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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Belgique : les libéraux flamands à l'origine d'une grave crise politique

 

 L’arrondissement bilingue de Bruxelles (BHV) en question

   

Les libéraux flamands voient leur audience électorale baisser au profit de partis flamands (néerlandophones) plus radicaux sur la question des revendications linguistiques (voir Belgique : un pays écartelé entre flamands au nord et francophones - 3 avril 2010). 

 

Avant d’évoquer cette crise qui mine l’unité de la Belgique, il est bon de se reporter à la précédente. Voir La Belgique plus divisée que jamais, Le Monde, Jean-Pierre Stroobants, 30 décembre 2008, qui se concluait ainsi :  

"Quelque chose cloche quand personne ne veut du pouvoir", écrivait ainsi l'influent quotidien flamand De Standaard. "La mission de chef du gouvernement fédéral est, en effet, désespérée. D'abord parce que ce gouvernement n'est pas celui d'un pays, mais de deux. Qui évoluent différemment, qui développent d'autres vues et d'autres besoins, qui ont même une vision différente de ce que doit être et faire un gouvernement fédéral."  

 

Le même, correspondant du Monde à Bruxelles, décrivait ainsi la situation, le 23 avril 2010 :  

 

Bruxelles-Hal-Vilvorde, une région qui risque de faire exploser la Belgique  

 

BHV : trois lettres qui résument les malheurs de la Belgique et symbolisent un montage institutionnel d'une infinie complexité, qui, aujourd'hui, touche sans doute à ses limites extrêmes. BHV, comme Bruxelles-Hal-Vilvorde. Un arrondissement judiciaire et une circonscription électorale qui réunit les 19 municipalités formant la région de Bruxelles et 35 communes du Brabant flamand.  

 

Une structure que certains (flamands, surtout) décrivent comme hybride, à cheval sur Bruxelles bilingue et la Flandre unilingue - et désireuse que tous les points de son territoire le deviennent.  

 

D'autres (francophones surtout) voient plutôt BHV comme le dernier trait d'union au sein d'une Belgique qui, depuis 1970, a confié, par vagues successives, des pouvoirs très étendus à ses régions : la Flandre, la Wallonie et - plus tard - Bruxelles. Une Belgique divisée par bien d'autres choses : la langue, la culture, l'économie, la politique (la gauche domine en Wallonie, la droite en Flandre).  

 

En 1963, le monde politique commence à réformer l'Etat unitaire, né 133 ans plus tôt, de la volonté des grandes puissances. Un Etat longtemps dominé par les francophones et progressivement confronté aux revendications linguistiques, culturelles, puis politiques et économiques du "mouvement flamand", une structure qui traverse tous les grands courants politiques.  

 

C'est en 1963 qu'est tracée la "frontière linguistique", ligne fictive divisant le territoire en deux. Bruxelles est dans une situation paradoxale : très majoritairement francophone, elle est géographiquement située en Flandre. A sa périphérie - sur le sol flamand, donc - va progressivement s'installer une population francophone qui se voit garantir des droits : celui d'être jugée dans sa langue et de voter pour des candidats francophones bruxellois. Six municipalités sont, en outre, dotées d'un statut spécial : les francophones y sont progressivement devenus majoritaires et y acquièrent des "facilités", dont, surtout, le droit d'obtenir - sur demande - des documents administratifs dans leur langue.  

 

"PRIVILÈGES"  

 

Au fil du temps et des réformes institutionnelles, le "cas" BHV est devenu de plus en plus insupportable aux yeux d'une Flandre politique, partagée entre fédéralistes, autonomistes et séparatistes. Le premier courant perdant progressivement du terrain au profit des deux autres qui, ensemble, drainent aujourd'hui quelque 40 % de l'électorat.  

 

La persistance de l'arrondissement bilingue a acquis une puissance symbolique. Il est vu comme l'endroit où des francophones refusent l'assimilation, l'usage du néerlandais, et tentent de maintenir des "privilèges" des temps passés. Ces populations, souvent aisées, qui ont fait grimper les prix de l'immobilier, sont perçues comme les héritières de l'élite qui a dominé, et parfois méprisé, le "petit peuple" flamand.  

