Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
La gauche ne sait pas contrarier la montée du Front national
La seule question qui vaille, concernant la prochaine élection présidentielle, c’est de savoir qui va porter en France l’alternative aux politiques néolibérales en cours en Europe. Car, ce qui fait monter Le Pen, c’est le flot de celles et ceux qui désespèrent de la politique et ne trouvent pas de meilleur moyen d’alerte que ce vote ou, du moins, cette intention de vote dans les sondages.
L’espoir de voir le PS occuper ce terrain est bien mince. Que ce soit Strauss-Kahn ou Aubry, c’est du pareil au même. Or, la probabilité est grande que l’un ou l’autre soit désigné candidat à l’issue de la procédure mise en place par le PS. Dans ce cas, c’est la voie royale pour la candidate du Front national.
Il reste une solution : la présence dans cette campagne d’un candidat porteur d’une stratégie de rassemblement du monde du travail, des couches populaires et moyennes qui forment la majorité des citoyens français. Jean-Pierre Chevènement vient de glisser ce mot sur son blog :
Certains commentateurs feraient bien de s’aviser que c’est toujours l’incapacité de la gauche et de la droite à offrir une alternative véritable à la poursuite de la « seule politique possible », qui prend aujourd’hui la forme du « pacte de compétitivité » imposé par Mme Merkel à l’Europe, qui nourrit la vague lepéniste. Ce qu’il faut faire comprendre aux électeurs c’est qu’en votant Le Pen ils votent pour une impasse.
Que faire donc ? Faire surgir une alternative, pendant qu’il en est encore temps.
Comment ? C’est ce que nous allons essayer de faire dans les prochains mois.
Le terrain a été préparé par Julien Landfried, secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen dans ce texte publié le 15 mars par le site Marianne2.fr. Extrait (le chemin à prendre).
La gauche mal armée face au populisme lepéniste
(…) Un candidat républicain à l’élection présidentielle de 2012 devrait pourtant articuler son discours autour de deux axes :
- la réinsertion des classes populaires et moyennes dans la Nation (« nous ne vous abandonnerons plus »), impliquant que les élites assument leurs responsabilité en n’abandonnant pas leurs concitoyens pour l’hyper classe mondialisée, c’est-à-dire qu’elles redeviennent des élites protectrices.
- la prise en compte de l’insécurité culturelle liée à l’immigration de peuplement, par la référence explicite à l’assimilation des populations immigrées, partiellement réalisée aujourd’hui, et qui constitue la clé d’un tassement des tensions ethnico-culturelles : « l’assimilation à la culture française, culture d’accueil, est le socle de notre projet culturel. Cette culture s’enrichit également de l’apport des nouveaux venus ». Ainsi la parole politique, loin d’exacerber les tensions, créerait un cadre référent dans la durée dans lequel nationaux d’origine et immigrés pourraient construire un avenir commun.
Bref, pour tenir les « deux bouts » de l’équation politique, un candidat républicain devrait conjuguer une politique économique axée sur la sauvegarde de l’appareil industriel et son redéveloppement et un projet culturel assimilationniste, prenant en compte les tensions culturelles réelles à l’œuvre dans la société française.
Telles sont les deux conditions de l’ouverture d’un espace politique susceptible de répondre à l’offensive idéologique de Marine Le Pen. L’énoncé de celles-ci décrit bien, hélas ! le gouffre politique ouvert devant nous.
Le 11 mars, dans l’édition Abonnés du quotidien Le Monde, Elie Arié faisait une analyse convergente avec la précédente, qu’il faut lire car elle pose bien le problème : http://www.lemonde.fr/idees/chronique/2011/03/16/front-national-sortir-de-l-angelisme_1491901_3232.html
Front National : sortir de l'angélisme
Cela fait maintenant 30 ans que l’ensemble de la classe politique et médiatique observe l’ascension constante du Front National avec la même perplexité qu’une poule qui a trouvé une perle, s’enfonce dans le déni du réel en annonçant sa disparition aussi prochaine qu’inéluctable, et dans le même silence déconfit à chacun de ses scores électoraux supérieurs aux précédents, jusqu’à l’arrivée de Jean-Marie Le Pen en deuxième position au premier tour des présidentielles de 2002, et peut-être celui de sa fille en tête de celui de 2012.
Notre société est de plus en plus clivée non pas par le classique débat droite/gauche, qui se différencient de moins en moins lorsqu’elles exercent le pouvoir, mais entre ceux qui acceptent la globalisation de l’économie et l’Union Européenne telle qu’elle a été construite, et ceux qui rejettent le néolibéralisme mondialisé.
Pour ma part, j'ai toujours pensé que la réaction souverainiste à la mondialisation, qui s'est manifestée par le NON au TCE qui ne l'aurait pas emporté sans le vote de l'électorat Front National, ne dépassera les 5 % de Chevènement en 2002 ou de Mélenchon en 2012 qu'en récupérant le vote populaire, largement ouvrier, autrefois souvent communiste, qui s'est depuis longtemps égaré dans le Front National, électorat qu'il ne sert à rien de stigmatiser en le qualifiant de « fasciste » ou de « raciste »...avec le succès que l’on sait, et qui n’a abouti qu’à faire assumer aux stigmatisés le fascisme et le racisme dont on les affuble. Aujourd'hui, ceux qui votent Front National sont, pour l'essentiel, les laissés pour compte, de plus en plus nombreux, de la mondialisation (…).
Mais il faut raisonner en termes d'électorats, et non de partis : réussir à attirer l’électorat souverainiste populaire qui vote Front National, qui est aussi le parti des Gollnisch et nombreux autres nostalgiques du pétainisme, dans le souverainisme progressiste, anti-nationaliste et antiraciste d’un Chevènement est sans doute la seule façon de s’opposer efficacement au néolibéralisme assumé ou résigné de Sarkozy-DSK-Royal ; quadrature du cercle non résolue à ce jour, et qui impose aux antilibéraux de dépasser leurs différences sur d'autres questions.
Cela ne sera possible que si on prend conscience de la gravité de la situation, réclamant une attitude véritablement gaullienne, celle qui a su rassembler dans la Résistance des nationalistes de droite jusqu'aux communistes ; ce rassemblement des « républicains des deux rives » a été esquissé dans le Pôle Républicain de Chevènement en 2002 (« au-dessus de la droite et de la gauche, il y a la République »), qui a réussi à réunir autour de lui, sur l'essentiel, des personnalités isolées de toutes chapelles... mais pas l'électorat populaire, qui a préféré qualifier un autre souverainiste, Jean-Marie Le Pen, pour le deuxième tour.
L'alliance du républicanisme progressiste avec l'électorat populaire victime de la mondialisation est la seule parade possible au néolibéralisme- tout comme, en démocratie, le seul combat efficace contre le fascisme consiste à amener son électorat à ne plus voter pour lui en lui offrant une alternative à ses préoccupations toujours ignorées.
Cet article est le 87ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.