Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Libération évoque un financement politique illégal
Une nouvelle digue a cédé face à la détermination des familles de victimes de l’attentat de Karachi (Pakistan), qui avait causé la mort de onze salariés français de la direction des constructions navales en 2002 (voir Karachi : l'Etat savait mais ne voulait pas que l'enquête avance - 20 juin 2009).
La justice enquête sur un financement politique (campagne électorale présidentielle en 1995 de Balladur face à Chirac) apparu en marge de cet attentat. Voir Karachi : le parquet enquête sur des soupçons de financement politique illégal, Le Monde, 24 avril, puis, le 26 avril Attentat de Karachi : la campagne de Balladur dans le collimateur).
Révélation du quotidien Libération (26 avril, Guillaume Dasquié) : Vente d'armes au Pakistan: la piste Balladur. Selon des documents inédits recueillis par «Libération», des intermédiaires proches des balladuriens ont perçu des commissions en 1995 lors d'un contrat de vente de sous-marins français au Pakistan.
À Paris, dans des appartements cossus des avenues Georges Mandel et Henri Martin, entre 1994 et 1995, deux intermédiaires libanais imposés par le pouvoir balladurien exercèrent d’amicales pressions pour capter des centaines de millions sur le contrat d’armement des sous-marins signé avec le Pakistan le 21 septembre 1994. Des éléments inédits recueillis par «Libération» (disponibles en version intégrale en kiosque ou sur notre zone payante) tendent à montrer que ces opérations suspectes s’inscrivaient dans le financement de la campagne présidentielle d’Édouard Balladur de 1995, alors qu’à cette époque Nicolas Sarkozy en était le porte-parole, et surtout qu’il dirigeait le ministère du Budget du gouvernement Balladur. La dimension pécuniaire des exportations de matériels de guerre étant soumis à l’agrément de ce ministère.
Car en plus des émoluments permettant la conclusion de ce contrat, en achetant les bonnes grâces des militaires pakistanais à hauteur de 338 millions de Francs, le pouvoir politique Français a exigé au dernier moment un supplément de 216 millions de Francs de commissions, au profit de ces deux affairistes basés dans le XVI° arrondissement de Paris, Ziad Takieddine et Abdulrahmane El Assir. C’est ce que détaille la confrontation de plusieurs documents. Notamment le contrat d’armement lui-même, de 197 pages – dont la justice réclame en vain un double, mais dont «Libération» a obtenu une copie intégrale – les divers accords entre intermédiaires qui l’ont accompagné, ainsi que les archives d’un des hommes clés côté pakistanais, que nous avons récemment recueillies à Karachi.
À la lumière de ces pièces, d’ores et déjà nous pouvons reconstituer le film de l’affaire. Au printemps 1994, la Direction des constructions navales (DCN) – placée sous la tutelle directe du ministère de la Défense – a appris qu’elle remporterait au Pakistan ce contrat de 5,41 milliards de Francs et elle s’est engagée à verser les 338 millions de Francs de commissions aux intermédiaires locaux lui ayant permis de l’emporter. Mais ce réseau de corruption, mis en place par une officine parisienne, la Sofma, a cessé de payer ses agents pakistanais (militaires, fonctionnaires, membres des services de sécurité…) dans le courant de l’année 2001, quelques mois avant l’attentat du 8 mai 2002 – comme nous le révélons aujourd’hui dans nos enquêtes. Pour des motifs mystérieux.
Sans que cet arrêt des paiements ne soit lié à la nouvelle législation du 28 septembre 2000 imposée par l’OCDE et interdisant de payer des intermédiaires étrangers. En outre, parallèlement à ce budget, en 1995, les cadres de la DCN ont reçu du pouvoir politique l’ordre de débloquer une deuxième enveloppe de commissions de 216 millions de Francs à destination d’une société offshore panaméenne inconnue de tous, Mercor Finance. Structure discrète gérée depuis la Suisse pour les deux affairistes libanais, Ziad Takieddine et Abdulrahmane El Assir, que personne ne semble avoir croisé à l’époque au Pakistan.