 

Le cas de trois bourgmestres (maires) francophones de communes "à facilités" est devenu le véritable point de crispation. Elus démocratiquement en 2006, ils n'ont pas été nommés par la région flamande, qui leur reproche d'avoir distribué des convocations en français aux électeurs... francophones.  

 

L'affaire va ressouder des partis francophones plus divisés qu'il n'y paraît sur le sort de BHV. Et pousser des partis flamands unanimes à voter, en novembre 2007, la scission de l'arrondissement. C'était en commission de la Chambre. Et c'est le même texte que certains voulaient faire adopter, jeudi 22 avril, en séance publique. Bloc flamand contre bloc francophone. Du jamais-vu dans l'histoire du royaume.  

 

D'où l'idée que BHV est bel et bien "la" bombe qui pourrait, un jour, faire exploser le pays du roi Albert II. Un pays qui, s'il survit, n'échappera pas à de nouvelles réformes institutionnelles. Parce que la Flandre les veut.  

 

Si l’on veut en savoir plus :  

 

"La Belgique vit sa crise la plus grave depuis 2007" (Le Monde, Stroobants, 23 avril)

Dans un chat au Monde.fr, Jean-Pierre Stroobants, correspondant du "Monde" à Bruxelles, estime qu'il ne semble plus y avoir, côté néerlandophone comme francophone, de leader capable de forger un véritable consensus.

La presse belge s'inquiète pour l'avenir du pays (Le Monde, 23 avril)

(…) Pour La Libre Belgique, c'est "le coup de force flamand" qui retient surtout l'attention. A savoir une tentative jeudi de tous les partis flamands, juste après la démission du gouvernement, de faire voter à la Chambre des députés un texte de loi remettant en cause des droits linguistiques des francophones vivant en Flandre.

"Gâchis", titre l'éditorialiste du quotidien après cette crise "d'une gravité sans précédent" et "qu'aucun citoyen n'a souhaité." Selon cet article, l'Open VLD, le parti des libéraux flamands "n'a agi que pour des raisons électorales. Mal à l'aise dans un gouvernement où il est absent, traversé par des divisions internes, géré par des novices, le VLD veut au plus vite gagner l'opposition où il pourra se refaire une santé. C'est son droit. Pas celui de prendre un pays, une population en otage." (…)

 

Belgique : Flamand délit de scission (Coulisses de Bruxelles, blog de Jean Quatremer, 23 avril)

 

Eric Zemmour: "Si la Belgique tombe, l'Europe tombe" (RTBF, Thierry Bellefroid, 23 avril)

"Seule Bruxelles empêche les Flamands de revendiquer la scission de la Belgique. Pour autant, je ne fais pas partie des optimistes qui pensent que les querelles linguistiques sont nées avec la Belgique et y existeront de tout temps, faisant pour ainsi dire partie de son Histoire. Pour moi, la Belgique a créé la question flamande, c'est une de ses composantes de base, et cette question risque d'en avoir raison. Si la Belgique tombe, c'est toute l'Europe qui risque de s'écrouler".

Zemmour fait donc partie de ces Français qui observent notre pays à la fois comme un rat de laboratoire et comme une sorte de création du diable. Pour lui, la Belgique est la RDA de la France. "Ce que je veux dire par cette formule choc, c'est qu'en imposant la création de cet Etat artificiel à la France en 1830, la Grande-Bretagne veut lui signifier clairement qu'elle a perdu. Car la Belgique est l'épicentre du rêve français, toutes les batailles importantes qu'a connues la France - et pas seulement Waterloo - se sont déroulées sur son territoire".

Si la démonstration d'Eric Zemmour, forcément orientée et subjective, peut irriter, elle a le mérite de mettre le doigt où ça fait mal. En démontrant que l'émancipation de la Flandre et son désir de plus en plus grand de partition ne sont pas un épiphénomène lié à la seule survie de notre pays, mais une question vitale pour la survie de l'Europe.

Cet article est le 35ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne. 

 

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