pas trouvé à l'issue de la concertation entre les partenaires sociaux sur la réforme des retraites.

C'est l'opinion de Stéphane Vernay, éditorialiste du quotidien Ouest-France, ce 27 février 2025.

Un conclave pour sauver les retraites... et le soldat Bayrou

Les partenaires sociaux ont trois mois pour trouver un accord sur la réforme des retraites. Il est nécessaire dans la mesure où la réforme Borne de 2023 ne suffira pas à équilibrer le régime de retraites, annoncé comme déficitaire dès cette année. Une absence d’accord, ou une cote mal taillée à l’issue des négociations, fin mai, fournira le prétexte idéal, à la gauche comme à l’extrême droite, pour renverser le gouvernement Bayrou.

Extraits.

Le « conclave sur les retraites » promis par François Bayrou démarre ce jour. Le Premier ministre donne trois mois aux partenaires sociaux pour rediscuter de la réforme des retraites. Il a promis que ce qui sortirait du chapeau, si représentants du patronat et des syndicats parvenaient à s’entendre, serait soumis au Parlement. En cas d’absence d’accord, la réforme Borne de 2023 continuera à s’appliquer.

La proposition a donné de l’air au gouvernement de François Bayrou. C’est l’une des concessions qui lui ont permis de survivre à la série de motions de censure (six à ce jour) déposées contre lui depuis l’entrée du nouveau Premier ministre à Matignon.

La formule proposée, en confiant à d’autres la responsabilité de revenir ou non sur le très impopulaire recul de l’âge de départ à 64 ans, est aussi une habile manière de se départir d’un sujet brûlant, qu’il va pourtant bien falloir prendre à bras-le-corps.

« Les perspectives sont préoccupantes malgré la réforme de 2023 », a prévenu la Cour des comptes, qui estime que le déficit des retraites, « tous régimes compris », devrait atteindre 6,6 milliards d’euros dès 2025. Il grimperait à une quinzaine de milliards à partir de 2035, « puis autour de 30 milliards en 2045 ».

Les syndicats voient dans les conclusions de cette « mission flash » commandée par le gouvernement la preuve que « la réforme de 2023 qui nous avait été présentée comme incontournable ne produit absolument pas les effets escomptés » (Marylise Léon, CFDT). Ils en demandent donc l’abrogation.(...)

Si on voit mal comment le « conclave » pourrait déboucher sur un texte donnant satisfaction à toutes les parties, on voit bien, en revanche, l’exploitation politique qui pourrait être faite d’une cote mal taillée. Prétexte idéal à la relance d’une série de motions de censure, la séquence aurait toutes les chances de revoir les voix du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national se mêler contre François Bayrou.

Le parti de Marine Le Pen le dit à l’envi depuis des mois : il table sur une dissolution de l’Assemblée nationale « dès que la Constitution le permettra » (en juillet) et s’y prépare. La chute du gouvernement au printemps ou au début de l’été serait un levier pour l’obtenir. Le scénario est déjà écrit. Il ne résoudra malheureusement en rien le vrai problème du moment : sauver notre régime de retraites par répartition.

Voir aussi (Public Sénat, 27 février) : Objectifs, durée, participants… Conclave sur les retraites : à quoi s'attendre ?

Et Retraites : Force ouvrière claque la porte de la concertation et dénonce une « mascarade »

Cet article est le 3470 ème sur le blog MRC 53 - le 119^ème sur ce blog dans la catégorie Les retraites

Article paru le 27 février 2025 sur http://mrc53.over-blog.com/

Le 6 juin 2023, à Laval (Mayenne), le cortège intersyndical de la 14ème manifestation contre le projet de loi retraites