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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

André Pflimlin et l'Europe des producteurs de lait : une infinie diversité

Deux modèles opposés, danois et bavarois, et la Roumanie

 

AG Office du lait Avranches 221111 032 TL’auteur du livre « Europe laitière » (Editions France Agricole, 2010) - voir Dans son livre, Europe laitière, André Pflimlin condamne le libéralisme, André Pflimlin, est sollicité pour intervenir lors de réunions et conférences en France mais aussi en Belgique, au Luxembourg et en Allemagne. Le 27 juin, il était en Belgique, invité par Erwin Schöpges. Auparavant, le 5 juin, il avait présenté au groupe MARS (Mouvement agricole et rural solidaire) le même exposé, suivi d’un débat avec les membres du groupe présents. Voici un résumé et des extraits de cet exposé (1ère partie).

 

« Europe Laitière, la double impasse : le marché libéral  et le modèle de production. Comment en sortir ? »

 

Plan de l’exposé complet

I La compétition entre pays et régions de l’UE-27 est inéquitable et destructrice pour les éleveurs (cas du Danemark, de l’Irlande, de la France, de l’Allemagne et de la Roumanie).

II Le marché laitier mondial est un leurre pour nos producteurs et nos laiteries.

III Pour une autre politique laitière et rurale:

La privatisation du marché laitier… pour l’OMC ?

Les contre-exemples: USA, Canada, Confédération Helvétique.

La nécessité d’une régulation européenne.

 

1ère partie : les différents modèles de production laitière en Europe

 

Localisation de la production laitière et taille des troupeaux en Europe

80 % du lait est produit dans ce qu’était l’Union européenne à 15 (avant l’entrée des pays plus à l’est).

50 % du lait est produit sur 10 % des surfaces.

Grande diversité des systèmes de production et des tailles de troupeau :

-          différences entre l’Autriche (moyenne de 12 vaches) et le Danemark (moyenne 120). Dans l’UE à 15 : moyenne 45.

-          Dans les 12 nouveaux pays (qui font 20 % de la production mais 80 % des troupeaux), il y a deux sous-groupes de pays : les très grands troupeaux (de 100 à 1000 vaches) et les très petits (moins de 5 vaches).

 

Demain, avec la fin des quotas, la compétition entre pays et régions sera plus inéquitable et  plus destructrice… même entre les pays de l’Europe de l’Ouest

 

Entre le Danemark (120 VL, 1 000 T de lait / ferme, modèle intensif de l’ancienne commissaire à l’agriculture Mme Fischer Boel) et l’Irlande (60 VL, 300 T, modèle extensif), il y a les Pays-Bas (70 VL, 600 T), l’Allemagne (50 VL, 350 T) et la France (45 VL, 300 T).

 

Cas extrême du Danemark (3 % du lait de l’UE) : une restructuration vertigineuse (33 000 troupeaux, moyenne 30 VL en 1984 ; 3 000 troupeaux, 160 VL en 2014) avec d’énormes investissements.

Les fermes sont rachetées à l’installation, financées par des prêts à LT (au moins 30 ans, dont 10 avec différé de remboursement de capital).

Taux d’endettement moyen : 20 000 euros par VL, 100 à 150 euros de frais financiers par tonne de lait produite.

Pourquoi cette course folle ?

-          Anticipation sur la fin des quotas, quasi certaine depuis longtemps (la ministre de l’agriculture, Mme Fischer Boel, est devenue commissaire européen à l’agriculture),

-          Depuis 1997, marché libre des quotas,

-          Une laiterie unique (coopérative) ARLA, qui collecte 90 % du lait au Danemark et en Suède, plus de 30 % au Royaume-Uni et, de plus en plus, en Allemagne,

-          Une organisation professionnelle unique, qui tient tout (le syndicalisme, la recherche et le conseil, l’approvisionnement…),

-          Une double compétition, interne (avec production porcine) et externe (à partir de la suppression des quotas, en 2015, avec les autres pays européens, être plus gros, plus forts).

Les éleveurs avaient le choix : grossir ou partir. Maintenant, ils n’ont plus le choix. C’est traire pour rembourser les dettes (revenu nul ou perte de revenu depuis quatre ans, proportionnelle au nombre de vaches).

