Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Entendre les conseils pertinents d’experts indépendants
Ce pays - que j’aime bien (je l’ai visité, ainsi que le Mali et le Sénégal, en 1969, avec mes camarades de la 118ème promotion de l’ENSA de Rennes) - ne parvient pas à trouver son équilibre démocratique.
Il y a eu une élection présidentielle (qui avait été repoussée depuis cinq ans), dont le second tour, le 28 novembre 2010, a donné la victoire à « l’éternel opposant », ancien directeur adjoint du Fonds Monétaire International (FMI), Alassane Ouattara (54,1% des voix).
C’est le résultat adopté par la commission électorale (dont les membres étaient majoritairement favorables à Ouattara), mais il a été invalidé par le Conseil constitutionnel (dirigé par les amis du président sortant), sur la base d’irrégularités relevées dans le fief de Ouattara, au nord du pays.
Le résultat a été inversé (51,5%) en faveur de Laurent Gbagbo, l’homme fort de la Côte d’Ivoire depuis dix ans, surnommé le « boulanger » parce qu’il a l’habitude de rouler tout le monde dans la farine, ce qui lui vaut d’être détesté par les dirigeants des grands pays occidentaux.
Après avoir lu Une chronologie de la Côte d'Ivoire de l'indépendance à 2010 (L'Express), nous consulterons des experts indépendants qui connaissent bien le pays et les conflits en Afrique.
Michel Galy est l’un d’eux (voir Galy Michel).
La lecture qu’il fait de la crise ivoirienne s’inscrit dans une réflexion d’ensemble qui porte sur ce qu’il a appelé la “guerre nomade“: il considère en effet que les conflits qui ont déchiré la Sierra Léone, le Libéria, la Côte d’Ivoire et les violences sporadiques qui secouent régulièrement la Guinée (Konakry) possèdent beaucoup de traits communs (…). Voir Conversations avec Michel Galy (3 juin 2007).
Politologue, chercheur au « Centre sur les conflits » (Paris) et animateur de la revue « Culture et Conflits », Michel Galy vient de rentrer d’Abidjan où il a suivi le deuxième tour des élections et les évènements qui ont suivi. Voir Michel Galy: un lent pourissement en Côte d'Ivoire -13 décembre 2010.
Colette Braeckman, journaliste au quotidien belge Le Soir, est en charge de l’actualité africaine.
Son blog est fort intéressant (voir le carnet de Colette Braeckman).
Collision frontale en Côte d’Ivoire (Colette Braeckman, 3 décembre)
Côte d’Ivoire: quelques questions (Colette Braeckman, 17 décembre)
Cote d’Ivoire: bifurquer avant l’abîme (Colette Braeckman, 23 décembre)
Au cours des dernières décennies, on ne compte plus les chefs d’Etat africains qui ont pris le pouvoir par la force, se sont ensuite réhabilités par des parodies d’élections ou ont tout simplement bénéficié de l’indulgence ou de l’impuissance de la communauté internationale face à leur pouvoir de fait. Dire cela, et s’étonner de la soudaine unanimité qui se forge autour de Laurent Gbagbo, qui ne bénéficie pas du même traitement que les Deby, Compaoré, Sassou Nguesso, dos Santos et autres Mugabe, des hommes qui ont eu le temps de se racheter une légitimité ou qui ont réussi à s’accrocher au pouvoir, cela ne règle rien : les turpitudes du passé ne justifient pas les fraudes du présent. Ce qui compte aujourd’hui, c’est que le peuple ivoirien, qui a voté dans le calme et la dignité, a droit à la paix et au respect des choix exprimés par son suffrage.
A condition que le vote se soit déroulé dans des conditions correctes et que ses conclusions soient incontestables… Ce qui n’est pas le cas puisque dans le Nord les forces rebelles n’avaient pas désarmé, que des violences et des intimidations ont été enregistrées en diverses régions du pays, que les chiffres avancés par la Commission électorale indépendante (acquise à l’opposition) et par le Conseil Constitutionnel (contrôlé par Gbagbo) divergent et se contredisent. Face à ces contradictions, à ce bras de fer entre deux hommes mus par une même détermination implacable, la communauté internationale aurait du faire preuve de plus de circonspection : soit exiger une opération de recomptage des votes par une instance reconnue comme neutre, (une procédure longue et fastidieuse, mais moins coûteuse que la guerre), soit pratiquer le jugement de Salomon, mettant en congé les deux hommes qui ont mené le pays à sa perte au profit d’un troisième larron, par exemple Henri Konan Bédié, l’ancien dauphin du président Houphouet Boigny, qui s’était désisté en faveur de Ouattara au deuxième tour.
Aujourd’hui que la course à l’abîme s’accélère, de telles solutions semblent irréalistes. Mais les autres le sont tout autant : Gbagbo qui s’accroche au pouvoir en dépit de sa défaite a définitivement perdu sa légitimité et Ouattara, honni par une moitié du pays qui le considère comme le candidat de l‘étranger et le parrain des rebelles, ne pourra jamais gouverner sereinement. Quant à l’option militaire qui se dessine, elle est la pire de toutes : son issue est incertaine, ses victimes seront nombreuses. En outre, un assassinat politique aurait pour premier résultat de transformer en héros nationaliste Gbagbo le roublard, qui se voit déjà comme un autre Lumumba ! Il déchaînerait aussi la colère des foules contre les trois millions d’étrangers qui vivent en Côte d’Ivoire et contre les 15.000 Français et autres expatriés. Conclusion : une fois encore, refuser les effets d’annonce, les ultimatums bravaches, relancer jusqu’aux dernières limites les chantiers de la négociation à l’africaine et du compromis…
COTE D’IVOIRE Avenir (site pour une élection apaisée et sans violence) a publié, le 28 décembre, les communiqués de l’ancien président du Ghana, l’un des rares pays en Afrique, qui soit réellement démocratique « Rawlings opposé à une intervention militaire »
Jerry John Rawlings a appelé à "la plus grande modération" dans la gestion de la crise politique en Côte d'Ivoire suscitée par une élection controversée dont deux candidats se sont déclarés vainqueurs. Dans son deuxième communiqué en trois jours à Accra vendredi, il a averti que la situation en Côte d'Ivoire n'était pas "une simple querelle électorale" (…).
Il a préconisé d'examiner toutes les options pacifiques disponibles, plutôt qu'une intervention militaire ne pouvant instaurer une transition politique pacifique dans ce pays. M. Rawlings a déclaré que la situation était tout à fait embarrassante pour l'Afrique et qu'il était également préoccupant que plusieurs faits aient été passés sous silence par la presse internationale.
Les rapports de certains observateurs électoraux majeurs condamnant le déroulement des élections dans plusieurs endroits du pays ont été totalement ignorés par la presse internationale, selon lui. M. Rawlings a estimé qu'il y avait plusieurs questions cruciales sans réponses, en ajoutant que les détails du rapport de l'émissaire de l'UA, l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki, devaient être rendus publics pour aider à démêler la situation.
Il a demandé à la CEDEAO de convoquer une réunion d'urgence pour inviter les deux parties antagonistes ainsi que les représentants de toutes les missions d'observation ayant couvert les élections à présenter leurs arguments. "Nous devons avancer avec prudence dans l'intérêt du peuple de la Côte d'Ivoire, qui est la véritable victime de cette tragédie", a estimé M. Rawlings.
Cet article est le 15ème paru sur ce blog dans la catégorie Afrique.