Souveraineté alimentaire et gestion de l’offre de lait au Canada
La semaine dernière, les 20 réunions de l’Apli ont permis de populariser le système canadien de gestion de la filière laitière, sous le contrôle des pouvoirs publics. Les producteurs de lait ont participé nombreux et ont montré beaucoup d’intérêt pour ce système qui refuse la suprématie des échanges et marchés mondiaux (voir Apli 18 janvier Mayenne : débat avec Pascal Massol et les Québécois - 19 janvier 2010).
Jean Rousseau, ici, après la réunion à Mayenne
Voir la revue de presse de l’ASSOCIATION NATIONALE DES PRODUCTEURS DE LAIT INDEPENDANTS. On y trouve des échos sur les réunions publiques, la semaine dernière, avec la participation des producteurs de lait québécois (les articles parus sur ce blog ne sont pas oubliés).
Gilles Michaud - ici à Mayenne, répondant aux questions de Roland Freza, journaliste à France-Bleu Mayenne - est membre du comité exécutif de la Fédération des producteurs de lait du Québec
À Ledinghem, l'APLI vante le modèle canadien de production de lait (La Voix du Nord, 23 janvier)
Le système canadien, un modèle à suivre (La Dépêche du Midi, 23 janvier)
Les producteurs de lait rêvent du Canada (Ouest-France, Normandie, 23 janvier)
L'espoir des producteurs laitiers arrive du Québec (Sud-Ouest, 23 janvier)
Lait / Un cadre réglementaire et un contrôle des importations - Deux Canadiens expliquent leur système (Paysan breton, 25 janvier)
L’organisation des agriculteurs du Québec est originale. Ils sont rassemblés dans l’Union des Producteurs Agricoles (voir Bienvenue sur le site de l'UPA).
Le président des producteurs de lait, Marcel Groleau, dans un mémoire présenté à la commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois, expose la vision de la Fédération des producteurs de lait du Québec pour les dix prochaines années. Au moment où le prix du lait en poudre explose sur le marché mondial.
La Fédération croit que l’avenir de l’agriculture doit se baser sur un principe de souveraineté alimentaire et sur une gestion de l’offre efficace. «Nous souhaitons, a dit Marcel Groleau, que le secteur laitier appuie son développement sur un contrat social renouvelé avec la population et les gouvernements, basé sur les principes de la souveraineté alimentaire et sur une gestion de l’offre efficace. Pour que cela se concrétise, nous demandons au gouvernement du Québec d’adhérer aux principes de la souveraineté alimentaire et d’en faire la pierre d’assise de la politique agricole du Québec.»
Marcel Groleau a opposé souveraineté alimentaire et indépendance alimentaire, qu’il ne faut pas confondre. Par souveraineté alimentaire, il faut entendre le droit des peuples à définir leur propre politique alimentaire et agricole, à protéger et réglementer la production et les échanges agricoles nationaux pour atteindre des objectifs de développement durable, déterminer leur degré d’autonomie alimentaire et empêcher le dumping de produits agricoles et alimentaires sur leurs marchés.
La Fédération a initié une consultation auprès de plus de 3 000 producteurs l’hiver dernier dans le but de dégager les enjeux auxquels ils devront faire face au cours des dix prochaines années. Il en ressort que les producteurs veulent conserver le système de mise en marché actuel. Ils ont aussi reconnu la nécessité de recréer un lien entre les producteurs et les citoyens. Le modèle développé dans le secteur de la production laitière basé sur la mise en marché collective et la gestion de l’offre est une belle réussite qu’il faut préserver, a évoqué Marcel Groleau.
« La souveraineté alimentaire n’est pas une politique qui empêche les exportations ni qui empêche les importations, mais c’est une politique qui permet et qui donne pleine autonomie aux gouvernements d’élaborer leur politique agricole et alimentaire.
Ce n’est pas ce qui se passe actuellement dans les négociations à l’OMC, c’est plutôt le contraire. Aujourd’hui, à l’OMC, on limite l’application de politiques d’États ou régionales en agriculture parce qu’on ne veut pas limiter le commerce» a soutenu Marcel Groleau.
Selon le président de la Fédération, cette politique d’autonomie est beaucoup plus près de la réalité d’aujourd’hui que la réalité du commerce et d’ouverture des marchés qu’on veut bien le présenter, puisque 90% des produits agricoles et alimentaires sont consommés près de leur lieu de production et de transformation.
Rappelons que la Fédération des producteurs de lait du Québec regroupe 7 000 fermes avec 15 000 producteurs. En moyenne, on compte 55 vaches par ferme et une production de 400 000 litres de lait par troupeau et par année. Au total, le Québec produit 2,8 milliards de litres de lait pour des revenus d’environ 2 $ milliards. Formée dans le but de faire état de la situation, des enjeux et des défis de l’agriculture et de l’agroalimentaire, le mandat de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire veut examiner l’efficacité des interventions publiques en matière d’environnement, de santé, d’occupation du territoire, de développement régional, établir un diagnostic et formuler des recommandations compte tenu des défis de la compétitivité et des revenus agricoles et de la mise en valeur du potentiel régional.
Voir aussi Quota de lait à quel prix.
Par ailleurs, l’Apli était représentée le 25 janvier, lors de l’émission de TF1 avec le président Sarkozy, par Sophie Poux, porte-parole Apli dans le Tarn-et-Garonne. Voir L'agricultrice Sophie Poux.
Cet article est le 167ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.