Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Ramener un peu de raison dans la finance En lisant Le Monde diplomatique (février 2007), après avoir écouté France Inter (31 janvier, 15h-16h, Daniel Mermet), j’ai passé de bons moments. Frédéric Lordon, économiste : voilà quelqu’un qui parle clair sur un sujet éminemment important, car ayant des incidences énormes sur la vie quotidienne. Je vais m’efforcer de rédiger une synthèse de son article paru dans Le Monde diplomatique ce mois-ci. Une mesure contre la démesure de la finance D’abord, le titre : « Enfin une mesure contre la démesure de la finance, le SLAM ! » après avoir posé la question « Quelles propositions pour une alternative politique ? ». Cela signifie que l’auteur se place sur le terrain politique dans la perspective d’une alternative au néo-libéralisme, cette idéologie (mondialisation, libre-échange, déréglementations, globalisation financière) qui s‘est imposée dans les années 1980. Cela signifie aussi que cet économiste ne se limite pas au diagnostic, il propose un moyen politique (une mesure fiscale) pour remédier à une anomalie dans le fonctionnement du système capitaliste. Autrement dit, il ne part pas en guerre contre le capitalisme, il propose aux responsables politiques d’agir par la loi dans un domaine où la liberté produit des effets dangereux pour l’équilibre de la vie sociale. Les pouvoirs publics ont libéralisé la puissance financière Frédéric Lordon montre que la société est menacée par la domination de la finance actionnariale. C’est en 1986 (loi de déréglementation financière) qu’il date le point de départ des transformations structurelles qui ont libéré l’élan de la puissance financière en France. En décidant de libéraliser complètement les mouvements de capitaux, le pouvoir politique a permis aux actionnaires de placer les entreprises et leurs dirigeants, non seulement sous leur contrôle mais sous l’emprise de leurs choix de rentabilité à court terme. Du haut en bas de la hiérarchie des entreprises, en passant par les sous-traitants, s’est propagé l’impératif du profit réclamé par les actionnaires. « Les structures actuelles du capitalisme financier ont levé presque toute restriction aux élans de conquête et d’accaparement des actionnaires. Quand tombent les barrières institutionnelles et réglementaires, ils reprennent leur poussée et explorent à fond leurs nouvelles marges de manœuvre (…). Sans régulation interne ni externe, donc sans limites, le désir de la finance était voué à devenir tyrannique. Nous en sommes là ». Le ROE toujours plus haut La contrainte de rentabilité imposée aux entreprises par le capital actionnarial s’est manifestée de plus en plus agressivement depuis le début des années 1990. Aujourd’hui, le taux de profit des capitaux apporté par les actionnaires (ROE) doit se situer entre 15 et 25%, alors qu’il était de 2 à 3% il y a quinze ans. Le critère de maintien d’un site en activité est passé de l’absence de déficit à une exigence de rentabilité de 10%. Où sont les limites ? Il n’y en a pas. De nouvelles règles ne pourront venir que de l’extérieur. Mais la liberté de circulation des capitaux est sanctuarisée par les traités de l’Union européenne. La solution passe donc par la révision de ces traités, mais cela suppose l’accord, non seulement de la Commission, mais aussi des 27 gouvernements de l’UE. La solution proposée : plafonner la marge prélevée par les actionnaires Frédéric Lordon envisage une autre solution : empêcher la sur-exploitation des entreprises en limitant réglementairement les profits. A la force du capital, il oppose la force de la loi. Je ne vais pas ici détailler la proposition de l’auteur, le SLAM (marge actionnariale limite autorisée) qui serait le nom d’un nouveau prélèvement fiscal sur la rémunération globale effective des capitaux investis (TSR), au-delà du seuil légal de rentabilité actionnariale autorisée (celui-ci, par exemple, pouvant être fixé à un niveau de 6%). La question technique a été très bien étudiée, mais elle peut être contestée. L’essentiel est que cette proposition nourrisse le débat public. Car, les intentions sont politiques. On objectera qu’une telle mesure ferait fuir les capitaux. C’est possible, mais il faut relativiser l’apport de la Bourse dans le financement des entreprises. La Bourse verse plus aux actionnaires qu’elle ne finance les entreprises Une étude réalisée aux USA montre que « les prélèvements de dividendes et de rachats d’actions sont devenus supérieurs aux injections de capitaux frais, de sorte que la contribution nette des marchés d’actions au financement des entreprises est maintenant… négative ! ». En Europe, ce n’est pas encore le cas, mais on s’en rapproche. Dans ces conditions, la communauté financière, qui parle sans cesse d’exigence de rendement, ferait bien de se poser la question de son propre rendement, tombé bien bas. C’est donc avec calme qu’il faudrait accueillir les cris d’orfraie qu’elle ne manquerait pas de pousser devant le SLAM. Le SLAM, un moyen de faire entendre raison à la puissance financière Frédéric Lordon est conscient de la difficulté d’imposer les grands investisseurs internationaux, essentiellement anglo-saxons, qui opèrent en France mais sont taxables chez eux. « Le SLAM doit en priorité atteindre les grands concentrateurs de l’épargne collective que sont les fonds de pension et fonds mutuels, vrais détenteurs de la force de frappe financière ». Ce qui importe, c’est que « la puissance actionnariale, à qui, non pas la société, mais une poignée d’élites partagées entre aveuglement et intéressement a décidé de lâcher toute bride, finira un jour par rencontrer sur son chemin une puissance opposée, décidée à l’arrêter ». L’auteur n’espère pas grand-chose de la droite et de la gauche qui ont fait « voter une Constitution européenne célébrant la libre circulation des capitaux, en tant que droit fondamental ». Voici comment se manifeste l’emprise de la finance sur les entreprises « L’emprise de la finance actionnariale sur les firmes se présente de deux façons : - d’abord, comme une contrainte de performance, qui s’impose aux entreprises (exemple : indicateur du taux de profit, plus exigeant, du point de vue des actionnaires), - ensuite, en s’octroyant une rémunération effective comprenant trois éléments, les deux premiers pesant directement sur l’entreprise, car provenant de prélèvements opérés sur sa richesse (dividendes et rachats de leurs propres titres par les entreprises à leurs actionnaires) et le troisième, les plus-values, provenant du marché financier, lieu de la revente spéculative des actions. Ce troisième élément établit une connexion entre rémunération actionnariale et contrainte de performance, puisque les améliorations de performance sont recherchées précisément pour pousser les cours boursiers à la hausse et accroître les plus-values ».