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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Le monde agricole perturbé par une vague de géopolitique inquiétante

Le gouvernement ne veut pas s'attaquer aux angles morts de sa politique

 

Il y a un an, le mouvement de révolte des agriculteurs avait été analysé par Marius Matty (23 janvier 2024, Marianne) : FNSEA, JA, Coordination rurale, Confédération paysanne : les rapports de force d'un monde agricole en crise

Les syndicats agricoles accompagnent le mouvement de colère qui prend de l'ampleur depuis le blocage de l'A64 le 18 janvier dernier. Mais qu'en est-il du rapport de force entre ces différentes organisations ? Pour vous aider à vous y retrouver, « Marianne » a décrypté les positions de chacune d'entre elles, leur poids électoral dans les chambres départementales d'agriculture et leur positionnement politique.

 

Extrait concernant les orientations politiques des organisations syndicales.

Politiquement, il existe de nettes différences entre ces syndicats.

La FNSEA et les JA ont régulièrement pris des positions proches de la droite et de la majorité présidentielle. La FNSEA est favorable à l'ouverture des frontières économiques au sein de l'Europe. Par deux fois, en 2017 et en 2022, elle a implicitement appelé à voter Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, souhaitant d'abord « faire le choix de l'Europe » puis plaidant pour « une Europe plus forte et plus stratège ». Syndicat des grandes et très grandes exploitations agricoles, son président Arnaud Rousseau est le patron de la multinationale de l'huile « Avril » et dirige une exploitation de 700 hectares. Sa prédécesseure, Christiane Lambert, a été la n° 1 des JA dans les années 1990, juste après Christian Jacob, ancien président des Républicains (LR).

La CR a elle été fondée en 1991 en réaction à la réforme de la Politique agricole commune (PAC) et aux positions de la FNSEA. Classée à « droite » par Le Figaro, elle est considérée comme « un syndicat de choc, un peu poujadiste, qui occupe le terrain, contre un syndicat majoritaire jugé trop dans le consensus, selon Denis Barrault, ancien directeur de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne, qui a constaté dans son département l'essor de la CR au début des années 2000, interrogé par Libération en 2020« Mais l'idéologie est sensiblement la même, libérale, dans le rejet des normes. »

Quant à la Confédération paysanne et au Modef, ils sont tous deux classés à gauche de l'échiquier politique. Le premier s'est beaucoup impliqué dans le mouvement contre les méga-bassines des Soulèvements de la Terre. À la différence de la plupart des syndicats, la « Conf' » revendique des combats qui dépassent le monde agricole. Elle « intègre pleinement les dimensions sociales, agronomiques et environnementales dans la production agricole, peut-on lire sur son site. C'est une alternative réaliste à un modèle d'agriculture industrielle qui élimine trop de paysans et de structures agricoles diversifiées. » Le Modef, proche de ces positions, est adhérent du mouvement paysan international Via Campesina, comme la Confédération paysanne. Créé en 1959 en dissidence de la FNSEA, alors seul syndicat, il était parvenu à la concurrencer dans les années 1970-1980, mais s'était étiolé par la suite avec la chute du nombre d'exploitations familiales.

 

2025 : Tout est géopolitique !

 

En janvier 2025, les agriculteurs ont voté - du moins 45 % d'entre eux - pour désigner leurs représentants dans les Chambres d'agriculture. Voir (Terre-net, 7 février) ce qu'il faut retenir des élections chambres 2025. Voir les comparaisons avec 2019.

Rappel (MRC 53 - 7 février) : Chambres d'agriculture : poussée électorale de la Coordination Rurale

 

Ces élections s'inscrivent dans le contexte des revendications exprimées il y a un an. Les syndicats agricoles sont ce qu'ils sont. Le problème se situe dans les réponses du gouvernement. Voir (MRC 53 - 8 février) : Elections dans les chambres d'agriculture et loi d'orientation agricole.

Le gouvernement n'a pas de réponses face à l'ampleur de la crise. Voir les réflexions de Dominique Potier, député PS de Meurthe-et-Moselle (1er mars 2024, Fondation Jean Jaurès) :

Agriculture : les angles morts des réponses politiques à la crise.

 

Le 1er angle mort est la question foncière, la spéculation et l'accaparement des terres, l'agrandissement démesuré des exploitations et l'appauvrissement économique que représente le fait de produire seulement des végétaux, le remplacement de la ressource humaine par la machine.

Le 2ème angle mort est celui du partage de la valeur. Les lois Egalim se succèdent sans améliorer la rémunération du travail de l'agriculteur. Pas de remise en cause de la loi de modernisation de l'économie de 2008 qui, pourtant, est à l'origine de la destruction d'emplois agricoles et industriels.

Le 3ème angle mort est celui des coûts de production amont (agrofourniture) dont on ne parle pas (mécanisation, entrants, pharmacie vétérinaire). Il faut de la transparence sur l'amont de l'agriculture.

Le 4ème angle mort est celui de la répartition des aides publiques. La moitié des aides vont à 20 % des paysans (9 milliards € de la PAC et 4 milliards de l'optmisation fiscale).

Le 5ème angle mort concerne les mécanismes de régulation des marchés. Les associations d'organisations de producteurs (AOP) permettent de rééquilibrer les rapports commerciaux avec l'aval mais elles sont trop peu utilisées. En France, on préfère l'intégration verticale par l'entreprise d'aval plutôt que l'organisation horizontale des producteurs.

Le 6ème angle mort est celui du commerce avec les pays tiers. L’exception agricole et alimentaire se justifie pour lutter contre la faim, il est vital de stopper tout accord commercial qui, sous prétexte d’un troc avec un autre secteur économique, conduise l’agriculture d’un continent à en détruire une autre sur un autre continent.

Le 7ème et dernier angle mort est celui de l'énergie. Pour éviter toute concurrence avec l’alimentation, nous devons imaginer le scénario d’une méthanisation qui valorise exclusivement les déchets agroalimentaires et les effluents d’élevage en contribuant par là même à la réduction des émissions des gaz à effet de serre liés à leur stockage.

 

A part le Mercosur, tous les autres sujets sont occultés, parce qu'ils divisent ou fracturent le monde paysan, ou parce que les organisations dominantes ne veulent pas qu'il en soit question.

Le contexte géopolitique brutal est un facteur aggravant dans le secteur agricole et alimentaire. Les barrières tombent entre argent et politique, condamnant l'humanisme. Les libéraux pro business s'emparent avec délectation du mouvement de dérégulation mondiale. L'agroécologie n'est plus un sujet.

Dans ce contexte violent et inhumain, les ministres sont hésitants. Serait-ce la fin des règles ? Quel avenir pour l'Europe ?


 

Cet article est le 3457 ème sur le blog MRC 53 - le 505ème, catégorie AGRICULTURE et PAC

Article paru le 14 février 2025 sur http://mrc53.over-blog.com/

Le 13 janvier 2025, les quatre leaders des principales listes syndicales aux élections 2025 des Chambres d'agriculture en débat sur la chaîne parlementaire de la télévision

Le 13 janvier 2025, les quatre leaders des principales listes syndicales aux élections 2025 des Chambres d'agriculture en débat sur la chaîne parlementaire de la télévision

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