Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Des idées applicables immédiatement en France
Le club du 6 mai, sous la direction de Patrick Weil, historien, publie un livre collectif sous le titre "80 propositions qui ne coûtent pas 80 milliards" (Grasset, 336 p. 20 €). Voir Patrick Weil - entretien de Patrick Cohen le 17 janvier le matin sur France Inter).
Lire Libération, 17 janvier : Patrick Weil et "80 propositions qui ne coûtent pas 80 milliards"
Près de cinquante spécialistes, chercheurs, hauts fonctionnaires, journalistes se sont associés pour produire cet ensemble de propositions argumentées. Parmi eux, des économistes (Eric Maurin, Michel Aglietta, Thomas Piketty…), des sociologues (Nicolas Duvoux, Pierre Mathiot, Antoine Vauchez…), des historiens (Olivier Christin, Patrick Weil), des juristes (Olivier Beaud, Gwenaële Calvès…) ou des journalistes (Guillaume Duval ou Jean Quatremer, de Libération).
Publié sous la direction de Patrick Weil*, 80 propositions qui ne coûtent pas 80 milliards, à paraître demain, est le fruit du travail du Club du 6 mai créé en 2009 par l’historien de l’immigration Patrick Weil et le producteur Pascal Breton. Ce volume, organisé par thématique, regroupe 39 contributions de spécialistes qui toutes débouchent sur des propositions concrètes.
* Patrick Weil : Né en 1956, Patrick Weil est historien, directeur de recherche au CNRS (Centre d’histoire sociale du XXe siècle de l’université Paris-I), il enseigne également à Yale University. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire de l’immigration et de la nationalité, parmi lesquels La France et ses étrangers ou Qu’est-ce qu’un Français ?
Voir aussi, dans Libération, l’entretien de Sylvain Bourmeau, 17 janvier : «Les idées finissent toujours par l'emporter» . Historien, directeur de recherche au CNRS, Patrick Weil est aussi l’animateur du Club du 6 mai, à l’initiative de ce volume collectif de 80 propositions pour temps de crise.
«Si la gauche revient au pouvoir en mai 2012, elle trouvera les caisses de la France vides», ce constat, par lequel s’ouvre votre livre, sonne comme une implacable contrainte, non ?
C’est une donnée mais elle ne doit surtout pas paralyser l’esprit. Il ne s’agit pas de nier la contrainte, mais de faire en sorte que la campagne ne s’organise pas uniquement autour. Sinon cela préjugera très mal de la suite, lorsqu’il s’agira de composer un gouvernement de 25 ministres qui ne seront, heureusement, pas tous chargés des Finances ! Ces ministres auront des politiques publiques à mettre en œuvre. La crise économique est considérable et ses conséquences budgétaires lourdes. Cela pèse sur la campagne, mais il est urgent de redonner des perspectives au pays, indépendamment de ce qui peut se passer au plan financier. Avec 80 propositions qui ne coûtent pas 80 milliards, nous montrons qu’il est possible d’entreprendre de nombreuses réformes en impliquant les citoyens et sans dépenser plus.
La gauche semble souvent plus soucieuse de donner des gages de bonne gestion que d’affirmer son imagination politique. Comment l’expliquer ?
C’est toujours l’image que la droite essaye de coller à la gauche. Cela dit, il arrive aussi que la gauche se piège toute seule avec ce discours, au lieu de contre-attaquer. C’est, par exemple, ce qui s’est passé avec la réforme de la TVA sur la restauration, dont le seul objectif était la satisfaction d’une clientèle électorale de Nicolas Sarkozy. La gauche n’a pas osé souligner qu’il était stupide de se priver d’une taxation largement alimentée par les 80 millions d’étrangers qui viennent en France chaque année ou les repas d’affaires, alors que de très nombreux Français ne vont jamais au restaurant. La gauche ne doit pas se laisser imposer ses terrains.
