Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Mediapart met de nouvelles informations sur la table
Le dossier judiciaire ira-t-il à son terme, comme le souhaitent les familles de victimes (voir Attentat de Karachi en 2002 : les familles de victimes en quête de vérité - 19 novembre 2010) ?
Pour ralentir le cours de la justice dans l'affaire Karachi, le pouvoir agit sur quatre points névralgiques (Rue89, 22 novembre 2010) Dossier Karachi : des verrous partout pour freiner la vérité.
Le site Mediapart a dévoilé Les documents Takieddine, du nom du principal suspect (voir l’infographie du Monde : comprendre l'affaire de Karachi en trois minutes et cet article paru le 29 juillet sur le site du Monde.
Mediapart évoque une coopération entre le ministre de l'intérieur et le marchand d'armes, principal suspect de l'affaire Karachi, pour opérer un rapprochement avec la Libye entre 2005 et 2007.
Mediapart continue sa série de révélations tirées d'une masse de documents relatifs à Ziad Takieddine, intermédiaire franco-libanais de ventes d'armes, proche d'un certain nombre de personnalités de l'UMP et principal suspect de l'affaire de Karachi (voir notre infographie : comprendre l'affaire de Karachi en trois minutes).
Le site a mis en cause nommément, jeudi 28 juillet, le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, et le chef de l'Etat. Documents à l'appui, Mediapart relate comment la Place Beauvau a aidé, de 2005 à 2007, Ziad Takieddine à obtenir des contrats en Libye. Le maître d'œuvre de ce rapprochement franco-libyen, qui est également intervenu pour la libération des infirmières bulgares à l'été 2007, n'est autre que l'actuel ministre de l'intérieur, Claude Guéant, affirme Mediapart.
TAKIEDDINE, ARTISAN DU RAPPROCHEMENT ENTRE SARKOZY ET LA LIBYE
Ziad Takieddine est soupçonné d'avoir été l'un des intermédiaires des contrats Agosta de vente de sous-marins au Pakistan en 1994. Les commissions qu'il a touchées en marge de ces contrats et qu'il a reversées à des intermédiaires pakistanais pour faciliter la vente auraient pu donner lieu, selon les soupçons des juges, à des rétrocommissions illégales, qui auraient servi à financer la campagne d'Edouard Balladur en 1995, campagne dont Nicolas Sarkozy était l'un des principaux artisans.
C'est l'arrêt du versement des commissions par Jacques Chirac et Dominique de Villepin, quelques années plus tard, qui aurait abouti à l'attentat qui a tué quatorze personnes dont onze Français, le 8 mai 2002 à Karachi.
Selon les nouveaux documents que publie Mediapart, Ziad Takieddine a entretenu des relations avec certains proches de l'actuel chef de l'Etat, notamment au travers d'une tentative avortée de vendre un système de surveillance aux frontières à l'Arabie saoudite en 2003. Jacques Chirac a fait stopper au dernier moment ce contrat mené sous l'égide de M. Guéant, alors directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, lui-même ministre de l'intérieur.
En 2005, au retour de Nicolas Sarkozy Place Beauvau, la Libye, qui cherche à rompre son isolement international, prend contact avec lui pour "établir une coopération sérieuse dans tous les domaines de la sécurité". Le ministre de l'intérieur libyen de l'époque souhaite même rencontrer son homologue français.
"L'AUTRE SUJET IMPORTANT..."
Ziad Takieddine sert alors d'intermédiaire et cherche à faire venir des cadres de la compagnie Sagem en Libye pour y discuter d'un projet de vente d'un système de fabrication de passeports et de cartes d'identité biométriques. D'autres projets sont évoqués dans des courriers cités par Mediapart, sur la modernisation d'avions de chasse Mirage et Sukhoi, par exemple, ou la surveillance aux frontières. Deux domaines qui relèvent, en principe, du ministère de la défense et pas de celui de l'intérieur.
Claude Guéant prend alors langue personnellement avec M. Takieddine. Celui-ci envoie, le 6 septembre 2005, une note au directeur de cabinet du ministre de l'intérieur, pour préparer une visite de Nicolas Sarkozy en Libye. Au menu, des discussions sur le terrorisme ou l'immigration, mais aussi des questions de contrats.
M. Takieddine évoque dans ses courriers à M. Guéant une visite préparatoire que ce dernier effectuerait préalablement et "de manière confidentielle". La note du Franco-Libanais à M. Guéant explique que cette discrète visite aura un "autre avantage : plus d'aise pour évoquer l'autre sujet important, de la manière la plus directe..." Ce "sujet important" n'est pas précisé. "Il est indispensable que le volet 'commercial' de la visite ne soit pas mis en avant par les préparatifs officiels", écrit encore M. Takieddine.
COMMISSIONS ILLÉGALES
Un autre courrier, de Nicolas Sarkozy cette fois, et adressé à un proche de Mouammar Kadhafi, confirme le projet de visite officielle précédée de la venue de Claude Guéant à Tripoli. Dans une nouvelle note envoyée en septembre 2005 par M. Takieddine à M. Guéant, l'intermédiaire évoque la volonté du ministère de l'intérieur français de vouloir superviser "la bonne exécution tant des travaux que du contrat".
Dans un autre document, M. Takieddine assure à son correspondant libyen que "Sagem est la société à laquelle le ministre (Nicolas Sarkozy) a l’intention de confier le contrat de surveillance des frontières en entier". Mais le clan Chirac veille, et récupère les contrats de rénovation au profit de Dassault et non de Sagem.
Ziad Takieddine repart à l'assaut en 2006. Il fait cette fois l'intermédiaire entre I2e, groupe spécialisé dans la "guerre électronique", dirigé à l'époque par Philippe Vannier, actuel dirigeant du groupe Bull (aujourd'hui, I2e a été renommée "Amesys" et appartient au groupe Bull). Dans un courrier aux autorités libyennes, M. Vannier évoque, pour vanter sa technologie de contre-mesures d'écoutes électroniques, "le ministre de l'intérieur français", qui "dispose d'une réelle connaissance corroborée par une collaboration avec la société spécialisée dans ce domaine", I2e donc.
Un contrat est signé pour 33 millions d'euros avec la marine libyenne. M. Takieddine percevra en 2007 et en 2008 de la part d'I2e une commission de 4,5 millions via plusieurs sociétés offshore. D'autres contrats de la même société lui permettront de toucher 7 millions supplémentaires. Autant de sommes en principe illégales : la France a proscrit depuis 2000 les commissions sur les ventes d'armes et de matériel assimilé comme les technologies de surveillance (…).
Cet article est le 17ème paru sur ce blog dans la catégorie Justice Police Défense.