 

Cas extrême de l’Irlande (3,5 % du lait européen) : toujours plus de pâturage (4 millions d’hectares de prairies, qui occupent 90 % de la SAU, 1 million de VL). Elevage moyen : 50 hectares, 60 VL, 5 000 kg de lait par VL et par an, avec peu d’aliments concentrés (500 kg/VL/an, 9 mois de pâturage, 3 mois d’hivernage avec ensilage d’herbe). Laiteries et salles de traite fermées en janvier.

Système simple et rentable actuellement, mais qu’en sera-t-il demain ? Coût de production (hors travail) : 150 euros/tonne de lait (peu de charges de structure, peu d’aliment concentré, un peu plus d’engrais azoté, plus de prairies avec trèfle). Type de vache plus rustique.

A l’avenir, face à la crise et au chômage, produire plus (pâturage) et exporter sur le marché mondial (déjà 80 % aujourd’hui, car seulement 4 millions d’habitants), donc plus de beurre et de poudre de lait (sans aides européennes ?)

 

Cas intermédiaire de la France (16 % du lait européen) : 70 000 troupeaux, des systèmes fourragers basés sur le maïs (3/4 du quota) mais aussi des systèmes herbagers de plaine (avec peu de maïs, moins de 10 % du lait, des AOC peu rémunérées), des systèmes herbagers de montagne (10 % du lait, 30 % des producteurs impliqués dans les AOC et un prix du lait souvent plus élevé).

Des filières qualité mais aussi beaucoup de produits frais et industriels de grande consommation, laissant une plus-value faible pour le lait « minerai ».

 

Cas particulier de l’Allemagne (19 % du lait européen, 80 000 troupeaux) : 3 modèles plus extrêmes

-          Au sud, des fermes diversifiées de 20 à 40 ha (races mixtes ou brunes), du pâturage, avec un complément tourisme (chambres d’hôtes, circuit court, bio, forêt…). Maintien du tissu rural, à l’avenir, par la diversité,

-          Au nord, des fermes familiales spécialisées, peu endettées (l’installation se fait sans coût de reprise – pension aux parents). En moyenne, 60 à 100 VL Holstein, 8 000 kg/VL, systèmes fourrager à base de maïs et pâturage. A l’avenir, croissance de la production laitière mais concurrence du biogaz par rapport au maïs,

-          A l’est, des modèles américains (500 à 1000 VL, 10 000 kg/VL, ration complète, 3 traites/jour). A l’avenir, lait ou céréales ou énergie ?

 

Allemagne-France : les pièges de la compétition

Des producteurs allemands plus compétitifs ? Cela se discute. Ils ont : transmission d’exploitation peu coûteuse, main-d’œuvre de l’est moins coûteuse, fiscalité (TVA et forfait), aides fédérales (bâtiments) et aussi des länder (2ème pilier), biogaz et autres énergies renouvelables (à la fois concurrentes et complémentaires).

Des laiteries plus compétitives ? Cela se discute. Exemple : la MUH, coopérative, usine très spécialisée en lait UHT, valorisé à 0,5 euro/l, dans une région très herbagère de piémonts (Ardennes), avec un prix du lait au producteur, inférieur au prix moyen allemand depuis 2009. Projet de tour de séchage, avec prévision de 50 % de lait en plus. Les choix de cette laiterie ont été contestés (départ de 108 éleveurs).

 

Roumanie : un tiers du pays à l’abandon : le pays le plus pauvre de l’UE (22 millions d’habitants), avec 4 millions de petites fermes (27 % des emplois en 2007), dont 1 million qui ont moins de 6 VL.

D’un côté, concentration dans la plaine du Danube pour les cultures (maïs, soja, tournesol, coton), les porcs et volailles, quelques grands troupeaux de vaches (migrants avec 1 000 VL).

De l’autre, déprise dans les Carpathes, sur des piémonts herbagers à forte biodiversité et vocation d’élevage, mais trop petites structures, sans aides et sans accès au crédit, et aussi sans possibilité de respecter les normes sanitaires européennes. Seulement 20 % du lait est collecté par les laiteries. Il faudrait un grand projet européen de développement rural.

 

Conclusion de la 1ère partie : entre le modèle danois (160 000 fermes à 160 VL, très risqué pour les éleveurs, avec concentration et pollution ici et déprise là) et le modèle bavarois ou normand (1 million de fermes à 20-50 VL, avec diversité des produits et des territoires, biens publics, 2ème pilier européen renforcé), il y a de grandes différences et un équilibre à trouver.

 

Cet article est le 326ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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