Dans la même séquence de temps, notre enquête nous permet d’observer de curieuses opérations dans le financement de la campagne d’Édouard Balladur. Des relevés bancaires du compte de campagne d’Édouard Balladur que nous avons consultés, ouvert dans une agence du Crédit du Nord au 6 boulevard Haussmann à Paris, mentionnent un dépôt d’argent liquide de 10 millions de Francs, effectué en une seule fois le 26 avril 1995.
Le Figaro enregistre les déclarations de Balladur : Karachi : les explications d'Edouard Balladur(26 avril). Dans une tribune à paraître mardi dans le Figaro, l'ancien premier ministre dément avoir bénéficié de rétro-commissions pour financer sa campagne présidentielle de 1995.
Libération (Renaud Lecadre, 26 avril) réplique aussitôt : Pourquoi Balladur ne répond pas sur l'essentiel. «Libération» revient point par point sur la réponse d'Edouard Balladur à nos révélations sur des soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de 1995.
1) «La vente de trois sous-marins au Pakistan a été autorisée par moi lors de la visite en 1994 de Mme Bhutto. La décision d’autoriser l’octroi de commissions n’était pas de la responsabilité du Premier ministre ou de ses services. J’ignore si, en l’espèce, il a été décidé d’y avoir recours.»
Edouard Balladur se réserve les lauriers industriels d’un grand contrat d’armement (5,4 milliards de francs à l’époque), mais sans se mêler des basses contingences financières. Contrairement à ce qu’il proclame, le versement de commissions relevait bien d’une décision gouvernementale - ne serait que pour permettre au vendeur de les déduire de son bénéfice imposable. En matière d’armement, le ministre du Budget (Nicolas Sarkozy à l’époque) devait obligatoirement donner son feu vert. Nicolas Bazire, alors proche conseiller à Matignon, a également eu son mot à dire. A entendre Balladur, ses deux Nicolas ne faisaient pas partie de «ses services»… A moins que lui-même n’eut été un Premier ministre fantoche.
2) «Pour assurer le financement des dépenses électorales de ma campagne, j’ai eu recours à l’ensemble des moyens légaux dont je disposais (…). Les comptes de ma campagne ont été audités puis validés par le Conseil constitutionnel.»
Edouard Balladur se garde bien de répondre ou de démentir l’information de «Libé»: dix millions de francs ont atterri sur son compte électoral en avril 1995, soit 20% du budget de sa campagne. L’intitulé officiel de cette colossale remise en espèces (collectes effectuées lors de meetings électoraux) colle difficilement avec ces coupures de 500 euros. Que le Conseil constitutionnel ait décidé de valider le tout ne change rien à cette incongruité.
3) «En 1996, si j’en crois les déclarations de certains responsables gouvernementaux de l’époque, le versement des commissions qui auraient été afférentes à ce contrat a été interrompu, alors que ma campagne présidentielle était terminée depusi un an et qu’il n’était nul besoin de la financier.»
De fait, les chiraquiens revenus au pouvoir en 1995 ont interrompu un certain nombre de commissions allouées sous le précédent gouvernement. Mais là encore, l’ex-Premier ministre fait mine d’ignorer la seconde information de «Libération»: deux intermédiaires du contrat pakistanais, introduits dans le circuit par des balladuriens, ont obtenu que leurs commissions (théoriquement échues tout au long du contrat, sur une période de dix ans), soient versées d’un seul bloc au cours du premier semestre 1995, en pleine campagne présidentielle.
Ce 26 avril, Julien Martin, sur le site Rue89, présente ainsi les faits : Karachi : Balladur et Sarkozy dans le viseur de la justice. La campagne présidentielle de Balladur en 1995, dont Sarkozy était le porte-parole, pourrait avoir bénéficié de commissions illicites.
Cet article est le 14ème paru sur ce blog dans la catégorie Justice Police Défense.