Retraites : le président Gilbert Cette du COR critiqué par les syndicats

Faut-il baisser ou élever l'âge d'ouverture des droits à une pension ?

 

La discussion s'engage après le Lancement ce 27 février de la concertation de 3 mois sur les retraites. Les organisations de salariés utilisent cet espace dans la perspective de proposer des solutions alternatives à l'option retenue dans la loi de porter à 64 ans l'âge d'ouverture des droits à une pension.

Le président Gilbert Cette du Conseil d'orientation des retraites s'est permis d'entrer dans le débat par ce texte Le débat sur les retraites doit être fructueux publié le 5 mars par le site Telos. En voici l'introduction.

La concertation entre les partenaires sociaux est maintenant engagée. Les enjeux sont lourds, et elle ne peut se limiter au seul domaine des retraites: toute décision peut en effet avoir des conséquences bien au-delà de ce domaine. Par ailleurs, la concertation ne peut totalement ignorer le contexte de crise internationale que nous connaissons, et les choix que ce contexte nous imposerait si les menaces actuelles s’amplifiaient.

Le quotidien Le Monde (Bertrand Bissuel, 10 mars) a publié cet article (réservé dans sa totalité à ses abonnés) : Tensions entre le Conseil d'orientation des retraites et les partenaires sociaux.

Le président du COR, Gilbert Cette, a remis en cause le débat en cours sur un abaissement de l’âge d’ouverture des droits à une pension. Une intervention qui a suscité les critiques des syndicats.

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) vit, à nouveau, des moments troublés. Son président, Gilbert Cette, vient de publier un article que les syndicats, membres de cette instance, désapprouvent. Mis en ligne le 5 mars sur le site Telos-eu.com, le texte incriminé met en doute le bien-fondé du débat en cours sur un éventuel abaissement de l’âge d’ouverture des droits à une pension. Alors que la France s’apprête à accroître son budget pour la défense, l’une des questions qu’il conviendra de poser, à terme, sera « plutôt » de savoir « comment augmenter rapidement » ce paramètre « au-delà des 64 ans », conclut l’économiste, qui a rédigé cette tribune en sa qualité de professeur à Neoma Business School. Les organisations de salariés critiquent son intervention. « Ce n’est pas opportun qu’il ait ce type de position publique », déclare Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT. « Il est sorti de son rôle », renchérit Sophie Binet, la dirigeante de la CGT.

L’article de M. Cette a été publié la veille de la deuxième réunion que les représentants des travailleurs et des chefs d’entreprise ont tenue dans le cadre d’une négociation sur notre système par répartition. Les syndicats comptent sur cet exercice, qui doit durer – en principe – jusqu’à la fin mai au moins, pour faire avancer une de leurs revendications : la remise en cause de la retraite à 64 ans, instaurée par la loi du 14 avril 2023.
 

Mais le fait d’envisager une telle hypothèse est de plus en plus sujet à caution, depuis quelques semaines. Des personnalités politiques et des experts trouvent que ramener à 63 ou 62 ans l’âge légal de départ serait coûteux pour les finances publiques et, donc, malvenu dans une période où les pouvoirs publics veulent renforcer les investissements en faveur du réarmement.

« Devoir de réserve »

La démarche de M. Cette survient dans le cadre de cette confrontation d’idées. Pour lui, les discussions entre acteurs sociaux sur les retraites « ne peuvent totalement ignorer le contexte international » d’aujourd’hui. « La nécessité d’augmenter considérablement nos dépenses militaires, dans les prochaines années sinon les prochains trimestres, devient de plus en plus claire et pressante », poursuit-il, en relevant que « l’entrée progressive, plus ou moins explicite, dans une économie de guerre, rendra secondaires, sinon dérisoires, les débats actuels sur l’âge d’ouverture des droits à 64 ans ».

Les responsables d’organisations de salariés ont tiqué en prenant connaissance de cet article. Il pose « problème », selon M^me Léon. « En tant que président du COR, il sait que c’est un sujet sensible et je pense que ce n’est pas de sa responsabilité de lancer ce type de réflexion », confie la secrétaire générale de la centrale cédétiste. Elle souligne que, dans les temps présents, « les questions sociales ne sont pas secondaires » : « Cela reste une préoccupation de beaucoup de travailleurs, donc il faut y répondre. » A travers ses propos, M. Cette « reprend exactement toutes les options du patronat et du gouvernement », fustige M^me Binet. Or, poursuit-elle, « quand on est président d’une instance comme le COR, on a un devoir de réserve par rapport à ses opinions personnelles ». « Ce devoir-là, il ne le respecte pas du tout, juge-t-elle. Nous allons le lui rappeler. »

Les autres organisations expriment, elles aussi, des critiques ou des réserves. Les écrits de M. Cette peuvent être vus « comme une provocation mais nous ne tomberons pas dans le piège », affirme Erick Staëlen, représentant de la FSU : « Le plus important est que le COR puisse poursuivre ses travaux comme il l’a fait jusqu’à présent. » « Cet épisode ne va pas perturber le fonctionnement de l’institution, relativise Cyril Chabanier, le président de la CFTC. Ça va juste ne pas améliorer la relation avec Gilbert Cette ! » Laurent Escure, le numéro un de l’UNSA, considère, lui, que le président du COR « devrait avoir une forme de retenue ». « Chaque fois qu’il intervient, on ne sait pas en quel nom il le fait, déplore Christelle Thieffinne, secrétaire nationale de la CFE-CGC. Ça commence à être pénible. »
 

Cet article est le 3482 ème sur le blog MRC 53 - le 120^ème sur ce blog dans la catégorie Les retraites

Article paru le 11 mars 2025 sur http://mrc53.over-blog.com/

C'était à Laval (Mayenne) le 13 avril 2023, la 12ème manifestation de l'intersyndicale contre le projet de réforme des retraites