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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Avec la Grèce et Goldman Sachs, vers un rebond de la crise financière

 

L’Europe va devoir se réinventer dans l’urgence

 

Le Titanic grec s’enfonce inéluctablement. Mais il ne peut couler, affirme le commandant de bord Trichet. Pendant ce temps, la banque américaine Goldman Sachs* évoque l’idée d’une renégociation de la dette grecque, combinée avec des aides de l’Union européenne et du Fonds Monétaire International. Cette même banque accusée par ailleurs de « faillite morale ». Essayons d’y voir clair, à partir des informations à notre disposition.

 

Voici, en substance, ce qu’écrivait, hier, Isabelle Mouilleseaux, dans La Chronique Agora :

Prenez garde à la Grèce !

 

(…) La réalité ? La voici
Ils ont beau dire, ils ont beau faire... L'annonce de Moody's a fait trembler les marchés hier. L'agence s'acharne sur la Grèce et dégrade une nouvelle fois sa note. En faisant bien comprendre que le prochain tour de vis n'est pas loin... Coup de tonnerre en provenance d'Eurostat, qui enfonce le clou en affirmant que le déficit grec atteindra en 2009 13,6% du PIB et non 12,7%. Et encore... cette estimation pourrait être sous-estimée ! 14% étant plus que probable. Alors ? Vous feriez, vous, confiance aveuglément aux belles paroles des "politiques" et à leur exquise rhétorique ?

 

Les marchés ont choisi leur camp
Pas question de porter des oeillères. La réaction a été immédiate. Assèchement du marché de la dette obligataire grecque dont les volumes seraient passés de 12 milliards d'euros par jour à... 1Md euros. Imaginez le challenge que cela va être pour la Grèce de trouver 8,1 Mds d'euros le 19 mai prochain pour faire face à son échéance. Explosion des taux grecs à 2, 5 et 10 ans à des niveaux record. Fuite des acheteurs = baisse des cours = hausse des taux. Envolée immédiate du prix des CDS (contrat d'assurance contre le risque de défaut de paiement de la Grèce). Pas étonnant. Les assureurs sentent le risque de défaillance de la Grèce s'approcher toujours plus.

 

La spirale destructrice est en place
Je résume la situation. Tous les jours, le déficit grec se creuse un peu plus. Donc : La Grèce, qui n'arrive déjà pas à faire face à ses échéances, doit emprunter de plus en plus pour financer ce "puits sans fond". Donc : Le coût d'emprunt est de plus en plus cher, puisqu'il croît avec le risque. Donc : Le coût de la dette pèse de plus en plus (intérêts) dans le budget de la Grèce. Ce qui creuse son déficit... etc.

Avez-vous une idée de la rapidité avec laquelle l'insubmersible Titanic a coulé ? Moins de deux heures ! Combien de temps mettra notre bateau grec ? (…)

 

Contre Info, ce 24 avril, rapporte les propos de Simon Johnson et les commente ainsi :

Crise grecque : le risque de contagion européenne

 

La hausse des taux des obligations souveraines manifeste un « risque de contagion très clair et très important », juge l’économiste Simon Johnson. Les pertes subies par les investisseurs et les banques sont suffisantes pour les détourner longtemps des émissions de dette publique des pays de la périphérie de l’Europe, et la hausse des taux va pénaliser leur système bancaire déjà fragilisé par la baisse de valeur des actifs portés dans les bilans.

 

Dans l’immédiat, la BCE doit continuer à fournir des liquidités pour prévenir les paniques, mais le risque reste important, juge-t-il, car les réticences de l’Allemagne à s’engager dans le sauvetage de la Grèce, pourraient provoquer une perte de confiance généralisée dont le Portugal, l’Espagne et l’Irlande seraient les premières victimes. Les USA ne devraient pas se croire à l’abri de cette nouvelle phase de crise financière, avertit Johnson, qui suggère que la Fed et le Président Obama prennent sans attendre des mesures préventives.

