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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Chevènement dénonce l'aveuglement des autorités européennes

L’hérésie : une seule monnaie pour 17 pays très différents

 

« Le sommet de l'Ecofin de Wroclaw restera gravé dans les esprits comme l'une des pages les plus sombres de la déconstruction de l'édifice européen. Ce dernier commençait à connaître quelques failles dès décembre 2009 lorsque surgit au grand jour le problème de la dette grecque, témoin des dysfonctionnements structurels du pays et notamment au niveau fiscal.
Ce dossier constitue le révélateur de dissensions intra-communautaires qui ne sont jamais apparues aussi profondes depuis 30 ans » (Philippe Béchade, analyste financier, La Chronique AGORA, 20 septembre).

 

Zone euro : peut-on encore éviter la catastrophe ? (Le Monde Economie, 19 septembre). La stratégie de l'Union européenne (UE), qui consistait à gagner du temps pour repousser la restructuration grecque et la mener à froid, est soumise à très rude épreuve (…).

 

"La dette de la Grèce est aujourd'hui absolument impossible à rembourser" (Jacques Sapir, Le Monde, 19 septembre). Extrait.

Jacques Sapir : Oui, la dette de la Grèce est aujourd' hui absolument impossible à rembourser, oui, la Grèce va faire défaut sur tout ou partie de sa dette. Le problème qu'il faut poser, c'est comment la Grèce va-t-elle survivre après le défaut, et pour cela on conçoit qu'elle sera obligée de dévaluer. Autrement dit, elle devra quitter la zone euro, retrouver sa monnaie et la dévaluer de 40 à 50 % par rapport à l'euro.

Aveuglement et arrogance (Jean-Pierre Chevènement, 19 septembre)

Université d'été MRC 2011 TLes ministres des Finances européens réunis à Wroclaw à la fin de la semaine dernière ont fait la preuve à la fois de beaucoup d’aveuglement et d’arrogance vis-à-vis du Secrétaire d’Etat américain au Trésor.
Celui-ci a eu raison de pointer :
- le risque d’une nouvelle récession mondiale ;
- l’insuffisance du Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour faire face aux crises à venir ;
- la nécessité de faire intervenir la Banque Centrale européenne pour racheter de la dette souveraine avec la garantie du FSEF pour exercer un « effet de levier ».
Ces recommandations de bon sens ont été balayées par MM. Schaüble, Juncker et Trichet au nom d’une orthodoxie maastrichtienne qui conduit au gouffre.

Pourtant il est évident qu’une sortie de crise doit être envisagée à travers une relance coordonnée de part et d’autre de l’Atlantique, appuyée sur l’action des deux banques centrales, le Federal Reserve Board et la Banque Centrale européenne.
Curieusement, la question de l’euro et de son avenir, et d’une « sortie de crise » par le haut a été la grande absente du débat télévisé des primaires socialistes, jeudi 15 septembre. A l’exception, peut-être d’Arnaud Montebourg, ils foncent tous vers 2012, prisonniers de la « règle d’airain », la tête dans un sac.

 

"Notre meilleure protection serait une monnaie faible"  (Intervention de Jean-Pierre Chevènement au colloque "Protéger les intérêts économiques de la France : quelles propositions ?" du 14 septembre 2011 organisé par l'association Pour un débat sur le libre-échange). Résumé (verbatim).

Sur l'adoption de mesures protectionnistes : L'Europe, l'Europe... ça a des limites. Moi je crois plus à des mesures nationales, ciblées.

Ce sera quand même très difficile compte tenu de notre insertion profonde dans l'Union Européenne avec ses règles, sa jurisprudence, la vigilance de la commission européenne toute entière acquise au libre-échangisme. De même celui-ci imprègne-t-il la cour de justice européenne. Donc il faut savoir que nos marges sont devenues très étroites.

J'en suis venu depuis longtemps à l'idée que notre meilleure protection serait une monnaie faible.

Le choix de la monnaie forte, il faut bien le comprendre, c'était déjà le choix de la monnaie unique.

L'hérésie étant évidemment le vice constitutif qui a consisté à mettre ensemble 17 pays hétérogènes par la structure économique, industrielle, les orientations politiques, les repères linguistiques et culturels.

On a fait quelque chose qui témoigne d'ailleurs de la puissance idéologique de la vision de Jean Monnet, qui voulait faire l'Europe à partir du marché, contre les nations, en réduisant les nations à un simple rôle d'exécution.

C'est cette Europe sans les nations, voire contre les nations, qui a présidé aux desseins européens depuis le départ.

La monnaie unique n'a pas amené les convergences supposées. Elle a accru les divergences : elle a renforcé les forts, elle a affaibli les faibles, elle a creusé l'écart entre notamment l'Allemagne et tous les autres.

