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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 18:09

Une femme flic époustouflante aux talents divers

 

C’est en sa qualité d’auteur que Danielle Thiéry était invitée mardi soir 4 octobre* par la mairie de Saint-Berthevin, à l’initiative de Béatrice Réauté, responsable de la bibliothèque, et de Loïc Lucas, adjoint au maire. Excellente initiative, car cette femme à la carrière professionnelle exceptionnelle dans la police, puis auteur de romans policiers à succès, est tout aussi douée pour parler en public - en toute simplicité et avec beaucoup d’humour - de sa carrière et de ses livres.

Ce que j’ai retenu de l’intervention de Danielle Thiéry (1ère partie, sa vie dans la police)

Elle est née à la campagne « d’une mère poule et d’un père poulet » (famille paysanne pauvre et résistante pendant la guerre). La vertu familiale, c’est le travail manuel. Elle ressent une chape de plomb sur les livres à la maison. Elle lit des romans policiers avec une lampe, à l’insu de ses parents. Elle passe un baccalauréat philo, puis choisit des études supérieures de droit et de psychologie. Parallèlement, elle est éducatrice spécialisée pour gagner de l’argent. Les évènements de mai 1968 sont une ouverture sur le monde. C’est ce qui va permettre le recrutement de femmes, pour la première fois, dans la police.

Danielle Thiéry passe le concours d’officier de police adjoint et devient fonctionnaire de police à Lyon à la brigade de mineurs, à 22 ans, avec un enfant de moins de un an. Sa spécialité, c’est le rapport de synthèse, rédigé d’une façon telle qu’il intéresse le magistrat qui traite l’affaire. Les femmes ont fait leur entrée dans la police mais elles ne portent pas d’armes. Peu à peu, elles exigeront et obtiendront l’égalité de traitement avec les hommes. La possibilité existe pour les femmes d’être mutées à la brigade mondaine. Danielle se porte volontaire et fait de « l’infiltration » en mini jupe dans des hôtels.

En 1970, à Lyon, des gradés de la police seront inculpés, même emprisonnés, dans un contexte sulfureux de collusion avec des hommes politiques. Le commissaire principal Tonnot, terreur du milieu lyonnais, est accusé d’assistance à proxénétisme. Il vit en ménage avec Madame André, « mère maquerelle ». Il fera 5 ans de prison, ce qui sera vécu comme un cataclysme à Lyon dans la police. Il ne faut pas rester trop longtemps au même endroit à un poste de responsabilité. Il y a des risques de banalisation des relations avec les voyous et c’est usant. Il est tentant de faire le lien avec les évènements actuels, à Lyon, le n°2 de la direction interrégionale de la police judiciaire étant actuellement mis en accusation…

Danielle était la seule femme dans la brigade mondaine et n’avait pas froid aux yeux. Elle raconte une anecdote savoureuse concernant le célèbre commissaire Tonnot. Avant son arrestation, elle avait été invitée à se mettre à côté de lui lors d’un repas. Elle l’avait trouvé « pas net ». Il était très superstitieux. Danielle lui avait fait croire qu’elle lisait les lignes de la main et lui avait annoncé, très sérieusement, qu’il avait une double vie et que cela se terminerait très mal… Plus tard, elle l’avait rencontré en prison, puis après sa sortie de prison (il avait été viré de la police et se préparait à créer une agence matrimoniale). Lors d’une rencontre fortuite dans le hall de l’aérogare, il avait demandé à lui parler. C’était à propos des lignes de la main. Danielle avait oublié l’histoire du repas au côté de Tonnot. En fait, celui-ci avait cru qu’elle avait voulu lui faire passer un message pour qu’il arrête sa « double vie ».

Retour à la carrière de Danielle Thiéry. Elle avait été nommée chef de la brigade des stupéfiants à Lyon à 25 ans. Ensuite, le concours de commissaire de police judiciaire ayant été ouvert aux femmes, elle l’a passé (elle était alors affectée aux Minguettes, à Vénissieux, dans un quartier de Lyon) ; c’était pendant sa formation qu’elle était enceinte de son second enfant. Admise en septembre 1976 au concours de la PJ, elle a été affectée à l’aéroport de Lyon.