 

Au risque de lasser, répétons encore une fois que l’accumulation phénoménale de dettes durant la dernière décennie, alimentée par la baisse des taux US et les déficits commerciaux qui ont multiplié la base monétaire mondiale sans rapport avec la croissance, est la dimension centrale et toujours non résolue de cette crise.

 

Les dettes accumulées par le privé, adossées à des actifs surévalués, dépassent les capacités de remboursement dès lors que le niveau d’activité et la valeur des actifs ne sont plus soutenus par une quantité toujours croissante de nouveaux crédits.

La masse de capitaux spéculatifs, regonflée par l’intervention des banques centrales, tente désormais de préserver sa valeur fondamentalement compromise et accroît les tensions dès qu’une faiblesse apparaît.

Hier les futurs les plus sombres étaient promis tantôt à l’Angleterre, tantôt au Japon ou aux USA. Aujourd’hui c’est l’Europe qui pâtit des mouvements erratiques de cette arme de destruction massive détenue par la foule hystérique, grégaire et irresponsable de traders que l’on nomme marché.

 

Ceci posé, l’Europe n’est pas absoute, loin de là. La séquence actuelle révèle cruellement les limites et les faiblesses d’une construction où le politique a été évacué, au nom d’une confiance aveugle - et absurde - dans les mécanismes de marchés qui étaient censés résoudre les problèmes de convergence, à la seule condition du respect des règles de Maastricht.

 

Ce n’était pas une fatalité. Ensemble, l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne représentent 75% du PIB de la zone euro et disposent d’un poids suffisant pour en dessiner le futur ou en modifier les règles. Mais il aurait fallu faire preuve de lucidité et de volonté, ne pas se satisfaire des collections de phrases creuses d’un « agenda de Lisbonne » aujourd’hui oublié de tous, et concevoir les relations entre la France et l’Allemagne autrement qu’en fonction des atomes plus ou moins crochus des dirigeants de l’heure.

Aujourd’hui, faute d’avoir su se penser, l’Europe va devoir s’éprouver au réel et se réinventer dans l’urgence. Le réveil s’annonce difficile. 

 

Si l’on en croit Marie de Vergès, ce 24 avril, sur le site du quotidien Le Monde,

Le plan d'aide à la Grèce ne rassure pas les marchés

(…) "On entend dire que les prêts de 45 milliards d'euros promis à la Grèce couvrent le risque pour cette année, mais ne règlent pas le problème à plus long terme", explique Jean-Louis Mourier, analyste chez Aurel BGC. Bref, le camion de pompier UE-FMI ne suffira sans doute pas à éteindre l'incendie et à décrédibiliser le scénario qui titille les investisseurs : une banqueroute de la Grèce, ou pour le moins une restructuration de sa dette (…).

Reste un espoir pour briser la spirale infernale : la solidarité européenne. Mais, au moment d'activer le plan de soutien, la cacophonie menace une nouvelle fois de l'emporter. L'Allemagne, encore et toujours, traîne les pieds. La chancelière** Angela Merkel a précisé qu'il n'était "pas possible aujourd'hui de livrer des informations sur la nature ou le montant de l'aide". Tiens donc. Le mécanisme, a-t-elle répété, sera déclenché seulement si "la stabilité de la zone euro dans son ensemble" est menacée. L'euro, d'ailleurs, tâtonne, à 1,3289 dollar.

Le feuilleton grec est sans doute loin d'être terminé. Même avec un soutien financier, de nombreuses questions restent en suspens. D'abord, le pays parviendra-t-il à tenir son programme de rigueur, comme l'exigent les Européens ? (…)

 

* Voir Goldman Sachs, l'autre volcan qu'on n'a pas vu venir (Marianne2, 19 avril)

 

** Voir La Grèce appelle à l’aide, l’Allemagne renâcle (Le Monde, 24 avril).  

Cet article est le 34ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne.
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