Un amendement de la Mayenne et de la Sarthe
Comme il l’avait fait au congrès 2008, Gérard Beillard, délégué de la Mayenne, est intervenu samedi 26 juin sur la question des retraites, justifiant un amendement voté par les militants MRC de la Mayenne et de la Sarthe.
De son côté, Michel Sorin, également délégué de la Mayenne, a fait de même au sein de la commission des résolutions, chargé par le congrès d’examiner les amendements à la motion d’orientation et au programme de salut public.
Notre détermination a été entendue par Patrick Quinqueton, rapporteur, qui a introduit des modifications à la 32ème proposition :
IMAGINER UN NOUVEAU MODELE DE DEVELOPPEMENT
32 – Un véritable statut affirmant la valeur du travail (…) Sur les retraites, il faut garantir le système par répartition et élargir l’assiette des cotisations aux revenus financiers, augmenter l’emploi des jeunes et des seniors, prendre en compte la pénibilité selon les métiers, relever les petites pensions et lier la durée des cotisations aux écarts d’espérance de vie.
A noter que Jean-Pierre Chevènement, lors de son discours de clôture du congrès, dimanche 27 juin (voir La France à la reconquête de son destin), a entendu le message - il était présent lors de l'intervention de l'ouvrier Gérard Beillard - en s’exprimant ainsi :
(…) On ne peut pas non plus, pour équilibrer nos régimes de retraites mais aussi pour calmer les marchés financiers, remettre en cause la conquête essentielle qu’a été pour la classe ouvrière la retraite à soixante ans. L’espérance de vie pour les ouvriers est de sept ans inférieure à la moyenne. Nous demandons que pour les ouvriers de l’industrie, l’âge de départ à la retraite soit maintenu à soixante ans. Ce sera une bonne manière de revaloriser à la fois le travail et l’industrie.
Intervention de Gérard Beillard, délégué de la Mayenne
Retraites : le MRC doit défendre le social en France
La réforme des retraites s'inscrit dans le cadre des plans d'austérité européens pour revenir dans les critères du pacte de stabilité. L'engagement d'économie de 50 milliards d’euros sur l’ensemble de la fonction publique, des retraites et de la Sécurité Sociale, a été pris en janvier 2010 par le gouvernement français, donc avant la crise "grecque" qui sert, bien évidemment, de prétexte à l'accentuation de tous les reculs sociaux.
Cette politique, loin de résoudre la crise, ne peut que l'aggraver.
La majorité des Français condamne la remise en cause du droit à la retraite à 60 ans. De plus, pourquoi l'allongement de la durée de cotisation pour avoir droit au taux plein ? Il serait synonyme de nouvelles baisses du montant des retraites pour tous ceux qui sont mis hors des entreprises (souvent avant même 60 ans) sans avoir tous leurs trimestres.
Le report de 65 à 67 ans de la limite d'application de la décote pour manque d'annuités aggraverait encore les conditions de départ en retraite des salariés aux carrières incomplètes au premier rang desquels figurent de nombreuse femmes, les handicapés 1er et 2ème catégories, les intérimaires, les CDD, carrières entrecoupées par le chômage, et la référence aux 25 ans meilleures années de salaires (au lieu de 10 ans avant la réforme), etc.
Les fausses solutions qui sont mises en avant conduiraient à une baisse des pensions et des salaires des fonctionnaires et frapperaient les revenus les plus faibles, alors que les riches et le capital passeraient entre les gouttes. En effet, le plus 1% pour la tranche supérieure d'impôt n'aurait pas d’influence, étant donné que, depuis 2002, ce taux a diminué de 12,75 %. Ce n'est pas la solution aux questions qui se posent.
La bonne voie passe par une plus juste répartition des richesses. Il faut que tous les citoyens contribuent réellement à la solidarité nationale et, en ce moment, ce n'est pas le cas. On constate que c'est toujours le peuple qui subit.
Il faut dénoncer sans démagogie l'objectif gouvernemental, qui reste toujours le même : fragiliser le système de retraite par répartition, en favorisant la montée en puissance des retraites par capitalisation. D'ailleurs, sur ce point, Mr Bertrand, le secrétaire général de l'UMP, a dit : « La capitalisation ne doit pas être un tabou ». Son ancien métier lui colle à la peau.
La droite n'a jamais réellement accepté les avancées sociales du Programme du Conseil National de la Résistance, en particulier le principe des cotisations sociales qui représentent un salaire socialisé. En effet, les cotisations des actifs sont immédiatement versées aux retraités et échappent totalement aux banques et assurances.
Ceci m'amène à exprimer ma totale opposition au projet gouvernemental et à soutenir l’amendement voté par les militants de la Mayenne et de la Sarthe :
« Le maintien de l’âge légal à 60 ans et de la durée actuelle de cotisation (sauf dans des situations professionnelles qui le permettent) est impératif afin d’éviter l’accroissement des inégalités ».
De mon point de vue, qui tient compte de ce que j’ai observé au niveau professionnel, il faut :
- défendre le droit à la retraite à 60 ans,
- refuser l'allongement de la durée de cotisation, même si là, je laisse une porte pour négocier dans les situations professionnelles plus favorables (cadres, indépendants, début de carrière tardif, moindre pénibilité).
Il faut garder en mémoire que les ouvriers ont une espérance de vie de 7 ans de moins, en moyenne, que les cadres et qu'ils sont exposés aux maladies dues aux mouvements répétitifs liés au travail, qui donnent des symptômes tendineux, pouce, genoux, pression du coude, de l'épaule, mal de dos, sciatique, lumbago, les maladies auto-immunes représentant la 3ème cause de morbidité après les affections cardiovasculaire et les cancers.
Il faut défendre les retraites par répartition, comme je l’ai dit auparavant, et mettre en avant un financement assis sur une nouvelle répartition des richesses entre le capital et le travail.
Ma conclusion : il ne faut plus tolérer la campagne de conditionnement de l'opinion orchestrée pour faire accepter ce projet comme une fatalité, alors qu'il n'est absolument pas inéluctable.
A nous d'être volontaires et courageux : nous pouvons proposer une alternative à cette dérive néolibérale. C’est ce qu’attendent avec impatience un très grand nombre de Français.
Cet article est le 59ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.