Non seulement vos propositions ne coûtent pas des milliards, mais certaines permettraient même d’en gagner…
Celles qui concernent la TVA ou plus généralement la fiscalité, les niches fiscales qu’on pourrait remettre en cause, les successions qu’on pourrait taxer davantage pour financer l’assurance maladie… Ou cette proposition que je porte personnellement d’une taxe internationale sur les milliardaires. Aujourd’hui, les Etats-Unis perdent 3 000 citoyens par an, qui préfèrent renoncer à leur citoyenneté plutôt que de payer des impôts. Ce phénomène touche la Chine, l’Union européenne ou la Russie. Il est donc dans l’intérêt de ces pays de créer une nouvelle taxe sur les milliardaires. On en compte 1 300 dans le monde et si on les taxait à hauteur de 1%, cela rapporterait 45 milliards de dollars [35,5 milliards d’euros, ndlr]. Sachant que le budget de l’ONU atteint 13 milliards, on imagine aisément tout ce qu’on pourrait faire d’une telle somme.
Lister des propositions de réformes est une chose, les mettre en œuvre une autre. Comment envisagez-vous le passage de l’une à l’autre ?
Aujourd’hui le Premier ministre n’est pas François Fillon mais Claude Guéant. C’est le Fouché de Sarkozy, il a récupéré la gendarmerie, une partie du pouvoir des régions avec la formation professionnelle, il s’occupe de l’immigration, de la nationalité, des visas… D’un côté, Sarkozy concentre tout le pouvoir économique, de l’autre, Guéant ce qui relève du régalien. Que reste-t-il au pauvre Fillon ? Le premier des ministres n’est plus le Premier ministre. Il y a là une anomalie, et elle a des conséquences sur nos libertés publiques. C’est le reflet de cette culture du despotisme qui ne respecte pas la règle de droit, et indépendamment d’elle impose des chefs et ses hiérarchies. Nous pensons que pour mettre en œuvre des réformes, c’est la démarche rigoureusement inverse qu’il faudra développer. Il faut savoir faire confiance aux citoyens, concevoir des réformes bottom up, qui partent du bas, comme celle proposée par Eric Maurin et d’autres qui vise à redonner aux parents d’élèves une place dans le système d’enseignement.
De telles méthodes nécessitent du temps, or si la gauche gagne elle devra sans doute aller très vite…
La composition du gouvernement et les frontières entre ministères, ça doit être de suite - pour signaler que le ministère de l’Intérieur n’est plus dominant ou que la politique européenne sort de la politique étrangère pour devenir un domaine de politique intérieure. Certaines réformes, comme celles qui touchent à la fiscalité, devront être prises de façon centralisée, par la voie législative, après consultation des partenaires sociaux. Mais la législature dure cinq ans et pour des domaines comme la santé, l’éducation ou le logement, nos propositions s’inscrivent dans la durée et impliquent la confiance et la coopération des acteurs plutôt que leur confrontation.
De plus en souvent, de manière assez surprenante, les candidats se plaignent du vol de leurs idées par leurs adversaires. Qu’en pensez-vous ?
Lorsqu’un adversaire s’empare d’une idée, c’est la plupart du temps pour la pervertir. C’est ce qui s’est passé lorsque j’ai proposé d’importer du Texas la politique qui permet aux meilleurs élèves de chaque lycée d’accéder aux universités de cet Etat. Nicolas Sarkozy s’en est emparé mais en la vidant de sa substance. Affirmant qu’il était contre une société fondé sur les droits, il estimait que c’était au proviseur de choisir quels élèves pouvaient bénéficier de cette règle. Pourtant ce droit des élèves qu’il voulait faire disparaître existe même au Texas. Version Sarkozy, la proposition s’en trouvait totalement transformée. Le diable se cache toujours dans les détails…
Avez-vous déjà comparé vos 80 propositions aux programmes des candidats ?
On ne dispose pour l’instant que des programmes des partis, pas de ceux des candidats. On le fera, mais le plus important c’est que ces propositions soient mises sur la table avant l’élection. Elles sont faites pour être discutées, amendées et donc améliorées. Mais lorsqu’elles sont bien construites les idées finissent toujours par l’emporter.
Voir La liste intégrale des 80 propositions
Cet article est le 23ème paru sur ce blog dans la catégorie CIVIQ Rencontres CIVIQ