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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

14 juillet : la bonne réponse de Patrick Trannoy (MRC) à Madame Joly

Veut-elle un monde sans Nation, dominé par l’argent ?

 

Dans un article paru le 14 juillet, j’ai rappelé la signification historique de la Fête nationale (voir 14 juillet : en ces temps perturbés, une seule règle d'or, la République !).

 

Ce 19 juillet, c’est sur le Blog de Patrick TRANNOY que l’on peut lire un point de vue bien argumenté (à retrouver aussi sur le site de Marianne2) en réponse à la proposition de la candidate écologiste de supprimer le Défilé militaire du 14 Juillet.

 

Tout le monde il est bon, tout le monde il est Joly !

 

Voir dans la sortie d’Eva Joly contre le défilé militaire du 14 juillet le résultat de sa bi-nationalité relève de la xénophobie désormais habituelle d’une droite et d’une extrême droite qui ne comprennent pas ce qu’est la Nation citoyenne : l’adhésion à un projet national, et non le produit d’on ne sait quels « gènes » ou « souches ». Du reste, avec ou sans Eva Joly, « Europe Ecologie Les Verts » fustigent depuis un certain temps ce défilé, sous des prétextes plus ou moins liés à son bilan carbone…

Faut-il alourdir encore le bilan carbone des saillies de madame Joly pour mobiliser son électorat, qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre inutile et de salive mal employée ?  On peut considérer que le « coup de com’ » de la candidate aux lunettes rouges, qui tombe à point nommé pour tourner la page de ses querelles avec son rival éconduit, l’écologiste cathodique, ne mérite pas de s’y appesantir. Mais il faut dissiper les interrogations que ne peut pas ne pas susciter cette proposition, qu’aucun courant de pensée républicain n’a osé formuler depuis que Pétain a, quant à lui, effectivement supprimé le défilé militaire du 14 juillet, en même temps qu’il a congédié la République et la France… La question doit être posée calmement - surtout entre partenaires d’une future majorité de gauche, condamnés à s’entendre. Au-delà du questionnement, il faut aider nos amis écologistes à ne pas tomber dans le piège d’une mondialisation libérale dont par ailleurs ils combattent avec justesse une part importante des méfaits.

Rappelons d’abord à « Europe Ecologie Les Verts » que l’armée peut servir à ce qu’on ne s’en serve pas, autrement dit que la puissance militaire peut être un instrument de la paix. La puissance militaire offre en effet une assise à la puissance diplomatique, directement, et par le truchement de la puissance économique qu’elle stimule. Le « hard power » militaire peut donc être une source de « soft power », au service des intérêts et des valeurs de notre Nation, sans passer par la guerre.

Gageons que nos amis écologistes n’en disconviennent pas nécessairement, et que ce n’est pas parce qu’ils n’aiment pas la guerre qu’ils ne veulent pas voir défiler l’armée. Ce serait une position trop simpliste pour être portée par une candidate à la magistrature suprême…  Il faut donc admettre que, au-delà de la guerre, c’est parce qu’ils n’aiment pas la puissance des Nations, et singulièrement la puissance de la Nation française, que les écologistes ne veulent pas en voir défiler le symbole…

Les écologistes portent le rêve d’un grand village global régi par la magie d’une fraternité humaine bien comprise par chacune de ses tribus. Dans ce village, foin des démonstrations de puissance, puisque rien n’est rapport de forces, mais qu’au contraire tout est « naturellement » ordre et beauté, calme et volupté. Dans ce village, tout le monde il est bon, tout le monde il est Joly ! Les Nations, leurs histoires, leurs intérêts, leurs puissances, ne sont que des sources d’antagonismes et des graines de violences.

On peut donc se demander si, au-delà du défilé militaire du 14 juillet, Mme Joly ne serait pas encline à supprimer la fête nationale tout entière, mais encore le drapeau tricolore, la Marseillaise, et, surtout, les frontières, les lois… finalement la France en tant que telle (en conservant toutefois le Roquefort, bien que José Bové ait soutenu Nicolas Hulot).

 

Aidons dès lors Madame Joly et ses camarades à ouvrir les yeux sur le monde. Des siècles au moins, des millénaires parfois, d’histoires nationales et internationales, nous lèguent une humanité constituée de peuples, peu ou prou organisés en Nations, le plus souvent adossées à un Etat ou aspirant à l’être. La conscience des intérêts communs de l’humanité n’a jamais spontanément débouché sur une organisation mondiale à eux conforme ; en revanche, les rapports de forces que certaines Nations ont su créer ont fini par déboucher, au prix des larmes et du sang, sur l’équilibre précaire et imparfait dans lequel nous vivons aujourd’hui, qu’il faut préserver des nouvelles menaces et faire encore progresser.  Singulièrement, c’est le rôle de messager de l’universalisme républicain que les authentiques patriotes français se sont efforcés de donner à notre pays depuis la bataille fondatrice de Valmy.

A contrario, les Etats-Nations n’ont cessé, depuis quarante ans, d’être petit à petit contournés, dépossédés de leurs prérogatives, et à travers eux les peuples souverains dessaisis de leurs destins, par la puissance croissante du capitalisme financier transnational, celui dont Madame Joly sait parfois dénoncer avec intelligence les ressorts, lorsqu’elle se bat par exemple, à bon escient, contre les paradis fiscaux.

Cet appétit de profits qui enjambe les frontières se moque des histoires, des cultures, des langues et des Etats. Il lui faut même les broyer, casser les règles, et standardiser l’homme, pour en faire le consommateur-moyen-prêt-à-acheter qui sied aux économies d’échelle et à la nouvelle division internationale du travail, et la matière malléable prête à prendre la place qu’on lui assigne dans les niches du marketing post-moderne.

Ce capitalisme financier transnational convoque parfois les armées des Nations pour se battre, y compris contre leurs intérêts, en faveur des siens : qu’on songe aux guerres pétrolières des Etats-Unis en Irak, en 1991 et en 2003. C’est l’honneur de la France de n’avoir pas rampé derrière eux, du moins la seconde fois. Elle a pu le faire avec l’éclat international qu’on connaît, parce qu’elle avait une armée et un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’O.N.U.. De la puissance utilisée à bon escient…

En souhaitant la suppression du défilé militaire du 14 juillet, face émergée d’une volonté de démilitarisation de la France, et plus profondément d’un fantasme de Nations impuissantes, donc d’un monde sans Nation, immanquablement gouverné dès lors par la puissance dominante de l’argent, Madame Joly s’est trompée de combat. Elle aurait pu porter haut, plutôt, à l’occasion du défilé militaire du 14 juillet, l’exigence d’une armée française qui reste aux mains du peuple ; d’une puissance française jalousement préservée, par les citoyens, de l’abaissement comme de  l’instrumentalisation que veut lui réserver le capitalisme financier transnational…

 

Le combat que doit mener la gauche, c’est le combat pour la puissance française, militaire, diplomatique, culturelle, industrielle, agricole, commerciale : une puissance aux mains du peuple, qui serve à défendre, directement ou indirectement, nos intérêts de Nation, notamment ceux des classes populaires, et notre vision du monde, cette vision internationaliste qui reconnaît à tous les peuples le droit à disposer d’eux-mêmes, et qui d’un même élan les presse d’organiser la paix et le respect des droits imprescriptibles de l’humanité...

 

Cet article est le 31ème paru sur ce blog dans la catégorie République Parlement.

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