Sur l'Allemagne : Elle vise la compétitivité externe, elle veut jouer dans la cour des grands à l'échelle mondiale, et en même temps elle déséquilibre la zone euro par sa puissance et par sa politique de déflation salariale.

On ne voit pas comment la Grèce pourra rembourser les dettes qu'elle contracte. C'est ça la fragilité du problème posé par la Grèce, mais celui-ci n'est que l'arbre qui cache la forêt. La forêt c'est l'euro, parce que derrière la Grèce il y a le Portugal, il y a l'Espagne, il y a l'Italie.

J'ai écrit au président Sarkozy au début du mois d'Août pour lui dire qu'il n'y a qu'une seule solution actuellement : c'est de permettre à la banque centrale d'acheter largement des titres de dette italiens et espagnols pour desserrer l'étreinte que les marchés financiers font peser sur ces pays.

Il m'a dit : "C'est très bien, c'est très intéressant, on a commencé d'ailleurs, mais on ne peut pas le dire publiquement parce que ça gênerait madame Merkel".

Je crois très sincèrement que l'Allemagne, au fond, ne sait pas très bien ce qu'elle veut.

L'opinion publique a payé pour les länder de l'Est, elle n'a pas envie de payer pour le Péloponnèse, la Calabre, l'Algarve, le Connemara. Je pense que l'opinion publique allemande n'a pas envie d'ajouter aux 2000 milliards de dette allemande les 3400 milliards de dette des pays sous tension.

Quand j'entends parler d'eurobonds ou de doublement des ressources du fonds de stabilisation, je me demande si les contribuables seront d'accord en Allemagne et accessoirement en France. Mais en France, on ne dit rien, on paye. Probablement pas par générosité, mais par ignorance. Les allemands ont compris que eux devaient payer. Les français, rien que pour la Grèce, doivent mettre 40 milliards de plus mais ils ne semblent pas s'en être aperçu.

La situation est très difficile parce que je pense que l'Allemagne n'est pas prête à réviser le traité de Maastricht et à dire qu'on donne à la banque centrale les prérogatives du Federal Reserve Board américain. Et pourtant, je crois que si on voulait sauver la zone euro, ce serait le bon sens.

La difficulté de l'Europe c'est que jamais, il faut le comprendre, la solidarité européenne ne remplacera la solidarité nationale.

Ce n'est pas la Grèce qui va accepter de se laisser mettre sous tutelle, comme l'a dit à la télévision Jean-Pierre Jouyet. Mettre la Grèce sous tutelle, le pays qui a fait les Thermopyles, qui a inventé la démocratie, qui a résisté au fascisme italien, au nazisme allemand, courageusement, héroïquement...

Une Europe qui débouche sur ce déni de démocratie, c'est au fond ce qu'il y a derrière la fameuse règle d'or, que j'appelle règle d'airain, c'est à dire la dépossession des Parlements de la souveraineté budgétaire. Je ne crois pas que ce soit la bonne voie.

L'euro comme monnaie politique conduisant au fédéralisme, c'est comme ça que ça a été vu dès le départ.

Jamais les élites ne confessent leurs erreurs. (...) Il faut leur faciliter le travail et à mon avis, si on pouvait garder le mot euro, ce serait bien. Mais euro comme toit commun, monnaie commune.

On pourrait s'en servir dans les transactions internationales mais à l'intérieur on aurait ressuscité des monnaies nationales à usage interne dont le cours pourrait fluctuer dans une étroite bande de fluctuation, on a connu ça dans le passé, et tout cela serait renégocié tous les ans ou tous les deux ans.

On aurait de cette manière là le système souple dont on a besoin, le système qui aboutirait à abaisser le niveau de l'euro, qui conduirait à une monnaie beaucoup plus faible, qui redoperait la croissance en Europe, qui permettrait aux pays endettés de rembourser leur dette et qui nous donnerait un système à longue allée, un système sécurisant pour tout le monde parce qu'on saurait que ce système là est durable, et comme on dit "soutenable", alors que le système de la monnaie unique n'est pas soutenable.

Un système qui n'est pas sûr sur le plan monétaire, il faut prévoir sa mutation. Plutôt que de l'abandon ou de l'éclatement dont on entend parler, je préfère parler de mutation, parce que je tiens compte de la psychologie.

Pour tenir compte de leur psychologie, qui est une chose très importante, je propose de garder le mot "euro" mais de lui donner un contenu différent.

Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Comment faire face à l'explosion de la dette publique ?" - Les actes du colloque du 14 mars 2011 sont en ligne sur le site de la Fondation Res Publica
  • Accueil de Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica
  • Conclusion de Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica

Rappel : Le plan de sauvetage européen de la Grèce pris en défaut de crédibilité - 26 juillet 2011

 

 Cet article est le 78ème paru sur ce blog dans la catégorie France et Europe.

 

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