Après avoir évoqué les motivations des voyous pour le fric (qu’ils veulent ramasser sans trop se fatiguer) et les affaires qui ont secoué Marseille, elle répond à une question concernant sa sécurité, pour elle, son mari et ses enfants. Il fallait faire preuve de prudence, sans avoir la peur au ventre. Un article du Progrès de Lyon avait eu pour effet d’inquiéter son mari, qui travaillait à la FNAC de Lyon (cette info était dans l’article, ainsi que son surnom dans le milieu lyonnais « la peste blonde »). Le journal avait eu tort de publier ces informations à caractère privé.

Elle raconte, ensuite, dans quelles circonstances la sécurité de sa famille a été menacée en raison de son activité professionnelle. Pendant son congé maternité (2ème enfant), elle a recherché une maison près de l’aéroport (où elle travaillait). Lors de la visite d’une maison, elle avait constaté que le couple qui la faisait visiter avait une « drôle de touche ». Revenant avec son mari, ils croisent sur le chemin une BMW. Elle relève la plaque minéralogique, par réflexe professionnel et, en visitant la maison, elle découvre une autre BMW ayant la même plaque minéralogique et toutes les raisons de penser que la femme qui les reçoit est une prostituée. La gendarmerie procède, quelques jours plus tard, à des arrestations. Les voyous n’ont pas manqué de faire le lien avec l’identité de la personne qui s’installait dans la maison avec son mari et ses deux enfants. C’était prendre un risque que d’habiter là. Elle en était consciente. Un peu plus tard, un couple en cavale (un certain James) avait tué deux gendarmes et pris des voitures en otage, se rapprochant de l’aéroport et de la maison, dont il connaissait tout, ainsi que des habitudes de la famille qui l’habitait. Pendant plusieurs jours, il a fallu protéger la maison, de jour et de nuit, avec du personnel de service, faire accompagner les enfants à l’école. Quelques semaines plus tard, voulant fuir en Espagne, le dénommé James avait été tué.

La petite fille de Marie Gare, Danielle Thiéry (FNAC, autobiographie, éditions R Laffont).

Selon l’auteur, Danielle Thiéry a une arrière grand-mère, Marie-Joséphine Gare, qui a reçu ce nom parce qu’elle a été abandonnée par sa mère à l’âge de deux mois dans une gare. A l’époque, abandonner un enfant n’était pas un acte criminel (ce qui l’était, c’était le fait de tuer un enfant). L’enfant était laissé dans un endroit discret où il allait être très vite recueilli dans un hospice, des femmes s’occupant de lui.

 

J'irai cracher dans vos soupes. En savoir plus

 

Danielle THIERY : Biographie : Danielle THIERY est née en Cote d’Or en 1947. L’ une des premières femmes de la police française à avoir accédé au grade de commissaire divisionnaire, elle a suivi une carrière multiforme, s’intéressant aux mineurs en danger, aux stupéfiants, au proxénétisme, en passant par la police criminelle et la lutte antiterroriste ciblée sur le transport aérien et ferroviaire. Elle a écrit pour la série télévisée Quai n° 1 (France 2), et d’une dizaine de polars, dont certains ont été récompensés (prix polar à Cognac, prix Exbrayat…).

 

Interview de Danielle Thiéry (28 juin 2011), suite à la publication de Crimes de Seine

 

*Voir L'auteur Danielle Thiéry sera à la bibliothèque, mardi (Article paru dans l’édition du 3 octobre du quotidien Ouest-France, rubrique Saint-Berthevin)

En mai 2010, Danielle Thiéry, commissaire de police à la retraite depuis 2008, et écrivain depuis 1990, était invitée à la bibliothèque pour le prix Roman jeune primaire. Elle revient mardi, pour une nouvelle rencontre avec le public adulte.

Danielle Thiéry a écrit de nombreux romans cette année : J'irai cracher dans vos soupes (polar sorti en janvier), Histoire de l'Évêché, en collaboration avec Alain Tourré, sorti en avril, BRI, qui est l'histoire d'une unité d'élite, sorti en mai, ou encore Crimes de Seine, sorti en juin.

Les coups de coeur de l'équipe de la bibliothèque vont à :

Les enquêtes du commissaire Edwige Marion : Affaire classée, Le festin des anges, Le sang du bourreau. Et son histoire, La petite fille de Marie Gare.

 

Cet article est le 19ème paru sur ce blog dans la catégorie Justice Police Défense.

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