Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
La zone euro résistera-t-elle à l’éclatement ?
Après le rejet d’un plan de sauvetage par le Parlement chypriote, la Banque Centrale Européenne (BCE) a fait monter la pression en imposant un ultimatum qui ressemble à une déclaration de guerre à l’encontre d’un Etat membre de l’Union européenne. Voir La BCE menace d'étrangler Chypre (Le Monde, 21 mars 2013).
Jacques Sapir avait réagi dès le 20 mars : Chypre: Draghi use du Blocus monétaire
Le « blocus monétaire » de Chypre qui vient d’être mis en œuvre par la BCE est un acte d’une extraordinaire gravité, dont les conséquences doivent être soigneusement étudiées.
La décision de M. Mario Draghi porte sur deux aspects : tout d’abord la BCE n’alimente plus la Banque Centrale de Chypre en billets (point qui n’est semble-t-il pas essentiel car les réserves de « cash » semblent importantes) et ensuite elle interrompt les transactions entre les banques chypriotes et le reste du système bancaire de la zone Euro. C’est cette dernière mesure qui est de loin la plus grave.
D’une part, elle condamne à court terme les banques chypriotes (mais aussi les entreprises basées à Chypre, qu’elles soient chypriotes ou non) car désormais elles ne peuvent plus faire de transactions avec le reste de la zone Euro.
D’autre part, elle équivaut à un « blocus » économique, c’est-à-dire dans les termes du droit international à une action qui équivaut « acte de guerre ». C’est donc dire la gravité de la décision prise par Mario Draghi. Elle pourrait d’ailleurs se prêter à contestation devant les cours internationales. C’est donc dire la responsabilité prise par Mario Draghi qui pourrait, à ce compte, se retrouver un jour devant un tribunal, international ou non.
Sur l’interruption des relations entre banques chypriotes et la zone Euro, l’argument invoqué est le « doute » sur la solvabilité des dites banques chypriotes. C’est à l’évidence un pur prétexte car des « doutes » il y en a depuis juin dernier. Tout le monde sait qu’avec les conséquences du « haircut » imposé sur les créanciers privés de la Grèce, on a considérablement fragilisé les banques de Chypre. La BCE n’avait pas réagi à l’époque et ne considérait pas le problème de la recapitalisation de ces banques comme urgent.
Elle se décide à le faire au lendemain du rejet par le Parlement chypriote du texte de l’accord imposé à Chypre par l’Eurogroupe et la Troïka. On ne saurait être plus clair. Le message envoyé par Mario Draghi est donc le suivant : ou vous vous pliez à ce que NOUSavons décidé ou vous en subirez les conséquences. Ce n’est pas seulement un message, c’est un ultimatum. On mesure ici que toutes les déclarations sur le « consensus » ou l’« unanimité » qui aurait présidé à la décision de l’Eurogroupe ne sont que des masques devant ce qui s’avère être un Diktat.
Cécile Chevré, rédactrice de la Quotidienne d’Agora, lettre s’adressant au monde de la finance, écrit ce 21 mars 4 scénarios pour Chypre.
Hier la tension exercée sur Chypre est montée d'un cran : la BCE a menacé de cesser de fournir en liquidités les banques chypriotes et de bloquer toutes opérations financières internationales. Objectif avoué de la manoeuvre : faire plier Nicosie et convaincre le gouvernement – et le Parlement – chypriote d'accepter les conditions du plan de soutien proposé par la zone euro. Nicosie doit donc mettre sur la table 5,8 milliards d'euros pour que les 10 milliards promis soient versés.
La BCE justifie sa décision en expliquant que l'approvisionnement d'urgence des banques européennes en manque de liquidité (ELA) ne s'applique pas aux banques chypriotes, qui sont en situation de défaut.
Pour le moment, les banques de l'île restent fermées. La plupart des distributeurs automatiques ont été vidés de leur réserve de billets. Les opérations via Internet ont été suspendues... et ce jusqu'à nouvel ordre. L'île est déjà coupée du monde monétairement, et va l'être encore plus même en cas de réouverture des banques, qui a été reportée à mardi prochain.
Le blocage organisé par la BCE devrait avoir plusieurs conséquences :
- les réserves de cash : pour faire face à la demande en pièces et billets, Chypre va avoir recours dans un premier temps aux réserves de cash de sa banque centrale. Reste à savoir combien de temps elles pourront tenir... Chypre risque de se retrouver très vite à court de monnaie.
- les virements à l'étranger seraient impossibles, ce qui à terme devrait asphyxier l'économie chypriote.
Le président Nicos Anastasiades s'est engagé à proposer un plan B aujourd'hui. Mais quels sont les scénarios d'évolution de la crise chypriote ?
1. L'aide russe
Le ministre des Finances s'est rendu en Russie pour essayer de négocier une nouvelle aide financière. La Russie avait déjà prêté 2,5 milliards d'euros à Chypre en 2011. Aujourd'hui, Moscou semble beaucoup moins enthousiaste à l'idée d'aider à nouveau l'île, et ce malgré les liens étroits (historiques, économiques et financiers) existants entre les deux pays.
Nicosie a un atout de plus dans sa manche depuis les dernières discussions : la taxe sur les plus gros dépôts. Celle-ci toucherait de plein fouet les nombreux Russes qui possèdent un compte à Chypre. Autre carte à jouer pour Nicosie : ses réserves de gaz. Je vous en parlais hier, Gazprombank, la banque du géant gazier russe Gazprom aurait proposé une aide financière à Chypre en échange de contrats d'exploitation des réserves gazière off shore.
Cependant, d'après les spécialistes interviewés sur le sujet par Le Monde, cette aide ne pourrait pas aller au-delà des 3 milliards d'euros. Or Chypre a besoin d'au moins 5,8 milliards. Non seulement l'ampleur des réserves gazières n'est pas encore précisément connue mais leur exploitation devrait au mieux débuter en 2017, voire en 2020.
Une potentielle aide russe risquerait de heurter la sensibilité de l'eurozone qui n'apprécie déjà pas le refus du Parlement chypriote de voter le plan de sauvetage qui lui a été soumis. La zone euro a promis 10 millions à Chypre...
Enfin, une aide financière de Moscou signifierait une dette supplémentaire sur un tas qui est déjà trop gros pour être remboursé.
2. Chypre lâche du lest
Le gouvernement chypriote pourrait revenir sur le refus du Parlement et maintenir la taxe exceptionnelle promise. La zone euro, face à la levée de bouclier qui avait suivi l'annonce d'une taxe de plus de 6% sur les dépôts de plus de 100 000 euros, avait proposé de ne pas taxer les dépôts inférieurs à cette limite mais d'augmenter la taxation des dépôts les plus importants, de 9% à 12% ou 15%.
Le projet présenté devant le Parlement mardi dernier prévoyait quant à lui une exonération des dépôts de moins de 20 000 euros.
Mais ce qui semble le plus gêner Nicosie, ce n'est pas la taxation des petits dépôts, mais celle des gros, appartenant pour la plupart à des étrangers. L'économie de Chypre repose en grande partie sur son statut de centre financier international, et le gouvernement chypriote hésite manifestement à changer la donne.
Nicosie pourrait aussi proposer de trouver les 5,8 milliards manquants en nationalisant les fonds de retraite ou encore la fusion des deux principales banques de l'île. Certains évoquent même le rachat d'une importante banque chypriote par la Russie.
3. La zone euro lâche du lest
Pour le moment, la zone euro quant à elle semble bien décidée à ne pas renflouer des banques qui fonctionnent en trop grande partie sur de l'argent russe.
Cependant, Nicosie pourrait décider de jouer un coup de bluff et faire pression sur la zone euro en menaçant de laisser ses banques faire faillite et surtout de sortir de la zone euro. Une telle sortie désorganisée donnerait une image catastrophique des capacités de gestion de crise de l'eurozone et de la BCE.
Le spectre d'une sortie de l'euro de Chypre peut décider la zone euro à adoucir les conditions du sauvetage. Le Mécanisme européen de Stabilité (MES) pourrait alors prendre à sa charge tout ou une partie des problématiques 5,8 millions d'euros. Petit problème : l'intervention du MES demande l'accord du Parlement allemand qui, vous le savez, déteste sauver les cigales de l'Europe et encore plus celles qui se refusent aux efforts demandés. Pas gagné donc.
Reste la BCE qui pourrait déclencher son OMT, soit le programme de rachats d'obligations, mis en place en septembre dernier. Là encore, grain de sable dans cette belle mécanique : l'OMT s'accompagne de mesures de rigueur que pour l'instant Chypre se refuse à mettre en place.
4. La sortie de la zone euro
Un scénario qui est très loin d'être improbable et qui sera même inévitable si aucun accord n'est trouvé entre la zone euro et Chypre, et si l'île ne parvient pas à se dégoter un sauveur de dernière minute (russe ou autres...).
Pour éviter une faillite ou pour faire défaut sur sa dette, Chypre serait obligée de revenir au système d'une banque centrale capable d'imprimer sa propre monnaie... et donc quitterait de facto la zone euro.
Une expérience qui est scrutée de près par les autres pays qui ont bénéficié de l'aide de la BCE et de la zone euro : l'Irlande, le Portugal, l'Espagne ou encore l'Italie.
Cet article est le 57ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne